Pour comprendre une histoire, le plus simple est de la débuter dès son commencement. Ainsi, comme tout nouveau né, la tienne a démarré a ta naissance, non pas parce que c’est là que tu as respiré pour la première fois, même si cela joue beaucoup, mais parce que ta naissance explique à elle seule une multitude de choses que tu as tardé à comprendre. C’est au manoir Travers, dans le Lancaster, que tu as ouvert tes yeux pour la première fois, poussant alors ton premier cri. Si pour la grande majorité des couples, une naissance n’est jamais une découverte, car ils ont eu le temps de se préparer psychologiquement avant, pour tes parents cela a été un choc. «
Licia… Licia parle moi veux-tu. Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu attendais un enfant ? » Recroquevillée dans son lit la dite Licia Travers ne daigna pas jeter un seul regard à son époux, ni même lui répondre, elle était bien trop perdu dans son monde, et bien trop déboussolée par le petit être, toi, qui se trouvait dans le landeau à côté d’elle. Le médecin fit alors signe à ton père pour le pousser à sortir de la pièce et de laisser ainsi Licia se reposer et c’est ce qu’il fit. Arrivé à l’extérieur, le médecin prit une mine sérieuse. «
Elle ne pouvait pas vous le dire qu’elle attendait un enfant Monsieur Travers. » «
Comment ça ? » «
Elle a fait un déni total de grossesse … Savez-vous à quoi cela peut-être dû ? » Bien sûr que ton père savait, il ne le savait que trop bien. Licia avait toujours dit ne vouloir qu’un seul enfant, et puisqu’elle avait eu Zachary il y a de cela 4 ans, c’était pour elle chose faite et elle avait donc rempli son devoir de femme. Ainsi après la naissance de Zachary, Torquil Travers avait accepté qu’ils n’aient pas d’autres enfants, et Licia avait pris des potions à chaque fois qu’elle avait eu un doute, ou un manque de saignements… Mais voilà, en faisant ce déni de grossesse, son corps avait agit normalement, l’empêchant donc de savoir qu’elle était enceinte. «
Non… Non je n’en ai aucune idée… » «
Il va en tout cas falloir qu’elle se repose et plus que tout qu’elle pose ses sentiments vis-à-vis du nouveau né. Je vous avoue craindre qu’elle ne le rejette. » «
Je veillerais à ce que cela n’arrive pas. » Et le médecin s’en alla sans demander son reste. Ton père choisi donc de retourner dans la chambre et de s’approcher du landeau où tu te trouvais alors, pour pouvoir voir son nouveau fils, car même si Licia n’avait pas voulu de cette grossesse, lui était ravi que sa lignée soit prolongée. Et délicatement il te prit dans ses bras, petit bébé chétif car arrivé avant le terme, te berçant pour éviter que tu ne viennes à pleurer. Il était totalement plongé dans la contemplation de son nouveau né, qu’il ne vit pas sa femme se réveiller. «
Alceste… » «
Pardon ? » En tournant le visage, il pu voir qu’elle les observait tous les deux et qu’il n’y avait pas une once d’amour dans ses yeux. «
Alceste. Il s’appellera Alceste. » « M
ais Licia, tu peux pas… » «
Je fais ce que je veux, je suis sa mère, et puis c’est un très beau prénom. » «
Ce n’est pas le prénom qui me dérange, tu le sais, mais sa signification. » «
C’est ça ou il ne reste pas dans cette maison, Travers. » Et c’est ainsi que tu fut affublé d’un prénom avec une signification bien trop dure pour un nouveau né. Car après tout… Alceste est un prénom bien rare qui a surtout commencé à être connu lorsque Molière l’utilisa dans l’une de ses pièces. Or il ne s’agit pas de n’importe quelle pièce de Molière, mais bien de celle du Misanthrope. Autant dire que tu commençais à avancer dans une vie qui ne semblait déjà pas vouloir de toi.
