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J'voudrais voir le monde à l'envers [Lemony]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Jeu 19 Mar - 17:10
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


Certaines journées ne devraient pas exister. Non qu'elles soient fondamentalement bonnes ou mauvaises... simplement, elles ne devraient pas être vécues. Parce qu'il y a des jours où il est trop dur de mettre un pas devant l'autre. Trop dur de porter ce masque de composition souriant et affable que la société attend. Trop dur de trimbaler sa carcasse de place en place, malgré la fatigue, la flemme, la déprime. Trop dur d'être humain, fondamentalement.
Des jours où l'on aimerait juste bloquer les aiguilles de l'horloge, la mettre en pause, pouvoir souffler, se ressourcer, profiter d'un répit bienvenu, pour repartir du bon pied le lendemain.

Vous l'aurez compris, cette journée n'aurait pas dû exister. Et contrairement à d'autres, tu ne pourrais pas débuter par un somme toute classique : « tout avait pourtant bien commencé ». Parce qu'à vrai dire, avant même que tu ne sois éveillée, cette journée était déjà plus effroyable qu'un paquet entier de dragées de Bertie Crochue à la crotte de nez.

Tout a commencé avec un rêve. Oh non, ce n'était pas un cauchemar, mais bien un rêve. De ceux qui relèguent les mauvais songes au rang de broutilles sans importance. Un de la pire espèce : un rêve heureux.
Tu t'y voyais, sous le soleil radieux de la lande écossaise, bercée par la trille joyeuse d'un rire d'enfant, si chantant, si contagieux, qu'il semblait s'adresser directement aux oiseaux. Irrémédiablement attirée, tu t'approchais à pas légers pour découvrir l'attendrissant spectacle d'une petite tête rousse qui montait, montait vers le ciel, avant que le mouvement de la balançoire ne la ramène vers le sol, vers la main ferme et solide qui, d'une pression dans son dos, la renvoya vers le soleil dans un nouvel éclat de rire qui fit vaciller ton cœur de bonheur. Comme consciente de ton arrivée, l'enfant tourna la tête vers toi, avec le plus joyeux des cris.
Maman ! Aussitôt, elle s'envola pour retomber délicatement, ses pieds nus dans l'herbe verdoyante, courant vers tes bras déjà ouverts. Son partenaire de jeu vous rejoignit bientôt, déposant un baiser sur ton front. Tu lui adressas un sourire radieux, comblé, avant de détourner le regard de ses yeux sombres pour contempler les traits juvéniles de ta fille...

Et le réveil sonna.

Te laissa là, recroquevillée sur le matelas, seule et frigorifiée – la couette s'était sans doute envolée avec la balançoire –, de grosses larmes dévalant de tes paupières encore closes tandis que tu reprenais brutalement pied avec la réalité. Ce n'était pas la première fois que tu faisais ce genre de rêve. Mais chaque fois, c'était comme un nouveau coup de poignard, comme un nouveau deuil à faire.  

À grand peine, tu te levas et te préparas, tentant de chasser les vestiges de la nuit dans l'eau fraîche dont tu t'aspergeas le visage. Mais rien n'y fit. Ni le petit-déjeuner généreusement apporté par un collègue qui fêtait ses cinq ans de métier, ni le savon que vous passa votre chef en constatant les piles de paperasses non traitées qui s'entassaient sur vos bureaux, ni l'intervention dans l'Allée des Embrumes pour en chasser un vendeur à la sauvette, soupçonner de vendre sous le manteau des potions à la préparation douteuse et aux fins non autorisées par le Ministère.

C'est avec un soupir de soulagement que tu t'engageas dans les flammes émeraude pour enfin rentrer chez toi. Enfin, tu allais pouvoir retirer ton masque de bonne petite brigadière, abandonner ton sourire factice. À cet instant, tu ne voulais rien tant que retrouver Adele, pouvoir épancher ton rêve et tes larmes sur son épaule, et finalement vous retrouver à regarder une quelconque absurdité à la télévision moldue en dévorant tout ce que vous aurez trouvé de nourriture à faire livrer dans les rues alentour.
Mais à ton retour, il n'y avait ni lumière, ni bruit, ni Adele – cette dernière n'allant généralement pas sans les précédents. Juste Súil qui guettait, les yeux mi-clos, la grenouille en parchemin plié qui bondissait de part et d'autre de votre table de cuisine. Du haut d'un placard – par Merlin, comment était-il monté là-haut ? – figé dans la posture du chasseur prêt à bondir, il s'élança finalement au moment où tu déposais ta cape sur une chaise, manqua de te scalper, pour atterrir sur la table, les deux pattes avant plaquées sur la grenouille qui continuait de s'agiter. Súil, laisse-moi voir ça. Visiblement peu concerné, le chaton continua d'observer son butin, jusqu'à ce que tu ne répètes la consigne d'un ton plus ferme. À contrecœur, il ôta ses pattes et entreprit de se lécher ostensiblement le pelage, avec un air d'indifférence faussement maîtrisé. Tu attrapas au vol l'origami qui menaçait de s'enfuir et le déplia pour y découvrir l'écriture de ta cousine.
Salut 'Rin.
J'ai été appelée d'urgence pour le boulot. Je serai de retour demain soir. Y'a des restes d'indien dans le frigo.
Adele

D'un pas traînant, tu allas ouvrir la porte du réfrigérateur, toisa un instant la barquette aluminium et son couvercle cartonné, puis t'en détournas avec un haussement d'épaules. Tu revins vers Súil pour lui gratter le cou, mais tes caresses n'eurent pour tout effet que d'attirer son regard bleu vers le morceau de parchemin resté entre tes doigts. Je vois. Tu t'en fous complètement que j'ai besoin d'un câlin, hin ? Pour toute réponse, il darda sur toi un regard si plein d'espoir que tu n'eus pas le cœur à le décevoir. Dans un geste dépité, tu laissas s'échapper le message, qui repris aussitôt sa forme initiale et s'enfuit à l'autre bout de la pièce, poursuivie par un félin en pleine forme. Des fois, je me demande vraiment pourquoi je te nourris...

Sans cesser de soupirer, tu te dirigeas vers ta chambre pour te débarrasser de ton uniforme de brigadière, bien décidée à passer un pyjama et noyer ton chagrin dans... peu importe quoi. Mais la vue de ton lit défait, le souvenir de la nuit, la lassitude de cette journée eurent raison de toi : une fois n'est pas coutume, tu allais vraiment lui faire sa peau, à ce sentiment de déprime ! Et à grands coups de pinte ! Et il y avait un bar juste en bas de chez vous qui s'y emploierait à merveille. Avec quelque chose qui ressemblait presque à de la détermination, tu attrapas quelques vêtements moldus – un simple pull à col roulé gris perle et un jean noir – et sur un dernier regard au fauve majestueux qui ne cessait de se ramasser en tentant de dompter sa proie, tu claquas la porte derrière toi, chaudement emmitouflée dans ta cape.

La première pinte ne fut qu'une formalité. Et tu venais de commander un premie whisky – pour vraiment oublier, il fallait passer à la vitesse supérieure. Mais avant ça, sans doute serait-il plus raisonnable de grignoter quelque chose. Tournant la tête, tu avisas une coupelle de cacahuètes, hors de ta portée. Et ta flemme de te lever de ton tabouret était si forte, si lourd... Qu'après une seconde de tergiversations, tu t'adressas finalement à ton voisin de bar, qui te tournait à demi le dos, prostré sur son propre verre.
Excusez-moi, vous pourriez me faire passer les cacahuètes ?

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Jeu 23 Avr - 16:32

J'voudrais voir le monde à l'envers
Ce monde est complètement fou.
D’abord, on y méprise des enfants parce que leurs parents ne possèdent pas les dons dont ils sont eux-mêmes pourvus, ces derniers s’en éloignent de fait la plupart du temps, incapables de partager avec ceux qui les ont élevés et les aime follement ce qu’est leur vérité à présent. Après, on se fait la guerre, parce que certains devraient être au dessus, on enferme ces mêmes gosses dans une prison sordide, on les accuse d’avoir volé leur baguette, on les met en fuite, on les tue, on les méprise, on détruit des familles. Quand la guerre est finie, on s’insurge que des privilèges d’un autre temps, qui ne concernent pas une centaine de personnes dans une société qui regroupe des milliers, se retrouvent altérés, on fait des lettre, on défend d’anciens criminels, on s’allie à ceux contre qui on s’est battu la veille. Abjecte humiliation, on fait un grand concert pour un criminel en fuite, on réprimande ceux qui osent hausser la voix, on met plus de deux semaines à arrêter ceux qui auraient du l’être, on s’insurge que cela puissent avoir un procès. On pousse des gosses à la délation, dénoncez-vos amis ou tombez avec eux. Et ce sont les moldus, les faibles, les idiots, les méprisables. Ce monde est fou, et je crois que moi aussi, un peu.

Je n’avais pas cours cet après midi. Je suis allé voir mon père, qui semblait pourtant y avoir résisté, à la folie de ce monde, et ce malgré les malheurs qu’il a du traversé. Quelque chose d’étrange dans son comportement, d’insaisissable, d’étrange. Un peu taré peut-être, lui aussi, finalement ? C’est en voyant le faire part de naissance la table du séjour que j’ai compris pourquoi il était agité de me voir lui faire une visite surprise – alors que bon, papa, ma bibliothèque aussi, est ici. Emma a eu son enfant. Merveilleux. Il ne manquait plus que cela pour que mon monde s’écroule. Je crois que j’ai pris un martini, la boisson préféré de ma mère, et que j’ai joué du piano d’un air mélancolique toute l’après midi. Il ne m’en a pas voulu. Mon oisiveté triste, qu’il ne pouvait pas voir en peinture il y a quelques années, il me l’a excusé. Je crois même qu’il m’a resservi, une ou deux fois, alors que mon verre était vide, et qu’il s’est assis prêt de moi pour me regarder. « Lemony j- » Un geste de main, un appui trop long sur la touche. « Non, pas maintenant. » En fermant les yeux, je pouvais presque revenir en arrière, en 98, et les entendre parler, toutes les deux, sur le canapé. Pourquoi a-t-il fallu que je parte en Allemagne ?

