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J'voudrais voir le monde à l'envers [Lemony]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Mar 28 Avr - 10:24
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


17 février 2004

Le visage de Lemony est passé par une telle palette de d'expressions que tu en es presque ravie d'avoir cédé à ses yeux suppliants. D'une stupéfaction indicible à ce regard d'intense curiosité qui n'est pas sans te rappeler le chat du dessin animé que vous avez regardé le mois dernier avec Adele. Pour un peu, tu l'aurais grattouillé entre les oreilles. Et le fait même que cette pensée te traverse l'esprit montre combien il est temps que tu lèves le pied sur l'alcool... Cela dit, ce serait plut comique... S'il était vraiment ce chat, vos pelages s'accorderaient à merveille ! Et cela tomberait à merveille. Ne vient-il pas de dire que tu était sans aucun doute très jolie en fourrure ? Très jolie, les joues plus roses encore, tu en pouffes de rire. Oh par Merlin, viens-tu réellement de pouffer de rire ? Il va vraiment falloir ralentir, remplir cet estomac trop vide, ramener quelques nutriments dans ton corps à jeun, qui ne soient pas de type whisky de vingt ans d'âge.
Aussi la proposition de Lemony tombe à point nommé et tu hoches la tête avec enthousiasme. Tu n'es pas une grande connaisseuse en matière de sushis, mais à ce stade, le peu de conscience qu'il te reste hurle à la nécessité de manger quelque chose, n'importe quoi. Le temps pour lui de finir son verre. Et de rebondir sur cette anecdote avec une douceur que tu n'as vraiment pas l'intention de mériter. Enfin, tu sais qu'il n'a pas tort. Quelque part, au fond de toi. Qu'être devenue animagus, malgré quelques métamorphoses ratées de temps à autre, c'est un accomplissement dont n'importe quel sorcier serait fier. Tu ne peux t'empêcher de marmonner une précision, pour atténuer cette trop grande admiration que tu lis dans ses yeux et qui te gêne un peu. « Oui, enfin, j'avais déjà commencé à apprendre la théorie avant... » Ce qui ne change pas grand chose à l'exploit réalisé. Mais il faudrait bien plus d'alcool pour que tu piétines le gouffre de ta confiance en toi. Alors il est plus facile de tempérer, de balayer les compliments d'un haussement d'épaules peu concerné. C'est vrai qu'il y en a peu, des aurors aussi jeunes. Mais à l'époque, tout te semblait possible. Nymphadora Tonks avait réussi après tout, et elle n'était que de trois ou quatre ans ton aînée. Bien sûr, elle avait sa métamorphomagie pour l'aider – tu te souviens des soirées dans la Salle commune, quand elle modifiait son apparence à volonté pour vous amuser, provoquant de grands éclats de rire jusqu'à l'arrivée d'un professeur Chourave exténuée de vos bêtises, qui vous renvoyait toutes et tous dans vos dortoirs respectifs. Et tu te souviens avoir songé, en l'écoutant les yeux écarquillés, raconter des histoires de traques interminables à pourfendre les adeptes de la magie noire, qu'auror semblait être une belle carrière... Outre le fait qu'un tel choix mettrait probablement tes parents en rage. Une idée qui t'a poursuivie longtemps après qu'elle ait quitté l'école. Aujourd'hui, Tonks est morte, tu n'es pas auror et tu sens revenir une amertume sur laquelle tu n'as pas envie de t’appesantir.

Heureusement, Lemony a fini son verre, réitérant sa proposition de sushis dans une flopée de questions inaudibles. Tu fixes sur lui de grands yeux écarquillés avant d'éclater de rire. « C'est parti pour les sushis ! Et pour les questions, mais il va falloir reprendre un peu plus lentement. » Tu étires légèrement tes épaules avant de glisser plus ou moins maladroitement hors de ta chaise. En dépit d'un premier vertige léger, ton pas est étonnamment assuré quand tu rejoins le comptoir pour y déposer quelques billets. À force de vivre dans un quartier moldu, tu as pris l'habitude d'avoir toujours sur toi un peu de leur monnaie et tu es assez fière de pouvoir dire que tu es désormais presque aussi à l'aise avec les livres sterling qu'avec les noises et les mornilles. Rattachant ta cape d'hiver doublée autour de ton cou, tu te tournes vers ton ami, ta main sur son épaule l'éloignant de la caisse. « Tu offres les sushis, moi les whiskys. » Ta voix n'admet aucune protestation, et puisque tu as déjà procédé, il n'a d'autre choix que de se laisser entraîner vers la sortie.

L'air frais te fait du bien, ramenant un peu de vivacité, de clarté à ton esprit embrumé. La brise est revigorante, humide et le cendrier gorgée d'eau atteste des averses qui tombent par intermittence depuis le début de la soirée. Tu ne tardes pas à resserrer les pans de ta cape. « Je te suis. » Ton bras s'est instinctivement refermé sur le sien pour déjouer les pièges du sol glissant – Merlin, l'alcool t'a vraiment désinhibée pour ne pas freiner ce geste trop familier, trop tactile, si loin de tes distances habituelles. Vos pas résonnent à peine sur le bitume mouillé et tu songes une seconde que tu préfères de loin l'arpenter dans tes bottes fourrées que sur tes coussinets... Ce qui te renvoie aux innombrables questions que ton récit a suscité. « Tu voulais savoir en quel animal je me transforme, du coup ? Je suis désolée, je crois que c'est la seule que j'ai retenue... » Un petit sourire d'excuse, tu es encore trop diplomate pour avouer que c'est surtout la seule que tu as entendue. Tu prends une grande inspiration, entamant sur un ton un peu trop théâtral : « Ma transformation... » avant de t'interrompre subitement pour tourner la tête vers lui, les yeux rivés aux siens. « Non, c'est plus drôle si tu devines. » En plus de te rendre tactile, l'alcool te rend joueuse et maintenant que l'idée est lancée, tu es bien trop curieuse de voir s'il parviendra à pressentir ta forme animale.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
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Jeu 30 Avr - 0:58

J'voudrais voir le monde à l'envers
Elle a pouffé, et n’a pas eu l’air particulièrement scandalisé par la phrase qui m’a échappé. Je crois que ça me réchauffe un peu le cœur, et je ne peux pas m’empêcher de me dire que ce n’est pas la première fois ce soir qu’elle réagit bien alors qu’à sa place j’aurai sans doute été plus dur.  « Oui, enfin, j'avais déjà commencé à apprendre la théorie avant... » Sans l’alcool et le malaise, je pense que je la gronderais pour ça. Ça ne change rien, que diable ! Je n’ai jamais été très doué en métamorphose, j’ai arrêté après un très décevant acceptable aux buses – alors je ne suis certainement pas la personne la mieux placée pour apprécier l’exploit. Cependant, les animagi sont rares, et cela en soit est une raison de penser qu’ils sont tout à fait exceptionnels… Et qu’elle est vraiment exceptionnelle. Heureusement, je suis déjà en train de la noyer sous mes questions, et les mots ne m’échappent pas encore. Elle a les yeux grands ouverts et elle rit – hmmm, j’aurais sans doute du reprendre mon souffle. « C'est parti pour les sushis ! Et pour les questions, mais il va falloir reprendre un peu plus lentement. » Je passe une main dans mes cheveux et grommelle des excuses – il va falloir que j’organise mieux ma pensée et prenne plus le temps pour parler. Avoir quelque chose de solide dans l’estomac devrait aider. Je me relève, et le sol se met à tanguer dangereusement. Je cligne des yeux, tentant de reprendre le dessus sans trop laisser voir mon malaise. Je prends quelques grandes inspirations. Bien. Ça va aller. J’enfile mon manteau, saisit mon sac et fixe la caisse – si je ne perds pas mon but des yeux, je devrais marcher droit. Cependant, je n’ai fait qu’un pas qu’elle a déjà posé sa main sur mon épaule. « Tu offres les sushis, moi les whiskys. » Le ton qu’elle emploie ne laisse pas la place à la négociation, et je me laisse entraîner en souriant. L’air frais de la soirée me brûle les yeux et les narines, et il me semble que mes esprits me reviennent peu à peu – cependant, en croisant mon reflet dans la vitre, je me trouve bien pâle et mal coiffé. Je manque de peu de mettre le pied dans une flaque qui semble m’avoir tendu un piège à la sortie, et je jette un coup d’œil alentour. Bien, maintenant, retrouver ce bar à sushis, en espérant qu’il n’ait pas fermé. J’acquiesce quand elle annonce me suivre, fouillant ma mémoire, bien vite ramené à la réalité et parcouru d’un frisson quand je sens qu’elle me saisit le bras. Je me tourne vers elle avec un sourire niais, et il faut que je lutte contre moi-même pour reporter mon attention sur la rue devant moi. Lemony, Lemony, Lemony. Recentre-toi.

