Il a toujours eu des dates plus attendues que d’autres à Poudlard, le Vendredi trente-et-un Octobre deux mille-trois est l’une d’entre elles. Après le succès pour le moins mitigé des soirées « adaptation de jeu de société moldu » du Dimanche soir instaurées par le Directeur l’acariâtre et fantasque Severus Rogue, les week-ends s’en sont trouvés plus calmes au soulagement général, fantômes compris. Nul nouvel assassinat du Directeur (certains s’en sont trouvés attristés), nul remous sinon le traumatisme des attentats récents au Ministère pour les quelques élèves qui y étaient présents, nulle attaque. Rien qui sorte un tant soit peu de l’ordinaire. Cette sérénité et ce calme ne peuvent qu’être de mauvais augure pour la soirée d’Halloween. Qu’aura donc prévu le Directeur ? Les plus anciens élèves se remémorent que c’était lors d’un de ces banquets que Harry Potter s’est échoué sur le marbre de la Grande Salle, annonçant la mort définitive du terrible Lord Voldemort. C’était en 1999, certains s’en souviennent comme si c’était hier.
Drapé de sa superbe, Severus Rogue se tient debout, présidant le banquet d’Halloween. Qu’a-t-il prévu cette année sinon, comme de coutume, un plantureux repas ? Fumseck est perché sur son épaule, détaillant d’une oeillade pétillante les élèves venus s’installer dans la salle en babillant. Sur la table, un adorable chaton noir qui est subitement apparu dans le sillage du Directeur quelques semaines plus tôt, Morsmordre dit « Momo » joue avec une Minerva McGonagall attendrie. Les professeurs se sont tous parés de leurs plus beaux atours. Après tout, le banquet d’Halloween est un incontournable et a pris des significations toutes particulières au cours des dernières décennies. Le Trente-et-un octobre, Harry Potter défaisait pour la première fois Lord Voldemort. Depuis, la période d’Halloween dans le monde de la magie a toujours été particulièrement joyeuse : on y fête l’espoir d’une période de lumière, de joie, de sérénité. On y aspire à la paix et à l’allégresse. C’est sans doute pour cela que le plafond de la Grande Salle s’est dégagé pour laisser planer une nuit étoilée parfaitement dégagée. La voix forte du Directeur vibre dans l’assemblée.
« Les anciens le savent, les nouveaux l’apprendront bien assez tôt : Halloween a une signification particulière dans le monde de la magie. En 1981, le Seigneur des Ténèbres, Tom Elvis Jedusor était défait par un enfant cette même nuit. En 1999, il y a à peine quelques années, notre Ministre de la Magie venait s’échouer ici annonçant la fin définitive de la guerre. Nous inspirant de vieilles traditions celtes, ici, à Poudlard, nous faisons le choix, depuis de nombreuses années, déjà, de célébrer, à cette date du trente-et-un octobre, l’espoir mais également le souvenir de nos disparus. Prenons quelques instants pour nous remémorer nos proches, nos parents, nos amis, nos conjoints, nos aînés disparus dans ces trop longues guerres, et aspirons à des jours meilleurs, des jours de paix et de sérénité retrouvée. Poudlard est un havre pour tous ses élèves et professeurs. D’ici quelques années, ce sera à vous, les adultes que vous êtes appelés à devenir, de construire ce monde pacifié auquel nous aspirons tous ce soir. »
Quelques instants de silence se font. Le dos raide, le directeur prend sur la table une coupe étincelante aux armoiries de Poudlard.
« A ce prometteur soir d’Halloween ! Bon appétit ! »
C’est cet instant que choisissent les fantômes de Poudlard pour faire leur grande entrée en volant au dessus des tables où apparaissent d’innombrables mets, tous plus raffinés et Halloweenesques les uns que les autres. Le Directeur s’est rassit, pensif. Le chaton vient lui chatouiller la main de ses moustaches. Seule Minerva McGonagall assise à ses côtés l’entend murmurer. « A Lily » avant d’avaler le contenu de sa coupe, un fond de Whisky pur feu.
Peuvent participer à cet Event les élèves de Poudlard et le personnel de l’école. Le prochain post MJ aura lieu le 7 décembre. Bien entendu le MJ peut intervenir à n’importe quel moment sur requête ou spontanément, comme de coutume. A vos plumes !
Le repas d’Halloween est une tradition gourmande et amusante. Quelque chose que j’ai toujours aimé, bien que je n’ai que rarement l’occasion d’y participer comme je l’entends. Les traditions à Poudlard sont faites pour être bousculées. Cette stupide habitude des quatre maisons qui mène des abrutis comme O’Niallain à me tenir le type de discours qu’il m’a tenu… Les rivalités entre équipes de Quidditch, pendant les cours, pendant les entraînements, même au sein de certains clubs. Ce soir, donc… je vois les choses en grand, et, pour paraphraser un Pouffsouffle de ma connaissance dont l’audace capillaire est à nulle autre pareille J’emmerde les traditions.
Cette décision prise, j’avise d’un œil critique mon costume. Je sens déjà le tollé… Je ne suis plus à un raté près, ce mois-ci. Après la rencontre haute en couleur avec un ancêtre vampire et la terrible épreuve des réunions chez les Malefoy, je suppose que je peux bien pousser encore un peu l’outrecuidance… Enfin, je présume. Devant la glace, j’ajuste le costume le plus provocant qui puisse être aux yeux des élèves les moins dotés d’humour : un uniforme de Serpentard gracieusement prêté par Veredis. La cravate verte me fait un drôle d’effet autour de la gorge, mais ma foi, c’est toujours plus drôle que tout autre costume que j’aurais pu trouver, et si, pour une fois, cela me permet de passer une agréable soirée à la table des Serpentard en toute discrétion…
Mais je ne me fais pas d’illusion : il y a des imbéciles aussi bien chez les verts que chez les rouges, et j’aurai bien droit à mon lot de remarques d’un côté comme de l’autre. Levant les yeux au ciel, je case un peigne dans mon chignon et descends en sifflotant jusqu’à la grande salle. Clin d’oeil d’un ami de Gryffondor occupé à ajuster son masque de loup garou, et je disparais dans la cohue jusqu’à rejoindre le hall puis le lieu où tout se jouera.
