AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Inner wird es dunkel sein, dringt überhaupt kein Licht hinein [Hekate & Engel]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Aller à la page : Précédent  1, 2

Engel Bauer

Engel Bauer
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 860
pictures : Inner wird es dunkel sein, dringt überhaupt kein Licht hinein [Hekate & Engel] - Page 2 Tumblr_o875a2WxoW1v3qeuyo3_640
Mer 10 Juin - 19:04
Inner wird es dunkel sein,

Dringt überhaupt kein Licht hinein


ft. @Hekate R. Murphy


fin janvier 2004

J’hésite à la regarder. L’intimité du moment m’intimide sans que je ne cherche pourtant à la repousser. Les doigts de Hekate appuient leur caresse dans mes cheveux et je clos les paupières quelques secondes encore, laisse retomber mes épaules, force mes muscles à se détendre pour accepter la douceur qu’elle m’offre. La voix de l’Irlandaise se fait plus basse, comme si elle craignait d’aggraver le mal et un sourire tendre affine mes lèvres quand elle évoque les concerts. Je fais « oui » de la tête.
- Sans doute, ouais… La puissance des amplis dans les oreilles pendant quinze ans, ça pardonne pas.
Je rouvre les yeux alors qu’elle me liste toutes les solutions auxquelles elle pense dans l’instant et je la regarde avec un air attendri bien que je sache déjà devoir répondre par la négative à chacune de ses idées. La voir essayer de m’aider a quelque chose de touchant et je me demande encore ce qui fait qu’elle prend cette peine là où tant d’autres ont préféré fermer les yeux et repartir comme ils sont venus. Je ne les blâme pas. J’étais un inconnu pour la quasi-totalité d’entre eux. C’est peut-être cette différence qui change absolument tout avec Hekate.

Un sourire triste s’empare de mes traits quand je lui réponds :
- Crois-moi, j’ai tout essayé, des dizaines de fois… Y a rien qui marche. Je sais que les acouphènes ont tendance à s’aggraver quand je suis fatigué ou que je suis stressé, c’est tout. Des fois, j’entends quasiment rien. Je les oublie. Suffit juste que je m’occupe. Mais les pires jours, c’est juste trop fort. Je ne peux pas les ignorer, y a rien à faire. Ce soir… c’est pas un bon jour.
Je penche légèrement la tête sur le côté, essaye de lui donner un sourire rassurant. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète outre mesure. Après tout, je vis avec mes acouphènes depuis longtemps.
- Ca fait quatre ou cinq ans que ça dure... J’ai mis un moment à comprendre ce que c’était. Les oreilles qui sifflent après un concert, j’ai toujours connu ça. C’était normal, surtout pour un connard comme moi qui n’a jamais voulu porter de protections.
Je fais une moue honteuse. Zven et les autres m’engueulent à ce sujet depuis des années. Mais j’ai toujours voulu sentir toute la puissance des ondes, le son le plus brut possible, comme je l’entendais dans la fosse des stades lors de mes premiers concerts, adolescent.
- Ca passait au bout de quelques heures. C’était rien. Et puis un jour, c’est pas parti.  
Je passe une main sur mon oreille gauche, comme un réflexe. Mon regard quitte celui de Hekate pour se poser sur Londres et son festival de lumières derrière la baie vitrée.
- Y a pas grand-chose à y faire. Il faut juste attendre que ça passe et qu’on reparte sur une meilleure période. Ca va finir par partir. Ca part toujours…
Mon expression n’est pas aussi rassurante que je tente de l’être. Mon optimiste s’est laissé ronger avec les années et mes trop nombreuses déceptions. Mais je fais de mon mieux pour faire disparaître de son visage les tensions inquiètes qui s’y trouvent.