Ça me revient. Le frère d’Emma habitait à deux rues, il me semble, et nous venions ici régulièrement. Il y a un indien par là bas, vraiment délicieux, et un bar pour danser à trois rues d’ici. La musique y était sympathique, et on en a passé des soirées à se déchaîner ensemble, et à rentrer en titubant dans l’appartement du frère dont elle avait les clefs parce que nous n’étions pas en état d’aller jusque chez nous. Il me semble qu’un jour, il m’avait accusé de débaucher sa sœur, ce qui avait fait rire la rouquine pendant une vingtaine de minutes au moins. Les souvenirs me reviennent, et avec, la mélancolie. J’ai l’alcool triste ce soir, quand je me laisse aller. Fort heureusement, ma compagne du soir me ramène au moment présent.  « Tu voulais savoir en quel animal je me transforme, du coup ? Je suis désolée, je crois que c'est la seule que j'ai retenue... » Il faut dire que j’en avais – j’en ai – beaucoup. Je ne sais pas s’il faut que je les pose toutes maintenant, ou peut être que je prenne plus de temps, et si certaines ne peuvent pas même attendre un jour nouveau et moins alcoolisé. « Ma transformation... » Son ton est théâtrale, et je rive mes yeux sur elle, à nouveau suspendu à ses lèvres. « Non, c'est plus drôle si tu devines. » Je m’arrête de marcher, incapable de toute façon de vérifier où je mets les pieds après ses mots. Je la fixe, outré. « Non mais tu peux pas me faire ça ! » Mais elle n’a pas l’air de vouloir changer d’avis, et mon regard suppliant ne lui délie pas la langue. J’inspire, et toujours immobile sur le trottoir, je lui offre une moue déçue, avant de me remettre en route pour réfléchir (je meurs d’envie de toucher mes lunettes, mais je n’ai pas envie de lui reprendre mon bras). « Bon… Alors. Tu as dit que tu te rapetissais et que tu étais recouverte d’une fourrure rousse… Alors euh… Mais, je ne sais toujours pas si c’est toi qui a choisi ou si ça c’est imposé à toi ! » Ma voix est plaintive, c’est que ça ferait une sacrée différence ! Bon, qu’est-ce qui est petit et a une fourrure rousse ? « Voyons voir… Tu pourrais être… Un panda roux ! » Et pourquoi pas l’un des animaux les plus mignons du monde. Quelles sont les autres possibilités. Je chasse l’idée du renard, elle est trop charmante pour être un renard. « Un chat, comme Minerva ? Ou non, mieux, une hermine ? Joueuse, jolie, discrète… Ça pourrait être toi ! Ou alors... » Je crois que je ne me suis même pas rendu compte que je pensais à voix haute, trop absorbé dans le jeu. Mais le restaurant est déjà devant nous. Je lui désigne la carte affichée en extérieure. « J’ai trouvé ? Tu vois quelque chose qui te tente sur la carte ? Attends, je continue à réfléchir… Sinon, est-ce que la fourrure était rousse parce que tu es rousse, ou est-ce qu’elle l’était parce que celle de l’animal en question l’est aussi ? » Question très importante, et qui peut tout changer. « Et aussi, tu as choisi l’animal, ou ça c’est imposé du coup ? Je veux dire, c’est lié à ton caractère comme un patronus, ou c’est toi qui a décidé "je serai ça!" ? » En quoi je choisirai de me transformer si je le pouvais ? En  oiseau je crois – non, j’étais trop mal à l’aise sur un balai, le vol n’est pas fait pour moi. En chat, pour pouvoir dormir près du feu et recevoir de l’affection ! Ou non, en souris, animal très intelligent et sous estimé ! Bah, je ne sais pas. Et ça ne m’avance pas sur ce qu’elle est elle. « Peut-être un écureuil, ou non une martre ?!  » Ma main est posée sur le bras qu’elle a glissé sous le mien, et je dois admettre que le jeu m’amuse plus que je ne le voudrais.

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Jeu 30 Avr - 19:41
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


17 février 2004

Les mille gouttelettes d'une averse subite ont constellé le trottoir d'une constellation brillante reflétant toutes les lumières de la ville. Éclat des lampadaires, néons fluorescents des restaurants et phares de voitures s'y mirent dans un enchantement qui pose un sourire ravi sur tes lèvres. Tu aimes tant ces instants de calme après le déluge, quand l'air se fait lourd, chargé de cette humidité odorante. Bien sûr, tu le préfères sur tes landes écossaises, chargé des effluves d'iode et d'herbe coupée, mais à défaut, comme la pluie fait du bien à Londres la grise. Mais sous ce doux nettoyage, le sol s'est fait glissant, piège périlleux pour les étourdis surpris par une flaque intempestive... et les maladroites alcoolisées, au pas un peu tremblant. Aussi tu t'y engages prudemment, rassurée de n'être pas livrée à ton seul sens de l'équilibre après deux whiskys et une pinte à jeun.

Malgré sa mine faussement outragée, il semble se prendre en jeu sitôt remis en marche. Dans sa voix pensive, tu entends toute la concentration que tu ne peux lire sur ses traits – trop occupée à regarder où tu mets les pieds. Tes yeux, pourtant, montent jusqu'à lui attentifs à cette proposition sitôt envolée mais qui résonne étrangement à tes oreilles. Joueuse, jolie, discrète. Jolie ? Merlin, faut-il que tu aies trop bu pour être ainsi émue d'un mot sans importance. Pourtant, tes pensées s'emmêlent, tes jambes avec et tu manques de trébucher. Heureusement, le bras de Lemony est là pour te retenir, solide et chevaleresque.
Helga soit bénie, ta bévue concorde à merveille avec l'arrivée devant le restaurant dont la carte fournit une excellente distraction à ton trouble. Ses questions fusent toujours, sans que tu parviennes à définir si elles sont rhétoriques ou non. Dans le doute, tu n'interromps pas le fil de sa réflexion, t'attachant plutôt à déchiffrer tous ces intitulés de plats étrangers dont les sonorités méconnues ne t'évoquent rien de particulier. Et le coup d’œil jeté à travers la vitrine illuminée ne te renseigne pas davantage. Pourtant, tu connais l'endroit, pour être régulièrement passée devant – tu aperçois à quelques façades d'ici le restaurant indien qui vous sert de cantine la moitié du temps – mais tu n'as aucun souvenir d'en avoir déjà goûté la cuisine... Quoiqu'au vu de ton taux l'alcoolémie avancé à une heure aussi tendre, sans doute n'auras-tu guère plus de réminiscences demain. Il n'est toutefois pas si fréquent que tu t'abandonnes à l'alcool, alors tu restes catégorique : tu n'as jamais mis les pieds ici. Mais après tout, pourquoi pas ?