Un uniforme, ça passe inaperçu dans la foule, pas vrai ? Je me glisse jusqu’à la tablée des Serpentards et m’assois à côté d’une rousse bien connue de moi. Petit sourire en coin, je pose une main sur son épaule en m’asseyant.
« Happy Halloween, Dear ! Ne trouves-tu pas mon costume effrayant ? »
Le discours de Severus Rogue résonne alors dans la pièce… une bien étrange allocution. La minute de silence est respectée par beaucoup d’élèves… je suppose que personne ne tient vraiment à se mettre à dos le Directeur de Poudlard… surtout pas après sa blague débile du mois précédent… un Cluedo, sérieusement ! J’aurais bien désapprouvé si cela ne m’avait permis le suave spectacle d’un Connor outrageusement bafoué dans sa colère !
Enfin, le signal tombe : les fantômes apparaissent tandis que le Directeur lève son verre à la soirée. Le festin jaillit sur les tables. Une soirée parfaite… Bien que les mots du Directeur tonnent encore dans ma mémoire.
« Il s’en est passé des choses, le 31 octobre, quand on y réfléchit… Entre la mort des Potter et sa réapparition… La date semble avoir quelque chose de sacré, non ? Ou de fichtrement ironique. »
Halloween est la fête attendue par des générations et générations de jeunes sorciers : déguisements, bonbons à gogo, bonne humeur, repas fastueux, blagues débiles et frissons garantis. Il est évident que pour rien au monde je ne raterais cette occasion unique de voir triompher l’esprit facétieux qui me caractérise. Tresse rousse sur l’épaule, uniforme des bleus et bronze arboré avec fierté. Je me suis contenté d’un mini-chapeau citrouille sur le dessus du crâne. Après tout, pourquoi déguiser la perfection faite serdaigle, mh ? J’ai toutefois enchanté mes vêtements avec une désillusion partielle donnant l’impression à un spectateur extérieur que mon corps est semi-transparent comme ceux des fantômes et des esprits frappeurs.
Et l’esprit frappeur, ça tombe bien ! J’ai en réserve pléthore de blagues pour la soirée. Il faut bien que mon job d’été à la boutique Weasley commence à porter ses fruits ! Inventivité, plaisanteries raffinées et marais portables sont la solution à tout mal de vivre, bien naturellement ! Je papillonne quelques instants dans les couloirs avant de rejoindre, indolente, la grande salle. La date est symbolique : Il y a quelques années, Harry Potter déboulait ici, dans ce même Hall, s’écroulant au milieu des tablées, criant que la paix était revenue. Un souvenir vivace.
Je me suis installée à la table des Serdaigle, ai écouté en fronçant les sourcils l’allocution du Directeur, ai respecté la minute de silence pour les morts. Je ne me souviens que trop bien de tout ce que chacun peut avoir perdu ici. Mais pourquoi cette année ? Dans mon souvenir, Severus Rogue n’a jamais été aussi… creepy ? Notre bon vieux directeur broierait-il du noir ? Est-ce l’effet qu’ont eu sur lui les attentats récents ? Je ne peux m’empêcher de me poser la question, et je n’aurai sans doute aucune réponse.
Je cherche des yeux un Gryffondor à sa table. Le trouvera, le trouvera pas ? Je ne peux résister à l’envie de le narguer. J’ondoie le corps vers mon voisin, un sourire ingénu sur les lèvres. Pour peu, on m’offrirait l’auréole sans confession.
« Hé, tu n’as pas vu O’Niallain ? J’ai terriblement envie de l’embêter... »
Fin Octobre. Jus de citrouille, sucreries et atellanes. Prospectus aguicheur aux coulisses lestés de besognes.
Phase Une.Quidditch et Vengeance. Avilissement de l’aigle en pensum pour garce flavescente. Cependant assonance de lauriers de la poupée d’or et d’ivoire. L’adorateur des palmes n’avait le choix. Héritier carmin alors affublé d’azur. Non sans quelques libertés. Pavanant au bras douce néréide. La consolation du pari. Brimade abordée de sa mandibule haussée. L’égo sous l’égide d’une citadelle d’autodérision juchée sur mont d’orgueil. Gageant à l’oreille de la maline que c’était bien entendu à charge de revanche.
Ainsi se préparèrent les douceurs des représailles. Au prix de quelques glas de carillons échoués à la bibliothèque. Epluchage de recueils savants allié à ses facultés en métamorphose. L’élève excellait dans les jupes de McGonagall, et s’en gorgea de fierté. Agrémentant tout schéma par sa créativité allouée à son génie. La mascarade s’élabora. Minutieusement. Projet adhérant pour que chu aux bordures de ses babines risette espiègle. Dévotion singulière au susurre du patronyme de Quinn. Que l’oisillon jouisse de son dernier vol. Des griffes arrivaient pour le pêcher. Adage de la règle du talion.
Phase Deux.Halloween, jour des Monstres. Halloween, jour du monstre. L’égoïste expert en manipulation de fieffé animal. En vérité simpliste conception qu’à l’image de toutes bêtes, aux cimes des ficelles du macaque-Pinocchio présidait son estomac. Fort de cette conclusion, détermination conduit fauve à l’antre de ses frères rugissant. Blotti dans la chaleur des primes braises, l’œil émerillonné veilla avant que ne poigne lutin facétieux. Inventaire de maisonnée confirmé une fois qu’icelui les bénit de sa présence, le bulletin s’annonça. Un brin trop fort. Un brin trop indiscret. Un brin trop grossier dans ses intentions. Mais convaincu que proie allait mordre au nylon. L’instinct du trappeur s’exprimait.
