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Inner wird es dunkel sein, dringt überhaupt kein Licht hinein [Hekate & Engel]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Engel Bauer

Engel Bauer
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 860
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Lun 16 Mar - 0:40
Inner wird es dunkel sein,

Dringt überhaupt kein Licht hinein


ft. @Hekate R. Murphy


fin janvier 2004

La nuit commence à peine à tomber sur les gratte-ciels londoniens. Accoudé à la rambarde de mon balcon, je prends la dernière cigarette de mon paquet et me mets à regarder l’horizon sans un mot. Mais le silence ambiant fait ressortir la cacophonie qui se joue dans ma tête car depuis le 18 janvier, mes trouilles et incertitudes ne cessent de se répondre dans mon esprit.

L’adrénaline et le sursaut d’orgueil évanouis, toutes les conséquences potentielles de notre coup d’éclat me sautent à la figure à chaque levé du jour. Jamais je n’ai eu la naïveté de croire que les choses seraient différentes, ça non. Une existence calme et posée n’a jamais été celle dont j’ai rêvé de toute manière. Mais les journées n’en sont pas moins pesantes pour autant. Tous les jours, une horrible boule me tient au ventre alors que j’allume la radio pour me tenir au courant des dernières nouvelles du monde sorcier. Il y a bien des débats réguliers, des allusions à notre concert sur le parvis de Gringotts et quelques sorciers pour s’émouvoir des réactions qu’il a suscitées, mais rien qui ne provienne du premier intéressé. Allons, Potter ! Ne me dis pas que tu ne répondras rien. Tu ne le peux pas et tu le sais.

Pourtant, son silence perdure et chaque jour qui passe sans que le gamin ne prenne la parole aggrave mon anxiété car je ne sais pas ce que cela signifie. Même Narcissa Malefoy a profité des gros titres du Sorcier du Soir pour répondre à peine quatre jours après notre concert. Que fait-il, putain ? Pourquoi ne répond-il pas ?

Ma langue claque d’agacement et je jette mon mégot d’une pichenette du haut du balcon pour rentrer chercher un nouveau paquet de clopes à l’intérieur. Je jette un œil en passant à l’exemplaire de Sorcière Hebdo que Zven m’a apporté un peu plus tôt dans la journée : le numéro du 20 janvier contenant un portrait du groupe fait juste après le concert anniversaire de Malefoy. Nous avons accepté une courte interview pour l’occasion et rencontré une espèce de poufiasse qui a tenté de nous coincer à presque chaque question pour tenter de nous faire cracher un titre moins craignos que celui que ses deux neurones et demi étaient capables de pondre. « Le groupe rock le plus sulfureux de Grande Bretagne »… On n’avait jamais trouvé plus original ! J’ai mis un point d’honneur à la laisser patauger. Je me souviens encore de son insistance et de l’aplomb avec lequel elle me posait ses questions, la confiance de celles à qui personne n’a jamais tenu tête, peut-être à cause de cette paire de loches jetées sous le nez des invités avec son décolleté qui lui descend jusqu’au nombril. Jamais je n’ai tant eu envie de pourrir une interview.

« - Comment s’est passée votre rencontre avec les élèves de Poudlard ?
- C’était une collaboration artistique unique, avec des jeunes talentueux, à l’écoute, et pleins de bonne volonté. J’espère qu’elle a été aussi enrichissante pour eux qu’elle l’a été pour moi.
- Et comment êtes-vous entré en contact avec la chorale de Poudlard ?
- C’est une information que nous ne souhaitons pas divulguer. Cet accord a été conclu avec tous les participants au projet afin de les protéger de représailles indignes d’un Etat de droit que certains esprits étriqués appellent déjà de leurs vœux. Nous ne voulons pas qu’il puisse arriver quoi que ce soit à tous ceux qui ont rendu ce projet artistique possible.  
- N’y avait-il que des enfants de la chorale ?
- Je vous l’ai dit. Nous refusons de nous étendre sur ce sujet et plus particulièrement encore de dévoiler quoi que ce soit qui pourrait mettre en danger l’anonymat des enfants. Aucune retombée ne doit pouvoir les affecter, c’est une règle que nous avons décidée bien avant de chercher à monter ce projet. Si certains veulent discuter des répercussions de notre action et en trouver les responsables, nous sommes tous les six à leur entière disposition.
- Il est étrange de vous voir défendre si farouchement leurs intérêts quand vous être le premier à les avoir mis en mauvaise posture. Vous saviez que les impliquer dans la composition d’un tel titre risquerait de les mettre en danger, n’est-ce pas ?
- Que dire alors de vos tentatives répétées de me faire avouer leurs noms ? »

Nos regards se sont fusillés un instant avant qu’elle ne rebondisse sur d’autres questions aussi futiles que prévisibles, à se demander si elle avait vraiment besoin de fiche pour se les rappeler : notre réputation sulfureuse entretenue depuis nos débuts, la provocation et la violence qui a gagné nos textes avant de prendre un tournant plus politique.
« - N’avez-vous pas peur de participer à un retour de la violence en Grande-Bretagne et un éclatement de conflits que tous espèrent éviter ?
- Je n’espère pas éviter le conflit à tout prix. Le gouvernement actuel est une farce qui affaiblit notre société sous couvert d’une plus grande équité entre les citoyens. Je ne crois ni en la vertu de Harry Potter ni au bien-fondé de son projet. Que cela dérange m’indiffère. Ceux qui s’en trouvent gênés devraient se poser la question de leur attachement à leurs libertés fondamentales. Je ne souhaite pas un retour des conflits, mais je ne laisserai pas ce pays s’effondrer seulement par peur d’une nouvelle guerre. »
La gratte-papier a fermé sa gueule. Ça a été le moment le plus plaisant de l’interview.

Je tire d’un coup sec sur le tiroir de l’îlot central de la cuisine et récupère un paquet de cigarettes que j’ouvre sans ménagement pour glisser un nouveau filtre entre mes lèvres. J’allume ma clope et tire une bouffée nerveuse qui peine à me calmer les esprits. Pourquoi ne me réponds-tu pas, Potter ? Qu’est-ce que tu attends ? Ces questions qui tournent en boucle dans ma tête sont sur le point de me faire devenir fou. J’ai du mal à composer. Je peine encore plus à dormir. Et mes acouphènes deviennent de plus en plus fréquents, de plus en plus forts. Ce manque d’action est en train de me bouffer le cerveau et tous les mecs du groupe se posent les mêmes questions que moi. Nous étions tous conscients des risques, mais les voir tarder à se concrétiser est peut-être pire encore que d’en subir les conséquences de plein fouet.

Alors, je me noie depuis des jours dans des plaisirs de façade. Je fume. Je sors. Je claque des fortunes dans d’excellents whiskys. Mes visites au Viper se sont multipliées ces dernières semaines. Je crois que j’ai espéré chaque fois y trouver la chevelure noire d’une magnifique Irlandaise. Mais je n’ai pas eu besoin de l’attendre là-bas, non. Parce que Hekate est revenue.

Elle est apparue un soir de l’autre côté de ma porte, comme une apparition divine pour laquelle je n’ai cessé de prier. Elle savait où me trouver et que je lui ouvrirais, qu’importe le jour. Puis elle est revenue, plusieurs fois, transplanant directement dans mon appartement. Elle ne s’est jamais annoncée, apparaissant certains soirs, plus souvent le weekend, et chaque fois je l’ai retrouvée avec la même ferveur, la même envie. J’ai béni chaque nuit où je l’ai eue contre moi, avec cette simplicité désarmante, parce que nous avions seulement envie de nous voir et de trouver le temps d’une étreinte un abandon sans conséquence, un plaisir pur, sans autre considération. Aucune attache. Aucune morale. Un accord tacite auquel nous nous sommes toujours tenus jusqu’à aujourd’hui et que je n’aurais même pas osé espérer. Nous avons consumé chaque retrouvaille dans la brûlure de nos ébats, laissé de côté les artifices des relations convenables : nous n’avons que peu parlé, et jamais de choses sérieuses, importantes, intimes… Nous ne sommes qu’un exutoire pour l’autre, une présence sans jugement que l’on vient chercher lorsque nous en ressentons le besoin, une lumière à invoquer lorsque les jours s’assombrissent.  

