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When I last saw you laughing – Charlie & Georgia
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
MODÉRATRICE
hiboux : 304
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Mer 15 Avr - 13:07
When I last saw you laughing
Georgia Harris & @Charles Weasley
True colors - Cyndi Lauper

Février 2004

Six heures cinquante six. Son réveil va sonner dans quatre minutes, et Georgia est déjà douchée, habillée, les cheveux séchés. Ses doigts tapotent le boîtier de son téléphone, ses yeux bêtement fixés sur le plafond. Elle n'a pas réussi à fermer l'oeil de la nuit, Georgia, l'estomac trop noué.

Dix heures vingt-deux. Cela fait dix minutes que l'ex-copine d'Andreas se plaint dans le salon que le musicien de Reissen ne mérite pas d'aller à Azkaban, à croupir parmi les pires criminels. Georgia claque la langue, adresse un regard mauvais à la jeune femme, et retourne dans sa chambre. Elle n’en sait rien, s’il le mérite ou non – mais ce n’est pas vraiment ce qui lui importe, aujourd’hui. Elle enfile baskets, jogging, et range sa baguette dans son étui. Courir. Voilà qui va lui faire du bien. Ne penser à rien. Et avec les deux pieds fermement sur terre. On ne prend aucun risque.

Treize heure dix-huit. Elle s'est écroulée, à bout de souffle, les poumons en feu d'avoir couru sans s'arrêter, sur l'herbe froide de Regent's Park. Il y a quelques courageux, autour d'elle, blottis l'un contre l'autre, qui profitent d'un ciel sans pluie, à défaut de plein de soleil. Il y en a un, à gauche, qui a la même coupe qu'Andrew, et ça lui fait lever les yeux au ciel. Elle saute sur ses jambes, une fois encore, et reprend au pas la direction de chez elle. Plus d'une semaine qu'elle ne l'a pas croisé, qu'elle s'est acharnée à être claire sur leur situation, ce n'est pas un pauvre inconnu au milieu d'un parc qui va la forcer à y repenser.

Quatorze heures trente. On l'a convoquée, aujourd'hui, pour faire le point. Elle n'en a pas glissé un mot à ses coéquipiers, qui profitent tous d'un nouveau jour de repos. Olivier a été pointé du doigt, en le sommant de rester sur le territoire, cette fois-ci, pas comme la semaine passée. Sinon, qu'ils ne s'habituent pas à ce rythme d'un jour par semaine, les gentillesses sauteront. Ils ont ri, tous, et même Olivier a fait un sourire. Ça a l'air d'aller mieux à la maison, il semble même redynamisé ces derniers jours. Il a été en Roumanie, apparemment, lui a soufflé un coéquipier, comme si cela expliquait tout, mais Georgia n’a pas compris ce qu’il est allé y faire, à l’autre bout de l’Europe. Au milieu des rires, seulement, Georgia a serré ses mains autour de son balai, et s'est glissée dans le bureau de l'entraîneur, juste avant de partir, pour lui dire. À propos de ça. Alors ils l'ont convoquée, aujourd'hui, pour faire le point.

Seize heures quarante-deux. Elle n'a pas bougé du banc des vestiaires, le coeur au fond de l'estomac. Ce qu'ils viennent de lui annoncer, d'une voix presque tendre, un peu alertée, a fini de lui donner la nausée. Tout semble s'accumuler pour que la journée soit des pires qui existent. Le médicomage de l'équipe toque à la porte, et vient la prendre par la main. Il ne faut pas qu'elle reste là, comme ça, toute seule, après une discussion pareille. Elle est proche d'Olivier, tout le monde le sait - pourquoi n'irait-elle pas le voir pour se changer les idées ?

Et si la suggestion du spécialiste est loin d'être idiote, Georgia pâlit encore un peu plus, se sentant la reine des nouilles. Elle s’est retournée l’esprit toute la sainte journée, la poursuiveuse. Olivier a toujours été sa constante sportive, l'épaule certaine pour lui confier les désastres et points forts de sa carrière et de son évolution. Aujourd'hui seulement, c'est aussi son coéquipier. Pourra-t-il lui faire tout autant confiance ? Lui dire, ne pas lui dire, dans les deux cas, elle risque de l’inquiéter.

Pourtant, dix huit heures moins douze, basket aux pieds, jogging sur les jambes et sweat trois fois trop grand pour elle sur le corps, et Georgia est devant sa porte, les yeux rougis. Elle aurait dû lui envoyer un hibou, ou l'appeler pour s'assurer qu'elle ne dérange pas, ça aurait été plus certain, mais la jeune femme n'aurait pas eu le courage de débarquer ici si elle y avait trop réfléchi. Là, avec son chignon lâche, sa baguette dans la poche, les traits tirés par le doute, tout crie l'impulsivité.

Elle ne sait pas si elle va lui dire, elle ne sait pas si il faut le dire - c'est peut-être rien, après tout, même le médicomage n'est pas sûr. Elle sait juste que ce soir, le confort de leur maison, l'anonymat de leur salon, c'est ce qu'il lui faut pour desserrer cette vis qui lui tord le ventre. Alors, d'un geste presque déterminé, Georgia vient toquer sur sa lourde porte d'entrée.

« Olivier, tu es là ? Nicole ? Désolée, c'est Georgia. »

787 mots
:copyright: Eden Memories

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Mer 15 Avr - 18:24

When I last saw you laughing@Georgia R. HarrisCharlie


16 février 2004

Ce monde est en train de devenir fou. Complètement fou.
Il y a quelques semaines, Dennis débarquait chez moi, exténué après je ne sais combien d'heures passées dans les transports moldus, avec l'air mi-coupable, mi-déterminé de celui qui a fait une connerie mais ne la regrette pas le moins du monde. En lien avec ce foutu concert, qui n'en finit plus de défrayer la chronique.
La semaine dernière, c'était Ron qui se retrouvait étalé en une de tous les journaux que compte l'Angleterre sorcière. « Potter et Weasley, une rupture consommée ? », « Weasley, le nouveau visage de l'opposition ! ». Il semblerait que mon cadet n'ait rien trouvé de mieux que d'aller clamer sa colère face à Harry. Qu'il lui en veuille, qu'il soit furieux, qu'il ait des comptes à régler avec son ancien ami d'enfance, j'entends. Mais aller laver son linge sale sur la place publique, cerné de plumes à papotes affûtées ? Avec tous les déboires qu'il a eu à souffrir par Skeeter voilà quelques années, j'aurais espéré qu'il en tire davantage leçon...
Et voilà que c'est au tour d'Olivier de s'être pointé sur mon perron, après une nuit entière sur son balai, à manquer de crever trois fois, entre la fatigue, la tempête et l'hypothermie. Cette face de troll. Lui, au moins, ne s'est pas mêlé de politique. Mais les risques qu'il a pris me mettent hors de moi. Et m'inquiètent. L'Angleterre tremble, sous le jeu de l'Enchanteresse et je ne suis pas serein. Du tout. Jamais encore la distance qui me sépare de mon île natale ne m'avait semblé si pesante. Si infranchissable.

Après le départ d'Olivier, je suis resté plusieurs heures à réfléchir, à songer à tout cela. À ces bouleversements qui me font me sentir douloureusement impuissant. Et au matin suivant, ma décision était prise. Je n'avais pas prévu de rentrer en Angleterre de sitôt, mais tant pis. Il ne m'a fallut que quelques minutes pour envoyer un hibou à Olivier  (depuis le temps qu'il m'affirme que je suis toujours le bienvenu !), puis prévenir Pavel que j'allais prendre quelques jours de congés. Une dizaine, tout au plus. Le temps de faire l'aller-retour, de mettre quelques affaires en ordre, de voir quelques proches. Et avec un peu de chance, je serai de retour pour voir éclore les œufs de Norberta.

C'est comme ça que je me suis pointé chez Nicole et Olivier au début du week-end, trois jours seulement après l'avoir laissé repartir de chez moi. En Portoloin cette fois. La course suicide en balai, une fois, pas deux. Les choses semblent s'être apaisées un rien entre eux. Je leur souhaite, du moins. Et aujourd'hui, les deux tourtereaux ont profité d'une nouvelle journée de repos pour prendre la poudre de cheminette (mais ensemble, cette fois-ci !). Ils ont bien essayé de me proposer de les accompagner, mais quelque chose me souffle que ces deux-là ont besoin de passer du temps juste tous les deux. En outre, j'ai bien assez à faire pour m'occuper en leur absence. C'était l'occasion parfaite pour aller manger un bout avec Peter que je n'avais pas vu depuis des mois, de passer à Gringotts déposer quelques économies (et confirmer à Bill que je viendrai passer un jour ou deux chez eux dans le courant de la semaine). Faire un tour par la boutique de Quidditch pour y racheter de la cire à balai. De l'autre côté de la rue, la boutique de farces et attrapes des jumeaux semblait me narguer de son immense effigie, mais je n'ai pas eu le cœur à y entrer. Sachant, de plus, que je n'y serais sans doute pas le bienvenu...