« Au fait j’ai reçu pour ce soir une commande de chocolat d’Honeydukes. Mais ça me gave, y a une sale souris qui vient toujours tout me bouffer. Je prie Merlin pour qu’elle ne soit pas passée avant qu’on rentre du banquet. »
Embuscade cacaotée établie. Sous couvert de châlit reposait aux côtés de sucrerie deux étrennes rectangulaires. Aîné moins volumineux, à l’emballage estampillé Fleury et Bott. Bolduc doré et écussons de ses origines valsant. Caché ainsi sous l’apparat, veillait princeps du célèbre Fantastic Beasts and Where to Find Them. En Reliure de cuir. Parachevé de gloses et émargements du magizoologiste. Une trouvaille estivale parmi les courses de la rentrée.
S’accompagné aussi du pléthore de cursive un cadet. Ici défaut de soin au camouflage. Foliot de périodiques pour que baiser du Quibbler côtoie modeste Gazette. Sommairement abandonné à sa surface un carré de parchemin engorgé de quelques lettrines :
« Tu ne le mérites pas, mais faut avouer que tu me fais un peu pitié. T’as de la chance que je sois génial. – Connor. P.S. : J’ai trouvé ça aussi. Tu semblais tellement y tenir à tes échasses. Pour info parce que t’es pas douée : les bruits « rigolos » quand tu marches sont faits exprès. Y a une option acrobaties aussi je crois. Regarde dans le mode d’emploi j’ai la flemme de chercher. Quoi que faudrait déjà que tu saches lire. »
Ces labeurs pour accointance, non Mea Culpa. Etymologie de l’un assumée sans remord. Le regret se constituait uniquement par la riposte. Froissé depuis aussi des suspicions sur la légitimité de ses actes. Quinn pour plaidoyer du primate. L’obole avait la tâche de restituer les coucous à l’heure.
Ainsi, l’avancement du cadran le gratifia de félicité. Petit rongeur avait déniché trésors. Semant dans son sillon restes des défroques de ses présents. Elle aurait pu ranger tout de même, bisqua la caboche de corniaud. Mais fossettes félonie de griserie qui ne le quittèrent guère jusqu’au banquet aux inférieurs étages.
Irruption de ce fait procédée en contrebas de citrouilles et de lueurs. L’environnement en peuplade de camaïeux et fards artifices de ses camarades. La carrure exempte cependant de la kermess par monotone nègre de sa cape estudiantine. Clivant sous ses pans le reste de son embûche. Ses gigues menèrent son tango jusqu’à son madrier. Là où fessier honora l’assise de ses bancs. Perçu auquel compères tigres s’enquéraient :
« Il est où ton costume ? - Nulle part. Ce serait un crime que de ternir mon charisme. Boniment du goguenard fripon. Maestro ne divulguerait guère de son show. - Tu parles, le plus beau des costumes ça va être ta tronche quand tu vas voir Ollivander. »
Badin tiqué, viride sollicita voisin. Transaction dont informateur s’escamota par interlope rictus. Évacué à ses uniques moyens, prasin fureta alors parmi trognes grimées. Prescience de rosserie.
Cependant, oint de l’instant par Monseigneur-Chauve-Souris. L’homélie articulée achoppant guère sur cabéru. Pour une fois clapet d’houret assourdi. Canon des tragédies en cause. En revanche, effronterie alimentée aux ultimes vers. Embrassement d’ogives par prunelles impertinentes. Poudlard un havre de paix ? Pas avec ce zigoto. Mais vint pour honneur des embarqués de Charon abjuration d’acrimonie. Aumône de leurs souffles huchant le Prince au recueillement. Apologues d’échos un peu trop contemporains pour cerbère. Des prémices dans fourmilière ministérielle aux macules vermeilles. Premières foudres malachites. Cabot spectateur d’une moisson d’innocents par d’abjectes Moires. Litanie d’un enfant à leur sommeil. La société magique devrait encore s’échiner pour de meilleurs lendemains.
Sur terme de la fable s’inaugura le gargantuesque buffet. Pagaille de mets pour qui étoila ses orbes. Un cadre mirifique pour ivresse canine. Ebaudissement en apogée qu’exploita canaille. Jugulaire dérobée au corset de la pelisse. S’étiola paravent. En parallèle s’abattant lierre cabalistique sur pinacle du brigandeau.
Museau s’ornant de vibrisses, le bistre mua pour une marinière rubis et or. Laine ceignit sa poitrine, toile d’un safari singulier. Braconnage de spizaète par monarque de ses pairs animaliers. L’emplumé déchu sous coussinets pour trouver repos dans l’alcôve des crocs. Allégorie forclosant délicatesse dans un kabuki éternel. Complément de la truculente pantalonnade de deux mignonets polichinelles virevoltant à hauteur du galon. Satellites en orbite de l’astre fripon, chacun à l’effigie d’athlètes du Quidditch. Vernis de Godric pour prédateur escagassant via miniature souafle l’apprenti de Rowena.
« Ha ! Et j’allais oublier. »
Rossard prorogeant échéance de parade. Un insigne débité de sa poche. Présent d’entrevue dont apophtegme initial « J’aime Serdaigle » avait dérivé au « J’aime les filles de Serdaigle ». Ponctuation d’aphorisme par frimousse de pin-up renarde. Peu probe certes qui ripolina minois des collègues de dépit. Le tout sous la superbe du bélître.