Tu dissimules un sourire quand enfin, l'écureuil s'ajoute à la liste de ses propositions, te tournes vers lui dans un haussement d'épaules. « À vrai dire... Je n'y connais pas grand chose ! Mais ce n'est pas grave, tu me feras découvrir ! » Qu'importe qu'il choisisse pour toi, pourvu que tu manges. Tu pousses doucement la porte de l'endroit, réveillant le carillon qui tinte dans le brouhaha des dîneurs attablés. La chaleur te saute aux joues, avivant le rouge déposé par la brise et tu inspires profondément toutes ces odeurs inconnues de légumes sautés, de sauce soja, de riz et de saké.
La main de Lemony s'est refermée sur la tienne sans que tu y prennes garde, chaude sur tes doigts gelés – quelle idée d'oublier tes gants ! – et tu frémis un peu. Est-ce du courage qu'il te faut, pour lever à nouveau les yeux vers lui ? Tes prunelles vertes croisant le bleu des siennes et tu hoches la tête. « Tu as trouvé, oui. » Dans ton trouble, tu omets de préciser quelle forme, revenant sur l'une de ses interrogations. « Ça s'est imposé. Je n'avais pas la moindre idée de ce que ce serait avant que les premiers essais ne nous donnent des indices. D'ailleurs... » L'arrivée de la serveuse, pour s’enquérir de votre nombre, interrompt le fil de tes explications. Elle repart aussitôt, vous indiquant dans un geste de lui emboîter le pas. À regret, tu abandonnes le bras de Lemony, la tiédeur de sa main pour glisser à sa suite entre les tables, jusqu'à celle qu'elle vous désigne, rectangle de bois sombre entre deux confortables banquettes enfoncées dans leur alcôve. Tu t'y installes en frissonnant, soufflant sur tes doigts gourds pour les réchauffer. La jeune femme revient vers vous, cartes sous le bras, deux minuscules verres contenant un liquide rose et ce n'est qu'après son départ que tu reprends. « J'ai oublié ce que l'on disait... » Tu te remémores la conversation, accordant tes pensées aux dernières phrases échangées. « Ah oui ! Les patronus. J'allais dire que mon patronus était le même que ma forme d'animagus. Je ne sais pas si tu l'as déjà vu ? » Ce sortilège est indéniablement l'un de ceux qui te donne – aujourd'hui encore – le plus de fil à retordre. Consciente de son importance pour le concours d'auror, tu t'étais entraînée des heures durant sur la fin de scolarité, mais était-ce avant ou après que Lemony ait quitté l'école ? A-t-il eu l'occasion de voir cet écureuil fugace gambader en volutes autour de toi ?

Tu feuillettes la carte, tournant les lourdes pages plastifiées, guère plus avancée que devant le panneau qui faisait la devanture. Pensivement, tes doigts pianotent sur le verre qu'on vous a apportés, dans l'attente d'un éclaircissement miraculeux. Faute de quoi, tu regardes Lemony, la mine désemparée. « Je crois que je vais avoir besoin de tes lumières... » Tu désignes de l'index les plateaux de sushis, sashimis et autres propositions numérotées dont tu ne comprends pas le fonctionnement. Leurs subtilités sont loin d'être évidentes à tes yeux néophytes et la faim te tenaillant, tu préfères t'en remettre entièrement à ses conseils et ses choix.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
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Jeu 30 Avr - 22:23

J'voudrais voir le monde à l'envers
« À vrai dire... Je n'y connais pas grand chose ! Mais ce n'est pas grave, tu me feras découvrir ! »
Il faut que je sois vraiment concentré à essayer de trouver en quel animal elle se transforme pour ne pas relever. Comment ça, elle n’y connaît rien en sushi ?! Toute une culture à refaire, ces sorciers. Nigiri, makis, springs rolls, rouleaux de printemps, tempura, yakitori, soupes miso, salade de chou... Je me souviens avoir presque élu domicile dans un bar à sushi près de mon appartement à Berlin les derniers mois de la rédaction de mon mémoire, me nourrissant quasi exclusivement de poisson et légumes crus et de riz – je ne saurais pas si dire si c’était une mauvaise ou une bonne chose pour mon corps, mais j’étais au moins relativement heureux et je ne faisais plus la vaisselle. Je la suis à l’intérieur, cherchant toujours un animal à poil roux qui pourrait lui convenir, et je crois que je blêmis quand nous entrons en constatant les couleurs que prennent ses joues. Elle lève ses yeux vers moi, et elle confirme que j’ai deviné juste – mais je crois que je suis temporairement trop ému pour relever ma victoire. « Ça s'est imposé. Je n'avais pas la moindre idée de ce que ce serait avant que les premiers essais ne nous donnent des indices. D'ailleurs... » La serveuse arrive, coupant Erin, et nous invite à la suivre. Son bras lâche le mien, et alors que je passe ma main là où était la sienne il y a quelques instants, je me dis qu’elle doit être gelée – je ne l’avais pas particulièrement remarqué jusque là. On nous désigne deux banquettes dans une alcôve, et je crois me souvenir avoir déjà mangé à cette place il y a quelques années. J’ai presque l’impression de me souvenir de la vie de quelqu’un d’autre, que c’était un autre Lemony avec l’un de ses amis qui s’était installé là pour parler de son travail d’aide bibliothécaire à l’Imperial College London et à comment il se préparait à passer une équivalence – et pourquoi une équivalence, tu n’étais pas scolarisé Lemony ? Et le gamin de dix huit ans n’avait rien trouvé d’intelligent à répondre, et avait balbutié avant de ressortir le même mensonge préparé pour tous les moldus. Oui, c’est ça, j’ai bien mangé à cette place, avec quelqu’un à qui j’étais tenu légalement de mentir sur mon identité – et quelqu’un de moins charmant par dessus le marché, il faut bien se le dire. Je m’assois, et je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’on nous apporte déjà les cartes et ce qui semble être des cocktails – pour se réchauffer. Je ne suis pas certain d’être en état d’avaler encore une goutte d’alcool si je ne me remplis pas plus le ventre. « J'ai oublié ce que l'on disait... » Pendant qu’elle réfléchit, je fouille dans mes poches, à la recherche de quelque chose que je me souviens "d’oublier" volontairement dans mes affaires depuis que je m’en suis félicité cette nuit avec Nott à courir après les rebelles dans le château. « Ah oui ! Les patronus. J'allais dire que mon patronus était le même que ma forme d'animagus. Je ne sais pas si tu l'as déjà vu ? » Je fais non de la tête, il ne me semble pas qu’elle l’ait fait apparaître devant moi – parce que je crois que j’aurais vraiment voulu essayé moi aussi, et que je suis presque certain de ne jamais avoir réussi à convoquer un patronus formé. Et puis, je crois que cela m’aurait marqué, la forme de ceux de mes amis. « Je ne crois pas non…? » Je me rends compte maintenant que je n’ai pas crié victoire, et je ferai volontiers un scandale. J’ai deviné, et pourtant je ne suis toujours pas sûr de l’animal ! Je me suis fait avoir… Dans ma poche, je trouve enfin ce que ma main cherchait, et je sors les boutons, triomphant. Le regard qu’elle me lance derrière la carte a l’air désemparé. « Je crois que je vais avoir besoin de tes lumières... » Je ris doucement. « Oui, attends juste… Je peux avoir tes poignets s’il te plaît ? » Je n’attends pas vraiment sa réponse pour en saisir et remonter doucement la manche de son pull gris d’un ou deux pouces. Elle porte un chemisier. Hourra, ce n’aura pas l’air trop étrange. Enfin j’espère. C’est vrai que j’ai agis sans y penser, et maintenant, je me dis que je dois vraiment lui sembler fou. Respire Lemony. Je lui désigne les boutons de manchettes que j’ai sorti de ma poche, et que j’accroche doucement à la manche de son haut. « Pour te réchauffer les mains… Je les ai récupéré en début d’année. Euh… Ils sont isolants, ils protègent des températures, de l’électricité, des coups peut être, je suis pas vraiment sûr. Je les ai portés cet hiver, en tout cas pour le froid c’est utile. » Je prends son autre poignet et accroche le deuxième bouton, et ceci je serre doucement sa main en souriant dans le vide. Elle a l’air d’avoir déjà plus froid, sans que je ne sache si c’est mon contact, les boutons ou la chaleur ambiante. Je rougis et la lâche mains rapidement pour saisir la carte – il faut vraiment que je mange quelque chose, l’alcool ne me réussit pas. Je me racle la gorge. « Alors euh… Voyons voir… Oui. Donc. Bon. Euh… Tu me les rendras un de ces jours. » Ayant un peu repris le dessus pour moi même, j’ose lever les yeux de la carte pour lui adresser un sourire. « Je commande si tu me dis ce en quoi tu te transformes. Tu m’as dit que j’avais deviné, mais tu n’as rien précisé… Si ça continue, je vais finir par contre que tu ne veux pas que je sache, et ce n’est vraiment pas gentil ! » J’attends la réponse, suspendu à ses lèvres, prêt à crier de joie pour la justesse de mes suppositions à retardement.

