C’est une belle matinée de Février : le mois commence à peine, et il est pourtant déjà plein de rebondissement. L’événement de la fin janvier a marqué le monde de la magie toute entier. Il a fallu des jours pour débattre de la marche à suivre suite à l’affront de @Engel Bauer et son groupe de rockeurs sulfureux. Bien entendu, la chose a été orchestrée à la perfection par @Narcissa Black-Malefoy. Qui d’autre pour provoquer une émeute ? Sainte Mangouste a du accueillir quelques blessés, mais rien de très grave. L’équipe sur place menée d’une main de fer par @Moira A. Oaks composée d’une poignée de brigadiers et d’aurors, @"Khan Bohl", @Valur Fjalarsson, @Erin McAllister et @Dahlia Prewett, a su limiter admirablement les ennuis.
En off, pourtant, ce fut une autre affaire. La salle de réunion du département de la Justice Magique s’est remplie de magistrats et de quelques représentants hauts gradés des brigadiers et aurors parmi lesquels ceux sur place lors du concert, ainsi que le département chargé de la communication. Seuls les membres de la justice magique et ceux travaillant à la communication et aux loisirs magiques ont été convoqués à cette réunion des plus obscures, si obscure, à dire vrai, que sa tenue n’a même pas circulé par note de service : chaque personne conviée a reçu une invitation personnelle délivrée par hibou du Ministère ou par l’un des elfes de maison travaillant sur le lieu dit. La question a été posée : comment réagir ? Il semble évident que Narcissa Black-Malefoy a voulu frapper un grand coup et y a admirablement réussi : célébration en grandes pompes de l’anniversaire de son renégat d’époux, concert de propagande… Et il y a eu aussi cette personne qui a balancé des feux d’artifices et qui semble toujours courir bien que les Nott père et fille (@Camille Nott et @Remy Nott) aient été interrogés pour avoir été trouvé sur le lieu même d’où sont partis les feux d’artifice.
La question de la réaction à adopter a soulevé de vifs débats : arrêter Reissen pour trouble à l’ordre publique afin d’en faire un exemple ? Inquiéter Narcissa Malefoy pour avoir célébré publiquement un criminel de guerre ? Kingsley Shacklebolt n’a, étonnamment, pas été le moins véhément puisque l’idée de faire, au moins, une déclaration sur les positions du Ministères est venue de lui presque immédiatement. On pouvait voir sur le visage du directeur du département de la Justice magique l’ombrageux courroux. Les responsables des organisations des jeux magiques ont aussi été des plus contrits : l’événement a eu lieu sur la place publique, et bien que Gringotts possède son bâtiment, elle n’avait aucune autorité pour permettre une telle représentation. Que faire vis à vis de la Banque ? Peut-on vraiment se permettre de brimer celui qui possède le pouvoir de la richesse ? Le Ministre a écouté toutes les propositions, a discuté avec chacun, prenant les avis en note, pesant le pour et le contre.
Il a pourtant été décidé d’agir. Avec prudence, d’abord. Une enquête, d’abord, accompagnée d’une déclaration à la presse. Tous les journaux du Monde Magique ont pu publier la désapprobation publique du Ministère pour ce regrettable événement célébrant un criminel de guerre et appelant à la haine ainsi qu’en ont témoigné les très vives réactions du publique menant à des blessés ainsi qu’à ce remarqué feu d’artifice qui a mené à la fin de la représentation.
Avec fermeté, ensuite. Au terme de deux semaines et demies d’enquête, alors que les unes des journaux se tarissaient à peine sur l’événement, il fut temps de faire l’annonce.
C’est le coeur battant que s’avance @Harry J. Potter à la tribune même où eut lieu le crime de lèse-majesté, un lundi midi, profitant de la pause déjeuner des uns et des autres pour avoir l’audience la plus large possible. Vêtu d’un costume sombre, le dos bien droit, secondé gravement par @H. Jean Granger, il a observé placidement l’assemblée devant lui. L’allocution du Ministre a été annoncée quelques jours auparavant, et si la foule abrite nombre de journalistes et de membres du Ministère, il y a aussi bon nombre de badauds et de promeneurs. Des brigadiers assurent la sécurité du lieu, les flashs crépitent déjà lorsque le Ministre prend enfin la parole après une brève introduction. S’il a des petites fiches de parchemin dans la main, il ne jette aucun coup d’oeil à ses antisèches et paraît confiant, paisible.
« Chers amis, citoyens du Monde Magique. Vous savez tous su ce qui s’est passé à l’endroit même où je me tiens il y a de cela un peu plus de trois semaines. Vous connaissez les positions du Ministère qui sont aussi celles qui me tiennent à cœur : nous ne céderons pas à l’appel de la peur. Notre monde a connu des heures bien sombres où le mangemort était non seulement un criminel de guerre, un sorcier ou une sorcière dangereux servant un mage noir plus dangereux encore, mais encore la source de cauchemars de toutes les honnêtes gens. Qui n’a pas craint de voir sa famille ou ses amis menacé par certains d’entre eux ? Quel enfant ne s’est pas réveillé, pantelant de terreur, au coeur de la nuit pour s’assurer que ses parents et sa fratrie étaient encore en vie ? Tom Jedusor a été un criminel, un terroriste régnant par la peur que lui et ses cohortes inspiraient à la population. Ils ont été comme une épidémie frappant aveuglément les maisonnées de leurs opposants, véritables ou fantasmés. Ils ont été la raison pour laquelle nous avons perdu parent, enfant, frères, sœurs, amis, compagnon ou compagne. Ils ont été la raison pour laquelle nous avons du fuir ou prendre les armes et ont offert, en guise de testament, cauchemars, terreurs, inquiétudes, blessures et deuils à chacun d’entre nous. »
La voix est forte et posée. Le sonorus délicatement manié permet à chacun d’entendre la voix du Ministre comme s’il s’adressait à lui seul.