Mais ce soir, sa lumière semble bien vacillante au milieu des ténèbres dans lesquelles je me suis perdu.
Ce soir, elle n’aurait sans doute pas dû venir.



roller coaster

(1357 mots)

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
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Dim 29 Mar - 3:38
Inner wird es dunkei sein, dringt überhaupt kein Licht hinein


ft. @Engel Bauer ( 1 225 mts )
Elle avait pressé le pas sur le chemin de terre, rendu boueux par la neige fondue, creusant à chaque enjambée une distance devenue nécessaire avec ses appartements esseulés. Le vent froid, mordant, s’engouffrait dans son manteau pour mordre sa chair à pleines dents, refermer son étreinte glaciale autour de ses os pour l’en faire trembler. Elle ne cille pas. Tout juste enfouit-elle un peu plus profondément ses mains dans ses poches alors que les lumières du château se faisaient vacillantes, minuscules. Le charme rustique de Poudlard en hiver ne l’atteignait même plus. Si de l’intérieur, les quelques torches allumées çà et là parvenaient encore à en réchauffer l’atmosphère, de l’extérieur il s’en dégageait une impression lugubre que même l’architecture spectaculaire ne pouvait effacer.

La morosité ambiante n’était, il fallait l’avouer, pas la seule raison pour qu’Hekate se prenne à délaisser l’établissement un soir de week-end pour retrouver le froid glaçant de février. Et même si son programme de la soirée avait été plus vide que le désert de Gobi, elle n’aurait pas mis le pied dehors sans une excellente raison. Et depuis quelque temps, depuis cette soirée étrange qu’avait été le bal de Noël, elle en avait trouvé une qui dépassait même la simple notion de l’excellence.

Bauer. Combien de fois, au cours de ses nuits solitaires, l’Irlandaise s’était-elle remémorée cette soirée-là La couleur des flammes sur sa peau luisante, ses mains fermes maltraitant les cordes de sa pauvre guitare. De ce regard, lorsqu’elle était entrée. Dans un moment d’absence, elle aurait pu prier les centaines de dieux du panthéon pour l’espace d’une seconde, s’accaparer entre ses bras la place de l’instrument. Et ce sourire. Morrigan, ce sourire, qu’il n’avait eu que pour elle lorsque par pure démence elle était venue le trouver, dans l’espoir insensé que, peut être, il accepterait de la revoir. Que la nuit, les baisers échangés, lui avaient laissés le même désir d’y revenir et le même goût d’inachevé qui emplissaient son ventre quand elle se surprenait à y repenser.



Ainsi, par folie et déraison, ils s’étaient revus.

Et la sorcière avait retrouvé dans leur seconde étreinte la même chaleur. L’absence de nouveauté n’avait en rien dissipé l’enfièvrement de leurs gestes, lorsqu’il avait ouvert la porte et qu’elle s’était emparé de ses lèvres, réclamant à nouveau, et pour quelques heures, le droit de les faire siennes. La première fois, ils s’étaient trouvés. À présent, ils cherchaient à se découvrir. Hekate apprenait encore les gestes qui font frémir. Ses ongles sur ses côtes. Le bruissement haletant de son souffle à son oreille. Et cette manière, bien particulière, qu’il avait de la serrer dans ses bras au moment même de venir. Ses muscles tendus, devenus pierre autour de son corps souple. Et ce grondement, libérateur, qui faisait trembler la gorge contre laquelle elle déposait ses lèvres. De lui, elle ne connaissait finalement rien, hormis ce qu’elle pouvait lire dans les journaux à scandale et ce qu’elle avait cru desceller dans ses gestes. En revanche, elle commençait peu à peu à pouvoir retracer de mémoire le grain de sa peau, la forme de ses tatouages et le frémissement de ses paupières lorsqu’elle se décidait enfin à le prendre pour crucifier ses angoisses au nom de son plaisir.

Peut-être était-ce finalement une bonne chose, qu’ils ne parlent pas. Le concert controversé dont il était l’instigateur était sur toutes les lèvres, au château. Par sa faute, on avait instauré la délation en réponse à la manipulation d’élèves trop innocents pour comprendre le jeu de pouvoir auquel ils avaient pris part. L’initiative de @Severus Rogue révoltait autant qu’elle ne trouvait de partisans. Le sens moral d’Hekate lui avait interdit de revoir Engel. Elle l’avait immédiatement fait taire. Comme si s’abîmer dans ses bras revenait à cautionner ses idées. Mais ça n’était pas elles, que l’Irlandaise venait chercher, de plus en plus souvent. Elle n’avait pas grand-chose à faire du rockeur politisé au culot monstrueux qui torturait les journalistes sur le banc des interviews. Pas une seule fois elle n’avait entraperçu sur les photos que tablaient les gazettes la fragilité sous-jacente qui l’avait tant touchée lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Mais sans doute était-ce pour cela qu’elle se tenait loin de ce qu’on pouvait dire d’Engel Bauer. De peur qu’un jour, sa morale prenne le pas sur son désir, et ne l’oblige à reléguer leurs retrouvailles au rang de simples souvenirs.



Pré-au-lard offrait une vue bien plus réjouissante que le château. La masse imposante ne pouvait rien contre le charme typique des petites maisons recouvertes de neige. Tout était plus assourdi, ici, et plus vivant à la fois. Les voix qui filtraient depuis la tête de Sanglier paraissaient enveloppés de coton. À moins que l’alcool ne soit déjà venu rendre l’articulation des mots difficiles des quelques soiffards attablés autour de leur whisky. Ah…. Comme elle connaissait ce sentiment. Mais l’ivresse de la liqueur n’avait que peu de saveur en comparaison de ce qu’elle savait l’attendre - ou peut être pas - à Londres. Jusqu’à présent, il avait toujours été là pour recevoir ses visites impromptues. Et si ce soir, c’était différent ?

Son ventre se tordit.

Debout dans la neige, Hekate ferma les yeux. Dans son esprit prit place, de plus en plus nettement, la vision de l’appartement qu’elle commençait à bien connaître. Ses surfaces trop grandes, que même les meubles ne parviennent pas à remplir correctement. Le piano. Les immenses baies vitrées. Et finalement ce balcon, sur lequel elle le laissait presque à chaque fois, après lui avoir volé une dernière cigarette, et un dernier baiser déposé dans ses cheveux. Dans ses membres, la tension familière du transplanage ne tarda pas à apparaître, et dans un battement de paupières, elle avait disparue. Ne restait plus sur le sol que la trace interrompue de ses pas.



À nouveau, l’appartement n’était éclairé que par les lumières de la ville quand elle arriva. Et Engel était là. L’angoisse latente s’évanouit immédiatement. Sur le balcon, le dos tourné, elle ne pouvait deviner qu’à la fumée qui flottait autour de lui qu’il venait de terminer de fumer. Son regard accrocha le cendrier sur la table basse, qui menaçait de déborder. Une ride inquiète se fronça légèrement entre ses sourcils.

“ Encore sur ton balcon ? Quoi, ton appart n’est pas assez grand ? ”

D’un mouvement d’épaule, Hekate se débarrassa de son manteau qu’elle laissa tomber sur le dossier du canapé. Elle avait enfilé de nouveau le débardeur rouge de leur première nuit. Jamais elle n’avouerait qu’il lui arrivait de mettre un peu plus de soin à sa tenue lorsqu’elle savait que son chemin allait croiser le sien. Ridicule, pas vrai, quand on savait que le principe même de leurs rendez-vous était qu’elle s’en déleste.


“ Tu tentes le suicide par hypothermie ? ”

En quelques pas, elle regagna le balcon. La nuque de l’allemand étaient peut-être un peu plus tendue que d’ordinaire quand elle posa la main dessus en guise de bonsoir. Au contact de sa peau, son regard se fit charmeur.

“ Salut, Bauer.”

Mais l’inquiétude qui l’avait saisie devant la surconsommation de cigarette reprit de plus belle au moment où ses yeux se posèrent sur son visage fatigué. Les traits tirés témoignaient de l’absence d’un sommeil réparateur depuis… Depuis quand ? Elle la fit taire, l’enterra profondément pour la dissimuler sous un sourire coquin.

Après tout, ils ne parlaient pas.

lumos maxima

Engel Bauer

Engel Bauer
ADMINISTRATRICE & MJ
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Mar 31 Mar - 2:42
Inner wird es dunkel sein,

Dringt überhaupt kein Licht hinein


ft. @Hekate R. Murphy


fin janvier 2004

Le bruit du transplanage me fait sursauter, serrer les doigts sur ma clope à moitié consumée. Je recrache la fumée en un soupir, m’attendant à ce que Zven soit de nouveau venu vérifier si je ne m’étais pas fracassé le crâne dans une des baies vitrées pour tuer un ennui plus mortel que la pire de mes addictions. Mais je me fige soudain en reconnaissant Hekate. Une sensation brutale me tord violemment le ventre, un mélange infâme des envies qu’elle déclenche toujours avec la même facilité et de cet agacement qui m’envahit à la voir arriver au pire moment, absolument inconsciente de tout ce qui bouillonne dans ma tête. Sa première remarque ne m’atteint pas. Je suis déjà perdu au milieu de toutes mes aspirations et j’hésite à lui demander de partir dès maintenant. Ce serait mieux pour elle, mieux pour moi. Mais reviendrait-elle si je la renvoyais comme cela ? L’angoisse qui me saisit la gorge à cette seule idée est ignoble et je reste alors de marbre jusqu’à ce que l’Irlandaise me rejoigne sur le balcon.