Je ne vois pas Hekate réfléchir quand j’évoque mes soucis. Je ne sens pas les mots qui hésitent à sortir de sa bouche pour me rappeler la légitimité de tout ce qui m’arrive et toutes les conséquences que j’ignore encore. C’est sans doute mieux ainsi. Je n’aurais pas eu le courage de me lancer dans un tel débat. Mais lorsque mon regard revient croiser le sien, je ne vois que la joie adorable qui s’est emparé de ses traits après que je lui ai confié cette particularité qui la caractérise alors qu’elle se trouve là, après toutes ces semaines, quand la plupart des filles ne reste jamais plus de quelques heures. Je crois trouver dans ses yeux l’étincelle d’une fierté typiquement féminine qui m’amuse et que je lui laisse bien volontiers. Sa pirouette me fait sourire plus franchement encore alors que je confesse en baissant le regard :
- Ca n’a pas toujours été de leur seul fait.
Rarement, en vérité, car je décide souvent de la fin de la rencontre bien avant elles. Je sais avoir blessé beaucoup de celles que j’ai chassées, avoir étouffé l’espoir qu’elles portaient en se voyant devenir l’élue d’un artiste à succès, celle qui lui inspirerait toutes ses prochaines œuvres et qu’elles pourraient accompagner un temps sur un même chemin. Une seule femme est parvenue à s’octroyer cette place autrefois, il y a des années. Je pense qu’elle a maudit depuis chaque pas que nous avons fait ensemble. Je déglutis à cette pensée puis la balaye d’un geste maladroit de la main pour ne pas m’attarder sur le sujet et Hekate n’insiste pas. Elle va chercher son pantalon à son tour et en tire un sachet en lin blanc. Je la regarde faire, intrigué, et observe avec mille questions l’étrange bout de bois qu’elle en sort. Elle tend alors le bras vers la porte, murmure quelques mots, et un cendrier débarque avec un paquet de cigarettes. Je cligne plusieurs fois des yeux, comme écrasé par un trop plein d’informations quand je réalise soudain une autre spécificité de l’Irlandaise : elle n’utilise pas de baguette.

Loin, très loin, je viens chercher les rares souvenirs de mes cours d’histoire de la magie à Durmstrang, quand je griffonnais des notes de musique, bien au fond de la classe, pendant que la vieille Sidorov déblatérait ses légendes et ses leçons sur des sorciers aux pratiques et philosophies bien différentes des miennes. Je ne me suis jamais vraiment intéressé à tout cela, plongé dans mon univers déjà trop loin des apprentissages de bases que je devais maîtriser. Mais je me souviens de ces histoires de voix, de bâtons, de pierres… Tous ces foci si différents des baguettes que certains rares élèves employaient dans l’école. Il semblerait que Hekate fasse partie de ceux-là.

Mais je n’ai pas le temps de lui poser une question. Sa main délaisse ma nuque, laissant la fraîcheur ambiante mordre ma peau réchauffée par la sienne, comme une impression de manque déjà imprimée dans mes chairs. Je regarde Hekate, le trouble si prégnant dans le creux de mon ventre qu’il fait trembler mes prunelles alors que j’abandonne le reste de mon dernier mégot dans le cendrier.

Sa remarque me fait rire, un vrai rire cette fois, alors que je dépose le récipient sur la table de nuit. Est-elle une fille si facile qu’elle le prétend ? Comment pourrais-je le savoir ? Je ne sais rien d’elle, simplement la flamboyance de son caractère qui irradie dans cette façon qu’elle a de me prendre, une brûlure que j’ai sentie dès ce premier soir au Viper quand elle s’est mise à diriger la danse. Je revois encore la façon qu’elle avait de me regarder, son talon appuyé sur le barreau de mon tabouret et la proposition si directe, presque précipitée, qui balayait les fioritures des comportements policés pour nous offrir au plus vite l’abandon dont nous crevions d’envie l’un et l’autre. Fait-elle de même avec chaque homme qu’elle désire sur l’instant ? Et surtout, a-t-elle pour eux les mêmes gestes, les mêmes attentions que celles qu’elle a eues pour moi ? Hekate me tend son paquet et j’exagère une moue étonnée pour bien noter le fait qu’elle m’offre sa première cigarette après toutes celles qu’elle m’a volées. Puis je lui souris pour la remercier sans un mot et la fixe plusieurs secondes avant qu’elle ne me coupe le souffle.

