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EVENT #20 | Heureux, les impotents, qui regardent le monde tourner
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Sorcellerie

Sorcellerie
GRAND MAÎTRE
hiboux : 914
Dim 18 Oct - 0:53
Heureux, les impotents, qui regardent le monde tournerEvent Ministère


Stupeur. Incompréhension.
Tels sont les maîtres mots en ce jeudi 20 mai alors que la colère gronde dans les ruelles londoniennes. On bat le pavé. Encore une fois. Le groupuscule est devenu cohue informe, fiévreuse et beuglante à son arrivée dans le hall du Ministère de la Magie. On demande à voir le Ministre. On le somme de se montrer après l’annonce scandaleuse de son décret. Les hommes chargés de la sécurité s’interposent. Le hall est vidé de ses employés. Un mur de brigadiers empêche quiconque d’avancer plus loin, bloquant de nombreux malchanceux au milieu des mécontents. Les cris gagnent en puissance à mesure que les esprits s’échauffent. On craint que la situation ne dégénère et les ordres du service d’ordre ne permet en rien de calmer l’agitation.

L’annonce a fait les gros titres de toute la presse magique anglaise. Un décret sorti de nulle part. Une loi passée sans vote du Magenmagot, comme le permettent les pouvoirs ministériels. Dans l’article de la Gazette, on peut lire :
« Les traditions verbena, euthanatos, extatique et du chœur céleste sont désormais inscrites au patrimoine magique immatériel de Grande Bretagne. En conséquence, leurs rites, leurs méthodes, leurs croyances et leurs valeurs sont dorénavant défendues par la loi et ne sauraient subir la moindre injonction de la part du Ministère qui laisse toute liberté aux membres de ces traditions de décider du présent et du futur de leurs pratiques sans crainte d’éventuelles mesures pénales. »

Il n’en a pas fallu plus pour que les membres les plus éminents de l’Ordre d’Hermès s’indignent et que les plus virulents d’entre eux appellent à un rassemblement spontané au Ministère de la Magie pour demander des comptes au jeune Potter. En quelques minutes, le hall s’est rempli de dizaines de sorciers et le service de sécurité, pris de court, peine à maîtriser la marée humaine qui ne cesse de grossir. Ici et là, on menace de dégainer les baguettes si le Ministre ne se présente pas sur le champ. Les cœurs battent la chamade. De grands noms de la magie hermétique hurlent l’importance de leur statut aux brigadiers, ordonnant qu’on les laisse passer. La confrontation promet d’être violente. Une seule étincelle verra tout s’enflammer.



Cet event a lieu le jeudi 20 mai 2004, quinze jours après la Pleine Lune, sur le midi. Sont conviés tous les adultes pouvant se déplacer sur Londres.

Comme de coutume dans les events, chaque joueur peut répondre sans tour de jeu particulier. Les MJ peuvent intervenir à certains moments de l’intrigue. En cas d’action susceptible de bouleverser le cours de l’intrigue (attaque, défense, action de grande envergure, tentative de fuite, poursuite), merci de recouvrir aux services des MJ via le sujet des demandes.

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Dim 18 Oct - 19:50
event #20

heureux, les impotents, qui regardent le monde tourner



Grand mère, dépêchez-vous.” Léonard regarda sa montre. Sa grand-mère avait à tout prix voulu qu’il l’accompagne pour une obscure raison et cela faisait maintenant 40 minutes qu’il attendait qu’elle finisse de se préparer. Il l’entendit grommeler à l’étage. Il laissa son regard traîner dans le salon. La demeure était majestueuse et richement décorée. On était loin de la sobriété qu’on aurait pu attendre d’une femme qui prétendait vivre modestement. La richesse des moulures, des tissus et de l’argenterie ne cessait de rappeler à quiconque pouvant entrer dans ce lieu qu’Anthénia Slughorn était une femme qui avait les moyens de s’accorder n’importe laquelle de ces fantaisies. Cela faisait des années qu’elle avait pris la décision de ne plus vivre au manoir et d’habiter, d’après ses propres termes, dans la petite maison adjacente à la boutique dont la scission était la cour intérieure. Ladite petite maison ne possédait pas moins de deux salons et 5 chambres, deux salles de bain, une cuisine d’été et une cuisine d’intérieur, sans compter la cave et le grenier qu'elle n'avait jamais foulée. Et à son départ elle avait emmené Myrti, la fille de l’elfe de maison familiale Minty, car il était inconcevable pour une Dame de son rand, de vivre sans elfe de maison.
Léonard appréciait l’odeur qui régnait dans ces lieux, c’était des effluves de fleurs et de potions. De nature et de magie. “Mais où avez vous besoin d’aller, père ou mère n’auraient-ils pas pu-vous accompagner ?” Lanca-t-il suffisamment fort pour qu’elle puisse l’entendre. Pour toute réponse, il n’entendit que le bruit d’une canne dans l’escalier “Mon fils est un couard et ta mère une bigote qui refuse de se confronter à ton père, et puis je n’avais aucune envie de l’entendre pleurer des heures encore”. Les cheveux d’Anthénia avaient été remontés en chignon blanc. Son regard électrique était rehaussé par deux saphirs accrochés à ses oreilles et son traditionnel collier de perles. Sa robe de sorcière était, cependant, des plus formelles, évasée et noire, elle traînait dans son sillage. Dans sa main droite, une longue canne de la même couleur scintillait de pierres bleues. “Pourquoi avez-vous une canne, vous n’en n’avez jamais eu besoin ? Mais par Merlin, voulez-vous bien me dire où vous souhaitez que nous allions dans cet accoutrement ?”  D’un coup de baguette, elle fit volter sa cape rouge au travers de la pièce et d'un deuxième, les boutons s'attachèrent “Au ministère” avait-elle conclue.  

Léonard comprit soudainement pourquoi elle n’avait rien demandé à ses parents. Son père aurait refusé de prendre le risque de croiser son aîné et sa mère aurait tout fait pour justement croiser le renêgat, un instant, son premier fils, son plus cher fils. Mais le plus jeune des Slughorn était tout aussi inquiet que ses parents auraient pu l'être, à l'idée d’aller sur le terrain conquis de @Damocles Slughorn. Peinant à avaler sa salive, il s’exprima enfin “Et pourquoi devrions nous aller là-bas ? Vous souhaitez rendre visite à ce cher @Melchior C. Fawley ?” Anthénia tira sur les manches de sa cape, et s’approcha de la cheminée. ““Du tout. Tu seras, sans aucun doute, surpris d’apprendre que j’ai été insultée par un représentant du ministère qui s’est accordé le droit de faire la saisie d’une de nos caisses importées, soi-disant qu’elle n’avait pas été déclarée correctement.” La vieille sorcière fit un geste si brusque pour faire venir la poudre de cheminette à l'aide de sa baguette, que le poudrier en cristal se fracassa contre le mur derrière elle. “Myrti, nettoyez moi ça !” aboya-t-elle en se baissant pour extraire une poignée à utiliser. “Je vais aller régler ça directement avec ces vils sorciers . Pour qui se prennent-ils ces maudit sang-de-bourbes !”

Dans les secondes qui suivirent Anthénia jeta la poudre dans la cheminé et disparut. Léonard souriait, car si il y avait une chose que son petit-fils aimait chez sa grand-mère, c’était l'obstination et la fierté de cette dernière. Personne ne pouvait se permettre de l'incommoder, quelqu'en soit la raison, sans subir ses foudres par la suite et Léonard adorait voir donner une correction à d’autres qu’à lui. Il attrapa la poudre de cheminette qui lui tendait Myrti, l’a remercia d'un sourire chaleureux et parti rejoindre la ire grandissante de sa grand-mère.


*


Alors qu’ils patientaient à l'accueil du ministère afin de pouvoir recueillir les informations qui leur permettraient de retrouver l’individu ayant froissé Anthénia plutôt dans la journée. La cohue crût dans le hall du ministère, attirant le regard du jeune homme, plusieurs sorciers commencèrent à invectiver le ministère et plus particulièrement le Premier Ministre Potter. En quelques minutes, la foule doubla de volume, puis tripla, jusqu’à l’arrivée de la brigade magique. Léonard tourna la tête vers sa grand-mère qui regardait la scène le regard flamboyant, main serrée sur son pommeau “Grand-mère, nous devrions partir, tout de suite.” s'exclama Léonard en attrapant la sorcière par le bras. Anthénia se dégagea de la prise de son petit-fils, “Ah non certainement pas, jeune homme, c'est bien pour ça que nous sommes ici !”s'était-elle écriée avant de partir d’un pas décidé en direction de la cohue sous le regard stupéfait de son petit-fils, qui mit quelques secondes à comprendre la supercherie de sa tendre aïeule. Mais par la barbe de Merlin, ils sont tous complétements givrés dans cette famille ! maugréa-t-il avant de s’empresser de suivre sa grand-mère qui fendait la foule à l’aide de sa canne. Le petit-fils inquiet, parvint à se glisser derrière sa grand-mère plus que soucieux de la sécurité de celle-ci. Alors qu’ils s’approchaient de plus en plus des brigadiers qui faisaient barrage, il commença également à s’alarmer de sa propre sécurité, mais c’était sans compter sur Anthénia qui était bien décidée à rompre le barrage pour dire ses quatre vérités aux bureaucrates cachés dans leurs bureaux “Je suis Anthénia Slughorn née Fawley, et vous allez m'écouter, bande de résidus d’excréments de pitiponk, si vous ne me laisser pas passer c’est mon petit-fils qui va vous faire retourner dans les jupes de votre cracmole de mère.”  La panique saisit le cœur de Léonard, et puis pendant un instant, il espéra que ses mots s’étaient perdues dans la cohue générale, et en tentant de se persuader que les officiers n’attaqueraient pas une petite vieille qui de prime abord pouvait sembler sans défense, il afficha un sourire détendu qui se liquéfia au premier coup de canne que sa grand-mère asséna sur la tête de l’énorme brigadier se tenant devant elle.