Je n’ai toujours pas dit un mot quand elle arrive à ma hauteur. J’essaye de sourire à sa deuxième tentative de me dérider mais échoue assez tristement. Les questionnements m’assaillent comme autant de voix dissonantes à l’intérieur de mon crâne que même mon acouphène ne parvient pas à couvrir. Pourquoi a-t-il fallu que tu viennes ce soir, Hekate ? Pourquoi ?

Les lumières urbaines dansent sur sa peau blanche. Elle a remis son débardeur rouge, celui qu’elle portait quand je l’ai rencontrée. Je m’enivre à me dire qu’elle l’a fait à escient, spécialement pour moi. Comme je l’aurais aimée ainsi un autre jour, si elle m’avait fait pareil clin d’œil avant que Potter, l’Enchanteresse et toutes leurs histoires ne viennent s’accaparer la moindre de mes pensées ! L’injustice que je maudis en silence contracte mes muscles alors que Hekate s’avance et quand sa main vient retrouver ma nuque dans un mouvement déjà si empreint d’habitude je sens tout mon corps se figer au toucher de ses doigts.

Que dois-je faire, Hekate ? Que dois-je faire quand tu appelles des désirs qui n’attendent que de me submerger ? Comment te dire la déchirure qui gémit dans ma tête, toutes ces craintes qui me torturent sans me laisser une seconde de répit, cette envie de toi qui me dévore alors que je n’aspire qu’à une solitude absolue, loin des questions que tu me poseras si jamais je me refuse à tes charmes ? M’en voudrais-tu seulement au point d’abandonner ici l’alchimie que nous avons pour trouver chez un autre que moi des bras qui ne te repousseront jamais ?

Son salut tombe dans mon oreille sans que je ne l’entende. Mon regard la scrute, obscurci par ces hésitations qui me trahissent et le désir que la dilatation de mes pupilles ne peut cacher. Chaque battement de mon cœur est un coup que je reçois en plein ventre. J’ai peur. Peur de la perdre. Peur de la décevoir. Peur de me dévoiler. Peur de la solitude. Peur de ce monde entier où je ne contrôle rien, pas même ma respiration qui se saccade au moment de faire mon choix.

Mes doigts laissent tomber la cigarette par-dessus la balustrade. Une seconde à peine se passe quand je crois en compter mille. Ma main vient cueillir sa hanche. Je n’ai toujours pas dit un mot. Lequel choisir quand tous continuent de s’entrechoquer dans ma tête ?

Comme une pulsion que j’embrasse, je viens clamer ses lèvres, animé par une fureur que j’étrangle à grand peine pour ne pas brusquer mes gestes. Mon baiser n’est ni tendre ni sauvage, piégé dans un entre-deux ignoble duquel je ne parviens pas à sortir. Le froid mord la peau de l’Irlandaise. Je lui offre la chaleur de mes mains, remontant jusqu’à l’épaule avant de plonger mes doigts dans la masse de ses cheveux, épousant l’arrière de sa tête quand je lui donne toute l’ardeur de ma bouche. Je ne romps le contact que pour la regarder un instant, m’assurer qu’elle ne me demandera rien et quand je lui tire enfin cette unique certitude, je glisse ma main dans la sienne pour la guider jusqu’à ma chambre.

Mon pas est rapide, pressé par ce mal-être qui se fait insupportable à mesure que mon inquiétude grandit et que les acouphènes gagnent en puissance. Rien n’a jamais été pire que l’anxiété pour aggraver ces sifflements qui hantent les moments les plus éprouvants de ma vie. Comme un besoin de brûler chaque étape, de finir au plus vite ce que je regrette déjà d’avoir commencé, je me débarrasse de mon t-shirt dès que mes pieds rencontrent la chaleur du parquet de ma chambre. Mes gestes sont secs, maltraitent mes muscles que j’arrive à peine à détendre au moment de rapprocher Hekate pour lui enlever son haut. Le débardeur tout juste ôté, mes doigts descendent déjà sur le bouton de son pantalon alors que mes lèvres reviennent rencontrer les siennes, confient une excuse silencieuse pour toutes celles que je ne parviens pas à prononcer. Tous ces mots que je retiens semblent s’entasser dans ma gorge, envahir ma trachée qui lance à chaque souffle que je cherche entre deux baisers. Le mal s’ajoute à tous ceux qui me tourmentaient déjà et je précipite plus encore mes gestes, avançant jusqu’au bord du lit où je délaisse nos derniers vêtements.

Nus l’un contre l’autre, donnés aux lumières artificielles de Londres qui filtrent à travers la baie vitrée, je me laisse quelques secondes pour regarder Hekate, admirer encore ce visage que je vois ce soir empli de doutes, comme un miroir. Mon cœur s’alarme à me trouver ainsi, si vulnérable dans les bras d’une femme dont je ne sais presque rien, avec qui je n’ai jamais exprimé que ce désir qui irradie ma chair chaque fois que le destin la met sur ma route. Saurait-elle me voir autrement sans vouloir fuir cette intimité que nous avons toujours bannie de nos rapports ? L’hésitation me prend quelques secondes encore avant que je ne la fasse définitivement taire, entretenant l’illusion d’une étreinte semblable à toutes celles que nous avons déjà partagées. Si seulement j’étais certain de pouvoir la lui donner…

Accompagnant son mouvement jusqu’à ce qu’elle rencontre la fraîcheur des draps, j’embrasse Hekate avec ces automatismes sordides que mes coucheries incessantes ont incrusté jusque dans mes gênes. Allongé sur le côté, une main pressant ses côtes, je sais ce que mes instincts appellent et que j’ai de plus en plus de mal à leur refuser car depuis notre première nuit, Hekate ne m’a jamais laissé la prendre. Comme condamné à lui abandonner l’ascendant sans jamais le lui contester, elle m’a toujours arraché ce pouvoir, a dirigé l’étreinte par ses ondulations, adoptant son rythme, son intensité sans que je ne connaisse une fois avec elle cette possession mâle que j’impose à toutes les autres. Je ne l’ai jamais combattue jusque-là, me pliant à ses exigences informulées pour m’assurer ce plaisir qu’elle me procure chaque fois. Mais ce soir, je crève de ne plus rien maîtriser, de ne plus avoir le contrôle sur aucun fragment de ma vie. Je voudrais tant diriger un seul mouvement, prendre la main juste un instant, juste pour cela, retrouver l’emprise pour ne plus être ce pantin que l’on se passe et que l’on abîme sans autre limite que celle qui le brisera tout entier.

Alors, doucement, je la fais pivoter, guide ses hanches pour que son dos épouse le matelas et que je la surplombe, juste cette fois, juste ce soir. Je fixe son visage. Je ne veux pas qu’elle me craigne, ni qu’elle me repousse. La dualité dans mon cœur luit jusque dans mes yeux. Je prie pour qu’elle me laisse faire. Mais l’ombre se referme tout autour de moi et aucun de mes démons ne semble vouloir me laisser lui échapper cette nuit.



roller coaster

(1317 mots)

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
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Dim 24 Mai - 16:55
inner wird es dunkel sein, dringt überhaupt kein licht hinein


ft. @Engel Bauer ( 1 157 mts )

Ce soir, il n’y avait pas eu de réponse. Sa présence ici n’avait jamais été motivée par de longues discussions sur un canapé trop froid, dans l’appartement trop vide des gens qui vivent mais n’habitent pas. Leurs échanges étaient majoritairement sans paroles construites, se résumant alors en de faibles soupirs extatiques avant que le grondement d’Engel n’apporte le point final à leur conversation. Mais quelques mots étaient toujours échangés. Un “bonsoir”, soufflé du bout des lèvres lorsqu’il vient cueillir les siennes. Une phrase ou deux, en prémices naturelles de l’étreinte attendue. Alors, comme d’habitude, elle avait parlé. L’avait taquiné, pour le faire sourire, alléger un moment le poids qui paraissait peser sur ses épaules. Mais même Atlas n’était pas invincible. Alors ce soir, il n’y avait pas eu de réponse.