« Aussi, je vous le dit : nous ne céderons pas à cette peur. Nous ne célébrerons pas l’anniversaire d’un criminel de guerre et nous ne nous inclinerons pas devant une menace à peine voilée sous les oripeaux d’un concert de rock. La cinquante-et-unième année de Lucius Malefoy sera aussi celle qui le verra traîné en justice pour répondre de ses crimes. Cette même année sera aussi celle où nous offrirons un espace publique pacifié et non pas un terreau de violence. C’est pour cela que ce matin même, les membres du groupe Reissen ont été placé en détention pour trouble à l’ordre publique ainsi que l’autorise les droit anglais et écossais édictés conjointement par les ministères sorciers et moldus. Ils seront entendus dans la journée par une commission disciplinaire restreinte émanant du Magenmagot présidée par Lord Melchior Fawley afin de déterminer leur responsabilité exacte dans les troubles ayant occasionné des blessures pour plusieurs spectateurs, une occupation illégale et une dégradation de l’espace publique, ainsi qu’une incitation à la haine. Par ailleurs, ils seront aussi entendus sur la participation présumée de la chorale de Poudlard à l’un de leur titre, le Directeur de l’établissement ainsi que le conseil d’administration de l’école menant une enquête interne : s’il s’avérait que des élèves, mineurs notamment, ont été manipulés à leur insu pour participer à cette production sans en connaître les éventuelles implications, l’école, les parents d’élèves et les responsables légaux sont en droit de demander réparation. »
Hochement grave de la nuque.
« Je vous remercie de votre attention et me tiens à votre disposition pour un temps de question. »
Aussitôt, des voix fusent.
L’évent est ouvert à tout personnage adulte n’étant pas retenu à Poudlard pour l’heure du déjeuner (personnel de Poudlard éventuel, adultes hors de l’école, personnages mineurs non-scolarisés à Poudlard). Il se déroule le lundi 9 février 2004 (trois jours après la pleine lune) sur la place de Gringotts.
Comme de coutume il est possible de répondre sans tour de jeu particulier, les MJ interviendront régulièrement. En cas d’action susceptible de bouleverser le cours de l’intrigue (attaque, défense, action de grande envergure, tentative de fuite, poursuite), merci de recouvrir aux services des MJ via le sujet de demande.
Un long manteau en fourrure brune sur le dos, son foulard en soie parisien autour du cou pour le protéger du froid, et son Fléreur dans les bras, Josiah verrouillait d’un coup de sa petite clef d’or la porte de sa boutique. Le Ministre devait donner une allocution sur le parvis de Gringotts, il ne manquerait ça pour rien au monde. Duchesse avait estimé qu’elle non plus, et avait refusé que son maître la laisse seule ; Josiah ne lui résistait pas, de toute façon, elle avait ainsi pu grimper dans ses bras. Après le fiasco du concert de Reissen, @Nasiya Abasinde et Josiah avaient déterminé que quitte à perdre quelques pourcentages sur leur chiffre d’affaire respectifs, ils n’avaient qu’à quitter le pays, tout simplement. Ils revenaient ainsi de deux petites semaines au Mexique, et Josiah espérait retrouver son pays dans un meilleur état que celui dans lequel il l’avait laissé. Effrayé de voir la colère qu'il avait éprouvée à l'égard des politiques reparaître après ces semaines de retour au calme, Josiah fouilla dans sa poche intérieure pour y trouver une chocogrenouille, gracieusement offerte par Baba Yaga il y avait bientôt un mois. Ça se gâte, ces choses-là ? Il pinça la grenouille en chocolat avant qu’elle ne saute hors de son paquet, et la goba en quelques bouchées. Duchesse eut l’air particulièrement jalouse. « Vous en voulez une aussi, madame la Duchesse ? Je dois en avoir une autre … » disait-il, descendant le Chemin de traverse en cherchant une seconde Chocogrenouille dans sa poche. « Voilà pour vous, madame. » La chatte à queue de lion eut l’air déçue qu’il ne s’agisse pas d’une véritable grenouille, et recracha dans la paume de son maître le pauvre animal de chocolat. « J’étais certain que ça ne vous plairait pas … ». Cherchant du regard une poubelle pour y jeter la régurgitation de son Familier, Josiah aperçut la foule qui s’agrégeait près du parvis de Gringotts. Aucune chance qu’il ne puisse voir quoi que ce soit, c’était certain. Il n’eut toutefois pas de mal à entendre les premiers mots du ministre, peu de temps après qu’il se fut arrêté à quelques dizaines de mètres du parvis. Il commençait par quelques banalités démagogiques toutefois indispensables, soulignant la dangerosité des Mangemorts, et les conséquences qu’ils avaient causé sur le monde magique. Son Sonorus avait été extrêmement bien réalisé, il semblait parler à chaque citoyen individuellement. Définitivement doué, le môme. « Nous ne célébrerons pas l’anniversaire d’un criminel de guerre et nous ne nous inclinerons pas devant une