(c) DΛNDELION



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Ven 23 Oct - 17:48

heureux, les impotents
qui regardent le monde tourner

- 20 mai 2004 -



Comme beaucoup d’autres, Damocles découvre les gros titres du jour avec stupéfaction. Une exclamation à peine étouffée provenant de l’autre côté du bureau lui apprend qu’il n’est pas le seul à s’étonner de cette décision ministérielle. Relevant la tête, il détaille les visages de ses collègues, qui pour beaucoup dépeignent l’incrédulité qu’ils ressentent face à la nouvelle. Effarement, consternation. Les premières remarques fusent, les réponses ne tardent pas, et rapidement, le ton monte pour plonger la brigade dans une discussion animée, à laquelle Damocles ne participe que peu. Bien sûr qu’il est surpris, en colère même. Il ne porte pas du tout les autres traditions dans son coeur, notamment les traditions extatiques et euthanatos, mais enfin, si cela en amuse certains d’aller gesticuler dans la forêt en se tatouant le corps, en chantant et en faisant des cercles de cailloux, libre à eux. Mais les reconnaître, les laisser évoluer au sein de la société magique anglaise sans contrôle, sans règles, sans surveillance, c’est la porte ouverte au chaos. Et par dessus tout, c’est cette manière de faire qui l’inquiète. A en juger par l’ambiance qui règne dans le département, personne n’était au courant de cette décision. Décision qui s’avère apparemment assez cruciale pour que le Ministre décide d’user de son pouvoir pour l’imposer sans avoir à passer par le Magenmagot. Cela alors qu’hier encore, les euthanatos étaient dans le viseur. Cela alors que la loi Potter, qui lui tient tant à coeur, est rejetée encore et encore par les juges de la cour de justice sans qu’il décide de passer au dessus de leurs têtes. Cela alors qu’il est évident que cet arrêté provoquera la colère d’une immense majorité du peuple sorcier. Et en sachant ce soulèvement inévitable, comment cela se fait-il qu’ils ne soient au courant de rien à la brigade ? Lorsque le jugement de Bauer était tombé, ils avaient étés prévenus à l’avance et mobilisés pour contenir les éventuels débordements, alors que la nouvelle n’était rien face à la bombe lâchée ce matin. Un frisson d’alarme le parcourt, alors qu’un désagréable sentiment de déjà-vu l’envahit. La dernière fois que cela s’était passé ainsi, c’était parce que le Ministère était discrètement tombé aux mains de Vous-Savez-Qui. Mais c’est impossible. Il ne peut pas être revenu, encore. Et pourquoi pas ? Il avait déjà fait le coup une fois, pourquoi pas deux…

Il entend distinctement la voix du brigadier Abbott, lancé dans une conversation véhémente avec Pierson, qui hoche la tête avec gravité. Monroe est déjà retournée à son travail, Grint semble incapable de tenir en place, allant de bureau en bureau pour récolter les avis. Et soudain, par dessus le tumulte, une voix forte, celle du chef.
« Ça chauffe en haut ! Miller, contactez tous ceux qui sont en repos et ordonnez-leur de se ramener en urgence. Les autres, soyez prêts dans dix minutes, il va falloir faire évacuer l’atrium. »
Branle-bas de combat. Les discussions se stoppent net et l’agitation monte en puissance parmi les agents encore sonnés par la nouvelle. La précipitation n’est pas le fort de Grint, qui se prend les pieds dans sa chaise en se levant trop vite et trébuche, emportant avec lui la pauvre Carol-Ann qui passait par là. L’assistante se relève, le regard flou, et Damocles en profite pour lui fourrer le chaton dans les bras avant d’enfiler sa cape. D’un geste automatique, il effleure de son pouce l’insigne de brigadier attaché à son revers, pour se porter chance.

***

L’évacuation s’est déroulée rapidement, et c’est un hall vide qui s’offre au regard de la foule agglutinée. Pourtant, on est loin du calme attendu, et chaque minute passée voit le brouhaha s’amplifier et les cris se renforcer. Rien à voir cette fois si avec les petits groupes contestataires qu’ils ont pris l’habitude de voir défiler dans l’entrée du Ministère depuis quelques semaines. Cette fois, la foule est bien trois fois plus grosse, et tout autant énervée. Les types de la sécurité ont accueilli avec soulagement les renforts des brigades, et c’est un mur solide qu’ils opposent maintenant depuis un bon moment à l’armée de revendicateurs. Ce qui ennuie le plus Damocles, se sont les visages connus de certains de ces agitateurs, des personnalités influentes, des héritiers de grandes familles. Il croit même voir certains visages du Magenmagot, ulcérés d’avoir étés doublés par la décision arbitraire du Ministre. Et inlassablement, Damocles répète les mêmes mots. Le Ministre ne paraîtra pas. Reculez s’il-vous-plaît. Avec autant d’impact qu’un murmure lâché dans le vent. S’il reste patient, ce n’est pas le cas des émeutiers, qui s’agitent de plus en plus. Certaines insultes s’envolent de temps en temps, visant les forces de l’ordre, les bureaucrates, le Ministre lui-même. Et soudain, une voix forte qui lui dresse les cheveux sur la tête. Il contemple avec horreur le vieux visage noble et familier qui se dresse sans peur à quelques mètres de là, face à un Grint qui pourtant le domine de presque deux têtes. « Et merde. » Le juron lui échappe malgré lui, car la présence d’Anthénia Slughorn ne lui annonce rien qui vaille. Connaissant l’amour de sa grand-mère pour l’escalade de situation, il doute la voir se plier tranquillement aux ordres des fonctionnaires. Sa mâchoire se crispe d’autant plus lorsqu’il reconnaît derrière elle les traits de son frère. Depuis quand @Léonard Slughorn s’intéresse-t-il à la politique ? Et surtout, qu’est-ce qui lui a pris d’amener Anthénia ici ? Il doit être fou ou stupide. A moins que ça ne soit encore un vaste plan pour venir l’emmerder. Il croise les doigts pour que les agents se désintéressent de la petite vieille vociférante dans son manteau rouge, mais s’il y a bien quelque chose qu’Anthénia déteste, c’est qu’on ne lui accorde pas l’attention qu’elle demande.

Lorsque la canne s’abat sur le crâne de Grint, une furieuse envie de rire s’empare de Damocles. Il a longtemps admiré sa grand-mère pour sa pugnacité et son refus de se laisser quiconque lui imposer ses règles. Mais cette fois, juste cette fois, il aurait préféré qu’elle garde pour elle son agressivité, qu’elle tourne les talons et qu’elle s’en aille, en emportant Léonard. En voyant le colosse attraper la canne de son énorme main, son sourire s’efface. Il voit exactement le déroulé de la scène. Anthénia va hurler, elle va probablement pimenter son discours de quelques insultes bien trouvées qui feront rire la masse, jusqu’à la première évocation de sang-de-bourbe. Elle frappera à nouveau, insensible à l’indignation générale, Grint ripostera, et quoi de mieux que l’attaque injustifiée d’une sang-pur âgée par les agents du Ministère pour que tout dégénère ? Damocles quitte sa place, laissant ses voisins refermer le mur derrière lui et se dirige rapidement vers Grint pour prendre place à ses côtés.
« C’est bon, je m’en occupe. »
Avec un grognement, Grint lâche la canne, mais garde les yeux fixés sur Anthénia et Léonard. La sorcière arbore un sourire très satisfait et redresse la tête, réajustant son col très droit. Damocles la fixe, malgré son envie de se faire tout petit. Lorsqu’il était enfant, elle le terrifiait, car elle n’avait pas son pareil pour l’admonester brusquement à la moindre occasion et pour lui asséner des coups de canne dans les mollets lorsqu’elle estimait qu’il n’obéissait pas assez vite. Et pour être sûre de ne pas faire comme tout le monde, elle avait fait bien attention à traiter Damocles bien plus durement que Léonard. Cela fait bien six ou sept ans qu’il ne l’a pas vue, pourtant elle ne semble manifester aucune surprise, se contentant de fixer sur lui un regards clair et glacé. Elle enfonce le bout de sa canne dans le ventre de Damocles, qui fait la grimace.
« Ah, tu tombes bien toi ! Tes abrutis de collègues ne veulent pas nous laisser passer, ton frère et moi. Je dois parler à un responsable, sur le champ. Emmène-nous, avant que je ne m’énerve. »
Damocles songe avec amertume que certaines choses ne changeront jamais. Pourtant, il ne bouge pas et se contente de secouer la tête.
« Non. Personne ne passe. Et ça ne servira à rien de taper sur les brigadiers. »
Pendant quelques secondes, Anthénia Slughorn semble déconcertée par sa réponse, et Damocles réalise que c’est bien la première fois qu’il lui a opposé un refus direct. Un instant, il se demande si elle ne va pas lui jeter un sort, mais comme si de rien n’était, elle finit par reprendre sa posture agressive.
« Écoutez-moi ce sale petit ingrat ! C’est ce que tu es devenu, un elfe de maison du Ministère ! Si tu ne nous laisse pas passer, je passe à travers, et je te préviens que le premier qui me touche, je lui jette un sort. »
Damocles sent un rictus mauvais lui étirer les lèvres, mais continue à secouer la tête, bien décidé à ne pas bouger. Il lève le menton vers Léonard.
« Reculez, tous les deux. Pourquoi est-ce que tu l’as amenée ici ? C’est de la folie. »
Il espère de tout coeur que personne, brigadier ou indigné, ne s’amusera à provoquer Anthénia, ni à la bousculer. Damocles la connaît assez pour savoir que ses propos ne sont pas des menaces en l’air. Il hésite même à céder à sa commande, non pas pour accéder à sa requête, mais pour aller l’enfermer un peu plus loin et éviter qu’elle ne soit l’étincelle mettant le feu aux poudres. Mais s'ils en laisse passer un, le reste de la foule risque d'exploser. Il croise les bras, bien décidé à ne pas bouger.


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Ven 30 Oct - 11:45


Heureux les impotents qui regardent le monde tourner

Event

20 mai 2004



Mais où est donc passée cette maudite chaussette ? Hier au soir, tu jurerais l'avoir envoyée rouler quelque part sous cette chaise qui accueille généralement tes habits du jour. Et ce matin... impossible de mettre la main dessus. Sa jumelle est là, alanguie au sol... seule. Oh par Merlin, tu n'as vraiment pas le temps de jouer à ce petit jeu de cache-cache ce matin et évidemment, plus une seule autre paire propre... Un miaulement joueur te fait relever les yeux et charge bientôt tes prunelles de soupçons. Suil. Évidemment. Repoussant ton chat d'une main, tu te diriges à grands pas vers son panier, plongeant la main dans cette collection de bout de tissus qui en tapisse le fond pour en ressortir l'objet du vol. Couvert de poils de chats. Donc, immettable. Ton intrusion n'est pas du goût de son nouveau propriétaire qui feule furieusement à côté de toi, te tirant un soupir exaspéré. « Oh, garde-la, tiens ! Par tes moustaches, je suis en retard, en retard, en retard ! Et tu ne m'aides vraiment pas ! » D'un geste rageur, tu rejettes la chaussette incriminée dans son panier, n'adressant pas un regard supplémentaire au félin qui, d'un bond souple, tourne trois fois sur lui-même avant de se réinstaller confortablement dessus
Une seule solution. L'ultime possibilité. Ô combien dangereuse, mais à situation désespérée... À pas de loups, tu entrouvres la porte d'Adele encore endormie. Le plancher grince légèrement sous ton poids mais tu te faufiles néanmoins jusqu'à son armoire pour en extirper triomphalement une paire, avant de repartir comme tu es venue. Mais imaginer que tu puisses réussir une telle infiltration serait sans compter sur ta légendaire maladresse qui occasionne une rencontre brutale entre ton tibia et le coin de son lit. Ton Hmpf! de douleur dévoile ta position à l'assaillant qui se fend d'une attaque à l'oreiller, accompagnée d'un grognement où tu crois discerner les mots « T'as intérêt à me les rendre propres ! » et sur un « Promis ! », tu t'enfuis à toutes jambes vers la cheminée, enfilant ton acquisition en hâte avant de t'emparer d'une poignée de Poudre de Cheminette. Et il y aurait fort à parier que tu serais partie ainsi, si votre fidèle porte-manteau n'avait pas accouru pour te tendre tes bottines.