« Bien, alors. Tu n’as jamais mangé dans un sushi bar ? Bon, on peut prendre un assortiments si tu veux, sauf si tu n’aimes vraiment pas quelque chose. Moi généralement, je prends des makis, des gyozas et une soupe miso, mais on peut prendre un plateau. Là, il y en a un pour deux, avec les soupes en entrées, et après un peu de tout, nigiri, maki, gyozas, et quatre springs rolls. Ça nous fait un peu de tout à picorer, et on ne devrait plus avoir faim après. Ça te dit ? » Je lui adresse un sourire avant de faire signe à la serveuse. Au moment de commande, quand elle nous demande ce qu’il nous faut pour boire, je crie presque « DE L’EAU ! » et la fait sursauter. « Enfin, euh pardon... Sauf si tu veux boire quelque chose bien sûr. » Je me recoiffe et replonge le nez dans la carte pour ne pas avoir à fixer Erin – mais l’employée me la prend des mains en partant. Hmmm. C’était pourtant très pratique quand je me sentais con, il va falloir trouver autre chose. Je m’ébouriffe les cheveux. « Je suppose que tu t’es rendue compte que j’ai trop bu ce soir depuis un moment, mais euh… désolé encore. » Je me sens ridicule. « Et donc euh… Ça fait quoi, de se transformer ? A quoi il faut penser pendant que tu le fais ? Et quand c’est bon, tu penses toujours comme toi, ou tu penses plutôt comme un petit animal ? Et en terme de sensations ? Je… Je t’avoue que c’est peut être l’un des sortilèges qui me pose le plus question... »

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Ven 1 Mai - 2:46
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


17 février 2004

Il est possible que Lemony n'ait jamais eu l'occasion de voir ton écureuil évanescent sautiller de mur en mur, il t'a fallut tellement de temps pour faire apparaître autre chose d'une brume éphémère, tout juste bonne à éclairer les alentours. Cette époque est de toute façon révolue, voudrais-tu lui montrer que tu en serais incapable. Aucun patronus corporel n'a franchi l'extrémité de ta baguette depuis... depuis la mort de Loane. Depuis cette soirée d'horreur où tu crachas toute ta rage au visage de Sebastian, réduisant en lambeaux les dernières bribes de votre affection fraternelle déjà malmenée par tant de difficultés à peine surmontées. Quelques mois durant, une tourterelle légère avait fait son apparition, souvenir de ta petite sœur, balayées par les épreuves et la guerre. Aujourd'hui encore, tu demeures incapable de produire quoi que ce soit de solide, lacune ô combien handicapante pour les transferts à Azkaban, qui t'a encore fait cruellement défaut la semaine passée, tandis que tu accompagnais les membres de Reissen vers leur sentence.

Les yeux dans le vague, perdue à mi-chemin entre ces échos et ce menu incompréhensible, tu ne comprends pas immédiatement la demande de Lemony. Tes poignets ? Mais pour quoi faire ? Preuve d'un restant de confiance que les années n'ont su élimer, tu t'exécutes sagement – ou serait-il plus juste de dire que tu le laisses faire ? – malgré un sourcil froncé en signe d'incompréhension. Délicatement, il remonte tes manches de ton pull en laine, pour venir fixer de petits boutons au bout des manches fluides de ton chemisier. C'est à peine si tu entends ses explications, ne voyant que ses mains, si tièdes sur tes poignets gelés, ses doigts longs et fins manipulant tes mains avec une douceur désarmante qui ajouterait du rouge à tes joues si le changement de température soudain ne s'en était pas déjà chargé. Tu esquisses un refus balbutiant – par Merlin, il ne peut tout de même pas te laisser des ornements aussi précieux ! – mais ta protestation se perd dans les siennes, aussi tu capitules sur un sourire. Malgré ses paumes trop vite ôtées, tu sens effectivement une douce chaleur diffuser à travers ta peau et souffles un « Merci... » un peu ému. Heureusement, il ne te laisse aucun répit pour t’appesantir sur l'élégance de son attention. Seuls tes doigts en témoignent encore, caressant doucement les boutons argentés.

Il est grand temps de commander. Promis, ton chevalier servant d'un soir s'y emploiera... à condition que tu lui révèles enfin ta forme animale. Merlin, c'est que tu aurais presque oublié ! Un rire léger quitte tes lèvres, sur une moue d'excuse. « Pardon, c'est vrai que j'ai oublié de te préciser laquelle de tes réponses était la bonne. C'est bien un écureuil. » Son cri de triomphe se marie à ton rire, attirant sur vous l’œil intrigué de vos voisins les plus proches. Un regard de connivence échangé remplace ces éclats de bonne humeur presque incongrus compte tenu de votre état d'esprit respectif voilà quelques heures encore. Lemony te fait du bien, de toute évidence, et tu es heureuse d'être tombée sur lui ce soir.
Une énumération de plats pour repas, tu hoches la tête à sa proposition. Glaner de ci, de là, en fonction des saveurs que tu découvriras, le programme te convient à merveille. Et de l'eau, pour accompagner le tout. L'envie de t'alcooliser ne t'a pas quittée, mais l'ancien Serdaigle fait sans doute honneur à sa maison en vous restreignant quelque peu. « C'est sans doute plus raisonnable, oui. » Sans autre perspective d'ivresse pour l'instant, tu reportes ton attention sur le cocktail qui vous a été servi, l'approchant de tes narines curieuses pour en sentir le contenu. C'est floral, léger. De la rose, peut-être ? La mine curieuse, tu t'interroges, balayant ses excuses d'un revers de main. « Ne sois pas désolé, tout va bien ! À ton avis, il y a quoi là-dedans ? » Malgré ton envie d'y tremper les lèvres, tu suis l'exemple – bien trop pondéré – de ton ami, reposant la boisson sans y toucher. Quand tu auras mangé quelque chose, ça vaut mieux.

En attendant votre commande, la curiosité revient mener la danse. Tu l'observes se débattre avec ses questions, sans cesser de coiffer et décoiffer ses mèches sombres. Que ressens-tu en te transformant ? Les impressions sont diffuses, si difficiles à exprimer... Tu tentes pourtant de les formuler, prenant quelques secondes pour rassembler tes pensées. « Ce n'est pas évident à décrire. C'est un peu comme... s'étirer. Tu sais, quand tu tires sur chacun de tes muscles, au réveil ou après une séance de sport et que tu les sens, un à un ? Et bien, il y a un peu de ça. Et cette sensation perdure jusqu'à ce que tu aies atteint la forme animale. » Tes sourcils froncés, ta mine plissée attestent du sérieux que tu accordes à ces réponses encore jamais formulées à voix haute, ou pas depuis très longtemps. « Il me suffit de la visualiser, de faire appel à la magie, comme je le ferais avec n'importe quel autre sortilège. Sauf que je n'utilise ni baguette, ni formule. » La carafe d'eau arrive à point nommé pour chasser le début de migraine que tu sens aux aguets. Remplissant vos deux verres, tu le vides à petites gorgées, sans cesser tes explications. « Lorsque je suis sous cette forme, j'ai pleinement conscience de qui je suis. Je ne cesse pas d'être moi, je suis seulement... différente. Mais avec toutes mes émotions, tous mes souvenirs. Ils sont juste moins accessibles, comme derrière une vitre. Parfois, surtout dans les premières secondes, l'animal peut prendre un peu le dessus, mais ça ne dure jamais très longtemps. C'est davantage de l'instinct qu'autre chose. Par contre, les sensations, elles, sont totalement différentes. Elles dépendent complètement de ma forme. Par exemple, je vois uniquement en noir et blanc, quand je suis écureuil. » Ces écarts avaient été délicats à appréhender, dans les premiers temps. À la joie d'avoir réalisé ta première transformation intégrale avait succédé la panique de se retrouver dans un si petit corps, privée de tes repères habituels. Avec le temps, l'entraînement, l'intervalle s'était fait moins criant, tandis que tu apprivoisais cette autre partie de toi. « Je t'aurais bien proposé de te montrer un peu plus tard, mais ce n'est déjà pas évident à jeun, alors alcoolisée... Je préfères ne pas m'y risquer. » Tu hausses les épaules, une moue désolée sur les lèvres.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
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Ven 1 Mai - 21:57

J'voudrais voir le monde à l'envers
« C'est bien un écureuil. »
Mon petit cri de joie fait se retourner les autres clients, elle rit et je crois que je pouffe avec elle. La serveuse arrive pour prendre notre commande avant que je ne me sois plus donné en spectacle. Elle acquiesce quand je demande de l’eau, jugeant cela plus raisonnable. « Mais euh, on peut prendre quelque chose si tu veux. Ou prévoir d’aller prendre un digestif après… Je t’avoue que j’avais déjà quelques martinis au compteur avant de me mettre au whisky au bar, j’y verrai plus clair après mangé… Mais prends toi quelque chose si tu veux... » Elle sent le cocktail et me demande si j’ai une idée de ce qu’il contient. C’est un miracle si je tiens encore debout, mais je n’arrive pas à choisir si je préfère passer pour un rabat joie ou un alcoolique. Dans le doute, j’emmène le verre à mon nez et inspire rapidement. « Hmmmm. J’aurais dit Tokyo Rose, mais ça sentirait plus la pêche… C’est peut être une version revisitée du Thai me up avec du sirop de rose ? » Je repose le verre cependant, je ne goûterai qu’après avoir mangé – rah, pourquoi est-ce que j’ai autant bu aujourd’hui ?