Je cligne plusieurs fois des yeux alors que son regard s’abaisse sur le bout de sa cigarette et le briquet dont elle essaye de tirer une flamme. Je reste sans voix, absolument paralysé, abasourdi par sa proposition encore une fois si saine qu’elle dénote dans mon univers pétri de mensonges et de faux-semblants. Je suis tombé dans tant de pièges depuis le début du succès du groupe, me suis confronté à tant de déceptions, que la voir m’offrir encore cette simplicité si pure me bouleverse. Mon trouble est si grand que je suis à peine capable de remarquer le sien, caché dans les hésitations de son timbre et le tremblement de ses yeux qui me reviennent à travers la fumée de sa cigarette. Elle me sourit et je ne peux que répondre par le même frémissement des lèvres alors que sa taquinerie vient dissimuler notre gêne à tous les deux. Un demi temps s’échappe. Je m’entends souffler :
- Ouais. Ouais, j’aimerais bien…
Et je tends délicatement la main pour lui demander son briquet, déposant une caresse au creux de ses doigts comme un remerciement qui s’alanguit quand j’ai de nouveau l’occasion de la toucher.

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi, nus sur les draps, sans même nous soucier de cette intimité qui m’effrayait tant. Nous avons parlé de l’Irlande, de ces paysages que je ne connais pas, de Poudlard, de la relation de Hekate avec Allan et des quelques fois où nous nous sommes croisés, moi l’adolescent en crise qui détestait devoir supporter la présence du microbe de première année qui suivait son aîné comme un chiot perdu, et elle, la petite brune de Serdaigle que ce Serpentard ténébreux intimidait trop. Je lui ai parlé de l’Allemagne, de cette envie de musique qui m’a fait revenir avec tous mes potes en Angleterre, de ces années de galère avant de décrocher le succès. Elle m’a confié être venue nous voir un soir dans un pub quand nous n’étions pas encore connus. Elle était venue applaudir Allan, bien sûr. Je ne me rappelais pas qu’elle était là. Nous avons parlé de nos soirées les plus affreuses, de nos expériences douteuses, des relations sans lendemain devenues trop nombreuses, des repas tardifs pris sur le pouce en sortant de boîte, des rendez-vous expéditifs qu’on achève trop tôt pour une main moite. Nous avons parlé des concerts. Nous avons parlé de nos voisins. Des gars, de ses collègues, du boulot qu’il faudra faire demain. Nous avons parlé pour ne rien dire, ou si peu finalement… Juste occuper le vide, quelques heures durant, sans autre volonté que celle d’oublier tout ce qui nous gravite autour, sans rien évoquer de trop sombre, de trop viscéral, de trop personnel. Simplement parlé, comme si nous en avions enfin le droit, passant d’une position à l’autre, assis au bord du lit, allongés sur le matelas, les deux mains derrière la tête en regardant le plafond. Je me suis entendu rire, grogner quelques fois, sans jamais me départir du sourire qu’elle a glissé sur mon visage. Et j’ai chéri chaque minute jusqu’à ce que la nuit avance et que le ciel à travers la baie vitrée devienne plus noir que le fond de ses pupilles.  

