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She's called Georgia, darling, Georgia Harris
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: Fiches présentation

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Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
MODÉRATRICE
hiboux : 304
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Sam 28 Mar - 22:09
Georgia Rebecca Harris
Coeur d’occamy
Nom Harris ; Prénoms Georgia Rebecca ;  Âge 26 ans ; Date de naissance 3 décembre 1978 ; Lieu de naissance Hôpital public de Newcastle upon Tyne ; Signe astrologique Sagittaire; Nationalité Anglaise ; Statut Civil Célibataire ; Préférences sexuelles Hétérosexuelle, friande de beaux hommes ; Statut du sang née-moldue ; Tradition ordre d’Hermès  ; Baguette ou autre focus 15,6 centimètres, en bois de châtaigner, ventricule de coeur de dragon; Patronus Belette ; Dons // ; Pouvoirs // ; Particularités cicatrice sur la cuisse gauche, souvenir d’une chute en balai lors d’un match bien agité Activité Professionnelle, études, métier, autre Poursuiveuse au club de Flaquemare, ex. Harpie. Elle a revêtu les couleurs de Serdaigle, à Poudlard. A passé plusieurs mois à servir au Eddy's Diner, aussi – à rayer du CV.
CARACTÈRE / ANECDOTES
TÊTUE Vivre avec tant de frères et soeurs, plus âgés, chacun têtes de bourriques, il est difficile de ne pas grandir en gamine qui s’affirme, qui reste ancrée sur ses positions, et qui n’en démordra pas. Ça n’a pas changé, il est quasiment impossible de faire changer d’avis la miss Harris. Ne tombez pas dans ses mauvaises grâces, vous n’en sortirez pas. PONCTUELLE Ne rien faire, cela la met en horreur. Les journées sont constituées de 24 heures, et beaucoup trop d’entre elles sont déjà perdues à dormir. Les deux tiers restants, il faut les utiliser activement et efficacement. Rendez-vous à 18h, c’est rendez-vous à 18h, pas 18h02, ou 17h54. EFFICACE Et, évidemment, si la ponctualité est maître mot, l’efficacité est sa fidèle alliée. À voir son père se morfondre sur le divan, et sa mère trimer, Georgia sait plus que quiconque combien une vie efficace, rondement menée, est nécessaire à la survie - même si seulement mentale. Son temps lui est précieux, chronométré, et ne venez pas la mettre en retard; vous tomberez dans ses mauvaises grâces. On en a déjà parlé. BOULIMIQUE Elle ne sait plus trop bien quand ça a commencé. En troisième année, quand les nés-moldus se faisaient chasser ? En cinquième année, peut-être, quand Cédric s’est retrouvé sur le gazon, livide comme un savon. Peut-être que ça vient d’avant, aussi, de sa famille de pauvre, de la bouffe qui manquait, et de découvrir, un jour, que s’en gaver lui donnait l’impression d’aller mieux. Les épisodes sont irréguliers, de plus en plus en vieillissant, mais toujours violents. Ce sont des calories par milliers, ingurgités, dès que l’ordre de sa vie décline. Elle les compte, elle les additionne, elle les vomit. Une pomme, 54 calories. Un doigt plus tard, son corps, -54 calories. EXUBÉRANTE Son sourire, si il sait se faire froid pour ceux qu’elle souhaite assassiner d’un coup de talon dans l’oeil, sait aussi se faire chaleureux et débordant de vie. Elle parle fort, son accent Geordie ressortant de plein fouet quand elle est excitée ou se passionne pour son interlocuteur. Ses gestes sont larges, sa main touche facilement les épaules des gens, sa langue claque quand elle s’énerve. Georgia ne passe pas inaperçue, et elle ne cherche pas à le faire. DÉPENSIÈRE Se retrouver avec du fric par millier, à jouer dans une des meilleures équipes du Royaume-Uni, ça déstabilise une fille d’ouvriers et de mineurs, sortie du trou du monde. Alors quand cet argent tombe, cet argent se voit dilapidé. La dernière création d’Yves Saint Laurent, le nouveau rouge à lèvres Givenchy, l’exclusive robe en tissu holographique de Abbott&Co, start up de la mode qui allait devenir l’incontournable des soirées - tous y passent. Portés une fois, photographiés mille fois, ses looks font la une des pages people. De quoi sustenter fans et paparazzis. VERTIGES Ça, c'est la cerise sur le gâteau. Le karma qui saupoudre, avec un plaisir inavoué, une nouvelle misère sur sa vie. On l'a prise à part, la mine sérieuse, et on lui a révélé les possibilités. Ça pourra être des nausées, quand elle remontera sur son balai. Ça pourra être des éclairs noirs, quand elle fera des figures. Ça pourra être le besoin de redescendre au sol, vite, vite, avant de tomber de là-haut. Ça s'appelle le mal de la lévitation et, peu à peu, il pourra s'installer. Que du conditionnel, mais qui lui met la boule au ventre. Peut-être qu'elle se sous-alimente. Peut-être qu'elle est stressée. Peut-être que ça va lui tomber dessus, vraiment. Alors cette coupe du monde, en 2006, c'est peut-être son dernier espoir d'y arriver. D'être quelqu'un d'autre, de mieux, de plus puissant, que Georgia Harris, la sang-de-bourbe de Newcastle.
CURRICULUM VITAE


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24 janvier 2004, 18h04

Ses talons claquent sur le sol, résonant lourdement dans le loft, nu et gigantesque. Un canapé trône en son centre, tournant le dos à l’îlot central de la cuisine ouverte. Soupir. Son doigt se déplie et l’ongle manucuré à la perfection de son index pointe sans remords l'amoncellement de junk food sur le plan de travail.

- Tu es sérieux, Andrew ? Combien de fois je vais devoir te dire d’arrêter de manger ces conneries ?

Les talons martèlent le parquet, et les lattes grincent à la mort, alors qu’elle s’approche du tas de merde. Ses doigts récupèrent, avec un dégoût perceptible, une part de pizza qui traîne à mi-chemin entre la boîte de livraison et l’assiette où s’entassent des restes de croûtes. Ils la balancent dans la poubelle, à deux pas d’ici. Aussitôt, les talons reprennent leur rythme effréné en direction du lavabo, où, méticuleusement, les mains sont lavées à grand recours de savon et d’eau fraîche. Quarante secondes plus tard, très précisément, le coude vient refermer le robinet d’un mouvement sec. Dix secondes plus tard et, les mains essuyées sur un torchon sec, et propre, viennent alors se faufiler jusqu’au sac, minuscule, qui trône sur sa hanche. Les ongles défont l’encoche et attrapent, avec agilité, un flacon de crème. Trois pets posés sur la paume gauche, trois pets sur le dessus, et un nouvel étalage de crème, très précis, s’ensuit. Tout ce temps-ci, Andrew reste à l’arrière, le regard fixé sur ses jambes.