Fort heureusement, il y a toute une foule de questions que j’ai envie de lui poser pour détourner l’attention de tout cela. Qu’est-ce que cela fait, comment elle s’y prend, quelles sont les sensations. Je joins mes mains devant moi et pose mon menton sur mes doigts, extrêmement attentif. La sensation de s’étirer, alors qu’elle devient plus petite… C’est intéressant. J’ai presque envie de sortir un carnet pour prendre des notes, mais je me dis que ce n’est pas vraiment le moment. « Je t'aurais bien proposé de te montrer un peu plus tard, mais ce n'est déjà pas évident à jeun, alors alcoolisée... Je préfères ne pas m'y risquer. » Elle a presque l’air désolée et je trouve ça un peu charmant. « Tu veux dire qu’il va falloir qu’on se revoit pour que tu me fasses une démonstration ? » Je lui adresse un grand sourire, mais j’ai l’impression de sentir comme un creux dans ma poitrine alors que je réfléchis à la perceptive. C’est l’alcool ? C'est l'émotion ? Ça ne devrait pas m'émouvoir autant, si ? Je ne sais pas. Dans le doute, je me sers un grand verre d’eau que je bois rapidement. « Mais tu visualises l’animal comme si tu le voyais de l’extérieur tu veux dire, ou tu te visualises toi-même en animal ? Parce que si c’est le premier, comment tu as fait les premières fois, avant de savoir que tu étais un écureuil ? En fait… Je veux dire, le cerveau d’un écureuil est sensé être tellement différent du notre, je ne suis pas certain de comprendre. Je veux dire… Tu ne devrais pas être capable de conceptualiser une partie de nos idées humaines sous cette forme. Que tu puisses être toi, même… différente, c’est déjà incroyable. L’écureuil ne fait pas partie des espèces qui passe le test du miroir à ma connaissance, il n’a pas vraiment conscience qu’il est en tant que tel… » La serveuse nous apporte les soupes, et je dois dire qu’avoir quelque chose de chaud dans l’estomac et de non alcoolisé a rarement été un si grand plaisir. « Je me demande est-ce qu’il y a quelque chose de magique en toi ou autour de toi qui te permet de rester consciente de ton existence et penser à te retransformer ? » Est-ce que son cerveau est différent de celui d’un vrai écureuil quand elle se transforme ? Enfin, forcément, mais à quel point ? Ça pourrait être passionnant de scanner son cerveau quand elle est transformée et de comparer avec l’activité cérébrale d’un véritable écureuil. En fait, ça pourrait être passionnant de le faire avec ça avec différents types d’animaux et différents animagi… Le conseil de Rogue de me montrer un peu plus pédagogue à l’heure de parler des recherches que je veux mener me revient en mémoire avant que je n’ai ré-ouvert la bouche, et je me garde bien d’évoquer l’idée à voix haute ce soir – tout en priant pour que l’alcool ne me la fasse pas oublier. Il va vraiment falloir que je trouve une façon de me procurer un IRM… Je retire mes lunettes pour les nettoyer, et essaie de me concentrer sur le présent, le jour où l’on retrouve une vieille amie ne me semble pas être le moment idéal pour échafauder un plan qui demandera certainement quelques efforts pour ne pas avoir à enfreindre le Code International du Secret Magique. « Ça te plaît, d’être un écureuil ? Enfin je veux dire, si tu avais pu choisir, tu aurais pris cet animal aussi ? » On nous apporte le reste du repas alors que je le dis, et la serveuse me lance un regard dubitatif, m’ayant visiblement entendu cette fois. Je me contente de lui adresser un sourire un peu stupide, et je me dis qu’avec la gueule que je tire, alcoolisé, décoiffé, tout pâle, elle me prendra juste pour un illuminé. Ou alors elle va nous faire jeter dehors ? Non, Erin relève clairement le niveau – elle a l’air parfaitement normale, et charmante, et adorable et… « Tout va bien Monsieur ? » Ou alors, elle peut aussi me croire malade. « Euh oui oui, merci. » Je perds un peu mon sourire, et décide plutôt de montrer à Erin ce qui nous a été servi tant qu’elle est à porté d’oreilles. « Alors euh, là tu as les makis, là les nigiri, mais qu’on appelle sushi, là les gyozas et… Tu crois qu’elle nous entends encore ? » Je lance un regard à la serveuse qui est occupée à une autre table. « Tu crois qu’elle nous a entendu tout à l’heure, ou j’ai à ce point une sale tête ? Je t’avoue que comme je ne peux pas dire à mes amis moldus que je suis un sorcier, je n’ai pas vraiment l’habitude de parler de magie devant eux... » D’un coup de baguette, je saisis un maki, songeur. Je déteste ce Code je crois, je déteste que mes cousins, mes grands parents, mes amis d’enfance ne puissent pas savoir ce que je fais de ma vie, où j’ai étudié... Sombre, et ayant au moins un maki et une soupe dans l’estomac, je prends le cocktail devant moi et le boit d’une traite. Hum… Tokyo Rose probablement donc. « Et du coup, tu aurais choisi écureuil ? »

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Dim 3 Mai - 22:15
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17 février 2004

L'odeur de la rose chatouille tes narines, titillant ton envie d'y plonger les lèvres. Tu n'y connais pas grand chose, et les suggestions de Lemony te donnent encore davantage envie d'y goûter. Pourtant, tu sais qu'il ne serait rien de moins raisonnable que de boire encore sans manger – bien qu'il soit peu probable qu'un petit cocktail gratuit servi en apéritif puisse t'achever. À l'eau, donc. En attendant d'éventuels digestifs dont la mention t'enthousiasme par avance. Malgré le plaisir de savourer ces retrouvailles inattendues, le malaise de la journée et de la nuit précédente ne sont pas assez diffuses encore pour te dissuader de continuer sur cette pente. Finalement, peut-être est-ce Helga elle-même qui t'a fait croiser la route de Lemony ce soir, sans quoi... Tu serais sans doute dans un état plus lamentable encore, accoudée au comptoir du pub, à pleurer seule dans ton verre, incapable de remonter jusqu'à ton appartement. Mieux vaut être en si bonne compagnie, à tenter d'expliquer les subtilités de l'Animagie avec trop d'alcool dans le sang.