menace à peine voilée sous les oripeaux d’un concert de rock. » Le visage de Josiah se tournait vers celui de sa chatte, alors qu’elle en faisait de même, visiblement outrée elle-aussi de ce qu’osait avancer le ministre. Par Damballa, pensait Josiah, n'était-ce pas un peu trop tard ? @Lucius A. Malefoy avait bel et bien eu droit à des célébrations, interrompues ou non ! Données par dessus le marché devant une foule immense, sur le parvis de l'établissement privé d'un service public ! Malgré tout ce qu’il avait pu mettre en place contre l’Enchanteresse, ce concert avait pu avoir lieu, sur le parvis de Gringotts qui plus est, et le Ministre jurait désormais que ça ne s'était pas produit ? Ses équipes avaient mis, quoi, six ou sept chansons et un feu d’artifice pour réagir, mais le balafré jurait qu’il ne s’inclinait pas ? @Narcissa Black-Malefoy avait déjà mis un genou à terre au Ministre, Josiah en était certain. @Harry J. Potter avait pris pas moins de trois semaines à réagir publiquement à l’attaque, par tous les dieux ! Le Ministre continua, avançant les mesures qui seraient prises à l’égard de Reissen. Nasiya perdait un bon client dans cette histoire, pour quelques semaines au moins. L’allemand profiterait certainement de ces jours de désintoxication, mais ce nazi sans vergogne n’était pas le véritable coupable de l'histoire, et Josiah attendait la suite de l’élocution du leader maximus. Il n’y eut pas véritablement de suite, toutefois. Des précisions sur la tenue du procès, qui n’allait même pas être mené par la présidente du Magenmagot, @Moira A. Oaks, mais par un Lord inconnu au bataillon. Avait-elle quelque chose de mieux à faire ? Y’avait-il un conflit d’intérêt ? Est-ce qu’elle couchait avec un des membres du groupe, @Engel Bauer par exemple ? Tout était possible, avec les aryens et autres blonds aux yeux bleus. Duchesse eu l’air de pouvoir lire dans les pensées de son maître, elle lui adressa un regard désapprobateur face à tous ses préjugés, tandis que le ministre continuait avec la liste de méfaits dont étaient accusés les allemands. Finalement, il en eut fini, et proposa un temps de questions.
Et Narcissa ? Et Gringotts ?
Josiah chercha dans la foule un regard connu, qui partagerait son état interloqué. Des questions, il en avait des dizaines, il chercha quelques instants la meilleure, alors que la foule commençait à gronder autour de lui. Ne souhaitant pas se faire voler la vedette, il jeta du bout des doigts quelques étincelles orangées dans les airs. Il prit la parole, un bras tenant fermement son Fléreur contre lui, et l’autre contre sa trachée, pour être certain d’être bien entendu.
« Aimé Josiah N’Da, monsieur le Ministre. Propriétaire d’une boutique, juste-là, sur le Chemin de Traverse. Pas la peine de cacher son identité, ils n’étaient pas nombreux à aussi bien se fringuer dans le monde magique. Il ajusta son foulard autour de son cou, avant de reprendre. Comme bon nombre de mes collègues, ma fortune personnelle et les revenus de ma boutique sont tous les deux dans la banque derrière vous. Avez-vous pu parler avec un dirigeant de chez eux, quelles mesures avez-vous prises, concrètement, à leur égard ? Ne risquent-ils pas de donner les clefs de nos coffres à quelque sorcier malintentionné pour ne pas dire quelque sang-pure blonde qui ne savait prononcer la devise française de sa maison qu’avec un atroce accent anglais, après avoir gracieusement prêté leur parvis à Reissen ? »
Duchesse eut l'air de rire, blottie contre le torse de son maître.
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(IRP : bien sûr, Josiah peut avoir rejoint quelqu’un sur le parvis, ou quelqu’un peut bien le rejoindre, n’hésitez pas à lui tenir compagnie)
Tu sors de Sainte Mangouste à l’heure du déjeuner, engoncé dans ton manteau. Il faut dire qu’il fait plutôt frisquet, ce jour-là. Comme tu enchaînes enchaînes deux journées bien remplies pour dépanner le service des urgences, tu as tenu à sortir pour ta pause déjeuner afin d’avoir un moment hors des murs de l’hôpital. Tu as encore la tête pleine des événements des dernières semaines : le récit de Rogue entourant les circonstances de ta conception, le concert hautement polémique de Reissen et l’entrevue avec Engel à peine quelques temps plus tard. Tout est un peu embrouillé dans ta tête, aussi tiens-tu à aller t’aérer. Tu sais que marcher un peu te fera du bien. Car tout cela remue pas mal de choses chez toi, ces derniers temps. Même les cavalcades d’Aligheri dans toute la maisonnée ne t’aident pas vraiment à te détendre. Pourtant, l’autre jour encore, c’était sous l’oeil amusé de ton père que le chaton et toi vous rouliez tous deux dans le canapé de concert. C’est dans ce genre de moments d’insouciance que tu peux trouver un peu de paix avant que le monde ne s’abatte à nouveau sur toi avec son lot de mauvais souvenirs, de deuils et de tristesse.