Le Ministère, ce matin, bruisse de milles rumeurs et échos. Leur bruit s’accroît à l'approche des murs de la Brigade et l'espace d'un instant, tu crains que ton retard ne soit le sujet de leurs conversations. Car en retard, tu l'es – et d'une bonne demi heure même ! La faute à cette maudite chaussette mais aussi, et surtout, à un certain gentleman qui fait tes nuits plus douces depuis deux mois tout juste. Plus douces... et plus courtes, d'où cette panne de réveil impromptue. Discrètement, tu te glisses à ta place, n'adressant qu'un chuchotement curieux à l'une de tes collègues, déjà retournée à ses occupations, bien que ses oreilles soient restées grandes ouvertes. « Margaret, que se passe-t-il ? » Tu aimes bien la Brigadière, réputée pour son calme et sa patience – bien plus que Pierson qui s'agace parfois de votre jeunesse et de vos velléités à vouloir changer le monde. Et puis, d'une certaine manière, tu lui dois tes retrouvailles avec @Malachy J. Lyons... Si elle n'avait pas organisé ces interventions auprès de la Prima Sapientia, puis été dans l'incapacité de s'y rendre, sans doute n'aurais-tu pas eu l'occasion de renouer avec le loup-garou... Alors tu lui es reconnaissante de cette opportunité, certes bien involontaire. Mais aujourd'hui, son expression est figée, et la gravité de ses traits n'est pas de bon augure. Pour toute réponse, elle te désigne l'exemplaire de la Gazette resté grand ouvert sur un coin de son bureau. Tu y jettes un coup d’œil attentif, parcourant les lignes à toute vitesses, le sourcil froncé. Tu t'attends à trouver là les dernières frasques d'un quelconque sang-pur, ou la dernière trouvaille de l'Enchanteresse. Mais le titre qui s'étale sous tes yeux est tout autre. Loi Potter : les traditions au patrimoine magique. Impensable. Stupéfiant. Inattendu. Si improbable, qu'il en balaye toute réaction, te laissant seulement là, telle une mandragore hors de son pot, la bouche grande ouverte sans qu'aucun son n'en filtre toutefois.
Les traditions magiques ? Au patrimoine du Royaume-Uni sorcier ? Au nez et à la barbe du Magenmagot. Tu dévores l'entrefilet, ces affirmations choc. Quel dixy a donc piqué Potter pour qu'il s'aventure à faire passer une telle mesure ? Non que tu y sois fondamentalement opposée – les verbenae sont légions dans les Highlands, et que dire des Chœurs Célestes, dont tu connais quelques préceptes par @Uriel J. Lewis. Une part de toi ne peut que se réjouir d'une meilleure reconnaissance de leur magie mais enfin... Il y a ces euthanatos, ces extatiques aussi dont vous ne savez pas grand chose. Et surtout... Quelle urgence ? Pourquoi cette hâte, ce mépris total de tout l’exécutif pour faire passer une telle mesure polémique, que l'opinion publique poussée dans ses retranchements pourrait bien transformer en plus de mal que de bien.
Comme en réponse à tes interrogations éberluées, c'est le moment que choisit le Chef pour vous haranguer à monter dans l'atrium, réclamant de Miller qu'elle fasse revenir les Brigadiers en repos. Merlin tout puissant, s'attendent-ils donc à ce que la situation dégénère à ce point, pour les faire rappeler sur leurs congés ? Ton regard un rien inquiet croise celui de Damocles et, machinalement, tu effleures à ton tour l'insigne de la Brigade qui brille sur ta poitrine avant que l'ascenseur ne vous emporte vers les étages supérieurs du Ministère.

* * *

Plus de mal que de bien ? Avec tes P en Divination, jamais n’avais-tu formulé une prévision aussi juste… Vous avez réussi à vider l’atrium, refoulant les passants jusque dans l’entrée qui coure le long des grandes cheminées, dont les flammes ne cessent de verdir au fil de nouvelles arrivées. Les voix montent, les esprits s’échauffent, encouragés par toujours plus de voix discordantes.Le brouhaha se généralise, mélange de cris de colère, de demandes d’explications impérieuses et cette litanie que vous répétez inlassablement, demandant aux uns de bien vouloir reculer, aux autres de ne pas insister. Et ces cheminées qui n’en finissent plus de vomir leur lot de mécontents ! Tant et tant que tu finis par songer que les services de Ste Mangouste accueilleront leur part d’accidents de Cheminette avant qu’il ne soit longtemps… Ne faudrait-il pas fermer les cheminées ? Interdire leur accès, le temps que les choses se calment ? Est-ce seulement possible, de clore les accès au Ministère ? Dans un sens tout du moins, il ne manquerait plus que le hall se transforme en un dangereux huis-clos dont nul ne pourrait s'échapper. Quoi qu’il en soit, une solution va devenir urgence car il semble improbable que vous puissiez longtemps résister à la colère grondante qui vous fait face. Quant à dégainer vos baguettes… Hors de question. La situation ne peut que dégénérer mais vous ne pouvez pas en être les instigateurs !
Et de fait, un premier signal de violence ne tarde pas à vous faire tourner les yeux, sous la forme d’une canne venue s’abattre durement sur le crâne de Grint. De Grint, par Merlin ! De vous tous le plus prompt à des réactions trop vives. Tu n’as que le temps d’arrêter son bras, le retenant tout juste de riposter – il ne manquerait plus qu’un tel débord fasse les gros titres demain : Loi Potter, un brigadier agresse une vieille dame… Tu vois d’ici le plaisir que s’offriraient les journalistes ! Fort heureusement, c’est le moment que choisit Damocles pour débarquer – comment donc a-t-il réussi à changer de place sans mettre en péril votre mur fragile ? Enfin, tu ne vas pas t’en plaindre. Voilà qu’il houspille l’agitatrice sur un ton laissant à penser qu’il la connaît, l'enjoignant à repartir et haranguant du même coup un homme dont le visage ne t'est pas totalement inconnu, sans que tu parviennes à associer un nom. Mais il en faudrait davantage pour arrêter Grint dont la bosse et l’amour propre meurtri sont bien mauvaises conseillères. D’une voix caverneuse, il gronde en réponse. Sa voix tonne, résonne sur le plafond en ogives et tu blémis. « Vous pourriez bien être la catin de Merlin en personne que ça n’y changerait rien ! Essayez de sortir votre baguette et je vous envoie tout droit à... » Tu n’as que le temps de lui coller un coup de coude dans les coudes, sifflant entre tes dents serrées un « Silence, Grint ! » pour le faire taire mais la menace, elle, est bien trop explicite, bien trop tangible pour avoir échappé à la foule amassée juste autour de vous.

Melchior C. Fawley

Melchior C. Fawley
MEMBRE
hiboux : 189
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Jeu 12 Nov - 22:18

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Heureux les impotents qui
regardent le monde tourner

- 20.05.2004

« Monsieur. »

Maestro a un regard particulier, comme s’il m’épiait, en me tendant l’édition de la Gazette du Sorcier du jour. Je fronce les sourcils et repose mon thé en saisissant le journal, et je manque de m’étouffer en apercevant le titre. Les traditions au patrimoine magique. Qu’est-ce à dire que ceci ?  Mes doigts ouvrent le numéro, mon regard cherche les mots qui détaillent un peu plus la nouvelle. Une loi, une loi sortie de nulle part, jusque-là même jamais évoquée, passée par décret sans vote au Magenmagot. Une loi à laquelle rien ne m’avait préparé.

Les traditions verbena, euthanatos, extatique et du chœur céleste sont désormais inscrites au patrimoine magique immatériel de Grande Bretagne.

Je n’ai pas la moindre idée de ce qui s’est passé. Il y a un millier de questions qui se bousculent dans ma tête, et je tente de retrouver mon calme. Il me vient une sorte d’excitation, de joie béate que je n’avais plus connue depuis bien des années. Les traditions au patrimoine magique. Il me semble que c’est le plus grand pas en avant et la plus grande reconnaissance attribuée par les hermétiques depuis qu’ils ont reconnu les diplômes des écoles des choristes. Et pourtant cette joie presque enfantine qui est venue me saisir est chassée bien vite par de nouvelles considérations. Pourquoi ? Pourquoi faire ça, pourquoi comme ça, pourquoi maintenant ? J’ai beau retourné la question dans ma tête aucune raison valable ne me vient. En faisant cela, Potter va s’attirer l’ire des hermétiques, qui dominent largement la scène politique du monde magique britannique et qui seront bien mieux entendus que n’importe lesquels des nôtres – et les poussera sans doute dans les bras de la Coalition ou des Insurgés. Ça ne peut pas être un calcul politique dans le but de séduire une partie de la population, ce serait un trop mauvais calcul. Par idéal politique ? Cela me semble peu probable, ils ont été plus rapide à légiférer sur les droits des créatures magique que sur la reconnaissance de milliers de sorciers… Mais alors, pourquoi ? Est-ce que c’est symbolique – et dans ce cas qu’est-ce que ça symbolise ? Qui est pleinement satisfait de cette situation, de cette loi ? Les verbenae, les euthanatoi, les extatiques et les choristes célestes. Et pour moi cela ne fait absolument aucun sens.
Cela tiendrait presque de l’intervention divine.

