Quand il a fallu trouver des volontaires pour aller à Poudlard un samedi, bizarrement ça ne s’est pas bousculé au portillon. Alors, bonne pâte, tu t’es porté volontaire. Pourquoi ? Tu te poses encore la question lorsque tu transplanes à Pré-au-Lard. Par provocation ? Par volonté nihiliste ? Pour ruiner la journée d’un éventuel partisan des Malefoy sur place ? Tu ne saurais le dire. Une seule chose est certaine, si tu es là, c’est aussi, un peu, pour ta revanche sur les Malefoy. Tu as été mis en déroute la dernière fois, mais tu as mis un pied sur les Terres de Feu. Les retrouvailles qui ont suivies avec @Djouqed ont été intenses. Jamais tu n’as eu l’impression de partager une telle connexion avec quelqu’un, et tu ne parles pas seulement d’activités de chambre : il te comprend. Alors s’il faut t’engager dans de bien sombres voies pour le côtoyer, tu commences sérieusement à envisager l’idée avec plus de sérénité.
Il faut dire que le dernier mois a été riche en événements. Tu as littéralement surfé sur les emmerdes entre @Engel Bauer et ses amis en prison – tu n’as pas réussi à te résoudre à aller les voir mais tu as tenu à leur envoyer des lettres de soutien, courtes, neutres sur le plan politique, mais néanmoins chaleureuses – et ton coup de sang devant les journalistes… Entre ton petit périple en terres de feu à l’initiative du violeur de ta mère et la rencontre avec Djouqed. Entre les révélations de @Severus Rogue et les retrouvailles avec @Melchior C. Fawley… Non, décidément, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce dernier mois a confiné à la folie. Le mois de Mars sera-t-il plus calme ? Tu défies quiconque de faire pire que Février, de toute façon.
C’est donc la tête haute que tu te présentes à l’entrée. On t’indique ton stand, le stand que tu partages avec les autres représentants de Sainte Mangouste. Tu y passes, tu salues les gens présents. Sur ton chemin, tu as entendu des murmures. Le nom « Malefoy » est revenu un peu trop souvent à ton goût. Alors tu décides d’aller te balader un peu. Juste pour te donner contenance. Tu passes devant le stand d’un restaurent en pleine installation, tu adresses poliment un bonjour de loin à l’un des hommes qui a croisé ton regard, juste avant qu’une jeune femme ne vienne lui claquer la bise. Tu vois, au loin, la petite @Eirian Almasdóttir que tu as croisée le mois dernier, entourée de deux hommes. Tu reconnais @Valur Fjalarsson, c’est lui qui est venu vous apprendre le décès de ta mère. Tu vois, au loin, la série de stands du Ministère, tu te demandes si… Bingo ! Tu vois la chevelure rousse de ta meilleure amie, @Erin McAllister et la bouille grognonne de son collègue que tu avais croisé au Carnaval. Comment c’était, déjà ? Damien… Damoclès !
Sur le chemin, cependant, une silhouette attire ton attention. Grande. Fine. Le port altier. Tu la reconnais pour avoir vu son visage dans les journaux. @Viviane Goyle-Lestrange est une femme de Mangemort. Toi, un fils de mangemort. On dirait qu’ils ont eu le chic pour inviter des personnalités sulfureuses. On ne choisit pas ses parents, mais on choisit certainement son époux, penses-tu. Un bouffée de haine te monte dans l’estomac. Ton regard va du stand d’Erin au stand de la potionniste. Tu hésites. Tu hésites tellement. Tu penses à Djouqed. Que ferait-il ? Que ferait un euthanatos ? Certainement pas agir au grand jour. Alors tu ravales ton envie de la frapper pour les crimes de son homme et tu détournes les talons.
C’est bouillonnant que tu arrives sur le stand d’Erin. Le poing serré. Tu coupes en plein monologue une blonde sur leur stand. Tu ne te sens pas spécialement d’humeur charitable, et tu peux voir l’agacement poindre sur le visage de ceux qui sont obligés de subir son babillement. Tu crois même, du coin de l’oeil, avoir vu Damoclès se décomposé quand elle est revenue sur le stand pendant que tu hésitais à aller casser la gueule d’une Lestrange.
– Salut tout le monde ! Dites, c'est pas un peu bizarre que quelqu'un comme elle ait été invitée ?
Tu désignes du doigt le stand de Viviane, non loin de là. Tu dois juguler ta colère, mais tu essaies d'agir en vrai Serpentard : recueillir d'abord des informations et aviser ensuite de la nécessité ou non de cacher un méfait. Et quel meilleur endroit pour se renseigner que les représentants de la justice ?
Valur sourit à Eirian franchement en voyant la petite faire des papouilles à Hvitur. Ce chien est une crème avec les enfants et il a toujours adoré Eirian. Autant dire qu’il est aux anges entre les pattes de la fille. Valur l’écoute, toujours frappé par ce besoin de ne pas déranger chez Eirian. Alors il la rassure.
– Je suis toujours un peu grognon le matin, tu sais bien. Mais je comprends que tu n’aies pas envie de voir mes collègues… moi non plus je n’ai pas toujours envie de les voir. Non, je ne suis pas fâché, Eirian.
Il lui fait un clin d’oeil. C’est vrai pour la plupart d’entre eux. Il y a très peu de brigadiers qui le supportent, et, pareillement, il n’en supporte pas beaucoup. Mais généralement, ça se passe bien, il envoie paître les inopportuns et ignore le reste du monde. Sa seule némésis, c’est cette Carol-Ann, là. C’est pas pour rien qu’il a fui… C’était ça ou la faire taire avec un sort de silence… Mais il paraît que c’est interdit par la hiérarchie.
– Et alors dis-moi, Eirian, qu’est-ce que tu as prévu de faire aujourd’hui ? Que vas-tu lire de beau ?
Il ne peut pas ne pas s’intéresser à la petite. Elle est de sa tradition, presque de la famille. Face à l’oppression des Hermétiques, il a bien fallu se rapprocher les uns des autres, et leurs ancêtres, devant la menace, ont fait ce qu’il y avait à faire. Faire groupe. Faire corps contre l’ennemi. Ceux qui ont refusé de collaborer ont fini par être décimés ou annexés. Non, vraiment, être dans ces murs, à Poudlard, ça lui rappelle toujours de mauvais souvenirs. Aussi, quand il voit un Verbena, peu importe sa foi, son focus, sa couleur de peau, il sera là pour l’aider du mieux qu’il le peut. Parce que sa tradition fait partie de lui, comme sa famille.
Eirian n’a pas le temps de lui répondre qu’une voix s’élève près d’eux. Un bonjour neutre. Suivi de l’irruption d’un chat dans les pattes d’Eirian. Hvitur le regarde d’un œil mauvais, ce chat. Valur se retient de faire de même avec le sorcier qui les a approchés. Il pue l’hermétique, celui-là, autant dire que Valur n’est pas spécialement jouasse de le voir débouler. Il pose la main sur le col de Hvitur pour le calmer. Le malamute sait qu’il ne faut pas attaquer les autres animaux, même ceux qui appartiennent à des raclures d’hermétiques. Il observe l’homme intéragir avec Eirian. Quand celui-ci propose la salle de classe d’études des moldus, il se racle la gorge.
– La salle commune sera peut-être plus confortable qu’une salle de classe, Monsieur… ?
Sa voix est sèche. Pas encore froide. Pas encore dégoulinante d’animosité, mais ça pourrait venir. C’est quand il voit des sorciers comme ça qu’il regrette d’avoir proposé à Jökla de venir à Poudlard. Qu’il regrette que les proches d’Eirian aient fait le même choix. Qu’a à leur offrir ce monde là, franchement ? Il reste imperturbable lorsque l’autre essaie de prononcer son nom et, il faut le dire, ne se viande pas trop. Directeur de Serdaigle, hein ? Jökla lui en a déjà un peu parlé. Nouveau directeur suite à la démission de l’ancien. Enfin « démission »… Il se dit partout que c’est Rogue qui l’a viré, oui. Depuis, Wilson a disparu de la circulation, d’ailleurs. Paraît qu’il est retourné aux Etats-Unis.
Et donc, il semble vouloir lui parler de sa fille. Cela éveille la méfiance de Valur. Il ne sait pas pourquoi, mais le prof lui est plutôt antipathique. Il est hermétique, déjà, et en plus, il manque d’assurance, il manque de franchise. Il lui fait l’effet d’un gamin dissimulant un mauvais coup plutôt que d’un homme adulte et responsable. Cela déplaît au brigadier qui a élevé dans un monde où la faiblesse était récompensée par la mort. Les hivers froids, les loups, les ennemis… tout cela nécessite de l’assurance et de la force pour survivre. Il se demande si ce gars n’aurait tenu ne serait-ce qu’un hiver en Islande ? Sans doute pas. Lemony Anderson dit ne pas vouloir l’empêcher de parler à Eirian, et pourtant, il reste là à poser des questions stupides et déblatérer des évidences. Valur ne cache pas son agacement, il balaie la question d’Anderson d’un haussement d’épaules sans jamais le quitter des yeux.
– J’ai l’air d’un guide touristique ? Passez au stand après avoir trouvé vos préfets, nous ferons d’une pierre deux coups : on parlera de ma fille et vous verrez quels autres brigadiers sont sur place.