Credits : Gasmask
Défis écriture effectués:
• 45 M (15 + 30) : Écrire un RP de 1000 et 500 mots. • 10 M : Participer à un Event
Missions Event effectuées:
• 2/ Déguisement (faire un Rp déguisé pour Halloween) • 9/ Une couronne de fleurs (se recueillir pour les morts)
Tu as fait partie des premiers arrivés dans la grande salle enguirlandée de citrouilles et de funèbres bougies. Les cierges flottent avec un peu trop de complaisance au dessus de ta tête et, pour une fois, tu ne leur trouves aucune poésie. C’est donc vaguement préoccupée que tu t’installes à la table des Serpentard, ta robe de sorcier de Poudlard remplacée par le kimono rose pâle que tu portais au Japon lors de tes études à Mahoutokoro. La teinte printanière rehausse la verdure de ta cravate de Serpentard. Pour des raisons bassement esthétiques, tu es bien contente d’être dans la maison de feu Salazar : le bleu des aigles, le rouge des lions auraient affreusement juré avec ton ancien uniforme.
Peut-être ta morosité a-t-elle quelque chose à voir avec la mine sombre de Severus Rogue à la table professorale. Le Directeur ne respire jamais la joie de vive, bien sur, mais quelque chose de solennel se dégage de lui. Tu ne lui as jamais vu une mine si mortellement sérieuse que lorsqu’il se lève pour dominer l’assemblée en observant les élèves entrer. Une voix se fraye un chemin jusqu’à ton oreille et tu sursautes en voyant Hilde se glisser jusqu’à toi. Un sourire étire tes lèvres. Son arrivée a repoussé au loin la désagréable impression que tu ressentais à contempler le directeur.
« Joyeux Halloween à toi aussi Hilde… C’était donc pour ça que ru m’as piqué un uniforme de Serpentard ? Je trouve terrifiant le fait que les gryffondor perdent aussi aisément leur meilleure gardienne depuis Olivier Dubois... Tiens, tu voudrais pas venir jouer à Serpentard, vu que tu as déjà sorti l'uniforme ? Je suis sûre que Carrow, notre capitaine serait ravie de récupérer une aussi bonne gardienne que toi ! »
Te passe un bras autour de ses épaules pour lui coller une bise sur la joue qui te fait frétiller le bout du nez. Son parfum et quelques mèches blondes te chatouillent la narine. Tu jettes un coup d’oeil à la table des lions où siège habituellement ta splendide comparse.
« Et que disent les bébés lions de ton costume d’Halloween ? Je pourrais être tentée de te faire une place dans les dortoirs de Serpentard pour ta sécurité en cas de force majeure ! On serait obligées de papoter toute la nuit... »
Ta voix est devenue un chuchotement au creux de l’oreille.
« Voir profiter des réjouissances pour t’emmener dans une petite expédition interdite dans la réserve de la bibliothèque ? »
Ton œil pétille un peu trop pour votre propre bien à toutes deux… mais ça a toujours été Hilde la plus raisonnable. Le silence se fait lorsque le Directeur commence à parler. D’emblée, ton excitation à la perspective d’une interdite et nocturne balade retombe. Ses mots résonnent dans un drôle d’écho. Tu sens qu’il est ému. Tu te souviens qu’il a participé lui-même aux combats. Que la baguette qu’il a toujours sur lui est devenue arme entre ses mains. Entre les tiennes aussi. Tu trembles un peu. Si tu n’as tué personne, tu partages avec lui le poids de la souffrance que tu as infligée. Lui aussi a-t-il éprouvé ce coupable plaisir dans la torture ? Tu n’as jamais osé le lui demander.
La voix de Hilde résonne à nouveau tout contre toi. Tu ne peux qu’acquiescer.
« Sacré, c’est le mot. Savais-tu que dans les cultures celtes, Samhain était leur équivalent du nouvel an ? On célébrait une ultime fois la lumière avant que ne commence un nouveau cycle dans les ténèbres de l’hiver. C’était une nuit où l’on se reconnectait avec le passé, les ancêtres… les morts. Ce doit être pour ça que les chrétiens se sont emparés de la date pour leur fête des morts à la Toussaint, non ? »
Tu laisses tes supposition danser au creux de tes lèvres avant d’attraper un bol de soupe à la citrouille.
« Dans tous les cas, les elfes de maison se surpassent chaque année ! »
Halloween, halloween,... Cela lui inspirait quoi à Alys ? Que dalle à part la promesse d'un bon repas. Mais honnêtement, les repas à Poudlard étaient généralement assez bons de base alors, à part la ration supplémentaire de chocogrenouilles, il n'y avait assez peu de valeur ajoutée. Pas que la rousse crachait sur la bouffe, loin de là. Alys et la bouffe, c'était le grand amour. Juste qu'elle aurait préféré être ailleurs que dans cette grande salle remplie à craquer d'éléments hostiles, aka des gens. Elle rêvait de sa clope, son plaid et sa tasse de café en lorgnant d'un regard vide la grande Minerva McGonagall jouer avec un chaton. La crédibilité était morte, tout comme les yeux d'Alys. Foutues allergies. Surtout qu'elle était noire la bestiole, ça n'annonçait rien de bon.
Le discours du directeur débuta. Banalités d'usage sur le symbolisme d'Halloween, on mentionna le point Godwin des sorciers dés la deuxième phrase : le seigneur des ténèbres, blablabla. Alys ne se sentait pas trop concernée par ça : elle avait fuit la période, elle s'était fiée à son instinct. Et Merlin qu'elle avait eu raison, faire partie des martyrs ou des victimes anonymes de cette guerre ne lui aurait certainement pas plu. Paix, pensées aux disparus, pfff. La paix, elle l'aurait eu en restant dans sa tour. Air ennuyé pendant les instants de recueillement, éternuement même Foutu chat. Elle aimerait bien disparaître, là, maintenant, surtout que le directeur lui avait toujours foutu la trouille. Même maintenant, à la moindre connerie, elle craignait la phrase cassante et la volée d'heures de colle. Un jour, elle intégrerait qu'elle n'était plus élève. En attendant, elle commença à piquer dans les plats pour remplir son assiette.