ΨΨΨ Le temps avait passé, bien passé. Tu étais devenu un petit garçon âgé alors de huit ans et même si tu étais né prématurément cela ne s’était pas fait ressentir sur ta croissance. Oui, tu avais bien grandi dans le manoir Travers, ne voyant au final que peu ta famille. En effet, tes parents étaient particulièrement occupés avec le Ministère et ton grand frère, âgé de douze ans, passait sa scolarité à Poudlard et de ce fait tu ne le voyais que pendant ses vacances. Dans le fond ça ne te dérangeais pas, tu t’étais vite habitué à l’idée qu’il valait mieux apprendre à ne compter que sur toi-même, car au moins ainsi tu ne pouvais pas être blessé. Sauf que voilà… Une part de toi ne pouvait s’empêcher d’espérer. Espérer un infime instant que ton frère passerait plus de temps avec toi lorsqu’il le pouvait. Espérer que ta mère cesserait de te regarder comme un parasite. Espérer que ton père cesserait d’être absent. Mais il fallait croire que l’espoir n’était pas une bonne chose, car cela t’avait brisé. En effet… Un soir, alors que ton père était encore au Ministère, que ton frère était encore à Poudlard, et que ta mère était pour une fois présente au manoir, tu voulu passer du temps avec elle. Tel un enfant cherchant une affection maternelle, tu te rendis dans le bureau de Licia, qui était plongée dans sa paperasse, comme toujours. Peu étonnant pour une Juge au Magenmagot…Alors tu te plantas devant son bureau, mais elle ne daigna pas poser son regard sur toi. Tu te mis donc à parler d’une voix pleine de respect. «
Mère, est-ce que vous voulez que l’on fasse un jeu ? J’ai pré… » Mais tu n’eu pas le temps de terminer ta phrase, que son visage commençait déjà à virer au rouge et lorsqu’elle redressa son visage pour planter son regard noir dans le tien, tu eus voulu n’avoir jamais eu cette stupide idée. «
A quoi penses-tu Alceste ? Je te rappelle que j’ai un milliard de choses à faire et je n’ai clairement pas le temps de gaspiller mon énergie avec un jeu sans importance. » Elle marqua un temps d’arrêt puis ajouta. «
D’ailleurs, ne t’ai-je pas déjà milles fois répété que lorsque je suis dans cette pièce tu ne dois pas m’approcher ? » Et tu hochas la tête, sachant fort bien qu’elle avait raison, c’était l’une des règles de la maison. Ne pas la déranger. Ne jamais la déranger… «
Mais… » Et elle se redressa d’un bond telle une panthère prête à fondre sur sa proie. «
Mais quoi ? As-tu dont perdu l’esprit ce soir de vouloir discuter mes décisions ? » La gorge serrée, tu détournas le regard tandis qu’elle se réinstallait dans son fauteuil. «
Va t’en et ferme la porte derrière toi. » Alors tu fis demi-tour, marchant vers la sortie, mais voilà… Avant de prendre la porte, tu te tournas une dernière fois, comme si tu lui laissais une dernière chance. «
Que vous ai-je fait pour que vous ne m’aimiez pas mère ? » La réponse fut tellement froide et vidée de toute émotion que tu aurais soudainement voulu ne jamais avoir posé cette question. «
Comment pourrait-on aimer un caillou dans son soulier ? » Et sur ces mots tu sortis de la pièce, claquant la porte au passage, pour finalement aller te réfugier dans ta chambre. Maintenant c’était bien clair dans ton esprit… Plus jamais tu ne ferais un seul pas vers elle. Tu ne ferais plus de pas vers personne, car ils ne méritaient pas ta souffrance.