De retour du Chemin de Traverse, me voilà confortablement installé dans la chambre d'amis où j'ai pris mes quartiers. Après trois bonnes heures à braver le chaud froid entre les boutiques surchauffées et la rue glacée, je savoure la tiédeur d'une couverture, feuilletant mes dernières emplettes chez Fleury & Bott. Ils avaient une magnifique édition de luxe des Animaux Fantastiques, de Dragonneau... Je n'ai pas su résister. Le bruit léger de quelques coups à la porte parvient pourtant à me sortir de la contemplation d'une superbe gravure de licorne allaitant son petit. Délaissant leur beauté pour une seconde, je tends l'oreille. Le bruit résonne, encore, me posant un cas de conscience, accompagné de mots inaudibles. Répondre, ne pas répondre ? Ouvrir ou non ? Dans le doute, il me semble qu'Olivier préfèrerait que je ne laisse pas quelqu'un devant sa porte.

D'un coup d'épaule, je me débarrasse de ma couverture, descend l'escalier jusqu'à la porte d'entrée, que j'entrouvre légèrement. « Bonsoir ! Je suis désolée, Olivier et Nicole sont absents, vous... » Les mots se perdent, s'égarent, tandis que je reconnais le visage de poupée encadré de cheveux blonds, me renvoyant six mois en arrière. « Georgia ? » La princesse qui toisait le monde depuis ses talons hauts n'a pas grand chose à voir avec la jeune femme démunie qui me fait face, les yeux rougis, les lèvres tremblantes. Sans y réfléchir, je m'avance vers elle, retenant de justesse un geste de réconfort sans doute déplacé. « Je... Tu veux entrer ? »

Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
MODÉRATRICE
hiboux : 304
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Mer 15 Avr - 23:19
When I last saw you laughing
Georgia Harris & @Charles Weasley
True colors - Cyndi Lauper

Février 2004

Une, deux, trois inspirations. Il n’y a aucun bruit dans la maison, aucun pas précipités pour venir voir qui se cache derrière la porte. Elle inspire, expire, une fois encore, hésite. C’est un signe, peut-être, un message du tout puissant, ou juste du sacré karma, pour lui indiquer qu’il faut qu’elle s’en aille, finalement, que c’est une mauvaise idée de venir voir Olivier juste pour cela. D’un geste nerveux, Georgia détache son chignon, ses cheveux tombant sur ses épaules, et elle fait un pas en arrière, pesant le pour et le contre. Pourtant, déjà, ses poings tombent à nouveau sur la porte en bois, donnant trois coups secs, le corps tremblant. Elle ferme les yeux de longues secondes, prête à faire demi-tour et transplaner au loin, discrètement. La porte s’ouvre, enfin. Les traits de la jeune femme se détendent immédiatement, son coeur semblant s’alléger d’un poids. Ils sont là, tout va bien. Elle ne sera pas seule, ce soir.

Ses yeux tombent pourtant sur une chevelure rousse et un visage intrigué, à mille lieues de la figure familière qu’elle s’attendait à croiser. Elle manque un peu d’air, Georgia, en reconnaissant la personne qu’il lui fait face. Il dit quelque chose à propos d’Olivier et Nicole, mais ça lui passe au dessus, elle ne l’entend qu’à peine. Elle reste simplement là, bête, à le dévisager. Elle n’a pas pensé à lui depuis des mois – pourquoi l’aurait-elle fait ? Et pourtant, quand elle voit ses yeux noisettes, quand elle entend son nom entre ses lèvres, tout lui revient d’un coup. Les rires, les anecdotes soufflées, et même le début plus furieux. Elle détourne les yeux, la honte la figeant sur place qu’il la voit ainsi, sur le palier de porte, dans un état pareil.

« Merlin, je suis désolée, je… »

Il fait un pas vers elle, pourtant, ne semble lui tenir rigueur de rien, et Georgia se mord les lèvres, retenant les larmes qui lui montent aux yeux. Elle ne pensait pas être confrontée comme ça à son ridicule, ce soir. Autant se retrouver face à Olivier et Nicole, leurs mines un peu inquiètes, ça l’aurait peut-être fait un peu craquer, autant elle arrive davantage à se contrôler face à eux, à vite regonfler son coeur et à insuffler de la bonne humeur dans ses gestes. Là, ce grand garçon, qui débarque devant elle sans prévenir, cet homme qui déjà l’avait déstabilisé, à la faire pouffer de rire trop naturellement, voilà qu'il tombe sur elle au pire moment qui soit. Elle ne veut rien lui dire, à lui – qu’est-ce qu’il lui raconterait ? Ce n’est pas grave, petite princesse, il y a autre chose que le Quidditch, dans la vie ? Elle n’en sait rien, elle n’en sait rien, elle se panique toute seule. Quelle imbécile.

Elle cligne des yeux, inspire profondément, pour reprendre un peu le contrôle, mais sa gorge est trop serrée pour qu’elle arrive à lui répondre quoi que ce soit. Ses prunelles finissent par revenir à lui, ses mains nerveusement serrées sur son pull. Elle a le souvenir qui lui revient, forcément, de sa fuite en pleine discussion, de son excuse de ne pas aimer les foules – les inconnus, plutôt. Elle ne sait toujours pas si c’est vrai, elle a vite oublié, après tout, tant pis pour lui, tant pis pour eux. Mais ce soir, ce n’est vraiment qu’un pauvre inconnu, et il ne mérite pas de la récupérer dans cet état. Elle n’aura qu’à se calmer seule, à respirer profondément, aller courir un peu. Encore, c’est ce qu’elle sait bien faire, ça, courir pour ne penser à rien. Elle n’est pas honnête, la Georgia. Déjà, sa gorge se noue d’imaginer ne pas pouvoir se détourner les pensées. Elle pourrait rejoindre l’appartement, Pandora est peut-être là, ce soir – mais elle n’en est pas sûre, et elle n’aime pas cela. Elle veut avoir la certitude d’avoir l’esprit occupé. Elle passe une main dans ses cheveux, nerveusement, fait un pas en avant, bien trop proche de Charlie. Elle sent presque son odeur, d’ici, et ça la force à reprendre le contrôle.

Elle tente un sourire, un peu gauche, et s’éclaircit la voix.

« Je ne veux pas encore t’embêter, je ne fais que ça à chaque fois, à force, » souffle-t-elle, ses yeux glissant vers les siens.

Elle allait s’arrêter là, mais c’est plus fort qu’elle, ça lui cogne trop fort dans la poitrine. La poursuiveuse déglutit et, tentant un nouveau pas en avant, un petit, elle murmure :

« Sauf si tu es tout seul, et qu’un peu de compagnie ne te gêne pas ? On est pas obligés de parler de technologie, cette fois, promis, » ajoute-t-elle, avec un pauvre sourire.

Georgia se tait alors, son sourire se crispant, ne sachant pas trop quoi lui dire d’autre. Elle se sent toujours aussi bête, là, devant lui, mais c’est trop tard maintenant, elle n’a plus qu’à prier qu’il ne l’enverra pas promener, premiers moments de politesse passés.


821 mots
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Jeu 16 Avr - 0:39

When I last saw you laughing@Georgia R. HarrisCharlie


16 février 2004

Six mois se sont écoulés. Peut-être sept. Et, oui, j'ai quelques fois repensé à cette après-midi de Quidditch. Ou devrais-je dire, de rires étouffés, de discussions intarissables. Me remémorant ce sourire tantôt fasciné, tantôt rieur. Cette moue boudeuse, une étincelle de reproche dans ses yeux verts, vite chassée par un éclat de rire. Et le malaise intense, ridicule, qui m'a fait fuir les gradins, en pleine conversation. C'est ce départ, surtout, qui m'a hanté. Cet au revoir à la hâte, sur le paillasson d'un bar de stade surpeuplé, tandis qu'elle s'éloignait pour rejoindre son monde de paillettes et de dorures, me laissant retourner à mon anonymat et mes dragons.
Ce que j'ai fais avec grand plaisir. Si cet épisode a eu un point positif, c'est bien de m'avoir rappelé que jamais, ô grand jamais, je n'aurais pu me fondre dans la petite troupe d'élite des joueurs professionnels. J'en ai d'autant plus savouré le retours en mes pénates, le confort simple de mon quotidien. Et évité de repenser à ce sourire de princesse un peu trop pétillant.