Il lève un sourcil dans, lui a-t-on dit, une bonne imitation de Rogue. Valur a toujours démenti tout point commun avec ce con… Mais enfin, s’il faut comparer Rogue à Anderson… il préfère le premier. Celui-là au moins est un homme selon ses critères, et non pas un enfant. Bon sang, même Eirian a plus de répartie que ce qui sert de directeur de maison à sa fille. – Autre chose ?
PS : les points de vue exprimés par Valur sur la place de l'homme ne sont en aucun cas ceux de l'auteur planqué derrière (désolé Lemony, j'adore ton perso en plus )
Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
hiboux : 3012
pictures :
TEATIME is always epic with englishmen | ALWAYS in love with his dear Lily | BOOKS lover | MAGISTER es potionis
C’est stupide. Tout cela est dramatiquement stupide.
Sans le savoir, le bougon Severus Rogue pense exactement la même chose que son professeur d’études moldues. Il a tempêté, pourtant, Rogue. Il a rappelé à McAdams les événements de Novembre dernier. Il a argué que c’était une nouvelle façon d’ouvrir les portes de l’école à des emmerdes. Mais McAdams a balayé tout ça en disant qu’il y aurait un service de sécurité dépêché par le Ministère. Des réservistes. De qui se moque-t-on ?
Severus Rogue ne doit qu’à Minerva de n’avoir pas annulé le jour même l’événement. Penser aux élèves. S’ils sont mort, il n’y aura plus grand-chose auquel pensé a-t-il objecté. Faites confiance aux choses un peu, lui a-t-on dit. Est-ce qu’il a survécu à deux guerres en faisant confiance ? Certainement pas. C’est donc un directeur inquiet et ronchon qui rappelle au petit déjeuner, ce matin là, les règles de sécurité et de vigilance. C’est lui encore qui a brieffé la veille au soir son équipe pédagogique. Au moindre problème, les élèves dans le château et les adultes capables de se battre pour les protéger. Au premier mangemort qui passe, Severus Rogue se fait d’ailleurs un devoir de l’envoyer lui-même ad patres. Mais ça, il a oublié de le dire à son équipe.
Hypervigilance. C’est quelque chose que les moldus ont théorisé pour appeler cet état qui a été le quotidien de Severus Rogue pendant des années. Tout observer. Tout. Même ce qui semble sans importance. Retenir tous les détails. Noter toutes les phrases, tous les mots prononcés, tous les sous-entendu. Evaluer les regards, jauger les attitudes et scruter les ténèbres pour y déceler le danger. Dormir d’une seule oreille, d’un seul œil et toujours être sur ses gardes. Une tâche épuisante. Etouffante menant à la paranoïa. Ce jour là, Severus Rogue le sait. Il sera paranoïaque, et au moindre danger, il agira lui-même.
C’est donc un directeur alerte qui descend les escaliers du hall à neuf heures cinquante. Il voit les premiers stands se peupler. Il reconnaît les visages d’anciens étudiants : Erin McAllister. Un désastre en potions. Damoclès Slughorn. Un bon élément, de mémoire. Uriel Lewis. Excellent, évidemment. Il a un pincement au coeur en le voyant déambuler au milieu des tables. Il le suit des yeux, le voit hésiter puis passer son chemin. D’où il est, Severus ne voit pas bien quel stand a pu attirer son attention et le crisper à ce point. Alors il lui emboîte le pas et suit le même chemin pour tomber nez à nez avec @Viviane Goyle-Lestrange. Evidemment. Il a aussi tempêté pour qu’elle ne soit pas invitée, celle-là. On lui a objecté que c’était un maître des potions. Mais Severus Rogue se souvient surtout que c’est l’adolescente qu’on a offerte en pâture à Rabastan Lestrange. Il se souvient du visage indéchiffrable de la jeune fille les rares fois où il l’a croisée au Manoir Malefoy. Il n’a pas eu l’occasion d’échanger avec elle plus que des salutations, mais il se souvient beaucoup trop bien de son abruti de cadet qu’il a du subir cinq années durant dans sa classe. Evidemment, Gregory Goyle était trop stupide pour obtenir ses BUSE de potions.
Soit. Puisqu’il le faut… Il s’avance vers elle. Il est prêt. Prêt à décrypter le moindre de ses gestes, la moindre esquisse sur son visage. Si elle est là pour faire un attentat, il le découvrira et il l’empêchera. Les suppôts de ces enfoirés de Malefoy ont déjà assez saccagé son école.
« Magister Lestrange. »
C’est la façon de s’adresser, au sein de l’Ordre d’Hermès, à un maître, quelque soit sa discipline. Maître en Potions, ça fait au moins une ligne reluisante sur le CV. Il incline la tête devant elle pour la saluer. Il est hors de question qu’il s’abaisse à ces conneries de protocole exigeant qu’il l’appelle Lady et qu’il lui fasse un baisemain.
« Comment trouvez-vous les lieux ? Je ne me souviens pas vous avoir comptée parmi mes élèves ? »
La question n’en est pas une. Evidemment qu’il ne l’a pas comptée parmi ses élèves. Il se souvient encore de la réunion autour du Seigneur des Ténèbres où les Goyle ont amenés leur fille pour la première fois. Quel âge avait-elle à l’époque ? Quinze ? Seize ans ? Elle était resplendissante, toute l’assemblée avait été estomaquée. C’était ça la sœur de l’abruti qu’ils se coltinaient à Poudlard ? Severus Rogue se souvient s’être fait la réflexion que madame Goyle avait du avoir une aventure. Ou que la gamine avait été adoptée. Comment une famille aussi stupide et grossière pouvait-elle avoir donné le jour à quelqu’un qui aurait pu remettre à sa place Narcissa Malefoy en matière d’élégance et de beauté ?
Josiah n’était pas revenu à Poudlard depuis mai 1999. Il y avait admiré le Château flambant neuf après une année de travaux, invité par un gouvernement qui, lui, ressemblait à un tas de ruine fumantes. Ça avait été monstrueux et absolument pathétique en même temps. Il avait semblé à Josiah que tout le monde pouvait voir les fantômes des combats se rejouer face à eux. Lui en tous cas pouvait les voir. A peine assis sur les bancs de la Grande Salle, il avait regretté d’avoir répondu par la positive à l’invitation et s’était barré discrètement dès la fin des premiers discours. Quelques jours plus tard, il décollait pour le Bénin, où il n’était plus allé depuis près de cinq ans. Il y avait vu son père, sa nouvelle épouse, ses frères et ses sœurs. Ça avait été bon et chaud, mais Sènami, l’épouse, avait été imblairable. Par ce voyage toutefois, il s’était appliqué à faire disparaître le Château écossais de ses songes en les remplissant de paysages africains et d’amour filial. Ça avait plutôt bien fonctionné. Il s’était promis, groggy, assis autour du feu à l’occasion d’une énième passée avec tous les sages du village, qu’il n’y remettrait plus les pieds. Mais il y avait été invité, à nouveau, par le comité des parents d’élèves, cette fois-ci. Un sourire narquois avait marqué sa gueule quand il avait lu son courrier, et il s’était souvenu de sa promesse. Le carton avait trainé un moment sur la table de la salle à manger, et finalement, il s’était dit, pourquoi pas ? Nasiya aussi, avait reçu le carton, ce fut le premier argument. Il voulait voir Hékate, elle lui manquait, sa gonzesse. Josiah avait songé, aussi, que ça serait l’occasion pour la bande d’hermétiques écossais de voir jusqu’où pouvait s’étendre cette tradition, si on en oubliait tous ses principes. Il pourrait voir leurs yeux s’écarquiller quand ils le verraient débarquer tout coloré, ne restait alors qu’à trouver une peau à tatouer pour lancer le spectacle. @Nia Babajaro serait la cobaye idéale. Sublime, au moins aussi colorée que lui, connaissant la magie vaudoue parfois mieux que lui, il était allé lui demander de participer à la foire quelques semaines avant l’événement. Elle avait répondu par la positive, et la mécanique s’était mise en branle. Nasiya et lui avaient loué une chambre à Pré-au-Lard et étaient arrivés la veille de l’événement. Ils avaient rejoint pour dîner @Hekate R. Murphy, et bien sûr, ils avaient bu. Josiah n’avait pu qu’admirer la descente des deux beaux, son esprit parfois éparpillé, quand il se laissait finalement aller à penser au Château. Hekate savait où il partait, quand ses yeux se faisaient vitreux, elle comprenait, mieux que Nasiya, certainement. Mais alors, comment faisait-elle pour travailler au Château ? Peut-être ne s’y était-elle pas battue.
Il avait peu dormi, imitant son amant dans son insomnie ordinaire, et s’était levé aux aurores. Dans sa valise, il avait embarqué quelques friandises, qu’il avait gobé en se préparant pour la Foire. Trois chocogrenouilles et quelques patacitrouilles, entre autres, alors qu’il peignait sa tignasse crépue pour lui donner une allure. Il avait enfilé un boubou de wax rougeau sans manche et au décolleté plongeant. L’idée était de laisser apparaître le plus de tatouages possibles. Ses bras huilés découvraient ainsi des vévés qu’il avait recouverts de pigments rouges, pour qu’ils ressortent, nets. Sur son torse, entre ses muscles pectoraux, on pouvait deviner le portrait de Mami Wata. Il portait un pantalon de satin noir, et aux pieds, une paire de bottes en cuir qui semblait avoir vécu une ou deux guerres. Ça avait sûrement été le cas, mais il allait piétiner toute la journée dans le parc d’un Château écossais (humide, donc), il ne voulait pas abîmer ses chaussures de cuir italien. Sur ses pommettes, il avait déposé des paillettes rougeoyantes, juste avant que Nasiya ne le presse pour qu’ils choppent leur calèche. Il avait choppé sa valise dans laquelle il avait rangé tout le matériel qu’il devrait installer sous une tente de la foire, et ils étaient allés à la rencontre des Sombrals. Nasiya et lui pouvaient les voir. Ils s’étaient serré la main, particulièrement fort, tout au long du trajet.