Assis dans un coin du matelas, le dos enfoncé dans un oreiller contre la tête de lit, je regarde un moment l’extérieur, récupérant mon souffle après un autre rire. Quelques secondes s’échappent avec nos derniers mots, plus alanguies que celles qui les ont précédées. Le silence s’étire et je sens au creux de mon ventre l’atmosphère qui change, s’appesantit, comme pour prévenir de la fin de l’instant. La parenthèse enchantée se referme et je sais qu’elle a déjà trop duré pour que je me permette de la prolonger. Je respire plusieurs fois. Mon sourire se ternit quelque peu, attristé par cette solitude à laquelle il faut de nouveau consentir. Mais je ne suis pas entièrement abattu pour autant, trop conscient de ce cadeau qui m’a déjà été fait.
- Il est déjà tard pour une professeure qui reçoit ses élèves au petit matin, pas vrai ?
Mon regard revient sur Hekate, empli d’une douceur reconnaissante.
- Il faut sans doute que je te laisse rentrer.
Le ton de ma voix repousse tout culpabilité. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète de devoir partir, ou de la manière dont cela doit être fait. Cette soirée est déjà plus belle que tout ce que j’aurais pu espérer.

Comme pour l’encourager, je m’appuie sur mes bras pour glisser au bord du lit et attraper mes fringues que je passe rapidement. Caleçon. Jean. Le strict minimum pour paraître un peu plus décent au moment de lui dire au revoir. D’un geste, j’écrase ma cigarette qui vient rejoindre ses nombreuses sœurs dans le cendrier et me redresse pour boucler ma ceinture. Je fais alors quelques pas vers la baie vitrée contre laquelle je viens m’adosser, les mains dans les poches, pour laisser de l’espace à Hekate le temps qu’elle s’habille. Je fais attention à garder le regard loin d’elle jusqu’à ce qu’elle ait enfilé son dernier vêtement, comme si l’instant éteint rendait maintenant cette intimité malvenue. Et ce n’est que lorsqu’elle ajuste ses habits que je m’entends lui souffler :
- Tu reviens bientôt ?
Mon regard vient chercher le sien, tremblant comme celui d’un fautif, comme si je n’avais pas le droit de lui demander cela, moi qui revois si peu de femmes, moi qui l’ai si mal reçue aujourd’hui et qu’elle a dû apaiser au lieu de trouver toute la chaleur qu’elle venait chercher. Mais mon cœur frappe à grands coups dans ma poitrine, demande encore cette ultime faveur, cette assurance de ne pas l’avoir perdue et de connaître encore un autre soir la douceur qu’elle m’a confiée aujourd’hui. Car je crains tant de choses, tant de répercussions qui finiront bien par venir... Mais de toutes celles qui pourraient encore m’atteindre, aucune ne m’effraie plus en cet instant que de voir Hekate disparaître de ma vie.



roller coaster

(2262 mots)

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
pictures : Inner wird es dunkel sein, dringt überhaupt kein Licht hinein [Hekate & Engel] - Page 2 7l39
Mer 15 Juil - 7:20

Inner wird es dunkei sein, dringt überhaupt kein Licht hinein



ft. @Engel Bauer ( 1 329 mts )
Hekate n’était plus certaine de rien. Assise là, sur ce lit qu’ils n’avaient pas réchauffé, elle n’aurait pu dire si l’altruisme de sa suggestion en était vraiment ou s’il n’était que l’excuse camouflée pour satisfaire le besoin égoïste de rester un peu plus. Elle était arrivée pour assouvir contre lui un besoin charnel, une envie irrépressible qui lui tenaillait le ventre depuis l’avant-veille. Tout aurait dû se passer comme les fois précédentes. Ils s’enlaçaient. S’embrassaient. Et après avoir vicié son souffle haletant de la fumée d’une cigarette, elle s’échappait à nouveau et ne restait plus que l’attente d’une prochaine fois, qu’accompagnait les marques douces de ses mains sur ses hanches.