ΨΨΨLa voie 9¾, un pas vers la liberté, ou tout du moins vers une indépendance lors de tes moments à venir à Poudlard. En effet, au courant de l’été 1997 tu avais reçu une lettre disant que maintenant que tu avais onze ans et que tes pouvoirs étaient présents, tu étais donc accepté dans l’école de sorcellerie de Poudlard. Tu avais pris ça comme un tournant majeur de ta vie, car cela te permettait de ne plus passer autant de temps au Manoir Travers, car autant dire que tu en avais passé du temps là bas depuis ta naissance… En effet, tu avais eu des cours particuliers à domicile, puisque tes parents étaient trop occupés pour t’enseigner eux-mêmes et qu’ils n’avaient pas envie que leur fils fréquente des moldus. Autant dire que tu avais eu une enfance particulièrement solitaire, rythmé par de l’apprentissage, de l’ennui, des folies et de la musique, à défaut de pouvoir faire autre chose et très vite tu avais donc appris à compter sur toi-même. D’ailleurs, lorsque tes parents t’avaient annoncés qu’ils ne seraient pas présents pour ta montée dans le Poudlard Express, cela ne t’avait même pas surpris. A force… Tu t’étais détaché d’eux et ils n’étaient à présent plus que ceux qui t’avaient mis au monde. Certes, ton père était beaucoup plus tendre que ta mère à ton égard, sauf qu’il travaillait trop et ne prenait pas de temps pour toi. Ainsi, puisque la seule personne qui aurait pu être susceptible de t’aider n’avait pas pu, tu t’étais donc tout simplement détaché. Par ailleurs, tu en avais toujours un peu voulu à ton père de n'avoir rien fait pour adoucir le caractère de Licia a ton égard, après tout, il aurait pu réagir, t'aider, être là pour toi, mais non... Il avait joué aux abonnés absents et n'avait d'yeux que pour son fils ainé au final. C’est donc tout naturellement que tu te laissas amener à la gare part ton précepteur, c’était sûrement la seule personne qui avait vraiment été là pour toi, mais maintenant même lui n’allait plus faire partie de ta vie puisqu’il avait fini de t’enseigner ce qu’il fallait et que c’était aux professeurs de Poudlard de prendre le relais. Un au revoir et voilà que tu étais dans le train en direction de Poudlard, assis seul dans l’un des compartiment. Seul ? Non… Tu ne le fus pas longtemps, car une jeune fille qui devait avoir ton âge s’installa face à toi et te tendis la main avec grâce. «
Je me présente Belladone, Belladone Yaxley, mais tout le monde m’appelle Bella. » Arquant l’un de tes sourcils, tu l’observas comme si elle était une aliène, pour finalement lui répondre avec froideur. «
Et c’est censé m’intéresser parce que… ? » «
Parce que toi et moi on va devenir de très grands amis ! » Secouant la tête, tu ne pu t’empêcher de rigoler en entendant une telle aberration, comme si tu allais t’attacher à quelqu’un seulement quelques minutes après le départ du train. «
Mais bien sûr… Maintenant est-ce que tu pourrais aller voir ailleurs si j’y suis ? J’ai d’autres choses plus intéressantes à faire que te parler. » C’était faux, bien sûr, mais tu voulais juste te débarrasser de cette petit intrus qui semblait tellement sûre d’elle. Sauf qu’elle n’avait pas clairement pas dit son dernier mot. «
Tu peux descendre de tes grands chevaux Monsieur qui as tellement mieux à faire que de se faire des amis, tu verras que tu ne le regretteras pas. D’ailleurs, as-tu seulement un nom ? » «
Je suis Alceste Travers. » Elle se leva, et pensant qu’elle allait enfin te laisser tu jubilas intérieurement sauf qu’elle sortie juste la tête du compartiment pour faire signe à une autre personne qu’elle attrapa par la main pour le forcer à la suivre. Et tu te retrouvas donc face à deux enfants de ton âge. «
Alceste, je te présente Christopher Rhys Avery, mais on l'appelle Chris. Chris voici Alceste Travers. Et tous les trois, on ne se lâche plus. » Tu aurais voulu encore en rire, mais sans que tu t’en rende compte elle avait réussi à s’immiscer un chemin vers ton cœur et à partir de là, elle avait eu totalement raison, vous n’alliez pas vous lâcher. Le trio infernal était formé. Chris, Bella et toi. Malheureusement votre première année n'allait clairement pas être de tout repos quant à la seconde elle risquait de vous emmener l'espace d'une année dans des écoles différentes, mais à l'instant T vous ne le saviez pas encore ...