Petit à petit, la lumière a commencé à baisser. Mon père s’est lassé d’essayer d’entamer avec moi une conversation que je ne voulais pas avoir. Il s’est levé, et il est allé s’affairer dans une autre des pièces de la maison, et je suis resté seul dans la véranda, à jouer. Il me faudrait un piano comme celui-là à Poudlard tiens, ce serait pas mal. Je crois que ça m’apaise un peu. Ou alors c’est les martinis. Je sais pas. La lumière est devenue dorée et le soleil a disparu derrière les bâtiments quand je me décide à arrêter. Je fais craquer mes doigts. Je me sens un peu vide, un peu stupide. Je regroupe mes affaires, et part à la recherche de mon père. « Tu ne restes pas manger ? » Je lui adresse un faible sourire. « Non, je vais rentrer. » Il a l’air déçu, c’est un peu charmant. Je prends mon courage à deux mains. « Papa… Je veux que Maman soit examinée par un médicomage. Qu’on soit sûrs, une bonne foi pour toute. » Ses yeux écarquillent, et je peux presque voir comment sa colère tend peu à peu les muscles de son visage. « Il en est hors de question. » Je hausse les épaules. « Je le ferai. Avec ou sans toi. Ne m’oblige pas à utiliser la magie pour ça. » Peut-être que c’est cela, qui éloigne les nés moldus de leurs familles finalement. Si je veux qu’il oublie, il oubliera. Si je veux qu’il accepte, il acceptera. Cela n’a rien de sain. Non. Mais le déni non plus. Et je suis fatigué d’être pourchassé par les fantômes de mon passé. Il n’a rien trouvé à me répondre, mais il y a quelque chose d’horrifié dans ses yeux. Je l’embrasse sur la joue sans qu’il ne trouve la force de me repousser, alors que je vois bien qu’il en crève d’envie, et je quitte la maison familiale. Quelle belle journée. Voilà que je terrifie et déçoit mon père maintenant. J’ai froid, j’ai faim, et j’ai envie de taper dans des trucs. Superbe.

J’ai bien essayé de joindre des amis moldus, pour commencer. Aucun n’était disponible – ou n’avait envie de me voir. Ma disparition soudaine a été moins bien comprise de ce côté là que dans le monde sorcier, ce n’est pas comme s’ils allaient me croire si je leur disais que je fuyais la guerre. J’ai hésité à contacter des amis sorciers, mais je me suis ravisé. C’est sans doute pas la période d’emmerder ceux qui sont encore là avec mes problèmes, et puis j’ai déjà pas mal abusé ces derniers mois. Je soupire. Le pire, c’est que c’est la première fois depuis longtemps que j’ai le courage de faire quelque chose de bien même si cela doit m’incriminer ou me mettre en danger. Je crois que j’ai erré un petit moment avant de me décider à entrer dans le premier bar en vue. Bah, au point où j’en suis. Je me suis calée au comptoir, comme un pillier de bar, moi qui ne boit presque jamais sans une bonne raison ou une bonne compagnie. « Un whisky s’il vous plait. » Bon, maintenant, la vraie question, si mon père reste campé sur ses positions, comment faire sortir ma mère de son hôpital psychiatrique sans violer au passage une demie douzaine de lois sorcières, et au moins autant de moldues ? J’ai commandé mon deuxième verre avant d’avoir trouvé une réponse à ma question. C’est une voix à côté de moi qui m’a tirée de mes pensées. « Excusez-moi, vous pourriez me faire passer les cacahuètes ? » J’ai levé la tête, un peu surpris, et ai avisé le bol à côté de moi. Ah oui tiens, c’est que j’ai faim en fait. Mais, gentleman, j’ai préféré tendre avec un rictus qui aurait voulu être un sourire l’objet de convoitise à ma voisine. Par Merlin. Ce visage me dit quelque chose. Par habitude, j’ai ôté mes lunettes pour les nettoyer, cherchant au fond de moi son prénom. Non, vraiment, je la connais, j’ai son prénom sur le bout de la langue. Oh mais c’est stupide à la fin. « Excusez-moi, on se connaît non ? » Jolie rouquine, yeux clairs. Mince, de pas grand-chose, et je l’appelais Emma à voix haute. « Je suis vraiment désolé, ça doit être une erreur. J’ai passé une mauvaise journée et je - » Mais si pourtant, je le parierai presque.

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Jeu 23 Avr - 23:45
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


17 février 2004

Boire.
Boire jusqu'à plus soif, boire jusqu'à oublier tout ce qui ne tourne pas rond dans ta putain de vie et au-delà. Oublier les rêves et les cauchemars qui hantent tes nuits et te font pousser la porte de Nasiya, toujours plus avide de ses potions. Oublier les migraines. Oublier qu'Adele est absente, une fois de plus. Oublier la Brigade, les missions pourries, les collègues intrusives et ton dernier échec cuisant d'animagie. Oublier le Ministère, Reissen, la Malefoy et ses revendications nauséabondes. Oublier cette guerre dont les douleurs n'ont jamais cicatrisé, comme autant de plaies purulentes marquées à vif dans ton esprit. Oublier que Loane est morte – Merlin soit maudit ! – et Sebastian toujours en vie. Oublier que tes parents sont une foutue paire de scrouts à pétard, que tu ne prends jamais assez de temps pour aller visiter ta grand-mère.  Oublier, surtout, que ta fille n'a jamais poussé son premier cri, oublier que Neil ne fera jamais plus partie de ta vie. Oublier que tu es seule – ô, si seule – et que les nuits se font longues, parfois. Oublier les échecs du passé et la vacuité de l'avenir. Oublier que le danger plane au-dessus de cette paix fragile et qu'il suffira d'un signe, un matin, que le monde, à nouveau vole en éclats.

Alors oui, pour une fois, pour un soir, tu vas boire. Jusqu'à ce que ta langue se fasse pâteuse, tes paupières lourdes. Jusqu'à ce que cette douleur lancinante que tu trimbales jour après jour se calme enfin. Oh, l'ivresse ne devrait pas se faire attendre longtemps. Tu succombes si rarement à cet oubli facile, deux ou trois verres de plus devraient suffire à ce que tu quittes les lieux, titubante, tout juste capable de remonter l'escalier pour aller t'écrouler sur ton lit.
Mais tu as faim, douce Helga, si faim... Tu aurais mieux fait d'user ce reste de tikka massala plutôt que de bouder l'absence de ta cousine en refusant d'y toucher. Quant aux Chocogrenouilles dont les boîtes déforment une poche de ta cape... Tu sais les moldus aveugles à toute magie, mais de là à ne pas réagir, si d'aventure une grenouille chocolatée venait à bondir sur le comptoir ? Ta gourmandise ne justifie pas de mettre en péril le Code du secret magique. Alors des cacahuètes, soit.
La coupelle à portée, tes doigts y plongent, un sourire machinal venant remercier  l'inconnu sur lequel tes yeux passent sans s'attarder. Tu portes quelques arachides à tes lèvres, savourant le trop plein de sel qu'elles y déposent, récupérant les derniers cristaux du bout de ta langue. Mais il y a cette question, pour venir ternir ta satisfaction. Cinq mots à peine, et un long soupir exhalé que tu ne parviens pas à dissimuler. Les paupières mi-closes, tu te frottes la tempe, cherchant comment expliquer poliment que ta demande n'était en rien une ouverture, pas plus qu'invitation à converser. Par Helga, tu n'es absolument pas d'humeur à échanger avec un moldu dont les phrases d'accroches semblent tout droit sorties de Douze moyens infaillibles de séduire les sorcières –  même si tu jurerais entendre le rire tonitruant de Nasiya dans un coin de ton esprit, quand il cherche à te vendre ces potions trop rouges, trop fantasques auxquelles tu te refuses systématiquement « Tu travailles trop, jolie rouquine. Ça ne te ferait pas de mal de passer une nuit de douceur, pour changer ! ». Non, Nasiya, inutile d'insister. Tu n'es pas là pour ça, et la seule ivresse des sens que tu recherches ce soir tient là, dans ce verre dont tu avales deux gorgées, savourant les parfums musqués sous la brûlure de l'alcool.