« Monsieur ? »

La voix de Maestro me tire de mes pensées et je relève la tête vers le vieil elfe qui me désigne sans un mot l’horloge au mur. Combien de temps suis-je resté silencieux à fixer ce journal ? Mon thé est froid et je suis en retard. Je m’étire sur le fauteuil – je ne suis pas sûr que cela soit très important, je resterai plus tard. Ce n’est pas comme si je ne faisais pas mes heures. Lentement, je me relève, saisissant ma canne contre mon siège pour me préparer, un peu rêveur. Qu’est-ce que cela signifie, au juste ? La mention des mesures pénales n’est pas sans rappeler à ma mémoire les attentats de septembre dernier, et j’arrête mes gestes un instant quand l’idée me vient. Pourquoi grand Dieu faire un tel cadeau aux traditions, à toutes les traditions, alors que les euthanatoi ont essayé de le faire tuer il y a quelques mois ? Qu’ont bien pu faire les extatiques, les verbenae ou les choristes pour faire à ce point oublier un tel acte ? Qu’est-ce que cela signifie, concrètement ? Ne devrais-je pas simplement me ravir et remercier le ciel que le vieil homme ait vécu assez pour voir sa tradition (pourtant sur certains points presque en déroute), pour voir sa foi et ses valeurs ainsi mis en avant par un exécutif hermétique ? Moira et Nigel… Ils ne doivent pas revenir sur cela, ils n’ont pas idée de ce que cela signifie. Et pourtant, il y a une inquiétude en moi qui ne veut pas partir.

Je m’extrais de la cheminée pour découvrir une foule qui se masse dans le hall du Ministère, et je suis déjà bousculé par une nouvelle arrivée derrière moi. Cela se presse, cela s’insurge, cela se groupe, et il y a de l’orage dans l’air. La brigade est déjà là, essayant d’arrêter la foule qui gronde face à eux. Je tends l’oreille, et je suis secoué en entendant les différentes revendications et injures. L’ire des hermétiques donc, elle ne s’est pas fait attendre. Je ne les aurai pas pensés si prompt à causer un tel esclandre pour cela tout de même. Je me pince les lèvres en réprimant une colère qui menace de me gagner. Cela ne servirait à rien. C’est injuste sans doute qu’ils réagissent ainsi face à une simple reconnaissance, que ce soit pour cela, aujourd’hui, qu’ils viennent cracher toute leur frustration et leurs légitimes reproches. Des mois à signaler les problèmes de la Loi Potter et c’est cette mesure qui conduit à un rassemblement. Il ne faut surtout pas revenir en arrière dessus. Je me fraye à chemin à coup de canne et de bras, bousculé à plusieurs reprises. C’est bien ma veine d’arriver en retard ce matin, voilà un juste châtiment pour ma paresse. Arrivé vers l’avant, je me tourne en reconnaissant une voix parmi la foule. Anthénia. Flanquée de Leonard que je n’ai eu la chance de voir depuis une éternité, et faisant face à Damoclès et certains de ses collègues. Je tourne les talons pour avancer dans leur direction. Les insultes qui fusent arrivent à mes oreilles et je grimace – il n’a pas idée de la force de caractère de celle qui lui fait face, ce Grint.

« Ma chère cousine… Léornard. Brigadiers. »

J’adresse un signe de tête à tout le monde et tire sur sa manche pour d’attirer son attention et la détourner de l’homme avant qu’elle ne réponde à ses mots par une autre volée d’insulte ou une agression (une nouvelle agression peut-être ? il a l’air d’avoir pris un coup déjà). Je lui adresse un sourire.

« J’ai peur que ce ne soit pas le meilleur jour pour régler ses affaires au ministère. »

Ma voix est profonde, mais neutre, et mes yeux se plongent dans les siens. Elle ne vient tout de même pas pour ça, elle aussi ? Et pourquoi pas, après tout ? Elle peut bien avoir été Fawley, elle n’a pas rejoint les chœurs célestes. Mais d’où vient sa colère ? D’où vient la colère de tous ces gens ? Il n’a jamais été évoqué de rien ôter aux hermétiques, leurs valeurs, traditions et lois sont toujours au cœur de la société sorcière. A la rigueur, c’est l’aveu d’un échec, une incapacité à simplement nous absorber qui accorde un statut particulier, mais encore marginal. C’est une faveur, mais une exception. Est-ce que c’est pour cela, que Potter fait cela ? Pour que nous nous sentions redevables ? C’est sans doute mon cas, et je défendrai certainement son choix envers et contre tous, même si je ne le comprends pas. Parfois, c’est la finalité qui compte. Pourtant nous sommes trop peu nombreux pour que cela en vaille la peine. L’indignation générale qui nous entoure en témoigne. Je me demanderai pourquoi plus tard, c’est l’heure de prévoir que faire maintenant ? Filer entre les lignes, présenter mon badge, descendre aux archives, laisser Anthénia casser quelques crânes (dont peut être celui de son petit-fils) et les autres se déchirer et lire dans la presse les détails de la matinée ? Rester pour essayer de calmer les choses ? Je crois que je pourrais tenter de calmer quelques-uns de ces gens avec ma voix, simplement pour les soumettre à un peu de cette magie qu’ils doivent vraiment mépriser pour en venir à cela… Mais cela ne serait que trop brièvement satisfaisant, et seulement pour moi alors je me ravise. Je peux au moins essayer d’apaiser ma parente.

« Voudriez-vous que nous nous mettions un peu à l’écart histoire de laisser la place aux brigadiers pour qu’ils puissent évacuer cette foule dans le calme ? »

Mon regard va brièvement à Damoclès avant que je ne me tourne vers Léonard, cherchant en lui une aide potentielle. Il ne peut pas être là pour ça, lui aussi ?


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Rhys M. Price

Rhys M. Price
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Dim 15 Nov - 23:03

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Heureux, les impotents, qui regardent le monde tourner

- 20.05.2004

- Est-ce qu’il n’est pas un peu tôt pour le champagne ?

Arthur passe presque nerveusement une main dans ses cheveux, et tu te contentes de pouffer en lui tendant une flûte.

- Certainement pas. Nous célébrons !
- Presque trois jours sans prononcer un mot, sans rien nous dire de ce qui s’est passé… Et là tu te mets en tête de boire du champagne à huit heures du matin. T’as un grain frangin.


Tout en sifflant ta coupe – ce doit être ta deuxième ou ta troisième déjà, tu attrapes le journal posé sur le canapé et le lances à Arthur. Son regard s’arrête sur le titre, il pose son verre et ouvre la Gazette pour lire. Tu le regardes faire, sourire aux lèvres et te laisses retomber sur ton fauteuil avec un air incroyablement satisfait. Des semaines que vous vous prépariez, que vous organisiez la rencontre – tu te fais passer pour souffrant depuis une semaine au Petit Ogre, trop accaparé par tout cela. Trois jours de mutisme, à t’interroger, à n’échanger qu’avec Arvel et à fumer des cigarettes en attendant de voir les résultats… Et puis ça, en première page de la Gazette. Les traditions au patrimoine magique. C’est comme si tout d’un coup toute la pression accumulée ces derniers mois, tout ce que tu avais refoulé pour rester concentré, efficace, ressortait d’un seul coup. L’excitation, la crainte, la joie, la colère aussi… Toutes ces émotions t’assaillent depuis ce matin, depuis que, libéré du poids de l’incertitude, tu as les as laissées prendre le dessus après deux mois à les enfouir. Ta main tremble presque alors que tu te ressers, attendant avec une certaine impatience la réaction d’Arthur. Celle-ci tarde un peu, il lit, les sourcils froncés – et il ne sourit pas quand il relève la tête vers toi.

- Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Tu aimes ton frère, vraiment. Il est sans doute la seule personne à qui tu confierais ta vie et celle de ton fils sans y réfléchir, la personne à qui tu te confies le plus, avec qui tu parles le plus facilement. Mais il est aussi incroyablement chiant quand il s’y met. Est-ce qu’il ne pourrait pas quelque fois être juste un peu plus léger, plus heureux ? Tu fais tourner ta coupe entre tes doigts en levant les yeux au ciel.

- Concrètement ça signifie que le rituel qui nous permet d’obtenir nos tatouages est défendu par la loi, et que le Ministère ne peut pas nous les briser pour cela.
- Et du coup ça veut dire qu’on peut fermer le restaurant et ouvrir à la place une échoppe ‘Famille Price, cambriolages et meurtres à prix mini’ ?


Il n’y a aucune trace d’ironie sur son visage, mais sa voix en est chargée. Tu te pinces les lèvres – tu n’aimes pas du tout la tournure que prend ta petite fête improvisée, tu aurais dû boire tout seul.

- Non. Déjà parce que moi vivant, personne ne fermera ce restaurant – et ensuite, ils ne vont pas nous laisser commettre des crimes pour autant.
- Attends voir frangin, ton papier, il dit bien
– il te désigne la partie qu’il lit sur le journal – ‘En conséquence, leurs rites, leurs méthodes, leurs croyances et leurs valeurs sont dorénavant défendues par la loi et ne sauraient subir la moindre injonction de la part du Ministère qui laisse toute liberté aux membres de ces traditions de décider du présent et du futur de leurs pratiques sans crainte d’éventuelles mesures pénales.’ non ? Tu m’arrêtes si je me trompe, mais nos pratiques sont des crimes à leurs yeux, motivés par nos croyances, pour reprendre leur terme, non ? Je veux dire, je le fais aussi parce qu’on me paye pour bien sûr, mais nous ne sommes pas censés tuer pour le bien commun ? Ils ne sont pas capables de le voir, on s’entend, et ils ont un rapport clairement problématique à la mort, ils lui donnent une importance démesurée… Alors en quoi cette loi ne nous protège pas aussi dans ce cadre ? C’est écrit noir sur blanc. Et si cela ne nous protège pas parce que nous sommes adultes, parce que c’est notre emploi (et je ne sais pas pour toi mais moi je n’ai jamais vraiment eu l’impression qu’on me laissait le choix hein, je suis né Price, je fais ce que les Price font, point), en quoi cela va-t-il permettre de protéger les jeunes au moment du rituel ? C’est un meurtre, un crime aussi.

Arthur a toujours été plus raisonnable que toi, plus posé, plus réfléchi. Il a toujours su calmer tes ardeurs, tu dois le lui accordé. Quelques fois, cela est extrêmement frustrant voir agaçant – remettre en doute la question du mariage une heure avant la cérémonie, ce n’était pas brillant par exemple. D’autres fois, cela est nettement plus pertinent. Peut-être que tu t’emballes, il est vrai – mais cela dure depuis si longtemps, cela t’a pris tellement d’énergie et de temps que tu avais besoin de te relâcher un peu, de t’accorder une petite célébration pour une petite victoire.