La mine sérieuse de Lemony te rappelle des souvenirs. Mais ce regard, ce sourire immense font ce soir s'animer des étincelles dans le creux de ton estomac. À moins que ce ne soit la faim ? Oui, sans doute. Et l'idée de le recroiser prochainement ? La faim, toujours, voyons. Ce serait une douce perspective. Après avoir perdu ton ami de vue si longtemps, il est inenvisageable de le laisser s'éloigner encore. Et tu connais quelqu'un qui ne le permettrait pas... « Avec plaisir ! De toute façon, quand je raconterai à Adele que je t'ai croisé, elle voudra certainement te voir aussi ! » Il est toujours plus simple de te dissimuler derrière ta cousine pour ce genre d'invitation. Tellement plus simple que tu lui as souvent laissé cette responsabilité, parfaitement à l'aise dans son ombre si souriante et si sociable. Force est de reconnaître que sans elle, ta vie sociale à Poudlard – et même après – aurait été d'une vacuité affligeante.
Pour cacher ton trouble, tu imites son exemple, te ressers un verre d'eau, cherchant comment expliquer cette théorie si difficile à saisir pour les néophytes. Quelque part dans ta mémoire, les bases enseignées par Minerva McGonagall sont toujours intactes, mais si difficiles à transmettre, sous les brumes de l'alcool. Tu te mordilles la lèvre, cherchant une façon, une comparaison qui l'aiderait à comprendre. « Je m'imagine, moi, en animal. Mais je ne suis pas vraiment un écureuil. Je suis seulement sous une autre forme. » Et il ne risque pas d'être plus avancé par ces mots. Une idée te vient, et tu claques des doigts, satisfaite. « Au fond, ce n'est pas si différent d'un sortilège de désillusion ou d'une dose de Polynectar. La métamorphose modifie ton apparence, mais pas tes pensées, ni tes souvenirs. C'est la même idée ici, sauf que la métamorphose prend plus de poids et que l'instinct peut prendre le dessus parfois. Mais globalement, je suis toujours consciente de qui je suis, et il me suffit de souhaiter reprendre forme humaine pour le faire, comme je conjurerais n'importe quel sort. » Le fumet odorant de la soupe tout juste apportée éveille ton appétit. Du revers de la cuillère, tu examines les différents éléments flottant à la surface avant d'en prendre un petit peu. Les saveurs sont douces, un peu suaves, inhabituelles pour ton palais ignorant, mais pas désagréables. Un court silence s'installe, tandis que vous dégustez vos soupes, et l'agréable chaleur qu'elles diffusent le long de vos gorges asséchées. Bientôt, tu racles le fond du bol de céramique, cherchant les dernières gouttes parfumées.

Le retour de la serveuse, son plateau garni de vos choix, coïncide avec la dernière question de Lemony et tu te mords la lèvre, observant sa réaction. Heureusement, elle semble mettre ces mots sur le compte d'une quelconque absurdité, s'inquiétant de la santé de ton compagnon sans relever l'étrangeté que pourrait revêtir sa phrase pour un moldu. Donnant le change, il te présente les différents mets arrivés devant vous, s'emparant habilement de l'un entre deux baguettes fines que tu observes avec curiosité. Un regard à la serveuse pour lui confirmer que votre conversation n'est plus à portée de ses oreilles indiscrètes. « Je pense qu'elle t'a entendu, mais elle a sans doute pensé que tu plaisantais... Ou que nous sommes complètement bourrés, ce qui n'est pas si loin de la vérité. » Tu retiens un rire joyeux, les yeux pétillants. Tu as l'alcool gai au moins ce soir. « Je t'avoue que je ne me pose pas la question. J'aime cette forme, cet animal. Il me correspond bien, et je le préfère de loin à n'importe quel prédateur. » La question t'avait souvent gardée éveillée, tandis que naissait ce projet un peu fou : quel animal serais-tu ? Le professeur McGonagall avait été incapable de répondre à cette question, ne s'avançant qu'à supposer un « animal discret et timide, se cachant loin de l'attention ». Et sa prédiction s'était avérée vraie dès vos premières séances. Pourvu qu'il ne s'agisse ni d'un animal encombrant, ni d'un insecte, toutes les formes t'auraient convenue. Mais avec les années, l'idée même de pouvoir être autre chose qu'un écureuil avait quelque chose d'étrange, d'inimaginable. Tu étais écureuil, intrinsèquement, au même titre que tes cheveux étaient roux, ta peau trop pâle et ton appétit proverbial.

Tu avises tes propres couverts, incertaine. Les gestes de Lemony semblent si fluides, si évidents. Pourtant, en glissant les tiges entre tes doigts, tu te sens si gauche. Ta première tentative pour t'emparer de ce qu'il t'a désigné comme un gyoza est un échec cuisant... Et la seconde ne parvient qu'à le faire tomber de l'assiette. Un peu désemparé, tu adresses une petite moue à ton ami. « Ça l'air si simple, à te regarder. Comment fais-tu ? » Privée de tes habituels couteau et fourchette, tu te sens aussi efficace qu'un sorcier devant une console de jeux : intriguée, maladroite et surtout profondément incapable.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
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Mar 5 Mai - 9:48

J'voudrais voir le monde à l'envers
« Avec plaisir ! De toute façon, quand je raconterai à Adele que je t'ai croisé, elle voudra certainement te voir aussi ! » Ah oui, c’est vrai, Adele. Oui, tout à fait, ce sera l’occasion de revoir Adele. Non je ne l’avais pas temporairement oubliée. Non je ne suis pas déçu que ce soit ça qui semble la motiver le plus. Ou peut-être, juste un peu. Autant ne pas relever, je suis trop saoul pour démêler les idées et sentiments que sa réponse éveille en moi. Revenir à mes questions. Comment ça marche. « Je m'imagine, moi, en animal. Mais je ne suis pas vraiment un écureuil. Je suis seulement sous une autre forme. » Ça c’est intéressant. D’une certaine façon, c’est une image d’écureuil qu’elle se représente. Existe-t’il des animagus qui se transforment en un animal qu’ils ne connaissaient pas avant ? Si elle méconnaissait l’apparence d’un écureuil, se transformerait-elle en vrai écureuil ou ce qu’elle s’imaginerait être un écureuil ? A moins que ce ne soit la magie qui lui donne une connaissance instinctive de ce qu’est vraiment cet animal ? Tellement de questions… Je me dis qu’il faudra sans doute que j’aille en poser certaines directement à Minerva. « Au fond, ce n'est pas si différent d'un sortilège de désillusion ou d'une dose de Polynectar. » Je fronce les sourcils. Je n’ai jamais été particulièrement doué en métamorphose, et il faudrait certainement que je prenne le temps de refaire des recherches, mais il me semblait que le sortilège de désillusion et le polynectar n’avaient justement pas du tout le même fonctionnement – le premier trompant le regard, le second changeant réellement la personne. Et si je peux aisément trouver des explications scientifiques dans le cas du sort, le polynectar est au même titre que l’animagie une aberration scientifique absolue : comment puis-je changer ma corpulence en quelques instants ? J’écoute sa réponse sans que celle-ci n’étanche réellement ma curiosité, et je me dis que ce n’est peut être pas l’heure d’avoir une discussion aussi pointue de toute façon.