Tes yeux verts se rivent à ceux de l'importun, mais avant que tu n'aies eu le temps de décliner toute suite à cette ébauche, il ôte ses lunettes dans un geste, s'excuse déjà d'une probable erreur. Mais loin d'abonder en son sens, tu le regardes nettoyer ses verres, en quelques mouvements méticuleux qui réveillent un écho lointain au fond de ta mémoire. Et tu restes fascinée par la précision des cercles qu'il imprime, leur délicatesse. Sans bien savoir pourquoi, le geste t'évoque de longues après-midi de révision, à ne relever les yeux de tes épais grimoires de métamorphose que pour étirer ta nuque, endolorie d'ainsi rester penchée des heures durant, le dos courbé. Mais l'essence de ces bribes t'échappe, et tu fronces un sourcil, frustrée de ne pouvoir en saisir davantage.
Ce nettoyage achevée, il replace les lunettes sur son nez, encadrant ses yeux de l'épaisse monture. Et le jour se fait soudain. Tes lèvres s'entrouvrent de surprise – bien sûr, que tu connais ces traits, ce visage empreint de sérieux, ces mèches sombres retombant éternellement sur son front. Son prénom t'échappe dans un souffle incrédule. « Lemony... ? »
C'est lui. Tu en mettrais ta baguette à couper. Tout droit ressorti de tes souvenirs d'école. Ton compagnon d'étude, pilier de la bibliothèque comme tu l'étais. Incollable sur ce monde moldu qui te fascinait parce que si cher à Adele. Complice de fou rire aussi quand, la fatigue aidant, vous sentiez tout effort de concentration vous échapper irrémédiablement, riant silencieusement, dissimulés derrière une montagne de livres pour échapper à l’œil implacable de Mrs Pince. Différent de l'image que ta mémoire en a conservé, mais si semblable tout à la fois. « Douce Helga, Lemony, c'est toi ? » La question est rhétorique – tu n'as presque plus le moindre doute. « Ça fait combien de temps ? » Combien d'années depuis le dernier croisement de vos chemins, combien de temps que tu n'avais pas même pensé à lui ? Mais à bien y réfléchir, tu le sais. Dix ans. Peut-être onze, ou douze – il avait une année de plus que toi, si tes souvenirs sont exacts. Depuis la sortie de Poudlard. Il y a une éternité, dans une autre vie. Avant la guerre.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Ven 24 Avr - 3:40

J'voudrais voir le monde à l'envers
Peut-être que c’est l’alcool qui me la rend familière parce qu’elle me renvoie trop à un souvenir que j’ai convoqué toute cette après midi. Mais non, non, vraiment, il y a quelque chose de connu dans ses traits. Quelque chose de lointain, mais qui est là. Ou alors je la confonds, et je suis un idiot. Ou alors, je l’ai oubliée, et je suis un idiot. Elle soupire, je ne vois pas ses yeux sans lunettes sur le nez. Non, je dois juste être un idiot. Je l’aurai pourtant parié. Je m’attends à me faire renvoyer paître comme un malotru – c’est que ça doit être agaçant de se faire aborder par un parfait inconnu quand on veut juste manger des cacahuètes. Je ne le prendrais pas mal. « Lemony... ? »

Bon, très bien, là c’est gênant. Je la connais, elle me connaît, mais elle a au moins le bon goût de ne pas avoir oublié mon prénom. Réfléchis, Lemony, mince ! Ça devait être ton point fort, non ? Je n’ai pas une si mauvaise mémoire des noms en plus, alors arrête de vouloir l’appeler Emma et – Oh. Erin Mcallistair, poufsouffle promotion 93, un an de moins que moi, cousine de l’inénarrable Adele Cameron. Je me sens d’autant plus bête d’avoir oublié temporairement son prénom maintenant que cela me revient, la bibliothèque, les discussions sur le monde moldu avec Adele, les révisions, les rires contenus, les journées ensoleillés dans le parc de Poudlard avec quelques bouquins. Quelque chose de si lointain et si proche. C’est un peu étrange, ce que cela me fait à chaque fois de penser à ma vie à Poudlard – j’en suis fier, je m’y suis fait des amis, mais j’avais cette impression de décalage. Comme si je n’étais pas vraiment à ma place, trop moldu pour ce monde magique, et chez moi pendant ces années là, trop magique pour mes parents. C’était plus simple de couper presque tout pont avec le monde magique les années qui ont suivi ma scolarité, quand ta baguette dort dans un tiroir du bureau et que tu n’étudies pas les sortilèges et les potions, se fondre dans un monde moldu est plus facile – tant qu’on ne te demande pas où tu as étudié. C’est plus simple en un sens aujourd’hui aussi, que je refais ma vie quasiment uniquement dans le monde magique, privé de quasiment tous mes amis moldus en Angleterre, ma mère n’organisant plus ses galas… « Douce Helga, Lemony, c'est toi ? » Sa voix n’a pas changée. On était des adolescents, on a changé un peu, ou en tout cas, c’est sur ça que je m’appuierai pour expliquer mes difficultés à me souvenir de son nom – ça et les quatre martinis et le whisky et demi que je me suis avalé à jeun. Mais pas sa voix, pas vraiment.  « Ça fait combien de temps ? » Je ris, un peu gêné. Ça, je peux le dire. Et avec certitudes. Juin 92, la dernière fois que j’ai croisé ce regard vert et ce joli minois, j’obtenais mes ASPICs. Après je suis resté dans le monde moldu, j’ai rencontré Emma à qui je n’ai jamais dit ni que j’étais sorcier ni dans quelle école j’avais étudié, et à qui il aurait été difficile de présenter une autre rousse en lui disant : c’était une camarade de classe. Jalouse comme elle était. Je crois avoir croisé Adele, en 95, quand les Harpies ont fait leur plus belle saison et que je suis allé les soutenir en hurlant, clandestin, mentant à mes proches moldus sur mes occupations. Mais pas Erin. Ah bah ça alors. J’avise le bar dans lequel nous nous trouvons – ce n’est certainement pas dans un lieu comme celui-ci que je m’attendais à retrouver une ancienne amie. « Erin… Ça fait bientôt douze ans. » Mon sourire est un peu niais. C’est vraiment une surprise. Un peu de joie au milieu de cette journée, ma foi, plutôt navrante. Je lui signale un table vide, plus loin, où parler de nos vies sans faire lever les sourcils sera plus facile. « Je… Ça te dit qu’on s’assoit ensemble ? Ça me fait plaisir de te voir ! Je… Je ne m’y attendais pas. » Mais alors, vraiment pas. Surtout ici. Surtout aujourd’hui. J’en viens à regretter mes martinis de l’après midi, retrouver d’anciens proches, c’est quelque chose que j’aime faire la tête claire – et c’est devenu une habitude depuis mon retour d’Allemagne.

Je me lève, embarquant subtilement les cacahuètes avec mon whisky – bon d’accord, je commence vraiment à avoir faim. Je la prendrais bien dans mes bras, mais j’ai les mains pleine, je suis un peu gauche et je ne sais pas exactement si je me sentirai à l’aise de le faire. Bah ! Je pose le tout et m’installe, tranquillement. Ma grise mine s’est transformée en sourire joyeux. Erin, Erin, Erin. Mince alors. Je ne m’étais pas douté que cela me ferait aussi plaisir de la revoir. C’est marrant, elle n’était pas vraiment comme ça dans mes souvenirs – enfin, elle ne me faisait pas cette impression. Mais on est pas la même personne à seize ans et à vingt huit. Je suppose. Je pique une cacahuète. « Désolé, moi aussi j’ai faim. » Je crois qu’ils font les assiettes de charcuterie ici sinon. On verra bien. « Si je m’attendais à te voir aujourd’hui. C’est… Enfin voilà quoi ! » Je cligne des yeux, et même si elles sont propres, je ressors mes lunettes pour les nettoyer, ça me donne une contenance. « Qu’est-ce que tu deviens ? Qu’est-ce que tu as fait ces dernières années ! Je veux tout savoir ! Euh, s’il te plaît… » J’ai parlé un peu vite, rattrapé par mon enthousiasme. J’ajoute la formule de politesse avec un peu de gêne, je comprendrais si cela lui semblait bizarre de tout me dire comme ça, après douze ans de silence de ma part. « En tout cas tu es toujours auss- » Je ne finis pas ma phrase et rougit ou blêmit tour à tour. Je n’aurai pas du boire ces martinis. Un peu de tenue ! « J'en oublie mes manières. Tu vas bien ? »

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Ven 24 Avr - 17:49
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


17 février 2004

Lemony. Tu ne parviens pas à croire ce que te crient pourtant tes yeux et ta mémoire. Maintenant que t'est revenu le nom associé à ces yeux bleus, tu te sens un rien ridicule de n'avoir pas réagi plus vite. Pourtant, vous en avez passé des heures ensemble. Étrangement, tu te souviens encore de votre première rencontre, sous l'impulsion d'Adele, évidemment – Merlin, que ta scolarité aurait été solitaire sans ta cousine pour aller bavarder avec tout un chacun. C'était au cours de votre première année, quelques jours à peine après Noël. Elle avait déballé, au pied du sapin immense installé dans le salon de votre grand-mère, la GameBoy dont elle rêvait tant. Mais la lune de miel avait été de courte durée, la console refusant catégoriquement de s'allumer dans l'enceinte du château. Elle avait entendu dire par l'une de ses camarades de Gryffondor dont la sœur aînée jouait aux Bavboules avec un Serdaigle de l'année supérieure (ou quelque chose dans ce goû-là) qu'il y avait dans la promotion du dessus un né-moldu particulièrement calé en technologie. Et qu'il était aisément trouvable dans la bibliothèque. Ni une, ni deux, elle t'avait embarqué sous le coude, sa GameBoy dans l'autre main, à la recherche de ce Serdaigle mystérieux. Si l'appareil avait fini par fonctionner, tu ne saurais plus le dire mais tu te souviens si bien de leurs rires échangés tandis qu'ils se lançaient dans un grand comparatif sur les dessins animés de leur enfance. Et toi, silencieuse comme d'habitude, tu les avais écoutés, fascinée, parler de ce monde qui les réunissait.
Mais contrairement à tant d'autres visages croisés à Poudlard, lui n'était pas seulement de ces amis qu'Adele intégrait parfois à votre duo. Car si leurs références communes les réunissaient, vos caractères calmes s'associaient mieux encore et plus d'une fois, elle avait filé sans demander son reste, en direction du parc, du terrain de Quidditch, de sa salle commune... Enfin, n'importe quel endroit où il soit autorisé de rire et de crier, loin des inlassables rats de bibliothèque que vous étiez.

Tu es émue, impossible de le nier. Tu le suis volontiers jusqu'à une table plus isolée, sous le regard amusé du barman. C'est qu'il doit en voir, des gens se rapprocher à son comptoir pour aller discuter plus loin... Et il sait comment finissent généralement ces choses-là. Ça n'est peut-être pas grand chose, et son rôle dans tout ça est finalement assez minime – hormis le fait d'ouvrir chaque jour – mais ça lui fait sa soirée, à Roger, quand il assiste à ce genre de moment.
Inutile de dire que tu n'en as rien remarqué. C'est tout juste si tu as pensé à emporter cape et whisky avant de te glisser sur une chaise face à lui, tes yeux rivés à Lemony, tes pensées entièrement consacrées aux souvenirs que vous avez partagé. Le revoir après tout ce temps, c'est... « Inattendu ! » souffles-tu en écho à sa surprise. Et tu souris de son enthousiasme, tu ris même, de le voir nettoyer encore ses lunettes.