Il faut dire qu’avec ses talons vertigineux, ses jambes déjà bien allongées n’en sont que d’autant plus fantasmagoriques. Ses doigts claquent sous ses yeux, venant le rappeler à elle. Son rouge à lèvres carmin dénote furieusement sur sa peau rosée, et le regard d’Andrew s’y trouve immédiatement captif. Un nouveau claquement de langue vient déranger l’observation du bellâtre, qui relève le regard vers ses deux prunelles. Furibonde, ses yeux verts prennent une teinte ombragée – ce moins que rien la met en retard, et il n’a même pas la décence d’être utile.

- Tu n’es pas prêt. Tu n’es pas prêt, rien n’est propre, tu n’as probablement rien avalé de correct depuis plusieurs jours, ta barbe – bon sang, je ne vais même pas en parler. Est-ce que tu réalises, Andrew, à quel point tu testes ma gentillesse ?

Déjà, pourtant, le jeune homme s’est approché d’elle, venant caler ses main sous ses fesses pour la porter à lui, sa force de sportif ne lui laissant aucune échappatoire. Si ses muscles à elle sont aussi définis, résultats d’heures et mois d’entraînement, ils sont préparés dans l’optique de l’allonger, de l’équilibrer, et de lui offrir force de vitesse et de niaque. Ses muscles à lui, de batteur déchaîné, ne sont que de la force brute qui la plaque contre lui.

Georgia plante ses yeux dans les siens, et le mitraille du regard.

Ses mains sont posées sur son torse et le repoussent en arrière, mais elles restent bloquées là, entre eux deux, incapables de le déplacer d’un millimètre. Il lâche son corps pour venir agripper ses poignets, resserrant sa poigne sur ses os.

- On peut bien les faire attendre un quart d’heure, poulette. Ils commenceront sans nous.

Il a une gueule d’Apollon, bien que le nez un peu de travers –  une batte mal tombée. Probablement la seule et unique raison de sa présence ici, dans sa cuisine dégueulasse, à se faire attraper comme ça. Ses dents se plantent dans sa lèvre inférieure, et elle détourne le visage, refusant de l’observer, abandonnant de se dégager. Il en profite, il se baisse vers elle, et dépose un baiser, là, ici, sur sa tempe, sur le bout de son nez, sourire goguenard aux lèvres. Il sait qu’elle n’a pas le temps de trouver un autre beau pour ce soir, et qu’elle ne peut pas se présenter seule à l’inauguration du showroom. Il sait aussi qu’il pourra lui faire faire ce qu’il veut, en rentrant ce soir, justement parce qu’il a accepté, lui, joueur fétiche des Pies de Montrose, de s’afficher avec elle à cet événement inutile. Il la relâche enfin, ses poignets ornés d’une magnifique trace rosâtres, et Georgia gronde.

- Va te faire foutre, Andrew.

Faisant un pas sur le côté, elle récupère sa crème, qu’elle glisse dans son sac, et ses talons claquent plus forts encore alors qu’elle s’éloigne, se dirige sans mots vers la porte d’entrée. Elle s’immobilise, juste avant de sortir, et le dévisage de haut en bas :

- Si tu n’es pas à la soirée d’ici 19h, ne songe pas à m’approcher, compris ?

Un sourire froid s’affiche sur ses lèvres, et la porte claque derrière elle. Son index appuie, dans la foulée, sur le bouton appelant l'ascenseur, à deux pas, s’acharnant avec mauvaise foi. Il est 18h15, et Georgia est en retard, seule, et férocement énervée. Ses poignets la lancent, son coeur lui remonte dans la gorge, et elle aimerait pouvoir enfoncer ses ongles dans les yeux de ce connard. Pourtant, lorsqu’elle sort de l’immeuble, et que son taxi l’attend, une journaliste déjà à l’intérieur, c’est un sourire resplendissant qui relève ses lèvres.

Faire semblant, Georgia sait faire mieux que quiconque. La poursuiveuse de talent est la reine des apparences, son sourire en coin, ses yeux pétillants semblant charmer tous ceux qu’elle croise, les hypnotisant pour leur faire croire mille et unes fausses vérités. Georgia, surtout, ne sait pas faire autrement. Quand on vient du trou du monde, et qu’on se retrouve à serrer les mains des plus riches, on apprend, rapidement, à ne plus être soi-même.

3 décembre 1978, 15h03

Cromlington. Le nom se vomissait aussi facilement qu’il s’oubliait. Cromlington. Ville dortoir, à quelques miles de Newcastle, qui accueillait les plus pauvres, les plus précaires, les plus oubliés, dans des lotissements publics, à la qualité douteuse. Un prix dérisoire, seulement, qui offre un toit sec à ces familles dans le besoin, et qui s'entassent en nombre dans des chambres trop petites. Les Harris vivent à Cromlington depuis le début des années 70 - ils ont eu le droit à une maison, avec deux chambres, juste après la naissance de leur second, Luke. Les Harris, finalement, n’ont jamais trop bougé dans la région. C’est écrit, au fin fond de leur gêne, que leur famille évoluera autour de cette ville maudite de Newcastle. George, le père, a été un garçon charmant, au front noir de charbon dès son plus jeune âge, mais qui avait l’avantage d’avoir les dents droites, les yeux bleus, et la blague facile. Alors Debbie, cette sacrée Deborah, elle n’a eu que d’yeux pour lui. Debbie aussi bossait à la mine – il ne fallait pas croire, c’était une bonne affaire, à l’époque. Le charbon, c’était le coeur du Royaume-Uni, et le trésor, que dis-je, le St-Graal de Newcastle. Certes, bien vite, la ville bascule dans le maritime, et le charbon est mis en arrêt. Les mines alentours, seulement, continuent d’exploser, et c’est bien bon pour les Harris. Elle a à peine 16 ans, et lui tout juste 18, quand l’église locale, à trois blocs du bar où ils avaient eu leur premier baiser, les ont mariés.

Les Harris, aussi, c’est une ribambelle de gamin. Il y a Luke, donc, le deuxième. Marcus, le petit premier, a été quelques mois durant l’unique privilégié des deux parents. Et puis, quand George ne rentre pas trop tard, il y a d’autres nuits d’amour, puis moins de nuits d’amour, et plus de nuits de sexe domestique, et puis les jumeaux sont nés. Les jumeaux, c’est un peu la goutte en trop. Les quatres gamins sont entassés dans la chambre derrière le salon, et les parents rentrent de plus en plus tard. Alors, Marcus et Luke se penchent sur le berceau de Donna et Darren, les beaux jumeaux, et rigolent qu’ils ont exactement la même dégaine. Ils rigolent un peu moins quand, les années passant, leurs parents viennent de moins en moins souvent, de moins en moins tôt. Leur père découche une fois toutes les trois nuits, et leur mère rentre ivre, furieuse de se savoir cocue. Elle s’appelle Jenifer, la salope, et toute la mine sait que son mari se tape la fille du bar.