Son sourire avait été faible. Forcé, par bonne volonté ou simple politesse. Mais aucun son n’avait traversé la barrière fermement serrée de ses lèvres. Pis encore, il s’était tendu sous le contact de ses doigts. Hekate s’était volontairement faite naïve, estimant qu’il s’agissait sans doute là du rendu automatique de la froideur de son épiderme contre sa nuque. Oh comme elle aurait aimé le croire. Elle n’avait connu cette tension inquiète qu’à l’aube de leur première nuit, et elle avait pris plaisir à croire que ses craintes s’étaient évaporées sous la chaleur de ses baisers, sous les ondulations calmes mais implacables de ses hanches. Pourtant, voilà qu’elle était revenue, cette contraction à son contact. Vipérine, l’ignoble certitude que peut-être il n’avait plus envie d’elle s’ajoute à l’inquiétude qu’avait éveillé le cendrier trop plein et son visage épuisé. Peut-être n’avait-il pas envie de la voir. T’es-tu déjà lassé de vos rencontres, Engel ? De vos nuits de solitude partagée qui pourtant semblaient si différentes des autres ? Ses pupilles dilatées, mordant le bleu des yeux, alors qu’il scrute son visage avec autant d’application qu’elle détaille le sien, ne parviennent qu’à peine à étouffer le pincement au ventre que la pensée assassine vient de provoquer. Seule sa main chaude venue enserrer sa hanche lui rappelle un instant qu’il la désire toujours. Que pour une nuit encore, elle serait la bienvenue.

Leurs lèvres s’étreignent et comme chaque fois, la sorcière s’abîme à son contact. À la main qui vient s’enfouir dans ses cheveux glacés, elle offre en réponse un glissement de ses doigts sur sa nuque, une pression pour assouvir l’envie urgente, la soif brutale que ce baiser attise. La cigarette se mélange au goût de sa peau et elle se fait plus pressante, épousant son corps du sien. Raffermissant sa prise sur ses muscles, l’ardeur de son baiser pour faire taire la voix qui lui répète que ce soir, quelque chose est différent. Il est différent. À la chaleur violente du désir se mêle une sensation amère qu’elle tente par tous les moyens d’ignorer.

Lorsqu’il s’éloigne, il lui faut reprendre son souffle. Sa poitrine se soulève, fébrilement. Il la questionne du regard… Et elle ne répond rien. Sans doute aurait-elle dû. Sans doute aurait-il été préférable, même, d’abandonner ici pour échapper un “ tout va bien ? ” qui à défaut de faire perdurer l’étreinte, était nécessaire.

Mais rien.

Il lui attrape la main et elle se laisse guider, accélérant la cadence pour suivre son pas rapide. À nouveau, les images de leur première nuit se superpose à l’instant, dans une comparaison qui ne fait qu’accentuer ses doutes alors que le décor de l’appartement défile sans qu’elle ne daigne lui accorder un regard, les yeux rivés sur le dos musculeux devant elle. La fébrilité avec laquelle il l’entraîne, tout comme celle qui l’oblige à retirer son t-shirt dès le seuil franchi ne sont pas les mêmes. L’urgence est palpable, mais Hekate ne saurait véritablement dire s’il s’agit là d’une excitation viscérale à l’idée de retrouver leurs corps enlacés ou au contraire d’un empressement pour en finir plus vite, comme on se débarrasserait rapidement d’une tâche encombrante.

Les vêtements tombent, sans qu’avec eux n’apparaissait un semblant d’intimité. Il y avait bien longtemps, pour l’un comme pour l’autre, qu’apparaître nu devant un autre n’était plus un signe d’une quelconque intimité, sans quoi connaîtraient-ils sans doute une bonne partie de l’Angleterre. Un geste naturel, que la nudité, une simple étape pour accéder enfin à ce qu’ils cherchaient tout les deux. À cette étreinte presque libératrice dont ils ne pouvaient se passer. De ses ongles qu’elle laisse courir sur les côtes d’Engel, elle espère raviver un peu de la chaleur désespérément absente des caresses qu’il pose sur sa peau, des baisers qu’il lui dédie du bout des lèvres alors que son corps vient épouser de côté la fraîcheur des draps. Ce soir, tout est froid, décidément. Même le désir brûle d’un feu glacial, et quelque chose qu’elle ne peut maîtriser vient à chaque seconde étouffer les étincelles que ses doigts s’appliquent à faire luire sur l’épiderme de l’allemand.

Dans une angoisse sourde, l’Irlandaise se sent basculer, acculant son dos au matelas alors qu’il prend place au-dessus d’elle avec une douceur qui n’apaise aucune de ses inquiétudes. Son corps se tend, réagit, avant même qu’elle ne puisse en maîtriser un geste. Au tour de sa propre nuque de se contracter sous son toucher alors qu’elle rompt le baiser à peine entamé pour le regarder. Ses yeux la supplient, muets mais plus expressifs que chacun de ses gestes jusqu’alors. Pas cette fois, pas ce soir. Ses mains se crispent sur son dos alors qu’elle se bat contre ses instincts. Si tu savais, Engel, comme elle aurait tellement aimé pouvoir t’accorder ce cadeau. Te laisser contre elle, sur elle, épancher un peu des tracas qui peignent tes traits d’une fatigue évidente. Sacrifiée volontaire pour chasser le temps d’une nuit, de quelques coups de reins, ces démons qu’elle ne connaît pas et dont la présence pourtant aussi nette que ton poids sur elle éteint même jusqu’à l’étincelle tant adorée qui brille d’ordinaire au fond de tes yeux lorsqu’elle offre son corps à ton regard.


Mais elle ne peut pas. Elle ne peut pas. Elle est désolée.
La tension de ses muscles se fait trop violente, et il lui faut dès à présent renverser les choses, sous peine de le repousser plus brutalement qu’elle ne le voudrait. Pour ne pas le regarder, elle l’embrasse de nouveau, entourant ses épaules de ses bras tandis que ses hanches elle le fait pivoter pour retrouver la libération de la domination. Déjà, elle respire mieux, et ses doigts se relâchent pour ne plus accorder que des caresses sur la peau masculine. Pour effleurer chaque endroit qui le feront frémir. Contre sa taille, ils remontent, soulignant la forme des pectoraux pour venir trouver ses joues. Encadrer son visage. Le baiser se mue en une douceur apaisante. Le rideau noir de ses cheveux s’abat, isolant l’échange de la lumière artificielle du dehors. Il connaît déjà ce baiser. Et elle espère qu’à nouveau, il parviendra à adoucir une tension qu’elle sait pourtant bien différente.
lumos maxima

Engel Bauer

Engel Bauer
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Dim 24 Mai - 18:22
Inner wird es dunkel sein,

Dringt überhaupt kein Licht hinein


ft. @Hekate R. Murphy


fin janvier 2004

Je l’ai priée. Je l’ai suppliée de me laisser faire. Sans un mot. Sans une contrainte. Je l’ai suppliée du regard, m’accrochant à chaque nuance de ses yeux pour qu’elle comprenne. Je crois qu’elle l’a vu. Je crois qu’elle l’a senti. Mais elle n’a pas pu. Elle n’a pas pu.

A peine son dos couché contre la fraîcheur des draps, j’ai senti la tension s’emparer de ses reins, la tétanie qui a pris sa nuque et ses bras. Tout dans son attitude me criait d’arrêter, de ne pas lui demander cela. Son désespoir a répondu au mien et nos deux souffrances se sont jaugées jusqu’à s’occire, que l’une d’elle fléchisse pour que l’autre la dévore et la fasse taire. La mienne s’est déchirée sous la morsure de ses ongles dans mon dos alors que notre baiser rompu m’a laissé entrevoir toute la terreur soudain nichée dans les prunelles de l’Irlandaise. Le frisson qui a dévalé mon échine a vibré jusque dans mes jambes. Ne me demande pas de céder, Hekate. Ne me demande pas d’abandonner encore, je t’en supplie…

Le cœur au bord des lèvres, j’aurais voulu étouffer son refus d’un baiser aveugle, écraser ses craintes sous la prise de mes mains. Mais ce sont les siennes qui ont entouré mes épaules, emprisonné mes instincts pour les empêcher de l’assujettir. Je les ai entendu mugir, hurler leur douleur à devoir plier encore, se prosterner sous les désirs d’une autre jusqu’à se briser sous ses mains. Et je n’ai rien fait.

Ses hanches pivotent sous les miennes et je ne résiste pas. Je ne parviens pas à résister. L’épuisement étreint jusqu’à la dernière de mes envies, asphyxie tout désir pour ne plus me laisser que cette passivité qui m’enchaîne depuis des semaines. Je roule avec une lenteur ignoble, comme celui qui sait que la suite ne pourra qu’enfoncer davantage le poignard qu’elle a planté dans ma chair. Ses lèvres embrassent la sécheresse des miennes et je crois trembler à leur contact tant je voudrais les repousser. Ses caresses me brûlent. Les frissons qu’elles provoquent sont détestables, si loin de ceux qu’elles savaient appeler chaque nuit sans que je ne puisse rien faire pour les contrer. Ma respiration siffle. Chaque contact est une torture que j’endure pour ne pas briser le peu de beauté qu’il reste dans ces attentions que Hekate précipite pour m’empêcher de la haïr. Je voudrais tellement savoir les prendre et les chérir pour ce qu’elles ont toujours été. Je voudrais tellement, Hekate…

Mais je ne peux pas.