Mais ce soir, la princesse n'a pas le sourire et de la voir ainsi me désarme. Et devant ses yeux embués, je me sens bien gauche. Par toutes les écailles d'un dragon, que dit-on à une jeune femme dans cet état, qui ne la brusque, ni ne lui laisse l'impression que sa détresse nous laisse indifférent ? Répondre aux émois par la plume, j'en ai l'habitude, qu'il s'agisse des miens ou de ceux de ma petite sœur. Mais face à cette quasi-inconnue, cette amie par affiliation, sans la distance prudente d'un parchemin me laissant le temps de peser mes mots ? L'inviter à entrer me semblait être une bonne idée, mais devant son hésitation, je commence à douter. Pourtant, la laisser repartir seule est absolument hors de question.

Après une interminable hésitation, elle décline finalement, sur une excuse dont le ridicule me fait hausser un sourcil peu convaincu. « À force ? C'est drôle, j'ai plutôt le souvenir que c'est moi qui t'embêtais ! » Derrière le départ suggéré par ses mots, ses gestes me content un tout autre discours. Du moins... je crois ? Décrypter les attitudes n'a jamais été mon point fort, mais il y a ce regard, rivé au mien. Elle semble tergiverser, avance encore, reprend finalement la parole. Et de la formulation employée naît un sourire attendri. A-t-elle tant besoin de reprendre contenance, pour accepter d'entrer comme si elle m'offrait sa présence en remède à une soirée solitaire ? À ta guise, princesse.
D'un pas sur le coté, je lui ouvre le passage, une main tendue vers la porte. « Je pense que j'ai encore beaucoup à apprendre sur les téléphones. » Un clin d’œil, avant de lui emboîter le pas. La porte se referme derrière nous.

Dans le salon pourtant familier, un étrange silence nous enveloppe, empreint de gêne. Mes yeux s'attardent alentour, sur tout sauf sur elle, de peur de la dévisager. Trop intrigué par cette mine défaite, ses cheveux lâchés et ses traits marqués. Par trois fois, je change d'appui, une jambe puis l'autre, avant de réaliser le ridicule de la situation. Un rire nerveux m'échappe, que je repousse en même temps que mes boucles indisciplinées. « Pardonne-moi, je n'ai pas l'habitude d'inviter des gens chez les autres. Installe-toi ! » Le canapé est à portée, confortable, garni de suffisamment de coussins pour s'en faire un matelas. « Je te proposerai bien à boire, mais... Oh, quoi que ! Accio Bierraubeure ! » Connaissant Nicole, il y en a forcément quelque part ! Un léger fracas se fait d'ailleurs entendre, en provenance de la cuisine, me fait froncer les sourcils. « Ne bouge pas, je reviens. »

Une assiette, bousculée par le sortilège, s'est retrouvée au sol. Rien d'irréparable, heureusement et en deux mouvements, elle retrouve son état originel, ainsi que l'abri d'un placard. Ce qui me permet de revenir sans attendre, bouteilles à la main, promptement déposées sur la table basse. « Il y a sans doute autre chose, si tu préfères. » Son signe de tête ressemble à un assentiment, ma baguette s'agite pour les débarrasser de leurs bouchons. Je l'abandonne sur la desserte, et décalant un coussin pour m'aménager un espace, je la rejoins sur le canapé. Une bouteille pour chacun, je tends la mienne à sa santé, en prenant une petite gorgée, avant de l'interroger du regard, la voix douce. « Que veux-tu faire ? Me montrer ce téléphone ou m'expliquer la raison de ces yeux rougis ? »
Et le trophée du manque de tact est attribué à...

Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
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Jeu 16 Avr - 2:33
When I last saw you laughing
Georgia Harris & @Charles Weasley
True colors - Cyndi Lauper

Février 2004

Lui qui l’embête ? Elle ne comprend pas pourquoi il lui répond ça, pourquoi il hausse son sourcil, comme cela, mais c’est loin d’être le moment idéal pour creuser la question. Georgia ne sait pas vraiment comment les mots lui échappent, mais voilà qu’elle demande si elle peut se joindre à lui – ou lui à elle, plutôt. Elle n’a pas le temps de regretter, pourtant, car déjà il sourit, déjà il s’écarte, déjà il l’invite. Il a même un clin d’oeil, au souvenir des téléphones, et quelque part, ça la rassure un peu. S’il s’est souvenu d’elle, de son prénom, il est aussi agréable de savoir que les discussions passionnées qu’ils ont pu avoir, rythmées d’éclats de rire, lui sont aussi restées. Même quand elle s’acharne à s’imaginer qu’elle, enfin, ne se souvient de rien. Elle le remercie d’un sourire, serrant ses bras contre elle en faisant quelques pas dans la maison d’Olivier.

Son regard se perd autour d’elle, un peu déstabilisée d’être là sans que les hôtes n’y soient. Qu’est-ce que peut bien faire Charlie ici, dans cette maison vide ? S’il est venu passer la journée avec Olivier, pourquoi n’est-il pas simplement rentré chez lui une fois les obligations de son coéquipier arrivées ? Georgia, toujours aussi gauchement, l’observe à la dérobée, ne sachant pas vraiment si elle peut prendre ses aises, comme d’habitude, ou si le rôle d’hôte lui a été donné, et qu’elle doit attendre ses directives. Il semble tout aussi gêné qu’elle, ne croisant pas son regard, et la jeune femme sent une nouvelle fois sa gorge se nouer. Quelle idée d’avoir demandé d’entrer. De lui tenir compagnie, par Merlin. Comme s’il ne savait pas s’occuper seul. C’est elle, encore elle, qui s’impose auprès de lui.

Elle sursaute presque quand un rire lui échappe, et ses yeux suivent le geste de main gêné du jeune homme, qui remet en place ses boucles rousses. Amusée malgré elle, Georgia sent ses lèvres s’étirer tout doucement, et relâche ses bras, s’efforçant à prendre une attitude plus tranquille également.

« Ne t’en fais pas, c’est un peu absurde comme situation, » admet-elle, la voix un peu moins nouée.

Elle se faufile vers le canapé, son talon glisse sous ses fesses alors qu’elle s’assoit, retrouvant avec bonheur l’angle de droite où se trouve le coussin – ah, lui, voilà ! le coussin parfait. C’est un peu enfantin, ce réflexe, mais c’est comme partout – Georgia a des endroits, des objets, des positions qui la font se sentir plus en sécurité que d’autres. Dans les bras de Donna, calée contre l’épaule de Pando sur leur canapé, ce casier spécifique des vestiaires de Flaquemare, le fauteuil près de la télévision chez Luke, où son neveu vient systématiquement s’effondrer, à moitié sur elle, à moitié sur l’accoudoir et puis, évidemment, ce coin du canapé. Ce n’est pas qu’elle est là souvent, mais elle est toujours en terrain ami, ici, même si Nicole est parfois un peu grognon, mais les choses s’adoucissent peu à peu. Georgia pense qu’elle est jalouse, peut-être, des regards que la poursuiveuse a pu poser sur Olivier, il y a quelques années de cela. Elian même continue de la moquer, à son grand désespoir – aujourd’hui, heureusement, les choses s’apaisent, et ce coin de canapé, chez Olivier, est un de ses espaces sûrs.

Charlie est encore debout, lui, et le regard de Georgia se fait curieux. Elle tire un peu sur son sweat, pour le remettre en place, et s’apprête à lui dire qu’il ne s’embête pas, pour une boisson. Il appelle déjà des bièraubeurres à lui, et un bruit peu engageant se fait entendre depuis la cuisine, lui tirant une grimace. La poursuiveuse laisse échapper un rire, et le rassure d’un geste. Elle ne bouge pas d’un poil. Alors qu’il disparaît, quelques minutes à peine, la jeune femme en profite pour inspirer profondément, serrant ses mains l’une dans l’autre. Elle ne sait pas trop comment agir, quoi dire, et n’en revient pas de l’absurdité de la soirée – pourtant, plus elle se laissera aller à cela, mieux elle ira. Quoi de mieux que des retrouvailles inopinée avec un roux – et ses fossettes, bon dieu, toujours ses fossettes – pour s’alléger l’esprit ? Elle n’a qu’à faire comme avec tous les autres. Un soupir, un esprit qui s’aère, et un sourire plaqué sur les lèvres. Ce n’est pas mentir – dès que l’autre est là, elle prend vraiment plaisir à échanger avec, à réagir à ce qu’il dit. Ça marche à chaque fois. Ça devrait marcher ce soir aussi. Évidemment.