« Je pense qu'elle t'a entendu, mais elle a sans doute pensé que tu plaisantais... Ou que nous sommes complètement bourrés, ce qui n'est pas si loin de la vérité. » Je me sentirais sans doute mal si je n’étais en admiration devant l’éclat de ses yeux verts. Je souris, sentant le rouge me monter aux joues – si elle demande, c’est à cause de la serveuse. « Je t'avoue que je ne me pose pas la question. J'aime cette forme, cet animal. Il me correspond bien, et je le préfère de loin à n'importe quel prédateur. » J’acquiesce – après tout, j’ai cité des animaux assez proches et j’ai exclu le renard à cause de son caractère. Ça lui va bien l’écureuil, c’est joli, vif, prévoyant – et gourmand, ce qui va assez bien à quelqu’un qui a passé sept ans dans une salle commune à côté des cuisines de Poudlard. J’ai un sourire songeur alors que je pique dans un nigiri. Elle semble de son côté rencontrer plus de difficultés à manier les baguette, et je la regarde, un peu amusé, essayer de prendre un gyoza. « Ça l'air si simple, à te regarder. Comment fais-tu ? » Elle a presque l’air désemparée, ce qui serait presque touchant. « L’habitude. Ma mère adore… adorait les sushis. Nous nous donnions des gages quand nous les faisions tomber et nous organisions des combats de baguettes quand j’étais enfant où nous devions saisir celles de l’autre et les lui arracher... » Ma voix se fait plus triste un instant, et le regard de mon père tout à l’heure me revient à l’esprit. A nouveau j’ai envie de boire. Je secoue la tête, comme si cela pouvait chasser les souvenirs – ça a surtout pour conséquence de faire glisser mes lunettes sur mon nez. Je les remets et me racle la gorge. « Et euh, surtout, quand je faisais mes études en Allemagne, le sushi bar à côté de chez moi était presque devenu ma cantine. Attends, je te montre. » Je lui prends la main et place correctement les baguettes avant d’accompagner ses doigts pour attraper le gyozas évadé. « Tu vois, comme ça. » Elle a les mains douces, et moi j’ai chaud jusqu’aux oreilles. Je relâche sa main et lui montre avec mes propres baguettes en saisissant un nouveau maki. « C’est un coup à prendre. Après, tu l’as dit toi-même, on a un peu bu… Ce n’est peut-être pas le moment le plus idéal pour apprendre à manier les baguettes. Si tu veux, on peut demander des couverts normaux, ils en ont toujours dans ce genre de restaurants. » Je peux presque entendre ma mère crier à l’hérésie… A une autre table, une femme éclate de rire, et je m’attends presque à voir un gamin aux montures épaisses faire l’imbécile face à ses parents en me retournant pour regarder. Non, ce n’est qu’un couple... Mon cœur se serre, et je prends une grande inspiration pour me calmer. J’aurais du lui proposer d’aller manger indien, ça m’apprendra. « Erin… Je peux te poser une question ? » Ma voix se fait plus grave, et le maki manque soudain de saveur. « Tu étais déjà brigadière pendant la guerre ? C’était comment ? » C’est presque surprenant, que je pose la question. Ce sont généralement des sujets que j’évite parce qu’ils me ramènent trop à ma propre lâcheté, à mes propres failles. A ce mail du 24 décembre 1997. Tu as reçu une convocation au Ministère de la magie ici, quelque chose à propos du fait que ta baguette ne serait pas à toi. Je me souviens de ma rage en lisant cela, de ma haine pour les employés du ministère, de mon dépit de devoir encore manquer un Noël en famille, de ma terreur aussi, à l’idée qu’ils me trouvent, qu’ils viennent me chercher jusque dans un autre pays… Que se serait-il passé si j’étais quand même revenu le lendemain ? Est-ce que je serais tombé sur des rafleurs ? Est-ce que je l’aurais croisée au ministère si je m’étais rendu à cette convocation ? Est-ce que ma mère serait toujours saine d’esprit ? Erin, douce Erin, jolie Erin… Comment l’a-t-elle vécue, cette guerre ?

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HRP : la mort du romantisme, le retour de la vengeance.

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Dim 24 Mai - 22:25
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17 février 2004

Te lancer dans une explication théorique sur les tenants et aboutissants de l’animagie, avec une gueule de bois en devenir et l’estomac creux… L’exercice est périlleux, et peu concluant à en juger par le regard sceptique que t'adresse Lemony. Mais il est trop poli – ou trop alcoolisé lui aussi – pour t’interrompre, et toi trop vacillante pour trouver le courage de clarifier tes propos. Une autre fois, c’est promis, tu prendras le temps de revenir sur le sujet, Une autre fois, oui. Si vous vous revoyez. Quand vous vous reverrez. Douce Helga, cette seule perspective suffit à faire monter une douce chaleur, colorant ta nuque et tes joues d’un rose plus soutenu, fort imputable à la quantité raisonnable de whisky courant actuellement dans tes veines.  
Voudrais-tu le revoir prochainement ? Oui, sans le moindre doute. Et pas forcément sous l’oeil amusé de ta cousine, pourtant invoquée en excuse.  Il est toujours si facile de te dissimuler derrière Adele, de profiter de son sourire immense et de son caractère extraverti. De te fondre dans son sillage, lui laissant toute responsabilité de vous présenter aux nouveaux venus. À quand remonte cette habitude, ces rôles bien établis que vous endossez sans même y penser ? Toutes petites déjà, lorsque vous vous retrouviez, son exubérance joyeuse contrastait avec ta timidité naturelle, exacerbée par cette habitude de raser les murs acquise sous le regard exaspéré de ta mère qui n’entendait supporter ni rires, ni cris, ni pleurs. Les vacances t’apportaient l’évasion, les jeux et les éclats auprès de celle qui ne s’offusquait jamais de ton silence, ni de tes reculs. Et tandis que tu restais sur le bord du bac à sable, observant les enfants qui couraient en tous sens, pétrifiée à l’idée de les rejoindre, elle s’élançait dans une course folle, projetant du sable en tous sens. Puis, réalisant ton absence, elle revenait te tirer par la manche pour t’intégrer tout naturellement à ce groupe qu’elle ne connaissait pas l’instant d’avant. Poudlard avait confirmé cette complémentarité. On voyait rarement l’une sans l’autre et l’immense majorité de leurs amis de cette époque s’étaient habitués à les trouver ensemble, inséparables.
Tu as de la chance qu’Adele soit là. Que rien n’ait su vous séparer.

Quel proche a-t-il perdu, Lemony ? Sa mère, dont la mention semble troubler le bleu de son regard, barrer son front d’une ride soucieuse ? Tu sais déjà qu’il a fui la guerre et ses fléaux, mais ses proches moldus, ont-ils été les victimes de cette tyrannie qui les considérait tout juste comme du bétail ? La question flotte en suspens sur tes lèvres, sans que tu oses la poser. Et ses doigts, venus s’entrelacer aux tiens, la chassent tout à fait de tes pensées. Seule compte la douceur de sa main contre la tienne, tandis qu’il ajuste sur les baguettes ta position malhabile. Avec application, tu suis son exemple. Ta première victime se contente de faire un tour sur elle-même avant de retomber mollement. La deuxième se retrouve quasiment sectionnée en deux. La troisième, enfin, s’y accroche un bref instant, assez pour que tu l’approches de tes lèvres – sans avoir tenté de faire un détour par la coupelle de sauce, mieux vaut ne pas tenter le sort ! À sa suggestion généreuse, tu hoches la tête, le regard concentré sur ta prise incertaine. « Ce sera sans doute plus simple, oui… » En d’autres circonstances, tu aurais certainement joué le jeu, mais l’adresse ne compte pas parmi tes qualités les plus remarquables et il serait vain de chercher à le nier ce soir. Comme pour te donner raison, le riz commence à glisser légèrement le long des instruments et ta bouche se referme de justesse sur le sushi tremblant, lui évitant de peu une chute brutale.

Tu savoures pourtant cette semi-victoire, goûtant la douceur du riz sur ta langue, le sel du poisson contre tes papilles et l’amertume indéfinissable d’un condiment que tu ne parviens pas à identifier. Une amertume qui s'étend quand Lemony reprend la parole, envahit ton palais avec une brutalité inattendue. Tu manques de t’étouffer, hoquettes douloureusement pour ramener l’air à tes poumons, et tes doigts incertains se referment sur le premier verre venu dont tu avales le contenu d’une traite. Effectivement, il y avait de la rose dans ce cocktail… Et la brûlure de l’alcool alliée à cette fausse route te font monter les larmes aux yeux. Quelques secondes te sont nécessaires pour reprendre ton souffle et ta contenance, quelques secondes que tu lui demandes, une main à peine levée pour le rassurer, le faire patienter.

Et lorsqu’enfin, ta respiration s’apaiser, les mots de Lemony flottent toujours entre vous. Question ô combien inopportune, ô combien délicate. Si tu savais Lemony… Les images te reviennent comme autant de flashs. Les murs du Ministère devenus sinistres. La statue du grand hall promeuvant la « juste » place des moldus aux pieds des sorciers. L’ambiance anxiogène, la méfiance et la peur. Les regards fous de ces nés-moldus, les poignets enferrés aux accoudoirs des fauteuils du tribunal. Et leurs hurlements, quand la sentence était rendue, leur baguette confisquée. Ces cris qui résonnent encore dans tes tympans, lorsque tes cauchemars te renvoient à cette époque maudite où ta vocation d’aider ton prochain te transformait en tortionnaire, où ton engagement pour le bien exigeait que tu baisses la tête, que tu te fasses agent zélé et implacable – les informations que tu pouvais apporter à l’Ordre étaient trop précieuses pour te permettre de risquer ton poste, si intolérable devienne-t-il.
Oh Lemony, elle ne peut pas te dire tout ça. Elle ne peut pas te décrire l’indescriptible, te narrer l'inénarrable. Évoquer pour toi ces temps si sombres, la honte chevillée au corps, cherchant désespérément à nimber l’insensé d’un sens même infime. Oh, elle voudrait te dire que ses mains sont aussi blanches et immaculées que son visage livide. Te rassurer d’un sourire, chasser les spectres d’un rire – la guerre ? Non, elle n’a rien vu, rien su. Mais mentir n’a jamais été son fort, et ses yeux fuyants témoignent pour elle de toute l’horreur qu’ils ont enduré.