Elle fut interrompue par la voix de son voisin de table. Ernst Wilson, le manitou des serdaigles. Elle ne lui avait jamais trop parlé, elle ne le connaissait d'ailleurs absolument pas. Elle se méfiait toujours un peu des aigles, trop prompts à juger la divination : pas la branche de la Magie la plus rigoureuse qui soit. Elle lui sourit, rictus un peu de travers, un peu gêné. "Il avait fait quoi ?" Vrai que cela ne lui dit rien à Alys, mais elle avait tendance à zapper, à éluder ou même à s'être fait la malle juste ce soir-là pour aller regarder les étoiles loin du château et ne pas avoir prêté attention aux bruits de couloir à son retour. Elle se sentait un peu bête à ne pas savoir de quoi le collègue parlé. Elle le dévisagea quelques instants. Il avait de beaux cheveux. Blonds-blancs, lisses, longs. Ils avaient l'air plutôt doux et surtout faciles à coiffer. Elle aimerait bien avoir des tiffes comme ça, ça devait être plus pratique que ses boucles rousses qui la rendaient repérable à des kilomètres de distance. Son regard était fixé aux cheveux de Ernst maintenant. Songeuse tout à coup, elle fronça les sourcils. "Vous devriez vous méfier... Vénus est pile en position pour vous créer des ennuis." souffla-t-elle en haussant les épaules avant de retourner à son remplissage d'assiette déjà plus que copieusement remplie.
La chtouille de ’sa’ gueule crapuleuse mouchetait sa carcasse d’émotion. Elle pouvait se repasser la moindre précision de la perversion que déferlait son visage. Les quelques desseins houleux machinés dans l’alcôve domestique avaient salué la suffisante présence de ce Lord Noir dont la blèche binette avait laissé un stigmate de caponnade chez notre picrate. C’était donc sur cette relique fébrile qu’elle avait flairé le génie. Un génie mutin qui se régalait déjà de son étincelle. En ce jour cocasse que l’on arrosait de gogaille, Winnie clôturait les derniers fignolages de son artifice. Lorsqu’elle se concernait furtivement dans le miroir, elle bondissait en arrière, manquant une débandade contre la cloison suintante de la douche. « Fich’tre boursouf ! » Blasphème entre ses labres d’ordinaire si lécheurs. «On y croirait presque… » Convulsion à la fois hagarde et plaisante. Ce n’était pas le reflet de la benjamine Carrow qu’elle discernait mais la réflexion répulsive de Voldemort. Démembrée entre l’ardeur de son fard et les prétendantes mercuriales de son tuteur, qui se distinguait sous l’émotif minois de Severus, Winnie sentait la transe la grignoter doucement dans un appétit férin. Elle enjôlait sa parure d’une longue houppelande noire, arrondissant ainsi l’occulte personnage. Sa trogne dépouillée de son museau lui soutirait une insolente risette. En place les pignoufs !
C’était donc une version diminutive du Lord des Ténèbres qui poulopait à travers les galeries de Poudlard, les babines dégrossies dans un éclat finaud. Son spectre soulevait quelques saccades chez ses larrons de camarade. Enfin elle affleurait la grande salle qui agaçait déjà par la tripotée de petites tarasques. Irrésolue pataude qui se distinguait par tout sauf par sa ponctualité, elle échouait ainsi dans la houle taiseuse à laquelle Severus semblait avoir enjoindre ses élèves. C’était en tapinois qu’elle papillonnait jusqu’à sa table. Son apparition s’était esquissée moins mesurée qu’elle ne l’aurait pensé. Ses bourgeons creusaient les deux brochettes de serpents qui encadraient la table pour s’arrêter sur deux plaisants bourrichons. Ses oreilles extorquaient au passage quelques éloges nébuleux sur la fantasmagorie de son déguisement. Elle n’en avait cure.
« hé hé coucou les filles… » Avortée en face d’Hilde et Veredis dont elle dépeignait d’une lucarne pointilleuse le déguisement, la jeune Carrow piétinait à l'idée d'émousser les traditions. « Joli kimono Veredis…et Hilde, le vert te sied mieux que le rouge…Il n’est jamais trop tard pour changer de maison » Elle alestait une place en face des deux rouquemoutes par un coup-de-rein musclé sur deux serpentards dont elle étanchait les algarades sur le rail de son indifférence. « Qu’est ce que j’ai raté ? »
Ça y est, c'est le fameux jour. Les derniers rayons de soleil de l'année glissaient dans l'herbe grasse du jardin de Poudlard. D'ici quelques heures, à la tombée de la nuit, les grandes festivités de Samhain allait commencer. Et cette simple idée emplissait le coeur d'Eirian d'une douce euphorie, étirant un magnifique sourire sur ses fines lèvres. Elle avait hâte, tellement hâte de retrouver sa famille, de retrouver l'ambiance si particulière du trente-et-un octobre. Sans nul doute le Sabbat le plus important aux yeux de la fillette : primaire, bouleversant, merveilleux... Là où les vivants et les morts n'ont jamais été aussi proche ! Si proche de ses défunts parents...
— A quoi penses-tu ?
Eirian leva son regard qui reprit immédiatement de l'éclat. L'Elfe de Maison semblait inquiet à son sujet, sans nul doute parce qu'il s'était rendue compte du voile mélancolique qui s'était glissé dans les iris de la jeune fille. Cette dernière secoua la tête, chassant ses pensées morbides, et aborda un nouveau sourire bien plus chaleureux. Ce n'était pas le moment de se laisser aller !
— A ce soir... j'ai hâte de revoir mon tonton !