Pourtant, quand il revient, bouteilles en main, Georgia n’a pas cherché à relever ses lèvres faussement. Elle fait tout juste un signe de la tête, quand il lui demande si ça lui va – bien sûr, une bièraubeurre, enfin. Il la décapsule, la tend vers elle, et Georgia le remercie d’un hochement de tête, cette fois, plus enthousiaste. L’alcool trouve son chemin entre ses lèvres, et elle a un soupir de contentement. Autant les jus de citrouilles, elle ne comprendra jamais, autant une bière si douce, c’est un plaisir qui ne la quittera pas. Son dos retombant sur le dossier du canapé, elle pose la bouteille fraîche dans le creux que crée sa jambe repliée sous ses fesses, et laisse son regard reposer sur Charlie. Il est assis confortablement, à côté d’elle, leurs genoux se frôlant presque du fait de sa position. Sa voix douce, quand il lui demande ce qu’elle veut faire, lui font détourner les yeux une fois encore, la réalité de la situation lui retombant dessus. Bon sang, mais que fait-elle ? La mention de ses yeux rougis la font porter ses doigts à son visage, comme pour sentir sous sa paume la fatigue qui les mine, et elle grimace.

« Mon dieu, je n’ai même pas vraiment pleuré, c'est surtout de la fatigue, » souffle-t-elle, presque agacée d’elle-même. « Ce n’est rien, » recommence-t-elle, voulant se faire rassurante et vite détourner le sujet, mais le regard patient qu’elle a vu en Charlie, sa question posée, la fait se corriger, un peu gênée : « pas totalement rien, mais… Je n’ai pas trop envie d’en parler, pas maintenant – c’est… » Comment dire cela sans jeter un froid ? personnel ? privé ? mille termes lui rappelant combien ils ne sont qu’étrangers. Ses doigts attrapent à nouveau sa bièraubeurre, et elle déglutit une nouvelle gorgée, pour se redonner contenance. Elle soupire, et tranche pour : « C’est compliqué. »

Pas tant que cela, en réalité – mais l'idée de devoir prononcer à voix haute les mots qui lui pèsent pourrait la faire paniquer encore davantage. C’est plus facile de penser à la téléphonie moldue, pense-t-elle alors que sa main libre farfouille dans la poche de son sweat, pour y récupérer son téléphone. Noir brillant, il contraste dans sa main toute blanche, et elle le fait tourner entre ses doigts, la tête un peu penchée.

« Je vais te montrer ça, plutôt, c’est plus marrant – mais avant ça, désolée, je suis un peu perdue. J’ai compris qu’Olivier et Nicole étaient partis mais… pourquoi tu es resté chez eux ? » demande-t-elle, la question lui tournant en tête depuis qu’elle est entrée dans le salon. « Ce n’est pas plus pratique de rentrer chez toi ? »

Londres n'est pas si grand – ou, encore, le Royaume-Uni – pour que le rouquin ne puisse pas disparaître et apparaître à sa guise, tout de même.

1219 mots
:copyright: Eden Memories

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Jeu 16 Avr - 15:59

When I last saw you laughing@Georgia R. HarrisCharlie


16 février 2004

La première gorgée de bièraubeurre est fraîche, presque sucrée, répandant ses arômes et ses épices sur mon palais. La teneur en alcool est légère, à peine rehaussée par la douceur de la cannelle et l'arôme marqué du clou de girofle. Le clou de muscade déploie ses saveurs en fin de bouche, ramenant un peu de force et de caractère. L'ensemble n'est pas désagréable, mais en observant l'étiquette pour chercher la provenance, je ne peux m'empêcher de la trouver un peu fade. La faute, sans aucun doute, à cette cuvée spéciale à laquelle je me suis habitué. Avec Antonio et Sorina, nous en affinons la recette depuis des années maintenant, sans jamais réussir à imiter celle des Trois-Balais. Je soupçonne clairement Mrs. Rosmerta de ne pas m'avoir tout dit, le jour où elle a accepté de me transmettre ses secrets contre la promesse de ne jamais lui faire concurrence sur le sol britannique. J'ai tenu parole, notre petite production artisanale n'est réservée qu'à quelques proches et amis, ainsi qu'aux clients du minuscule bar que tient Sorina dans le village voisin. Avec le temps, j'ai fini par renoncer à atteindre cet idéal et notre cuvée s'en est éloignée, à force que nous y ajoutions plus d'épices et d'aromates.
Celle-ci, en comparaison, me paraît bien fade. Enfin, elle fera l'affaire, j'imagine. D'ordinaire, j'aurais apporté en cadeau quelques bouteilles personnelles dans mes bagages, mais aux portes de ce voyage imprévu, mes réserves étaient aussi vides que le sablier de Serpentard. Qu'importe, ce n'est que partie remise. Et au moins me suis-je exceptionnellement épargné le concert de protestations que m'aurai d'ordinaire joué Nicole en me voyant arriver les mains trop pleines. En comparaison de mes tendances habituelles, une simple boîte de gâteaux traditionnels l'a tant surprise qu'elle ne s'est presque pas récriminée. À moins que ce ne soit sa manière de me remercier de lui avoir renvoyé son fugueur entier...

Malgré ces réflexions artisanales, mes yeux ne quittent pas Georgia, si engoncée dans son pull immense qu'elle m'évoque un bébé dragon qui chercherait à rentrer dans son œuf. Je ne la connais pas suffisamment pour comprendre le sens de toutes ses attitudes, de ses hésitations. Mais pleurs ou non, son regard las est criant de détresse. Si elle ne souhaite pas en parler toutefois, c'est son droit le plus strict. Aussi je me contente de hocher la tête, compréhensif, avec un sourire que j'espère réconfortant. « Je comprends. Si tu changes d'avis, toutefois... N'hésite pas. Ça n'a pas forcément été mon... point fort, sur notre dernière rencontre, mais je sais aussi écouter. »

Puisqu'elle change de sujet, mon regard curieux s'attarde sur ses gestes, sur cette petite main aux doigts serrés autour d'un étrange objet noir. Mais une question interrompt son mouvement et je la regarde sans comprendre. Rentrer chez moi ? Il me faut quelques secondes en réaliser le sens, et je pouffe de rire au-dessus de ma Bièraubeurre, avant de m'en excuser aussitôt. « Pardon, il n'y a rien de drôle, c'est juste que je pensais qu'Olivier t'en aurait déjà parlé. Je n'habite pas en Grande-Bretagne, il n'y a plus de réserve naturelle pour les dragons chez nous. » La tentation est grande de discourir sur l'importance de ces espaces préservés, sur les dangers de notre société qui réduit leurs territoires à peau de chagrin, les forçant à cohabiter. Cette proximité dangereuse rendant notre surveillance d'autant plus indispensable. Mais la pauvre a déjà subi bien trop de me monologues, aussi j'ajoute sobrement : « Du coup, je vis en Roumanie. C'est chez moi que ce foutu troll est venu se cacher la semaine dernière. » Ma voix perd de sa douceur sur cette phrase, se fait même réprobatrice, tandis que je remémore la scène. Godric, quelle frayeur il m'a fait ! Une gorgée de bièraubeurre chasse l'amertume de ce souvenir. L'essentiel, c'est qu'il soit rentré en bonne santé, mais il me faudra quelque temps pour oublier les risques inconsidérés qu'il a pris. Raison de plus pour mener mon idée à bien. « Généralement, je m'installe plutôt chez mon frère, quand je reviens en Angleterre. » Indication floue s'il en est, aussi je précise : « Chez Bill, mon aîné. Mais il n'habite pas sur Londres et j'avais deux ou trois trucs à régler ici, du coup je profite de la chambre d'amis. Et ça me donne l'occasion de garder un œil sur Olivier. Il a bien essayé de rester me tenir compagnie, mais je l'ai mis à la porte ! » Un grand sourire éclaire mon visage à cette idée, avant que je ne redevienne plus sérieux. « Ces deux-là ont besoin de passer du temps ensemble. Enfin, tout est bien qui finit bien puisque tu es venue me sauver de ma solitude ! » Y aurait-il un brin d'ironie dans ces derniers mots ? Sans doute... Mais derrière le trait d'humour, sa présence est imprévue me fait sincèrement plaisir.

Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
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Jeu 16 Avr - 18:05
When I last saw you laughing
Georgia Harris & @Charles Weasley
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Février 2004

Son regard pèse sur elle, et la douceur qu'elle y lit la déstabilise presque. Il n'insiste pas, et elle pourrait presque l'en remercier, mais c'est un semblant de sourire qui lui échappe quand il fait référence à ses dons d'écoutes. Elle ne rajoute rien, pas le peine de lui montrer combien elle a été pincée de ce retournement dans la discussion, quelques mois plus tôt. Pourtant, difficile d'imaginer réellement Olivier et même Ginevra amis avec quelqu'un qui ne se soucierait que de lui-même, incapable de discuter d'autres choses que de ses dragons. Quoique. Elle détourne les yeux du rouquin, s'imaginant en quelques instants le comique que pourrait prendre des discussions entre Olivier et Charlie, si chacun reste buté à s'enthousiasmer sur son sujet de prédilection, sans écouter l'autre. Secouant la tête, elle en profite plutôt pour sortir son téléphone, son geste de main attirant le regard du dragonnier à elle.

Ouvrant le clapet d'un geste, la poursuiveuse lâche une longue expiration, comme si tout soudain s'éclairait, quand le rouquin qui explique le pourquoi de sa raison ici ; elle ne lui tient même pas rigueur du rire qui lui prend, sentant elle-même ses lèvres s'étirer.

« Merlin tout prend sens !,» pouffe-t-elle en secouant la tête. « Je me demandai bien ce qu'Olivier a pu aller faire jusqu'en Roumanie, aussi… Logique que tu sois celui qui lui fasse faire des folies pareilles, » ajoute-t-elle en levant les yeux au ciel, l'ombre d'un sourire toujours aux lèvres. « C'est fou, un vrai gamin quand il s'y met. Il fonce sans réfléchir - c'est super quand il s'agit de se démener sur le terrain, un poil plus dangereux dans la vraie vie, » admet-elle.

Ses yeux dévisagent le rouquin, qui semble nettement moins amusé par le geste absurde de son ami, et Georgia ne peut s'empêcher de sentir son cœur s'alléger un peu. C'est idiot, mais de voir quelqu'un tenir comme cela à son semblant de grand frère, ça la conforte que cet imbécile est bien entouré. Et puis, de voir Charlie, surtout, réagir ainsi, ça la rassure surtout qu'Olivier ne se soit pas embourbé dans une idolâtrie sans retour. Ses propos sur Charlie se sont assagis, évidemment, mais Georgia, toute taquine qu'elle est, préfère nettement se rappeler des élans d'adoration et des yeux brillants.

Elle reporte son attention sur Charlie, qui lui avoue aller plutôt chez son frère, d'ordinaire, et Georgia fronce les sourcils, un peu perdue. Des frères, chez les Weasley, disons qu'il n'y en a pas qu'un, et leur éclatement dans le pays est des plus connus. Il l'éclaire pourtant bien vite et, une fois encore, les yeux de la jeune femme pétillent.

« Je crois avoir déjà eu l'occasion de le croiser, tiens, » souffle-t-elle en portant la bouteille de verre à ses lèvres.

Si Charlie était moins présents aux matchs - et sa vie dans un pays lointain explique maintenant le pourquoi de cela, tiens -, elle a un peu plus de souvenirs de Bill, surtout sur les débuts. Un grand homme, tout aussi rouquin, les cheveux longs, une dégaine des plus marquantes - même si, au fond d'elle, Georgia devait admettre préférer la force tranquille que dégage Charlie. Ses pensées se perdent encore un peu, se souvenant de la blonde élancée, le visage classieux, l'accent français, qui accompagnait le Bill. Dépareillés aux premiers abords, ces deux-là avaient une manière de se regarder qui l'avait fait soupirer d'envie. Elle n'y a pas particulièrement repensé depuis, mais il y a plein de choses auxquelles elle n'avait pas pensé que ce bout de rouquin semble lui remettre à l'esprit, à chaque fois qu'ils se croisent.

Ses lèvres s'étirent lorsqu'il conclut être ici pour garder un œil sur Olivier, entre deux trois affaires, et Georgia observe ses joues qui se creusent. Elle a les yeux un peu plus calmes, les mains plus relaxées entre ses jambes, et elle se tourne un peu plus confortablement vers lui. Autant Olivier ayant du mal à dire non à Charlie qui le chasse, elle veut bien le croire, autant elle a du mal à s'imaginer Nicole être mise hors de sa propre maison, sur de grands gestes et encouragements du rouquin, alors l'idée la fait sourire aussi. Elle se crispe un peu sur ses derniers mots, son sourire se transformant en une petite grimace navrée. Georgia dégage les mèches retombées sur son visage, un peu troublée, et hésite à admettre que c'est bien lui, qui le sauve de sa solitude, ou peut-être à lâcher une autre répartie encore, pour retrouver sa contenance. Elle se contente de lâcher, replongeant ses yeux dans les siens, la voix presque légère :

« Je dirai à Olivier comme tu m'as bien accueillie, il sera d'autant plus obligé de t'excuser de l'avoir chassé. » Elle grimace, ajoutant : « Tu as raison, ils ont bien besoin d'un moment à deux, avec Nicole. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, la semaine dernière, pour qu'il éclate comme ça, mais vu comme il est rentré plus léger, il est passé entre de bonnes mains. »  

Et, sur ces mots, un sourire.

Son portable vibre, se rappelant à elle, et ses doigts viennent tapoter le clavier, révélant le message de Darren. Apparemment, sa nouvelle copine avait besoin d'un peu de fonds. Elle lève les yeux au ciel, lèvres pincées, mais se tourne vers Charlie :

« Tiens, tu vois, l'avantage du portable, c'est que mon frère n'a pas besoin de traverser le pays en bus - à défaut d'avoir un balai, on s'entend, » ajoute-t-elle avec un rictus amusé, « pour venir me demander de l'aide. »  

Elle lui tend l'outil, montrant l'écran où s'affiche le message, et, de la main qui tient la bière, fait un geste vers le clavier.

« Je n'ai qu'à tapoter une réponse sur ce clavier, chaque case à trois lettres, enfin, bref, je tape mon message et, voilà, dans l'instant il le reçoit. À moins d'avoir des problèmes de réseaux, » ajoute-t-elle en haussant les sourcils, « un peu comme si trop de monde cherchait à contacter une même cheminées, et que ça créait des bouchons. Mais ce n'est pas tangible, là. »  

Elle se perd dans ses explications, un petit air amusé lui faisant relever les pommettes, alors qu'elle tente d'expliquer la téléphonie. Ca lui fait oublier cet énième message d'argent de Luke, et presque oublier le nœud toujours là dans son estomac.

« Je ne sais pas si ça te serait très pratique, si tu contactes surtout des sorciers… mais vous devriez peut-être y penser, avec Olivier, » moque-t-elle un peu, ses yeux clairs révélant son amusement.

D'un geste, ses doigts frôlent ceux de Charlie quand elle récupère son appareil, et vient le glisser dans sa poche, déterminée à ignorer Luke ce soir. Reprenant une gorgée de bière, son regard ne quitte pas les traits de Charlie, songeuse.