Quand Georgia est née, ce 3 décembre, c’est la vraie surprise du chef. Les eaux craquent, dégoulinent le long des jambes de Debbie, et elle hurle en réalisant ce qui se passe. Elle a le ventre plat et les yeux ronds de ceux qui réalisent qu’ils ont fait un déni. Ici, un déni de grossesse. Alors la voilà qui pousse, et George qui tombe des nues, et quelques heures plus tard, les quatres enfants observent, depuis la vitre transparente qui donne sur la chambre, un petit blob, de quelques kilos tout mou, qui se tient contre le sein de leur mère.

- Encore un, pense Marcus.
- Elle n’a pas de zizi, pense Donna.

Et c’est ainsi que Georgia est née, ce 3 décembre, venant s’entasser aux côtés des siens dans ce taudis préfabriqué de la ville de Cromlington.

26 mars 1986, 22h30

Quelques mois, Georgia est le bébé miracle. Elle est l’enfant sage, l’enfant aimée, l’enfant gâtée. Les parents semblent s’être retrouvés, l’alcool disparaît de leur sang, l’adultère quitte leur cerveau; et puis, bien vite, les bonnes habitudes reprennent. Il y a Jenifer, toujours, qui tâte les bourses du mari – et puis, après elle, il y a Emily, avec sa longue chevelure rousse. Il y a Jack Daniels, qui ne quitte plus la main de Debbie, et qui la met au lit des matinées entières, à prendre congés sur congés. Il y a les gamins, qui ne savent plus où donner de la tête, les gamins, qui comptent les coupons dans les papiers, pour accumuler les bonnes affaires. Un jour sur trois, le matin, c’est beans on toast; le reste du temps, ce ne sont que des toasts. Les plus grands ramènent des sandwichs de l’école, et le soir, ils traînent tous dehors, dans le square du coin. Marcus est plus grand, alors souvent, ils traînent avec les autres, les bigs du quartier, et quand il revient, il a les yeux qui brillent, le teint un peu blafard.

C’est moche, comme quotidien, mais c’est un quotidien qui roule, un quotidien où la fratrie n’est qu’une.

Et puis, il y a Thatcher. Il y a les mines qui ferment. Les budgets qui se resserrent. Les crises, partout. Il y a les pleurs, dans toutes les maisons, il y a les joues qui se creusent, il y a les gifles qui partent, aussi. Debbie veut qu’il y aille, qu’il continue à bosser. Pour George, c’est impensable. C’est dans son sang, dans son âme, fils de mineur, mineur dans le coeur, il doit faire grève, il doit riposter, il doit cracher sur Thatcher. Debbie n’arrive pas à le concevoir : ils ne peuvent pas survivre, s’ils n’y vont pas. Ils ont 5 enfants à nourrir, par tous les dieux.

Bien vite, ils font chambre à part. Ils ne se parlent plus, ils s’ignorent consciemment, si ce n’est une pique lâche lancée ça et là. Pauvre abrutie, pense-t-il. Sale con inutile, pense-t-elle. Ils ne divorcent pas, toujours pas. À quoi bon. Marcus est envoyé chez le frère de Debbie, travailler à l’usine. Luke, à ses 13 ans, est envoyé également. Ils vivent dans une autre ‘nouvelle ville’ créée près de Newcastle, pour désengorger et y placer les travailleurs des quartiers industriels - le temps qu’ils ne passent pas à stocker les produits, ils suivent un semblant d’éducation. Ça fait deux bouches en moins à nourrir, grommelle George, pour expliquer aux autres gamins. Les autres, justement, on les fout à l’école publique. Moins ils sont dans leurs pattes, mieux c’est.

Ils y passent le maximum de temps, traînent dans les squares entre l’école et la maison, à jeter des cailloux dans les flaques, à voler des bonbons à l’épicerie du coin - Georgia suit ses aînés, sans trop comprendre, ça la fait rire, elle a l’impression de vivre des aventures tous les jours, loin des cris qu’il y a à la maison. Son papa ne travaille plus. Sa mère a été postée dans un service administratif d’une institution d’état, elle se débrouille. Ça rend son père fou, d’être inutile, de ne plus rien avoir, d’avoir perdu tout avenir - il ne sait rien faire d’autre, George. Même ses amantes ne veulent plus de lui.

Ce soir-là, son père gueule très fort. Il gueule, George, il gueule, et Donna et Darren ne sont pas là pour l’emmener au square. Il n’y a qu’elle et maman, face à lui, les yeux rouges, révulsés. Debbie prie, elle prie à longueur de temps, Dieu, rendez mon époux moins inutile. Alors George tape, parce que son Dieu, qu’il aille se faire voir. Son Dieu, il aurait dû buter Thatcher, et leur offrir une vie moins misérable. Georgia est dans sa chambre, qu’elle partage avec sa mère et Donna, et elle se roule en boule. Les jumeaux l’ont laissée, ils l’ont abandonnée, ils chipent des glaces à la supérette et traînent avec leur copains au square du coin. Georgia se bouche les oreilles, alors, et des fois, elle n’entend presque plus rien. Elle ne réalise pas cette aura qui l’illumine, ces cris dans les oreilles qui sont remplacés par des bourdonnements, des mélodies douces. Elle ne réalise pas, sa magie, qui la protège. Qu’est-ce que c’est, que la magie.

24 janvier 2004, 18h23

Son sourire, à l’écart millimétré, ne bouge pas d’un poil lorsque la journaliste, sur la banquette en face, se tord vers elle pour lui demander, regard pétillant, si quelqu’un l'accompagne ce soir. Georgia penche la tête sur la gauche, imperceptiblement, et se contente de saisir avec enthousiasme la bouteille de Veuve-Cliquot qui dépasse du seau, posé au milieu de la berline. Ses doigts agrippent le bouchon, qu’elle fait sauter d’un geste maîtrisé, sourire en coin. Aussitôt, le liquide se répand sur ses doigts, et elle attrape en vitesse une des coupes plantées dans le seau :

- Champagne offert par la marque, lance la poursuiveuse, vous prendrez bien une coupe avec moi ?

Georgia n’attend pas que la journaliste accepte, elle lui plante la coupe entre les doigts et, en un quart de seconde, s’est remplie la sienne. Ses ongles tapotent sur le cristal du verre, qu’elle lève à hauteur d’yeux. “Cheers”, lâche-t-elle avant de poser ses lèvres contre la coupe, avalant d’une traite le contenu. Elle claque des lèvres, laissant un soupir lui échapper.

- Hmm, allez-y, une autre question peut-être ?

Et des questions, forcément, la journaliste en a. Georgia a un peu la tête qui tourne, d’avoir descendu son champagne aussi vite, une autre coupe pleine déjà entre les mains, mais il faut bien ça, pour survivre à la soirée qui s’annonce. Quelle idée, d’avoir invité Andrew. Elle fronce des sourcils devant le flux diarrhéique de la jeune paparazzi, qui semble au septième ciel d’avoir eu cet exclusif avec elle. Où a-t-elle grandi ? A-t-elle de la famille ? Les voit-elle souvent ? Comment concilier sa vie de star de Quidditch et le monde moldu ? Ses doigts viennent se poser sur le genou de la journaliste, y déposant une pression amicale.