Tu presses le pas vers Gringotts. Tu as un peu d’argent à retirer et un saut à l’animalerie à faire pour acheter un de ces jouets qu’affectionnent tant les chatons : une souris mécanique. Tu sais qu’au moins, s’il chasse cette petite souris factice, il ne s’en prendra plus à tes pieds sous la couverture… Enfin, on peut toujours rêver. Tu n’avais pas prévu d’adopter un chaton, en vérité, loin de là. Ta mère n’a jamais été très fan d’animaux, et tu travailles trop pour t’en occuper pleinement. C’est cependant au cours d’une de ces promenades sur un temps de pause, où, harassé par le rythme fou de ton emploi et le trépas de ta mère, que tu es entré dans une animalerie par pur ennui et que tu es tombé amoureux du petit Aligheri. Arrivé le matin même dans l’échoppe, il n’y a pas fait vingt-quatre heures que tu repartais avec lui dans les bras et un sac de courses sur l’épaule. Tu es passé le déposer chez toi sous l’oeil amusé de ton père et tu es reparti travailler.
Tu ne sais pas ce qui t’a pris, mais tu sais que tu le referais sans hésiter.
Lorsque tu arrives en vue de Gringotts, tu vois immédiatement l’attroupement devant la banque. Encore un concert ? Non, ça n’y ressemble pas. L’ambiance est différente, plus officiel. Tu vois les journalistes se masser autour d’une estrade où un petit brun se tient. Harry Potter. Évidemment. Tu sens un frisson te parcourir le dos. Pourquoi est-il là ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi si tard ? Pourquoi en ce lieu ? Il y a quelque chose d’électrique dans l’air. Tu sens que le choix du lieu n’est pas anodin. Tu sais que c’est ça, la réponse du Ministère. Tu t’approches, te noies dans la foule et tu écoutes.
Il ne faut pas attendre longtemps pour que commence un discours. Aussitôt, ton sang bouillonne. Tu sens une fièvre, une exaltation à l’idée que Lucius Malefoy soit arrêté. Tu veux le voir payer. Tu veux savoir où il est, où il sera. Tu veux le voir répondre de ses crimes. Ton enthousiasme est douché, cependant, presque aussitôt par l’annonce de l’incarcération des membres de Reissen. Tu es glacé jusqu’à la moelle d’effroi d’apprendre leur mise aux fers. Tu te sens déchiré, comme tu t’es senti déchiré lors de ta discussion avec Engel à propos de leur concert. Tu ne sais pas où te positionner sur le plan politique, mais tu sais, en revanche, où se trouve ta droiture morale. Engel et ses potes, Engel et tes potes sont des provocateurs, mais ils n’ont jamais été des mauvais bougres. Tu le sais. Et pourtant, par ces gestes symboliques au concert, ils t’ont prouvé l’étendue de vos différences en matière de convictions personnelles. Tu en es encore à te débattre avec tes doutes et tes craintes lorsqu’un gars incroyablement bien fringué prend la parole. Aimé Josiah N’Da. Tu n’as jamais entendu parler de ce nom mais sa gueule ne t’es pas totalement inconnue. Tu te demandes si tu ne l’as pas déjà vu dans une boutique par-là bas. Un salon de coiffure ? Non… De tatouage ! C’est ça, c’est dans un salon de tatouage ! Tu remarques avec lui un drôle de chat, et tu te dis que c’est quand même inhabituel de se trimballer comme ça avec un félin… Tu l’entends poser une question très pertinente à propos de Gringotts. Tu hoches la tête, comme ta voisine dans la foule. Le sang te bat aux oreilles, et tu te prépares déjà à lever la main pour une prochaine question.
Toi aussi, tu as quelque chose à demander au Ministre, et pourquoi attendre ? Tu ne fais pas confiance à ta voix pour ne pas te trahir aussi lances-tu un sonorus avec ta baguette. Tu sais que ta magie est trop instable pour tenter les rituels enseignés par ton père pour captiver la foule. Tu rends cependant ta voix la plus suave possible pour placer une question à la suite de celle de Josiah.
– Et comment comptez-vous être certain que Lucius Malefoy ne vous échappe pas ? Il est, après tout, le lord déchu d’une famille puissante et riche. Comment pouvez-vous être certain qu’il n’ait pas déjà quitté le territoire ? Comment être certain de la neutralité de la banque ? Comment être certain que le violeur de ma mère répondra devant la justice pour ses crimes ?
Tu as les poings serrés, le coeur battant à tout rompre. C’est à peine si tu remarques les flashs qui crépitent autour de toi. Tu sais que tu as lâché au monde une histoire dont les médias n’ont pas fini de se repaître. Tu sais qu’ils creuseront. Qu’ils trouveront ton père, Jonas Lewis. Qu’ils sauront qu’il t’a adopté.
Qu’ils devineront ton lien de sang avec le patriarche Malefoy, et ta légitimité légale sur l’héritage des Malefoy.