« Ça me rendrait presque jalouse, vous deux. Toi, en fait. » Elle ne sait pas où est-ce qu'elle va, à révéler ça, ça lui tombe un peu dessus au dépourvu, et elle sent une tâche rougissante lui brûler les joues. « C'est un peu bête de dire ça alors que tu m'as vue arriver comme ça chez eux, mais si je voulais surtout ne pas passer la soirée seule, ce n'était pas vraiment pour leur parler. »  

Et peut-être qu'elle s'imagine des choses, mais elle doute qu'Olivier se soit réfugié chez Charlie si tout ce que son ami pouvait faire était de le mettre une choppe dans les mains à oublier ses sentiments. Le dragonnier l'a dit lui-même, après tout, il n'est pas si terrible pour écouter, d'ordinaire. Georgia secoue la tête, revenant à elle, lui adressant un regard gêné :

« Oublie ça, pardon. » Elle reprend plutôt, tentant d'alléger l'ambiance : « Tu avais prévu quelque chose, ce soir ?» Elle ne propose pas de s'en aller, maintenant calmée, se refusant à l'idée de quitter le confort étrange dans lequel il l'a plongée ; elle suggère plutôt, sourire en coin : « tu veux tester le téléphone ? On peut commander à manger, ils ont un italien délicieux dans le quartier. »  


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Ven 17 Avr - 0:02

When I last saw you laughing@Georgia R. HarrisCharlie


16 février 2004

Le rire de Georgia se mêle au mien, chantant dans le salon propret de Nicole. Et d'Olivier, certes, mais qui peut croire un instant qu'il est à l'origine de ces petites touches décoratives, disséminées ça et là. Ce crétin d'impulsif. Ou d'éruptif, remarque, à en juger par cette capacité à exploser dans un voyage dangereux. Toutefois, le reproche voilé me fait froncer les sourcils et je lève un index, l'air faussement sérieux. « Ah pardon, je t'arrête ! Il est devenu fou tout seul. Ma seule responsabilité là dedans, c'est d'habiter à 2000 kilomètres de Londres. Mais je t'accorde que si je m'étais installé à Cambridge, il n'aurait sans doute pas fait 15 heures de balai d'affilée... » Mes prunelles roulent, dans un mouvement exaspéré parfaitement synchronisé au sien. Et ma voix gronde un brin en retour. « Crois-moi, la prochaine fois qu'il débarque dans ces conditions, c'est moi qui vais mettre sa vie en danger ! » Crédibilité ? C'est un troll pointé. Et il le sait, cet emplumé, que ma porte lui sera toujours ouverte, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit. À condition de ne pas mettre sa vie en danger, et d'éviter de laisser des gens morts d'inquiétude derrière lui. Mon sourire ne tarde pas à revenir au souvenir de la gifle magistrale qui a marqué sa joue toute la journée durant. Il faut dire, pour ma défense, que la situation l'exigeait. L'envie me vient de partager l'anecdote avec sa coéquipière, juste pour l'entendre rire encore. Mais si grande soit la tentation de la faire sourire, certains souvenirs n'ont pas vocation à être partagés, si ce n'est par le principal intéressé. Malgré tout, j'espère qu'il n'y réfléchira pas à deux fois avant de revenir frapper à ma porte. Ou s'y affaler.

Cela dit, avec le nombre de fois où je me suis échoué sur le palier de Bill, où il m'a relevé entre deux boutades, préférant rire de mes angoisses pour mieux les dédramatiser. Et rien de ce qu'il a pu dire ne m'a jamais dissuadé d'y retourner. L'idée que Georgia l'ait déjà rencontré me plaît bien et je hoche la tête avec enthousiasme. « Alors tu as rencontré le meilleur des Weasley ! C'est vrai qu'il venait souvent aux matchs de Ginny, il y a quelques années. Avant de se retrouver avec trois loustics sur les bras. » J'en ai conscience, il y a sans doute cette étincelle trop enjouée dans mes yeux, un sourire plus grand. Merlin, c'est ridicule. J'ai beau dire que le gamin de cinq ans qui aurait suivi son aîné jusqu'au bout du monde (enfin, jusqu'au bout du champ) a grandi... Je ne suis pas sûr qu'il disparaîtra un jour vraiment.

Gorgée après gorgée, ma bouteille livre ses dernières gouttes et je l'abandonne sur la table basse. Merlin, il faudra que je pense à la débarrasser avant le retour de la maîtresse de maison. J'aime beaucoup Nicole, mais... elle a ses manies, disons. Le regard suspicieux de Georgia est d'ailleurs trop parlant, trop équivoque pour que je n'en comprenne pas le sens et j'éclate de rire. « Si tu te demandes comment j'ai réussi l'exploit de chasser Nicole de chez elle, je vais te décevoir : je n'ai pas ce pouvoir. C'est elle qui voulait profiter de cette journée off en tête à tête. Je me suis contenté d'aller dans son sens. » Des disputes qui ont éclaté la semaine dernière, je ne dis rien. Les confidences d'Olivier ne concernent que nous.

La conversation dévie sur cet étrange « téléphone » qu'elle ouvre d'un mouvement. Chassant les deux coussins qui nous séparent, je me rapproche, épaule contre épaule, jusqu'à voir le minuscule carré lumineux qui scintille. Un prénom masculin s'y affiche, qui me fait hausser un sourcil. Mais l'explication arrive aussitôt. Son frère, donc. « Et tu dis que c'est instantané ? Il vient tout juste de te l'envoyer ? » Si c'est vrai, les moldus ont vraiment une sacrée avance à ce niveau. Mais malheureusement, à l'exception sans doute de Peter, toujours au fait de ces avancées, aucun sorcier de ma connaissance n'a jamais vu un téléphone de sa vie. « Je compte sur toi pour briefer Olivier alors ! » Elle le récupère, le referme et les mots s'enchaînent. D'une petite voix, comme si elle n'assumait pas totalement cet aveu qui me laisse perplexe. Mon regard se perde sur son profil, sur ce sourire en coin, ses yeux qui passent de l'amertume à une bonne humeur feinte.

Me ré-adossant plus confortablement contre le dossier du canapé (et ces maudits coussins !), je la dévisage avec curiosité. « Je n'avais rien de prévu, alors je serai ravi de manger un bout. Mais je serai curieux de savoir ce que tu voulais dire. Qu'est-ce qui te rend jalouse ? » Elle est timide Georgia, bien plus qu'elle ne veut bien l'admettre, plus qu'elle n'accepte de le montrer. Aussi j'ajoute doucement, désireux de ne pas la brusquer. « Enfin, si tu acceptes de m'expliquer ? »

Georgia R. Harris

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Ven 17 Avr - 3:32
When I last saw you laughing
Georgia Harris & @Charles Weasley
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Février 2004

Alors comme ça, Charlie n’y est pour rien ? Lèvres pincées, moue rieuse, la belle poursuiveuse n’en pense pas moins.

« Quelle idée d’habiter aussi loin, aussi !,» se contente-t-elle d'ajouter, tandis que le rouquin enchaîne sur une mimique désespérée devant les élans, soyons honnête, abrutis de leur ami.

Les lèvres toujours étirées, elle l’observe s’enthousiasmer sur son frère – aîné, de ce qu’elle se souvient. Peut-être confond-elle, après tout, ils sont trop nombreux. C’est pourtant ce que tout le monde lui répond, à elle aussi, quand elle cherche à expliquer sa fratrie, et ça lui fait lever les yeux au ciel. Ils ne sont que cinq, enfin, un jeu d’enfants. Les yeux pétillants du rouquin, à la mention de sa famille, sont un signe évident de l’amour qu’il leur porte. Un bref instant, Georgia visualise une flopée de petits rouquins, de blonds vénitiens, mélange parfait de l’épouse dont elle se souvient un peu, et de Bill – qui prend des formes plus proches de celles de Charlie, tant le souvenir de l’aîné est un peu flou. Si elle se base sur l’énergie de Ginevra, et la passion de Charlie qu’elle découvre, elle peut sans peine imaginer combien les bras de Bill sont bien plus occupés à s’assurer que ses gamins n’aillent pas sauter dans les bras d’une goule qu’à s’agiter dans tous les sens pour soutenir sa frangine.

Clignant des paupières, Georgia reporte son attention sur le dragonnier, qui déjà repose sa bouteille sur la table. Elle qui se prétend bonne anglaise, avec une descente honorable, regarde son début de bouteille à peine entamée, quelques gorgées dégluties ça et là. Elle en oublie presque sa honte d’anglaise quand il fait référence à Nicole, son regard s’éclairant aussitôt.

« Ah, et dire que j’étais prête à t’admirer ! » se laisse-t-elle aller à rire, trouvant effectivement bien plus logique que la compagne d’Olivier ait poussé son ami à se faufiler dehors, seul à seul.

Leurs regards retombent sur son téléphone, flambant neuf entre ses mains, et une grimace ne peut que lui échapper en voyant le nom de Darren. Un sourire amusé, encore, apparaît sur son visage devant la stupéfaction de Charlie, et elle acquiesce d’un petit bruit.

« C’est ça, instantané. Je ne lui réponds pas tout de suite, d’ailleurs, il risquerait de m’appeler, » grommelle-t-elle en glissant l’appareil dans sa poche.

Il semble un peu décontenancé par la réalisation de l’immédiateté qu’offre ce petit bout de technologie, et Georgia s’imagine un peu ce que cela donnerait, entre ses mains. Ça lui soulagerait probablement la vie – plus accessible, plus d’Olivier qui se met dans la mouise. Ou peut-être que son amour de la solitude – elle ne peut que le supposer, à le voir fuir à des milliers de kilomètres d’ici, au milieu des dragons – rendrait l’objet trop insupportable, à le faire devenir trop joignable. Elle suggère l’idée, pourtant, secouant la tête d’un air amusé quand il lui dit la laisser en parler à Olivier. Ses doigts jouent encore avec la bouteille de bière, presque vide maintenant. Est-ce qu’un portable rendrait vraiment leur relation plus aisée ?

Elle-même, avec toute sa famille connectée, n’est pas forcément plus proche d’eux, depuis. Ils ne sont pas plus réactifs, pas plus à l’écoute. Ils ne comprendraient pas grand choses, pour être honnête, de ces soucis d’ici – c’est plus cela qui joue, sûrement. Ça la rend un peu triste, pourtant, de voir Charlie et Olivier pouvoir traverser l’Europe l’un pour l’autre, dans une même semaine, pour s’assurer que tout va bien, pour garder un oeil dessus, quand elle pense à sa soeur qui lui raccroche au nez, lassée, à ses frères trop débordés pour la contacter pour autre chose que de l’argent. Après tout, Georgia, maintenant, c’est la petite soeur friquée – que peut-elle bien avoir comme problèmes. Elle fronce les sourcils, pourtant, n’arrivant pas à mettre exactement le doigt sur ce qui la gêne. Ça date de bien avant son gain de popularité, sa côte montante, son compte en banque bien rempli, leurs soucis de communications. Leurs soucis d’affection. Soudés l’un pour l’autre dans l’enfance, l’écart d’âge s’est creusé, l’écart de vécu aussi. Elle n’a pas vécu le divorce de plein fouet, ni la mort de leur père, elle n’a pas vécu les mariages des uns, les naissances des autres, et même les disputes familiales aussi fort qu’ils l’ont tous fait. Peut-être que c’est ça, plutôt, qui l’empêche de se dire que, comme Charlie, elle irait sur un coup de tête sur son frère, ou chez Olivier, pour parler, se raconter les choses, être sûrs que tout allait bien. Sur quoi se base-t-elle, seulement, pour s’imaginer que tout est aussi doux dans la vie du rouquin ?

Lassée de ses propres réflexions, Georgia vient faire claquer la bièraubeurre vide sur la table, le poussant à oublier sa phrase étrange. Il ne la quitte pas du regard, pourtant, se calant plus confortablement dans le canapé, et accepte rapidement l’idée de manger, revenant déjà sur ces propos. Une grimace lui échappe, passant une main confuse sur son front. Comment lui expliquer cela, sans avoir l’air trop bête – ou trop niaise ? Distraitement, elle glisse sa main sur sa nuque, relevant ses cheveux en un chignon désordonné, noué en vitesse, tandis que son corps pivote de sorte à lui faire face.

« On pourra appeler tout à l’heure, il faudra peut-être aller chercher directement, ça dépend des soirs, » commence-t-elle, ses yeux glissant sur ses lèvres, son nez, pour venir observer ses yeux.

Il a l’air curieux de comprendre, plus qu’embêté par ce qu’elle vient de lui lâcher. Ses yeux, qu’elle pensait noisettes mais qui, sous cette lumière, se révèlent plus clairs, sont toujours posés sur elle, bien trop tranquille. Georgia ne comprend pas ce qui la pousse à s’imaginer lui expliquer, tout ce qui lui pèse, tout ce que les autres préfèrent ne pas écouter, se satisfaisant de l’image bien dorée, bien pétillante, d’une poursuiveuse assurée et confiante jusqu’aux bouts des ongles. Elle ne sait pas si c’est la gentillesse qui s’est dégagée, depuis le premier instant, de tous les pores de sa peau, même quand elle l’incendiait, pauvre pervers. Elle se demande, un peu, si c’est à cause de la douceur dans ses yeux, de l’intérêt réel qu’il porte à ce qu’elle dit, tant bien même elle s’était convaincue du contraire, la dernière fois. Peut-être même que c’est à cause de son rire, qui l’enrobe un peu, apaise le poids dans son coeur, parce que c’est un rire profond, qui vient des tripes, un rire sans superficialité, de ceux qu’elle ne donne d’ordinaire qu’aux gens qu’elle aime, et qui la fait frémir de le voir redirigé vers elle. Peut-être que c’est l’absence de jugement qui se lit sur ses traits, alors qu’il essaie véritablement d’assimiler ce qui pourrait la rendre jalouse, elle. Ou peut-être, encore, c’est son pas en avant, ses mains qui s’étaient presque ouvertes pour l’accueillir, débordant encore de sentiments qu’elle ne connaît pas, d’une simplicité qui la déroute. C’est un mélange de tout cela, sûrement, qui fait ployer son envie d’être forte, d’être secrète. C’est l’idée, aussi, qu’il a déjà vu bien trop de facettes qu’elle ne révèle pas, d’ordinaire. C’est l’assurance, certaine, qu’il ne s’agit après tout que d’un inconnu et, bien qu’elle se repaisse souvent de savoir plaire aux gens qu’elle oublie rapidement, c’est aussi bien plus facile de tenter d’être honnête, d’être elle-même, face à quelqu’un qu’elle ne reverra pas. Il habite en Roumanie, à des milliers de kilomètres ; il n’évolue pas dans son milieu, il n’en a rien à faire, de qui elle pourrait être, Georgia Harris. Elle n’est que l’amie d’Olivier, et ça lui suffit, finalement, pour ne pas se forcer à briller.
C’est peut-être pour cela, alors, pour toutes ces raisons qui lui tombent dessus d’un coup, lui font le dévorer du regard, pesant le pour et le contre, qu’elle se décide à expliquer, au moins un peu. Et, même si elle se mord la lèvre, toujours un peu hésitante, à deux doigts de se sentir comme une enfant, Georgia s’entend souffler :

« Tu ne te moqueras pas ? »

Ses prunelles sont toujours vrillées dans les siennes, alors qu’elle attend, les lèvres un peu sèches, un quelconque signe d’encouragement. C’est son silence, peut-être, rassurant, d’une certaine façon, ou ce signe de tête, tout léger, qu’elle imagine probablement, qui semble alors libérer tout l’océan de questionnements, de réflexions, de rancoeur, presque, qui pesait en elle. Elle ne s’attendait pas à ce que le flot, une fois ouvert, ne sache plus comment s’arrêter. Les mots lui glissent hors des lèvres, Georgia, avec difficulté, peut-être, mais chacun emprunt d’une force, d’un frisson de vivre.

« Je ne sais même pas comment vraiment t’expliquer – et c’est basé sur rien, finalement, je ne te connais pas vraiment… pas du tout, même, comparé à… » Elle s’interrompt, frustrée, sentant déjà que le fil de sa réflexion lui échappe. D’un soupir, elle reprend, le quittant des yeux momentanément : « Jalouse n’est pas exactement le bon terme. Disons que ce que tu me projettes, ce que j’imagine d’Olivier et toi, de Ginny et toi – c’est absurde, mais c’est une image… réconfortante. » Le mot lui échappe, et elle-même sonne peu convaincue. « Ma famille et moi, ce n’est vraiment pas la même ambiance. Rien que de m’imaginer les appeler pour leur dire que ça ne va pas, c’est presque improbable, » elle grimace, l’idée la faisant presque rigoler. « Je ne sais pas à quel point je me l’invente, tu sais, mais pour qu’Olivier fasse des milliers de kilomètres jusqu’en Roumanie… Ils doivent bien s’imaginer que tu les écouteras, que tu les remettras en place s’il le faut, et je ne dis pas qu’Olivier ne m’offrirait pas cette même opportunité, contrairement à ma sacrée fratrie, non, pas du tout ! C’est juste compliqué, parce qu’ils s’imaginent tous des choses, ils pensent tous savoir, et ils ne veulent pas… Je ne veux pas… » Un peu frustrée par les mots qui lui échappent, elle se penche vers lui, son chignon trop lâche s’écroulant un peu dans son geste, pour souffler : « je n’aurais pas la facilité qu’à Olivier à aller te voir, parce que ça ne plairait à personne de me voir comme ça, qu’ils ont tous bien plus compliqué, bien plus important que d’apprendre, qu’allez, d’ici six mois, je ne pourrais peut-être plus jamais mettre les pieds sur un balai sans perdre connaissance et… »  

Elle se tait brusquement, les traits défaits, pourtant la main à sa bouche, réalisant ce qui vient de lui échapper. L’angoisse lui remonte à la gorge, prête à déborder de ses lèvres, terrifiée à l’idée d’avoir prononcé ses mots, de les avoir ancrés dans la réalité. Ne plus jamais pouvoir voler. Elle a les mains qui tremblent, et les ongles nerveux sur son genou, alors elle plonge ses yeux dans les siens, cherchant dans les lueurs de son regard de quoi la garder ancrée. Inspire, expire. Ne plus voler. La sentence est tombée, cet après-midi, soufflée pleine d’inquiétudes par le médicomage. Ils ne sont pas sûrs, mais ces vertiges apparus un peu comme par magie, ça ressemble beaucoup trop à un mal de la lévitation. Et autant ces foutus sorciers savent faire repousser des os avec une potion infâme, autant guérir le cerveau de vertiges à en vomir sur les pelouses tondues des stades semble être un art impossible, voué à lui faire arrêter – arrêter, par Merlin - ce sport, sa carrière. Toute sa vie, finalement. C’est presque un rire qui lui échappe, quand elle murmure :

« J’ai bien dit que je n’allais pas en parler, il y a moins d’une heure, on est d’accord ? Qu’est-ce que tu me fais dire, Charlie. » Et sa voix s’étrangle, tout rire disparu. « Ça le rend trop réel. C’est pas réel. On parlait juste de toi, d’accord, ou même de ma famille, ou de combien Olivier t’aime beaucoup trop, et qu’il faut que ça s’arrête, si tu préfères, »   le presse-t-elle.

Tout lui échappe, ce soir. Envieuse, émotive, le trop plein de stress de la journée débordant de milles bords. Pauvre dragonnier, face à ses yeux trop tristes, sa mine toute désemparée. Il n’a pas signé pour ça, l’ami par affiliation.


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Ven 17 Avr - 15:03

When I last saw you laughing@Georgia R. HarrisCharlie


16 février 2004

Elle est insaisissable, Georgia. Changeante comme les écailles d'un Opalœil sous la lune. Passant du rire aux larmes, de la joie au doute. Si enthousiaste, quand elle m'explique le monde moldu dont elle vient (je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle entend par « appeler », mais qu'importe), quand elle parle Quidditch ou se moque des tics de Nicole, de l'impulsivité d'Olivier. Rieuse face à mes traits d'humour, répondant à une boutade par une autre, sans se laisser démonter. Déroutante, aussi, quand elle s'agace, les traits figés dans ce masque de princesse qui lui va bien mal, cachée derrière un sourire trop superficiel. Infiniment plus touchante quand elle baisse les armes dans un murmure timide auquel je réponds d'un hochement de tête grave. Sur mes lèvres, un sobre « Promis. » esquissé plus que prononcé.

Les secondes s'écoulent, silencieuses, avant qu'elle ne trouve la force ou le courage de délivrer ce qui lui pèse. Et tandis qu'elle se libère, mes yeux ne l'abandonnent pas. Je ne m'autorise aucun commentaire, aucune réponse, la laissant donner libre cours aux pensées qui l'assaillent. Mon visage, mes expressions tantôt amusées tantôt sérieuses, sont les seules preuves que je l'écoute attentivement.
Pourtant Georgia, il y a tant de choses que j'aimerais dire. Tant de points sur lesquels rebondir. J'aimerais pouvoir te dire l'émotion qui m'étreint devant ce si doux compliment, devant cette preuve de confiance. Pouvoir te réconforter comme je le fais avec ceux qui me sont chers, quand ils m'en laissent l'opportunité. Je suis un maladroit, tu sais. À toujours manquer d'à propos, à laisser dérailler mes mots loin de l'intention que je voulais leur impulser. Mais Godric m'en sois témoin, je pense aussi avoir prouvé à plusieurs reprises que je savais me taire, écouter les plaintes et les complaintes de ceux qui n'ont parfois besoin que d'une oreille attentive pour reprendre pied. C'est pour cela, sans doute, qu'ils se fient à moi malgré la distance et les complications qu'elle engendre.
J'aimerais pouvoir te dire que tout n'est plus si rose, chez les Weasley. Que cette fratrie qui te semble hors de portée l'est sans doute autant que la mienne et que je comprends la frustration immense de ne pouvoir te tourner vers eux quand le besoin s'en fait sentir. Que la distance n'est rien s'il s'agit de retrouver un ami au bout du voyage, pour une journée ou davantage. Pourvu que la présence de l'autre puisse apaiser les centaines de plaies minuscules infligées par le quotidien.
J'aimerais pouvoir te dire que je comprends ce sentiment de n'être jamais celui que voient les autres. Cette impression de vivre en décalage avec l'image que l'on renvoie. Olivier, Ginny... Tous ceux qui me voient comme un roc, comme cette figure tellement stable et solide sur laquelle venir se reposer, n'ont pas idée du gouffre béant de mes angoisses. Ils sont peu nombreux, à savoir, si peu que je pourrais les compter sur les doigts d'une main. Mais tu sais, Georgia, au fond ça n'a que peu d'importance. Ce qui compte, c'est que tu saches qui tu es, qui tu veux être. C'est d'être en paix avec toi-même, envers et contre tous. Ta valeur ne vient pas des regards posés sur toi, jamais. Qu'importe que tu sois en tenue de soirée ou en jogging, maquillée et apprêtée comme une princesse ou plus simplement mise. Toi seule peut décider de la personne que tu es. Leurs idées et leurs préjugés ne pourront jamais changer cela.

Une minute s'écoule, la parole suspendue sur une hésitation, sur cet ultime aveu. Sur cette angoisse qui pourrait faire vaciller ta vie entière. Mais cette fois, mon rire ne répond pas au tien, à cette légèreté feinte que tu tentes de ramener quand bien même tes yeux débordent encore d'émotion. Ils se perdent, se cherchent, errant alentour, revenant à moi parfois, et je les accueille sans ciller, le visage toujours aussi sérieux. Et ce n'est que lorsque ta voix tremble sur un dernier mot que je pousse un profond soupir.  

« Tu as raison, ça ne plairait à personne de te voir comme ça. Parce que personne n'aurait envie de te savoir si malheureuse, et si seule pour le porter. Tu sais... » Par Godric, qu'il est délicat d'endosser ce rôle quand je la connais si peu, si mal. « Personne ne peut vivre seul. Pas même moi, du fond de mes montagnes. Nous avons tous besoin de gens autour de nous, que les liens soient ceux du sang ou non. L'essentiel, la seule chose qui compte, c'est d'être entouré de personnes qui nous apprécient et nous respectent pour qui nous sommes. » Mes doigts glissent jusqu'à son bras, s'y posent avec douceur. Avec cette même promesse que me faisait Bill quand il restait auprès de moi des heures durant, son bras glissé autour de mes épaules : je ne vais nulle part.

« Tu as le droit d'avoir peur. Tu as le droit d'être imparfaite, et de ne pas être seule face à ces craintes. » Dans un demi sourire, je confesse. « C'est Bill qui m'a appris ça. » Et Merlin sait que je ne serai pas celui que je suis devenu, sans la présence implacable de mon aîné. « Ce n'est pas parce que chacun à sa vie, ses propres préoccupations, que tes soucis sont moins importants. Surtout quand ils peuvent prendre une telle ampleur. » Être cloué au sol, ne plus pouvoir savourer la fraîcheur de l'air dans mon cou, le souffle du vent sur mon visage, dans mes cheveux défaits. L'ivresse de voir s'éloigner le paysage, à monter toujours plus haut, se jouant des nuages, vibrant parmi les oiseaux... L'air me manque de seulement l'imaginer. Alors pour elle qui vit et respire Quidditch... Pas étonnant qu'elle en tremble, qu'elle en souffre. Et elle voudrait porter ce fardeau seule, de peur de déranger ? Merlin, n'a-t-elle donc personne sur l'épaule de qui venir s'épancher quand sa vie toute entière pourrait basculer d'un claquement de doigts ? Mon cœur se serre de la voir ainsi démunie, et si seule. « Ces vertiges, ça a commencé quand ? » Contre son bras, ma paume se raffermit. Parle-moi, Georgia. Parle-moi. Je ne vais nulle part.

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