Arrivés dans le parc, ils avaient été orientés par le comité vers leurs emplacements respectifs. Leurs paumes s’étaient ainsi détachées, et ils avaient vaqué à leurs occupations. Josiah évitait de lever le crâne, ses muscles s’arquant un peu dès qu’il croisait le Château du regard. Il arrangea tout, faisait de son bout de tente orangé un espace familier. Ses traits se détendaient à mesure qu’il s’installait, et les rides de son front disparurent complètement quand, enfin, il pu commencer à faire barboter ses encres sur une flammèche bleue. Tout était prêt, et les mômes commençaient à débarquer. Il devait trouver Nia, pour s’organiser un peu. Avant que de trop nombreux curieux ne s’intéressent à son office, il fila dans la foule, à la recherche de la jeune femme. Il ne tarda pas à l’apercevoir, sublime éclair coloré dans la foule. Elle avait mis une robe rouge, parfaitement assortie à son boubou à lui, découvrant l’une de ses épaules, offrant à la vue de tous cette peau qui serait sublime à tatouer. Un sourire naissait sur ses lèvres, finalement, à l’expectative de cette journée qui s’ouvrait. Il la rejoignit à grandes enjambées, la trouvant en meilleure compagnie qu’il n’aurait pu l’espérer. Elle papotait avec @Rhys M. Price, sublime dans son costume bleu, et celui qui devait être son frère, visiblement plus taciturne. Il y avait aussi un chiot, et finalement, un bonhomme qui était plus anglais que nature, le teint blafard et l’allure maigre pour preuve (@Theodore Nott). Josiah l’avait vu traîner sur l’Allée des Embrumes, mais impossible de se souvenir qui il était.
Le tatoueur, finalement arrivé près du grupetto, attrapa la main de Nia, la surprenant peut-être, pour venir la baiser du bout des lèvres. Douce femme, il était si rare qu’elles lui plaisent, celles de son espèce. Et Nia pourtant lui était trop familière pour qu’il ne puisse envisager de la déprécier. Sans mot dire, il garda sa main dans sa paume, se reculant de quelques pas pour l’admirer dans son entièreté. Un sourire éclatant – et peut-être un peu faux, mais il s’agissait de spectacle, non ? – apparaissait désormais sur son visage, avant qu’il ne glisse à la jeune femme : « Tu es sublime ». Lâchant finalement sa main, il alla trouver celle de Price, avant de l'enlacer de son bras tatoué. « Et toi aussi, Price. Je ne savais pas que tu serais là. Tu me présentes tes camarades, mon Rouge ? » Ca avait été mon dragon rouge, au début, et puis, avec le temps, les heures passées à grignoter au Petit Ogre et à gratter sa peau au Voodoo’s Child, le dragon était tombé pour ne laisser que le Rouge.
Il discuterait avec eux, quelques minutes, pour mingle, comme le disent si bien les américains. Et ensuite, retour aux affaires.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | Inventaire x 5 + event + métier
Foire des métiers - Event Poudlard « Mais tu as vu tout ce monde ?! Non, non, ce n'est pas pour moi, j'aime pas ces trucs-là. Depuis les hauteurs de la tour de Serdaigle, la blondinette détaillait nerveusement l'afflux de visiteurs dans le Parc ainsi que le montage des trois chapiteaux. Une grande majorité des érudits s'étaient déjà rendus sur les lieux de l'événement, il était plus de dix heures trente passées. Le Préfet des aiglons, @David Collins, semblait quant à lui déterminer à embarquer la Verbena avec lui et se refusait à quitter la Salle Commune sans elle. La concernée ne cessait de grommeler, elle ne comprenait définitivement pas l'insistance de son ami. Elle n'était pas intéressée, point barre. Elle soupira bruyamment et se retourna vers lui brusquement, le regard sombre : C'est d'accord. Mais je ne reste pas longtemps, je fais un petit tour et je passe dire bonjour à mon père. C'est tout. » Jökla insista lourdement sur les derniers mots, sa présence serait de courte durée.
Les adolescents se mirent en chemin, sans prononcer un seul mot. Quelques mois déjà que leurs rapports s'étaient dégradés, de stupides disputes autour de la politique de Potter. Ils ne parvenaient plus à se parler sereinement, cela finissait toujours en drame. Les amis se contentaient aujourd'hui de quelques échanges cordiaux et d'un repas ponctuellement partagé dans la Grande Salle. Néanmoins, le garçon n'avait pas lâché l'affaire, désirant plus que tout que Jökla pense à son avenir plutôt que de bouder dans un coin de la bibliothèque, comme à son habitude. Une jolie parenthèse dans leurs innombrables engueulades, la jeune sorcière appréciait le geste. Elle n'était pas à prendre avec des pincettes ces derniers temps, elle le savait pertinemment et elle ne rejetait pas la faute entièrement sur lui. Un de ces jours, il faudrait qu'ils discutent à cœur ouvert, rien que tous les deux, c'était beaucoup trop triste.
Arrivés sur les lieux, les adolescents se séparèrent naturellement, chacun souhaitant vaquer à ses occupations. La blondinette repéra aussitôt le chapiteau vert sur le plan du parchemin, celui dédié aux métiers du soin. Elle espérait avoir le courage de se pointer à certains stands et d'échanger avec les intervenants, elle en avait très envie. Aussi, l'aiglonne traversa le premier chapiteau à la vitesse de l'éclair. Elle aperçut son père au loin, @Valur Fjalarsson, aux côté de la petite Eirian et du Directeur de Serdaigle, Monsieur Anderson. Que pouvaient-ils bien se raconter, tous les trois ? Le Brigadier avait sa tête des mauvais jours et Jökla pria intérieurement de toutes ses forces pour que Lemony tienne sa langue. Elle n'aimerait pas du tout qu'il raconte qu'elle avait pleuré le soir du renvoi d'Asao et de Pelagia, vraiment pas du tout. L'adolescente n'évoquait jamais ses difficultés au Château, une question de pudeur entre le père et la fille. Jökla soupira, elle puait cette situation et mieux valait s'en éloigner pour le moment. Elle baissa la tête et se planqua dans les groupes d'élèves, se faisant toute petite.
Un chouïa plus détendue une fois parvenue au chapiteau vert, l'érudite parcourra les stands, respectant tout de même une certaine distance minimale de sécurité. Dans son petit monde, la Verbena déambula silencieusement et tendit l'oreille pour écouter les dires des intervenants, répondant à toutes les questions les plus standards de ses camarades de classe. Finalement, c'était loin d'être inintéressant et elle ne regrettait pas sa venue. Jökla marqua une petite pause dans son tour et se servit un chocolat chaud. Elle s'éloigna des chapiteaux et s'assit en tailleur dans l'herbe fraîche, à une centaine de mètres de l'effervescence de la toute première foire aux métiers de l'histoire de Poudlard. La foule, les lumières vives et le bruit, tout cela pouvait rapidement devenir anxiogène pour la jeune femme, elle connaissait ses limites.:copyright:️ 2981 12289 0
Pas seulement le matin... Valur avait un faciès, de part son arcade sourcilière, qui lui donne souvent un air contrarié ou qui juge. Mais ça faisait son charme, quand on le connaissait, appuyant ses origines rustiques. Mais parfois, cela avait don de mettre de l'huile sur le feu. Est-ce que c'est parce qu'elle le connaissait assez pour voir qu'il tirait la gueule en voyant Lemony s'approchait d'eux ? Contraste avec le minois de l'enfant, au début surpris, qui s'adoucit d'une expression presque de tendresse pour ce professeur. Et elle était désolée, aussi. L'enfant semblait lui présenter ses excuses de cette petite mimique confuse et de ce sourire... amère. Elle se pencha sur le chat venant se frotter à ses jambes afin de le flatter, toujours sur le mauvais oeil de son corbeau perché. Elle n'était pas très chat. Elle préférait largement les chiens. Mais la présence canine risquait de mettre en danger l'équilibre de la faune et flore locale de son village en plus d'avoir un besoin d'une présence bien plus pointue qu'avec un chat. Chose qu'elle ne pouvait pas lui offrir avec les études, donc... Mais bon, impossible de refuser les papouilles d'un animal en soit et tandis qu'elle lui grattait son menton, Eirian prit la parole d'une voix posée :
— Je suis désolée Lemony mais... Je ne peux pas... Pas après ce qu'il s'est passé... au début de l'année... Je me sentirais beaucoup plus en sécurité à l'intérieur du Château... Et puis, comme je disais à Valur, j'ai déjà trouvé ce que je voulais faire plus tard !