Eirian était d'ailleurs des plus surprise que Severus Rogue, le Directeur, ait accepté de lui redonner sa liberté en lui permettant de fêter Samhain auprès de sa famille. Bon, certes, les préparatifs avaient déjà commencé depuis plusieurs jours, mais si elle pouvait assister à l'apogée des festivités, elle n'allait pas s'en plaindre ! De plus, ça serait ingrat pour elle de chouiner quand on sait que le Directeur n'avait aucune obligation de la libérer du château ; il aurait très bien pu la retenir ici ! Contre son grès ! Non, vraiment, la Verbena lui était infiniment reconnaissante pour ce présent. Et c'était peut-être pour cela, touchée par son geste et ainsi apaisée de ses tensions entre ses deux cultures, que l'enfant fit finalement l'effort de s'intéresser au Samhain des Sorciers et Moldus : Halloween. Eirian ne l'avait jamais fêté et ne savait pas très bien en quoi cela consistait. Une confession qui n'a pas été accueilli dans le plus grand des respects cela dit, ce qui n'arrangea pas, encore une fois, ses relations sociaux avec les Sorciers. Méfiante envers ses camarades étudiants, la fillette avait fini par trouver refuge auprès de la cuisine, un des lieux favoris d'Eirian dans cette école un peu trop austère. Faut dire qu'elle aimait beaucoup la gastronomie, surtout les plats cuisinés dans des chaudrons, non sans lui rappeler son petit chez sois. Et puis, difficile d'y faire abstraction quand on a une salle commune tout près des fourneaux. Et enfin, faut croire que c'était dans sa nature de Poufsouffle et force de constater qu'elle n'était pas la seule de sa maison à affectionner ce lieu. Les Elfes de Maisons y travaillant avaient bien de la patience de les supporter.
Ce fut donc auprès des Elfes de Maisons, donc du personnel de Poudlard et techniquement des adultes, qu'elle avait quémandé leurs aides pour lui apprendre quelques notions de ce fameux Halloween. L'un d'eux, Iril, l'avait pris sous son aile. Il lui avait expliquer, en premier temps, qu'ici, dans cette école, on organisait un buffet spectaculaire pour cette occasion et l'être magique fit naître tellement d'étoiles dans les yeux d'Eirian que celle-ci ne put se résoudre à partir si tôt sans avoir vu les festivités de Poudlard de ses propres yeux... Oui, voilà, elle restera un peu pour voir et après, elle partira rejoindre sa famille. Elle avait le temps car généralement l’apothéose de Samhain était fêtée à l'apogée de la nuit. Mais pour profiter d'Halloween, encore fallait-il qu'elle le fête comme tout bon Sorcier et/ou Moldu.
Ainsi, cela a commencé, tout bonnement à choisir un déguisement... Car, c'est comme ça, il fallait se déguiser pour faire peur aux gens. Pourquoi faire peur aux gens ? « Ben... parce que, c'est comme ça... » avait répondu Iril, pris de court par sa curiosité dont il ne pouvait satisfaire. Et surtout, quand on était déguisé, non seulement il fallait faire peur, mais il fallait aussi réclamer des bonbons... Pourquoi des bonbons ? «Parce que c'est comme ça. ». Bon, donc, des bonbons. Mais si jamais on ne nous donnait pas des bonbons, il fallait lancer des sorts pour se venger. Et pourquoi il faut être méchant avec les autres ? « C'est comme ça !»... Bon, c'est à ce moment précis qu'Eirian décida de ne plus poser de questions de logique : les Sorciers et les Moldus étaient bizarres, illogiques, capricieux et un point c'est tout ! Donc, d'accord, un déguisement, mais un déguisement de quoi ? Là, ça était une toute autre histoire pour trouver : rien intéressait la fillette qui trouvait les idées habituelles si... artificielles. Et finalement, le hasard fait que ça soit une remarque d'un de ses camarades avec son « De toute façon, tu fais peur même sans déguisement » qui aida la Verbena à faire son choix. Le déguisement, qui a fallut bien des ressources et du temps, était par ailleurs bientôt prêt. Mais en attendant, il y avait l'épreuve de la citrouille.
La petite fille avait ainsi fini de vider toute sa citrouille, tout en regardant par la fenêtre, là où les herbes hautes léchaient les vitres situées au niveau du sol, pour surveiller le temps qui passait. C'était la fin de la journée, l'heure était bientôt venu de rentrer dans les festivités de ses deux mondes.
— Voilà, c'est fait... annonça Eirian, les mains couvertes de chair de citrouille et non sans être soulagée d'avoir fini. Je dois rajouter une bougie maintenant ? Et vous allez faire quoi du reste ? — Bien, bien, tu ne t'es pas trop mal débrouillée... — Elle est pas très belle... marmonna un Elfe devant le chaudron. — ... et il est temps que tu installes une bougie et tu auras fini ! Ta première citrouille d'Halloween... Et pour ce qui est du reste, on le garde pour faire des plats...
Ha ! Elle se disait aussi que ça serait du gâchis ! Donc, une bougie. On l'allume. Et hop ! Magique ! Une lanterne citrouille au visage terrifiant ! Un petit Hooo émerveillé sortit des lèvres étirés de la fillette.
— C'est joli !
Bon, elle ne comprenait pas bien l'intérêt, mais franchement, ça lui plaisait ! En plus, ça laissait une bonne odeur de citrouille ! Et voilà, mission accomplis, elle pourra enfin dire aux autres qu'elle savait faire une citrouille d'Halloween !
— Bon, eh bien, il manque plus que tu te déguises et tu pourras rejoindre les autres, annonça tranquillement Iril, non sans laisser sous entendre d'un désirs d'être enfin seul pour travailler en paix. — Je peux te le montrer ?! — Mhmm...