Et ton sang te bat les oreilles. Tu es incapable de savoir si tu ne viens pas de faire la connerie la plus énorme de ta vie.
Grâce au sort de préservation sur les emballages, les chocogrenouilles de @A. Josiah N'Da sont parfaitement comestibles... Et tiens ? On dirait qu'il a eu de la chance dans sa pioche de cartes !
Tu es consciente de la bourbe que tu as faites avec le concert des Malefoy. Ne pas mentionner ce fait à tes supérieurs, débarquer trop tard sur les lieux et n’intervenir qu’avec encore plus de retard. Tu as été surprise par Narcissa, perturbée aussi par les feux d’artifices et lors de la réunion en interne, tu as gardé le silence pendant longtemps. Ce n’était pas habituelle de te taire, d’habitude surtout quand Potter est dans la pièce, tu ne peux pas t’empêcher de l’ouvrir mais là, tu n’as pas su quoi dire prise entre deux chaises. D’un côté, il y a le passé des mangemorts, ce qu’ils t’ont fait subir, les deuils et la transformation de ta mère en dragon protecteur mais de l’autre, il y a ta famille, Molly et surtout les actions de Potter qui a tes yeux ne font que raviver la haine. Soupirant, tu as fini par proposer peut-être de faire un geste vers l’ennemi, tenter d’apaiser les tensions en prenant conscience que les traditions défendues viennent d’une histoire hautement compliquée entre sorciers et moldus. Une histoire où les sorciers ont payés un prix fort contre les moldus et que ce prix peut encore être payés à l’avenir. Tu comprends qu’il est impossible de modifier les réformes, tu estimes que revenir dessus serait un suicide collectif mais tu pointes du doigt le fait qu’une nouvelle guerre se profile car tous restent inflexible et que le seul moyen de l’enrayer et qu’un camp fasse le premier pas. Ton idée ne plait pas bien sûr, elle n’est pas retenue alors même que pour la première fois de ta vie, tu prônes la mesure pour éviter une escalade des tensions.
Les jours passent après la réunion et quand tu te rends sur le Chemin de Traverse pour la pause déjeuner, tu surveilles aussi les alentours pour protéger Monsieur le Ministère. Tu trouves le plan foireux, tu as un goût amer en bouche mais tu fais ton job, ton cœur balançant toujours entre deux possibilités, ta radicalité émoussée auprès d’Orion et de ses idées plus nuancées que les tiennes. Les poings serrés, tu écoutes le discours ne trouvant rien à redire à la première partie alors que tes poings se serrent à la seconde. Tu te mords la lèvre pour éviter de réagir violemment à l’idiotie de Potter, nier des faits qui se sont déroulés devant des gens qui les ont sûrement vécus ne vas pas aider bien au contraire. Il risque d’être accusé de mensonge quant à attraper Malefoy, vu la manière dont s’est déroulée l’arrestation de Lestrange, tu te doutes que cela ne va pas être une mince affaire. La mort de Johnson est encore trop présente en toi, tu as encore l’impression d’avoir son sang sur tes mains à cause de ta stupidité et le goût de la bile remonte dans ta gorge quand tu entends un garçon exiger des comptes sur cette affaire. Tes sourcils se froncent quant tu entends parler de viol, se pourrait-il que Malefoy ait pondu un bâtard ? Ce mangemort aurait osé souiller son sang avec une de ses victimes et mettre au monde un bébé dont le sang ne serait pas pur ? S’il s’agit de la vérité cela risque fort de faire les choux gras des journalistes et tu estimes que ce gamin vient de se mettre en danger un peu inutilement. Délaissant monsieur N’da dont la question légitime sur Gringotts ne risque pas de lui attirer des ennuis, tu te rapproches donc discrètement de @Uriel J. Lewis. Ton but est d’assurer autant sa protection que celle du Ministre, un nouveau coup d’éclat n’est pas nécessaire, une nouvelle émeute non plus et tu compte pas bien remplir ta mission correctement cette fois.
Il a sorti le nez de son échoppe, curieux du raffut qui se joue sur le parvis de Gringotts. Narcissa aurait-elle décidé de refaire un pied de nez au Ministère ? Si tel est le cas, Ronald ne veut en aucun cas rater le spectacle. Il s’est délecté une fois, déjà, du spectacle de Reissen, défonçant à coup de boots la pommette d’un pro-Potter, échappant par quelque miracle à l’arrestation dans la cohue. Naturellement, il ne se sent que trop prêt à recommencer, grisé par cette impunité délicieuse. Bientôt, ils seront au sommet de la chaîne alimentaire. Bientôt, l’avènement des vrais sorciers reviendra. Car il faut comprendre qu’il y a deux races. Ceux dont le sang est pur, et ceux qui devraient déjà remercier les cieux qu’on leur fasse une place au soleil. Le jeune employé de la boutique Weasley sait où il est. Il sait où est sa place.
Il s’occupe des derniers clients en entendant la clameur dehors et s’interroge alors qu’il encaisse une commande.
– Vous savez ce qui se passe dehors ? Encore un concert ?
La jeune fille lui tend les mornilles.
– Non, je ne crois pas : j’ai vu le Ministre, je crois qu’il donne une interview devant Gringotts.
Le sourcil se soulève, le sang bouillonne. Ce cher Potty est là. Ce cher petit Potty. Il sent quelque chose électriser son dos en rendant la monnaie.
– Je devrais aller saluer mon meilleur ami alors. – Oh ? Vous êtes toujours amis ? J’avais lu pourtant dans la gazette du s… – La Gazette ne fait pas toujours d’excellents articles, vous devriez le savoir. Vous m’accompagnez ?
Et voilà comment il se retrouve aux côtés d’une parfaite inconnue dans la foule. Il arrive précisément à temps pour entendre un blondinet accuser Malefoy père d’avoir violé sa mère. Un frisson lui court dans le dos. Il convoque toutes les images mentales qu’il a de Lucius Malefoy, c’est à dire, pas beaucoup. Il voit mal l’aristocrate s’abaisser à violer de la femme, surtout en ayant la chance d’avoir une épouse aussi incroyable que Narcissa… Non, c’est sans doute un abruti qui veut se rendre intéressant, voilà tout. L’accusation plane, cependant, et Ronald se fraie un chemin dans la foule jusqu’à voir Potter. Il répond, ce connard, avec une certaine classe en plus. Sur scène, à côté de lui, il y a Granger. La Sang-de-Bourbe qui l’a laissé sur le carreau. Il sent la colère monter en lui, il écoute les arguments de Potter, cherche à y déceler la faille. Il se sent comme un rottweiler prêt à déchiqueter la parfaite petite image du Ministre. Dès que Potter a fini, il bondit. Il n'emploie pas de Sonorus, c'est pour les tafioles. Sa voix monte, puissante, vectrice de toute la hargne qu'il ressent. Il éclate de rire. Un rire sonore, dédaigneux. Cette histoire est une farce.
– Et depuis quand est-ce que le gouvernement arrête des artistes pour le plaisir ? Alors c’est fini ? On n’a plus le droit de parodier ? Reissen s’est un peu moqué du Ministre, et il prend la mouche, c’est ça ? Tu es toujours aussi susceptible, Potter ! Gringotts a accepté cette représentation parce qu’ils promeuvent régulièrement l’art, et que ça te plaise ou non, le rock, le punk et le métal font partie de notre patrimoine culturel. Ce n’est un secret pour personne que Reissen tire à boulets rouges sur tout et n’importe quoi depuis des années pour faire vendre et pour le plaisir de la provoc’ gratuite. Ça fait partie de leur marque de fabrique, de leur identité musicale depuis qu’ils ont commencé. Pourquoi les arrêter maintenant pour un prétexte foireux ? Je vais vous le dire, moi, parce que son altesse Potter ne supporte pas la contradiction. Tu étais déjà comme ça durant nos années à Poudlard, mais tu ne t’es vraiment pas arrangé !
La presse aime le spectacle. Qu'elle compte sur lui pour en donner. Ronald est un homme d'affaire, bientôt un homme politique. Il prendra la place que le jeune lord Malefoy ne veut pas prendre. Ce sera lui, et non pas Narcissa Malefoy sur le siège du Ministre.
604 words (15m) + réponse 6h (100m) + assurer son métier ? (90m ?)
L’heure des divergences est donc venue, comme une fatalité que rien n’a pu empêcher. Debout face à l’estrade, assez en retrait, la Présidente-Sorcière a le visage fermé, le cou caché dans le col haut d’un long manteau noir. Dans sa poche, sa main joue distraitement avec sa baguette. En aura-t-elle besoin aujourd’hui aussi, alors que la situation lui paraît si semblable au concert que le Ministère vient décrier ? Rien ne lui paraît moins improbable car elle en est persuadée : cette arrestation est une erreur et la prise de parole de @Harry J. Potter n’arrangera rien. Au contraire…
Pourquoi réagir maintenant, si tard, dans un contexte si tendu, avec une accusation si faillible ? Pourquoi arrêter un artiste si politisé avec un prétexte aussi faible qu’un trouble à l’ordre public ? Dans quelques minutes à peine, Moira s’attend déjà aux premiers discours outrés de citoyens criant à la censure. L’attaque frontale était la pire stratégie à adopter, surtout si tard. La réponse à chaud n’est plus possible à invoquer. Ne reste que la manœuvre politique honteuse et contre-productive car la juge en est sûre : le gouvernement regrettera cette décision parce que le peuple ne sera pas dupe. L’arrestation de Reißen ne ressemble qu’à un moyen de bâillonner une opposition devenue trop gênante, car les rockeurs parlent fort et que leur discours en musique flatte trop facilement l’oreille.
Alors, la Présidente-Sorcière a fait un des choix les plus difficiles de sa carrière, de ceux dont on ne peut prévoir l’issue et auxquels on consent pour la seule raison que l’inverse violerait tous ses principes : pour la première fois depuis son investiture, elle a refusé de présider. Officiellement, elle s’est retirée pour se consacrer entièrement à la préparation du procès de Rabastan Lestrange et a laissé la commission disciplinaire aux bons soins d’un Lord d’expérience dont elle ne doute pas de l’éthique : @Melchior C. Fawley. La vérité est qu’elle ne croit ni en l’issue positive de cette commission ni en l’honnêteté de celui qui l’a exigée. Qu’on vienne donc lui parler de morale, de sécurité et de lutte contre le terrorisme ! Elle n’y voit qu’une manigance à peine voilée pour étrangler l’opposition en faisant exemple d’un groupe de musiciens qui a fait de la provocation son fonds de commerce depuis des années. Que leur dernière chanson soit abjecte n’a aucune importance. Un gouvernement qui s’attaque à l’art s’éloigne toujours de la liberté qu’il prétend défendre. Elle refuse de prendre part à une telle entreprise.