Ses mains viennent encadrer mes joues et elle m’embrasse, comme cette nuit-là. Ses cheveux noirs attirent les ténèbres jusque dans mon regard et je ferme les yeux à m’en fendre les paupières. Car je ne veux pas qu’elle le voie… Je ne veux pas qu’elle voie la colère. Je ne veux pas qu’elle voie la rancœur. Je ne veux pas qu’elle voie les terreurs qui ont imprégné mes iris alors qu’elle me tient à nouveau sous elle, entièrement à sa merci. Et les maigres réponses de mon corps suffisent à me dégoûter de tout ce qui n’a pas encore eu lieu.  

Mes doigts se posent sur ses cuisses, laissés inertes sur sa peau. Mes lèvres peinent à lui répondre, presque immobiles sous la pression des siennes. Je sens mon cœur s’acharner contre mes côtes, se blesser à s’abattre contre mes os pour maudire cette inaction dans laquelle je m’enferme, prêt à crever ma poitrine. Et je garde les yeux clos, si désespérément clos. L’impuissance honnie m’enserre une nouvelle fois la gorge, étrangle toutes mes plaintes pour ne laisser que les tressaillements de mon souffle s’échouer sur le visage de mon amante. Contre elle, à des lieux d’ici pourtant, je ne suis plus que le spectateur d’une étreinte qui devait me rappeler les dernières douceurs d’une existence par trop malmenée. Et pour la première fois depuis que nous nous sommes trouvés, je ne suis plus vraiment là.



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(655 mots)

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
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Dim 24 Mai - 19:27
inner wird es dunkel sein, dringt überhaupt kein licht hinein


ft. @Engel Bauer ( 738 mts )
Naïvement, Hekate avait espéré pouvoir le calmer de nouveau d’un baiser, comme elle avait si  bien réussi à le faire la première fois. L’aider à dépasser ses craintes, à lui faire comprendre qu’elle était là pour lui, loin du simple objet de fantasme qu’une célébrité aussi controversée que la sienne apportait toujours. Qu’elle venait pour lui. Pour ce qu’ils partageaient sans se connaitre, sans se parler, sans même peut être le comprendre. En fait, ce soir, elle avait espéré maintes et maintes choses. Le voir sourire, sur ce balcon. Retrouver dans ses gestes la chaleur et l’envie qu’elle parvenait ordinairement à susciter quand il se retrouvait sous elle, sa peau fiévreuse répondant à la sienne. Sentir ses doigts s’enfoncer dans ses cuisses sous le grondement animal qui faisait vibrer sa gorge et l’aurait fait trembler d’une passion qu’il était bien le seul à attiser. Se laisser aller à la morsure de ses reins qui aurait tout absorbé, tout balayé pour ne laisser dans son crâne qu’un brouillard agréable, né du plaisir le plus pur, et un soulagement bienvenu. Pouvoir même lui accorder ce qu’il lui demandait d’un regard suppliant qui lui avait lacéré le cœur d’une douleur asphyxiante. Elle avait espéré pouvoir faire tant de choses pour lui. Et n’en avait réussi aucune.


Les tremblements qu’elle parvient à tirer de son corps engourdi n’ont rien de passionnés. Tout au plus dépendent-ils du réflexe machinal quand ses lèvres frémissent sous la pression des siennes. Ils avaient tout deux cherchés à se voir conféré le leadership de l’étreinte, et pourtant la victoire d’Hekate avait un goût de cendres. Tout était froid. Fade. Elle n’avait plus sous elle l’homme qu’elle était venu chercher plusieurs fois déjà, chaque fois que Poudlard se faisait trop lourd pour être supporté. Ça n’était plus Engel qui répondait à ses baisers suppliants. C’était ses nerfs. Ses muscles. Des mécanismes autonomes dispensés par un cerveau que pour la première fois elle entrevoyait malade, torturé. Absent. Même les efforts désespérés qu’il paraissait faire pour tenter de la conserver un peu plus contre lui contribuait à agrémenter le dégoût qui se chargeait de lui prendre la gorge.



Tout était froid. Fade. Écœurant.
Ô Morrigan.


Avec horreur, elle saisit les signes, compris les gestes pour les avoir elle-même vécu. Ce corps inerte, sous elle, paralysé par les désirs qu’elle lui imposait et qui pourtant ne la repoussait pas. Par peur, crainte ? Parce que trop absorbé par les émotions qu’il fallait gérer pour pouvoir même se donner le loisir de réagir ? Ô Morrigan. Les doigts inertes déposées sur sa cuisse lui semblèrent chauffés à blanc, et leur contact insupportable, accentuant d’une nouvelle chape de plomb le nœud de son estomac. Qu’était-elle en train de faire ? De quel droit imposait-elle sur sa peau des caresses qu’elle était la seule à désirer ? Une nausée lui saisit la gorge et ses lèvres quittèrent le cou où elles s’étaient égarées pour se pincer en une ligne blafarde. Les yeux clos, les lèvres entrouvertes sur une respiration tressaillante, il ne la regarde pas et elle se voit l’image du bourreau après avoir été victime. Les muscles de son ventre se tendent pour réprimer un haut-le-corps. Il n’est pas là. Plus là.

Ses mains le délaissent rapidement, brûlées par le dégoût qu’elle s’inspire, pour retrouver la fraîcheur des draps, à hauteur de ses épaules. Le silence de la pièce est assourdissant, bourdonne à ses oreilles, lui donnent un tournis détestable. Le corps arqué, les bras tendus pour le délester, elle tente d’éviter de le toucher pour mettre fin à la torture qu’il semble endurer depuis qu’elle est venu rejoindre ses bras. Sa voix se brise, incapable d’autre chose que de chuchoter, implorante.

“ Je suis désolée… ne me fais pas… ”

Hekate déglutit difficilement, et la nuque raide, redresse la tête dans l’espoir de voir se rouvrir ses paupières hermétiquement fermées, comme si la vue de l’Irlandaise était insoutenable. À son tour maintenant de supplier du regard. Qu’il ouvre les yeux. Qu’il réponde à nouveau. Qu’elle n’ait pas mis un terme à ce quelque chose qu’ils partageaient depuis si peu de temps et qui lui était pourtant si cher parce qu’elle n’avait pas osé lui demander si ça allait. Parce qu’elle ne l’avait pas arrêté alors même qu’en arrivant, elle avait déjà senti combien il était mal.

“ S’il te plait Engel… ne te force pas.. Ne fais pas ça.”
lumos maxima

Engel Bauer

Engel Bauer
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Lun 25 Mai - 18:30
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ft. @Hekate R. Murphy


fin janvier 2004

Aurais-je dû te le dire ? Aurais-je dû te repousser, même avec douceur, sans craindre que tu ne te détournes ? Aurais-je dû te confier mes ombres, toi qui ne sais rien de moi et que je ne connais guère mieux ? M’aurais-tu écouté ? Aurais-tu pris peur ? As-tu peur maintenant que je ne suis plus celui que tu as toujours tenu contre toi ?

Perdu dans le noir qui tapisse mes paupières closes, loin de cette séduction que les mains de Hekate implorent, je ne fais que mater mes instincts les plus sombres pour garder l’Irlandaise du mal qui me corrompt. Ses mains sur mon corps sont glaciales, aussi froides que les frissons qu’elles commandent et j’inspire ses parfums qui m’entourent, m’encerclent, m’enserre jusqu’à m’étreindre et m’interdire toute fuite. Le sifflement des acouphènes se fond dans celui de sa respiration alors que son visage plonge dans mon cou et je plisse plus franchement les paupières pour tenter de chasser encore les sensations détestables qui m’assaillent. Car je sais que mon corps lui répond sans que mon esprit ne puisse la rejoindre. La dissonance qui hurle entre mes muscles et mon esprit m’abandonne dans toute mon impuissance car je suis incapable de prendre le risque de rejeter Hekate et ne sais pas non plus comment la satisfaire quand toute mon âme n’aspire qu’à la plus implacable solitude. Alors je reste tendu, paralysé entre ses cuisses, à attendre qu’elle assouvisse des envies auxquelles je ne peux prendre part tant j’emploie toute mon énergie à museler les miennes.

Je ne sens pas tout de suite ses mains quitter ma peau, noyé dans les affres qui se déchirent dans ma tête. Je ne la sens pas se figer à son tour, se tendre en miroir quand elle comprend ce qui se joue sous ses yeux. Il faut que sa voix perce le brouhaha de mes pensées pour que je réalise enfin qu’elle s’est arrêtée et que mon mal-être a fini par devenir le sien, comme je le craignais.