Qu’il est long, cet instant lourd de souvenirs. Qu’il est pesant, ce silence qui vous entoure, malgré les mille et uns éclats de voix de ces moldus qui savourent leur repas sans imaginer une seconde qu’à quelques mètres d’eux plane l’ombre d’une guerre meurtrière et fratricide qui a vu se déchirer un monde. Sans se douter que dans ces mêmes rues qu’ils arpentent, sous leurs yeux aveugles, d’autres se sont entretués dans un conflit d’idéaux sans merci. Qu’ils étaient l’un des enjeux de cette lutte pour la liberté dont ils n’ont qu’entraperçu des bribes insolites, par les titres banalisés des unes de leurs journaux qui titraient les morts et les disparitions sans concevoir leur gravité.
Qu’il est lourd de sens, cet aveu que tu concèdes à mi-voix. « Oui, j’étais déjà brigadière. » Comprendra-t-il tout ce que cela sous-entend ? Ces ordres secs, l’obéissance à de nouvelles directives – toujours plus inacceptables, mais auxquelles vous vous pliiez pourtant. Quel autre choix aviez-vous ? Devinera-t-il cette nausée perpétuelle qui revient envahir ta bouche pâteuse tandis que tu continues dans un murmure. « Oui. Et c’était… » Les mots te manquent pour exprimer tout ce que tu voudrais – et Merlin, tu craindrais tant qu’il ne s’enfuit si tu t’aventurais à la franchise. Ta voix n’est qu’un murmure alors tu conclus sobrement. « … horrible. ».
Il te faut quelques instants encore, avant de trouver le courage de ramener à lui ton regard alourdi de ce passé à jamais ancré dans ta mémoire. Doucement, tu hoches la tête, lui concédant dans un souffle « Tu as bien fait de partir. »

Et dans tes yeux aux prunelles trop humides brille tout l’espoir d’une absolution que nul ne saurait jamais t’accorder. Que tu ne t’accorderas jamais.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Lun 25 Mai - 19:20

J'voudrais voir le monde à l'envers
Le souvenir de ma mère apporte avec lui le souvenir de la guerre, et avec viennent mes questions. Comment Erin a-t-elle vécu la guerre ? Comment peut-on avoir vécu cette guerre ? La colère froide de Lizzie me revient en mémoire, et ses reproches. Je n’étais pas là. Je suis parti. Je suis parti comme un lâche, quitte à perdre la fille dont j’étais fou amoureux, quitte à perdre ma meilleure amie, quitte à perdre ma vie ici. Et effectivement, ma relation avec Emma n’a pas tenu, et effectivement ma plus grande amie m’en a toujours voulu de ne pas être revenu, pour elle – en revanche, il n’a pas été si compliqué de me retrouver une place ici à mon retour en 2002, peut-être grâce à Orion. Bien sûr, j’ai lu des articles, des photos, le livre d’Elisabeth aussi – je sais certaines choses. Je visualise assez bien la statue du ministère, La Magie est puissance, peut-être même que je l’empire dans mon esprit, en imaginant les corps décharnés des moldus et nés moldus au service des sorciers bien habillés que l’on m’a décrit. J’ai eu la brochure entre les mains par contre, et après les derniers évènements, après le concert, je me suis régulièrement surpris à la sortir, à regarder le visage minaudant de la rose étranglée par cette liane aux dents pointues. Cette liane verte, monstrueuse. C’est cela que je suis aux yeux de certains sorciers, une mauvaise herbe nocive, cherchant à détruire… je ne sais pas trop quoi dans leur esprit. Mais peut-être ont-ils raison, d’ailleurs. Il y a un certain nombre de choses que je veux détruire dans le monde sorcier, et je veux changer parce que connaissant le monde moldu, je sais qu’elles ne sont pas normales – peut être que ce changement est une destruction symbolique aux yeux d’un monde qui s’organise encore selon des concepts quasi médiévaux. Mais ces sangs purs ne sont pas cette rose charmante et charmeuse, ils sont flétris par leurs principes arriérés. Si je suis une liane menaçante, ils sont une racine mourante. Je ne veux pas les détruire, ils n’ont pas besoin de moi pour ça. Je veux rendre le monde meilleur, avec ou sans eux.

Ma question provoque un émoi évident chez Erin, qui pâlit comme elle rougissait tout à l’heure. Le silence s’installe, et je ne peux qu’imaginer quel genre d’horreur elle a pu voir pour prendre ce temps avant de répondre. J’hésite à lui dire de laisser tomber, à faire une blague, à changer rapidement de sujet – mais le visage de ma mère me hante toujours un peu, et ma dispute avec mon père tout à l’heure. « Oui, j’étais déjà brigadière. » Elle parle à mi-voix, et me contente d’un sourire triste. Ce devait être terrible, de travailler dans ce Ministère tombé aux mains des partisans de Voldemort. Je me demande ce qu’elle devait y faire, je ne connais pas assez le fonctionnement du ministère et des brigades pour en avoir une idée, mais elle semble déjà assez souffrir des mes précédentes questions pour que je n’insiste pas plus. « Oui. Et c’était… horrible. » Son regard est fuyant, et je pose mes baguettes à côté de mon assiette – de toute façon, il faut que je lui en laisse un peu. Je retire mes lunettes pour les nettoyer, cherchant à cacher un peu de mon émoi par ce geste mécanique. Quand je les remets, elle est de nouveau tournée vers moi, et ses yeux sont humides. Oh, Erin… « Tu as bien fait de partir. » Je soupire longuement. « Non, je n’ai pas bien fait. » Il n’y a pas de bonne raison d’être lâche, et j’imagine parfois que mon expertise du monde moldu et de leurs moyens de communication aurait pu être utile. Et puis, j’aurais pu protéger ma mère… Ou mourir. « Mais je pouvais. » Contrairement à la plupart des sorciers, il ne m’était pas impossible de disparaître, de me fondre dans un paysage moldu étranger, de me faire oublier. C’est la raison même de leur mépris, mon incapacité à pleinement embrasser leur monde, qui m’a permis de partir. Erin n’était pas une née moldue. Erin travaillait au Ministère. Erin avait sa vie dans ce Londres sorcier, une vie à laquelle elle ne pouvait pas renoncer avec la même facilité que moi. Elle devait rester, la plupart d’entre eux le devait – le monde magique est un piège dont on ne s’échappe pas si facilement. « Désolé. Ça a été une journée compliquée, je sais que ce n’est pas le genre de sujets qu’il faut aborder quand on retrouve des amis perdus de vue. » Je reprends mes baguettes et je les fais tourner entre mes doigts. « J’ai été convoqué tu sais, pendant la guerre, par la commission. Je n’étais déjà plus là, ils auraient du savoir ouvrir un mail pour me retrouver. » Ou simplement essayer. Peut-être que ce n’était pas eux… Est-ce que je veux vraiment continuer à réfléchir à ça maintenant ?

Je m’efforce de lui sourire. On lui a apporté des couverts, je ne saurais pas trop dire à quel moment tant je me suis perdu dans mes pensées. « Ça te plaît ? » Je pique l’un des nigiri. « Bon par contre, il va falloir m’expliquer comment on peut vivre à côté d’un sushi bar et ne pas aller y manger régulièrement hein… Il y a un autre restaurant que tu aimes dans le coin ? » Le plateau commence à se vider et je me sens un peu mieux – tellement mieux que je commence sincèrement à me poser la question de où aller boire un digestif. « C’est à cause – enfin grâce, enfin je ne sais pas – d’Adèle que tu vis dans un quartier moldu ? Tu y fais des trucs des fois, des activités moldues je veux dire ? Comme aller au cinéma ou ce genre de choses ? » Des questions plus légères, pour oublier la guerre, pour ne pas la questionner encore pendant des heures sur l’animagie. Je ne connais pas beaucoup de sorciers qui vivent vraiment avec les moldus, en se mêlant à eux dans leurs activités quotidiennes – mais si je devais parier sur une sorcière qui le ferait volontiers, je pense que je choisirais Adele.

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