Ce mois de février est décidément placé sous le signe des retrouvailles... Après Malachy la semaine passée, voilà que le destin place un autre souvenir du passé sur ton chemin. Douze ans déjà... L'essentiel de ta vie d'adulte, mais par où commencer ? Contrairement à ton ami lycanthrope qui a vécu à tes côtés certaines des épreuves les plus douloureuses que tu aies eu à surmonter, Lemony n'a dû garder de toi que l'image d'une adolescente ordinaire. Un peu plus timide et silencieuse que la moyenne, sans doute, plus appliquée aussi, caressant déjà l'espoir fou d'intégrer un jour le corps d'élite des aurors. Alors par où commencer ? On ne peut pas mettre douze ans sur table, comme on étale ses lettres au scrabble – tu n'as d'ailleurs jamais compris la fascination de ton oncle pour ce jeu, ni cette expression qu'il utilise si régulièrement.
Du bout des doigts, tu rattrapes quelques cacahuètes – chacun sa manière de cacher son trouble et tu ne doutes pas qu'il soit aussi palpable que le sien. Tu hausses d'ailleurs un sourcil, intriguée de cette phrase qu'il n'achève pas. Mais déjà, il te relance et tu hoches la tête dans un sourire. « Je vais... bien. Enfin, aussi bien qu'on puisse aller quand on se retrouve à boire seule un mardi soir ! » ajoutes-tu le regard brillant, levant ton verre à sa santé. « Je travaille au Ministère, j'ai intégré la Brigade Magique. Ce n'est pas... » Tu hésites une seconde, à formuler cet échec – le premier d'une longue série – pour lequel il t'a tant vue te préparer. Et il ne te faut pas moins de deux gorgées supplémentaires pour trouver le courage d'achever cette phrase. « Ce n'est pas tout à fait ce que j'espérais, mais je n'y suis pas si mal. Quant au reste... » Tu hausses les épaules et pour plus de courage, c'est le fond de ton verre qui s'y emploie, révélant une descente que tu ne te connaissais pas. « J'ai peur de n'avoir pas grand chose à raconter. Je vis en colocation avec Adele, ma cousine. J'imagine que tu te souviens d'elle ? » Le contraire te surprendrait, tu soupçonnais même une certaine inclination du jeune homme pour ta cousine, fut un temps.

Lui aussi a dû voir et faire bien des choses depuis. Tu repousses une mèche vagabonde venue barrer ton visage, la renvoyant vers l'arrière de ton crâne avant de resserrer tes doigts autour de ton verre, jaugeant sa vacuité d'un regard attristé. Tes yeux se lèvent, croisent ceux d'un serveur auquel tu adresses un signe léger avant de ramener toute ton attention vers Lemony « Et toi ? Qu'es-tu devenu pendant tout ce temps ? »

Lemony Anderson

Lemony Anderson
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Sam 25 Avr - 1:50

J'voudrais voir le monde à l'envers
Erin… C’est quand même incroyable. Je me revois quelques années en arrière, près du parc à Berlin à attendre Orion, qui allait être mon premier contact avec le monde magique en six ans – et je me souviens de la joie du moment, l’exaltation du fait fait de retrouver quelque chose de presque perdu finalement, de presque oublié, alors qu’on l’avait tant chéri. Retrouver les amis de l’époque où j’étais étudiant à Poudlard me ramène toujours un peu ça, et cette rencontre ne fait pas exception. Surtout aujourd’hui, surtout après cette épouvantable journée.  « Je vais... bien. Enfin, aussi bien qu'on puisse aller quand on se retrouve à boire seule un mardi soir ! » Je pince mes lèvres en cognant mon verre contre le sien. Je ne suis pas le seul à avoir traversé quelques heures difficiles. Je regrette de ne pas l’avoir recontactée plus tôt – je me dis cela à chaque fois que l’une de ces rencontres est fortuite. C’est mieux, plus simplement heureux quand on l’a décidé à l’avance, quand on s’est écrit pour se dire tel jour, nous nous retrouverons. Oui, cela me rend un peu plus léger de boire avec elle, mais elle a raison, il y a bien une raison pour laquelle nous nous retrouvons en semaine à boire seuls. Est-ce qu’en repensant à aujourd’hui, je me dirai c’est le jour où j’ai revu Erin, où est-ce que je penserai encore à Poudlard, au regard outré et effrayé de mon père, à la lettre annonçant la naissance de l’enfant qu’Emma a eu avec un autre. Est-ce que c’est bien le moment de me poser la question si je ne veux pas gâcher l’instant et conserver le sourire que m’a apporté le fait de la revoir ? « Je travaille au Ministère, j'ai intégré la Brigade Magique. Ce n'est pas... » Il y a un instant d’hésitation dans sa voix avant qu’elle ne reprenne, et j’arque un sourcil. « Ce n'est pas tout à fait ce que j'espérais, mais je n'y suis pas si mal. » Il y a un non dit dans cette phrase. Je cherche à me souvenir de ce qu’elle voulait faire – il me semble qu’elle comptait parmi ceux qui autour de moi en avaient une idée, ce qui m’avait laissé complètement perdu mes valises défaites pour la toute dernière fois. Qu’est-ce que j’allais devenir ? J’étais trop moldu pour la plupart des possibilités que ce monde avait à m'offrir, et l’on ne se voit pas nécessairement à dix sept ans devenir gratte papier au ministère. Erin, Erin… Que voulait-elle déjà ? Je n’ai pas à chercher longtemps, elle voulait être Auror. Elle travaillait, elle étudiait pour ça, elle avait un but. Je ne connais pas exactement le fonctionnement du Ministère, j’imagine que brigadier, ce n’est pas tout à fait la même chose. « Quant au reste... » La phrase reste suspendue, noyée dans le verre qu’elle s’enfile, comme pour y chercher la réponse elle-même. Douze ans se sont passés, et une guerre avec. Elle a du en vivre, des choses. « J'ai peur de n'avoir pas grand chose à raconter. Je vis en colocation avec Adele, ma cousine. J'imagine que tu te souviens d'elle ? » Pas grand-chose. Bien sûr. Je suis un idiot d’avoir cru un instant que poser cette question inviterait à autre chose qu’une réponse de politesse formelle, que l’on se parlerait comme si c’était hier. Je suis parti trop longtemps, j’ai disparu trop longtemps. Mes doigts serrent mon verre et blanchissent légèrement. Je ne voulais pas revenir, aurais-je du rester là où j’étais ? Ne pas prendre le risque de recroiser un jour les amitiés déçues, ne pas me rendre compte que la vie s’était faite sans moi, et que je n’étais peut être plus le bienvenu là où les portes m’avaient un jour été ouvertes ? Et d’ailleurs, mes anciens amis moldus n’avaient pas répondu à mon invitation ce soir. C’est quelque chose, de refaire sa vie de zéro dans un nouveau pays, c’en est une autre de revenir après plusieurs années d'un silence absolu. Qu’est-ce que j’ai manqué ? Qu’est-ce qui t’est arrivé pendant cette guerre, et après ? Est-ce que tu en es sortie indemne, vraiment indemne je veux dire, ou est-ce que tu gardes quelque meurtrissure secrète quelque part ma douce amie ? Tes proches, comment vont-ils ? Et si tu n’es pas Auror, est-ce que tu as arrêté d’essayer, est-ce que tu as tenté dernièrement et c’est pour cela que tu es déçue, est-ce que tu es toujours aussi sombre, ou c'est juste aujourd'hui ? Et pourquoi, aujourd'hui ? Est-ce que le souvenir que je suis devenu peut faire quelque chose pour toi, maintenant que je suis là, vraiment là ? Je reste silencieux, j’acquiesce simplement, oui je me souviens d’Adele. Bien sûr que je me souviens d’Adele, de son tempérament, de son amour du monde moldu. Je l’aimais bien d’ailleurs, même si elle avait la fâcheuse manie d’avoir des coups de cœur très similaires aux miens.