Je rouvre les yeux avec une précipitation maladive pour plonger dans la terreur de son regard et son effroi pénètre mon derme jusqu’à glacer le moindre de mes nerfs. Le monde se fige autour de moi. Je ne vois plus qu’elle et les blessures que je lui inflige à tordre cette relation que nous avons dans le seul espoir de la préserver. Qu’est-ce que je suis en train de faire, bordel ? Ça ne devait pas être comme ça. Ça ne devait pas être comme avec toutes les autres. C’est pour ça qu’elle revient. C’est pour ça que je veux chaque fois qu’elle revienne. Alors pourquoi ?  

Sa supplication me tord les tripes, me retourne les entrailles pour me confronter à toute la cruauté de mes choix alors que je l’ai laissée seule quand elle ne venait que trouver une chaleur que j’avais juré de lui offrir. Mon cœur se fracasse contre mes côtes. Je n’arrive plus à respirer. Et les secondes durent, s’étirent jusqu’à devenir infâmes. Un instant, mes mains tremblent sur ses cuisses, comme rappelées à leur devoir, mais le geste ne s’amorce pas. Je ne fais que la dévisager, jusqu’à ce que mes yeux se referment pour me protéger de son regard. Ma respiration alarmée laisse échapper les prémices d’un soupir. Et je souffle, tremblant :
- Excuse-moi…
Lentement, mes mains remontent sur sa taille et glissent sur sa peau pour la guider sur le côté et me libérer de son emprise. Mes doigts s’alanguissent, offrent cette seule caresse pour toutes celles que je n’ai pas su lui donner, et je la laisse s’allonger au milieu du lit avant de me redresser.

Sans un mot, je m’assieds au bord du matelas et glisse une main nerveuse sur ma nuque tendue à rompre. Je soupire, plus profondément cette fois, et reste immobile un moment, incapable de savoir ce que je dois faire. La situation me paraît inextricable. Je sens tout notre monde fantasmé se craqueler dangereusement, laisser poindre cette réalité crasse que nous étions parvenus à tenir à l’écart jusque-là. La chose était trop belle. Si belle…

Je me penche assez maladroitement pour attraper une jambe de mon jean que je tire vers moi d’un coup sec pour sortir un paquet de cigarettes d’une des poches. Mes gestes sont énervés, trop vifs pour ne pas malmener mon briquet pour que celui-ci me donne enfin une flamme. Cela faisait des semaines que je n’avais plus fumé dans ma piaule. Je crois que j’ai arrêté après la première venue de Hekate… Espérais-je déjà la voir revenir à ce moment-là ? Alors pourquoi tout gâcher maintenant alors que tout était si simple ?

J’inspire une longue bouffée de tabac pour tenter de retrouver mon calme. Mais la peur fouaille mon ventre. Je n’arrive pas à me retourner pour la regarder. Je crains trop ce que je trouverais dans ses yeux. Les secondes passent. Je tire une deuxième taffe. Et je finis enfin par murmurer :
- C’est pas de ta faute. C’est moi…
Mes côtes tremblent en expirant la fumée.
- J’ai du mal à dormir en ce moment. Ça m’arrive régulièrement. Je crois que… je commence à fatiguer.
J’inspire encore, sans tirer sur ma clope, cette fois. Puis je trouve enfin le courage de jeter un regard par-dessus mon épaule pour croiser le sien. L’inquiétude a rendu sa peau blafarde, tiré les traits de son visage. La douleur de la voir ainsi par ma faute est indicible. Mon souffle se trouble encore et je balbutie :
- Je ne voulais pas être comme ça. Je suis désolé…



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(933 mots)

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
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Jeu 28 Mai - 6:34
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ft. @Engel Bauer ( 847 mts )

“ Excuse-moi…”

Ô Morrigan. Le visage de Kate se tord sous les excuses. Les mains qui se saisissent doucement de sa taille ne parviennent pas à défaire la tension morbide qui s’est emparée de ses muscles et c’est avec plaisir qu’elle accompagne le mouvement pour se laisser glisser sur le côté, le libérant de ses cuisses, de ses mains, de ses lèvres. D’elle. Pour le défaire de son corps et de l’étreinte répugnante qu’elle avait manqué de lui infliger par pur égoïsme alors même que depuis le départ, le visage de l’allemand n’exprimait plus qu’un mal être criant qu’elle n’aurait pas dû ignorer.

Allongée là, sur le matelas alors qu’il se redresse, elle est perdue mais elle retrouve avec bonheur la sensation des draps sur sa peau nue, comme si le tissu pouvait effacer le dégoût qui s’est peint sur celle-ci à chaque tremblement des doigts d’Engel. Ne pas se relever. Rester là, le regard rivé sur son dos, ses épaules dont la musculature légère ne parvient pas à cacher la fragilité. Ce soir, Engel était fragile. Oh, elle n’était pas dupe. Il l’avait toujours été. Dès l’instant où elle l’avait rencontré dans ce bar trop bruyant et trop bondé, elle l’avait remarqué. Au départ, l’irlandaise s’était demandé s’il ne s’agissait pas d’un moment passager. D’une vulnérabilité induite par la fatigue provoquée par les néons et par les whiskys qu’ils s’étaient envoyés. Et puis elle était revenue, parfois. Dans un geste. Dans un soupir. Dans la manière dont son corps tremblait sous son poids lorsqu’elle le faisait sien, le réduisant à sa merci dans une ondulation qu’il recherchait pourtant. Elle n’avait jamais tenté de comprendre. Elle n’était pas là pour ça. Son rôle ici, son but, n’était que l’assouvissement d’un désir passager.


Et puis ce soir était arrivé.


À présent, étendue dans ce lit qu’ils n’avaient pour une fois pas réchauffé de leurs ébats, elle pouvait presque voir la masse informe et noire de ses démons comprimer son corps, étouffer la chaleur qui battait d’ordinaire sous sa peau. Et elle restait là. À le regarder sans vraiment comprendre pourquoi il la touchait tellement et pourquoi chacun de ses murmures causait dans sa poitrine une douleur aiguë qui ne demandait qu’à être apaisée.

“ C’est pas grave. C’est rien, Engel. ”

À demi-mots, c’est elle qu’elle tente de rassurer quand l’odeur de cigarette vient frapper son nez. Il ne lui en voulait pas. Elle n’avait pas rompu le peu de charme qui subsistait encore entre eux, pas vrai ? Si elle revenait, la prochaine fois, tout serait de nouveau comme avant. Si elle revenait…

Hekate se redresse. D’abord sur les coudes, elle finit par s’asseoir, incitée par le regard qu’il lui dédie par-dessus son épaule et qui déchire sa poitrine. Elle l’avait vu glorieux, sur scène. Elle l’avait vu brûlant de désir. Tremblant. Haletant. Elle l’avait même vu dans cette vulnérabilité étrange qu’apportait, l’espace d’une seconde, la libération d’un orgasme. Mais pas comme ça. Jamais comme ça. Et les draps bruissent alors qu’elle se rapproche.

“ T’es pas obligé. Repousse-moi. Dis-moi non quand tu ne veux pas. T’es pas obligé. Tu as le droit. Ça ne fait pas de toi une horrible personne. Mais ne fais pas ça. Ça n’a rien de sain et c’est pas… c’est pas ce que je veux. ”

Son bras se tend. Elle aurait aimé alanguir sa main sur sa nuque comme elle le faisait chaque fois qu’elle quittait les lieux. Mais ses doigts refusaient d’obéir, retenus par le souvenir de la tension qu’ils avaient précédemment provoqué chez lui. Alors ils restent en suspend, quelques secondes, sans savoir quoi faire, avant de venir subtiliser la cigarette allumée. La première bouffée de nicotine lui monte à la tête, fait légèrement trembler le monde avec la même intensité que la première du matin.

“ C’est pas une sorte de concours, ou de compétition étrange où il te faut toujours être en forme. Je viens pas ici pour me faire du bien. Je viens parce qu’il y a un échange, tu vois ? Pas parce que t’es une sorte d’objet sexuel et mécanique que je pourrais de toute façon me payer pour 50 gallions dans l’allée des embrumes. Et tu vaux quand même plus que 50 gallions. ”

Et elle sourit, pour tenter de le faire sourire à son tour, alors qu’elle porte à nouveau le butin de son larcin à ses lèvres. Dans un soupir, la fumée s’échappe en volute pour venir polluer l’atmosphère étouffante de la chambre. Et sous le sourire, ses yeux le détaillent. Les cernes qui tirent son visage semblent un peu plus marquées que lorsqu’elle était arrivée, témoignant du manque de sommeil dont il vient de se plaindre. Ses doigts, cette fois, parviennent à céder, une fois la cigarette restituée à son propriétaire légitime, bien qu’à moitié consommée. Ils flottent un peu, certes. Mais réussissent à se faire violence pour se poser sur la nuque d’Engel. S’enfouissant en une caresse qui se veut réconfortante dans les cheveux bruns.