- Bordel, dis un truc. Tu trouves pas que ça pue un peu cette histoire ?
- Il y aura une tolérance pour les jeunes parce que c’est comme cela qu’on pratique le rituel, on n’obtient pas ses tatouages sans mort. Maintenant il est beaucoup plus difficile de défendre que c’est la même chose pour toi ou moi par exemple : on reçoit un contrat du clan, on le fait. Tu penses vraiment, toi, quand tu tues quelqu’un, aux implications que cela va avoir sur la marche du monde après ?
- Non… En général, je me demande ce que je vais bouffer après. Quoi ? Oh ça va hein, me regarde pas comme ça, je suis sûr que c’est beaucoup plus sordide dans ta tête.


Tu as levé un sourcil à son attention et tu éclates de rire – chose rare, il se joint à toi. Tu ne sais pas s’il est sérieux, mais il pourrait l’être. En tout cas, il a raison : c’est autrement plus sordide pour toi.

- Tu trouves ça satisfaisant Rhys ?
- Oui. Non. Un peu… Comment dire cela ? C’est sans doute ce qu’on a fait de mieux à part se faire oublier depuis une éternité pour se libérer un peu de l’étau de ce monde magique hermétique. Si demain on venait à découvrir que les Price sont des euthanatoï, notre vie deviendrait certainement un enfer hein, on serait surveillés, faire des contrats tiendrait de l’impossible – mais on sera pas envoyés à Azkaban dans le doute parce qu’on porte sur la peau la preuve qu’on a tué quelqu’un. Il faudra qu’ils prouvent qu’on a recommencé. Et ça, ça frangin, ça mérite bien une petite coupe de champagne.


Il lève son verre, malgré une moue peu convaincue, et vous buvez ensemble. Tu te secours la tête en reposant ta flûte sur le bureau.

- Après, ça n’est pas suffisant, je te l’accorde. Mais c’est un premier pas. Typiquement, la loi est tellement floue que l’on pourrait très bien défendre un crime postérieur au rituel en l’utilisant. J’en sais rien, j’imagine que faudra voir avec Horkos si ça crée pas tout un tas de vide juridique à exploiter. Et pour le reste, on tient Potter par les couilles frangin. Il était immobile, silencieux, et il hochait la tête à tout ce que lui disait Monroe. On a encore des cartes à jouer, mais faudra être fins. Rien que ça, je sais pas trop comment ça va être accepté.
- Ils vont quand même pas chouiner parce qu’on reconnaît les autres traditions. J’veux dire, j’les connais pas bien les autres, mais ils ont pas l’air de poser autant de problème à la morale hermétique…
- Ouais, bah on est pas à l’abri d’une surprise.

- Chef ?

La voix vient de la salle du restaurant. Tu reconnais la nouvelle en salle, Bethany il te semble. Elle a ouvert la porte mais n’ose pas descendre, alors tu te places dans son champ de vision et lui adresse un grand sourire. Elle a l’air d’hésiter, presque anxieuse, mais approche – et en voyant Arthur elle lui adresse un bonjour auquel ce dernier répond par une sorte de grognement.

- Vous allez mieux chef ?
- Merveilleusement mieux merci Bethany. Je regardais la comptabilité faite par Zéphyr. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
- Jacob fait dire qu’il ne pourra pas être là aujourd’hui. Ils ont appelé à un rassemblement au Ministère, il dit qu’il doit y aller.
- Un rassemblement ?
- Oui vous savez, parce qu’ils ont mis les autres traditions au patrimoine ou quelque chose comme cela.
- Ah.
- Oh. T’as vraiment des petits merdeux dans tes employés.
- Ouais. Il était doué en plus celui-là.


Elle a les yeux écarquillés et vous écoute parler en gallois sans avoir l’air de rien y comprendre. Tu te mords la joue avant de te forcer un air aimable à son attention. C’est donc pour cela qu’elle était stressée ?

- Merci Bethany, tu peux accrocher une annonce pour signaler que nous cherchons un nouveau cuisinier ? Il fallait que j’aille au Ministère demander une autorisation de toute façon, avec un peu de chance je pourrais signaler à Jacob qu’il est viré de vive voix.

C’est une règle dans la maison : tout le monde vient de tous les horizons, le patron est cracmol, les gens sont embauchés selon leur talent et non leur tradition ou idées, alors la politique est proscrite. En journée en tout cas, le soir, avec ceux qui dans les murs sont de ta tradition, les discussions s’animent un peu plus dans la salle du personnel. La jeune femme acquiesce et remonte d’un pas rapide, et quand la porte se referme derrière elle tu laisses échapper un soupir. Quel idiot, ce Jacob.

- Est-ce que c’est bien raisonnable ? Que tu y ailles ? Je veux dire… Tu as été rencontrer Potter il y a trois jours… Est-ce que ce n’est pas un peu risqué ?
- Bah… Si. Mais je ne vais pas me terrer à la maison en attendant qu’il oublie mon visage ou soit remercié. Est-ce que ce n’est pas risqué de parler fort, de porter des couleurs vives et d’attirer l’attention quand on est un tueur à gages ? Et surtout, est-ce que cela m’a déjà arrêté ?
- Tu sais bien que c’est pas pareil Rhys.
- Oui, et bien disons que pour une fois je m’en fous. Admettons que j’y vais simplement pour voir ce qui se passe, ce qui se dit et parce que cela m’amuse. Et puis, il faut que j’obtienne une autorisation pour installer trois tables de plus devant le restaurant pour la soirée en juin, et que je dise à ce petit con de Jacob qu’il n’a plus d’emploi. C’est fou ça, je suis père célibataire, je fais double journée entre le restaurant et les contrats – et tu peux me dire quand est-ce que c’était, avant cette semaine je veux dire, la dernière fois que j’ai pas réussi à tenir mon rôle et bosser en cuisine ?
- Hm… Y a eu la mort d’Alys.


Sa phrase flotte entre vous, et il te faut un instant pour comprendre. Il a bien dit cela, il a osé. Ta mâchoire se crispe, toute trace d’un sourire abandonne tes traits. Tu te contiens, souvent, quand tu parles d’Alys avec les autres – avec ton fils, avec tes amis, même avec Nia. Jamais avec Arthur, normalement. C’est lui qui t’a tenu dans ses bras alors que tu pleurais ton épouse, lui qui l’a trouvée, lui qui a été le témoin privilégié de ton désespoir… Ce n’est pas un nom à évoquer en vain. Il a l’air gêné, et tu devines que cela lui a échappé plus qu’autre chose… Mais cela ne calme pas la colère qui te gagne. Ce n’est pas juste, ce n’est pas bien de te dire cela. Tu sais que ton absence, ton incapacité à quitter le restaurant parce que c’était la guerre a en grande partie causé sa mort.

- Putain de merde Arthur, celle-là je m’y attendais pas.
- Non mais tu demandes quand est-ce que t’as pas réussi.
- Merde. Voilà.
- Mais le prend pas comme ça…
- Mais si je le prends comme ça bordel. Tu compares la mort de ma femme, la mère de mon fils, à un rassemblement organisé en catastrophe par des idiots incapables d’accepter qu’ils ne sont pas le centre du monde…
- C’est pas ce que je voulais dire, je… Désolé…
- File-moi une clope, je sais pas ce que j’ai foutu des miennes.


Tu attrapes la blonde qu’il te tend et cherche ton zippo dans la poche de ton pantalon, tu l’allumes et tires dessus sans rien dire. Tu cherches dans le bureau le papier que tu dois retourner au Ministère, la demande de dérogation pour la terrasse extérieure, sans un mot. Arthur reste silencieux, debout, les mains dans les poches à te regarder faire. Le papier est là, par contre qu’est-ce que tu as foutu du cendrier ?

- Tu veux vraiment y aller ?
- Oui.
- Tu te souviens du concert ?
- Ouais, pourquoi ?
- Tu m’as dit un truc ce jour-là. On est partis avant, et t’as dit qu’on restait pas parce que voir le monde cramer avait beaucoup moins d’intérêt pour toi que de savoir pourquoi il crame… Pourquoi t’y vas là du coup ?
- Ah mais là ça n’a rien à voir mon cher frère. Disons, pour reprendre ma métaphore de la dernière fois que cette fois-ci je sais parfaitement pourquoi le monde crame : c’est l’œuvre de pyromanes dont je fais partie. Le feu est d’origine criminelle Arthur, et je veux simplement vérifier à quel point il a pris.
- T’as un grain.
- Tu l’as déjà dit. On se voit ce soir ?


***

Le bruit te surprend alors que tu surgis de la cheminée. Ah, mais c’est qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié ces idiots. Il y a une petite foule compacte qui semble aux prises avec les brigadiers un peu plus loin. Tu remontes ta main à ton cou pour vérifier que tu as bien fixé l’épingle de col protectrice que tu as reçu pour ton anniversaire. Bien. Tu regrettes un peu de ne pas avoir pris ton kimono, pour passer inaperçu au milieu de ce groupe – avec ton costume canari et ta chemise blanche, cela sera autrement plus difficile. Tu inspires. Rentrer sa tête dans ses épaules, avoir l’air plus petit, avancer d’un pas moyen – ne pas bousculer trop de monde. Tu as une bonne raison d’être là, mais tu n’aimerais pas donner raison à ton frère en attirant l’attention : après tout qu’est-ce qu’un cracmol ferait dans un rassemblement hermétique ? Tu devines un peu plus loin le visage de Jacob – un miracle que cela ne te prenne pas plus de temps au milieu de tous ces gens. Tranquillement, sans trop jouer des coudes et sans te presser, tu glisses entre les manifestants pour arriver à son niveau.

- Bonjour Jacob.
- Chef ? Qu’est-ce que vous faîtes ici ?
- Je venais obtenir une autorisation du Ministère et te renvoyer pour abandon de poste. Pour le premier point ça va être difficile aujourd’hui je suppose, pour le second comme c’est une faute grave tu recevras le hibou et ce que je te dois ce mois-ci jusqu’à aujourd’hui ce soir et nous n'aurons plus rien à nous dire. Jolie petite sauterie par ailleurs, c’est en quel honneur ?

Tu demandes naïvement, mais il n’a pas le temps de répondre – vous sursautez tous les deux alors qu’une vieille dame à quelques mètres de vous assène un violent coup de canne sur le crâne d’un des brigadiers. Merveilleux. Tu as hâte de voir les gros titres de la presse demain. Loi Potter, des hermétiques refusent de ne pas être la seule tradition reconnue du pays, une vieille dame agresse un brigadier. Tu cherches où tu as déjà entendu son nom quand la réponse te vient du visage de l’homme qui lui fait maintenant face, prêt à sacrifier son occopital pour rétablir l’ordre. L’homme en question, c’est Damoclès Slughorn, et Anthénia, ce doit être l’une de ses grands-mères – bien moins sympathique que l’autre côté de sa famille, les De la Roseraie. D’ailleurs, à côté de la vieille dame tu reconnais maintenant le visage familier de Léonard. Touchante réunion de famille, tu t’attendais à mieux cependant du colocataire de la divine Nia que de venir grossir les rangs de cette petite réunion. Tu fais un pas en arrière, par réflexe, en espérant qu’aucun des trois ne te verra – mais sans pour autant cesser de tendre l’oreille et prêter attention aux insultes qui fusent. Tu regrettes presque de ne pas pouvoir enregistrer tout ce qui se dit. Un vieil homme approche et tu as une moue boudeuse : ce serait quand même dommage que ces idiots ne s’arrêtent en si bon chemin parce qu’un ancêtre a résolu de calmer le jeu. Et puis, si ça tourne mal, tu pourras toujours utiliser cet idiot de Jacob comme bouclier humain.