Mon sourire est un peu plus triste alors que je la regarde remettre derrière sa tête une mèche de ses cheveux et commander un verre d'un signe de la main. Il ne faut pas que je me laisse abattre. Ce n’est pas un peu d’alcool et une mauvaise journée qui doit m’empêcher de profiter de ce moment. Elle adresse au serveur un geste, et presque par mimétisme je finis mon verre d’une traite pour ne pas lui demander un nouvel aller retour. Ouch. Dur. J’ai eu quelques mauvaises idées aujourd’hui, mais ça, c’est clairement l’une des pires. « Et toi ? Qu'es-tu devenu pendant tout ce temps ? » J’ai les yeux qui piquent et la gorge en feu, je m’éclaircis la gorge et tente de retrouver mon aplomb. Qu’est-ce que je suis devenu donc, c’était ça la question ? Il faut vraiment que je prenne le temps pour boire le prochain verre. « Et bien… Comment dire ça sans être trop barbant dans mes explications ? J’ai repris des études moldues en passant une équivalence, je suis parti en Allemagne du moment où on a annoncé euh… son retour en 96, dans une université prestigieuse. » Je suis un peu fier, mais je me ravise avant d’en dire le nom en me bombant le torse – je peux certes être arrogant, mais pas idiot : inutile, elle ne connaîtra certainement pas. « J’ai obtenu un diplôme en chimie, et je suis revenu en Angleterre il y a presque deux ans maintenant. Je… je suis désolé de ne pas t’avoir recontacté plus tôt d’ailleurs, j’étais un peu perdu, il y avait tellement de disparus, tellement de… Enfin, je ne voulais pas déterrer des cadavres. J’ai attendu de croiser la plupart des gens ou que l’on m’en parle comme étant biens portants en général, avant de leur signaler mon retour. » Je me sens un peu con, je maudis ma lâcheté. Je n’ai pas fait la guerre, et j’ai préféré fermé les yeux que de pleurer mes amis, alors que j’étais en sécurité en Allemagne pendant qu’ils se battaient. Le serveur nous emmène nos verres, il nous a resservi à l’identique sans qu’on repasse commande. Va pour un autre whisky, je le remercie d’un signe de tête et cache mon malaise derrière une gorgée. Je tente de reprendre un ton plus enjoué et léger quand je reprends. « Nous aurions pu être presque collègues, d’ailleurs. J’ai postulé au Ministère quand je suis revenu, pour un poste dans l'équipe de Recherche sur l’Artisanat Moldu. Ça aurait pu bien se passer, mais j’ai peut-être manqué d’un peu de courtoisie avec Arthur Weasley. » Je m’éclaircis la gorge. Ça, ça veut dire : je l’ai copieusement insulté et j’avais parfaitement raison de le faire. « J’ai travaillé au Chicaneur après, pendant un peu moins d’un an et demi, et depuis septembre, je suis professeur de sciences moldues à Poudlard. Voilà, en gros. » Je n’évoque pas plus ma mère qu’elle n’a évoqué ses fantômes, et je hausse les épaules. « Et si tu veux tout savoir, l’une des raisons qui me conduit à venir boire dans un bar au hasard alors que j’ai cours demain matin, c’est parce que depuis peu, j’ai remplacé au pied levé le directeur de Serdaigle suite à... » A l’anniversaire d’un criminel de guerre qui m’a mis hors de moi et me donne l’envie d’incendier objets et personnes ? Peut-être un peu trop… Direct ? Et je ne suis pas certain que de confesser sous l’effet de l’alcool mes envies de meurtres et de dégradations à une brigadière soit du plus bel effet, surtout pour des retrouvailles. « Au concert de Reissen, qui a mêlé les enfants de la chorale dont il s’occupait. » Je m’étire sur la table. « Et si Rogue est sans doute plus brillant qu’Arthur Weasley, c’est dans cette histoire un idiot fini qui décide de gérer cela de la pire des façons possible, et de causer encore plus de mal que ce qui avait déjà été fait. » J’écarquille les yeux quand je me rends compte que j’ai dit cela à voix haute, ma langue trop déliée par l’alcool que j’ai bu. « Euh, je veux dire, enfin… Désolé. » Je suis rouge comme une tomate et je regarde mon verre d’un air accusateur qui doit sans doute avoir quelque chose de comique.

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Dim 26 Avr - 1:43
J'voudrais voir le monde à l'envers@Lemony AndersonErin


17 février 2004

Le fond du verre claque contre le bois de la table, son prédécesseur déjà emporté sur le plateau en équilibre du serveur. L'applique murale au-dessus de vous allume des reflets d'or et d'ambre dans le whisky où tes yeux s'abîment un instant. À voir Lemony si loquace, tu te sens un peu ridicule, de cette réponse bâclée, trop vite expédiée. De cette banalité lancée sur un haussement d'épaule comme si, vraiment, ta vie n'avait été qu'un long fleuve tranquille. Mais ces épreuves, ces plaies à vif... Ne sont-elles pas exactement ce que tu voulais occulter en venant ici ? Alors à quoi bon ternir la joie de retrouvailles inopinées par tant de sombres souvenirs ? Il est tellement plus simple de faire abstraction. En outre... est-ce vraiment ce qu'il souhaite entendre ? La longue litanie de tes deuils mal cicatrisés ? Qu'as-tu fait ces douze dernières années ? Oh, trois fois rien, j'ai enterré ma sœur, rayé mon frère de ma vie, perdu l'enfant que je portais et depuis la fin de la guerre, je me complais dans mes malheurs sans essayer de rebondir. Personne n'attend ce genre de réponse en prenant des nouvelles. Il fut un temps où tu aurais sans doute pu lui confier les peines qui émaillent ton quotidien. Oui, il fut un temps où tu avais suffisamment confiance en lui pour t'épancher, même si vos discussions tournaient plus volontiers autour du dernier chapitre dévoré ou du prochain livre sur la pile vos tables de chevets toujours trop encombrées de lectures futures.

Il est parti, donc. Avant que les choses ne dégénèrent, pour un pays lointain, renouant avec ses racines moldues. Pour y étudier la chimie – de vos discussions, tu crois te souvenir que la matière n'est pas si éloignée des potions. Un rapprochement qui suffit à te la rendre profondément antipathique. Abandonner le monde magique pour aller jouer à l'apprenti sorcier chez les moldus te semble tellement fou... Tellement lui, que tu ne peux retenir un sourire.
Quant au reste... Ce sous-entendu si criant qu'il pourrait aussi bien être écrite en lettres noires dans ses yeux. Qui es-tu pour juger ? Oh, ils sont admirables, tous les héros qui affirment encore haut et fort qu'en dépit des difficultés, ils ne regrettent rien de leur engagement. Tu n'es certes pas du nombre. Parce que tu n'as rien d'un chevalier en armure. Cette guerre, tu as fait ton possible pour ne pas y être mêlée. Comme tant d'autres, tu as fait la sourde oreille aux avertissements de Potter – oh, tu ne lui as pas jeté la pierre, mais il était si simple de refuser d'y croire... Malgré les débordements de la Coupe du Monde de 94 et les discours d'Adele qui ne cessait de te pousser vers cet Ordre du Phénix renaissant dont tu ne voulais pas entendre parler. Pourquoi mentir ? La neutralité respective promise à ton frère t'arrangeait bien, te donnait une excuse toute trouvée pour refuser de te battre. Il était si simple de courber l'échine, sans élever la voix, malgré les missions toujours plus nauséabondes et la culpabilité qui hantait tes nuits dans les regards de ces nés-moldus que tu amenais à Azkaban après jugement. Oh, cela tu ne l'avoueras pas à Lemony... Douce Helga, tu ne supporterais pas de voir se ternir son regard face à cette lâcheté qui t'a hantée si longtemps. Au cours de vos nuits de veille, Malachy avait plusieurs fois tenté de te dire que ta position de Brigadière était précieuse à l'Ordre, et ses mots avaient fini par résonner, des mois plus tard, t'aidant à faire la paix avec ces actes inqualifiables. Et l'Ordre tiens. Parlons-en de ce preux engagement dans la bataille... Qu'on ne se méprenne pas, si tu as rejoint leurs rangs, c'était uniquement pour cracher votre foutue neutralité au visage de Sebastian, sans vocation aucune.
Alors non, ce n'est pas toi qui le blâmera. Parce que si tout était à refaire, tu fuirais aussi loin, aussi longtemps que possible. Quitte à ne plus reconnaître ton pays à ton retour. Oh, comme tu le comprends. D'un geste, tu balayes ses excuses. « Ne t'en fais pas, j'aurais sans doute fait pareil. » Si tu avais pu. Si tu avais eu le courage de partir. Et dans ces sombres pensées, il y a bien la moitié de ton verre qui disparaît.

Tu commences à avoir chaud, l'alcool courant dans tes veines. Tu écartes légèrement ton col, cherchant un peu d'air – quelle idée d'avoir enfilé un pull à coll roulé pour descendre dans un pub moldu surchauffé et bondé ! La température colore tes joues plus que d'ordinaire, fait briller davantage tes yeux. Aussi tu ne peux retenir une exclamation joyeuse, lorsqu'il t'annonce sa nomination à la tête de Serdaigle « Félicitations ! » bien que le contexte en soit compliqué. « Ça fait un sacré parcours... » souffles-tu, pensive, à la fin de ses explications. D'une tentative d'intégrer le Ministère au Chicaneur – tu n'as jamais pris le temps de feuilleter les pages du magazine, mais sa réputation n'est plus à faire depuis cette célèbre interview de Potter voilà bien des années, et bien sûr pour leurs choix éditoriaux... intéressants. Jusqu'à Poudlard, touché de plein fouet par ce foutu concert qui fait vaciller le monde magique. Une nouvelle gorgée ! Après les sourires et les hochements de tête enthousiastes, ton visage se fait plus grave à l'évocation de ces événements qui n'en finissent plus de t'inquiéter. « J'ai entendu parler, oui... » Malachy t'en a touché un mot, et la Gazette a bien sûr fini par s'emparer du sujet. Deux élèves renvoyés, ça ne s'était plus vu depuis... des années. Des décennies sans doute, aucune anecdote semblable ne te revient en mémoire depuis quoi ? La première ouverture de la Chambre des Secrets, voilà soixante ans ? Tu réprimes un frisson au souvenir de ce qui a marqué durablement ta dernière année à Poudlard. @Severus Rogue, directeur de Poudlard... Tu n'as jamais compris ce choix, malgré tous les actes de bravoure pour lesquels on l'encense, n'ayant en mémoire que le professeur odieux et les dires furieux des membres de l'Ordre à une époque où tout l'accusait d'être un traître. Ça mérite bien une lampée de plus. « Ça... Je préférerais de très loin travailler avec Arthur Weasley qu'avec ce wallaper de Rogue. Je ne sais pas comment tu fais pour travailler avec. » Le gaélique t'a échappé pour qualifier son supérieur, comme chaque fois que tu perds le contrôle, revenant instinctivement à cette langue gutturale que tu parles trop peu au quotidien. Tu n'aimes définitivement pas Rogue, c'est viscéral – bien qu'il t'ait sans doute totalement oubliée. « Ce que tu dis ne m'étonne malheureusement pas. Et j'ai peur que ce ne soit pas la seule conséquence qu'ait à subir le monde magique, et donc Poudlard. Enfin, ce n'est pas une perspective très réjouissante. » Exactement de celle qu'il vaudrait mieux laisser à l'extérieur. Cette pensée déprimante justifie bien que tu replonges dans ton verre dont le niveau baisse dangereusement.
L'euphorie de ce troisième service commence à se faire sentir, et face au regard désemparé de Lemony, tu éclates d'un rire franc. Ta main traverse la table pour se poser sur la sienne, et tu désignes ton verre de l'autre. « Tu comprends, maintenant, pourquoi je bois en pleine semaine. Ça fait un mois que cette histoire pèse sur tout le monde, j'ai vraiment besoin d'un break. Raconte moi plutôt ce qui s'est passé avec Arthur. Te connaissant, je ne m'étonnes pas que ça n'ait pas fonctionné. C'est quelqu'un de vraiment bien mais il a tendance à être un peu trop enthousiaste et... obtu, parfois. » Et son emportement te laisse supposer que la situation a dû être cocasse, au moins avec du recul. Imaginer Lemony, ton Lemony si moldu dans ses convictions, face aux idées reçues d'Arthur Weasley... Merlin, tu aurais aimé te faire écureuil pour assister à la scène !