“ Ca fait combien de temps que tu n’as pas dormi, Bauer ?

lumos maxima

Engel Bauer

Engel Bauer
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Dim 31 Mai - 15:27
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Dringt überhaupt kein Licht hinein


ft. @Hekate R. Murphy


fin janvier 2004

J’ai le cœur qui bat dans mes tempes. Le rythme est soutenu, implacable. Je l’entends résonner dans mon crâne, rendu plus fort à chaque angoisse qui renaît sous ma peau à sentir le regard effrayé de Hekate posé sur moi. J’ai l’impression d’étouffer. Pourtant, je ne peux me défaire de l’image de ses yeux quand elle était au-dessus de moi, paniquée… Aucune déception n’est venue noircir ses prunelles, simplement la peur de me voir si mal et d’en être en partie responsable. Cette inquiétude, je l’avais déjà vue chez d’autres femmes, mais jamais si prégnante.

Je souffle des excuses auxquelles elle répond tout de suite, se voulant rassurante. Ma gorge se serre à l’entendre tout faire pour balayer mes craintes, oublier l’incident. La cigarette que je fume ne parvient que peu à me calmer les nerfs. Je ne sais plus quoi faire, quoi dire. Alors j’explique ce que je peux, sans trop lui en dire, car je ne veux pas m’apitoyer, seulement faire en sorte qu’elle ne se pense coupable de rien. Comme si me voir me retourner enfin vers elle lui donnait le droit de s’approcher, Hekate se glisse sur les draps pour venir s’asseoir près de moi. Je ne me tends pas à son approche, trouve même un certain réconfort à la voir amenuiser les distances que j’ai mises entre nous, comme si elle refusait de me voir me fermer. Je lui confie ma fatigue et elle écoute avec une simplicité surprenante, sans qu’une seule grimace ne vienne durcir ses traits. Mes pulsations battent encore. Je sais qu’elle pourrait choisir de partir à tout moment, effrayée de devoir compter avec mes problèmes chaque fois qu’elle reviendra désormais. Mais elle ne s’en va pas.

Je ne vois qu’une profonde tristesse dans ses yeux, celle de me voir ainsi, de n’avoir pas pris la décision de m’arrêter dès les premiers signes de mon mal-être, puis la détermination de faire en sorte qu’un tel fiasco ne se reproduise jamais. Les yeux plongés dans les siens, perdu dans mes affects, je l’écoute m’interdire de me forcer, rappeler les fondamentaux d’une relation saine que je ne croyais exister que dans mes fantasmes et que je découvre aujourd’hui partagée, corrompue par mes seules tendances qu’elle contre encore ce soir avec un naturel désarmant. Je la vois cueillir la cigarette au bout de mes doigts, frémis à peine à son contact, mais mes yeux restent comme aimantés alors que je la regarde porter ses lèvres là où j’ai posé les miennes juste avant. Je déglutis et dévie mon regard vers la baie vitrée pour réorganiser mes pensées avant de lui répondre :
- Je sais. J’ai pas voulu… te décevoir. J’ai pas su quoi faire. C’était très con. Je suis désolé…
Et je parviens à sourire à sa badinerie, pour la première fois depuis qu’elle est arrivée. Le bleu de mes yeux revient embrasser l’ambre de ses iris, reconnaissant et touché par le trait d’humour qu’elle convoque pour essayer de me dérider. La simplicité du moment rend mes derniers agissements plus stupides encore. J’aimerais revenir en arrière, tout recommencer, car je reconnais cet échange dont elle parle. Je sais l’avoir chéri au plus profond de mon cœur pendant toutes ces semaines où nous nous sommes retrouvés.

Hekate me rend ma cigarette et je goûte un plaisir étrange à partager de nouveau le même filtre qu’elle. Un discret sourire lève le coin de mes lèvres un instant alors que j’inspire une nouvelle bouffée de fumée, jusqu’à ce que je la voie amorcer un geste vers moi. Un instant, j’ai craint de me tendre comme un animal apeuré. Mais la crispation n’est pas venue. Sa main se pose délicatement sur ma nuque et je sens mes paupières se clore un instant pour embrasser le contact et mieux m’imprégner de sa douceur. Ses doigts s’enfoncent à la base de mes cheveux et je sens mes muscles se détendre, accepter sa caresse avec toute l’intimité qu’elle comporte. Je ne me souviens pas depuis quand je n’avais plus reçu un geste aussi simple, aussi pur dans ses intentions…

Je ne rouvre les yeux que pour entendre sa question et suis encore une fois touché par le naturel avec lequel elle m’invite à me confier. Elle n’y est pourtant pas obligée. L’hésitation me prend un instant. Je n’ai pas l’habitude de voir les gens s’approcher quand je suis au plus mal. J’expire la fumée de ma cigarette, réfléchis une seconde pour trouver les mots justes et je souffle d’une voix basse :
- Je ne sais pas… Une dizaine de jours ? Deux semaines, peut-être… Je grapille quelques heures par-ci par-là, quand je finis par m’effondrer. Mais c’est rarement plus de quatre heures d’affilée. Mes périodes d’insomnies sont plus ou moins longues, ça dépend de beaucoup de choses. Mais celle-ci commence à durer…
Je termine la cigarette et laisse le mégot s’éteindre au bout de mes doigts, j’ayant plus de cendrier dans la chambre. Quelques secondes s’échappent avant que je ne me décide à poursuivre.
- J’ai… des acouphènes.
Ma main se lève pour désigner mon oreille du bout de l’index.
- C’est comme un bruit qui n’existe que dans ma tête et qui ne part jamais complètement. Certaines personnes entendent comme un bourdonnement, ou un grésillement permanent. Moi c’est un sifflement aigu, comme un truc électronique… L’intensité varie. Certains jours, je ne l’entends presque pas. Mais d’autres fois, c’est fort, très fort… C’est impossible à prévoir, impossible à contrer. Et ça rend fou. Surtout quand tu te mets à l’écouter la nuit… C’est en partie pour ça que j’ai du mal à dormir.
Un sourire las étire le coin de mes lèvres. Je baisse le regard, mais sans honte.
- Je crois que le stress joue pas mal… Ça a tendance à empirer les acouphènes. Et on peut dire qu’il s’est passé pas mal de choses pour moi ces derniers temps.
Inutile de lui indiquer clairement de quoi je parle. Le concert du 18 janvier est encore sur toutes les lèvres. Mais je n’ai pas particulièrement envie de me lancer sur un tel sujet ce soir, surtout avec Hekate dont je n’ai aucune idée des positions politiques. Rien de tout cela n’a d’importance maintenant.
- Je ne me plains pas. J’ai voulu tout ça. Mais… le fait est que ça me tient pas mal éveillé en ce moment et le corps finit par craquer. Ça me rend naze, désagréable, et je ne voulais vraiment pas t’infliger ça. J’ai juste pas su comment gérer…

Mon regard revient croiser le sien, une seconde à peine, avant que je ne me mette à triturer nerveusement mon mégot entre mes doigts.
- Tu sais ? … Y a pas beaucoup de filles qui sont revenues. Plusieurs nuits, je veux dire.
Et je lève les yeux pour plonger dans les siens, empreint d’une timidité manifeste que je lui offre sans trop chercher à la camoufler. Un discret sourire tremble sur mes lèvres. Le rapprochement s’opère, je ne peux prétendre l’ignorer. Mais, ce soir, je n’ai pas la force de le repousser.



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(1176 mots)

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
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Jeu 4 Juin - 4:39
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ft. @Engel Bauer ( 1 532 mts )
Deux semaines. Deux putain de semaines Depuis deux semaines, son corps ne s’accordait alors que quelques heures d’un sommeil qui pouvait être tout sauf réparateur avant que les insomnies ne reviennent prendre possession de ses nuits, le laissant constamment sur le fil entre l’éveil et une envie sans doute irrépressible de repos. Elle ne pouvait imaginer l’était dans lequel il se trouvait présentement, et la culpabilité d’être venue le déranger à un moment aussi critique refit surface, lui enserrant la gorge. Maintenant qu’elle était là, Hekate ne pouvait que compatir. Même au plus fort de la guerre, torturée par des visions incessantes et par la peur qui enserrait son ventre, elle n’avait pas manqué autant de repos. Les potions et les rations d’alcool qu’elle descendait presque quotidiennement pour s’assommer parvenaient à faire un travail suffisant pour lui permettre de s’écrouler comme une masse et de ne penser à rien. Mais elle n’était pas dupe, ou pas naïve au point de croire que ces insomnies qui perduraient n’avaient pas poussé Engel à se tourner vers des solutions qui à défaut d’être saines, auraient pu se révéler efficaces. Et puisqu’il en était là, à lutter comme il le faisait, les muscles tendus, le corps en miettes, il ne devait visiblement exister aucune panacée. Mais c’était pas possible, pas vrai ? On ne pouvait décemment pas condamner un être humain à souffrir de la sorte, non ? Les Dieux n’étaient tout de même pas si cruels.

