Le comité des parents d'élèves de Poudlard n'était pas n'importe quel comité, et Richard McAdams n'était pas n'importe quel parent d'élève. La prunelle de ses yeux, Emily McAdams, était un brin de jeune femme approchant sa dernière année d'études, et il s'était fait un plaisir absolu de s'impliquer assidûment dans ce conseil des plus précieux. Concentrant hommes et femmes les plus influents, les plus riches, McAdams se régalait d'avoir réussi à s'y mêler. Ancien directeur du département des blessures magiques, le médicomage de renom s'était retiré de ses fonctions pour se dévouer tout entier à la tenue de ce comité : tout pour offrir le meilleur environnement possible à sa fille adorée. Poudlard, toutefois, était devenu un endroit des plus affolants, et le sang du médicomage s'était figé en apprenant les sanctions irrévocables qui avaient secoué l'établissement magique. Le comité avait été mis face aux faits, et la fureur avait vite fait bouillonner les parents. Comment mieux riposter, et montrer à Severus Rogue qu'il n'avait pas le comité à se mettre à dos, qu'en montant de toutes pièces un événement qui, cette fois, montrerait vraiment l'impact de Poudlard sur l'avenir de ces jeunes gens. Plus d'enfants traumatisés, plus de gamins jetés des bancs de scolaire à quelques mois des examens finaux : le comité des parents d'élèves de Poudlard lançait la première foire aux métiers de l'institution.
L'idée avait bien vite été soutenue par l'ensemble du comité et fortement appréciée par le Ministère. Ils n'avaient posé qu'une seule condition : une sécurité renforcée. De fait, des réservistes allaient se mêler aux intervenants, civils inconnus mais qui veilleraient efficacement sur les évènements. C'était la première fois que le Ministere déployait ses réservistes, et McAdams s'en serait bien passé. Il n'allait rien arriver à sa foire des métiers, que Merlin l'entende. Pas le choix, pourtant. Alors que réservistes se baladent parmi eux, si ça les rassurait.
L'événement, après tout, avait été organisé à la perfection. Ils avaient contacté le gratin des professions, le fleuron des métiers, les références du milieu, anciens élèves comme personnalités étrangères. Des têtes pensantes, des figures éclatantes, des méritocrates comme fils et fille de, tous allaient se retrouver à déambuler dans le Parc de Poudlard, prodiguant mille et uns conseils au futur de cette société. Le comité leur montrait la voie, l'avenir qu'ils pouvaient se créer, élèves de cette école, tel un pied de nez à ce corps professoral qui avait accepté sans frissonner de jeter dehors deux pauvres étudiants. Vraiment, ça allait être une journée fabuleuse.
Richard McAdams avait fait les choses bien, comme toujours. Le Parc s'était vu rempli de trois chapiteaux, avec un espace découvert, central, reliant les trois lieux. Buvette et stands de snacks divers avaient été érigés en cet espace découvert, où Zonko, Fortarôme, Price et toutes les références en restauration allaient pouvoir échanger avec les élèves curieux de leurs parcours, tout en participant à leur finance. Le premier chapiteau, tout de violet dressé, représentait fièrement le Ministère et toutes les professions qui s'y pratiquaient. Comme dans chaque tente, une estrade avait été dressée sur la droite, où une série de conférences et questions réponses avaient été prévues. Le reste du lieu était rempli de divers stands, où brigadiers, aurors, avocats, langue de plombs, oubliators et bien d'autres encore se tenaient prêts à accueillir les élèves. Ils n'avaient reçu aucune consigne précise, si ce n'était de répondre comme ils le souhaitaient aux questions, de s'illustrer par diverses anecdotes, et toutes autres idées qui leur viendraient. Le second chapiteau, tout de vert, réunissait tout le corps de spécialistes des soins. Médicomages, infirmiers, sorciers chercheurs, magizoologistes, vétérinaires, urgenciers, guérisseurs, qu'ils connaissent à la perfection corps humain ou animal, les intervenants se tenaient ici. Le troisième chapiteau, peut-être des plus éclectiques, réunissait toute la profession indépendante sous ses couleurs orangées. Se côtoyaient là-dessous créateurs de vêtements, parfumeurs, inventeurs de génie, journalistes et photographes, joueurs de Quidditch, chacun de leurs côtés de la tente. Idée novatrice, aussi : à l'angle, à droite, se montait un stand d'ouverture moldue, où Les Soeurs Patil s'affairaient déjà fièrement. Vraiment, la journée s'annonçait parfaitement bien.
Il était neuf heures tapantes et, déjà, les intervenants affluaient. Collègues se retrouvaient, rivaux se toisaient, corps administratif se tenaient gauchement près de leurs stands, et la vie emplissait peu à peu la foire. Bientôt, le gratin accueilli, ce furent les élèves qui apparurent, d'autres plus enthousiastes que certains.
Sourire satisfait aux lèvres, Richard McAdams réajusta soigneusement sa cape et son nœud papillon. D'un geste sûr, il secoua sa baguette afin de révéler la banderole accueillant les élèves, déclarant le début de l'événement. BIENVENUE A LA PREMIÈRE FOIRE DES MÉTIERS DE POUDLARD,Dévouée à vous construire votre avenir, clamait-elle fièrement. Des parchemins flottaient à l'entrée de l'espace de la foire, afin que chacun puisse les attraper facilement. S'y étalaient, soigneusement rédigés et copiés, le plan des stands et les activités prévues. Émanaient déjà de l'aire centrale, à l'air libre, les effluves de café et chocolat chaud, prêts à réveiller par d'exquises saveurs les bancs d'élèves qui s'accumulaient.
Enfin, la journée pouvait commencer.
Ce RP se déroule le Samedi 13 Mars 2004, sept jours après la pleine lune. Tous les élèves et professeurs de Poudlard sont évidemment attendus à la foire. Les intervenants détenant une invitation sont également accueillis au sein de l'établissement. Anciens élèves ou non, si vous venez en tant que représentant de votre profession, vous êtes le bienvenu - considérez que le comité vous a invité.
Citation :
10h-10h30 : Accueil 10h30-13h30 : Visite des stands 13h30-14h30 : Déjeuner, sont invités tous élèves et intervenants à se rendre dans la Grande Salle pour un buffet en libre service 14h30-17h : Visite des stands 14h30-15h : Panel de discussion avec trois intervenants du Ministère, M. Pierson (brigadier), L. Fretwell (oubliator), N. O'Connor (avocat en droit sorcier) 15h-15h30 : Questions/Réponses avec Richard McAdams, médicomage spécialisé en blessures magiques 15h30-16h : Panel de discussion avec trois intervenants libéraux, Mme Guipure (Couturière et propriétaire) Mr. George Weasley (Propriétaire de W&W), Mme. Éléonore Rigsby (rédactrice en chef du Sorcier du Soir) 16h-16h15 : Le monde moldu, une mine d'or ; entretien avec Padma Patil 17h : Match amical entre joueurs professionnels et joueurs de Poudlard (s'inscrire avant 16h30 pour être tiré au sort)
Chaque joueur peut répondre sans tour de jeu particulier. Les MJ peuvent intervenir à certains moments de l’intrigue. En cas d’action susceptible de bouleverser le cours de l’intrigue (attaque, défense, action de grande envergure, tentative de fuite, poursuite), merci de recouvrir aux services des MJ via le sujet des demandes.
Tout ça pour ça ? On avait annulé la venue d'Osgeir et de Ragnhild pour ça ?! Bien sûr qu'Eirian n'était pas contente de cet événement. Bien sûr qu'elle boudait dans son coin. Bien sûr qu'elle était traumatisée... Doit-on rappeler aux étudiants que la dernière fois qu'ils ont organisé ce genre d’événements ouvert au public, il y a eu une attaque de dragon ?! Genre, tout le monde a oublié ?! On fait comme si rien ne s'était passé et on se pavane comme des paons avec ses « Regardez comment mon métier est beau et chouette ! Écoutez notre fierté, notre égo, comme on est beau ! Signez là s'il vous plait et rejoignez nous dès que vous serez diplômée de Poudlard ! » Pouah ! (Oui, elle était de mauvaises humeurs, ça ne se voit pas ?) Alors oui, le Monsieur Machin-Truc avec son noeud de papillon ridicule, avec son air satisfaisant d'idiot, il pouvait mettre sa foire dans le...
Ha ? Ce n'était pas son corbeau qui hurlait au-dessus de sa tête ? Comme un Pop dans son esprit, les sombres pensées éclatèrent. À la vue de son familier descendant la rejoindre, Eirian sentit l’amertume de son coeur s'adoucir et la tension nerveuse dans son dos s'assoupir. Il est vrai, que se retrouver en cette matinée toute douce, sous les rayons timides du printemps, en compagnie de son beau Muninn, avait quelque chose de vivifiant. Plus encore en prenant son petit-déjeuner en pique-nique. Parce que, oui, la fillette n'était pas avec ses camarades dans l'un des chapiteaux où en sortait une odeur bien appétissante. Non, elle était dans son coin, un peu éloignée de la foire, légèrement en hauteur pour observer tout ce petit beau monde. Ayant piqué de quoi grignoter avant de prendre la fuite, la blaireautin s'était ainsi installée dans l'herbe un peu humide en sirotant un bon thé bien chaud avec un sandwich au fromage, un peu de fruits et quelque douceurs sucrés. Donc, si on omettait l’événement portes-ouvertes, il fallait avouer que la petite blaireautin se plaisait à déjeuner dans un coin de verdure en prenant un peu le soleil. Et avec son corbeau !
— Bonjour Muninn, tu as bien dormi ? Regarde ce que je t'ai réservé !
L'oiseau, qui s'était posé devant ses pieds, fut aussitôt intéressé par les fruits chipés qu'elle lui tendait. Côte à côte, les deux amis prirent leur temps pour savourer ce petit-déjeuner sur le pouce en la présence de l'autre. Si le corvidé était concentré sur ses grains de raisins, Eirian elle continuait à observer la fourmilière dans un silence pensif. Si on mettait de côté le traumatisme qu'elle ressentait et l'empêchant de prendre part aux festivités, la foire ne l'intéressait pas, pour la simple et bonne raison qu'elle avait déjà trouver sa voie grâce à Monsieur @Severus Rogue. Malgré les semaines obscurs qu'elle traversait, le rêve de devenir une Grande Maîtresse des Potions perdue dans la cambrousse des Highlands était préservé. De ce fait, aucune intervention lui donnait de l'intérêt mais, s'il fallait voir le bon côté des choses en ce jour, c'est qu'elle pourra étudier en toute tranquillité à l'intérieur de Poudlard puisque tout le monde était dehors ! Ces sorciers lui avaient peut-être retiré sa journée avec son Oncle et sa Völva, mais il ne vont pas l'empêcher de travailler ! Au contraire, la perspective de pouvoir étudier son gaélique irlandais toute seule, dans la belle salle commune de Poufsouffle, devant la cheminé, son plaid de Poufsouffle chauffant sur les genoux, à boire du thé dans son nouveau service à thé japonais et à essayer son nouveau stylo plume en argent pour prendre ses notes... Et sans dragon pour les attaquer !
Hou qu'elle était de bonne humeur tout d'un coup la petite Eirian ! Elle se dépêchait presque de terminer son gobelet ! Dernière bouchée de sandwich avalé et hop ! La petite se met sur pieds et observe les alentours. Personne pour l'observer j'espère ? Espérons ! Et hop, l'enfant s'enfuit à toute jambe, son corbeau croassant au-dessus d'elle, vers le Château pour profiter de sa journée au calme ! Le crime parfait ! Et on ne pourra pas lui dire qu'elle n'a pas fait l'effort de ne pas avoir jeté un coup d’œil à la foire, hé !
Tu as retourné entre tes doigts plusieurs fois l’invitation, la lettre du comité, sans savoir trop quoi en penser. Qu’est-ce que c’est que ces conneries ?! En soixante-dix ans d’ouverture, jamais le patron du Petit Ogre n’avait reçu pareille requête. Venir tenir un stand, venir parler de ton métier - à Poudlard ! Sourire amusé. Ils font venir un loup dans leur bergerie. Une occasion de découvrir, premier des Price à le faire, l’antique château. Une occasion aussi de faire lâcher à ces mômes et à leurs professeurs un peu de leur monnaie. Belle affaire. Vérification faite, Fortarôme y serait aussi – ça tombe bien, tu l’aimes bien, le gaillard. Et puis ça va permettre de proposer des desserts mêlant tes pâtisseries et ses glaces, de repenser une collaboration commune. Pas difficile à convaincre, le bougre – il doit bien t’aimer aussi, avec des manières, ton grand sourire et ton sens des affaires. Impossible pourtant de fermer le Petit Ogre un samedi, ni d’engager des gens trop inexpérimentés que tu n’aurais pas pu chapeauter pour le service. Il a fallu rameuter les troupes, penser à une stratégie. Nesta et Siwan ont grimacé, en demandant pourquoi tu acceptais, d’abord. Tu es trop curieux, Rhys. Peut-être bien, oui, mais ça ne se refuse pas, une chance pareille. On a grimacé, mais on t’a écouté, au final. Les jumelles aideraient exceptionnellement au Petit Ogre, Arthur viendrait avec toi. Il restait à trouver une troisième personne pour aider au stand. L’idée t’est venu alors que tu allais trouver Nia sur l’Allée des Embrumes, et que tes yeux se sont arrêtées sur la devanture de Barjow&Beurk. Ça valait bien le coup d’essayer, après tout.
Tu as poussé la porte de la boutique, et adressé un sourire au délicieux Theodore Nott en l’y découvrant seul. Merveilleux. Tu t’es approché d’un pas leste pour l’embrasser sur les joues sans lui laisser le choix ou l’occasion vraiment de s’échapper – un joli petit oiseau dans une cage que tu lui as fabriqué à force de menaces et de cajoleries. Mais surtout de menaces, quand même. Tu t’es fendu d’un magnifique sourire. Tu connais Poudlard mon tout beau, n’est-ce pas ? Tu connais ces gens-là, ces choses-là ? Tu es libre samedi 13 mars ? Je paye à l’heure, je paye bien, j’ai besoin de quelqu’un qui puisse prendre les commandes des gamins et me parler des lieux. Tu me dois bien ça, n’est-ce pas, mon délicieux ami ? Ça, en plus du reste. Et ton sourire s’est fait moins doux, ton regard plus noir, ta voix plus sérieuse. Tu as caressé tes tatouages sur tes mains, pour lui rappeler, le ramener à la raison, lui faire comprendre combien tu étais sérieux. Va savoir ce qui a fonctionné, les menaces sous-entendues ou la promesse de se faire deux gallions et dix mornilles de l’heure, une sacrée somme pour une journée de travail, mais le rendez-vous était convenu le treize à 8h30 du matin devant le Petit Ogre.
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Tu as revêtu un costume bleu, et un polo rouge vif dessous. Tu as ajusté la pochette de soie dans ta poche et embrassé ton fils qui semblait crever de jalousie de rester à la maison quand tu pouvais te rendre à Poudlard. Pourdlard ! Tu as trouvé cela charmant, sans trop réussir à te souvenir si toi aussi, à son âge, cela t’intéressait… A 8h25, tu étais devant ton restaurant, deux cafés à la main, à attendre le jeune Nott. Pourquoi lui ? Tes sœurs avaient roulé des yeux, surprises – un peu découragées aussi, et même Arthur s’était fendu d’une grimace. Parce que c’est un sorcier, un hermétique, parce qu’il pourra faire de la magie pour installer le stand, parce qu’il sait gérer la clientèle, parce qu’il est assez beau pour faire venir du monde, et puis, surtout, parce qu’il t’amuse. Depuis que tu l’as rencontré, ce soir-là, à cambrioler un lieu où tu t’étais rendu, depuis que tu as vu le terreur dans ses yeux et que tu as trouvé un moyen de le mener par le bout du nez. Cela t’amuse, de voir mal à l’aise et inquiet, de chercher ses limites, de le contraindre d’un sourire entendu. Il sait ce qu’il risque s’il te dénonce, tu pourras le questionner librement, sans prendre de pincettes, sans avoir à mentir. Ironiquement, le jeune Nott, sans être de tes amis, est l’une des rares personnes avec qui tu peux être toi-même, tu ne lui caches pas ta nature, tu ne lui caches pas ce qu’il y a de terrible en toi, et tu n’essaies même pas de limiter pour lui un peu de la folie de ton personnage, de lui éviter la gêne de ton exubérance. Tu laisses tout se mêler sans faire le tri, sans te demander ce qui est vraiment toi, ce qui ne l’est pas. C’est plutôt agréable, c’est plutôt reposant. Et aussi, tu lui as demandé parce qu’il est charmant, et tu aimes assez avoir des personnes charmantes dans ton entourage. Aussi sombre que ton frère, cependant, derrière ses jolis traits. Très semblable à Arthur, sur bien des aspects. Peut-être aussi que cela joue, dans ta façon étrange, peut-être un peu sordide, d’apprécier le personnage. Ils ne se connaissent pas, mais si Arthur ne l’égorge pas, ils pourraient presque s’entendre, ces deux-là. Oh, ça va être charmant. Tu jubiles d’avance. Voilà justement le jeune homme qui s’approche, et tu lui tends un café en l’embrassant.
- Bore da, mon joli. J’espère que tu vas bien. Veux-tu que je t’appelle Alabaster aujourd’hui, ou pourras-tu supporter de prétendre travailler avec un cracmol quelques heures ?
Tu lui adresses une grimace moqueuse et l’attires à ta suite dans le restaurant, vers la salle du personnel. Tes sœurs, déjà présentes, vous adressent un regard mauvais, et tu lui envoies un baiser auquel Nesta (ou peut-être Siwan ?) répond par un doigt d’honneur. C’était bien cela, non, ce que t’as dit Nia ? Alabaster ? Il te semble. Ce n’est pas la première fois que le jeune Nott se retrouve dans la salle du personnel, c’est ici que tu l’emmènes pour écouter ses belles histoires, pour le regarder chanter pour toi, quand tu le fais venir pour en apprendre plus sur le Magenmagot, sur les Terres de Feu. Tu cherches dans les étagères un portoiloin. Pour le retour, tu glisses, et tu lui offres ton bras.
- On a déjà emmené tout ce dont on va avoir besoin chez mon frère, à Pré-Au-Lard. On l’y retrouve, et ensuite on se rend à Poudlard. Comme nous sommes des cracmols, je crois que nous aurons le droit à un transport prévu par le comité des parents d’élèves. Prends mon bras enfin, je vais pas attendre un siècle.
Tu lui as déjà vaguement expliqué, la foire aux métiers, tout cela, alors que tu essayais de le convaincre de venir avec toi. Le stand, l’arrangement avec Florian, l’organisation des pauses dans la journée. Il ne lui manque plus que de découvrir ton frère et la carte spéciale, et bien sûr, de vendre. Tu poses ta main sur celle qu’il pose sur son bras et lui adresse un clin d’œil avant de vous faire transplaner tous les deux chez Arthur. Ah ça, il ne va pas regretter le voyage, le Nott. Ton frère se racle la gorge alors que tu reprends tes esprits et lâche ton employé exceptionnel. Arthur est assis à la table de son salon, les cheveux en bataille tombant sur ses yeux bleus, vêtu de gris (bel effort pour ne pas mettre que du noir, tu notes), le regard encore plus dur que celui des jumelles, il fait tourner entre ses doigts tatoués une petite cuillère. Devant lui, la cafetière est pleine, et tu devines à l’odeur que le café vient de couler. Il se lève pour te saluer, et supporte en soupirant les baisers que tu déposes sur ses joues – il se contenterait volontiers d’embrassades plus froides. Il avise ensuite, toujours sombre, toujours un peu mauvais, ton compagnon de route.
- C’est ça ton aide ? Je croyais qu’il était assez charmant pour ramener du monde. - Tu as vraiment le chic pour relancer des conversations terminée à une heure du moment fatidique frangin. - J’t’emmerde. - Évidemment. Et il est charmant. - Parce que t’as des goûts de chiottes. - Merde. Theodore, je te présente Arthur Price, mon frère. Arthur, Theodore.
Alors que tu parles, un aboiement joyeux se fait entendre et Pwyll fonce vers tes jambes. Tu l’as laissé chez ton frère hier pour ne pas lui faire subir plus de voyage, mais le chiot semble ravi de te retrouver. Tu caresses la boule de poils en riant doucement.
- Et ça c’est Pwyll, notre mascotte pour la journée, on va dire. Tu veux un autre café ? Je vais t’attraper la carte pour que tu aies une idée de ce que l’on vend et à quel prix. En règle général, tu prendras les commandes, je les préparerai (peut-être avec ton aide, tu te débrouilles comment en cuisine?) et Arthur fera les encaissements, mais si il y a vraiment des étudiants qui choisisse de me demander ce que je fais dans la vie, c’est susceptible de changer.
Tu te sers toi-même une tasse alors qu’Arthur lui tend une carte, comme décider à le tuer en pensée à chaque instant vu le regard qu’il lui lance. Pwyll saute sur tes genoux alors que tu t’assoies, et tu le caresses alors que ton regard va aux deux. C’est vrai que y a des ressemblances. Tu attrapes ton tabac et tes feuilles pour te rouler une cigarette.
- Par contre, vous deux, on est là pour vendre aujourd’hui, il va falloir se montrer aimable et sourire un peu plus. - J’veux bien t’aider pour ça, tu vas pas me demander en plus d’être aimable. - Mais t’es pas curieux ? - Peut-être pas, toi en tout cas tu l’es trop. Au fait, t’as reçu le- - Oui, et c’est pas le moment d’en parler. - Mais t’es pas curieux ? - Rien à voir, ce genre de trucs, on en parle pas devant les hermétiques, même si il peut rien dire, même en gallois. - T’es chiant. - Sans doute. Des questions, Theodore ?
Tu lui adresses un immense sourire en détournant la tête. Après tout, vous ne devez pas partir avant une petite trentaine de minutes, tu peux bien satisfaire sa curiosité, si curieux il est.
**
Tu lèves un sourcil à la vue des chevaux ailés décharnés et noirs qui tirent le chariot apprêté par le comité pour vous transporter, avec vos affaires, à Poudlard. Un rapide regard à ton frère te laisse comprendre qu’il ne sait pas plus que toi ce dont il s’agit. La lettre du comité parlait du même attelage que celui qui emmenait les étudiants à Poudlard – mais c’est plutôt glauque, pour de jeunes élèves. Tu fais signes à Theodore de vous aider à transporter les affaires puisque toi comme Arthur êtes contraints de tout faire sans magie – mais vous êtes efficaces, habitués. En t’installant, tu te penches quand même vers le Nott.
- C’est quoi, ces chevaux ?
Alors qu’ils se mettent en route, tu prêtes une attention particulière à la route. Poudlard… As-tu regretté de ne pas y être allé ? Il te semble que cela a du t’arriver, avant tes quinze ans, de regretter de ne pas avoir d’autres amis sorciers de ton âge – avant qu’il t’apparaisse clairement qu’ils ne t’auraient sans doute jamais compris, que tu aurais été seul, ici, comme tu l’avais été chez toi. Mais entouré d’anglais et d’hermétiques, et loin de ta famille, en plus.
- Rappelle-moi Theodore, c’est quoi le principe des maisons, à Poudlard, déjà ? Tu as été dans laquelle toi ? A ton avis, où aurais-je été réparti ?
Tu souris, tu fais la conversation, tu te montres curieux. Après tout, c’est pour cela que tu es venu. Pour ça, pour comprendre, pour voir de tes yeux. Pour les voir se débattre avec leurs mauvaises idées, aussi.
Et puis tout d’un coup, Poudlard est là, devant vous. L’antique château, le fameux, le précieux Poudlard, le lieu sûr, l’une des meilleures écoles de sorcellerie au monde. C’est la grimace sur le visage de ton frère qui t’a fait te retourner pour le voir. C’est grand. C’est imposant. Ça ne te fait pourtant pas rêvé, pas comme tu l’aurais cru, en tout cas. Tu te demandes si tu pourrais essayer de visiter l’intérieur, à un moment. Voir autre chose que ces vieilles pierres et ces statues. Merde. Tout ça pour ça. Tout ce bordel, en ce moment notamment, pour ça, et t’es même pas ému. Tu te sens presque un peu déçu. Tu te tournes vers Theodore, qui a étudié ici, pour essayer de déceler chez lui ce que la vue de sa vieille école fait naître comme sentiments.
- Elles ont quel âge déjà, ces vieilles pierres ?
C’est Arthur qui brise le silence, et il marque plus son mépris qu’il ne pose une question. Tu hausses les épaules. Tu crois que tu l’as lu, un jour. Tu n’es pas sûr. Nott doit le savoir. Les chapiteaux colorés sont en vue quand vous descendez de l’attelage, et on vous propose vite de l’aide pour apporter vos affaires à l’espace découvert. Sur place, tu embrasses Fortarôme, et sourit quand il te souhaite bonne fortune aujourd’hui. Tu lui rends volontiers, et ton regard va aux autres stands autour, pour essayer d’y trouver d’autres visages connus. Arthur s’affaire déjà à tout installer, sans même essayé de se forcer un visage aimable. Tu lui fais des gros yeux.
- Souris, ça va finir par donner des idées à Nott, et lui, je le paye. - Bah justement, pas moi. - Bah fais un effort quand même.
Tu enfiles un tablier par dessus ton pantalon et remonte tes manches jusqu’aux coudes en commençant tes préparations.
- Nott, viens voir. Avant que ça commence je vais te montrer ce qu’on fait de plus simple, tu pourras m’aider comme ça si à un moment on est débordés. Au fait, je t’ai pas demandé, mais tu fumes ? Si oui, on prend des pauses clopes quand c’est calme, et on reste à porté de voix que je t’appelle si jamais on a trop de monde qui arrive d’un coup.
Event - 2 391 mots en italique, les Price parlent gallois code du titre par rogers
Bon. Récapitulons. Valur a dans la main une convocation officielle. On organise un grand forum des métiers à Poudlard, et il faut des clampins pour aller y parler des forces de l’ordre. Comme Valur a été épinglé pour insubordination quelques mois plus tôt – une insubordination qui lui a quand même permis de faire main basse sur Lestrange, s’il vous plaît – il a naturellement… été assigné d’office à ce job de gratte-papiers avec quelques autres brigadiers.
Il pousse un soupir en découvrant le stand qui leur est réservé. Des brochures à distribuer et ce brieffing qu’on leur a fait. « Surtout, pas de vagues. N’est-ce pas, Fjalarsson ? » Il a levé les yeux au ciel. Comme si c’était son genre de faire des vagues.
N’empêche qu’il est là, duelliste d’élite des brigades magiques et notoirement connu pour avoir fini à Sainte Mangouste après avoir aidé à la capture de Lestrange. Être là est censé être un honneur… pour lui, ça a le goût de la punition et de l’ironie. Depuis quand on demande à un Verbena de faire l’apologie d’un système quand même franchement hermétique ? Enfin. Il n’est plus à ça près, Valur, et au moins ça lui permettra de recroiser Jökla si elle se montre… Mais la connaissant, elle sera peut-être plus occupée à bouder dans son coin, à lire à la bibliothèque ou à réviser ses BUSEs. Enfin, il lui a quand même envoyé un hibou en début de semaine en la prévenant de son affectation. Il l’a su tardivement, mais dès qu’il l’a su, il a prévenu sa fille.
Il aide ses collègues à mettre en place le stand, vérifie que tout est bon. Il leur indique qu’il va se dégourdir les jambes avant que tous les élèves n’arrivent d’un coup. Le voilà, Hvitur sur ses talons, fendant la foule naissante. Parce que oui, Hvitur, ça a été l’argument non-négociable. Il a croisé les bras, demandé à son supérieur si sa convocation allait jusqu’à garantir quelqu’un pour veiller sur son partenaire de crimes pendant la journée où il serait puni à Poudlard. L’autre a haussé les épaules, un ancien Gryffondor : « T’as qu’à l’emmener à Poudlard, ça fera chier Rogue ». Au moins, avec son chef, Valur est plutôt en accord sur ce point : rien ne vaut la perspective de faire chier Rogue… Et que personne ne vienne lui dire que s’ils ne savent pas se piffrer c’est parce qu’ils ont le même caractère, merci bien, on la lui a déjà faite, celle là.
Il voit d’autres stands s’affairer. Il passe devant des gars présents pour de la restauration, le Petit Ogre ou quelque chose comme ça. Il les salue poliment. Il n’en connaît aucun, mais il a croisé le regard d’un grand dadais qui semble franchement se faire chier là, (Arthur Price), alors il salue. Quelque chose l’attire dans ce stand. Il ne sait pas trop ce que c’est. Il regarde les gars s’affairer. Il entend la voix d’un des gars, le patron, sans doute, donner des ordres à ce qui semble être son apprenti… La voix de @Rhys M. Price porte doucement. Il hésite un peu, il cligne des yeux, Valur. Quelque chose de bizarre dans la façon de se tenir du grand, là, peut-être… Non, il doit dérailler : le patron et son apprenti ont l’air normal. Il passe son chemin. Quel danger pourrait venir de la cuisine ?
Il continue son tour, se remet en route jusqu’à voir une petite silhouette se faufiler dans le château. Eirian. Il l’aurait reconnue entre mille. Il la voit regarder à droite, à gauche, comme si elle avait peur d’être prise en flagrant délit de… de quoi ? De fuite ! C’est ça, elle a l’air de vouloir sécher la journée. Il ne peut pas lui donner tort, Valur. Lui aussi, à sa place, il aurait séché ! Il se glisse derrière elle.
– Alors, Eirian, on ne vient même pas dire bonjour ?
Il a un sourire amusé. Hvitur vient réclamer sa dose de câlins à la petite. Le chien l’a toujours bien aimée, la gamine.
« J'ai besoin de quelques volontaires pour aller représenter la Brigade au forum des métiers de Poudlard. »
Le chef a cette capacité extraordinaire qu'à chaque fois qu'il sort la tête de son bureau pour s'adresser à vous, certains se redressent, l'oeil étincelant et intéressé. Quand d'autres tassent sur leur chaise, comme espérant disparaître sous leur bureau avant que son regard implacable ne les atteigne. Mais pour cette fois, pas de désignation immédiate, et le voilà de nouveau enfermé, laissant libre au cours aux volontaires pour se manifester. Vous jetant en pâture à...
« Ohlala, j'aimerais teeeellement retourner à Poudlard ! C'est une super occasion, pouvoir dire aux enfants à quel point c'est un métier formidable avec une équipe super. En plus, mon frère Luke – je vous ai déjà parlé de Luke ? – sera présent pour parler de son élevage de niffleurs. Il paraît qu'il va avoir plein de portées bientôt... Oh, je me demande s'il viendra avec des bébés niffleurs ! Ils sont beaucoup trop mignons, je suis sûre que ça plairait complètement aux filles et que son stand serait le plus cool avec ça ! Enfin, après le notre, évidemment. Bon, c'est pas tout ça, mais il faut plusieurs volontaires, a dit le chef ! Personne d'autre ? Il ne va pas être être très content et... »
Plus efficace encore qu'un regard du chef pour vous donner envie de disparaître, les monologues de Carol-Ann sont d'une efficacité redoutable. Et si l'idée de passer la journée à Poudlard en aurait séduit plus d'un, la perspective de la supporter toute une journée supplémentaire semble éteindre toute vélléité pédagogique de l'équipe. Pourtant... pourtant, tu te serais bien portée volontaire. L'expérience à Prima Sapienta, quelques semaines plus tôt, s'est révélée très agréable et ce serait l'occasion de croiser encore Malachy, Aedrian... et peut-être aussi un certain professeur de sciences moldues. Mais endurer Carol-Ann toute la journée durant, plutôt avaler un flacon entier de Poussos ! Son attitude à ton égard est devenu détestable depuis quelque temps. Oh, elle t'a bien accueilli sourire aux lèvres à ton retour de vacances, un énorme gâteau fait maison pour fêter cela... Un affreux gâteau bourré de fruits confits alcoolisés – ta hantise. La part posée sur ton bureau a littéralement disparu par magie, morceau après morceau, chaque fois qu'elle avait le dos tourné. Tu aimerais dire naïvement que tu ne comprends pas son animosité mais tu es trop fine pour ne pas le deviner. Depuis votre mission commune, vous vous êtes rapprochés, Damocles et toi, et elle est trop observatrice pour ne l'avoir pas remarqué. Et visiblement trop jalouse pour faire la part des choses, ce qui ne manque pas de t'agacer considérablement. Son aigreur est tellement manifeste que tu ne te vraiment pas motivée. Mais il y a ce regard bleu, derrière une monture en écaille, qui ne quitte pas ton esprit et tu soupires. Au fond, avec le bon back-up... Peut-être que ce serait imaginable ? Ton regard se perd sur tes collègues, et dans un sourire presque narquois, tu attrapes un post-it de parchemin et ta plume, dont l'encre à humeur se pare d'un joli bleu espoir. Aussi bleu que... Erin, suffit ! Les quelques mots griffonnés, tu profites que le Fléau de la Brigade soit toujours à haranguer les troupes pour le propulser discrètement vers Damocles.
Trois bonnes raisons pour que tu viennes à Poudlard :
- Ça dorerait ton blason auprès du chef qui adore qu'on soit volontaire pour ce genre de truc. - Tu pourrais y recroiser mon cousin. - Si je me retrouve seule avec C-A, j'ai peur de ce qu'elle pourrait me faire dire sur toi...
Deux promesses, une menace. De quoi faire réagir le duelliste qui, à lecture de tes mots, fronce les sourcils avant de te jeter un regard blasé. Et de finalement hocher la tête en levant les yeux au ciel. Son approbation te rassure et tu reportes ton attention sur Carol-Ann, toujours perdue dans sa loghorrée.
« ... Pierson, tu devrais venir. Après tout, tu es le plus expérimenté d'entre nous et tu as teeeellement d'expérience, ce serait passionnant pour les enfants ! Allez, viens, je suis sûre que ce sera parfait. Tu en es ? Super ! Personne d'autre ? Vraiment ? Vous vous rendez compte de l'importance que ça a pour eux ? Vous n'êtes vraiment pas... »
Elle n'eut pas l'occasion de vous dire tout ce que vous n'étiez pas avant que tu ne la coupes. « Miller. J'en suis. » « Oh. Oh, très bien. Très bien... » Elle se tourne vers toi, visiblement plus déçue qu'autre chose de ton implication et tu t'efforces de soutenir son regard sans ciller, sans oser jeter un coup d’œil vers la cavalerie, priant pour qu'il ne te laisse pas tomber. Maintenant Slughorn ! Après un temps qui te semble interminable, sa voix se fait finalement entendre. « Moi aussi. » Cette fois, c'est lui qui se retrouve sous l’œil suspicieux d'une Carol-Ann semblant visiblement hésiter entre le plaisir de passer une journée entière avec le preux Damocles et l'impression amère qu'il ne se portait volontaire que pour être avec toi. Elle parvient pourtant à esquisser un sourire, « Et bien nous sommes quatre, c'est parfait ! » avant de se diriger vers le bureau du chef d'un pas conquérant.
* * *
Il est tôt, en ce samedi matin, alors que vous franchissez tous cinq le portail de Poudlard – le chef ayant assigné @Valur Fjalarsson pour compléter votre fine équipe –, vos uniformes dûment repassés, insignes lustrés étincelant au soleil. Suffisamment de bras pour que le stand soit rapidement monté, sous les conseils et commentaires incessants de Carol-Ann. « Regardez, j'ai apporté une nappe assortie à nos uniformes ! Et des petits insignes brodés similaires aux nôtres pour donner aux enfants. Et des cookies, j'espère que ça leur plaira ! Ohlala, mais je suis en train de penser... les restaurateurs ne vont peut-être pas être d'accord ! Je vais aller leur en proposer quelques uns en gage de bonne volonté et me présenter ! » Et la voilà disparue, boîte sous le bras, marchant à grands pas décidés en direction de @Rhys M. Price. Valur ne tarde pas à s'esquiver aussi, son chien sur les talons, te laissant seul avec Damocles avec qui tu n'échanges qu'un regard entendu, avant que tes yeux ne se perdent en direction des tours, espérant vainement y découvrir le repère des Serdaigles et de leur directeur.
Ta boutique n’est pas renommée, loin de là… Tu es même située sur l’Allée des Embruns. Mais tu es maître en potions, et avec le titre viennent les privilèges. Tu as donc reçu cette invitation et tu t’es empressée de répondre par l’affirmative. Le jour J, tu t’es rendue à Poudlard, un sourire satisfait, un sac sans fond sur l’épaule, de la documentation sur les maîtrises entre les bras. Tu t’es émerveillée des lieux. Tu n’y es jamais allée, à Poudlard, pas en tant qu’élève, en tous cas. Tu n’as vu le château que par une nuit de combat où, droguée au Felix Felicis, tu as échappé à la mort et vu la justice prendre ton cher bourreau de mari. Et tout aurait pu être bien dans le meilleur des mondes s’il ne s’était échappé quelques jours à peine plus tard.
Toujours est-il que découvrir Poudlard en plein jour est une première pour toi. Tu peux admirer le château, ses tours, ses vieilles pierres, son charme anglais. Tu laisses tes yeux voyager sur les douves, le lac, la forêt. Non, décidément, c’est une belle pièce d’architecture. Tu retrouves tes sentiments d’enfance, ta jalousie. Ton frère a eu le droit de fréquenter ce lieu sept années durant, lui. Pas toi. Jamais toi. Toi, tu étais la princesse enfermée dans sa tour d’ivoire en attendant son mariage. Cela ne t’a pas trop mal réussi, en fin de compte… surtout depuis que ton cher mari est en prison. C’est comme ça que tu l’aime le mieux : loin de toi, de retour dans un endroit qu’il n’aurait jamais du quitter. En taule, à croupir sous les quolibets de ses geôliers. Ton empire pour la réintroduction des détraqueurs dans ce lieu. Mais tu n’as pas d’empire à donner, alors tu supposes que tes rêves de vengeance resteront de simples songes, en fin de compte.
Tu arrives de bon matin dans le coin, un peu avant l’accueil à dix heures. Cela t’a laissé le temps de te promener un peu à Pré-au-Lard et passer chez Honeydukes pour la deuxième fois de ta vie. Un autre endroit dont tu as été privée dans ta jeunesse. C’est donc avec une patacitrouille que tu entames le chemin qui te mènera au château. Tu remontes l’allée, tu signales ta présence, on t’indique ton stand. Tu erres un peu. Les cheveux remontés en chignon, une grande jupe couleur rouille et un chemisier blanc. Ton grand manteau beige souligne ta silhouette tandis qu’un chapeau de paille te protège des timides rayons d’un soleil d’hiver. Tu portes un pendentif en or en forme de colombe autour du cou et des clous d’oreille en or. Less is more. Tu as toujours préféré le charme discret de la noblesse. C’est ainsi que l’on t’a élevée, endoctrinée même. Alors tu as gardé ces habitudes de distinction et de discrétion. Quel gâchis. Si l’on ne t’avait mariée à un fou furieux, tu aurais sans doute fait une bonne égérie des discours pro-sang pur. Quel dommage que les circonstances t’aient conduit au mépris de toutes ces choses là. Tu regardes autour de toi, le nez curieux. Tu dois bien l’avouer, tu espères croiser @Severus Rogue. Tu as lu de ses travaux. Beaucoup. Il a publié plus maintenant que la paix est de retour. Tu aimerais lui arracher un entretien pour le prochain Pratiques de la Potion. Tu as suggéré l’idée. Severus Rogue a été un témoin de nombreux changements dans le monde de la magie : l’invention de la Tue Loup entre autre choses… et il s’y connaît en magie noire. Tu ne peux pas t’empêcher de vouloir son expertise sur la question. Quelles potions ont été utilisées pendant la guerre ? Quel usage des potions dans le camp du Seigneur des Ténèbres ? Tu veux entendre parler de tout ce que tu n’as constaté de loin, cloîtrée dans le rôle de la parfaite victime, nuit après nuit, entre les mains de Rabastan Lestrange.
Un frisson de dégoût. Un frisson d’expectative.
Ton désir de rencontrer Severus Rogue n’est pas tout à fait innocent. Il y a de nombreuses âmes que tu aimerais faire payer pour tes souffrances. Leur rendre œil pour œil, dent pour dent. Tant d’âmes auxquelles tu aimerais briser les os et déchirer les entrailles comme tu as eu à le subir. Il paraît que la colère est l’une des phases du deuil. Tu es en plein dedans.
Tu déposes tes affaires sur le coin de stand que l’on a laissé à ta disposition. Manches retroussées, manteau abandonné sur le dossier d’une chaise, chapeau sur le coin de la table, te voilà toute prête à recevoir de la visite. Contrairement à d’autres, tu ne connais personne, ou presque. Tu n’as pas d’anciens camarades à revoir, pas d’anciens professeurs. Oh, dans certains cercles, on doit connaître Lady Lestrange sans doute, mais tu sais bien que c’est en qualité de maître des potions que tu as droit de cité ici. On ne laisserait certainement pas une femme de mangemort parler aux enfants.
Insouciante elle fut. Après tout, qui remarquerait son absence avec un tel événement ? Eirian était persuadée que son plan était infaillible ! Alors, pour sûr, quand on l'interpella dans son dos, le coeur de l'enfant eut un soubresaut. Elle retint tout juste un petit couinement de surprise tandis qu'elle fit volte-face, prête à se défendre s'il le faut ! Mais quelle surprise, bien agréable, de reconnaître ce visage d'un autre temps, autres moeurs et de cette boule de poils d'amour qui vint lui quémander des papouilles !
— Valur ! Hvitur !
L'accent nordique virevolte. Eirian s'accroupit pour prendre dans ses bras ce terrible Malamute tout doux et tout choupinou ! Elle le caressait, grattouillait, embrassait tout en clamant d'une voix gaga tant de compliments à cette brave bête comme « Ho oui c'est qui le plus beau des toutous ? Le plus monstrueux des guerriers ? Le plus le fluffy des fils des Fenrir ? Ben c'est toi ! Oui c'est toi ! Mais oui c'est pas toi qui va nous faire un nouvel Ragnarök ! Mais oui ! » Humour de Nordique. Après lui avoir fait des fêtes sous un mauvais oeil de Muninn perché sur une branche - c'est qu'il était un peu jaloux le corvidé - la petite blaireautin se hâta de se jeter dans les jambes de @Valur Fjalarsson pour l'étreindre d'une franche affection. Elle l'avait aperçu de loin lors de son pique-nique, mais elle n'avait pas osé s'y approcher en pensant qu'il était en service - et les hommes du Ministres lui faisaient un peu froid dans le dos, sans nul doute à cause de leur titre plus que par leur apparence. C'est que beaucoup semblaient faire la gueule d'être ici, surtout Valur. Et puis, comment ne pas le remarquer quand on avait un Malamute aussi chou ? Alors, sans desserrer son étreinte, levant son menton, elle lui répondit d'un mélange de Norrois et d'Islandais - pour combler les mots non existant dans la langue de ses ancêtres. Ben oui, pas question qu'elle perde la main à cause de son Anglais ! Et puis, il y avait quelque chose d'amusant de s'exprimer d'une langue qu'eux seuls pouvaient comprendre :
— Je voulais te dire bonjour, mais tu étais grognon et les hommes qui sont avec toi ne plaisantent pas... Je ne veux pas rester ici... Ça me rappelle trop la dernière fois... Il y avait aussi des hommes de ton travail, c'était aussi ouvert à tout le monde... Mais un Dragon nous a attaqué et une élève a failli mourir... J'ai un peu peur... Je préfère me mettre à l'abris à l'intérieur ! Avec un bon thé chaud et un bon livre ! Et puis de toute façon, j'ai déjà choisis ce que je veux faire ! Je veux faire des potions dans ma forêt et aider ma famille !
Ses petites mirettes brillaient de malice, réajustant ce sourire qui illuminait son visage. Elle avait vraiment envie que son rêve se réalise. Mais en attendant... Elle fit un pas en arrière, laissant enfin le Verbena tranquille. Cette fois, son petit minois abordait une mimique semblable à celui d'un petit chiot :
Lorsque la porte du bureau du chef s’entrouvre et que la question de son occupant s’élève dans la pièce, le réflexe est instantané. A peine les mots forum des métiers de Poudlard résonnent que Damocles se décale légèrement vers la gauche pour disparaître derrière la silhouette bien plus massive de Grint afin de disparaître du champ de vision de leur supérieur. Aller faire le clown pour des enfants, non merci, pas le temps. Il préfère encore mille fois rester ici et s’occuper de la paperasse en retard. Mais heureusement, la porte se referme sans un mot de plus, et il se redresse sous le regard amusé de Grint, habitué à la manoeuvre. Mais malheureusement, s’il y a bien quelqu’un dont personne -et lui en particulier- ne peut échapper, c’est Carol-Ann Miller. A peine le chef disparu, la voix de l’assistante s’élève, surexcitée, sollicitant des volontaires entre deux anecdotes personnelles qui n’intéressent personne. Damocles prend bien soin de ne pas lever la tête, concentré sur sa plume tandis que Carol-Ann interpelle personnellement chacun de ses collègues. « Margaret ? Ce serait une occasion de voir tes filles, non ? Ah, oui, tu es sur les Brossdur volés. Orchard ? Tu pourrais leur parler de ta dernière intervention, non ? » Lorsque son tour arrive, il est prêt, et la première syllabe de son nom a à peine franchi les lèvres de l’assistante qu’il lui oppose un « Non » catégorique, sans même lever les yeux de son parchemin, appuyé par un miaulement ferme du chaton posé sur ses genoux. Il caresse avec reconnaissance le petit animal qui l’accompagne maintenant depuis presque un mois. Souvent plus envahissant qu’autre chose, Damocles s’était néanmoins habitué à sa présence, même s’il avait tendance à l’oublier régulièrement, les miaulements sonores de l’animal lui rappelant alors son existence. Mais Carol-Ann semble être passée à autre chose et il reprend sa plume, soulagé d’avoir esquivé la proposition.
A peine va-t-il la reposer sur son parchemin qu’une note pliée atterrit sous son nez. Il fronce les sourcils en la dépliant et reconnaît immédiatement l’écriture qui couvre le papier. Il parcourt rapidement les quelques mots avant de jeter un regard lassé à Erin. Elle a raison, en se portant volontaire pour l’événement, il marquerait des points aux yeux du chef, et si il a retenu quelque chose du discours de Moira Oaks, c’est bien cela. Et effectivement, il pourrait en profiter pour aller saluer Aedrian, peut-être aller boire un verre à la fin de la journée, et ne pas en abuser cette fois. Mais la dernière phrase est lourde de menaces, et même s’il commence à cerner Erin, il n’est pas sûr que ce chantage ne soit que des paroles en l’air. Elle serait tout à fait capable d’encourager Carol-Ann dans ses tentatives d’envahir sa vie, lui promettant monts et merveilles en son nom. Il serre les dents, réfléchit. Après tout, cela ne durera qu’une journée, et si l’assistante devient trop pénible, il pourra toujours faire appel à Aedrian pour mettre en scène une urgence et s’esquiver. En levant les yeux au ciel, il hoche légèrement la tête en direction d’Erin, formant silencieusement les mots Tu m’en dois une sur ses lèvres. Lorsque la brigadière annonce sa participation, Carol-Ann ne cherche même pas à masquer sa déconfiture, et Damocles garde la bouche fermée, contrairement à ce qu’il avait promis à Erin. Ça lui apprendra à faire du chantage. Quelques secondes s’écoulent dans un silence de plomb avant qu’il ne change finalement d’avis. « Moi aussi. » Carol-Ann le regarde, dubitative, et il lui rend un regard parfaitement neutre. Erin a maintenant une dette envers lui, et il n’hésitera pas à lui rappeler aussi souvent que nécessaire.
***
Pierson est le plus âgé d’entre eux, et celui qui a le plus d’expérience au sein de la Brigade. Pourtant, c’est Carol-Ann Miller qui mène le groupe d’un pas énergique, répétant encore et encore ses instructions dans une litanie sans fin. Il pensait être celui que cette sortie enchantait le moins, mais il est difficile de faire plus renfermé que @Valur Fjalarsson, dont le volontariat a légèrement été exigé par le chef. Pierson jette un coup d’oeil revêche à Damocles. « T’étais obligé d’amener ce chat ? » « J’allais pas le laisser tout seul. Fjalarsson a son chien et tu dis rien. » « Je suis pas allergique aux chiens. » Pierson lance un reniflement dédaigneux en levant les yeux au ciel et Damocles tapote la tête du chaton qui dépasse de sa poche. Pour être honnête, il est également gêné par la présence du chat. Ils vont devoir bouger, parler toute la journée, et il n’a pas envie que l’animal s’échappe et disparaisse dans la nature. Mais le chaton reste calme et immobile alors qu’ils s’installent sous la tente réservée au Ministère. Quand Carol-Ann disparaît, on entend presque le soupir de soulagement général de l’équipe. Rapidement, les autres se dispersent et Damocles hésite à en faire de même. Il voudrait aller voir les autres tentes avant que la journée ne débute. Mais l’idée de peut-être croiser Léonard sous la tente verte le fait rapidement changer d’avis. Il se tourne vers Erin qui regarde en direction du château. « Qu’est-ce que tu cherches comme ça ? Ne me dis pas que Poudlard te manque. » Même s’il avait bien aimé son séjour au château, il n’est pas particulièrement nostalgique de ces années là. Non pas que la suite ait été meilleur. Pourtant, il est content de revoir le château, et il est curieux de voir si certains anciens professeurs sont toujours là. Voir la tête de Rogue n’est pas particulièrement engageant, mais il aimerait bien revoir McGonagall. Il ne remarque pas tout de suite le retour de Carol-Ann, qui semble légèrement chamboulée et qui s’assoit immédiatement à côté de lui, une main sur le front. « Revoir tout ça, c’est incroyable ! J’ai l’impression que rien n’a changé ! J’aimerais bien jeter un coup d’oeil à l’intérieur du château tout à l’heure, tu m’accompagneras ? Je me suis toujours demandée où était la salle commune des Serdaigles, tu pourras me montrer. Si tu veux savoir, les Serpentards étions dans les cachots. Mais ma cousine Betty, qui habite à Bristol, était une Poufsouffle, ça ne m’étonne pas d’elle. Elle a toujours été un peu molassonne, comme tous les Poufsouffles. » Carol-Ann éclate d’un rire cristallin tandis que Damocles lance un regard suppliant vers l’entrée de la tente où les élèves commencent à arriver. Il prie pour voir les bouclettes rousses d’Aedrian, ou les lunettes de Lemony, ou même les cheveux gras de Rogue, tout pour trouver une excuse et s’échapper.
C’est stupide, tout cela est dramatiquement stupide. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez ces sorciers, à la fin ? Pas que l’idée soit idiote, en soit, au contraire. Faire de tout cela quelque chose de constructif, aller de l’avant. Montrer qu’il existe un avenir, plein d’avenirs – pas juste en priver certains. Une foire aux métiers, voilà bien quelque chose qui manquait au château. J’aurais bien aimé gamin, qu’on organise ce genre de choses. Pour certains étudiants, les nés moldus, ceux qui ne connaissent pas bien cette société, son fonctionnement, cela me semble primordial. Et pourtant, tout cela est stupide.
Déjà, j’ai découvert le comité des parents d’élèves. Parents sorciers d’élèves, faut-il le préciser. Je savais qu’ils étaient là, les parents, à veiller. J’ai reçu assez de lettres d’insultes pour mes cours, de menace parce que j’avais collé des étudiants qui jouaient à ne pas venir dans ma salle de classe parce que ma matière n’aurait pas dû être obligatoire, selon eux. Jamais le comité. Et pourtant, c’est évident, qu’il y en avait un. Mais je crois que ça m’a peiné, incroyablement – mes parents m’auraient-ils mieux compris s’ils avaient été invités, entendus dans ce genre de groupe ? Les parents des autres nés moldus, peuvent-ils y prétendre une place, aujourd’hui, alors que les choses changent petit à petit ?… La société sorcière a-t-elle vraiment exclu cette part-là de moi de ma vie, dès mes onze ans ? Je me souviens, à l’école, avant Poudlard, avoir été fier de faire venir mon père à l’une de ses journées où les parents venaient présenter leurs métiers. Ingénieur, ça avait l’air incroyable. Il n’y aura pas d’ingénieurs, aujourd’hui, juste des vendeuses de fournitures moldues - un luxe pour sorciers, une autre extravagance. Elle a de la gueule, leur ouverture sur le monde moldu. Je me suis forcé un sourire, pourtant, alors que ça s’organisait. J’ai laissé le devoir que m’impose ma fonction passer au-dessus de ma colère. Je suis le directeur de Serdaigle. Cet événement est pour les étudiants. Ces questions-là, celles qui m’ennuient, elles attendront.
Et puis la douche froide. Pour assurer la sécurité, des réservistes. Des réservistes – et encore, la nouvelle semblait faire grimacer McAdams. Mais qu’est-ce qui cloche chez les sorciers ? J’étais réjoui et dubitatif lors des portes ouvertes de novembre, je suis enthousiaste et inquiet aujourd’hui. Seulement des réservistes ? Bien sûr qu’il y aura des aurors présents, mais occupés à parler aux enfants, ils seront peu utiles si un nouveau drame se produit suffisamment loin d’eux. Quelle bêtise. Quelques semaines après le renvoi de deux élèves, alors que Bauer vient juste de sortir de prison… Est-ce que ce n’est pas évident que c’est maintenant qu’il faut être sur nos gardes ? Est-ce qu’ils pensent vraiment que juste faire un exemple suffira à calmer le jeu ? Il fallait des patrouilles, des personnes en poste, en plus. Je crois que si ça se passe mal, je prendrais Rogue pour frapper sur McAdams, ou l’inverse.
Pourtant, il y a bien quelque chose qui m’a calmé, un peu. La liste des personnes invitées, des professions à faire venir. Là, sur la liste du Ministère. Les brigadiers. Damocles sera peut-être là ? Ou, Erin ? Oh, Erin... Je me suis surpris à sourire comme un idiot au papier. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
**
« Tu en penses quoi ? » Comme toute réponse, Turing s’étire sur le sol. Je ne m’attends pas vraiment à ce qu’il me réponde, mais c’est la troisième fois que je change de chemise ce matin. Je prie presque pour un miracle. J’étais en avance, je vais me mettre en retard. Rah. Je finis par dépit par saisir le premier de mes choix, une chemise blanche simple. Cravate bleue au cou, veste de velours bleu nuit pour aller avec – je ne suis pas un visage aussi connu que celui de mes collègues, au moins ce ne sera pas dur de me voir comme un Serdaigle. J’enfile les boutons de manchettes isolants, pas que je craigne particulièrement d’être électrocuté aujourd’hui, mais j’imagine qu’il vaut mieux être prévoyant. Je plie mes lunettes et les glisse dans ma poche alors que je saisis la première des potions sur la table. Ma vue qui s’améliore alors que je la bois me confirme que j’ai bien pris la Bomboeil. Ça fonctionne surprenamment bien, mais je me sens presque nu tout d’un coup. J’hésite un instant avant de saisir la seconde potion, que je bois rapidement. Je me sens vraiment stupide. Je garde les yeux fermés, un instant, à l’affût d’un effet quelconque. Finalement, j’ouvre un œil pour jeter un regard au miroir – est-ce que cette potion de beauté est vraiment efficace ? Est-ce que je ne suis pas stupide et ridicule ? Je me pince les lèvres en me détaillant. Est-ce que ça a changé quelque chose ? Impossible à dire, rien que de me voir net et sans mes lunettes est assez surprenant pour moi. Je soupire. Qu’est-ce qui me prend ? Je devrais m’occuper de la sécurité, guider, encadré les enfants. Pas me soucier de ça. Je suis stupide, et ce monde est stupide. Merveilleux. Turing vient se frotter contre mes jambes et je lui caresse la tête. « Toi au moins, tu es beau même sans avoir besoin de faire tout ça. » Je crois qui si je devais me réincarner, j’aimerais bien être un chat. « Allez, viens. » Il ne faudrait pas rater le début de la journée par trop de coquetterie – je pense que si je devais vraiment arriver trop tard à cause de cela, j’avalerai immédiatement une pastille de gerbe pour me faire porter pâle – au moins, seuls Piers aura une idée de combien je me sens bête.
C’est risqué, c’est stupide, ça devrait être en place depuis des décennies ou des siècles et je suis ridicule. Une journée incroyable qui s’annonce. Turing sur mes talons, je quitte mes appartements d’un pas traînant pour rejoindre le lieu de la foire aux métiers. Je pars spécifiquement à la recherche de @David Collins pour lui rappeler de rameuter ses camarades à la tour de Serdaigle au moindre problème. Au moins, mes aigles seront préparés si cela devait encore déraper. Mais éloignés du groupe, j’aperçois la jeune @Eirian Almasdóttir en pleine discussion avec un homme que je ne crois pas connaître. Oh, si peut-être ? Est-ce que ce serait ?… Je lève un sourcil, et me décide à m’approcher d’eux. En arrivant à leur niveau, je souris en reconnaissant bien @Valur Fjalarsson – les journaux avaient parlé de lui au moment de la capture des mangemorts en fuite il y a quelque moi. Il est avec un chien, que Turing ignore parfaitement en allant se poser devant la jeune poufsouffle pour lui réclamer de l'attention. Ce chat a plus de caractère que moi... « Bonjour. » Je baisse les yeux vers Eirian, et j’avise la distance à laquelle elle se trouve de ses camarades. Si elle n’est pas en train de fuir, je veux bien manger ma cravate. « Tu ne veux pas assister à la foire ? » Je lui adresse un petit sourire triste avant de soupirer. Est-ce que j’ai vraiment envie de batailler avec elle, de la convaincre ? De la forcer à rester alors que j’ai moi-même du mal à croire que tout cela est une bonne idée ? « Si jamais tu as besoin à un moment, je peux t’ouvrir ma salle de classe pour te donner accès à la bibliothèque moldue. Et si jamais il se passe quoique ce soit, reviens avec les autres, d’accord ? » Je me retourne vers l’adulte et me fend d’un sourire plus poli – il n’est pas là pour faire la sécurité, mais au moins il sera dans le coin si cela tourne mal. « Monsieur Fjalarsson ? Je le prononce bien j’espère ? Lemony Anderson, je suis professeur de sciences moldues et directeur de Serdaigle. Je ne voudrais pas vous déranger plus alors que vous discutez avec Eirian, mais si vous avez un moment dans la journée, j’aimerais beaucoup vous croiser pour parler de votre fille. » J’ai un geste pour saisir mes lunettes que j’arrête en me rappelant que je n’en porte plus. Je me sens presque nu. Je suis inquiet pour Jölka… Je ne veux pas le dire devant Eirian, qui doit bien s’en douter pourtant. A défaut de nettoyer mes lunettes, je passe une main dans mes cheveux. « Je... je serais par là bas si vous avez un moment, il faut que je trouve les préfets de Serdaigle. » Ce doit être agréable pour Eirian de pouvoir discuter avec un autre verbenae, et je ne veux pas la priver de cela, maintenant. Je n’ai pourtant pas fait un pas pour m’éloigner que je reviens déjà. Et si elle n'était pas là ? Et si j'avais fait tout cela pour rien ? Est-ce que je ne suis pas parfaitement ridicule ? « Excusez-moi, est-ce que vous pouvez me dire quels autres brigadiers sont venus avec vous monsieur ? » Je suis stupide. Tout cela est stupide.
Contrairement à beaucoup, tu n’as pas reçu de petite invitation pour la foire des Métiers organisée par certains des parents d’élèves de Poudlard. Peut-être est-ce parce que ta boutique n’est pas si réputée. Et puis mélanger vaudou et allée des embrumes ne donne pas vraiment confiance. Après tout, tu leur aurais parlé de quoi à tout ces gamins ? Des cours pratiques pour arnaquer les simples d’esprit ? Des ateliers de gestion de commerce ? Barbant. Totalement ennuyant. Enfin, tu sais qu’au même âge, si on t’avait donné le choix entre parler avec une vendeuse et parler avec un médicomage, tu n’aurais pas longtemps hésité. Tu doutes que ces jeunes soient tant différents de toi. Pire encore, la perspective de passer la journée entière en la compagnie d’adolescents boutonneux. Rien que d’y penser, ça t’arrache un frisson d’aversion. Non merci. Tu passes ton tour.
Oui mais voilà. La majorité des tes amis commerçants ont été invités eux. Et tu ne peux t’empêcher de ressentir une pointe de jalousie tout de même. C’est pourquoi, quand @A. Josiah N'Da t’as proposé de te joindre à lui, tu n’as pas refusé. Il avait besoin d’un cobaye pour l’après-midi. Un cobaye à tatouer. Et toi, tu es toujours partante pour un tatouage. Surtout si c’est lui qui le fait. Tu en profiteras probablement pour ramener quelques objets ludiques que ta boutique possède. Rien de bien extraordinaire. Des pièces en étain sans aucune valeur par exemple que tu auras frappé de vévés protecteurs grâce à la magie. Escroquer les hommes et les femmes oui. Mais les enfants aussi. Enfin… Est-ce réellement de l’escroquerie si tout cela est gratuit ? Laissé en libre service ? Peu importe. Au moins tu n’iras pas les mains vides. Des pièces sans valeur, des statuettes seulement décoratives, une ou deux poupées peut-être aussi. Des poupées inoffensives et reliée à absolument personne pour le moment. Juste de quoi montrer à ces gamins ce que tu sais faire de tes mains. Parce que vendeuse et truande oui. Mais également fabricante, bien que tu ne t’en targues pas plus que cela. Ce que tu fais, c’est bien spécifique. Ça ne donnera pas envie à ces enfants. Et puis ils n’y comprendront rien. Tu doutes fortement de voir un petit vaudou dans la masse d’élèves britanniques.
***
Le château est impressionnant. Très beau oui. Il est exactement comme tu l’imaginais lorsque le défunt Luke te le décrivais. C’est qu’à défaut d’être un homme bien, il avait une excellente mémoire et contait ses histoires à la perfection. Magnifique oui mais pas à la cheville de la sublime école de Uagadou si chère à ton coeur. En même temps, rien ne pourrait rivaliser avec une montagne qui semble flotter dans les airs. Vraiment autre chose que ce vieil établissement, aussi éblouissant soit-il. Enfin, ce n’est pas ce qui importe. Et il s'agirait surtout de ne pas froisser les si susceptibles sorciers britanniques en insultant la si renommée Poudlard. Tu es assez peu appréciée comme cela à causes de plusieurs facteurs sans en rajouter une couche en plus.
Tu te sens si différente dans cette cour, sous ce chapiteau orangé. Tu n’as rien à voir avec les autres personnes présentes. Tu n’es qu’une étrangère et ça se voit. Les britanniques sont maussades. Ils tirent la tronche, bougonnent et boudent. Ils ne sont vêtus que de couleurs ternes et sombres quand toi, tu portes une robe longue et bien trop colorée pour la saison. À force de trainer avec des personnes extravagantes, voilà que tu le deviens aussi ! Ou bien l’as-tu toujours été. Tu te sens si peu à ta place dans cet endroit. Regarde toi, avec ton mainate endormi sur ta tête comme si cheveux étaient un nid. Tu es bien loin du glamour à l’anglaise. À des lieues de leurs petites tenues si sophistiquées et si simples en même temps. Par le tout puissant Legba comme tu voudrais ne pas être là. On est si bien finalement, dans son propre cocon, dans sa petite boutique, en sécurité. Si tu étais certaine d’avoir la permission de fumer, tu n’aurais déjà plus de tabac. Mais il a fallu que Josiah te fasse venir. Il a fallu que l’idée te paraisse bonne. Ah comme tu regrettes déjà.
D’ailleurs, tu l’attends ce monsieur N’Da. Tu pourrais monter le stand. Oui tu pourrais. Or, tu décides plutôt de flaner entre les tables qui se montent. Tes comparses commerçants s’affairent à tout préparer. Ils mettent tant de coeur à l’ouvrage que s’en serait presque attendrissant. Du coin de l’oeil, tu aperçois une femme aux cheveux noirs. ( @Viviane Goyle-Lestrange ) Charmante vraiment. Tu ne la connais pas. Enfin si, de vue seulement. Tu l’as déjà croisée dans l’allée des embrumes. Tu sais qu’elle y travaille. Mais un regard à peine échangé est bien la seule interaction que vous avez pu avoir. Sans doute iras-tu te présenter un peu plus tard dans la journée, quand tu ne seras plus occupée à juger tous les sorciers et toutes les sorcières présents. Ce qui peut prendre un certain temps te connaissant.
Quelle joie. Quel miracle. Quel bonheur. Tu ne peux pas exprimer tout ce que tu ressens en voyant se tenir Arthur plus loin dans la cour. Si lui est ici, c’est que son frère est forcément présent aussi. Jamais le benjamin Price n’aurait mis les pieds ici sans raison valable. Ou peut-être que si. Qui sait ? Finalement, tu ne le connais pas si bien que ça le gallois. Tu coupes la route aux pauvres personnes qui tentent tant bien que mal de circuler entre toi et ton objectif. Comme si tu allais t’arrêter pour laisser passer cette bande de simplets. Heureusement que tu es censée faire bonne figure Nia. Tout ce qui t’importe vraiment pour le moment, c’est de retrouver le stand du Petit Ogre et ton ami par la même occasion. Tu presses le pas jusqu’à atteindre ta destination. « Bore da Arthur ! » T’exclames-tu en un gallois plus qu’approximatif, déposant une bise forcée sur sa joue en signe de salutation. Hamlet tient absolument à t’apprendre sa langue maternelle. Alors tu te fais bonne élève. Parce que voir ses yeux s’illuminer quand tu arrives à faire une phrase à peu près correct vaut bien tout l’or du monde. Monsieur @Rhys M. Price te tourne le dos. Pourtant, tu reconnaîtrais sa silhouette entre mille. Tout comme tu reconnaîtrais celle de l’homme à ses côtés. Pendant un instant, le masque tombe et ton sourire s’efface furtivement. Alabaster Beurk. Ou bien @Theodore Nott. Tu ne le savais pas proche de ton ami. Que fait-il ici, sur ce stand ?
Tu ne lui as plus jamais reparlé depuis votre dernière altercation. C’est à peine si tu l’as croisé dans l’allée des embrumes ces deux derniers mois. Tant mieux. Tu n’as aucune envie d’avoir affaire à lui. Seulement, tu peux bien faire un effort. Juste une fois. Juste pour aujourd’hui. Tu ne promets pas d’être agréable toute la journée mais tu peux au moins essayer. Sans demander l’autorisation à qui que ce soit, tu passes derrière le stand du restaurant. Arrivant par derrière, tu attrapes les épaules de ton ami et te penche pour embrasser sa joue. « Bien le bonjour à vous mon bon monsieur ! » Tu le lâches et t’écartes de quelques pas. « Par tous les Lwas comme je suis heureuse de te voir ici ! » Il n’y a, à ce moment, pas plus sincère que tes dernières paroles. En voyant le chiot, Noctis s’est envolée de ta tête pour se percher un peu plus loin. Pas trop non plus. Tu dois toujours pouvoir garder un oeil sur elle. « Tiens mais si ce n’est pas ce cher Theodore Nott ! » Tu t’étonnes faussement. Glissant ta main dans ton sac sans fond, tu en ressors l’une de tes fameuses pièces d’étain frappées de vévés. Tu te fais discrète dans tes gestes, refusant d’attirer l’attention de Rhys. Forçant le jeune sang-pur à une bise de civilité, tu laisses glisser la pièce dans sa poche en cachette avant de murmurer pour lui seul. « Cadeau. » Bien sûr que tu n’avais pas oublié l’affront qu’il avait commis en volant la pièce de Marinette et d’Ayida Wedo. Et bien sûr que tu étais toujours en colère. Alors pourquoi ne pas plaisanter un peu de la situation. Tu pourrais détruire sa vie c’est un fait. Pourtant, il pourrait en faire de même pour toi.
Tu t’éloignes de quelques pas à peine de tes compères et grimaces à la vue des jeunes gens qui commencent à affluer. « Je hais les adolescents. » Grommelles-tu. Le mot choisi était probablement trop fort. Ce n’est pas de la haine mais bien de l’agacement. Tu as du mal à supporter tout ce qui est enfant à part le mini Price de toute façon. Ton attention n’est pas détachée des deux hommes très longtemps. Tu jettes un regard interrogateur au gallois. « Je ne savais pas que tu embauchais Rhys. » Lances-tu, moqueuse. Theodore est-il si sans le sous qu’il doive se voir obligé de pratiquer deux métiers à la fois ? Pauvre de lui. Si c’était n’importe qui d’autre, tu aurais peut-être pu avoir pitié. Mais il ne la mérite pas. Pas après avoir détruit ton médaillon. « À moins que ce ne soit que du bénévolat ? » Tu n’es pas née de la dernière tempête de sable. Tu en sais suffisamment sur le jeune Nott pour être persuadée qu’il ne se serait jamais fait volontaire pour une telle chose. Tu as fait quelques recherches en apprenant son nom véritable. Rien de trop poussé. Juste assez pour cerner le personnage.