Lemony Anderson

Lemony Anderson
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Dim 26 Avr - 3:15

J'voudrais voir le monde à l'envers
« Ne t'en fais pas, j'aurais sans doute fait pareil. »
Oui, mais tu ne l’as pas fait. Tu étais là. Tu n’as pas disparu. Ce n’est pas ton absence, qui a causé du tort. Littéralement d’ailleurs, peut être. Peut être ? Oh comme cela va être dur, de faire face à cela si c’est bien d’un mal magique dont souffre ma mère depuis toutes ces années… Est-ce que mon père me pardonnera ? Est-ce qu’elle me pardonnerait ? Je ne m’attarde pas plus longtemps sur la pensée qui me traverse l’esprit, et je continue à déballer mon parcours comme si ce fantôme là ne planait pas au dessus de ma tête. Quand j’en arrive à dire que je suis directeur de Serdaigle depuis quelques semaines, elle lâche un félicitations joyeux. Mais je suis trop dans mes pensées pour la voir, pour l’entendre, et je continue, jusqu’à ce que cette phrase sur Rogue m’échappe. Je n’aurais pas du dire ça. Un regard autour de nous, avant de me rappeler que je suis dans un bar moldu, que personne ne sait de qui je parle, que personne à part elle ne pourra vraiment me juger sur cela. Elle boit, sans que mes mots ne lui fassent vraiment lever un sourcil, et je bois avec elle. « Ça... Je préférerais de très loin travailler avec Arthur Weasley qu'avec ce wallaper de Rogue. Je ne sais pas comment tu fais pour travailler avec. » Je ris doucement. Je ne sais pas ce que signifie wallaper, mais je crois que je n’aimerais pas qu’elle le dise de moi. Je n’avais pas grand-chose à reprocher à Rogue avant cela. Bien sûr qu’il faisait du favoritisme envers ses Serpentards à l’époque où j’étais étudiant, mais j’étais bon en potion, attentif en cours et venant d’une maison ne rivalisant pas trop historiquement avec la sienne. Sans doute, moins bon élève, j’aurais vu ses failles lorsque j’étais adolescent, et maintenant que j’y pense il me semble qu’il pouvait être odieux – mais il ne l’a jamais été avec moi. Et Rogue m’a offert ce qui est sans doute le poste me correspondant le mieux dans le monde sorcier, m’a écouté quand je suis venu me plaindre de la bibliothèque, m’a dit oui quand j’ai parlé des recherches que je voulais mener… Il n’a aucune pédagogie, et à l’heure de devoir gérer l’insolence et la rébellion d’adolescents, il est on ne peut plus mauvais, certes. Mais, je crois que je préfère encore travailler avec quelqu’un d’humainement problématique mais de stimulant qu’avec ce grand nigaud de Weasley. C’est sans doute l’une des différences entre Erin et moi qui lui a valu d’être envoyé à Poufsouffle quand j’étais réparti à Serdaigle. Cependant, ce sont des gosses… Des gosses privés d’avenir, des gosses qui vont être érigés en martyrs par le clan d’en face, sacrifiés pour l’ordre, entourés aujourd’hui uniquement de ceux à cause de qui ils ont très probablement donné de la voix pour Reissen. Comment Rogue ne peut-il voir ça ? Comment peut il tenir des enfants responsables des bêtises des adultes ? Une perceptive peu réjouissante, comme tu le dis, Erin. Je bois, assombri et encore un peu gêné par ma gaffe.

Elle rit. C’est franc, c’est léger, et sa main se pose sur la mienne. Il faut que je cligne des yeux pour en être certain. Je ne saurais pas trop dire si c’est l’alcool ou le contact qui me retourne le ventre. Je n’avais pas fait attention à l’éclat de ses yeux verts, ni à la couleur qu’ont prises ses joues. Était-elle comme cela quand nous étions adolescents ? Je veux dire, était-elle aussi… ? Pourquoi faut-il que j’ai autant bu aujourd’hui ? Adele prenait tellement de place, elle était si vivante, si bruyante, elle se passionnait pour la technologie, nous nous battions pour ce garçon de Pouffsoufle de mon âge, comment s’appelait-il déjà ? Je ne sais plus, j’ai trop bu pour savoir. Mais Erin, qui était plus discrète mais qui était bien là, à rire derrière ses livres, à étudier des heures avec nous… Elle était déjà comme ça ? Elle avait bien ces yeux ? Son rire était aussi clair ? Merde. Lemony, reprends toi. Elle me montre son verre. Ah oui, nous buvons, c’est bien cela. Je bois, elle boit, nous buvons. D’ailleurs, c’est le moment d’avaler une gorgée de plus avant de me pétrifier totalement. « Tu comprends, maintenant, pourquoi je bois en pleine semaine. Ça fait un mois que cette histoire pèse sur tout le monde, j'ai vraiment besoin d'un break. » Je lève mon verre à ça. Oui, c’est sans doute cela, j’avais besoin d’un break. J’avais besoin de noyer un petit peu tout ça. « Raconte moi plutôt ce qui s'est passé avec Arthur. Te connaissant, je ne m'étonne pas que ça n'ait pas fonctionné. C'est quelqu'un de vraiment bien mais il a tendance à être un peu trop enthousiaste et... obtu, parfois. » Je manque de m’étouffer avec mon whisky, et sous l’effet de l’alcool, ma langue semble refuser de m’obéir. « Obtu ? Tu veux dire parfaitement crétin oui ! » Hmmm. Je me redresse et retire mes lunettes. Je crois que je suis trop saoul déjà pour regretter mes mots. Je tourne mon regard bleu vers elle qui est parfaitement floue, cherchant comme raconter l’anecdote sans passer pour un sale type – après tout, elle a l’air de l’apprécier, le Weasley. J’ai chaud aux joues et aux oreilles, je n’ai sans doute toujours pas retrouvé ma couleur normal, j’ai les yeux qui brillent, et je ne suis pas certain d’être encore capable de raisonner correctement. Parfait.

Je remets mes lunettes et joint mes mains. « Très bien, l’histoire de comment je n’ai pas été pris au Ministère. Alors… Au début, j’étais très enthousiaste. Le fait qu’il y ait à présent un bureau de Recherche sur l’Artisanat Moldu, ça me semblait incroyable tu sais. Je venais de finir mon mémoire six mois plus tôt, j’enchaînais les boulots dans l’enseignement moldu en Allemagne en cherchant une thèse sans vraiment de succès… Alors le nom déjà. Donc, je postule, on me contacte pour me dire que je suis pris en entretien, je sautais partout – tu peux demander à Orion, ça devait être ridicule. Tu vois qui est Orion ? » Recentre-toi Lemony, recentre toi. « Hm bref. Donc Arthur Weasley me reçoit en entretien, je lui explique que je suis très motivé, que j’ai étudié dans une université moldue, que je suis persuadé de pouvoir apporter quelque chose à son équipe. Je lui dis que l’artisanat moldue, c’est une chose, mais qu’il faut aussi s’inspirer de leurs concepts scientifiques et essayer d’étudier le monde avec ce prisme, avec leur méthodes. Je lui parle de chimie, de physique, de mathématiques, d’aéronautique, de technologies… Je commence à évoquer le fait que selon moi il faut repenser notre rapport au monde moldu et nos liens avec eux… » Je parle avec mes mains, comme si je lui mimais les concepts dont j’essaie de parler – mais avec beaucoup d’alcool. « Bref, je m’emballe, comme je sais le faire, je ne me rends pas compte que ça fait plusieurs minutes qu’il ne m’écoute plus vraiment, il a l’air content cependant, je me dis que c’est super. Et en vrai, c’est super, je correspond au profil qu’il cherche, j’ai les qualités requises, il y aura très certainement une issue favorable à tout cela. Et il a des questions pour sa propre curiosité, c’est merveilleux, je veux y répondre, ça va être passionnant, c’est le job de mes rêves ! » Je marque un temps de pause, le suspens est total, et me revient en mémoire mon enthousiasme, ma joie, mon excitation… Et puis, la douche froide. «  Et là, cet imbécile commence à me parler d’objets triviaux sans le moindre intérêt, de jouets, d’objets courant ! Je lui parle de révolutionner l’étude des moldus, je lui parle de sciences, et ce crétin me pose des questions sur les canards en plastiques ! » Je la regarde, les mains tendues. Non mais... J’ai pas raison ? Il y avait tellement de choses à faire ! « Alors ça a été plus fort que moi, tu sais comment je suis, je lui ai dit que c’était un idiot incompétent qui ne méritait pas son poste, un imbécile qui ne comprenait rien à ce qu’il fallait étudier dans le monde moldu, que s’il s’intéressait à ces objets triviaux après toutes ces années de carrière c’est qu’il était vraiment à côté de la plaque, qu’il n’était qu’un collectionneur de pacotille avec trop de responsabilités, et que si c’était les seules questions qui lui venaient en tête après mon discours, je préférais encore me crever les yeux que de travailler pour lui... » Ma voix retombe, et mes mains avec sur la table. En fait, je ne suis pas si fier de cet évènement, si j’avais fait preuve de mon arrogance et d’animosité, j’aurais sans doute pu faire de grandes choses dans ce bureau… « Et du coup, c’est comme ça que je me suis retrouvé à travailler au Chicaneur. Xenophilius s’est montré plus ouvert, et j’ai fait plusieurs articles sur le monde moldu... » Je tente un sourire amusé, mais l’alcool transforme vite mon manque de fierté en honte. Je tire sur ma chemise pour me trouver de l’air. « Tu dois penser que je suis odieux… Enfin, voilà… Et toi, une… une anecdote particulière à raconter ? » Tout, tout pour me sortir de l’esprit la culpabilité qui commence à me gagner. D’ailleurs, dans le doute, une grande gorgée de plus de whisky me donnera sans doute un peu plus de contenance.