Quoi qu’en ce moment, ils se défendaient bien sur le sujet, finalement.


Sa main, sur sa nuque, appuya une caresse du pouce, pour combler les quelques secondes de silence qu’il s’octroie après avoir dévoilé ce que probablement il devait voir comme une faiblesse. Peut-être était-ce trop tôt ? Finalement, elle n’était pas la mieux placée pour être la personne qui l’écouterai. Ou peut-être que si, finalement. Peut-être que c’était parce qu’ils se connaissaient si peu qu’elle pouvait être celle à qui il pouvait se confier.

Assise à ses côtés, elle est au premier rang pour le voir lever la main et désigner son oreiller d’un index léger. Hekate la fixe quelques instants, comme si elle espérait pouvoir voir sur les creux des cartilages se tatouer en filigrane le vilain mal qui lui prenait la tête, qui torturait ses nerfs jusqu’à le rendre ombre comme il l’était ce soir. Mais rien. Simplement l’anneau d’argent, au lobe, qui reflétait presque narquoisement les lumières artificielles de Londres, dégueulées par les immenses baies vitrées.

Comme tout le monde, elle avait déjà connu la visite des acouphènes, éphémères pour la plupart des gens. En descente durant un vol. Au réveil après une soirée qui avait transmuté la majorité de son sang en éthanol pur, ou même lorsqu’elle avait attrapé un rhume infernal, en Norvège. Le souvenir du sifflement aigu manqua de la faire grimacer. Si quelques secondes lui étaient déjà détestables, elle ne pouvait imaginer les effets que de longues heures dans le silence, seul en compagnie de ce bruit de radio qui déconne et que rien ne pouvait faire taire, pouvait avoir sur la santé. Sa main se raffermit, et ses doigts jouèrent doucement avec les cheveux bruns qui descendaient dans sa nuque. Son père lui avait plusieurs fois raconté l’histoire d’une connaissance, lorsqu’ils étaient jeunes, qui après s’être retrouvé trop près d’un appareil explosif artificiel s’était vu affligé de ce fardeau. Il avait fini par se crever les tympans, en espérant en vain mettre fin au supplice.

Et elle ne pouvait que le comprendre.

“ C’est les concerts ? ”

Sans même qu’elle n’y réfléchisse, sa voix s’était adoucie. Abaissée. Sans doute pour ne pas rajouter au bruit qu’il endurait déjà.

“ Et il n’y a pas quelque chose, contre ça ? Je ne sais pas… de l’hypnose, ou un appareillage, ou… J’en sais rien. Ou… Ou un émetteur de bruit blanc ? Tu sais ? Le petit boitier pour les vieux, à poser sur ta table de chevet et qui diffuse du bruit blanc tout bas ? … Je raconte sans doute n’importe quoi. L’appareillage c’est probablement impossible avec les concerts, mais… Ça fait longtemps ? ”

À haute voix, toutes ses solutions lui semblent dérisoires. Pire, inutiles. Mais il lui était presque inconcevable qu’il soit obligé d’endurer tout ça sans entrevoir quelques fois la félicité d’un soulagement passager. Il devait bien y avoir quelque chose, non ? Quelque chose qu’il n’avait pas encore essayé… Un remède miracle, qui pourrait redonner à Engel le bonheur d’avoir une nuit calme et sans bruits. Du moins pour celles qu’il ne choisissait pas de passer au Viper à draguer des inconnues en buvant du whisky.

Et bien entendu, le stress faisait son office, exacerbant l’irritation. Au souvenir du concert qu’il avait donné sur le Chemin de Traverse, elle aurait aimé lui dire qu’il l’avait bien cherché. Que c’était bien fait pour lui. Qu’avec une action aussi polémique, il aurait été fou de ne pas s’inquiéter des possibles retombées, de ce qui allait bien pouvoir arriver par la suite. Elle aurait aimé pouvoir lui en vouloir, pour ce qu’il avait déclenché, pour la délation qui avait été mise en place à Poudlard, en réaction de l’enrôlement de simples gamins, sans doute trop heureux de se produire aux côtés d’un rockeur donc la notoriété sulfureuse devait probablement effacer à leurs yeux les parties les plus sombres de ses messages. Les yeux de l’Irlandaise s’attardèrent sur le visage d’Engel, penché vers l’avant. Ses doigts sentaient toujours les muscles de sa nuque, la douceur de ses cheveux sous leur pulpe. Elle avait même ouvert la bouche, attendant que les mots lui viennent naturellement. Et finalement, elle avait soufflé dans un sourire.

“ Ouais, tu m’étonnes. Mais c’est rien. Vraiment. ”

Elle aurait aimé. Mais elle n’avait pas pu. Pas maintenant, pas ce soir. Peut-être même jamais. Avait-elle réellement envie de mettre un terme à tout ça pour ce désaccord ? Ce soir, il n’était pas Engel Bauer, artiste engagé dans le mauvais camp. Et elle n’était pas Hekate Murphy, enseignante à Poudlard dont il dénonçait un embrigadement de la jeunesse qui n’existait que dans sa tête. À chaque rencontre, ils se délestaient de leurs rangs, de leurs titres, de leurs camps à mesure que les vêtements tombaient au sol. Un secret bien caché, avec pour seuls témoins les draps froissés sous leurs deux corps enlacés.

Et elle sourit, encore, à l’étrange chaleur qui s’était développée dans sa poitrine lorsqu’il avait annoncé que peu de ses… conquêtes ? Passes-temps ? Remettaient les pieds ici. Morrigan en était témoin, c’était d’un ridicule… Elle n’avait plus 16 ans, et pourtant malgré l’effort qu’elle fournit pour étouffer son contentement, il n’en demeura que plus visible encore, éclatant, chassant l’espace d’un instant l’inquiétude qui jusqu’alors s’était fait maîtresse de son visage.

“ Elles sont nulles. Ton matelas est trop chouette.”

Son regard s’éloigne, pour s’attarder sur le mégot qu’il triture toujours entre ses doigts avec la même ferveur qu’un croyant serrerait un talisman. Elle se penche à son tour, pour attirer son jean à elle et farfouiller dans les poches et tirer à l’aveugle du petit sachet de lin un ogham particulier qu’elle cale immédiatement dans le creux de sa paume. La main tendue vers la porte, elle souffle rapidement quelques mots et voilà que débarquent son cendrier, et un paquet de cigarettes. Le sien, pour une fois, fraîchement échappée de la poche de son manteau. Sa main quitte la nuque d’Engel, contrainte et forcée, et il lui semble déjà regretter le contact chaud de sa peau contre la sienne.

Hekate lui tend le récipient.

“ Ou peut être que c’est parce que tu joues trop avec tes mégots et qu’un homme avec les mains qui puent le tabac froid, c’est tout sauf sexy, Bauer. Même moi, je te laisserai pas me toucher. Et sur l’échelle des filles faciles, je te rappelle qu'on peut m'acheter avec du whisky. ”

Elle le lui confie, laissant à l’Allemand le soin de le déposer sur la table de chevet ou où bon lui semblera, et s'attèle déjà à glisser entre ses lèvres le filtre blanc d’une cigarette avant de faire glisser vers lui le paquet presque neuf.

“ Est-ce que tu veux que je reste un peu ? ”
La fausse nonchalance avec laquelle elle avait prononcé cette phrase, un peu étouffée par le filtre qu’elle tient entre ses lèvres et alors qu’elle bat le briquet n’aurait trompé personne.
“ Je veux dire… j’ai rien de prévu, alors… Bon, bah si tu veux que je parle un peu le temps que tu oublies un instant tes vilains acouphènes… Je t’avoue que je serais rassurée. ”

Parmi la fumée qu’elle vient de rejeter, son regard croise le sien. Et la chaleur revient, dans sa poitrine. Écrasante au point qu’elle ne peut que briser le sérieux pour effacer sa gêne. Elle détourne le regard avec un sourire taquin. Le fameux. Celui qui revenait toujours, quoi qu’il advienne, lorsqu’elle avait besoin de reprendre contenance.

“ L’avantage d’être prof, c’est que je peux parler longtemps. Très longtemps. Peut-être même suffisamment longtemps pour que tu me vires de chez toi à coups de pied au cul… Tu veux qu’on essaye ? ”

lumos maxima

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