Tu n'étais pas du genre à venir piocher dans le chariot d'une inconnue, tes connaissances de survie élémentaires t'en prévenaient, merci bien. Seulement, la rumeur de cette vieille baba, avec ses paquets de kraft, ses ficelles de toutes les couleurs, la rumeur s'était incrustée dans chaque conversation de ton beau taudis, et tes oreilles s'étaient faites de plus en plus curieuses. Quel idiot aurait alors résisté à l'envie de plonger la main dans le chariot et d'en ressortir un paquet difforme, dites-moi ? Pas toi, c'était certain. Entre tes mains, déjà seul dans la rue, tu te retrouvais avec un paquet à fil bleu.
Je me suis perdu. Je ne sais pas comment, mais je me suis perdu. Voilà vingt minutes que j'essaie de retrouver ma route dans les ruelles tortueuse de la grande Londres et aucun coin de rue ne me dit quelque chose. Avec ma manie de fuir le monde sorcier comme la peste, voilà que je ne suis même plus capable de m'y retrouver ! Quel con...
Les minutes à marcher comme un couillon dans le froid parviennent à s'étirer encore quand il se met à neiger. Bordel, mais c'est de mieux en mieux. Grommelant dans ma barbe naissante, j'enfonce les mains dans les poches de mon manteau et mon nez bien profond dans mon écharpe en me demandant si je ne vais pas réussir à crever de froid puisque, quitte à avoir du talent, autant aller au bout du délire !
C'est alors qu'une silhouette attire mon regard. Une vieille femme à en croire son dos voûté et la lenteur de son pas. Elle s'approche de moi sans un mot, et alors que je la salue de loin pour lui demander mon chemin, c'est à peine si elle semble lever les yeux de sous sa capuche noire. Mon coeur accélère légèrement dans ma poitrine. Je la vois tirer un drôle de paquet de sa manche et, alors qu'elle me dépasse, toujours silencieuse, elle me le glisse entre les mains et continue son chemin. L'air idiot, immobile sous la neige, je la regarde de longues secondes sans bien comprendre ce qui vient de m'arriver. Je baisse les yeux sur mon paquet, je demandant ce qu'il peut contenir. Une carte, peut-être ? Voilà qui serait pas mal. Haussant les épaules, je tire la ficelle rouge qui tient le papier et découvre mon mystérieux présent.
Fraîchement armé de sa nouvelle montre qu'il venait tout juste de régler, Josiah scrutait le Chemin de Traverse alors que son salon, absolument désert, passait par une période creuse. Il attendait de voir la mégère passer devant sa vitrine pour pouvoir, comme à son habitude, lui courir après et lui chopper un nouveau cadeau. C'est évidemment quand il détourna le regard qu'elle passa, il ne choppa qu'une miette de sa cape alors qu'elle s'éloignait déjà. Il ne lui en fallut pas plus pour s'extraire de son magasin sans en fermer la porte - un jour, il lui arriverait malheur - et lui courir après. Il l'atteignait sans mal, mais la vieille devait avoir au moins 150 ans, aucun exploit à cela, donc. Dans son panier, il attrapa un paquet à la ficelle rouge, puisque cela semble être à la mode, et s'en retourna vers sa boutique esseulée.
Toute enthousiasmée par ta dernière trouvaille, tu n'as eu de cesse de parler de cette vieille dame aux paniers remplis, de ces ficelles innombrables aux couleurs vives. À force de t'entendre t'extasier, Adele finit par admettre une certaine curiosité et c'est enroulées dans vos épaisses écharpes de laine – souvenirs de cette époque lointaine où vous étiez vêtues de jaune et rouge respectivement – que vous avez bravé le froid. L'honneur revint cette fois à ta cousine, qui n'hésita guère qu'une seconde avant d'attraper une ficelle rouge.
Jusqu'à quand allait-elle venir ? Peut-être était-ce sa dernière chance d'avoir un cadeau ? Telle était la nouvelle excuse que s'était trouvé Josiah alors qu'il ne savait déjà plus où mettre toutes les friandises et autres artefacts que lui proposaient Baba Yaga. La peur qu'elle parte et ne revienne jamais apporter sa dose quotidienne de bénéfices gratuits. Et un petit paquet à la ficelle bleue de plus ...
Les dossiers ont tenu Moira bien longtemps loin des ruelles mystérieuses de Londres. Depuis des jours, voilà que la Présidente-Sorcière ne va incessamment que de sa maison au Ministère et du Ministère à sa maison. Mais ses discussion avec @Valur Fjalarsson ont fini par la convaincre de s'octroyer un peu de temps pour elle. Après tout, une vie équilibrée n'est-elle pas nécessaire à son efficacité au travail ?
C'est donc avec un air légèrement plus détendu que ces derniers jours que la juge retombe nez à nez avec cette étrange femme qui lui tend cette fois un paquet bleu. Moira la remercie chaleureusement. Peut-être reviendra-t-elle plus fréquemment la voir, désormais.
Il avait eu sa sœur au téléphone, qui lui avait rappelé que les Harpies de Holyhead jouaient ce soir-là, que c'était donc l'opportunité parfaite pour aller faire un peu de repérage dans les bars londonniens. Pour trouver un partenaire d'affaires, comme elle disait. Luaine avait le don de parler comme si elle gérait la plus grande entreprise d'Angleterre. Il avait emprunté un portoloin qui l'avait mené de pré-au-lard à une petite bijouterie du sud de Londres, ce qui lui avait permis de se dégourdir un peu les pattes avant d'atteindre le Chaudron Baveur - bien trop fréquenté pour être le partenaire idéal - et finalement le Chemin de Traverse. Il avait pensé, plusieurs fois, au Helen's Legs, dont le propriétaire @Nigel A. Fawley semblait pouvoir trouver son compte dans ce genre de business. Quelle ne fut pas sa surprise quand il trouva sur les pavés de la rue descendre la Baba Yaga avec un panier rempli de victuailles. « Mais ... on s'est vu ce matin à ... » Malachy ne prit toutefois pas la peine de terminer sa phrase, et attrapa dans le panier de la sorcière un paquet à la ficelle noire...
Dans la foulée de mon passage dans le parc de Poudlard, je prends la route du Chemin de Traverse. Si ce qu'on m'a dit est vrai, ce petit marché gratuit ne sera plus là très bientôt : autant en tirer un maximum tant qu'il est là. J'hésite longuement devant l'empilement de paquets : les jours, non, les semaines se sont succédés sans qu'elle ait l'air de diminuer. J'agrippe un paquet à ficelle rouge avant de retourner à mes pénates.
Il pleut à Londres ce soir là. Une pluie torrentielle et froide qui trempe les cheveux et s'infiltre sous les vêtements. Et pourtant, Moira est dehors. Le bruit de ses talons claque sur la pierre humide de la rue. Les mains cachées dans les poches de son imperméable, elle cherche la silhouette voûtée d'une femme qu'elle a déjà plusieurs fois croisée. Est-ce un coup du sort qu'elle cherche ? Un indice quelconque ? Personne n'en saura rien. Mais la vieille femme, elle, semble avoir compris.
C'est elle qui trouve Moira et sans un mot, elle dépose dans sa main un paquet entouré d'une ficelle rouge. Nul ne sait ce qu'il contient. Mais la Présidente-Sorcière y trouvera peut-être les réponses qui semblent lui manquer.
On me pense rarement curieux, à tort. Rien n'est pire pour moi qu'un questionnement incessant, un mystère qu'on m'a mis sous le nez sans aucune clé pour tenter de le résoudre. Et depuis ma première rencontre avec la vieille femme, ces questionnements ne cessent de tourner en boucle dans ma tête. Aucun des gars n'a su me donner la moindre piste. Même Zven s'est contenté d'un simple haussement d'épaule, et Xaver a grogné quelque chose comme "Elle t'a offert un cadeau, je vois pas pourquoi tu te bouffes la rate avec ça..." Brave Xaver. Sans doute le seul homme censé de notre groupe.
C'est du sarcasme.
N'écoutant que mon obsession, je suis donc revenu sur mes pas cette nuit-là dans l'espoir de retrouver la vielle femme et mon coeur s'est emballé au moment où je l'ai aperçue au loin, toujours aussi frêle sous son large capuchon. Elle m'a tendu un paquet autour duquel s'enroulait une ficelle noire avant de partir, toujours sans un mot. Je n'ai même pas eu la présence d'esprit de la remercier. Mais j'ai senti cette fois que je n'aurai pas d'autre chance de la recroiser.
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