Event - 2 866 mots
en italique, les Price parlent gallois
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Djouqed

Djouqed
MEMBRE
hiboux : 174
pictures : EVENT #20 | Heureux, les impotents, qui regardent le monde tourner 200405051035524820
Mar 17 Nov - 20:54
Heureux les impotents...
EVENT MINISTÈRE


Quand il a lu le journal depuis son bureau de l’ambassade, Djouqed n’a pas pu s’empêcher d’éclater de rire. L’annonce était frugale, seulement quelques mots et beaucoup d’interrogation sur cette mesure de Potter qui semble sorti de nulle part. Il est obligé de reconnaître qu’ils ont bien négocié ses compères anglo-saxons et que, quelque soient les termes exacts de la rencontre, c’était intelligent de faire un lot groupé pour toutes les traditions non hermétiques. Le changement en marche. Aujourd’hui cette reconnaissance, demain un bras droit euthanatos. La marche du monde a repris et l’horloge cliquette déjà son urgence. L’ambassadeur se lève d’un bond et attrape sa veste. On appelle le chauffeur.

« Tu es sur que c’est bien prudent, Djouqed ? Je veux dire, ça va être un beau bordel là dedans…
- Justement, je veux voir ça. »

Ali s’est glissé derrière le volant. Un euthanatos cracmol. Il en faut aussi. Un gosse que Djouqed apprécie. Il l’a vu grandir dans les bidonvilles du Caire et tirer son épingle du jeu. Il sert la famille Zahab depuis sa plus tendre jeunesse. Un des premiers que Djouqed a pris a son service. Il l’aime bien, ce chauffeur : compétent, discret, imparable. S’il n’a pu bénéficier des tatouages rituels, il a en revanche bénéficié de l’entraînement de milices privées moldus et des rigueurs de l’armée. Il ne faudrait certainement pas le sous-estimer.

« Si vraiment tu t’inquiètes, Ali, tu peux toujours m’accompagner.
- J’y compte bien : si je ne le fais pas, Fatima et tes deux épouses auront ma tête, et tu sais bien ce qu’on dit, ce que femme veut… »

Le trajet est fait à la moldue, la voiture garée près d’un point d’entrée des visiteurs du Ministère. Aussitôt dans la cabine téléphonique, Djouqed annonce le motif de sa visite.

« Djouqed Zahab, ambassadeur d'Egypte, je viens m’entretenir avec le Ministre. »

Ali s’annonce à son tour et les voilà tous deux crachés dans le hall qui résonne d’un sacré brouhaha. Sur sa poitrine, Djouqed a épinglé son badge Djouqed Zahab, Ambassadeur d'Egypte, rendez-vous avec le Ministre. Aussitôt, Djouqed prend la mesure du bordel que les euthanatoi ont créé malgré eux. Il ne peux s’empêcher de se repaître de cette folie et de regarder avec une fascination assez maladive les hermétiques qui gueulent au sacrilège. Eh oui, voilà leur tradition déchue de ses privilèges.

« Et maintenant ?
- Maintenant, on va voir, Ali. Prends ça comme un entraînement : avec un peu de chance, l’un de ces hermétiques me provoquera assez pour faire un incident diplomatique. J’adorerais voir leur tête lorsqu’ils recevront un courrier du Ministère leur demandant des excuses.
- Tu es fou, Djouqed… ne va pas les provoquer, tout de même… ça reste une foule en colère.
- Promis. »

De toute façon, Dana ne le lui pardonnerait jamais de faire quelque chose d’aussi insensé. Pas plus que Laïla ou Uriel. C’est presque un sourire amusé qui glisse sur ses lèvres lorsqu’il se mêle à la foule. Il prend soin de marcher en bordure, là où l’attroupement est moindre. Il ne faudrait tout de même pas manger un sortilège perdu. Djouqed a cette bénédiction d’être étranger et ambassadeur. Il est ici protégé, d’une certaine façon et pourrait, s’il voulait le revendiquer, cracher sa tradition à la gueule de cette foule. Mais la discrétion est une arme, aussi préfère-t-il interpeller un passant pour lui demander poliment ce qu’il se passe. Quelques mots plus tard, il en sait assez sur la fureur de l’hermétique qu’il a interpellé. Celui-ci a jeté quelques œillades méfiantes aux tatouages de l’étranger, mais son accent semble l’avoir rassuré, de même que l’apparente compassion de Djouqed pour ce pauvre Ordre d’Hermès souillé aux pieds par le Ministre. Ali est resté de marbre, sur les talons de Djouqed.

Renseignements pris, celui-ci s’est enfoncé dans la foule jusqu’à arriver près des brigadiers. Devant lui, une rousse qui semble essayer d’apaiser les tensions dans un petit groupe. Une vieille femme vocifère, il peut l’entendre d’ici, sur l’ingratitude de ce qui semble être un brigadier membre de sa famille. Ali est sur ses gardes. Djouqed se tourne ainsi vers la rousse, @Erin McAllister

« Pardonnez-moi, mademoiselle. Je suis Djouqed Zahab, ambassadeur d’Egypte. J’avais normalement à faire au Ministère aujourd’hui, mais je suppose que je tombe mal ? »

L’art de l’euphémisme. Djouqed imagine sans mal, Ali, près de lui, lever les yeux au ciel sans pour autant verbaliser tout le bien qu’il pense de cette escapade inconsciente. Contrairement à Hakim Zahab, Djouqed n’a jamais eu de goût pour avoir un personnel de maison sans personnalité.

750 mots

Sorcellerie

Sorcellerie
GRAND MAÎTRE
hiboux : 914
Mar 17 Nov - 23:21
Heureux, les impotents, qui regardent le monde tournerEvent Ministère


Le ministère s’emplit de clameurs incessantes. On crie, on vitupère, on s’engueule. Parfois même au sein d’une même famille. Le ton monte et les esprits s’échauffent. Les brigadiers ne sont plus suffisants pour contenir la foule et il a fallu appeler en renfort les réservistes. Depuis l’annonce du Ministre Potter en octobre dernier, l’opinion publique a été partagée sur la question de ces hommes et femmes qui peuvent décider de devenir réservistes bien que les forces de l’ordre ne soient pas leur métier principal ou premier. Il y a de nombreux patriotes dans ces rangs, et aussi quelques nostalgiques de la guerre en manque de sensation fortes. Le paysage de Grande Bretagne a été marqué par deux guerres successives et cette brigade a été imposée par le Ministre afin de tenir en laisse et de canaliser les plus désireux de poursuivre la traque des mangemorts et du mal sans la moindre restriction. Pour le moment, ils ont surtout servi de service d’ordre au Ministère et subissent encore régulièrement des cours à l’académie des forces de l’ordre avec des enseignants recrutés pour l’occasion. Personne, encore, n’a eu vraiment l’occasion de se plaindre de leurs agissements.
Alors ils sont là, sous les ordres des chefs de brigade, au côté des brigadiers pour surveiller la foule qui s’agite. Le ton s’échauffe. Les plus virulents ne sont pas toujours les plus jeunes. De nombreuses personnalités de l’Ordre d’Hermès anglo-saxon se sont déplacées pour venir protester sitôt la nouvelle tombée. Et des clameurs montent de la foule.

« C’est un scandale ! »
« Les euthanatoi patrimoine national ? On en parle de leurs rites sanglants ? Il faudrait les dégager du territoire ! »
« La Grande Bretagne est Hermétique ! Ces païens arriérés et ces grenouilles de bénitier n’ont rien à faire dans le patrimoine historique ! »
« Les extatiques sont des corrupteurs de jeunesse ! Vous ne pouvez pas tolérer ça ! »

Chacun y va de son exclamation, de son préjugé, de sa vérité. Les forces de l’ordre tentent de rester impassibles, mais il est difficile de savoir si des arguments font mouche ou s’ils sont tous du côté du Ministère. De nombreux brigadiers et reservistes sont aussi hermétiques, et certains partagent peut-être les réticences de la foule.

« C’est quoi la suite ? Des tueurs tatoués à Poudlard ? »
« On m’a dit qu’il y avait déjà de ces sauvages de Verbena. Certains y enseignent même ! »
« Et je suis sûre qu’il doit y avoir aussi de ces illuminés dévots ! Il faut préserver la pureté de cette institution hermétique ! Il faut que Rogue chasse les non-hermétiques de Poudlard ! »
« Vous imaginez l’influence qu’ils vont avoir sur nos enfants ? Alors bientôt, on aura des nés-moldus tatoués selon les rites de ces… assassins ! »

Il est difficile de savoir ce qui précipite le hall dans le chaos. Une chose est certaine, près de l’une des ouvertures de l’atrium, un réserviste laisse passer – à dessein ? Une erreur ? – quelques hermétiques d’un âge avancé derrière le cordon de sécurité. Aussitôt, la foule s’emballe, les pressions augmentent. Les premières baguettes sont tirées dans la foule. La clameur embrase le Ministère. Ils verront le Ministre. Tous. Ils lui diront ce qu’ils pensent de cette folie. Un réserviste perd son sang froid.

Le premier « stupefix » jaillit et frappe un grand-père particulièrement remonté. Une seconde de silence. Chacun sait qu’il est trop tard pour reculer. Le hall explose en brouhaha et les sortilèges commencent à voler.

Dans la cohue, un enchantement frôle l’épaule de @Damocles Slughorn qui parvient à y échapper, son frère @Léonard Slughorn n’a pas cette chance et est touché par un Petrificus Totalus que sa grand-mère a tôt fait de lever en le fustigeant pour son manque de réactivité. @Erin McAllister, distraite par @Djouqed, est quant à elle touchée par un repulso qui l’envoie valser à quelques mètres de sa position. Elle se sent meurtrie et un peu sonnée mais il n’y a, heureusement, pas de blessure sérieuse. L'ambassadeur, lui, évite d'un pas vif un Stupéfix valsant dans sa direction, Ali s'interposant aussitôt pour le protéger de toute autre attaque. Si @Melchior C. Fawley parvient également à éviter d’être pris dans le feu des enchantements, mais @Rhys M. Price n’a malheureusement pas cette chance, et, bien qu’en retrait, un stupefix perdu le touche en frôlant l’épaule de Jacob, hébété à côté de lui… Voilà qu’on s’en prend aux cracmols (si, si, cracmols) maintenant ! Toutefois, il ne sent qu'une petite décharge électrique, grâce à la protection que lui procure son épingle.