ΨΨΨ Après la Bataille de Poudlard cela avait été deux années de calme avant la tempête dans ta famille… En effet, l’année scolaire suivant la Bataille de Poudlard tu as fait ta deuxième année d’étude à Durmstrang. Choix de tes parents, car certes cela aurait été plus simple de t’envoyer à Ilvermorny mais ils préféraient de loin la manière plus dure d’enseigner de Durmstrang et c’était aussi une manière pour eux de brimer le fait que tu ne semblais pas en phase avec leurs idéaux. Quoi qu’il en soit tu avais donc fait ta deuxième année à Durmstrang et cela s’était relativement bien passé étant donné que le précepteur qui t’a tout appris avant Poudlard, se trouvait être de nationalité bulgare et t’avais donc enseigné sa langue. Certes, tu n’étais pas bilingue mais grâce à ton année scolaire en totale immersion dans la langue bulgare c’était tout comme. Après tout, une fois en pays étranger, pas le choix que de tout faire pour t’intégrer. Enfin… T’intégrer, un bien grand mot… Surtout tout faire pour comprendre les cours et ainsi t’en sortir niveau résultat. Et puis finalement, tu avais pu rentrer chez toi et reprendre ta scolarité à Poudlard. Troisième année où tu pouvais alors retrouver Chris et Bella, c’était grâce à eux que tu avais eu envie de revenir, sinon pour échapper à ta famille tu serais certainement resté à Durmstrang. Après tout... La Bataille de Poudlard t'avait énormément chamboulé et même si tu préférais éviter d'en parler, tu n'avais jamais réussi à comprendre pourquoi un tel carnage et surtout pourquoi tes parents y avaient participé sans avoir cure des vies innocentes qui risquaient d'être brisés par ce combat. C'était sûrement d'ailleurs pour ça que plus le temps passait, plus tu te mettais à mettre de côté tous les idéaux qu'ils avaient pu t'inculquer, bien décidé à te faire tes propres idées, car après tout, s'ils avaient participé à la Bataille de Poudlard cela montrait bien que ces idéaux pouvaient apporter un véritable bain de sang, or ça... tu n'en souhaitais plus, car le souvenir de la Bataille te glaçait encore aujourd'hui le sang. Quoi qu’il en soit, deux années relativement calme, jusqu’à ta quatrième année qui a vu pas mal de choses être chamboulé, en particulier en février… Trois jours avant ton anniversaire, le 11 Février, cette date tu ne pouvais que t’en rappeler… «
Alceste c’est l’heure de dîner ! » En effet, tu étais chez tes parents ce jour là, car c’était alors les vacances scolaires, celles de février, et alors que tu descendais pour te rendre dans la salle à manger, seul moment où tu côtoyais ta famille, des coups retentirent à la porte. Violents. Fronçant les sourcils tu te décidas à aller ouvrir, bien trop curieux de savoir ce que c’était. Et c’est alors que les Aurors se trouvèrent devant toi, bien nombreux pour une simple visite de routine. Cela ne disait rien qui vaille. «
Où est ton père ? » Un seul signe de tête vers la salle à manger de ta part, de toute façon, ce n’était pas comme si tu avais le choix de coopérer et s’ils étaient là c’est que le temps était venu pour tes parents de rendre des comptes à la justice pour ce qu’ils avaient commis. Du brouhahas se fit entendre, pourtant, Merlin sait que cela ne servait à rien de protester, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ton père était encerclés par les Aurors pour finalement être emportés dans un nuage de fumés, ils avaient transplanés. «
Comment as-tu osé les laisser entrer ?!!! Tu aurais pu prévenir ton père ! » Ta mère venait de se diriger vers toi pleine de colère et de ressentiments et sa main partie pour rencontrer avec violence ta joue dans un bruit sourds tandis que ton frère aîné te regardait sans rien faire. «
Mon père ? » Lanças-tu dans un rire presque strident. Tu redressas ton visage pour affronter ses yeux et tu finis par lui lancer. «