Il s'apprêtait à l'encourager vivement de les laisser tranquille à présent, mais il n'eut pas le coeur à briser ce minois rayonnant de joie. Nul doute, cela lui vaudra d'être un sans coeur !
— ... Entendu, abdiqua-t-il d'un soupir. Mais après, tu me laissera travailler, d'accord ?
L'enfant était déjà partie en gazouillant. Enfin un peu de calme ! Il profita de ce moment de répit mais ne pouvait s'empêcher de se poser des questions quand une heure s'écoula du sablier. He bien, elle en mettait du temps ! Pourquoi tardait-elle autant ? Avait-elle fini par lâcher l'affaire ? Ho non, en réalité, son déguisement était quelque peu conséquent. Ainsi, lorsqu'elle remit le pieds dans la cuisine, le soleil était couché et son entrée ne passa guère inaperçu. On s'arrêta un moment dans ses activités, on dévisageait la fillette avec des grands yeux de soucoupes, on murmurait tout bas et Iril s'en retrouva sans voix. He ben ! Ça, il ne s'y attendait pas !
— Qu'est-ce que tu en penses ? s’enquérait la fillette d'un petit sourire timide. — C'est... euh... ben... Ha... C'est bien la première fois... C'est si... — ... Authentique ? proposa une Elfe de Maison. — C'est ça ! Authentique !
Ne sachant pas si c'était une bonne ou mauvaise chose, Eirian préféra en faire abstraction, parce qu'elle n'avait plus le temps pour changer son idée de base et il fallait qu'elle se rende à la Grande Salle. Donc, il ne manquait plus qu'une chose pour parfaire son enseignant ; se raclant fortement sa gorge, la fillette pointa brusquement son grand bâton étrangement décoré en direction d'Iril :
— Des bonbons ou un sort !
Un moment de flottement et la voix de l'être magique s'éclata dans un rire. Tout sourire, il tendit un bonbon à la fillette qui le prit d'un sourire victorieux.
— Tu as tout compris. Tu as, à présent, les bases d'Halloween... Allez, maintenant, oust jeune fille ! J'ai encore beaucoup de travail ! — Merci beaucoup beaucoup beaucoup Iril !
Il ne s'attendait pas à recevoir un bisou tout doux et sincère sur sa joue. Merde, il était définitivement désarmé face à cette enfant beaucoup trop gentil et innocent pour son propre bien.
❧
Elle était quelque peu en retard, elle le savait par le peu de présence d'élèves dans les couloirs. Difficile donc de passer inaperçu car lorsqu'elle rentra dans la Grande Salle, personne ne l'accompagnait. Les regards qui se posèrent furent brûlant sa nuque. Quelques murmures s’élevèrent. Interdits. Secrets. L'écho de « La petite Verbena » résonna jusqu'à ses trempes. Cette fois, la discrétion n'était plus de mise et elle pourrait jurer que durant ce bref moment où elle dut marcher seule entre les tables, elle était devenue un sujet de conversation, le temps qu'elle puisse s'asseoir. A cet instant, ses origines se dégageaient dans chaque geste, chaque respiration, chaque pas, à chaque coup de bâton s’abattant lourdement sur le carrelage. Pieds nus, l'enfant, à peine habillée d'une longue tunique de lin, était pavée de cuir, de plumes, de peau de bête sur ses frêles épaules et de crânes. Beaucoup de crânes. Un très grand crâne de cerf portant fièrement ses bois était apposé sur son visage. Cette créature mi-humaine mi-bête abordait des mains noires dont la magie obscur semblait s'être répondue à travers ses bras. D'étranges marques étaient apposées sur sa peau, particulièrement à son visage. Si le crâne abordait d'étranges inscriptions, son bas de visage, le seul endroit à découvert, dévoilait des lèvres noirs et des symbols le long de sa gorge.
Un cri sinistre et glacial résonna dans la Grande Salle. Un grand corbeau noir entra, apporta avec lui son funeste claquement d'ailes. Muninn se posa sur le bâton de la fillette et hurla à qui voulait l'entendre son chant morbide. Sous son poids, les plumes et les crânes d'oiseaux suspendus au long bois entremêlé émirent un cliquetis mortuaire. Le cerf leva son visage et observa, de ses orbites noirs et morts, la grande table où étaient installés les professeurs. Pas d'yeux, qu'un regard où l'obscurité semblait s'y enfoncer sans fond, et pourtant ça semblait dévisager chaque visage du corps enseignant. S'attardant particulièrement auprès de Severus Rogue, son très cher directeur. Alors un sourire indescriptible étira les lèvres noires de la créature damnée.
Eirian s'installa enfin, toujours dans sa place habituelle : un petit coin de table de Poufsouffle, en retrait des autres, seule avec son corbeau. À peine installée, le discours du Directeur commença et faut bien avouer qu'il était, certes, bien écrit, mais que c'était bien pâle face aux dires des Druides qui l'attendaient au cours de la nuit. Par contre, il fallait donner raison à l'école : le buffet qui apparu devant ses yeux était tout simplement... incroyable ! Époustouflant ! Lui arrachant un sourire noire d'une joie sincère et Munnin, perché sur son épaule, sautilla gaiement face à tout ces délices qui sentaient bien bon ! Iril avait eu raison ; ils s'étaient surpassés pour ce fameux trente-et-un Octobre ! Bon, profitons donc de ce repas, mais pas trop quand même, car n'oublions pas qu'une toute autre festivité l'attendait dans quelques heures.