La petite blaireautin essayait de le rassurer, et de se faire pardonner dans un sens. Le pauvre travaillait si dur, toujours à l'écoute des autres et à s'assurer que tout le monde aille bien. Cela contrariait quelque peu l'enfant de le décevoir en prenant la fuite, en plus en l'entendant soupirer ainsi, mais elle se doutait qu'il comprendrait facilement ses raisons. Elle essayera de sa rattraper, promis, il lui devait bien ça, lui qui était si gentil ! La preuve, il ne semblait pas lui en vouloir et lui proposait l'accès à sa bibliothèque moldue dans sa salle de classe ! Mais son enthousiasme, cette reconnaissance envers son professeur de vouloir veiller sur elle, se retrouva sous un coup de burin de Verbena. Eirian fut prise au dépourvue et le sourcil droit qui fut haussé jugea Valur. On ne la faisait pas à elle ! Elle qui habitait dans un village de Verbenae ! Elle a très vite compris ce qui se tramait dans la caboche du mage Viking. Elle retint un soupir, essayant de faire bonne présence, malgré son sourire un peu crispé à cause de l'antipathie que si dégageait de son compatriote.
— Merci pour la proposition Lemony, c'est tentant et tu as de bons romans qui m'intéresse, mais cette fois, je vais travailler ! J'ai pris beaucoup de retard sur mes études du gaélique Irlandais... Je vais donc profiter du calme au château pour étudier et, promis, s'il y a quoi que ce soit, j'irais chercher de l'aide !
Et ouf, heureusement que l'entrevu est assez brève ; Eirian se voyait mal devoir faire le médiateur entre les deux et fut bien soulagée, après avoir saluée Lemony, qu'ils soient séparés en sa présence... Mais non ! Il a fallut que son professeur pose une dernière question, comme dépourvue d'instinct de survis, et là, la fillette ne cacha même pas son pincement de l'arrête du nez à la réponse de Valur. Non mais... Pour l'amour de... ! L'Apprentie Sorcière se saisit du bras de son compatriote, sourire aux lèvres quand elle s'exprima devant son professeur d'une voix presque fluette :
— Excuses le Lemony, je crois qu'on est tous un peu à cran avec cette foire ! Surtout quand on vous force à travailler et certains sont très grognons quand il n'ont pas pris leur thé du matin ! Je te l'emprunte quelques minutes et vous vous retrouverez au stand d'accord ?! Bonne chance pour la foire Lemony !
Et tandis qu'elle parlait, elle tirait par le bras Valur, les éloignant un peu plus, mettant une distance de sécurité, jusqu'à qu'elle l'entraîne beaucoup plus loin, pour pouvoir discuter en paix et seuls dès qu'elle finit de s'exprimer. Là, elle le fit face. Bras serrés contre son torse. Menton levé. La mine renfrogné et sévère. Elle était le portrait craché de Ragnhild. Nul doute que la Völva était sa tutrice. Et quand arrivera sa crise d'adolescence... Que les Dieux protège sa famille. Ses mots islandais et norrois ne chantonnaient plus :
—Je connais ton animosité pour les Hermétiques, Valur, mais ce que tu fais est très irrespectueux ! C'est vrai... il est un peu... il a l'air un peu niais et c'est un Hermétique, mais tu serais étonné de savoir toute la colère qu'il a aussi pour l'Ordre ou toute la connaissance mortelle qu'il peut avoir ! Et c'est un homme bien ! Tu sais, il veille sur ses élèves, il s'assure toujours qu'on aille tous bien et il s'inquiète beaucoup pour ta fille et pour moi ! Il sait qu'on a beaucoup de mal à s'intégrer dans cette école et il essaye vraiment de nous aider !
Elle soupire à nouveau, venant pincer l'arrête de son nez, essayant de souffler un peu. Ce n'était pas juste pour Lemony. Osgeir ne l'avait pas éduqué comme ça, elle ne pouvait pas ne pas lui réprimander sur son comportement, ça allait contre son éducation et son sens moral, elle qui fut élevée par un Oncle avec un grand sens du devoir et de l'honneur. Alors elle reprit, beaucoup plus calme :
— Ne le dis pas à Jökla que je te l'ai dis, mais... elle a très mal vécu les renvois qui a eu... Elle est partie du Grand Hall après l'annonce, en colère, ou en pleurs, je ne sais pas... Mais tu sais ce qu'il s'est passé ? Il y a eu qu'un seul professeur qui a couru, traverser toute la salle, pour aller la rattraper, pour la rassurer et s'assurer qu'elle allait bien... Et c'était lui. C'était lui qui a réussis à la calmer cette soirée là...
Elle n'était pas aveugle. Eirian était une Verbena, ils étaient tous les deux des Verbenae et l'enfant avait grandi avec ses semblables. Alors oui, elle voyait comment Valur s'est montré aussi grossier avec Lemony et jamais il ne lui aurait parlé ainsi si ça avait été un Verbena. Et ça, ce n'était pas juste, pas après tout ce que le professeur faisait pour Jökla. Elle ne lui demandait pas de faire un ami-ami avec lui, ni de jouer les faux-culs, mais...
— Valur, s'il te plait... Ne sois pas aussi grossier avec l'homme qui veille sur Jökla en ton absence... S'il te plait... Tu vaux mieux que ça... Beaucoup mieux...
Et l'enfant se met sur la pointe de pieds pour lui embrasser doucement la joue, une main posée sur son avant bras. Son petit minois exprimé une mimique toute inquiète parce qu'elle espérait que l'homme ne fasse pas de vagues et qu'il comprenne que son comportement n'était pas digne du grand guerrier Viking qu'il était. Où était son sens de l'honneur et du devoir ?
Alors l'Apprentie Sorcière, essayant de se remonter un peu le morale, trouva le Malamute et lui flatta les flancs :
— Hvitur, assures toi que Valur ne morde pas pendant mon absence, d'accord ?
Entendre le tintement dissonant de la clochette de la porte de chez Barjow et Beurk n’est agréable pour personne. Ni pour les clients sur le point d’entrer dans un capharnaüm sinistre, ni pour les employés qui ont à subir plusieurs fois par jour ce petit son qui avait fini par devenir insupportable. Ce bruit est d’autant plus déplaisant lorsque la personne franchissant la porte n’est autre que @Rhys M. Price. En voyant son voisin coloré s’avancer dans le magasin, la première chose qui avait traversé l’esprit de Theodore tenait en un mot. Non. Non, merci bien. Il n’avait pas la force d’affronter les minauderies et les mains baladeuses de l’euthanatos ce jour là. Mais à peine avait il eu le temps de se retourner pour prendre la fuite que le chef cuisinier était sur lui et l’avait enlacé dans l’une de ses étreintes insupportables. Indifférent au frisson de dégoût parcourant sa victime, Price lui avait susurré sa proposition d’un ton affable où la menace pesait sous chaque mot. Que faire, à part accepter de mauvaise grâce de l’accompagner à Poudlard, pour cette foire aux métiers à laquelle Barjow et Beurk n’avaient pas été conviés. Comment auraient-ils pu l’être, leur simple trogne suffisant assurément à faire fuir n’importe quel élève ? La promesse d’un salaire -plus que décent- valait-elle véritablement le supplice d’une journée passée aux côtés de Price ? Était-ce réellement une bonne idée pour lui de retourner dans l’enceinte de Poudlard, là où il croiserait forcément d’anciens camarades et professeurs qui n’auront pas oublié et surtout pas pardonné ses actions passées ? Finalement, l’argent n’avait été qu’un bonus. Le choix qu’on lui avait offert n’en était pas un, un refus n’avait pas été l’une des options possibles. Il avait accepté, contraint par les menaces de vieux démons encore trop présents. Il accompagnerait cette gargouille de Price à Poudlard.
***
L’air est froid et le soleil à peine levé lorsque Theodore traverse d’un pas rapide le Chemin de Traverse en pleine effervescence. Les commerçants sont tous sur le pas de leur porte à préparer leur départ prochain en direction du château. Il n’aurait jamais cru remettre un jour les pieds à Poudlard et pour l’occasion, il a revêtu les couleurs de l’illustre maison de Serpentard avec un pull à col roulé vert foncé sous un costume noir. Il veut montrer à tous que malgré la ruine, la famille Nott a toujours son Lord. Quand à expliquer pourquoi ce dernier se retrouve commis de cuisine pour le compte d’une famille de cracmols, c’est plus compliqué. Il espère simplement que personne ne posera la question, pour ne pas avoir à chercher de réponse. Autour de ses épaules, il serre une cape d’hiver noire qu’il ôtera au besoin mais qui lui permet pour l’instant de braver la fraicheur matinale qui sera bien pire au nord de l’île. Le contraste avec la tenue bariolée du cuisinier ne pourrait être plus marqué. Quand encore une fois le salut de Price brave toutes les limites de la réserve qu’il tente de préserver, il réprime de justesse une grimace en prenant le café qu’il lui tend. C’est avec difficulté qu’il se retient de lui envoyer la boisson brûlante en pleine figure après le trait de sarcasme qu’il reçoit de plein fouet et qui lui fait manquer un battement de coeur. Il reste néanmoins de marbre, refusant de laisser cette émotion le dominer. « Je pourrai le prétendre sans problème. Est-ce que les autres vont le croire, c’est une autre question. » Comment cette pourriture de Price est-elle au courant ? Il n’a plus utilisé cet alias depuis plusieurs années, et seulement pour quelques voyages. Il y avait eu la Mongolie, le Nigéria et l’Egypte, mais il n’en avait parlé à personne, et il doute que Barjow et Beurk aient craché le morceau. Pourtant, Price l’avait appris d’une manière ou d’une autre et il le lui faisait subtilement comprendre. Que sait il exactement ? Les questions tournent dans son esprit tandis qu’il suit son guide à travers le restaurant jusqu’à l’arrière-salle où les jumelles attendent déjà, aimables comme à leur habitude. La première fois qu’il s’était retrouvé dans cette pièce, il était terrorisé. Un gamin de même pas vingt ans, réduit à piller les richesses des autres pour se maintenir la tête hors de l’eau. A l’époque, il n’avait même pas tenté de discuter et lorsqu’il avait compris à quoi il avait affaire, il n’avait pas hésité à se jeter tout entier dans la toile de l’araignée, dont il peine aujourd’hui à se défaire. Le prix à payer n’est pas très lourd, quelques informations, des bribes de conversations rapportées… Si ce qu’il raconte peut faire tomber les Malefoy, tant mieux, et il se fiche bien de ce qui peut arriver au Magenmagot pour l’instant. Mais s’il pouvait revenir en arrière pour se sortir différemment de la situation, il le ferait avec plaisir. Quelques tours de retourneur de temps et tout serait effacé. Mais pour le moment, il doit se contenter d’accepter l’odieuse caresse de la main de Price sur la sienne sans rien dire avant de transplaner.