Son sourire, son rire lui étaient délicieux. Mais quel connard. Combien de fois l’avait-elle maudit ainsi, dans son lit de Poudlard, alors que la polémique déclenchée par ses soins ébranlaient les murs du château ? Et qu’elle était idiote, de rester là, volontairement tiraillée entre sa raison et ses envies. L’une lui hurlait de s’en aller immédiatement. Qu’il ne récoltait que ce qu’il méritait. Qu’il se battait pour une cause qui n’était pas la sienne et qui lui était même préjudiciable. Dangereuse. Et l’autre… l’autre la suppliait de rester, ne serait-ce que pour avoir le temps de glisser encore un peu ses doigts contre sa peau, pour s’abreuver une seconde de la douceur qu’elle ne pouvait voir que dans ces moments-là si loin de l’homme cynique que l’on voyait partout. Oh, rassurez-vous. Elle ne se faisait pas d’illusion. Elle n’était pas aveugle au point de croire que ces moments là lui étaient tout particulièrement dédiés. Il était un parmi tant d’autres. Elle était une parmi tant d’autres.

Et malgré la torture constante de son esprit, elle se plaisait à revenir.

Et puis ce soir, tout avait été différent. Le mal-être d’Engel l’avait touché bien plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer, et lui avait fait prendre conscience que si auparavant elle venait par envie de sexe, ce soir elle était venue par envie de lui. C’était lui qu’elle était venue chercher sans prévenir et lorsqu’il s’était mollement forcé à céder à ses avances, elle en avait eu une nausée violente à l’idée d’avoir pu lui faire du mal. À l’idée d’avoir failli passer à côté des signes qui auraient immanquablement entraîné l’allemand dans une étreinte qu’il ne désirait pas et qu’il lui accordait par simple … sympathie ?. Pas lui. Pas lui et pas comme ça. Elle avait manqué de tout gâcher. Aurait-il accepté de la revoir après qu’elle eut posé sur son corps les caresses que son inconscient refusait ?

Elle préférait ne pas y penser. Elle préférait rester là, à l’écouter parler et à oser lui demander de rester, par peur que la solitude n’aggrave son mal. Foutaises. Si elle s’inquiétait pour lui, elle n’avait pas non plus l’envie de partir.

Il accepte.

Et elle sourit. Un sourire tendre, doux, reflet des caresses auparavant déposées contre sa nuque brûlante, tout contre ses cheveux bruns. D’une main, il lui demande son briquet et lorsqu’elle lui tend, leurs doigts s’effleurent. Le ventre de la sorcière se tend. Son corps s’emballe. Et il lui faut mobiliser ses muscles pour s’empêcher d’à son tour alanguir son toucher.

Ce soir, ils avaient parlé. Une vraie conversation. Loin, si loin des “ salut Murphy ” et des “ à la prochaine, Bauer” polis qui ponctuaient leurs ébats comme autant de parenthèses. Elle lui avait raconté l’Irlande et son manque. Le Connemara, où le temps semble différent. Le lac, qui avait bordé sa maison d’enfance et sur lequel, certains soirs d’été, on voyait se refléter les étoiles. Et de cette odeur bien particulière que prenait le sol juste après les pluies du printemps. Elle lui avait parlé d’Allan, et de sa présence rassurante lors de ses premières années à Poudlard. Lorsqu’elle était arrivée, perdue et angoissée, au milieu de gens qui ne comprenaient ni son accent ni ses croyances, il avait été là, et elle s’était accrochée à lui. Elle rit au visage étonné de l’allemand lorsqu’elle lui confia qu’elle l’avait bien remarqué, Serpentard en pleine crise d’adolescence, et combien la tignasse blonde qu’il arborait à l’époque l’avait intimidée autant qu’attirée.