Le temps d'Halloween était enfin arrivé, avec son lot de festivités si particulières. Citrouilles volantes, dont le visage grotesque est censé éloigner les mauvais esprits (croyance très surfaite car Peeves demeure, toujours inébranlable, à Poudlard), bougies rouges, noires... toiles d'araignée à foison, fond sonore lugubre (un orchestre fantomatique jouant une horrible marche funèbre aurait été aperçue dans les cachots de l'école). Comble de l'horreur, sans doute : le manège incessant des fantômes de l'école. C'était à celui qui se rendrait le plus intéressant. Outre le Baron Sanglant qui rôdait dans les coins les plus fréquentés par les élèves, se rendant encore plus menaçant que d'ordinaire, Nick-Quasi-Sans-Tête n'était pas en reste, répétant inlassablement à quel point les joies de la vie lui étaient désormais hors de portée, comme le goût simple, mais attractif, d'un bon gâteau. Soupirant comme une âme en peine, il observe toujours les tables de la Grande Salle, arborant les plus beaux mets pour l'occasion, en précisant d'une voix morne qu'Halloween était précisément le jour anniversaire de sa mort, il y a plus de quatre siècles de cela. Les simagrées des spectres de Poudlard ne s'arrêtaient pas là. Comme pour enfoncer le clou, le Club des Chasseurs sans Tête faisaient généralement leur apparition à ce moment précis où le vieux Nick détaillait les conditions de sa décapitation ratée aux plus jeunes élèves de Gryffondor, comme si le président de ce Club macabre avait particulièrement attendu cet instant précis pour ridiculiser le fantôme de la maison Rouge et Or. S'en suivait généralement une dispute de pseudo-gentilshommes au dessus des têtes encore parfaitement soudées à leur corps des élèves. Peeves n'était pas en reste non plus : c'était l'occasion pour lui de déballer toute sa science des mauvaises plaisanteries et le sport de tous, élèves comme professeurs, consistait à éviter de tomber dans les traquenards tendus par l'esprit frappeur. Les plus anciens s'en sortaient haut la main, l'expérience jouant.
Regulus avait prévu de se rendre au banquet. Pour une fois, pas pour surveiller du coin de l'œil ses enfants, mais pour simplement, et innocemment, profiter de ce moment de fête en compagnie de tous. L'ambiance si particulière de l'école en un tel moment lui rappelait des souvenirs heureux, et s'il pouvait au moins les partager un peu avec sa famille, il ne pouvait qu'en être satisfait. Il descendit en retard, à cause des devoirs à corriger, certaines copies se révélant prometteuses, d'autres le précipitant dans les abîmes infernales de la médiocrité. A se demander si quelques élèves n'ambitionnaient déjà pas de cultiver l'art de l'ignorance et de la bêtise. Surtout chez les première et deuxième années, où la plupart des devoirs se basaient sur l'apprentissage par cœur, et de simples recherches sur les propriétés magiques de tel ou tel ingrédient. Au moins, la fréquence des explosions de chaudron avait-elle diminuée, et il se félicitait que cette semaine-là, aucun de ces garnements n'avait atterrit en catastrophe à l'infirmerie. " Ne pouvez-vous donc pas leur faire fabriquer des potions moins dangereuses ?" avait rouspété l'infirmière la semaine précédente après s'être installée exprès à côté de lui lors d'un repas pour avoir tout le loisir de lui faire la leçon pendant tout ce temps de pause. Regulus avait très mal digéré son repas durant les heures qui suivirent et il lui semblait se rappeler avoir menacé de changer en limace la première andouille qui provoquerait le moindre incident avec sa potion pendant le cours. Une menace efficace.
Pénétrant dans la Grande Salle où le festin venait tout juste de commencer, le professeur de potion passa entre les tables débordant de mets plus fastueux les uns que les autres, et d'éclats de rire innocents. Pourtant, une pointe d'appréhension s'échappait de quelques regards. Nul n'oubliait que ce jour était celui qui marquait la réapparition miraculeuse et inespérée du héros Harry Potter, aujourd'hui Ministre de la magie. "Ne laissons pas Potter gâcher un si bon moment" songea Regulus. Un regard en direction des deux monstres qui lui servaient de progéniture et notre homme se glisse discrètement à la table des professeurs, où il rejoint, entre autre, Miss Irvine et Mr Wilson. Ce dernier comptait au nombre des nouvelles recrues du corps enseignant. Juste au moment de s'asseoir, guettant la superbe tourte de viande dont le fumet attisait ses papilles, Regulus surprend un morceau de leur conversation : - Pensez-vous que notre Directeur ait décidé de retenter quelque chose de l’ampleur de sa soirée de Septembre ? Regulus se crispa tout à coup au souvenir de ce jeu stupide, où un certain Gryffondor avait remarquablement brillé par sa bêtise et où les élèves avaient terminé avec un traumatisme plus ou moins important. Miss Irvine ne semblait pas au fait du déroulement de cette fameuse soirée, et le jeune père de famille se surprit à l'envier. Cela lui aurait épargné de se sentir remonté contre son vieux camarade Severus, ainsi que la mauvaise humeur des Gryffondors. Un jour, l'un de ces gamins va réellement le tuer, ne serait que par exaspération. - Vous devriez vous méfier... Vénus est pile en position pour vous créer des ennuis Regulus retint un fou rire de justesse et s'enquit de piller la tourte à la viande, une bonne poignée de pommes de terre et un mélange de champignons assez prometteur. Cependant, il priait intérieurement pour que le directeur ne s'amuse pas à renouveler une de ses "expériences" en vu d'offrir quelques délicieuses distractions à ses élèves et professeurs. Les notions d'amusement de Severus Rogue étaient parfois douteuses. En tout cas, Mr Wilson était le visage même de l'égérie pour des publicités de lotions capillaires. Sa tignasse dorée et soyeuse ferait hurler de jalousie n'importe quel spécimen du genre féminin, et que seules les vélanes pouvait se vanter de surpasser. Ce faisant, il repensa à sa chère Milie, sa femme bien-aimée, dont il se languissait à présent. Les yeux dans le vague, avalant les bouchées presque par automatisme, le professeur de potion se dictait mentalement la lettre qu'il prévoyait de rédiger pour son épouse.