Mais déjà, le Ministre monte sur l’estrade. Qui de lui ou du chanteur de Reißen aura la plus grande prestance ? Les mâchoires de la juge se serrent alors qu’elle regarde ses airs graves. Potter a toujours eu un certain talent pour les discours, mais un bon orateur ne fait pas nécessairement un bon stratège. Dès ses premières phrases, Moira entend les murmures soupçonneux qui pointent dans son dos. Les sorciers tentent de se rassurer : l’Elu ne peut avoir de mauvaises intentions. Après tout, c’est bien lui qui a mis fin au règne de leur précédent dictateur ! La naïveté faite homme… Que devient un politicien utilisant les débordements d’un concert pour museler ses opposants ? Et aurait-il osé répondre de manière si virulente si Bauer et sa clique n’avaient pas mêlé les élèves de Poudlard à leur affaire ?
Le ton solennel de Potter s’achève sur la promesse de poursuites à l’encontre des responsables de cette collaboration vicieuse car il y a fort à parier qu’une telle entreprise n’a pas pu se faire sans complices à l’intérieur de l’école. Que risqueront-ils ? Un licenciement, pour sûr. Peut-être davantage… Et les élèves ? Seront-ils inquiétés ? Mieux vaut que l’école ne se risque pas à cela car les opinions politiques ne peuvent pas décider de la ruine de l’avenir d’enfants. Savaient-ils d’ailleurs bien tous dans quoi ils s’engageaient ? Qui peut se targuer de le savoir ?
Mais alors que les interrogations continuent de se multiplier dans l’esprit de la juge, d’autres viennent brutalement s’ajouter aux siennes lorsque le Ministre propose à l’assemblée de lui poser les questions qu’elle peut avoir. Et cette dernière ne se fait pas prier. Le premier homme à intervenir n’est autre que @"A. Josiah N’Da", le sorcier qu’elle avait déjà tenté de raisonner lors du concert alors qu’il reprenait à grands cris le slogan qui a crevé le ciel de ses lettres enflammées : « la vérité ne sera pas oubliée ». Le souvenir de sa voix renforcée par le Sonorus reste ancré dans sa mémoire. S’en suit l’intervention d’un jeu homme qu’elle ne parvient pas à reconnaître. Elle voit à peine sa chevelure frisée d’un blond très clair. Son estomac se tord à l’écoute de sa dernière question. « Le violeur de ma mère… ». Le visage de @Lucius A. Malefoy s’impose dans son esprit et l’écho de ses crimes avec lui. Elle qui travaillait depuis des mois à les enterrer sous la certitude que leur collaboration apporterait plus de fruits que l’arrestation pure et simple du malfrat, voilà qu’elle était mise de nouveau face aux conséquences délétères de ses choix pour les victimes de l’ancien mangemort. Un frisson glacial lui parcoure l’échine et toutes ses incertitudes lui sautent à la gorge comme autant de hontes qu’elle ne parvient pas à ravaler.
Mais c’est la troisième prise de parole qui la tire finalement de ses réflexions et cette fois, elle tend le cou pour avoir une chance de voir le visage de celui qui tente de faire chuter le Ministre. Si sa voix lui est immédiatement familière, c’est bien la rousseur de ses cheveux et ses traits si connus qui lui permettent de se rappeler son nom. @Ronald Bilius Weasley. Comment oublier un des héros de la dernière guerre, celui qui a été l’ombre du grand @Harry J. Potter ? Si certains doutaient encore de la brouille qui oppose désormais les amis les plus célèbres de Grande Bretagne, il y a fort à parier que tous s’accordent désormais à ce sujet.
Les mots du jeune Weasley sont durs, froids, brutaux. Ils jettent au visage du Ministre toutes les suspicions que beaucoup doivent partager avec lui : l’utilisations de motifs douteux pour cacher la réelle intention d’un gouvernement mis à mal depuis de nombreux mois désormais. Potter s’en défend immédiatement, bien sûr, rappelle des dégâts matériels qui ont résulté du concert et… une occupation illégale de l’espace public ? Mais… Qu’est-ce que c’est que cela ? D’où sort ce chef d’accusation ? Quelle est cette histoire d’empiètement de la scène hors du parvis de Gringotts ? Pourquoi ne lui en a-t-on pas parlé ? Et comment peut-on justifier une garde-à-vue aussi longue pour une raison aussi ridicule ? Est-ce vraiment la dernière chose qu’ils ont pu trouver ?
La colère pulse dans les veines de la Présidente-Sorcière alors que ses poings se serrent dans les poches de son manteau. Son devoir de réserve lui fait garder le silence, l’empêche de quitter la place. Mais dans son esprit, l’image déjà ternie du Ministre s’écorne plus encore pour lui donner des traits effrayants, bien loin de ceux du héro qu’on a longtemps célébrer. Comme une prémonition déjà donnée dans le clip odieux de Reißen, le Sauveur se métamorphose pour devenir un monstre censeur.