- Non, non, pas de questions privées; mon agent vous avait prévenu, on ne parle que de la marque de ce soir, de ma saison de Quidditch, et de mes plans d’avenir. Qu’est-ce que cela peut bien apporter aux gens, de toute façon, de savoir si je vois ma famille ou non ?

Un esclaffement lui échappe. Non, elle ne parlera pas d’eux. Sa famille, elle ne l’a pas vue depuis des mois, de toute façon. Ils ne comprennent plus rien, de sa vie. Comment le pourraient-ils ? Ils ne comprenaient déjà pas grand chose à son école, dont elle ne leur disait rien, ni de son malaise, ces mois-là, alors, maintenant, leur expliquer qu’elle gagne sa vie à trotter sur un balai ? Ils reçoivent, tous les mois, un beau chèque, preuve qu'elle pense à eux. Ça suffit, pas vrai ? Ils seront heureux, comme ça ? Ses lèvres se pincent, elle dévisage la rousse qui lui fait face, l’invitant à poser d’autres questions, des questions auxquelles elle a le droit de répondre. Georgia lève les yeux, encore, et secoue la tête quand elle insiste. “Tant pis pour vous”, lâche-t-elle en reprenant une gorgée de champagne. Son regard glisse vers la fenêtre, observant les façades londoniennes qui défilent sous ses yeux. Elle ne sait pas trop si c’est le champagne, la voiture ou les souvenirs, mais elle a mal au crâne, Georgia.

20 janvier 1990, 11h30

Marcus et Luke sont rentrés, ce week end-là. Leur mère a l’oeil bleuâtre, le père n’a pas foutu les pieds à la baraque de la semaine. Il fait les gros bras, Marcus, quand il le voit traîner dans la rue – ce connard ne touchera plus sa mère. Il a 20 ans, maintenant, et il sera là pour la défendre. Ce weekend-là, donc, c’est Luke qui fait le repas. Il est cuistot, depuis trois mois, et il veut leur montrer ce qu’il sait faire. Il sera pas à l’usine, lui, il sera pas à la mine, ou au port. Non, dans quelques années, vous verrez, il sera manager. Manager, ça claque non ? Et ils rigolent tous, à imaginer Luke habillé comme les autres, là, ces chefs qui se promènent en costards, et ils rigolent plus fort encore quand il en fait cramer sa viande, à rigoler avec eux.

Les rires se taisent, pourtant, quand deux adultes viennent taper à la porte, ce jour-là. Il y a la maîtresse d’école, qui a l’air excitée et fière, et un autre inconnu, à la longue cape. Ils viennent pour Georgia. Marcus croise les bras et se cale devant la porte – qu’est-ce qu’ils leur veulent, à Georgia ?

Et la maîtresse, elle piaffe d’excitation. Elle est excellente, comme enfant, et ça s’est remarqué. Il y a ce monsieur, il est recruteur pour une école privée – et il veut que Georgia les rejoigne, dès Septembre prochain. Les rires reprennent, cette fois, et encore plus fort qu’avant. Luke en costard, ça, bordel que c’était drôle à imaginer. Mais se payer une école privée ? Même leur mère, depuis le canapé, les yeux vitreux, a lâché un rire qui a fait sursauter Darren.

- Tous frais payés, évidemment, grommelle l’inconnu, qui garde un regard curieux sur la gamine. Elle a l’air au courant de rien, cette pauvre gosse, qu’il pense.

Les rires s’enrayent. Comment ca, tous frais payés ? Bourse d’état. Comment ça, Georgia s’en irait ? École avec pensionnat. Comment ça, en Écosse ? Et la mère tourne de l’oeil, et les frères et soeurs dévisagent Georgia, avec la tête des gens qui se demandent d’où elle sort, cette bonne blague.

Ils ne savent pas, eux, que le monsieur prend Georgia à part, quelques instants suspendus, pour lui révéler ces mots magiques. Tu es une sorcière, Georgia. Ce 20 janvier, sa vie a changé.

22 mai 1992, 17h10

Droite, gauche, droite, gauche, demi-tour. 36 secondes. Merde. On recommence. Droite, gauche, droite, gauche, demi-tour. 38 secondes. Punaise ! On recommence. Droite, gauche, droite, gauche, demi-tour. 37 secondes. Un cri étouffé lui échappe, et Georgia balance son balai au sol. Il rebondit, une fois, deux fois, sur l’herbe sèche du terrain d’entraînement.

- C’est pas très pro, ça, lâche une voix grave, derrière elle.

Georgia se retourne, sa queue de cheval venant claquer dans le vent. Ses yeux sont presque noirs, furibonds, ses mains sur les hanches. Qu’est-ce qu’il lui veut, celui-là ? Elle ne le sait pas, peut-être, qu’elle a agi comme une enfant ?

- J’ai pas besoin de commentaire, merci bien.

Elle le dévisage, avec ses trois têtes de plus, son haut de sport au liseret rouge et or, et elle sent son coeur tomber dans son estomac en réalisant de qui il s’agit. Dubois a un sourire goguenard en l’observant, petit minois aux yeux rougis d’effort, qui tente de l’intimider. Il se contente de pointer le balai, à ses pieds :

- Tu devrais tenter le rôle de poursuiveuse, ça t’irait bien mieux. Jolie progression, cela dit, cet après-midi.

Et Georgia ne le quitte pas du regard, lorsqu’il reprend son chemin, tranquillement, pour rejoindre son équipe qui s’entasse de l’autre côté du terrain. Gauche, droite, gauche, droite, demi-tour. 36 secondes. Elle ne le quitte pas du regard, la semaine d’après, lorsqu’ils se croisent à nouveau, s’entraînant chacun d’un côté. Gauche, droite, gauche, droite, demi-tour. 34 secondes. De temps en temps, il trotte jusqu’à elle, lui lâchant une idée d’exercice pour tenter les essais de poursuiveurs, l’an prochain. Gauche, droite, gauche, droite, demi-tour. 33 secondes. Et elle les applique, parce qu’elle sait faire, écouter les gens, leur faire plaisir, briller pour eux. Et plus elle les applique, ces exercices, plus elle prend plaisir. Poursuiveuse, alors ?

24 janvier 2004, 20h46

Les ongles de Georgia sont plantés dans la chair d’Andrew, plantés dans sa hanche, alors qu’il a le bras passé sur ses épaules, un verre à la main, l’air des plus décontractés. Son sourire, à elle, est figé – face à eux, les flashs crépitent une dernière fois et, Angela, à leur gauche, éclate de rire.

- Les stars de la soirée, dites-moi ! Vous en volez la vedette à la créatrice, moque-t-elle en pointant du doigt la styliste derrière l’inauguration de ce soir.

Les lèvres de Georgia s’étirent en un nouveau sourire, tout aussi factice, mais n’a pas le temps de lui répondre; déjà, un journaliste de la Gazette lui plante un dictaphone sous le nez, tout sourire. Georgia louche dessus, surprise de voir cet appareil au milieu d'une soirée pareille. Le journaliste a l'air fier de ceux qui ont trouvé un outil révolutionnaire, modifié à sa sauce, - rechargé par magie, rendez-vous compte ! - sans réaliser qu'il avait des dizaines d'années de retard. Georgia retient un sourire, et se plie à l'exercice. Oui, elle va bien. Oui, Andrew est adorable. Oui, c’est marrant, de jouer dans des équipes rivales et de traîner ensemble. Non, ils ne sont pas ensemble, ensemble. Oui, elle se prépare bien pour la saison. Non, elle n’est pas enceinte, grands dieux. Non, aucun problème de santé. Oui, promis, aucun problème du tout. Rien du tout, enfin. Oui, elle s’entraîne pour le mondial. Oui, oui, la coupe du monde de 2006 fera du bien à la société. Non, elle ne souhaite pas dire quoi que ce soit au sujet du Ministère et de l’Enchanteresse. Non, même après l'élocution du ministre, lundi. Non, elle n'écoute pas Reissen. Non, elle n’est pas politisée. Bien sûr, qu'elle veut l'égalité mais... Oui, elle est née-moldue, mais qu’est-ce que ça peut bien – Andrew interrompt l’interview, plaquant férocement sa main sur l’épaule du journaliste. Il lui adresse un sourire glacial, et se détourne sans plus un mot, entraînant Georgia avec lui.

La main d’Andrew s’est faite plus forte sur l’épaule de Georgia, qui retient un soupir.

- Il ne m’a pas posé une seule question à moi, gronde-t-il.

Elle lève les yeux au ciel, une micro-seconde. Ses doigts quittent sa hanche, et viennent se croiser sur sa poitrine. Il est arrivé, finalement, à 19h pile, et a rejoint ses côtés avec le sourire goguenard des vainqueurs. Elle a soupiré, évidemment, et l’a laissé lui embrasser la joue. Que peut-elle faire ? C’est ça, sa vie. Du paraître. Et le paraître, c’est mieux avec un type comme lui, un vrai sorcier, un mec musclé, un mec riche et puissant, un batteur célèbre. Même si elle est Georgia Harris, et que les gamins s’arrachent ses autographes, et que les mégères maudissent son teint frais.

21h. Il est l’heure de faire son discours, ambassadrice fière de cette marque dont elle ne sait quasiment rien. La styliste a l’air sympathique, c’est déjà ça. Ses ongles crissent sur sa baguette, alors qu’elle la place sur sa gorge, pour porter au loin ses paroles. Elle relève les lèvres, observant avec délice tout ce peuple qui attend qu’elle parle, elle. Georgia, fille d’ouvriers. Georgia, poursuiveuse phare. Georgia, malheureuse en puissance.

9 mai 1993, 00h01

Elle a le souffle court, le coeur qui s’emballe. Les mains d’Alex sont chaudes sur son corps, chaudes sur son dos, alors qu’elles la serrent, lui malmènent la peau. Son souffle est erratique, à lui aussi, et ça lui gonfle le coeur. Elle ne sait pas trop si c’est la bonne solution, de se réfugier contre son corps, de respirer son odeur à plein poumons. Elle sait qu’elle ne l’aime pas, et peut-être que c’est grave, de se donner pour la première fois comme ça. Elle ne sait pas trop si ça sert à quelque chose, de s’aimer, quand elle voit ce que ça a donné, chez elle. Qu’est-ce que ça vaut, de s’enflammer, pour se détester ? Non, tout ce qu’elle veut, c’est ce corps qui la serre contre lui, qui l’englobe dans un réconfort, même si surfait. Ce soir, elle a besoin de ce contact. Elle en a besoin, plus que jamais. Parce qu’elle a peur, Georgia, elle a la peur qui lui noue le ventre, et ces mains qui lui caressent l’estomac, ça le lui ferait presque oublier.

Il l’a retrouvée, prostrée au pied du feu, les joues rouges, les yeux vides, le torse se soulevant à mille à l’heure. Le corps tremblant. Il a compris, tout de suite, Alex. Il a compris, après les annonces de la journée, ce qui l’a mise dans cet état, et il l’a pris dans ses bras. Il lui a caressé les cheveux, déboussolé, parce que Georgia, c’est la fille tranquille, la fille qui rit. C’est Georgia, la classe suprême. Georgia, elle ne fond pas en larmes, devant le feu de cheminée, aux heures sombres de la nuit. Georgia, elle ne tremble pas, quand il l’attrape et lui colle un baiser dans le cou, pour rire, au détour d’un couloir.

Alors ce soir, il est un peu plus doux qu’avec les autres. Il lui murmure des mots, presque doux. Et Georgia, elle plante ses ongles, ses ongles parfaits, toujours nickels, dans son dos, arquant ses hanches. Tout va bien, tout va bien. Ça va aller.

Ça va aller.

C’est ce qu’elle pensait, Georgia, en débarquant dans ce nouveau monde. Dans ce monde de magie, ce monde fou, où elle ne comprend presque rien, encore maintenant, des années après y avoir été plongée. Ce monde fait de ses rêves d’enfants, ce monde d’échappatoire, où elle mange à sa faim, vit au chaud, apprend tous les jours. Ce monde où elle est comme les autres, comme tout le monde. Presque. Parce que, finalement, il y a quand même un ‘eux’, et nous. Nous, les nés-moldus. Nous, les sang-de-bourbes. Elle sera toujours inférieure, toujours différente. Pas assez riche, pas assez posh, pas assez le sang bleu. Pas assez, pas assez, pas assez.

Elle déteste ces mots, ils la rendent folle.

Alors, ce soir, elle oublie sa peur, en réfugiant son visage dans le creux du cou d’Alex, haletant son plaisir.

24 Novembre 1994

Un éclat de rire la secoue, et le regard du français la dévore toute entière. Georgia s’essuie le coin des yeux, et dépose sa main bronzée sur son épaule.

- Il faudra vraiment que tu me la présentes, elle a l’air exceptionnelle !

Que c’est bon, ces nouvelles arrivées. Ces hommes, aux cheveux dorés, qui la suivent du regard. Ces femmes, aux mains soignées, qui l’intègrent dans leurs rires. Elle se sent reine, elle se sent belle, à pirouetter de groupes en groupes, d’amis en amis. Partout, on salue sa bonne humeur, on salue sa répartie.

“Vous l’avez vue, la poursuiveuse de Serdaigle, qu’est-ce qu’elle est jolie !”, murmurent certains. “Apparemment, Chang et Harris ne s’échangent pas un mot,” gloussent certaines. “C’est parce qu’Harris a embrassé Diggory en première,” pouffent d’autres. “Sah, qu’est-ce qu’elle est belle,” soupirent, encore et encore, de pauvres figurants.

Et Georgia trône, sourire tranquille, dans sa vie facile.

18 Décembre 1995, 19h49

Ses ongles d’un rose pétant pianotent distraitement sur le sol froid sous ses jambes, sa bouche mastiquant un chewing-gum parfum fraise, un des derniers qu’il lui reste de sa réserve de la rentrée. Quasiment tout le monde est parti, pour fêter Noël en famille. Il n’y a qu’elle, de son dortoir, à être restée. C’est étrange, ces mois-ci. Cho n’a dit un mot à personne, quasiment. Tous les soirs, elle pleure dans son lit. Georgia n’a même pas la force d’insonoriser son lit – ça lui fait presque du bien, de l’entendre pleurer. Elle, elle n’arrive qu’à vomir. Le chewing-gum, c’est pour l’empêcher de s’empiffrer. Des fois, ça marche. Des fois, moins bien. Elle essaie, pourtant. D’oublier ce besoin, d’oublier qu’elle vomit, d’oublier que Cho pleure, tous les soirs, et que le dortoir ne dit rien. Elle essaie. Parce que, partout, les clans semblent se renforcer, chacun est tendu à l’extrême.

Malgré tout, c’est mieux que chez elle, où sa famille se détruit.

Son père est crevé.

Overdose, cet abruti. Des rails de coke, une affaire mal terminée. La mère est tombée sur le corps. C’est Marcus qui l’a prévenue : il célébrait la mort de ce con. C’est un con, mais c’est son père, à Georgia. Elle porte son nom. George, Georgia. Il lui avait fait de beaux sourires, quand elle était gosse. Il l’avait porté sur ses épaules, lui avait chatouillé le ventre. Il lui avait ramené des glaces, les étés, en rentrant de la mine. C’était son père. Son abruti de père camé. Darren et Donna ne se parlent plus; elle est retournée vivre chez leur mère. Georgia n’a pas trop compris le débat : une histoire de fric, peut-être. De came, sûrement. De père crevé, assurément.

C’est une drôle d’année, vraiment.

Alors elle mastique ses chewing-gums, à défaut d’avoir chopé des clopes à Marcus, et elle se force à faire ses sourires. Ils sauront pas, ici, la misère de sa vie là-bas. Ils ont pas à savoir. C’est tout ce qui la maintient, de pouvoir être quelqu’un d’autre, quelqu’un de mieux. Elle replie ses doigts sur les épaules des amis, elle dépose des baisers à la commissure des lèvres, elle se fait joueuse, mutine, elle se crée son espace de tranquillité, fait de superficialité. Il n’y a que le Quidditch, encore et toujours, qui ravive le pétillement naturel au fond de ses yeux. Elle a reçu une lettre d’Olivier, hier – il est passé de réserviste à joueur principal, enfin. Ça lui emplit le coeur de joie. Petit plaisir, au milieu de cet océan de catastrophes qui s’enchaînent.

24 janvier 2004, 23h15

- Joli discours.

Georgia relève les yeux de son verre, où un liquide rose cherche à l’hypnotiser, et plante ses prunelles dans celles amusées d’Olivier. Elle roule des yeux, laissant un frémissement venir trahir son amusement partagé.

- Ne te moque pas de moi, je n’allais pas cracher sur cet argent.
- Ça aurait été terrible de ne pas pouvoir craquer pour une nouvelle robe, dès demain, je comprends !

Sa main libre vient repousser l’épaule d’Olivier, agacée. Il ne comprend rien. L’argent, c’est éphémère. Du jour au lendemain, ça disparaît. Il lui faut vivre, au jour le jour, et dépenser. Alors, pour assurer son train de vie, ce sont des soirées pleines d’événements comme ceux-là – Georgia ne peut mentir, pourtant, elle en raffole. Les flashs, les regards sur elles, les applaudissements. C’est presque aussi bon qu’un match gagné.

- Qu’est-ce que tu fais là, toi ? Pour une fois que je pouvais passer une soirée loin de toi.

Il rigole, et se contente de faire un geste lâche en direction de la styliste.

- Amie de la famille. Je vois bien que tu préfères n’importe qui plutôt que moi, rajoute-t-il, sa main attrapant la sienne, où une marque se détache encore sur son poignet.

Alors, Georgia détourne le regard, les joues rosissantes, la boule dans la gorge. Ah oui, Andrew. C’est plus facile, d’être avec lui. C’est plus facile, parce qu’elle peut mieux faire semblant. Devant Olivier, c’est une autre affaire. Elle lui retire son poignet, se mordille la lèvre et inspire.

- Tu m’excuses, il m’attend, on rentre ensemble. On se voit lundi, à l’entraînement.

Des distances, encore.

24 mai 1997, 15h57

Les esprits sont comme échauffés, cette année, chacun vit sa vie passionnément. C’est sa catharsis, ces heures passées dans les airs, à oublier le monde, à se concentrer sur le souaffle et ses coéquipiers. Rien d’autre ne compte. Elle ne travaille que de manière surfaite - juste assez pour ne pas être dernière, mais pas suffisamment pour s’offrir un bel avenir. Qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir faire de sa vie, de toute façon ? Revenir dans le monde moldu - bosser, comme ses frères et soeurs, à des postes merdiques, où elle ne gagnera pas plus de 1000 livres le mois ? Son entretien avec Flitwick a été désespérant de platitude. Aucun avenir, aucune perspective. Comment est-ce qu’il peut lui demander ça, avec les exemples dans sa vie ? Non, on a pas d’ambitions, chez les Harris, Professeur Flitwick, chez les Harris, on prend ce qui vient, merci bien.

C’est Olivier, encore, qui lui offre une porte où s’engouffrer. Elle reçoit un courrier, un matin, pour lui annoncer que le weekend prochain, des sélectionneurs seront là. Pourquoi ne pas tenter ?

Elle a le sang qui se glace, elle n’y a jamais pensé. Faire d’un hobby, un métier ? C’est incompatible avec son vécu. Le métier, c’est le premier qui vient, pour gagner de l’argent. Se nourrir. Avoir un toit, de la bouffe sur la table. Merlin, de quoi chauffer la maison. Rien que ça. Un métier de passion - et puis quoi, encore ?

Ce jour-là, pourtant, Serdaigle a éclaté l’équipe de Poufsouffle, c’est une jouissance absolue. Le match est déchaîné, et encouragée par Cho, forcément capitaine, Georgia fait des ravages. Elle a le coeur au bord des lèvres, à la fin du match, les jambes qui flageolent, mais l’esprit si libre, si flamboyant. Aussi, quand, à la sortie des vestiaires, la sélectionneuse des Harpies vient la voir, Georgia a le sourire assuré des gens qui savent.

Elle la veut comme poursuiveuse, évidemment.

Alors Georgia hoche la tête, évidemment.

Elle ne peut plus faire autrement, maintenant. L’opportunité est là, et son sang est vif. Elle la veut, cette position.