Parce qu’il a joué un seul instant ce rôle peut-être ? Comme vous d’ailleurs, vous n’êtes ma mère que de nom. Vous n’avez aucun droit de me dire ce que je peux ou ne peux pas faire, vous avez perdu ce droit lorsque vous avez fait passer vos carrières avant votre fils. Oh par contre lorsqu’il s’agit de Zachary il n’y a AUCUN problème, vous êtes là pour lui, par contre moi, MOI, vous m’avez lésiné dès le départ. Alors non je vous interdis de croire que vous pouvez me traiter de cette façon. » Tu attendis un instant puis ajoutas. «
Quand au fait de les avoir fait entrer dans la maison ? Ils ne seraient certainement pas venus si vous n’aviez pas participer à cette foutue Bataille ! Vous encore, mère » tu prononças ce terme comme une insulte. «
…vous étiez gentiment planquée derrière votre masque mais Torquil ne semblait en avoir rien à faire d’être reconnu. Ce qui lui arrive, et bien c’est ce qui aurait dû arriver bien plus tôt ! Et c’est ce qui aurait dû vous arriver également ! » Une deuxième claque retentie, bien plus violente que la précédente, mais à nouveau tu gardas ton regard plongé dans le sien. «
Tu n’es pas digne d’être un Travers ! » «
Ça c’est de votre faute et de la votre uniquement. Je ne suis qu’un caillou dans une chaussure vous vous rappelez ? » Tu tournas alors les talons, la laissant interdite, les yeux écarquillés. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits, mais tu étais déjà arrivé à ta chambre et ni une ni deux tu finis par te retrouver avec une valise à la main, descendant les escaliers. «
Où crois-tu aller comme ça ? » «
Je retourne à Poudlard, c’est bien le seul endroit où je n’ai pas à supporter votre présence. » Et sans un mot de plus tu quittas la demeure familiale, bien déterminée à rester à chaque vacances à Poudlard et surtout… A te trouver un chez toi lorsque tu aurais dix-sept ans, car clairement, rien ne t’attachait à cette demeure. Rien… Certes puisque tu avais seulement quinze ans, il te fallait encore attendre, mais tu étais patient. Après tout, ne dit-on pas que la patience est toujours récompensée ?
ΨΨΨInstallé à l’ombre d’un arbre près du lac noir, ta guitare entre les mains, tu jouais tranquillement tout en observant le monde qui t’entourait. Les feuilles commençaient peu à peu à tomber des arbres, car l’automne laissait place à l’hiver et cela offrait un spectacle incroyable. Beaucoup n’aiment pas cette intersaison, mais toi tu trouvais de la beauté dans les changements qui s’opéraient. Alors tu exprimais ce que tu ressentais au travers de ta musique, de ta voix, certain d’être seul, car après tout peu de monde venait dans ce coin reculé, puisqu’il fallait marcher quelques temps avant d’atteindre cet endroit. Les élèves préféraient tous rester toujours aux mêmes endroits où il y avait toujours trop de monde. Alors que toi… Toi c’était la solitude que tu recherchais, pour pouvoir te retrouver avec toi-même et avec ta créativité. D’ailleurs tout en jouant tu inscrivais les notes sur une feuille de musique, pour qu’ainsi tu puisses garder une trace de ce que tu avais pu imaginer. Et puis tu recommencer à jouer jusqu’à ce que cela te plaise assez pour que tu inscrive la suite. Continuant cela sans prendre conscience du temps qui passait, tu ne fis pas attention au craquement des branches non loin de toi. Alors sans te rendre compte que quelqu’un t’observait tu continuais à jouer. Dans ton univers. Et c’est alors que la personne en question vient s’installer face à toi, te faisant froncer les sourcils. «
C’est vraiment super beau ce que tu es en train de jouer, c’est de toi ? » Tu posas alors ton regard sur l’intruse, tu la connaissais, une Gryffondor de ta promo dont tu n’avais pas retenu le prénom même si elle t’avait adressé la parole plus d’une fois. Il faut dire qu’elle avait le don pour t’interrompre dans des moments où tu souhaites être seul, à croire qu’elle faisait exprès. «
Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Que je sache, je ne jouais pas pour toi, alors laisse moi. » Elle esquissa un petit sourire amusé. «
Oh allez Alceste, le prend pas comme ça, je te faisais un compliment. » «
J’en ai strictement rien à foutre de tes compliments. » Et c’était totalement vrai, tu avais juste envie qu’elle te laisse, mais elle ne semblait pas prête à le faire. Pour tout dire, elle n’écoutait jamais lorsque tu lui disais de partir et elle t’avait plus d’une fois fait sous entendre que tu lui plaisait malgré ton caractère. Alors elle continuait à te chercher. «
Tu sais que tu loupes un tas de choses en agissant ainsi ? » «
C’est ce que tu crois ? Moi je t’assure qu’à cet instant la seule chose que je loupe c’est la plénitude du monde parce qu’une personne a décidé de me les briser alors que j’étais bien seul. » Et elle se leva, mais au lieu de partir elle s’installa juste à côté de toi. «
Oui c’est ce que je crois. Tu loupes la tendresse que procure un corps contre le tien. Tu loupes la passion de deux lèvres qui se cherchent. Tu loupes la plénitude d’une relation sensuelle. » Puis sans demander ton accord elle tourna ton visage vers elle, et approcha ses lèvres des tiennes, sans pour autant les toucher. Elle était à quelques centimètres de ton visage, son regard plongé dans le tien. «
Tu ne me lâcheras jamais tant que tu n’auras pas eu ce que tu veux, c’est ça ? » «
C’est exact. » Roulant des yeux, tu posas ta guitare à côté de toi et tu te laissas embrasser par les lèvres pulpeuses de la rouge et or, ce n’était pas la première fois que tu te laissais succomber par des courbes féminines, mais jamais cela n’était allé plus loin qu’un rapport charnel, car tu n’étais pas fait pour les relations sérieuses au vu de ton incapacité à te dévoiler. En fait la seule personne avec qui cela pourrait marcher n’était autre que Bella, mais elle ne l’avait pas remarqué et ce n’était pas comme si tu allais t’ouvrir facilement. Mais bon… Là n’était pas le temps de penser à elle et tu te laissas donc aller dans les bras de la jeune femme qui t’avait ciblé telle une proie, mais que t’importait, tu te servais d’elle autant qu’elle se servait de toi. Heureusement que vous étiez dans un endroit reculé, car sinon cela n’aurait pas été particulièrement discret une telle relation charnelle en plein cœur de la nature. Et pendant quelques instants vous étiez en symbiose tous les deux, écoutant vos corps, vos envies, avec une facilité déconcertante jusqu’à l’instant ultime. Puis vous séparant doucement, allongés l’un à côté de l’autre, tu finis par te redresser. Et elle suivi le mouvement, se redressant à son tour pour finalement passer son bras autour de tes épaules. «
Alors content de cette expérience ? » Tu tournas la tête vers elle, la regarda, puis lui répondit. «
Surtout content de me dire que maintenant que tu as eu ce que tu voulais tu me laisseras enfin en paix. » Et tu te levas, te rhabillas pour ensuite mettre ta guitare dans son étui sous le regard interloqué et profondément surpris de la Gryffondor. «
J’ai cours de Potions, alors au revoir mmmh… » Tu hésitas alors sur son nom, ne l’ayant toujours pas retenu. «
Tu te moque de moi ? Je m’appelle… » Mais tu l’as coupa d’une traite. «
Qu’importe ton prénom, je le retiendrais pas. Allez, je dois y aller. » Et sans un mot de plus tu te mis en marche vers le château. A force, elle devrait pourtant savoir comment tu es non ? C’est elle qui avait voulu t’approcher en jouant avec le feu, il ne fallait pas qu’elle s’étonne après si tu ne devenais pas un bisounours complètement épris d’elle. Car là n’était pas ta nature.