Il y a tout de même quelque chose de satisfaisant à connaître le secret qui entoure le gérant du Petit Ogre et sa famille. Certes, le prix en est élevé et ce privilège vient avec bon nombre de ses inconvénients, mais c’est amusant de voir Price jouer le cracmol devant le reste du monde. Quelle assiduité, quel dévouement pour ce rôle. Serait-il lui-même capable de prétendre toute la journée être incapable de magie ? Probablement pas. Tous ces petits gestes sont devenus si instinctifs, que ce soit faire venir un objet à soi ou verrouiller la porte, qu’il se voit mal s’en passer du jour au lendemain. Sans parler de devoir affronter les regards moqueurs et suffisant du reste de la population sorcière. Regards qu’il aurait probablement lui-même assenés à Price s’il n’avait été au courant de sa situation clandestine. Il devrait peut-être, en réalité, pour préserver les apparences. Dans tous les cas, le regard que Theodore renvoie à celui qui le fixe actuellement d’un air noir est tout sauf bienveillant. Lui, Theodore ne l’a jamais vu jusqu’à maintenant, et clairement, la présence du jeune sang-pur au sein de sa demeure n’est pas pour le ravir. Que ce soit dans son attitude ou dans l’animosité à peine dissimulée de son ton, tout semble indiquer que l’individu se serrait bien passé du caprice de Price. Tout comme Theodore, finalement. Sans comprendre les mots prononcés, il n’a pas de mal à deviner qu’il est le sujet principal du bref échange entre les deux hommes. Il y a quelque chose de terriblement frustrant à rester ainsi sans comprendre les paroles prononcées. Peut-être devrait-il apprendre le gallois, sans rien en dire à qui que ce soit, pour pouvoir comprendre ces conversations. Mais l’anglais revient rapidement pour faire les présentations, et Theodore hoche sèchement la tête en direction d’Arthur Price. Il doute pouvoir dépasser ce seuil d’amabilité avec ce personnage, et la réciproque a l’air avérée. Au final, il se demande s’il ne préfère pas cela à la familiarité intrusive de Rhys Price. Au moins, les intention de ce Arthur Price sont claires. Il le déteste, merci, cordialement. Il n’y a pas cette ambiguïté étrange qu’il perçoit chez le cuisinier, qui semble alterner sans cesse entre affection déplacée et mépris.
Il jette à peine un coup d’oeil au chien avant d’attraper la carte que lui tend Arthur Price. Il déteste ces bestioles, leur gueule baveuse et puante, leur fidélité excessive et cette vénération qu’ils ont pour les humains. Même les elfes de maison ont un peu plus de dignité que ces créatures qui reviennent encore et encore vers leurs maîtres abusifs. Il parcourt la carte silencieusement. La plupart des mets présentés semblent extraordinairement sophistiqués pour des élèves de Poudlard. C’est vraiment donner de la confiture aux cochons. Peu importe, il n’aura qu’à noter les commandes, non à s’occuper de la cuisine. Entendre Price suggérer que l’inverse pourrait être possible le fait presque rire, et il darde sur lui un regard consterné. « Je n’ai jamais touché une casserole de ma vie. » Prétendre qu’il est un cracmol, pourquoi pas, mais Price a-t-il besoin de pousser le vice jusqu’à penser comme un moldu ? Demander à un sang-pur s’il fait la cuisine, non mais vraiment. Price a beau apprécier cette discipline, lui la laisse aux elfes de maisons et autres cracmols. Il fait glisser la carte vers Arthur Price, et à nouveau il lui rend son regard froid et empli de dédain. Jusqu’à ce que Rhys intervienne. Theodore fixe une seconde encore le regard bleu de son interlocuteur avant de lui adresser un sourire affable et de se détourner. L’échange qui suit entre les deux frères se fait en gaélique, et pourtant Theodore ne peut s’empêcher d’y sentir une certaine tension. Lorsque Price lui demande s’il a des questions, il réfléchit brièvement. Il en a beaucoup, à vrai dire. Pourquoi lui ? Price a affirmé avoir besoin de ses connaissances sur Poudlard, pourtant il ne devrait pas avoir de mal à trouver quelqu’un d’autre parmi tous les sorciers qui passent sur le Chemin de Traverse pour satisfaire ses interrogation, et des gens probablement bien plus calés que lui. Certes, il avait lu l’Histoire de Poudlard, mais qui ne l’avait pas lu ? Il avait poussé un peu ses recherches lors de son assignation à domicile, la bibliothèque familiale regorgeant d’ouvrages sur les traditions magiques anglaises, parmi lesquelles Poudlard occupait une place centrale, mais de nombreux historiens de la magie seraient bien plus efficaces, et probablement plus enthousiastes que lui à l’idée de partager leurs connaissances avec le supposé cracmol. Et pourquoi vouloir en savoir plus sur Poudlard ? Pour la famille Price, il ne doit ni plus ni moins s’agir que d’un vieux tas de pierres, alors pourquoi cet intérêt soudain pour le château. Sans parler du fait que d’ordinaire, les sorciers issus d’autres traditions voient d’un très mauvais oeil la tradition hermétique, pourtant mille fois plus élégante et si raffinée. Et encore une fois, comment justifier sa présence au stand des Price, à obéir à un prétendu cracmol ? N’importe quelle personne connaissant ou ayant connu Theodore sait que jamais, jamais il n’accepterait de se plier à l’autorité d’un sale cracmol. Pour peu qu’un individu avec un brin de jugeote se pose la question, la situation pourrait devenir plus embarrassante qu’elle ne l’est déjà. Mais il choisit de garder pour lui ses inquiétudes. Après tout, cette idée est celle de Price, à lui de se débrouiller avec les conséquences, s’il y en a. « Non, aucune. » Il pousse un soupir. Cette journée risque d’être un peu trop interessante.
***
D’un coup de baguette et avec l’aide d’autres sorciers venus accompagner l’attelage, Theodore fait léviter une pile de sacs pour les entasser dans l’une des carrioles. Les Prices quand à eux s’acharnent à utiliser leurs bras afin de charger les chariots et Theodore retient une remarque acerbe. Cela irait bien plus vites si ces énergumènes choisissaient de se mettre de côté pour le laisser faire, mais il faut bien entendu qu’il se mettent dans ses pattes pour le gêner. Néanmoins, les affaires sont rapidement chargées, et Theodore flatte l’encolure du Sombral avant de monter dans la calèche à la suite des Price. Il avait appris à apprécier ces créatures au fil des années. Contrairement à bon nombre d’autres élèves de Poudlard, il les avait vues dès son premier trajet en deuxième année et en avait tiré une certaine satisfaction. Il s’était senti à part, au dessus des autres… Avant de découvrir que ces abrutis de Potter et Longdubat en étaient aussi capable lors d’un cours de soins aux créatures magiques particulièrement divertissant en cinquième année. Cette déception avait largement été rattrapée par l’humiliation de ce balourd d’Hagrid -par Salazar, comment avait-il été possible de confier un cours à un incompétent pareil ?- par cette chère Dolores Ombrage. Il n’est pas surpris lorsque Price lui fait part de son interrogation sur les créatures. Avec toutes les personnes qu’il a dû liquider au cours de sa petite vie bien rangée d’euthanatos, il aurait été surprenant qu’il ne voit pas les grands chevaux ailés. Quoiqu’il faille avoir été un minimum chamboulé pour avoir cette chance. « Des sombrals. » Il attend quelques secondes, mais le regard de Rhys ne le quitte pas, et il comprend que cette simple réponse ne suffira pas à son interlocuteur. « Ils sont très spéciaux. Pour les voir, il faut avoir vu quelqu’un mourir, alors généralement les élèves de Poudlard ne les voient pas. » Il avait quand même été assez vexé lorsque ses camarades l’avaient regardé comme s’il venait d’avaler un joncheruine quand il avait parlé des sombrals, et il avait fallu la réassurance d’un professeur pour le convaincre qu’il ne perdait pas la tête. Cette réponse, loin de satisfaire Price, semble au contraire attiser sa curiosité. Lorsqu’il évoque les maisons de Poudlard, Theodore lui jette un regard lassé. Ce type n’a jamais ouvert de livre ou quoi ? C’est bien typique des sang-de-bourbe et des sorciers d’autres traditions. Ils arrivent dans le monde sorcier hermétique sans se renseigner ni s’intéresser à rien, pas même aux fondamentaux de leurs traditions et à des choses aussi simples que les maisons de Poudlard, puis s’étonnent de se sentir exclus, lèvent leur bannières et hurlent à la discrimination. Par Salazar, tout serait bien plus simple si chacun restait dans son monde. « Il y a quatre maisons, Serpentard, Serdaigle, Poufsouffle et Gryffondor. Je ne vais pas m’attarder dessus, parce que normalement, tout le monde les connait, il suffit de demander à n’importe quel gamin. Moi j’étais à Serpentard, évidemment. Quant à toi…» Il jauge le Price de haut en bas. Il aurait certainement été à Serpentard également, si tant est que les autres traditions aient été acceptées dans cette maison. Ce côté rusé et manipulateur, c’est bien un trait que de nombreux serpents partagent. Theodore lève de nouveau les yeux pour le fixer. « Poufsouffle, probablement. » Si altruistes et volontaires, ces Poufsouffle, cela lui sied comme un gant. Theodore se détourne résolument, fixant son regard sur le château qui commence à apparaître, un bref rictus nerveux au coin de la lèvre. Plus de bons moments que de mauvais à Poudlard, en définitive. Jusqu’à cette sixième année catastrophique, tout s’était parfaitement déroulé. Quand à la septième année, il préfère éviter d’en parler, même si à son avis, les Price n’auraient pas de leçon à donner en terme de torture. Il vaut mieux laisser certaines choses là où elles sont le mieux : dans le passé. Il hausse les épaules à la question d’Arthur, en même temps que Rhys. « Elles sont vieilles. » Il en a assez de jouer le professeur d’histoire de la magie. La situation est déjà assez pénible comme ça sans qu’il doive en plus se retrouver à expliquer des choses inintéressantes à deux spécimens incapables de mettre le nez dans un bouquin. Pourquoi cet intérêt soudain pour Poudlard ? Il a du mal à croire que les Price ne se soient jamais intéressés avant à l’école, même en jouant leur rôle de cracmols. A moins qu’ils ne préparent quelque chose de mauvais, comme leurs compères quelques mois plus tôt. Un soupçon d’inquiétude monte en Theodore. Et si c’était le cas et qu’en accompagnant Rhys, Theodore s’était malgré lui fait complice de quelque chose ? Cette fois, il ne pourrait pas s’enfuir aussi facilement que lors de la bataille.
La nervosité qui l’habite s’accentue en arrivant en vue des chapiteaux dressés dans l’immense parc. Il pensait que l’événement se tiendrait au sein des murs rassurants du château, mais il fallait évidemment que cela se déroule en plein air, loin de tout bâtiment. Il réprime son malaise, se concentrant sur la scène dont ils se rapprochent. L’agitation est déjà à son comble, et partout grouillent représentants du Ministère, médicomages, commerçants et autres libéraux. A peine mettent-ils pied à terre à l’emplacement qui leur est réservé qu’Arthur s’active afin d’installer le stand. Theodore regarde discrètement autour de lui, cherchant à apercevoir un regard connu dans la foule, mais à son grand soulagement, il ne reconnaît personne pour l’instant. Il se détourne et s’approche rapidement de Price, dos tourné à la foule. La perspective de devoir cuisiner -cuisiner, lui, il a du mal à digérer l’idée- ne l’enchante pas du tout, mais il se résigne. Après tout, deux gallions et dix mornilles de l’heure, cela mérite bien un petit effort. Pourtant, l’exclamation de voix qui retentit non loin de lui ébranle fortement cette conviction. Non. Non, merci bien, encore une fois. La silhouette de @Nia Babajaro s’approche pour enlacer Price et Theodore ne cherche pas à masquer la grimace qui anime son faciès en découvrant la jeune femme. Ainsi, tout s’explique, voilà d’où Price sait pour ses multiples identités. L’une d’entre elles, tout du moins. La Babajaro a lâché le morceau à Price, dont elle est manifestement particulièrement proche, et dans ce cas là, lui a probablement fait de même. Le salut de la jeune femme confirme son hypothèse et il serre les dents. L’une des barrières qu’il avait réussi à maintenir en place pour se protéger vient de voler en éclat. La situation ne lui plaît pas du tout, et lorsque Nia s’avance vers lui, son net mouvement de recul n’est pas suffisant pour esquiver l’embrassade de la jeune femme. Qu’on donc ces étrangers à venir ainsi poser constamment leurs sales pattes sur lui ? Au moins Arthur Price sait tenir ses distances, il doit bien lui reconnaître cela. Il sent brièvement le souffle du murmure de la nigériane, tandis qu’elle glisse quelque chose dans sa poche. Lorsqu’elle s’éloigne pour retourner vers Rhys, il glisse ses doigts sur l’objet sans le regarder. C’est rond, froid, gravé. Une pièce. Il a toujours la pièce de Marinette. Quelques jours après l’altercation qu’ils avaient eu, lui et la jeune Babajaro, il avait songé à peut-être lui rendre, mais la colère lui avait fait renoncer. S’il avait su qu’elle était proche de Price, il s’y serait pris autrement. A-t-elle raconté quoi que ce soit au chef cuisinier ? Il n’a pas l’impression que ce soit le cas. Le faux cracmol n’aurait pas hésité à lui faire savoir s’il possédait un levier de pression supplémentaire.
La jeune femme lance une remarque moqueuse à laquelle il ne réagit pas. Elle n’est pas dupe, la situation ne trompera personne. Peut-être Price lui a-t-il déjà dit la vérité quand à la situation. Connaît-elle la véritable nature de son ami ? Ou ce secret est-il si sérieux que seul les membres du cercle familial le plus restreint -et lui- sont au courant ? Il redresse les épaules, sourcils froncés. « Il faut bien quelqu’un pour pratiquer la magie dans cette assemblée de cracmols… ou presque cracmols. » Sans son médaillon, il doute que la jeune femme soit aussi capable en magie que lorsque le bijou ornait son cou, même si elle avait montré savoir utiliser une baguette. Sa réplique teinte d’amertume l’atmosphère ambiante, tandis qu’il fixe tour à tour Price et Babajaro, avant de hausser les épaules d’un air dégagé. Heureusement pour lui, l’arrivée d’un personnage haut en couleur (@A. Josiah N'da) provoque la diversion dont il avait désespérément besoin. Il contemple quelques seconde la peau couverte de tatouages de ce nouveau venu, où il reconnaît les motifs compliqués qu’il a vus lorsqu’il cherchait à en savoir plus sur les traditions vaudou. Compatriote de la jeune Babajaro, sûrement, vu cette familiarité qu’il emploie. Son visage n’est pas inconnu, pourtant il est incapable d’y associer un nom. L’individu passe à Price et Theodore se sent soudainement plus mal à l’aise encore. Ils sont ici, à Poudlard, et il est entouré d’étrangers et de traditions bizarres. Le monde part en vrille.
« He knew ballads were not written to be believed, but to move their audience. »
J'ignore s'il s'agit d'un coup de publicité pour redonner de la crédibilité à l'établissement scolaire qu'est Poudlard ou si c'est une idée innocemment intelligente, mais il n'y a pas de doute quant à ma présence à cet événement. Une foire aux métiers est ce qu'il y a de mieux pour nos jeunes d'aujourd'hui. Je sais que j'ai toujours su ce que je voulais faire, mais ça n'a pas été le cas de tout le monde et même, parfois, on sait ce que l'on veut faire mais on ignore comment se former et à qui s'adresser. J'ai décidé d'intervenir à cette occasion. J'aurais pu décider d'intervenir en tant que professeur mais je pense qu'il n'est pas compliqué pour nos élèves de savoir comment se faire une place à Poudlard – ou dans une autre école. C'est très compliqué car les postes sont rares et ne changent pas à moins d'un désistement ou d'un décès. Une chose certaine, si un élève souhaite avoir des réponses quant à mon métier actuel, à savoir, professeur de Soins aux Créatures Magiques, je répondrai aux questions à n'importe quel autre moment de l'année. Pour cet événement, je veux pouvoir informer les curieux sur le métier de soigneur à proprement parler ainsi que le recherche en magizoologie. Je sais que ça les intéressera davantage, et même si j'ai déjà répondu aux questions de certains de mes élèves après les cours, il reste toujours ces jeunes de première et deuxième année qui n'ont pas encore choisi quelles options prendre plus tard.
« Oui, Roach, tu peux venir. Mais tu dois promettre d'être sage. Il va y avoir du monde, je ne veux pas que tu t'amuses à courir à droite à gauche. Tu resteras avec moi. »
Roach penche sa tête sur le côté, jouant à l'innocent. Je sais bien ce qu'il pense. Il dit qu'il va faire comme je lui dis, mais il va tenter de s'échapper le coquin. Je le connais par cœur, comme si je l'avais fait.
Lorsque je débarque dans le parc, je ne reconnais pas l'endroit. C'est incroyable comme ils ont tout bien organisé. J'avais peur que l'événement n'ait pas été pris au sérieux et que l'on se retrouve contre un mur du château avec trois chaises pour trois pauvres intervenants. Mais non, c'est un gros événement, une grosse foire et ils ont mis tous les moyens qu'il faut. Avec ça, pas d'excuse pour tous les élèves étudiants à Poudlard cette année. Même s'il ne sauront peut être pas quoi faire à la fin de cette journée, ils pourront retourner dans leur dortoir des idées plein la tête, et peut-être des perspectives d'avenir qu'ils étaient loin d'imaginer.
Il n'est pas encore neuf heures, mais je suis déjà là, et je ne suis pas le premier à être en avance. Je tente de reconnaître quelques visages dans la foule, mais on m'emmène je ne sais où sans que je demande mon reste.
« Voilà votre stand, monsieur Thornberry. On va faire venir les créatures que vous avez demandées. »
Une chaise, une table, et les brochures que j'ai fait imprimer. Je n'ai pas besoin de plus, mais j'en viendrais presque à jalouser certains autres stands qui sont bien plus importants et mieux mis en avant. J'adresse un sourire au jeune homme qui s'en va déjà. Les boursouflets ne vont donc pas tarder à arriver. Il a fallu faire un choix judicieux pour cette journée. Je ne pouvais pas me permettre de ramener les abraxans depuis les écuries, ça aurait été beaucoup trop compliqué à gérer, et puis certains élèves auraient eu peur. Alors que les boursouflets, c'est mignon, c'est pas trop gros, et c'est facile à manipuler.
« Et voilà notre royaume, Roach. Ça vend du rêve, hein ? Ta mission du jour : attirer les élèves jusqu'ici. Je refuse de rester assis sur cette chaise et d'être invisible. »
Il aboie en guise d'approbation. Je savais qu'il aimerait avoir une petite mission. Et je ne suis pas stupide, je sais ô combien il est populaire auprès des élèves. Je ne parviendrai peut-être pas à concurrencer les métiers de bouches et leur facilité à attirer la clientèle avec les dégustations, mais au moins, j'ai un chien. Et il est mignon. Je regarde ce qui m'entoure et j'ai l'impression que le hasard fait bien les choses. A ma gauche se trouve un tout petit stand occupé par une jeune femme brune (@Viviane Goyle-Lestrange) que je ne me souviens pas d'avoir déjà croisée, mais le stand presque voisin au mien sur la droite est celui de la brigade magique. Qui dit brigade, dit @Erin McAllister et @Damocles Slughorn. J'adresse un sourire à ma voisine de gauche (@Viviane Goyle-Lestrange) mais un rire cristallin attire mon attention de nouveau vers le stand de la brigade. Mais ils sont là ! Après toutes ces années sans recroiser mon meilleur ami, j'ai l'impression de le voir partout où je vais à présent. Et je ne m'en plains pas, il m'a manqué. Je m'approche de leur stand, laissant le mien sans surveillance. Au pire, quelques brochures en moins, ça ne va pas me tuer. Roach prend les devants et se jette presque sur Damocles. Une rencontre et il a déjà adopté mon ami. Qu'on ose me dire que les chiens ne sont pas intelligents. Les deux pattes avant posées sur le torse de l'ancien Serdaigle, Roach est tout content.
« Eh bah. Je vais finir par croire que tu me fais des infidélités, Damocles. »
Finalement, Roach se reprend, attiré par un autre chien présent. Décidément, on veut me faire de la concurrence avec un magnifique Malamute de l'Alaska (@Valur Fjalarsson). Au moins, ça occupera Roach le temps que je salue convenablement mon ami et ma cousine.
« Erin ! C'est quand même incroyable que pendant des décennies on ne s'est jamais croisés, et maintenant j'ai l'impression de te voir partout. Toi aussi, Damocles, d'ailleurs. Je ne vais pas m'en plaindre, c'est toujours bien d'être bien entouré. »
Ils sont de bien meilleure compagnie que certains de mes collègues, il faut l'avouer.
« Alors, qu'est-ce que vous avez prévu pour convaincre les jeunes élèves que Brigadier c'est mieux qu'Auror ? »
Trop tôt pour faire ce genre de blague ? Ça me démangeait. A vrai dire, je suis étonné de voir mon ami intervenir pour ce poste alors que ça n'était pas ce qu'il voulait faire initialement. Je baisse d'un ton pour poser une question qui me taraude, de manière à ce que seuls Damocles et Erin puissent m'entendre.
« Et c'est qui celle qui a un rire à nous déchirer les tympans ? »
Si je la connaissais, je lui aurais demandé d'être un peu plus discrète. Je ne voudrais pas qu'elle fasse fuir les élèves de cette zone. Je tiens à rencontrer des futurs soigneurs, moi.
« He knew ballads were not written to be believed, but to move their audience. »
Une foire aux métiers. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire à une foire aux métiers. Il paraît que c'est important pour promouvoir le métier de vendeur et de propriétaires de commerces. Je veux bien le croire, mais je ne vois vraiment pas en quoi ça me concerne. Le fait est que pour l'occasion, mon patron a décidé de fermer la boutique. Il aurait pu me laisser seule sur le chemin de Traverse mais selon lui, les affaires sont bonnes et fermer le temps d'une journée ne posera pas de problème. Dans ce cas, j'aurais préféré rester chez moi. Je sais parfaitement ce qu'il va se passer une fois que je serai là-bas. On va me questionner, on va me charrier parce que je ne suis pas au stand des joueurs de Quidditch, je sais que l'on va encore une fois tout ramener à ma carrière mise en suspens. Et d'après ce que j'ai entendu, ils prévoient un match entre les joueurs de Poudlard et des joueurs professionnels. Dans d'autres circonstances j'aurai tenté de participer avec plaisir, mais là, je sens que ça va me miner le moral plus qu'autre chose.
La seule chose qui me motive à l'idée de me rendre à Poudlard, c'est que je suis susceptible d'y croiser @Malachy J. Lyons. Je dois avouer que l'idée de le voir entourés de ses élèves, c'est quelque chose que je suis bien curieuse de voir. Remettre les pieds à Poudlard va me faire un drôle d'effet. La dernière fois que j'y ai mis les pieds, le château était en ruine. Ce ne sont pas de bons souvenirs qui risquent de remonter, mais ai-je le choix ? Ai-je envie de me prendre un avertissement de travail parce que je loupe cet événement ? Non. Après le cambriolage de la boutique, je crois que je ne suis pas trop en mesure de faire ce qui me chante. Si je n'ai pas été renvoyée, c'est une chose, mais mon patron est beaucoup moins tendre depuis. Je sais qu'il est persuadé que tout est de ma faute, et il n'aurait pas totalement tort, mais ce n'est pas comme si j'avais volontairement mis le magasin sans dessus dessous.
« Je ne comprends toujours pas pourquoi vous ne préférez pas me laisser en magasin. Vous pourriez continuer à faire du chiffre, tout en étant là pour les élèves. »
« Parce que tu es la preuve vivante que l'on peut se reconvertir professionnellement. »
Je déglutis à ce qu'il dit. Reconversion professionnelle, ça rimerait presque avec enterrement. Je n'ai pas fini ma carrière de joueuse de Quidditch, elle est simplement en pause. Je sais que l'annonce d'il y a quelques jours donne peut-être l'impression que le Quidditch c'est fini pour moi, mais ce n'est pas le cas. Je suis juste en pause, j'ignore juste quand je serai apte à remonter sur un balai et à regagner la confiance des sélectionneurs.
Lorsque j'arrive dans le domaine de Poudlard, j'ai le cœur serré. Je tente de chasser toutes ces images du passé, ce n'est pas du tout le moment de craquer après avoir réussi à tout enfouir avec succès. Six ans que je n'ai pas remis les pieds ici, et j'ai l'impression que ça fait une éternité. Parfois, j'ai l'impression que mes souvenirs ne sont que des rêves, mais là, tout redevient bien réel. Je ne m'attarde pas sur ces pensées, mon patron ne m'en laisse pas le temps. Je le suis, je n'ose pas m'égarer comme une enfant punie. Je sens que cette journée va être très longue. J'essaie pourtant de me mettre dans l'ambiance comme si j'étais venue de mon plein gré pour présenter un métier qui me ressemble et qui me correspond. Petit à petit, ça fonctionne, surtout lorsque j'aperçois des visages familiers du Chemin de Traverse et même de l'Allée des Embrumes. Je ne vois pas Aura, j'imagine que ce n'est pas son genre de truc.
Après s'être installés, je me vois obligée d'enfiler tout un attirail du parfait fan de Quidditch. C'est un peu ridicule, mais c'est mieux que de porter l'équipement d'une batteuse. J'aurais pris ça pour un affront de la part de mon patron.
« Je pense que vous n'avez pas besoin de moi pour l'instant. Je vais aller faire le tour des stands, si ça ne vous dérange pas. S'il y a du monde, n'hésitez pas à m'envoyer votre hibou. »
Je ne lui laisse pas le choix. Je suis là, à disposition, mais je ne vais pas me morfondre dans ma chaise alors que tout le monde semble déjà s'amuse alors que les événements n'ont même pas encore commencé. Certains élèves sont déjà présents alors que la foire n'a même pas officiellement débuté. J'imagine que de toute manière, on ne peut pas les empêcher de venir s'aventurer dans le parc. Je fais quelques pas dans le but de rejoindre mes collègues commerçants, mais une jeune fille aux couleurs de Poufsouffle m'arrête. Je la regarde, elle me regarde.
« Mara Lochlainn ! Vous êtes un vrai modèle pour moi, je veux devenir une joueuse professionnelle moi aussi. Est-ce que je peux avoir un autographe ? »
Tout ce que j'espérais éviter. A la boutique, je n'ai plus ce genre de problème, parce que les clients viennent quand ils veulent, mais à Poudlard, tout est si différent, parce qu'être enfermé dans un château la majeure partie de l'année, ça coupe d'une monde d'une manière incroyable. J'attrape sa plume et son carnet pour signer de mon nom. Je lui souris mais elle ne me lâche toujours pas la jambe.