Son avenir, enfin, se trace. Loin du trou de Cromlington, loin des pourris qui critiquent son sang. Elle trônera sur son balai, et sera la figure de proue des Harpies. Georgia, et son regard qui brille, son regard qui vous déchire en deux, au moindre pas de travers, mais aux lèvres qui murmurent les plus beaux compliments. Hypocrite, peut-être. C’est comme ça, la vie de survie.

Hiver 1997, horaire flou

Les Mangemorts sont partout. Les gens se traquent, les morts s’ensuivent. La nausée est constante. L’entraîneuse des Harpies prend Georgia à part, ce sont des murmures pressés, des voix inquiètes qui échangent. On la congédie. Les affaires sont fourrées en panique dans un sac, l’estomac est retourné, elle s’enfile des barres chocolatées par dizaines. C’est Olivier, toujours, qui vient la récupérer, et la porte claque derrière eux. Les mains de Georgia tremblent contre les siennes, et il les porte à ses lèvres, la réconforte comme il peut. Ils ne savent pas quoi penser, pas quoi imaginer. C’est la guerre, vraiment ? Ses ongles roses et ses talons hauts ne lui sont d’aucune aide contre les rafleurs.

Il faut disparaître.

Le coeur dans l’estomac, Georgia laisse sa baguette et son balai, son fétiche, son plus précieux, au chaud chez Olivier. Elle débarque à Leeds, où sa mère a emménagé. Elle a un autre gamin, de quelques mois. Georgia n’était pas au courant. Le père a foutu le camp, il y a quelque semaines. Apparemment, il avait une mission à accomplir. Elle se demande s’il serait pas des rafleurs, lui aussi; la psychose la prend. Ça lui met la nausée – elle la suit, constamment. Cette fichue nausée. Elle s’enfuit de chez sa mère, sans dire un mot.

Son frère, Luke, l’héberge chez lui, elle s’occupe, encore, de leur gamin. Ils comprennent pas pourquoi elle est rentrée, pourquoi elle se cache, pourquoi elle a peur. Ils l’entendent pleurer, dans la salle de bain, et pensent à une peine de coeur. Il n’y a que ça, après tout, dans leur pauvre vie. Le boulot, les gosses, les peines de coeur. Aucune guerre à l’horizon. Ça, son nouveau monde, son échappatoire promise, il le lui a réservé. Une guerre, sur un plateau en argent : cadeau.

L’envie lui démange d’envoyer des lettres, à tout le monde, pour être sûre qu’ils aillent bien, qu’ils sont encore en vie. À Sasha, sa coéquipière des Harpies. À Cho, qui ne méritait pas sa colère de lycéenne. À Olivier, qui a toujours été son sauveur tranquille, inconscient des changements qu’il a apporté à sa vie. C’est impossible, pourtant, et ça la rend folle. Elle qui vivait, entourée de gens, entourée de peuple, toujours vivante, toujours vivace, se retrouve seule, cachée, barricadée dans sa famille de fou, à devoir renier son âme de sorcière.

Sa baguette est cachée chez Olivier, et il faut qu’elle réapprenne à vivre sans. À faire semblant. Tous les matins, elle se regarde, longuement, dans le miroir, dévisage l’uniforme du resto où bosse Luke qui lui tombe sur les épaules. C’est son avenir, finalement – de se retrouver là, de retour à Newcastle, bloquée dans cette vie. C’était écrit, c’était prédit : la malédiction des Harris. Georgia sert les assiettes, sans un sourire, sans un pet de bonheur. Tout ce qui la maintient, c’est des heures, et des heures, passées à courir. Elle fait le tour du bloc, le tour du square, le tour du parc, le tour de la ville. Elle court, pour tout oublier. “You prepping for the marathon love?!” crie l’épicier au coin de la rue, tous les matins, sourire goguenard aux lèvres. If only.

2 mai 1998, quelle heure, déjà ?

C’est Olivier, qui la prévient, pour la bataille finale. Reviens, on a besoin de toi.
Besoin d’elle ? Maintenant, ils ont besoin d’elle ? Maintenant, elle n’est plus à cacher, plus une sang-de-bourbe ? Maintenant, elle doit reprendre sa vie de sorcière ? Est-ce que ça en vaut la peine, vraiment ?

Il y a Jack, au restaurant. Il lui a offert une jolie robe, et l’a emmené dîner. Il étudie le commerce, à la fac de Newcastle, il a un sourire en coin et des taches de rousseurs. Ça pourrait être sa nouvelle vie, ça. Elle ne méritait pas plus, finalement. Alors, elle n’a pas répondu.

Trop lâche, peut-être. Trop blessée, surtout. Une plaie béante.

Trop curieuse, finalement. Elle reçoit un autre courrier, pressant. Reviens, s’il te plaît. La bataille finale n’est pas si finale. Ils ont encore besoin d’aide. Alors cette fois, elle avale sa salive; elle regarde son frère, son neveu, son uniforme - et elle réalise. Plutôt mourir là-bas, que passer sa vie à se saigner. Elle rejoint Olivier et Sasha. Elle avait essayé de lui mettre la main aux fesses, à l’époque, alors Georgia lui avait envoyé sa baguette dans le nez. Cette fois-ci, elles ont chacune leurs baguettes dans la main, bien serrées, à aider comme elles peuvent. Les premiers sorts sont hésitants, un peu pitoyables. Ça fait des mois qu’elle ne l’a pas touchée. Ça lui a fait trembler tout le corps, d’y reposer les doigts.

Elle se démène, comme elle peut, pour aider ce petit bout de société auquel elle est bien plus attachée qu’elle n’y pensait. Elle recroise Pénélope, là-bas, qui l’avait si bien accueillie, quand elle n’était qu’une gamine, haute comme trois pommes, et ça lui redonne du feu à l’âme.

Le Ministère est repris aux mains des Mangemorts, enfin.

Ce soir-là, Georgia s’effondre dans la tente de leur camp de fortune. Elle aimerait appeler Marcus, ou Darren, n’importe qui de chez elle. Elle aimerait entendre leur voix, et leur dire qu’elle va bien, qu’elle est en vie, qu’ils vont y survivre. Ils riraient, ces cons, ils ne comprendraient pas son élan d’amour, son élan de folie. Chez eux, le seul malheur qui pèse, c’est que l’Angleterre perde le mondial. Alors, Georgia, elle fond en larmes.

2 Septembre 2000, 15h06

Les mois qui suivent sont étranges. Il faut se reconstruire, reconstruire son pays. Ça paraît absurde de passer ses journées à voler, à s’entraîner. Pourtant, bien vite, on les attend sur le terrain : il faut redonner vie aux loisirs, vie aux plaisirs, pour que le peuple s’emporte à nouveau, se divertisse.

Ça devrait être facile, elle a toujours fait cela. Tirer un trait sur ce qu’il faut cacher, se concentrer sur l’avenir, les nouvelles opportunités. Elle n’a pas le choix, finalement. Ça lui bousillerait le cerveau, de trop y penser, de trop s’y concentrer. C’est plus facile, de jouer la fille facile, la fille heureuse, la fille qui va aider à se reconstruire, à se démener.