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Dim 26 Avr - 23:59
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17 février 2004

Lemony face à Arthur Weasley... Oh tu les imagines d'ici ! Le premier, toujours si prompt à défendre les innovations moldues, à s'enthousiasmer sur la dernière invention, la dernière technologie en date. Un pied de chaque côté du Secret magique, si profondément investi de cet autre univers que tu connais que par leurs bribes de conversations, s'agaçant de l'imperméabilité des sorciers face aux changements de cet autre monde si méconnu. Et face à lui, un sorcier pure souche, dont l'intérêt sincère pour les moldus tient davantage de la curiosité passionnée que de la recherche académique... Tu n'es pas une proche d'Arthur, tout au plus gardes-tu pour lui de cette tendresse qui t'étreint envers chaque membre de l'Ordre, les combats partagés ayant soudé une forme de respect inaltérable. Aujourd'hui, il n'est guère plus qu'un visage amical dans les couloirs du Ministère, de ceux à qui tu adresses invariablement un sourire sincère quand vos regards se croisent entre deux étages.
Non, tu n'as pas besoin d'avoir assisté à la scène pour en voir tout le déroulé, si bien conté par Lemony. Ces deux-là sont trop différents, dans leur caractère comme leur approche, pour trouver terrain d'entente, même sur un centre d'intérêt commun. Combien de fois as-tu entendu Adele tenir le même genre de discours, ronchonnant de n'avoir pu, une fois de plus, l'intéresser à quelque chose de plus concret qu'une ampoule ? La seule différence étant ce lien tissé autour de la cuisine du Square Grimmaud – que tu n'as jamais eu l'occasion de voir, entrée trop tard dans l'organisation – qui insufflait une douceur amusée à son agacement légitime.
Ta voix reste douce, en refusant le qualificatif dont il affuble le patriarche des Weasley. « Pas crétin, non. Fais-moi confiance, c'est loin d'être le cas. C'est dommage, en tout cas. Vous auriez fait des merveilles, ensemble ! » Avant qu'il ne se lance dans une nouvelle diatribe, tu lèves un doigt pour l'empêcher de renchérir de plus belle. « Je sais, tu n'aurais pas pu travailler avec un... comment tu as dit ? « Incompétent qui ne s'intéresse qu'à des objets triviaux » ? Mais vraiment, tu aurais été une vraie valeur ajoutée au sein de ce département. Avec un peu plus de pédagogie... » Tu achèves sur un clin d’œil appréciateur, bien placée pour savoir qu'il est capable de bien plus de patience qu'il n'en a montré lors de cet entretien apparemment désastreux. Avec son année de plus et son calme proverbial – pour quiconque ne dénigre pas les moldus, une erreur que tu ne t'aventurerais jamais à commettre en sa présence ! –, il était d'un immense secours pour t'aider à comprendre les chapitres les plus problématiques, réaliser les sortilèges qui te résistaient. Et tu ne doutes pas qu'il fasse un formidable enseignant. « Si tu es heureux à Poudlard, c'est l'essentiel. » Il t'est plus difficile d'imaginer le trop sérieux et académique Lemony au sein d'une rédaction comme celle du Chicaneur.

Quoi qu'il en soit, tu aimes toujours autant sa façon de raconter, de parler, suspendue à ses lèvres comme l'était jadis l'adolescente qui pouvait l'écouter discourir sans se lasser. Il est bien meilleur orateur que tu ne le seras jamais, toujours à hésiter. C'est à ton tour pourtant, et ton esprit s'active pour trouver une anecdote capable de rivaliser avec la sienne. Instinctivement, tes pensées se tournent vers cette métamorphose ratée... « J'imagine que je pourrais te raconter le plus bel échec jamais vu au concours d'entrée des aurors... » Faut-il que tu sois trop alcoolisée pour seulement envisager de lui narrer cet incident... Même à Damocles, au cours de vos échanges sur vos échecs respectifs, tu n'as jamais tout révélé... Bien que tu sois absolument certaine qu'il en connaisse parfaitement les tenants et les aboutissants, le département ayant résonné longtemps de ta mésaventure. Vraiment Erin, c'est ça que tu vas lui expliquer ? « Non, c'est ridicule, je ne vais pas te raconter ça... » Mais devant son regard déjà curieux, tu n'oses plus te défiler. Une fois encore, c'est dans le whisky que tu puises ton courage, reposant ton verre dans un rire incrédule. « Si ? Très bien... C'était en juin 96. J'avais quitté Poudlard depuis trois ans, pendant lesquels j'ai continué de bosser jour et nuit – tu te souviens de nos heures de révision à Poudlard ? Et bien imagine ça, mais multiplié par le fait que je n'avais plus d'heures de cours auxquelles assister impérativement. Je n'arrêtais pas, je ne dormais clairement pas assez. Tout ce qui comptait, c'était d'être prête pour passer le concours. » C'était une période merveilleusement stimulante, de n'avoir rien d'autre à faire que d'étudier, encore et toujours. Jane, ta grand-mère, t'avait prêté de quoi t'installer en attendant que tu puisses prendre poste et la rembourser. Tu aurais sans doute continué encore, malgré les rumeurs de plus en plus oppressantes, si la bataille au Département des Mystères n'avait pas précipité les choses. « En apprenant le retour de Tu-sais-qui, j'ai fini par sauter le pas. Je savais que mon niveau était juste. À force de bosser, j'étais devenue assez bonne – d'accord, très bonne. Mais pas excellente, comme le demandent les aurors. » Jusqu'ici, l'histoire n'a rien de bien original. La méthode d'une gorgée pour quelques minutes de parole semblant faire ses preuves, tu replonges dans ton verre avant de poursuivre. « Mais j'avais un vif d'or dans ma manche et pas des moindres : avant de quitter le château, j'avais eu une longue discussion avec le professeur McGonagall et elle avait accepté de m'enseigner l'Animagie lorsque j'aurais passé mes ASPIC. Et donc, à partir de la rentrée suivante, je suis retournée régulièrement à Pré-au-Lard pour suivre cet enseignement particulier. Tu comprends... la métamorphose ayant toujours été mon plus gros point fort, je me disais que ce serait peut-être le truc en plus, qui ferait pencher leur verdict en ma faveur. » Et Merlin, ça aurait pu réussir... À force de travail acharné, tu avais réussi à maîtriser ta forme animale en deux longues années, sous le regard implacable mais toujours bienveillant de ton ancien professeur. Sans aucun doute ta plus grand réalisation, encore à ce jour. « Arrive le jour du concours. J'étais... complètement stressée, comme tu peux t'en douter. Une vraie boule de stress... Les épreuves s'enchaînent, et malgré la tension, je ne m'en suis pas si mal sortie, atteignant toujours les notes minimales exigées. Et arrive la toute dernière. Le moment où l'on doit expliquer pourquoi on souhaite devenir auror. C'est une sorte d'entretien qui conclut le processus et durant lequel il faut mettre en avant sa motivation, ses points forts, sa détermination... Bref, tout argumenter ce qui fera de nous un bon auror. Et je l'avais bossé, cette présentation, parce que je savais qu'elle était capitale. Et mon objectif, c'était de la conclure en beauté par une métamorphose vers ma forme animale. Ça aurait été le point d'orgue de mon explication, mon plus gros atout à faire valoir pour me placer au-dessus du lot malgré certaines petites lacunes par ailleurs... » Tes doigts quittent sa main, venant tapoter nerveusement le bois de la table. Si l'alcool te délie la langue, il ne fait certes pas oublier l'humiliation cinglante que tu as ressenti à ce moment-là... « Et là... Rien. Ou plutôt, si. Et c'est sans doute pire. J'ai commencé à rapetisser, mon corps a commencé la métamorphose et puis... ça s'est enrayée. Je me suis retrouvée devant le jury des aurors au grand complet, couverte de fourrure rousse. Et si paralysée que j'ai été incapable de m'en débarrasser. Il a fallu faire intervenir un médicomage. » Tes joues s'enflamment au souvenir de ce souvenir infâme, tes doigts ne cessant plus de pianoter. Ton autre main se resserre autour de ton verre. Allez, cul sec, il faut bien ça pour oublier ! Les vapeurs d'éthanol commencent clairement à te monter à la tête, et tu sais qu'il faudrait ralentir... Mais à Merlin les bonnes résolutions ce soir ! Un rire nerveux t'échappe. « C'est comme ça que j'ai fini par atterrir au sein de la Brigade, après un bon coup de pied au cul. Douce Helga, j'ai vraiment trop bu. Je n'en reviens pas d'avoir osé te raconter ça... » Le lent dodelinement de ton corps en atteste... Pourtant, déjà tes yeux cherchent le serveur du regard – en vain. Reviennent croiser ceux de Lemony, derrière ses lunettes épaisses. Qu'ils sont bleu ses yeux, par Morgane... De vrais yeux de Serdaigle.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Lun 27 Avr - 6:38