ΨΨΨ Allongé sur un divan, tes mains croisées sur ton ventre, tu fixais le plafond avec attention, comme si ce dernier allait réussir à t’aider à répondre à la question qui venait de t’être posé. Rien ne semblait venir, alors tu te mis à te demander ce qui t’avait pris de venir ici. C’était certes ton idée, mais il n’en demeurait pas moins que cela avait été sûrement la pire idée du siècle… «
Monsieur Travers, souhaitez vous que je vous repose la question ? » Tu tournas alors la tête vers la source de la voix, la femme était assise dans son fauteuil, les jambes croisées, et ses mains tenaient un calepin où diverses annotations avaient été inscrites. Restant silencieux, elle fini par prendre ton silence pour une affirmation. «
J’étais en train de vous demander si vous vous en vouliez pour la distance qui s’est crée entre vous et votre famille ? » Ah oui c’était cela la question quelle t’avait tantôt posé. Est-ce que tu t’en voulais d’avoir complètement couper les ponts avec tes parents ? Non ou peut-être un peu. En fait tu n’arrivais pas vraiment à le savoir, car dans le fond c’était totalement raisonné la décision que tu avais prise, surtout qu’ils n’avaient jamais joué leur véritable rôle de parents, mais en même temps ton frère n’avait rien à voir dans toute cette histoire et à cause de cela vous ne vous parliez plus non plus. Bon d'un autre côté... Il n'avait jamais été là pour toi non plus. Tu posas un moment tes mots pour finalement lui répondre. «
Mes parents le méritaient, à supposer qu’on puisse vraiment les appeler mes parents, ce serait plutôt mes géniteurs étant donné que j’ai passé plus de temps avec mon précepteur qu’avec eux durant mon enfance. » Elle hocha la tête et griffonna encore quelque chose sur son papier. «
Vous aviez donc un précepteur ? Vous n’êtes pas allé à l’école ? » Effectivement, c’était peut-être quelque chose que tu aurais pu passer sous silence, car pour les moldus ce n’était peut-être pas très habituel comme attitude. «
Je suis allé à dans une école privé à partir de mes onze ans, mais effectivement, j’avais un précepteur jusqu’à mes onze ans. Mes parents souhaitaient que j’ai la meilleure éducation possible et puisqu’ils avaient les moyens, c’était à leurs yeux la meilleure chose à faire. » «
Mais pour vous était-ce vraiment une bonne chose ? Ne vous êtes vous pas senti seul ? Abandonné ? Car j’imagine que vous n’aviez pas d’amis de votre âge, je me trompe, si vous n’alliez pas à l’école… » Tu n’y avais jamais vraiment pensé à cela. Des amis tu t’en étais fait qu’à partir de tes onze ans, car avant cela tu étais vraiment solitaire. Parfois tu croisais les enfants des amis de tes parents, mais jamais tu n’avais eu de réelle attache avec quelqu’un de ton âge. Jamais jusqu’à Chris, Bella et puis Gabriel bien sûr… Comme quoi, il fallait croire qu’elle n’avait peut-être pas tort, tu t’étais effectivement senti un petit peu seul. «
J’étais certes seul la grande majorité du temps, mais au final, je ne leur ai jamais voulu pour ce choix, cela m’a appris à compter que sur moi-même. Et à partir de mon entrée dans l’école privé, je n’étais plus complètement seul. » Nouveau hochement de tête de sa part. Nouvelle inscription notée. «
C’est dur pour un enfant d’être livré à lui-même. Cela ne vous a pas provoqué une difficulté de faire confiance ? De vous livrer ? » Bien sûr que si, tu n’aimais pas parler de toi, t’ouvrir, et c’était bien la première fois que tu le faisais ainsi à une totale étrangère, mais c’était bien parce que c’était une professionnelle et que c’était toi qui avait eu cette idée étrange. «
Je vous parle là. » «
Certes, mais je ne suis pas n’importe qui. Arriveriez-vous à le faire s’il n’y avait pas ce côté professionnelle – patient ? » «
Non. » Nouveau hochement de tête, comme si elle s’était de toute manière doutée de la réponse. «
Monsieur Travers, je pense qu’on a plutôt bien avancé pour cette première séance et je vous donne donc rendez-vous pour notre prochaine séance, où nous irons encore plus dans le détail. » «
Qui vous dit que je vais revenir ? » «
Je le sens et généralement je ne me trompe que rarement. » Ce fut à ton tour d’hocher la tête de manière distance, tu te levas donc du divan pour finalement lui serrer la main avec fermeté. «
A une prochaine fois Monsieur Travers. » «
Peut-être. » Et tu quittas la pièce sans un mot de plus. Allais-tu vraiment y retourner un jour ? C’était malheureusement fort possible… Elle avait raison… Et toi le fils Travers, sang pur, voilà que tu te retrouvais plongé dans une pratique complètement moldue. Enfin peu étonnant lorsqu'on savait que tu avais trouvé un appartement dans un quartier moldu de Londres pour ne pas que ta famille te retrouve et pour que tu puisses, lorsque tu n'étais pas à Poudlard, te retrouver dans un espace que tu avais créé à ton image : calme, froid, solitaire et en même temps plein de créativité.