Aux yeux de tous, elle s’impose de son sourire, de sa force. Aux yeux de tous, Georgia est tranquille. C’est une belle plante, aux jambes longues, aux bras musclés, aux yeux qui forcent l’envie; une plante qui a envie de s’imposer, de montrer qu’elle n’est pas n’importe qui. Alors, elle se démène, aux entraînements, aux conférences, elle est présente médiatiquement comme jamais. Il y a ces soirées, ces nuits folles, ces nuits VIP, où elle se laisse inviter, où elle va en riant fort. Personne ne voit, les vomissements, les doigts au fond de la gorge, les crises de larmes, aux douces heures du matin. Personne ne voit, les heures passées à se serrer les mains à les en faire devenir blanche, sur les manches de son balais. Personne ne voit le dégoût, parfois, qu’elle pose sur ses mains, sur sa baguette : elle a tué des gens, probablement, elle ne s’est jamais retournée pour vérifier, avec cette magie qui lui devait une nouvelle vie.

Alors, c’est bien plus facile, de faire semblant.

Olivier, ça le rend fou. Il cherche partout la gamine heureuse que Georgia était. Il ne comprend pas, il n’a jamais compris : Georgia, ce n’est qu’une pauvre gamine des fins fonds d’une ville minière, au sang trop de bourbe. Elle n’a jamais existé, la gamine vraiment heureuse qu’il s’imagine. Elle a toujours été dans le paraître. Toujours ? Oui, forcément. Elle y croit, en tout cas. Il veut continuer à aider, pourtant; il parle des sélections que tient son club, le mois prochain : il faut qu’elle y aille. Un changement d’air, c’est ce dont elle a besoin. Une vie londonienne, un club entouré de gens qui l’aiment. Elle roule des yeux. Il ne comprend rien.

Et pourtant, elle y va, forcément. Quand ne l’a-t-elle pas écouté ?

À l’Automne 2000, elle franchit les portes des vestiaires du club de Flaquemare. Numéro 7.

25 janvier 2004, 00h45

Sa chevelure blonde décolorée s’étale sur les oreillers, se coince derrière son dos. Elle tourne la tête, passe une main sous sa nuque, les dégage de là où ils sont piégés. À côté, Andrew ronfle. C’est régulier, cyclique quasiment, et ça résonne bien trop fort. Elle plisse les yeux, soupire. Ses doigts viennent se poser sur ses tempes et, lentement, s’efforcent à les masser pour un peu de réconfort. Ça lui tape dans le crâne. Soirée de merde, de A à Z. Andrew, et sa force sur elle, qui la fatigue, la révulse. Olivier, et ses piques, qui ne comprend rien. Ces reporters pour tabloïds, inquisiteurs, qui ont ressassé ses souvenirs, qui la forcent à s'engager. Qu'est-ce qu'elle en a à faire, de Reissen.

Le réveil, sur la table basse, clignote pour afficher 46, quand Georgia se redresse. D’un geste, elle récupère sa baguette, près de l’appareil, et réunit ses vêtements. Il lui faut une minute, pas une seconde de plus, pour se rhabiller et récupérer son sac. Déjà, les talons claquent sur le sol du loft dénudé, et Georgia dévale les escaliers.

La porte claque derrière elle, laissant Andrew, tiré de son sommeil, hagard.

Du bout des ongles, elle tapote un numéro sur son téléphone portable, récupéré au fond, à gauche de la crème, dans son sac minuscule. Sa voix est rauque, fatiguée, quand elle murmure :

- Allô, Donna ? Oui, je sais, ça fait longtemps. Il est tard, je sais… mais j’avais envie de te parler.

La fratrie n’est plus, aujourd’hui - mais des fois, aux heures creuses de la vie, l’enfant en boule dans son lit a toujours les mêmes réflexes. Appeler Donna, sa grande soeur, la seule et l’unique. Sa Donna, de Newcastle upon Tyne, qui grogne un "fuck off, love", et raccroche sans plus de cérémonie. Alors Georgia rit, seule dans la cage d’escalier, parce que rien n’a changé. Presque rien, finalement.

FT. Ester Expósito (Isleys) ; Pseudonyme Julia ; ge 22 ans ; Comment as-tu trouvé le forum ? c’est un TC !; Un petit mot à ajouter ? jvm <3 Ta fréquence de connexion comme d’hab, trop souvent

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
hiboux : 3012
pictures : She's called Georgia, darling, Georgia Harris UQKrvcx
TEATIME is always epic with englishmen | ALWAYS in love with his dear Lily | BOOKS lover | MAGISTER es potionis
Sam 28 Mar - 22:14
FIIIIIIIIIRST \o/ (oui je cède à l'appel du first !)

Je suis grave, grave, grave hypée, tu le sais déjà ! Rebienvenue sur le forum <3 J'ai hâte de la découvrir dans ta fiche et de rp avec ta belle <3

Invité

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Invité
Sam 28 Mar - 23:25
SAH WHAT A PLEASURE :smi19:

Marche moi dessus avec ces talons aiguilles, j'sais qu't'aimes ça.

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Invité
Dim 29 Mar - 0:00
Décidément, que des belles filles qui arrivent :smi11: re-re-bienvenue du coup :leuv:

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Invité
Dim 29 Mar - 9:46
Quelle exquise demoiselle que voici voilà :smi10: Une joueuse de Quidditch en plus...Je m'en régale déjà d'avance hé hé :smi17: ça me donne déjà des idées de lien fu fu


Re bienvenue parmi nous petit chouchou! :smi19:

Le gif avec les talons me fait penser aux jambes d'Hélène... :smi6:

Bisou poutou :leuv:

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Dim 29 Mar - 12:18
Wahou ! Je ne sais pas si tu as fini ta fiche ou pas mais j’ai adoré te lire, tu as une très jolie plume et ce personnage est incroyablement pensé / monté. Elle est très attachante, cette jeune née-moldue, il me tarde de la voir évoluer parmi nous <3

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Dim 29 Mar - 15:15
re bienvenue parmi nous :smi49: :smi49:

Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
MODÉRATRICE
hiboux : 304
pictures : She's called Georgia, darling, Georgia Harris B5097c269a0f90ad90c06e5cda963512817b5f34
Dim 29 Mar - 15:20
Mahhh mais quel accueil ! Comme je vous aime !

Hâte de RP avec vous tous, mon petit Olivier, mon Malachy à écraser, douce Ginny ancienne collègue, Winnie petit lien à traficoter hehehe, et Vita la belle !! Merci pour vos mots !

Jokla, merci beaucoup beaucoup pour tes mots, j'ai tellement galéré sur cette fiche haha ça fait beaucoup de bien de lire ça ! T'es un amour !

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Invité
Dim 29 Mar - 18:54
Rebienvenue :asao:

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Dim 29 Mar - 18:59
Ohlala mais cette fiche :kwua:

Je l'ai dévorée ! :smi62: Heureuse de te retrouver sous de nouveaux traits, j'ai hâte de te voir en jeu avec Geo :smi46:

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