LA QUESTION ET LE CHÂTIMENT Il n’est pas en service, pour une fois. Il s’est arrangé pour que sa pause tombe précisément sur le temps de l’allocution du Ministre. Il faut dire qu’il n’est guère enthousiasmé par l’arrestation de Bauer et compagnie. Oh, il ne faut pas se mentir, évidemment que le prétexte pour mettre au trou les musiciens est bidon. Pas une seule personne ici ne peut en douter, si ? Vraisemblablement, si, s’il en juge par les murmures autour de lui. Une partie du publique a l’air d’accord avec le Ministre. Après, il réfléchit. Qu’aurait-il fait, lui, à la place du ministre ? Il ne saurait pas le dire. D’un côté, on devrait pouvoir tout dire librement. De l’autre, les mecs ont quand même utilisé les gosses de Poudlard, et ça… c’était moche. Si Jökla avait participé à ça… Un frisson secoue la grande carrure du brigadier. Il préfère ne pas y penser. Alors il fend la foule, se fraye un passage dans la masse pour arriver jusqu’au milieu de la cohue. Hvitur se promène gaiement à côté de lui, lui ouvrant le passage. Il ne le tient pas en laisse, il n’y a pas besoin de ça entre lui et son chien. Le malamute a les oreilles dressées fièrement et trotte joyeusement, insensible à l’atmosphère lourde qui règne.
Une voix parmi d’autres a attiré son attention. Ce n’est pas celle du Ministre. Non, c’est celle d’un jeune blanc-bec dont il se souvient distinctement pour lui avoir annoncé la mort de sa mère quelques mois auparavant. Le gamin est pâle. Uriel Lewis. Il parle avec assurance et fragilité en même temps. Il ne doit pas être beaucoup plus vieux que le Ministre, et pourtant il a quelque chose en plus que le gamin à la tête du pays. C’est peut-être parce que le viking l’a déjà vu en position d’extrême faiblesse, ou peut-être quelque chose d’autre dans sa manière de parler, de se mouvoir. Il n’est pas totalement comme les autres hermétiques de la foule assemblée. Quelque chose le lui dit. Il ne saurait pas dire quoi. En tous cas, le môme lui inspire plus de sympathie que le Ministre, ne serait-ce que parce qu’il a jeté une bombe. A tous les coups, on parlera plus de ça que de l’arrestation de Bauer dans les jours prochains. Parce que personne ne peut ignorer que le gamin a un petit quelque chose de Lucius Malefoy. Des yeux pâles, des cheveux clairs. Il y a quelque chose dans la mâchoire, aussi.
En parlant de cheveux blonds, il y en a une autre dans la foule qui observe la scène. Valur a failli la manquer mais la masse blonde dépassant du col d’un grand manteau noir ne trompe pas : Moira Oaks est dans la place. Cette même Moira qui ne supervisera pas le procès Bauer… Le sourcil se lève pendant qu’un rouquin éructe son désamour du Ministre. Valur montre les dents : le gamin roux l’agace plus que le Ministre. Il grommelle dans sa barbe.
– Oh pitié, ils ont foutu la merde, ils vont se ramasser une amende, voilà tout. Ça empêchera pas Reissen de recommencer.
Pas besoin de gueuler au coup d’état non plus. Il ne faut pas déconner. Il se fraye un chemin dans la foule pendant que le discours reprend son cours et parvient à rejoindre Moira. Il pause une main sur son épaule. Un murmure, infime.
– Alors ? C'est le vieux Fawley qui préside le procès des rockeurs, Moira ?
Il agite la tête vers Uriel Lewis. Le mouvement de tête est imperceptible pour quiconque n’est pas à côté d’eux.
– Tu savais, pour le gamin ?
Sa voix est si basse que Moira devra tendre l’oreille pour l’entendre distinctement.
– Uriel Lewis. C’est moi qui lui ai annoncé la mort de sa mère dans le dernier attentat de Lestrange. Violée par un mangemort, tuée par un autre.
Le constat est froid et dépassionné dans la voix du brigadier, pourtant Valur tremble et est loin d’être aussi paisible que ce qu’il semble être. Ses yeux lancent des éclairs, et il ressent des bouffées de haine pour Malefoy et Lestrange. Il se souvient de la mine défaite des Lewis père et fils quand il est venu leur apprendre la triste nouvelle. Il se souvient de la mine composée du père qui s'est effondrée et des larmes dans les yeux du môme. Il se souvient du gosse et de son père pleurant l'un dans les bras de l'autre. Il sait, pourtant, que c’est à Malefoy qu’il doit sa survie. Grièvement blessé par Lestrange, il ne s’en serait sans doute pas sorti aussi bien si Malefoy, sous les traits d’un autre, n’avait pas tenu parole en allant chercher des secours. – Tu crois que c’est son gosse ?
C’est surtout à lui-même qu’il pose la question. Il se souvient des dossiers. Uriel Lewis ne ressemble pas tant que ça à Isabel Lewis née Mappleton et Jonas Lewis...