Cet event a lieu le jeudi 20 mai 2004, quinze jours après la Pleine Lune, sur le midi. Sont conviés tous les adultes pouvant se déplacer sur Londres.

Comme de coutume dans les events, chaque joueur peut répondre sans tour de jeu particulier. Les MJ peuvent intervenir à certains moments de l’intrigue. En cas d’action susceptible de bouleverser le cours de l’intrigue (attaque, défense, action de grande envergure, tentative de fuite, poursuite), merci de recouvrir aux services des MJ via le sujet des demandes.

Les effets de la cohue sur les personnages en jeu ont été décidés par lancers de dés, que les victimes ne pardonnent pas les MJ :toto: (mais on vous aime quand même, même si vous n'avez pas de chance aux dés) ; des personnes peuvent décider de rejoindre l'event, ils ont alors le choix entre faire une requête MJ pour que les MJ décident s'ils ont été ou non pris dans la cohue, ou décider eux-même comme des grands !

Ernest C. Fawley

Ernest C. Fawley
Super vilain
hiboux : 41
Mer 18 Nov - 3:03
La foule se soulevait, comme une immense marée humaine, balayée par un vent de sourde colère. C’était une masse informe, chaotique, balayée de courants contraires, de lames traîtresses. Des spasmes monstrueux agitaient l’agglomérat, qui se tordait, s’enroulait sur lui-même, se disloquait, se regroupait avant de se porter d’un même élan vers l’avant, vers les bureaux du Ministère, vers la ligne froide et fermée des brigadiers – sans jamais oser la rompre.

« Défendez-notre tradition ! »

Quelques-uns, une minorité, tentaient de s’extraire de l’étreinte de la masse. Ils se débattaient, surnageaient, bravaient les courants contraires, en vain. La foule, toujours plus nombreux, les étouffait, les submergeait, les entraînait en son sein, monstre insatiable que parcourrait le frémissement lourd de protestations, de cris, de slogans, de ces hurlements d’une haine bestiale, d’une indignation animale.

Les plus excités tentaient d’imprimer leur mouvement propre au plus grand nombre, tentaient d’orienter la furie de la foule, de la diriger, de la dominer, et on les entendait distinctement, et on les apercevait, vitupérant, leurs bras s’agitant au-dessus de l’écume noire des chapeaux des sorciers. Mais la foule toute puissante les étouffer eux-aussi, les submergeait sous le nombre, et l’on pouvait croire qu’ils se débattaient, eux-aussi, qu’ils luttaient pour ne pas perdre pied, au milieu de la furie des braves gens déchaînés.

« Potter, rends ta baguette ! »

La foule avait sa propre raison, la foule avait sa propre volonté, indépendante de tous meneurs, toute puissante, anarchique, irraisonnée, absurde, absolue. C’était elle qui décidait où iraient se jeter tous ces corps perdus, elle qui décidait de garder ses forces, ou bien de se déchaîner librement, dans ce tumulte qui toujours montait plus haut, comme une nuée noire d’oiseaux de malheur, et les mots se faisaient plus lourds, plus tranchants, plus acérés au-dessus des têtes, une nuée qui enflait et n’appelait qu’à délivrer toute cette fureur accumulée dans les esprits chauffés à blanc.

Il n’y avait que les premiers rangs à se détacher du nombre, écume de foule, embruns égarés en avant de la vague, tantôt timides, tantôt audacieux, mais toujours isolés, perdus quelques pas trop loin du reste, quelques pas trop proches de la ligne violette des brigadiers, et ceux-là, pour quelques instants encore, restaient des individus. Ils pouvaient crier, ils pouvaient hurler, irisés de colère, ils restaient seuls, face aux mines patibulaires qui leurs faisaient face, et ils savent que si la foule les rattrapait, si les digues cédaient, ils seraient en première ligne, face aux baguettes tirées.

« Pas d’égalité pour les meurtriers ! »

La masse, derrière eux, enflait toujours, leur léchait les talons, ivre de révolte, mais elle ne les dépassait pas, pas encore, pas maintenant, et c’était cela, c’était ce fragile équilibre qui faisait que la foule restait contenue, comme un félin carnassier qui se replie sur lui-même, ne sachant s’il allait bondir, mais les poils hérissés, et ce grondement, toujours ce grondement, les cris, les insultes, les provocations.

Ernest flottait dans ce tumulte.

Il exultait.

Le journaliste était dans son élément. Il nageait au cœur de la foule, perdu au milieu des anonymes saouls de révolte. Il jubilait face aux jurons, face aux slogans, face à cette colère qui explosait, inattendue, furibarde, terrible.

Autour de lui, des dizaines, des centaines de visages, des visages écarlates, saisis par l’ivresse collective, par la rage qui montait, ces visages autrefois si pacifiques, mornes, affables, qui s’illuminaient d’une énergie nouvelle, rougeoyante, vibrante, toute puissante. Il les voyait se déformer, les mâchoires étirées pour cracher leur haine, pour cracher le fiel de leur blessure.

« Démission ! Démission ! »

Ils étaient les vrais sorciers, ils étaient les bons sorciers, ils étaient tout le monde, ils étaient n’importe qui, ils n’étaient personne, ils n’avaient que leurs petites vies ordinaires, misérables, banales, simples.

Et Potter, sans préavis, leur retirait leur unique fierté, leur unique valeur, ce qui faisait leur qualité : leur statut de sorcier, leur statut de manieurs de baguettes, héritiers d’une longue tradition, héritiers d’une longue histoire. Quoi ? Il leur faudrait se mêler à tous les dégénérés ? Accepter qu’ils ne valaient pas mieux que des meurtriers ? Que des illuminés ?

« Les truands à Azkaban, les hybrides dans les Hébrides ! »

Ernest se faufilaient entre les rangs, entre les poings dressés, des poings nus, encore : aucune baguette n’avait été sortie, malgré la provocation du ministre, comme une règle muette, comme une dernière concession au cœur de la révolte pour que ne jaillisse pas la première étincelle sanglante.

Les corps se collaient les uns aux autres, se précipitaient vers l’avant pour aussitôt refluer, masse étouffante, masse anonyme où se détachait, çà et là, la robe pourpre d’un membre du magenmagot, la longue traînée noire de quelque patriarche entouré des siens, hautain, îlot de tranquillité fixe au milieu de la foule déchaînée. Il y avait aussi cette plume qui elle aussi tentait de surnager, tentait de se dégager, pour faire sa place. @Pandora P. Parkinson, encore. Forcément. Mais il ne lui accorda pas plus d’importance.

« Pas de baguette sans sorcier, pas de sorcier sans baguette ! »

Il lui fallait jouer des coudes pour se frayer un passage, il fallait batailler pour remonter à contre-courant, avec le risque de se laisser emporter par les mouvements de masse, ou de trébucher, d’être englouti par le nombre, renversé, bousculé.

A peine quelques minutes, et Ernest était déjà écarlate, essoufflé, rompu par cet effort. Il tentait, de biais, de toujours plus se rapprocher de la ligne de front, de la ligne de crête de cette furie encore contenu, être au plus près, toujours plus près de l’événement, de l’actualité, du déchaînement des faits qui se déroulaient sous ses yeux. De biais, une main plaquée sur son chapeau pour ne pas le perdre au cœur de la foule, il fendait les groupes, bousculait les corps encore immobiles, traçait sa route, plus près, encore plus près.

Il enregistrait tout, le bruit, les odeurs, les cris, les mouvements, les visages, haletant, souriant, souriant éperdument à ceux qui l’entouraient.

« Vendus ! »

Ils étaient là ces sorciers, ils étaient là ceux qui tenaient à leur sang, à leur rang, à leurs traditions, aux valeurs passées ! Ils étaient là, et ils n’étaient plus passifs, ils n’étaient plus inertes, comme réveillés d’un long sommeil, électrisés, révoltés, enfin, révoltés contre la décadence promue inlassablement par les laquais des moldus et hybrides.

Le journaliste était arrivé presque en retard, prévenu au dernier moment du rassemblement qui se constituait au sein même du ministère. Il n’avait fallu que quelques mots dans la rédaction. Les hiboux arrivaient en trombe, les uns après les autres. A la prudence passée des chefs avait succédé l’urgence de l’actualité. Il avait tout plaqué, les rendez-vous, les sujets à rédiger, les notes laissées en vrac sur son bureau.

Tu y vas.

Un hochement de tête. Le temps d’attraper un carnet. Son manteau. Son chapeau. On t’enverra un photographe.

Oui, oui. Pas de souci.

Il fonçait déjà sans écouter. La cheminée la plus proche. Avant que le Ministère ne soit bouclé. La détonation sourde, les flammes vertes qui l’enlaçaient, il se ruait déjà, sans son badge de journaliste – il se doutait que la Gazette ne serait pas la bienvenue au milieu du rassemblement. Mais peu lui importait. Il souriait, il riait presque, heureux, heureux de ce déchaînement de fureur, et lui aussi, extatique, sentait cette folie l’envahir, alors que les slogans se faisaient toujours plus agressifs.

« Traîtres à votre sang ! »

Il bataillait, bousculait les corps sur son passage. Des milliers de seringues d’adrénaline irriguaient ses veines, dopé à l’enthousiasme, dopé à l’énergie folle de celui qui fonce au cœur de l’actualité, au cœur de l’événement, celui qui ferait les grands titres, celui qui serait de toutes les conversations, de tous les débats. Il notait mentalement les noms, laissait la violence des cris le transporter, le porter plus encore vers l’avant.

Il lui fallait rejoindre les rangs des brigadiers, échanger avec les gradés, prendre la température, les consignes qu’ils avaient, humer les ordres, dénombrer les protestataires. La parole du Ministère. La parole de l’ordre, face à la révolte qui menaçait de l’attraper. Son travail.

Il apercevait les premiers rangs. Les vagues des jurons lancés, les brigadiers qui restent impassibles – en apparence. On devinait du mouvement sur leurs arrières. Mouvements de troupes. Mouvements de réservistes. La situation était sérieuse. Aucune baguette tirée, juste les corps, soudés, menaçants, la répression encore muette, encore immobile.