« J'ai lu dans la Gazette que vous aviez arrêté pour la saison. C'est dommage. J'espère que vous reviendrez bientôt. »
Je ne sais trop quoi dire, mais elle ne s'attarde pas plus que ça et s'en va. J'arrive enfin au niveau de mes quelques collègues présents à savoir @Rhys M. Price et @A. Josiah N'da, mais aussi @Theodore Nott, que je reconnais, le trio étant accompagné d'une jeune femme (@Nia Babajaro) qu'il me semble avoir déjà croisée aux alentours de l'allée des Embrumes, mais je suis incapable de mettre un nom sur son visage. Ce sera l'occasion, tiens.
« Rhys, je suis surprise de te voir ici ! Agréablement surprise. »
Dis-je en m'approchant du groupe. S'il est là, c'est que l'on risque de se régaler. J'espère que les organisateurs ont eu la merveilleuse idée de promouvoir le Petit Ogre en l'engageant comme traiteur. Si c'est le cas, je crois que tous mes regrets d'être venue se sont envolés en l'espace de quelques secondes. Je me tourne vers Josiah, toujours aussi sublime dans ses vêtements bien mieux assortis que ceux que je suis obligée de porter pour l'occasion.
« En revanche, Josiah, c'est ton absence qui m'aurait fait me poser des questions. Ah... C'est agréable de voir des visages familiers ici. Il faut croire que vous croiser presque tous les jours ne devient pas lassant même avec le temps. »
L'une des rares choses que j'aime dans ce métier temporaire, c'est toutes ces personnes avec qui l'on travaille indirectement. Pour la plupart, je les aime bien. Je ne suis pas du genre à ne pas aimer les autres, de toute manière.
« Et, vous, on s'est croisé il y a quelque temps. »
@Theodore Nott, le pauvre vendeur qui a eu le malheur de rester ouvert bien plus tard que prévu à cause de ma curiosité. Je reste d'avis qu'il aurait été mieux pour tout le monde que je quitte la boutique aussitôt après qu'il m'ait dit qu'il ignorait où se trouvait Aura, mais je ne regrette pas cette découverte surprenante. Je me tourne alors vers la jeune femme que je ne connais pas encore (@Nia Babajaro), lui tendant ma main pour me présenter.
« Et nous, je crois que nous ne nous sommes jamais rencontrées. Je suis Mara Lochlainn, je travaille à la boutique d'accessoires de Quidditch. Vous ne travaillez pas sur le Chemin de Traverse, si ? »
Je crois que je connais tous les employés du chemin, je m'en souviendrais quand même si elle y travaillait. A moins qu'elle ne soit nouvelle, il se peut que je n'ai pas encore eu la chance de faire les présentations, mais dans mes souvenirs, j'ai l'impression de l'avoir déjà aperçue du côté de l'allée des embrumes, alors j'opte plutôt pour cette option.
Jusque là, pas de hibou pour me ramener au stand. Et pas non plus de bouclettes irlandaises et lupines en vue. Peut-être qu'il ne viendra pas, peut-être qu'il va profiter justement de ce jour pour s'éloigner de Poudlard. Je ne lui ai pas envoyé de hibou pour lui dire que je serai là, peut-être que j'aurais dû. Du regard, je balaye les environs, et sous cette tente gigantesque, je n'arrive pas à voir s'il s'y trouve un stand de pari sportifs. J'ignore si les Lyons seront présents aujourd'hui, j'avoue être curieuse de rencontrer cette fameuse grande sœur dont Malachy m'a tant parlé.
Les yeux toujours levés vers le ciel, le stand encore calme – devenir Brigadier n’est sans doute pas la vocation de tous ces futurs diplômés qui ne manqueront pas de faire un détour pour parler avec les aurors –, tu hésites à prendre la poudre d’escampette. Fuir loin de Carol-Ann qui vous revient malheureusement déjà et reprend si vite le fil de son monologue que tu n’as que le temps de répondre brièvement à @Damocles Slughorn : « Je crois que Poudlard me manquera toujours un peu. » Tu ne tiens pas à en dire davantage sur les véritables raisons qui te font scruter les tours, et pour avoir quelque peu parlé de ton rapport au vieux château avec lui, tu sais qu’il n’en sera pas surpris. Fuir donc, et prendre le risque de le manquer s’il passe par ici… Ou rester et supporter l’infatiguable – mais définitivement fatiguant – babillement de ta collègue. Jusqu’à ce ricanement mesquin, cette remarque qui te fait sortir de tes gonds. « Elle a toujours été un peu mollassonne, comme tous les Poufsouffles. » Douce Helga, il faut vraiment que tu t’éloignes, avant de céder à l’envie de lui montrer de quel bois se chauffent les blaireaux. Mais avant que tu puisses faire deux pas, @Uriel J. Lewis vous arrive à grands pas, les joues enflammées de tant d'indignation que tu ne comprends pas tout de suite la raison d’un tel mécontentement. Tes yeux suivent son doigt accusateur fixé sur @Viviane Goyle-Lestrange, reviennent au regard mauvais de ton ami et tu hoches la tête dans un sourire. « Viviane ? Oui, elle… Aedrian ! » Ravie, tu t’interromps pour enlacer ton cousin (@Aedrian Thornberry), que tu espérais bien croiser en cette occasion. Sa boutade lui attire un regard noir, que dément ton sourire amusé. « Oh, ça va toi ! Tu… »
La fin de ta phrase se perd, une fois de plus, dans un rire strident qui commence à te donner des envies de sortilèges impardonnables. Et ce monologue qui n’en finit pas… « Non, mais pour en revenir à Betty, le pire c’est qu’elle en est fière d’être Poufsouffle ! Enfin, c’est ce qu’elle dit. Mais en réalité, je pense que personne n’est jamais vraiment fier de l’être. Tout le monde sait que c’est simplement une maison pour ceux qui n’ont pas pu intégrer les trois autres. Salazar me pardonne, je crois que j’aurais encore préféré être à Gryffondor que là-bas. Enfin, je ferais sans doute mieux de me taire, il y en a sûrement parmi les élèves. Il ne faudrait pas les vexer... » Un silence. Lueur d’espoir. Puis cette dernière phrase, qui semblerait presque anodine, si elle ne s’accompagnait d’un coup d’œil mesquin dans ta direction. « Enfin, si tant est qu’ils puissent se vexer ! Ce n’est pas comme s’ils étaient du genre à se défendre. » Une sourde colère te monte à la gorge. Qu’elle t’attaque, c’est une chose. S’en prendre à tous les Poufsouffles, c’en est une autre. Et puisqu’elle vous croit sans défense… Dans un geste que tu parviens à garder mesuré, tu glisses la main dans ta poche, pour en sortir ta baguette que tu pointes discrètement vers elle dans un chuchotement. « Bloclang! », avant de la faire disparaître dans ta manche, sans que personne n’ait eu l’occasion de te remarquer, si ce n’est les trois hommes qui t’entourent. Un glapissement étouffé se fait entendre derrière toi. Sans oser lever les yeux vers ces témoins – Merlin, tu ne veux pas lire de réaction sur leur visage ! – tu t’éclaircis la voix, déposes une main douce sur l’épaule d’Uriel, le poussant hors du stand. « Damocles, Aedrian, je vous abandonne un instant. J’aimerais présenter quelqu’un à Uriel. » Sans attendre, tu l’entraines énergiquement et sitôt hors de portée d’oreilles indiscrètes, tu pousses un profond soupir. glisser à l’oreille « Pas de commentaire, je t’en supplie ! Pour en revenir à Viviane, je peux t’assurer qu’elle a toute légitimité à être ici. C’est une excellente potionniste. » Même si tu sais fort bien que ce n’était pas le sens de sa question. « Ne te fie pas à son nom. C’est une Lestrange, par mariage mais crois-moi… » La fin de ta phrase se perd de justesse : personne n’a autant souffert qu’elle de sa parenté avec des mangemorts. Non ! Tu ne vas pas commencer à échelonner les souffrances de chacun, et surtout pas devant Uriel. Repoussant une mèche échappée de ton chignon lâche, tu te reprends pour achever de manière plus délicate. « Crois-moi, personne ne les déteste plus qu’elle. Je vais te la présenter. » Difficile d’en dire davantage sans trahir à la fois le secret professionnel et la discrétion des confidences échangées. Tes prunelles vertes sont ancrées dans celles d’Uriel, comme une manière de lui faire comprendre tout ce que tu ne peux prononcer à voix haute. Fais-moi confiance, c’est ton alliée. Ce n’est qu’arrivée à quelques mètres que tu le lâches des yeux, pour remarquer que la jeune femme n’est plus seule. Auprès d’elle, une silhouette haute et sombre qui a peuplé des nuits durant tes cauchemars d’adolescente. Un homme que tu te serais bien passée de revoir – jamais. D’autant que tes récentes discussions avec Malachy et Lemony et ses décisions à l’encontre des étudiants n’ont fait qu’entériner ton opinion à son égard. Mais vous êtes trop proches désormais pour faire volte-face et où iriez-vous ? Retourner affronter Carol-Ann, en train de s’étouffer avec sa langue ? Non merci. Alors tu composes un joli sourire à l’attention de ton amie. « Viviane, je suis ravie de te voir ici ! Je te présente Uriel, un ami de longue date, médicomage à Ste-Mangouste. Uriel, voici Viviane. Sans doute l’une des meilleures potionnistes de notre génération. » Et puisque la politesse l’exige… tu te tournes vers @Severus Rogue, ne lui adressant qu’un signe de tête prudent.