J'voudrais voir le monde à l'envers
« Pas crétin, non. Fais-moi confiance, c'est loin d'être le cas. C'est dommage, en tout cas. Vous auriez fait des merveilles, ensemble ! » Je grommelle, mais elle a au moins le bon goût ne ne pas me jeter son verre à la figure malgré la sympathie qu’il semble lui inspirer. C’est déjà ça. « Je sais, tu n'aurais pas pu travailler avec un... comment tu as dit ? "Incompétent qui ne s'intéresse qu'à des objets triviaux" ? Mais vraiment, tu aurais été une vraie valeur ajoutée au sein de ce département. Avec un peu plus de pédagogie... » Je me prends la tête dans les mains. « Oui je saaaaais. » Mon gémissement est faible est plaintif, un peu enfantin. J’ai conscience d’avoir laissé passer une chance inouïe de faire quelque chose qui aurait pu être vraiment important, que je me suis laissé avoir par mon orgueil et mon impulsivité, que le fait qu’il ne m’ait pas vraiment écouté sur le coup ne m’aurait pas empêché de vraiment travailler – mais c’était plus fort que moi. Je ne peux pas travailler pour des gens que je considère comme des idiots. Des gens étranges, des gens désagréables, des fous, des grincheux, des hypocrites – tout ça, pourquoi pas, mais pas s’ils sont trop stupides pour voir ce qui est à ce point évident. « Si tu es heureux à Poudlard, c'est l'essentiel. » Je lève un sourcil surpris. Il n’a jamais été question de Poudlard dans mon histoire… Mais du Chicaneur. Mais je crois comprendre pourquoi ce n’est pas ce qu’elle retient de l’histoire – le Chicaneur, Xenophilius… C’est quand même très étrange, pas très compatible avec mon esprit cartésien, ma logique, ma rationalité. Et pourtant, j’ai passé de très bon moment là bas, Xenophilius était très différent de moi certes, mais il était curieux, il posait des questions, il essayait de comprendre vraiment. Et j’étais tout de même particulièrement libre de ce que j’écrivais, la technologie moldue passait pour une bizarrerie comme une autre – ce n’était pas parfait, mais c’était déjà ça. Bien sûr, mon emploi de professeur de sciences moldus est à ce niveau bien plus épanouissant, et puis il y a le club journal, et Serdaigle maintenant… Mais il y a aussi tout le reste...
Est-ce que je suis heureux à Poudlard ?

Je ne me pose la question pas plus longtemps, elle accepte de prêter à son tour au jeu improvisé de l’anecdote. « J'imagine que je pourrais te raconter le plus bel échec jamais vu au concours d'entrée des aurors... » Je lève mon regard vers elle, plein de curiosité – oubliant déjà, avec l’aide de l’alcool, la honte et les questions. « Non, c'est ridicule, je ne vais pas te raconter ça... » Je crois que je tente sur elle mon regard de chien battu. Aller Eriiiiiiiin, s’il te plaît…. Ça a l’air de marcher, parce que je n’ai pas encore eu besoin de la supplier pour qu’elle reprenne. « Si ? Très bien... C'était en juin 96. J'avais quitté Poudlard depuis trois ans, pendant lesquels j'ai continué de bosser jour et nuit – tu te souviens de nos heures de révision à Poudlard ? » Je ne me trompais pas, elle travaillait bien pour cela. J’espère que l’échec qu’elle s’apprête à me raconter n’est effectivement pas trop honteux, et je reste fixé à ses lèvres alors qu’elle m’explique. « Mais j'avais un vif d'or dans ma manche et pas des moindres : avant de quitter le château, j'avais eu une longue discussion avec le professeur McGonagall et elle avait accepté de m'enseigner l'Animagie lorsque j'aurais passé mes ASPICs. » J’écarquille les yeux, et laisse échapper un hoquet de surprise – et d’admiration. Un animagus. C’est vrai, j’oubliais presque l’existence de ce sort. Et pourtant, j’en ai deux dans mes collègues. Mais pourtant… Comment est-ce seulement possible ? Comment peut on modifier sa forme et sa taille, et les retrouver sans contrainte ? Que deviennent les atomes dont nous sommes composés. Comment pense-t-on ? On ne peut pas visualiser l’intégralité des terminaisons nerveuses, des neurones, du système d’un animal. Ils ne sont pas sensés appréhender le monde comme nous ! Elle se transforme en quoi, d’ailleurs ? « Et là... Rien. Ou plutôt, si. Et c'est sans doute pire. J'ai commencé à rapetisser, mon corps a commencé la métamorphose et puis... ça s'est enrayée. Je me suis retrouvée devant le jury des aurors au grand complet, couverte de fourrure rousse. Et si paralysée que j'ai été incapable de m'en débarrasser. Il a fallu faire intervenir un médicomage. » Je cligne des yeux. Comment ce genre de transformation peut échouer ? Donc, elle se transforme en petit animal à fourrure, et donc c’est sa fourrure et sa taille qui changent en premier ? Est-ce que c’est parce que c’est ce qu’elle visualise le mieux ? Qu’est-ce qu’on a besoin de savoir avant ? Est-ce que c’est un choix l’animal, ou est-ce que c’est comme le patronus ? Et c’est quoi, mon patronus d’ailleurs ? « C'est comme ça que j'ai fini par atterrir au sein de la Brigade, après un bon coup de pied au cul. Douce Helga, j'ai vraiment trop bu. Je n'en reviens pas d'avoir osé te raconter ça... »

Beaucoup. Trop. D’informations.
J’ai mille question qui me brûlent les lèvres, mais je me dis qu’il faut peut être que je commence par un mot réconfortant. Après tout, moi je lui ai raconté comment mon orgueil m’a conduit à perdre ce qui aurait pu être un emploi incroyable, elle elle me raconte comment le stress lui a nuit à l’heure de passer l’examen pour l’emploi de ses rêves pour lequel elle s’était préparée des années. Je suis un sale type, elle est anxieuse. Ça n’a rien de gênant comme histoire, c’est touchant, et elle est devenue animagi quand même et ! Lemony, recentre toi. « Mais je suis sûr que tu étais très jolie avec de la fourrure ! » Je pose ma main sur ma bouche mais trop tard, les mots m’ont déjà échappé. Mais quel gros nul. « Euh.... je veux dire... désolé, attends. » Je retire mes lunettes et inspire un grand coup. C’était vraiment pathétique. En remettant sur le nez mes montures noires, j’avise nos verres presque vides. « Désolé, j’ai trop bu, et je n’ai pas mangé. Écoute euh… Je ne suis pas venu dans ce quartier depuis huit ans je crois, mais dans mes souvenirs il y a un très bon bar à sushi à deux rues d’ici. Ça te dit d’aller en prendre ? Si je n’avale pas un morceau, je ne sais vraiment pas comment je vais rentrer à Poudlard. » En vrai, dans mon état, même avec ça j’ai des doutes. « Et euh… Ce que j’ai essayé de dire, de la façon la plus minable qui soit, c’est que… Euh… Tu as travaillé des années pour ça, tu es devenue animagi et c’est, euh, incroyable en soit. Et t’as paniqué, mais en vrai ça n’enlève rien au fait que tu aies quand même réussi à devenir une animagi, en quoi... trois ans ? Et formée par McGonagall elle-même, et je suis sûr qu’elle forme pas tout le monde… C’est déjà impressionnant. Et puis, c’est quoi la moyenne d’âge chez les Aurors ? J’imagine que la plupart des gens ne sortent pas de Poudlard, et toi t’as eu le courage de tenter pas longtemps après, dans une situation politique stressante, alors que tu mettais vachement d’enjeu là dessus… » Je joue avec ce qu’il reste de whisky dans mon verre, lui faisant faire des tours contre la paroi. Je n’ose pas la regarder dans les yeux après ma bourde. « Ce n’est pas ridicule, et tu devrais pas en avoir honte. C’est touchant et un peu rigolo. Et si t’es capable de faire ça à à peine un peu plus de vingt ans, y a pas de raison que tu finisses pas par réussir à devenir Auror. » Je bois ce qu’il reste de mon verre d’une traite pour trouver le courage de reposer les yeux sur elle et lui sourire. « Euh… Ca te dit les sushis du coup ? Je t’invite ! Et puis, je t’avoue, j’ai des tas de questions. » Je pourrais presque sentir mon cerveau se remettre en marche à vive allure. « En quoi tu te transformes ? C’est-toi-qui-a-choisi-l’animal-ou-ça-c’estimposé?Çafaitcommecommesensationçaarr
ivesouventqu’unéchecpuissemodifiertavéritableap
parencejeveuxdireçanaabsolumentaucunelogiquel
efaitdepouvoirpotentiellementmodifiersatailleetsaf
ormeàvolontédéjàlaloidelaconservationdevraitlem
pêchermaisducoupestcequeturessensphysiqueme
ntquelquechosesituespluspetitetuasplusfacilemen
tfroidpluschaudturessenstoujourslamêmechoseet
commentsorganisenttespenséesellessonthumaine
soupascommenttusaisquetunevaspasnepluspense
ràteretransformeraprèsestceque – Euh… Je… 
» Je crois que j’ai parlé à toute vitesse, et je me demande même si j’étais vraiment intelligible, je me rends bien compte que j'ai parlé de plus en plus vite. Un animagus. Avec la magie, plus rien ne devrait me surprendre, mais à chaque fois, cette métamorphose particulière semble détruire un peu plus une partie des concepts et des vérités sur lesquels j’ai basé une partie de ma vie et mon mémoire.

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