Une silhouette plus décidée que les autres. Une silhouette chancelante. Que dit-elle ? Il a cru entendre son nom, dans la voix chevrotante de la vieille sorcière qui s’avance au-delà des autres. Un homme le bouscule, il le repousse, arrive encore à faire quelques pas. C’est bon, il peut se défaire de l’étreinte, il peut se défaire de la foule, avancer plus librement.

Le journaliste aperçoit la courbe de la canne, le mouvement de surprise du brigadier qui vient de se faire frapper par la vieille femme. Première étincelle. Premier choc. Une autre baguette du ministère se jette vers la vieille sorcière. Derrière lui, les rangs se referment, se ressoudent, forteresse austère, forteresse loyale.

A quel point ? Ernest savait bien que ceux-là n’étaient après tout que des duellistes, des sorciers fiers de manier la baguette, fiers de se battre, tout juste assez mauvais pour ne pas rejoindre les rangs prestigieux des Aurors. On les rabaissait au même rang que les fanatiques de tous poils, que les déviants autrefois méprisés, sorciers dégénérés vivant en sectes. Alors leur loyauté…

« Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! »

La foule, face à eux, tantôt les insultait, tantôt appelait à la rejoindre, prête à les engloutir pour marcher plus loin, pour marcher sur le ministère, entrer dans les bureaux, aller chercher le Ministre, aller chercher Potter – et lui demander des comptes.

@Damoclès Slughorn. Ernest sourit plus encore. Il avait reconnu le brigadier qui s’était jeté au-devant de l’étincelle pour l’éteindre. Il le voyait juste au-dessus d’une haie d’épaules, tenter de parlementer avec la vieille matriarche indignée.

Un autre homme. Son grand-oncle. @Melchior C. Fawley.

La scène avait quelque chose de surréaliste. Ces vénérables sorciers qui se faisaient face, opposés en tous points, et qui échangeaient le plus naturellement du monde, aux côtés du jeune brigadier, s’écartant insensiblement de la foule qui toujours criait sa colère, criait sa révolte.

« Notre monde, notre magie ! »

Le journaliste fit un pas en avant, dépassa le premier rang, tenta un pas de côté pour se dégager plus complètement. La foule, maintenant, était presque en contact avec la ligne de brigadiers, qui tenaient leur rang, pour le moment, encore. Combien étaient là ? Il avait du mal, encore, à l’estimer ; il n’arrivait pas à discerner les contours de la foule qui encore grossissait dans le vaste hall du ministère. Où étaient les organisateurs ? Qui, seulement, était à l’origine du coup de force ? Il apercevait quelques grandes gueules, aucun meneur.

Il sourit, une fois de plus. La foule était magnifique dans sa colère. Il ne lui manquait pas grand-chose pour qu’elle n’emporte tout, pour qu’elle brise de qui se tenait face à elle, pour qu’elle renverse l’ordre décadent pour rétablir ce qui était juste, pour rétablir l’ordre normal, l’ordre naturel.

Des cris plus vifs.

La ligne des brigadiers avait été débordée.

Le geste ample des baguettes que l’on sort en toute hâte. Les premiers coups. Les premiers heurts. Le bruit sourd de la chair qui rencontre la chair. Les mouvements qui se précipitent. Les pas qui claquent sur le marbre noir. Les slogans qui s’interrompent. Un souffle suspendu.

Ernest voulu se saisir de son badge de journaliste à la Gazette. Dans la hâte, il l’avait laissé à son bureau. Sur une liasse de documents.

Tout se précipitait.

Il saisit sa baguette. A son tour.

Les premiers rangs étaient pris d’un double mouvement. Les plus audacieux s’élançaient en avant. D’autres fuyaient vers l’arrière.

Ceux-là voyaient ce qui se passaient, ceux-là comprenaient.

Mais la masse, aveugle, marchait toujours vers l’avant, enivrée de colère.

Et tout éclata.

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Mer 18 Nov - 16:53


Heureux les impotents qui regardent le monde tourner

Event

20 mai 2004



La situation va dégénérer. Tu le sens. Tu le sais. L'altercation qui oppose Grint à la vieille bique n'a rien d'un fait isolé. Partout, le long de votre ligne, se multiplient les incidents, les menaces et les insultes. À quelques mètres de là, tu peux voir Monroe aux prises avec un homme furieux, de toute évidence à deux doigts d'user de violence. Et là-bas, le si calme et si doux Abbott, les joues enflammées face aux insultes de cette femme qui l'apostrophe avec virulence. Mais vous tenez bon, tous autant que vous êtes. Mince barrière humaine face à la colère démesurée qui enfle et qui gronde. Vous tenez bon pour ne pas abandonner vos collègues, conscient que la moindre percée de la foule pourrait bien être le point de rupture que vous redoutez tous. Vous tenez bon en priant Merlin et tous les Fondateurs pour que la fureur de la Communauté magique s'essouffle avant votre patience et vos forces.
Du coin de l'œil, tu aperçois le maître archiviste du Ministère, Lord @Melchior C. Fawley et tu as comme l'espoir que sa présence puisse apaiser les esprits. N'est-il pas un homme admiré, respecté, connu pour sa tempérance ? Certaines rumeurs lui prêtent même certaines accointances avec les Chœurs Célestes, alors assurément il n'est venu ajouter à l'esclandre… Tu veux le croire, du moins. Et tes vœux semblent exaucés, alors qu'il tente de calmer la furie – il faudra que tu te souviennes de demander à @Damocles Slughorn ses liens exacts avec la concernée !

Derrière vous se font entendre de nouvelles voix, les échos de renforts en approche. La Réserve. Sans oser tourner la tête pour les voir arriver, tu sens leur présence en soutien. De celui qui se plante dans ton dos, tu ne devines que la haute silhouette et tu te surprends soudain à espérer qu'ils sauront tenir leurs positions. Après tout, il s'agit de leur premier appel et malgré toutes les formations endurées au cours des mois écoulés, tu ignores s'ils auront la force d'esprit de rester cois face à cette scène de cauchemar qui n'en finit plus d'empirer.
Déjà tes pensées s'enfuient, tandis que ton regard glisse sur l'homme de haute taille qui te salue courtoisement. @Djouqed, l'ambassadeur égyptien. Douce Helga, il ne manquait plus que cela. Réprimant un soupir, tu secoue la tête en signe de refus. « Je suis vraiment navrée, monsieur l'ambassadeur. Ce ne va pas être possible. Nos ordres sont stricts, personne ne doit pass… » Un mouvement en périphérie de ton champ de vision interrompt toutes tes tentatives de refus. À quelques mètres sur ta droite, une demi-douzaine de personnes âgées sont admises à l'intérieur de votre périmètre et tu n'as que le temps d'élever la voix pour tenter de réprimander le Réserviste qui les escorte « Hey, vous ! Raccompagnez ces gens de l'autre côté du cordon de… »

Stupéfix!

L'écho du sortilège s'envole et ricoche sur les arcades, sur les murs polis mettant fin à tous les cris, toutes les récriminations. Sous tes yeux horrifiés, un homme d'âge avancé s'effondre, son corps heurtant le sol dans un bruit sourd qui se répercute le temps d'une seconde. Une seconde. Avant que tout n'explose.

De toutes parts, les baguettes surgissent, les étincelles et les sortilèges fusent. Par réflexe pur, ta main glisse au fond de ta poche pour empoigner la fine branche de saule. Tu hésites, pourtant. Tu tergiverses, incapable de te résoudre à faire feu sur tes concitoyens. Et il y l'ambassadeur devant toi. Damocles sur ta gauche, qui n'esquive un jet lumineux que de justesse. Et…
Plus rien. Le noir. Le silence. Quelques secondes durant, tes sens se mettent en grève. Suspendus comme ton corps dans les airs. Et la douleur, enfin, tandis que ton dos heurte violemment la fontaine du grand Hall. Le rebord de la margelle te heurte à hauteur de nuque et tu pousses un cri de douleur, inaudible dans le chaos indescriptible qui t'entoure. L'un après l'autre, les sensations affleurent, t'inondent. Les éclats de magie comme autant de feux d'artifice qui s'entrecroisent devant tes yeux vitreux. Le brouhaha qui te bourdonne aux oreilles. L'étrange tiédeur du parquet de bois sombre sous tes doigts. Et ce goût léger de sang sur ta langue. Avec précautions, tu te relèves, les jambes flageolantes, pour observer la foule, désormais libre de vos entraves, se ruer dans l'Atrium. Oh, s'ils venaient à se répandre dans les étages… Les dangers du Département des Mystères, les secrets contenus aux Archives, les dossiers sensibles des mages noirs encore présents dans les couloirs de la Justice Magique. Ou encore arriver à la porte de Potter… Merlin, non. Tu ne peux pas laisser faire ça.
Incertaine sur tes jambes meurtries, le corps moulu des pieds à la tête, tu t'élances pourtant tant bien que mal en direction du bureau d'accueil. Contrairement à l'accoutumée, aucun sourire n'est présent derrière l'acajou verni et ce n'est qu'en le contournant que tu découvres assise au sol, la tête entre les mains, la standardiste de permanence, secouée de tremblements tel un Brossdur dans la tempête. Tu ne la connais pas, cette silhouette frêle à l'impeccable chignon blond. Et pour tout dire, tu n'as pas le temps d'entamer la conversation, l'apostrophant sèchement. « Hey vous ! » Elle lève vers toi des yeux apeurés, comme dans l'espoir que ce soit à un autre que tu t'adresses. Aussi tu répètes, sans patience aucune. « Oui, vous ! Vous avez moyen de bloquer les ascenseurs ? » Elle hoche la tête, le regard écarquillé. « Alors faites-le. Ils ne doivent pas descendre dans les étages. Compris ? » Compris, peut-être. Mais elle n'esquisse pas un geste et tu sens le peu de patience qui te reste disparaître de tes veines, chassé par l'urgence de la situation. Aussi ta voix tonne, dans un aboiement si différent de ta douceur habituelle. « AN-DRÀSTA, AIRSON ADHBHAR MERLIN! » Qu'importe qu'elle ne comprenne pas le gaélique, ton hurlement semble lui faire l'effet d'un Enervatum et elle se lève mécaniquement, cherchant maladroitement sa baguette pour commencer l'incantation qui interdira tout accès aux profondeurs du Ministère.
Déjà tu te détournes pour faire face à ceux qui pourraient courir vers vous. À ton poignet, les runes du bracelet protecteur pulsent furieusement contre tes veines, mais tu les ignores pour seulement te concentrer sur ce charme du Bouclier considérable que tu essayes de lancer, englobant aussi bien l'entrée des ascenseurs que le bureau d'accueil.
« PROTEGO! »



An-dràsta, airson adhbhar Merlin! : Maintenant, pour l'amour de Merlin !

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