Et puis il y avait eu l’Allemagne et la jeunesse d’Engel. Les premiers concerts, et celui où elle était venue applaudir Allan. Si elle se souvenait bien, elle venait juste de se fiancer, ce soir-là Ils avaient parlé de tant et tant de choses, pour détruire peu à peu l’anonymat qui subsistait encore entre eux. Parfois, elle joignait son rire au sien. Ou bien se contentait-elle de le regarder en souriant. Elle avait sans doute roulé des yeux, aussi, deux ou trois fois lorsqu’ils s’étaient racontés leurs conneries adolescentes et que finalement ils n’avaient jamais vraiment cessé depuis. Nus sur ce lit, dans une intimité qui pour une fois n’avait rien d’effrayant, ils avaient comblé le silence, achevé de leurs mots le vide d’une pièce trop grande, perchée au-dessus de Londres.
Dehors, le temps s’écoulait, implacable, inconscient qu’aux yeux d’Hekate, il n’existait plus. De temps en temps, le klaxon d’une bagnole aurait pu leur rappeler que la vie continuait autour d’eux, s’ils s’étaient donné la peine d’y prêter attention.
Ils avaient parlé de tant et de tant de choses. Elle n’aurait pu tout retranscrire. Et elle ne le voulait pas. Certaines choses étaient faites pour ne durer qu’un court instant seulement.

Allongée sur le ventre, un oreiller entre ses bras croisés au devant d’elle, l’Irlandaise le regarde rire une dernière fois. Et puis le silence revient. La conversation est épuisée et déjà elle sent s’étioler autour d’eux l’atmosphère qu’ils étaient parvenu à construire. Alors elle en profite, de ce rire qui secoue sa poitrine et qui balaye, comme les autres avant lui, l’inconfort par lequel cette soirée avait débuté.
Hekate soupire, et permet à son corps de s’étirer, tandis qu’il prend enfin conscience de l’heure avancée de la nuit.

“ Tu me chasses après avoir entendu mes anecdotes gênantes ?! Ouah, c’est rude, Bauer.”

Mais son ton faussement outré ne peut ternir la bienveillance de son sourire. Il a raison. Il est grand temps qu’elle rentre. Cette soirée, aussi agréable soit-elle, ne pouvait se substituer à quelques heures d’un sommeil qu’elle avait d’agité depuis peu.
Le corps ankylosé, la sorcière se redresse et s’en va chercher les vêtements dont il s’était empressé de la délester, quelques heures plus tôt. La ceinture de son jean tinte lorsqu’elle le remonte jusqu’à sa taille et lorsqu’elle achève de passer son débardeur, elle note le regard détourné d’Engel.

“ Ah, donc tu mates même pas ? Tu pourrais faire un effort, tu sais tous les sacrifices qu’il faut, pour un corps comme ça ? ”

Sa bêtise la fait rire quand elle se penche pour récupérer oghams et cigarettes et faire disparaître la moindre trace de son passage ici, hormis la douce et jolie étincelle qu’elle lit encore dans les yeux bleus du rockeur. Mais sa bêtise à lui la surprend, sous la forme d’une question qui lui fait froncer les sourcils. S’attendait-il sérieusement à ce qu’elle refuse de revenir ? Avait-il peur qu’elle parte définitivement pour qu’il prenne le temps de formuler pareille demande ?

“T’es con. Évidemment.”
Qu’il était bête.
Qu’il était attendrissant.
Quel doux idiot.

Ses affaires ramassées, elle achève la distance qui les séparent pour déposer doucement la paume fraîche de ses mains sur ses joues. La barbe qui picote doucement la peau alors qu’Hekate se penche pour déposer un baiser doux sur le sommet de son front.

“ Je reviens dès que possible. Et pas de bêtises. Sinon je vais être obligée de te faire payer mes heures de thérapie. Et si je suis une prostituée abordable, tu ne peux certainement pas t’offrir mes services de thérapeute. ”

Dans son regard, l’étincelle de moquerie s’éteint doucement. Ne reste plus que la chaleur bienveillante avec laquelle elle l’avait écouté toute la soirée. À nouveau, elle lui sourit.

“Sérieusement. Fais attention à toi, Engel.”

Et un battement de paupières plus tard, elle avait disparu.

lumos maxima
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum