C’était peut-être un rien trop de poser ces questions. Soit. Orion se doute de  la réponse pour une bonne partie d’elles. Il était présent pour Dahlia, à Poudlard. Amicalement. Avec une attention redoublée qui elle, différait du type d’attention portée à ses autres amis. Différence dont il se rendait compte, qui était la quatrième bullet de la bullet list gardée secrète « pourquoi je pense être amoureux de Prwt » était cette attention aux détails. Il suffisait qu’elle donne une information personnelle pour que, d’une manière ou d’une autre, il s’en souvienne. Non pas qu’il collectait volontairement des informations dans un but, mais comme si la vie de Dahlia avait été un sujet en même temps que « comment être un bon ami pour Cédric » ou « passages secrets à Poudlard : fumisteries ou pièges à rats » ou « devenir briseur de sorts », « plan B pour être autre chose que briseur de sorts mais sans reprendre illico la librairie », « plan C si le plan s’avère irréalisable ».

Il savait, mais c’était autre chose de l’entendre confirmer. Autre chose car il allait pouvoir respecter le process et Merlin en culottes de velours, rien ne marche mieux que le process élaboré par Gringotts. Quand il sera chevronné, qu’il aura disons une bonne quarantaine d’années, Orion ne demande pas mieux que de proposer des améliorations au processus, former de nouvelles recrues. Le process lui a déjà sauvé la peau plusieurs fois, l’empêchant d’attraper des objets magiques qui s’avéraient empester la magie noire comme les chaussettes d’un joueur de Quidditch empestent tout court.

Orion prend note. A l’aide d’un arbre généalogique retracé rapidement – le grand oncle, la mère, une petite croix pour le père – il rajoute des annotations.
Si l’hypothèse de Dahlia se révèle fondée et qu’il y a malédiction, voilà quatre personnes qui ont pu en être victimes. Il doit compter Gideon, pas la mère de Dahlia qui est une victime collatérale. C’est un point particulier dans cette malédiction. Pas de mort type, pas d’âge, puisque le grand-oncle et le grand-père sont encore là. S’il s’agit de tomber amoureux, ce n’est pas le facteur commun puisqu’ils semblent tous avoir éprouvé autre chose qu’une simple attirance physique. La malédiction a pu toucher la première fiancée du grand-père, donc pas quelqu’un qui avait des liens du sang avec la famille. Elle aurait dû, pour un parallélisme des formes complet, toucher le grand-père. Puisqu’elle a touché les frères Prewett. Il y a quelque chose qui ne lui plaît guère. La malédiction, si elle existe, ne correspond pas aux types d’enchantements habituels. Lancée directement par Grindelwald ? Il faut espérer qu’il saura la reconnaître, à défaut de pouvoir l’éradiquer.

Si l’hypothèse de Dahlia se révèle infondée, c’est une bonne nouvelle à cour terme. A moyen terme, Orion ne sait pas s’il pourrait s’en réjouir avec elle. Lui reviendrait la tâche d’annoncer à sa douce que toutes ces morts étaient vaines. La faute à pas de chance. Un peu léger pour justifier une famille décimée, une absence de père, le comportement angoissé voire surprotecteur d’une mère inquiète à juste titre.

« Ca me fait déjà une base. Fun fact, enfin je ne sais pas c’est peut-être trop léger et pas approprié » il s’emballe de nouveau, le débit ne restant intelligible que pour qui le connaît. Dahlia fait partie de ce cénacle d’habitués qui supportent ces flots de paroles et y puisent une conversation enrichissante mais tout de même. Orion reprend sa respiration et se décide à continuer son explication. « On ne maudit pas partout dans le monde. Ca a peut-être l’air bête, hein, mais pas de consensus, pas de convention de Genève de la malédiction. Bon, et celle-là, elle ne me semble pas rattachée à un pays en particulier. »

Il prend une deuxième feuille devant lui, et la main de Dahlia dans la sienne qui n’écrit pas. « On a plusieurs éléments.  La cible, ça pourrait être la branche familiale paternelle, et toute la descendance qui vient. Je note que ce n’est pas une question d’âge qui activerait la malédiction. On a des personnes qui sont … décédées tôt, et d’autres qui se portent bien. Je crois que ton grand-père et ton grand-oncle se portent bien. Je veux dire, pas de souci de santé qu’ils aient mentionné la dernière fois que je les ai vus. Si le club lecture et muffins des vieilles habituées de la librairie m’a appris quelque chose, c’est que les personnes âgées ne se privent pas de se plaindre de leurs petits tracas de santé. » Une pause, coup d’œil à Dahlia avant de replonger dans ses notes. « Je ne trouve pas de déclencheur. Ce qui est curieux, c’est que je ne parviens pas à élaborer le … disons le schéma de malédiction. Je ne sais pas si ce sont tes proches qui sont visés, ou les personnes qu’ils aiment. » Une nouvelle pause. « Tu as le droit de m’arrêter n’importe quand. Je suis désolé, je ne sais pas si je m’y prends comme il faut. Je ne fais peut-être pas preuve d’assez de tact. Je me doute que ce n’est pas un sujet facile. »

Le voilà qui s’interrompt, prend une bonne respiration. « On va y aller par étapes. Aujourd’hui, deux choses. D’abord, j’aimerais tenter un sort assez général de détection de … disons que ça détecte les traces de magie qui ne sont pas ta propre magie mais qui sont collées à toi. Ca détecterait une baguette, ou une exposition à une source de magie puissante. C’est le test qu’on fait aux briseurs de sorts qui reviennent de mission, mais seulement deux ou trois jours après être rentrés. Avant ça ne sert à rien pour détecter une malédiction, parce qu’on a toute cette pollution magique accrochée. Je me demande si le coffret peut avoir un impact. Il ne m’inspire pas trop confiance. Tu veux bien me rappeler où tu l’as eu ? »

« Et ensuite, well, après le sortilège de détection, j’aimerais que tu me dises si tu as des … Marques ? Tâche de naissance bizarre et autres. Les moldus au Moyen-Age croyaient que c’était la marque des sorcières et ont brûlé pas mal d’innocentes pour ça, et pis encore : des personnes qui étaient victimes d’une malédiction. Elles laissent toutes un genre de trace sur la peau. Parfois c’est vraiment imperceptible, d’où mon premier sort. Mais on peut parfois se rendre compte d’une marque, sur laquelle appliquer un autre sortilège de détection. C’est en général plus efficace. Parfois, c’est sur le cuir chevelu, je pourrai regarder si tu veux. Mais est-ce que la première étape, le sortilège global de détection, ça te convient ? Ce n’est pas douloureux, par contre tu vas avoir une sensation de froid puis une brève bouffée de chaleur. »

Tu te mordilles la lèvre en attendant qu’Orion réagisse, tu as l’impression de ne pas lui être utile du tout et tu l’observes analyser ses notes. Tu distingues un vague arbre généalogique qui ne remonte pas loin et tu t’en veux de ne pas avoir creusé plus sur cette histoire. Pratique de l’autruche pendant trop longtemps, refus de penser à ce qui pourrait arriver, fuite en avant sans te pencher sur le sujet et protéger. Cela t’était vital, c’était ta manière de procéder, tu préférais de loin affronter un dragon ou un mage noir plutôt que regarder en face cette malédiction et les dégâts qu’elle pouvait faire. Loin de connaître le processus pour comprendre une malédiction et la désamorcer, tu observes Orion réfléchir et tu le trouves beau ainsi. Tu l’as déjà vu travailler bien sûr, lors de vos études à Poudlard mais tu ne t’étais jamais vraiment autorisée à l’observer aussi longuement et ce n’était pas forcément des matières qu’il adorait. Là, tu ressens la passion qui l’habite, cette concentration sur le problème très professionnel, tu le détailles note tout ce que tu peux pour l’enregistrer avant qu’il ne soit trop tard. Tu ne veux pas oublier ces moments à deux, pas après t’être lancée au risque de le tuer alors tu fais l’effort de mémoriser, juste au cas où. Quand il relève la tête vers toi, tu arrêtes de mordiller ta lèvre inférieure et le fixe anxieuse avant de sourire tendrement en entendant sa remarque. Tu t’es très rapidement habituée à subir le flot de parole d’Orion et tu apprécie même ces moments où tu peux apprendre pleins de choses juste en étant attentive.

Sourire attendrie, tu l’écoutes parler, prends note de ce qu’il dit, le mémorise sans jamais l’interrompre, juste heureuse de l’entendre. Tu notes ses petites manies que tu connais bien et sers fort sa main à chacune de ses pauses pour lui faire comprendre qu’il est là et t’assurer aussi qu’il est là, vivant à tes côtés. Tu enregistres ses questions pour y répondre plus tard ne voulant pas troubler sa concentration. D’ailleurs, tu retiens un rire avec son entrée sur la conférence de Genève, cela aurait sûrement été plus simple si cela avait existé en vrai. Quand le flot de paroles s’arrêtent, tu souris à Orion, te rapproches doucement de lui pour déposer un baiser rapide sur ses lèvres, tu ne veux pas le déconcentrer, juste le rassurer. Tu as senti la tension qui habite son corps, entendu ses doutes et tu veux lui prouver qu’il ne fait rien de travers bien au contraire. T’éloignant à nouveau, tu te passes la main dans les cheveux et fixe le coffret dans un air anxieux. Avant qu’Orion le mentionne à nouveau, tu l’avais presque oublié et le revoir ici ne te plait pas, tu n’aurais décemment pas dû l’amener ici mais cela est fait. « Lors d’une mission. C’était dans les affaires du type qu’on a arrêté, je peux pas trop t’en dire sur lui… Disons, qu’il y avait pleins de trucs étranges et ce coffret impossible à ouvrir ! Et on a besoin de l’ouvrir pour voir s’il ne contient pas des choses qui pourraient aider au procès… J’ai essayés les trucs standards d’auror à distance mais rien à faire, il me faut un briseur de sort visiblement. En tout cas, cet homme est un sale type et sa magie était bien noire, tu peux me croire. Après, est-ce que c’est lui ou est-ce qu’il a volé le coffret à un autre, difficile de savoir, il refuse de parler… » Tu lâches un soupir en repensant à cette affaire. C’est un sale truc, ton boulot est loin d’être rose et tu n’aimes pas vraiment en parler.

Reportant ton attention sur Orion, tu tentes de te remémorer toutes ses questions et ses doutes pour procéder dans l’ordre. Le coffret est là, il peut poser problème, tu en as conscience mais tu as dit tout ce que tu pouvais dessus et tu préfères te concentrer sur ta malédiction d’abord. Procéder par étape, d’abord sauver la vie de l’homme que tu aimes et ensuite se préoccuper du coffret de sale type, d’abord ton ami, non ton petit-ami et ensuite le boulot. « Tu n’es pas maladroit, tu fais ce qu’il faut pour comprendre, Orion. Je te trouve très professionnel et tu fais preuve de beaucoup de tact. Je n’aurais pas rêve d’un meilleur briseur que toi pour ce job. » Souriante, tu caresses doucement la joue du garçon du bout des doigts et avant de te rappeler que tu dois encore répondre à plusieurs de ses questions. « Tout le monde va bien à la maison, pas de problème de santé ou autres. Et je suis d’accord pour ton sortilège de détection, on verras bien si le coffret influe dessus, j’ai rien tenté de neuf depuis quelques jours mais il était sur mon bureau donc je ne sais pas… Quant aux marques, à part mes tâches de rousseurs, j’ai jamais rien vu et les garçons… Enfin, mes exs ne m’ont jamais mentionné une quelconque marque hideuse mais… Tu devrais peut-être vérifier, je veux dire, tu es plus expert dans le domaine qu’eux donc tu pourras sûrement détecter un truc qu’ils n’auront pas vu ? » Tu grimaces face à ta dernière réponse, tu n’aimes vraiment pas ce que tu as évoqué. Tu connais les relations tumultueuses d’Orion avec certains hommes ayant partagé ton lit, notamment Matholwch avec qui il s’est déjà battu. Tu regrettes d’avoir mentionné ce sujet des autres hommes ayant partagé ta vie surtout à ce moment précis, n’osant plus le regarder, tu laisses tes yeux paillonner dans la pièce attendant sans lâcher toutefois sa main. Tu l’aimes, tu as confiance en lui pour découvrir sur ton corps une trace que les autres n’auraient pas vu, il faut dire que quand ils parcouraient ton corps, ils ne cherchaient pas spécialement une trace de magie noire.

Orion en vient à se demander ce qui lui faisait si peur dans cette relation. Sentiment qu’il serait un jour rejeté. Il n’en est rien, Dahlia semblant s’épanouir à merveille dans ses longues explications. Elle ne perd jamais le fil, garde une attention polie et amoureuse. Merlin, il n’avait pas été capable de voir cela avant ? Dans d’autres circonstances, la situation aurait pu être idyllique. Orion se sent presque rougir des compliments de Dahlia. Pas rêvé meilleur briseur de sort ? Elle exagère, mais elle est sincère et le compliment le flatte plus qu’il ne devrait. Il lui faut être redevable, on ne rougit pas facilement dans la famille. Et il se réjouit, vraiment, que le rouge ne lui monte pas aux joues lorsque Dahlia lui répond sur cette histoire de marques. Bien sûr. Dans quoi s’est-il embarqué en posant une telle question ? Oh, il voulait connaître la réponse, mais elle l’impacte quand même. Il aurait pu s’en douter, bien sûr, bien sûr … Il n’est pas le premier à avoir remarqué les charmes de sa rouquine. « Mais enfin, la marque n’a pas à être … » il s’y perd. Détourne les yeux. Embrasse la main que Dahlia avait laissée dans la sienne. Décide d’embrasser Dahlia, et ce contact lui fait presque tourner la tête.

Enfin.

Il y a une excellente manière de vérifier cette histoire de marques et, après tout, ils ne vont pas bouder pareille occasion. Un sourire se dessine sur les lèvres du briseur de sorts et il prend la main de sa compagne dans la sienne. « Bon, allez, viens, ce n’est pas ici qu’on devrait vérifier ça. » Un sourire, beaucoup de tendresse.

Il faut laisser une ellipse passer sur les tourtereaux. Moment tendre, complice, espéré par eux depuis quelques années.

Lorsqu’ils reviennent, Orion peut être formel. Il n’y a qu’une tâche, derrière l’épaule de Dahlia, qui pourrait contenir un maléfice. Il présume que c’est une marque de naissance mais ils feraient aussi bien de s’en assurer maintenant.
De retour dans la pièce, ils s’installent de nouveau autour de la table de la cuisine. Orion n’a pas mieux à proposer, il n’avait pas imaginé devoir s’improviser briseur de sorts à domicile. Un soupçon d’inquiétude le retient encore. S’il avait tort ? S’il sous-estimait une malédiction qu’il ne parviendrait pas à briser, ni peut-être même à déceler ? Le genre de problèmes qui peut vous laisser des marques. Sauront-ils se téléporter à Sainte-Mangouste s’il le faut ? Il lui faut presque s’ébrouer pour se détacher de ces pensées qui se pressent. Il sait faire son travail – Merlin, il se serait mis dans quelques situations périlleuses s’il n’en était pas capable. Il a, jusque-là, toujours pu apprécier lorsqu’un sortilège lui échappe et qu’il faudra de l’aide. Personne ne pourrait leur reprocher d’avoir essayé de l’enlever, il faut respecter les règles de prudence des briseurs de sort mais ce n’est pas une raison pour courir à Gringotts dès le moindre soupçon. Ils n’ont que cela, des soupçons. Il lui faut maintenant les confronter au sortilège qui tranchera : malédiction ou vie retrouvée.

Ils se font face. Orion prend une dernière fois la main de Dahlia dans la sienne, et le temps de s’embrasser, de se sourire. Mais oui, tout cela va bien se passer. Comme en guise d’encouragement, il se laisse penser une dernière fois qu’il n’y a pas de malédiction. Et sa main ne tremble pas lorsqu’il pose sa baguette sur cette petite tâche, juste derrière l’épaule, qui ne contient peut-être plus rien d’autre que la clé des jours heureux.

« Sensation de froid puis bouffée de chaleur. Brèves. Si ça dure, si ça gratte, si ça fait mal, mais pas trop, hein, je te rassure, darling, si ça produit un de ces symptômes, c’est qu’il y a quelque chose à creuser. Potentiellement malédiction, potentiellement influence du coffret. C’est bon, love ? Je suis là pour toi, ça va bien se passer. »

La proposition jaillis face à la potentialité d’une marque sur ton corps qui permettrait d’identifier une malédiction, de s’assurer qu’elle existe. Bien sûr, tu réalises ce que cela implique, se retrouver nue devant Orion mais tu l’as déjà été devant d’autres et cela ne te dérange pas. Par contre, tu ne réalises pas la manière dont cela pourrait déraper ou plutôt le fait que le faire dans la cuisine n’est pas forcément une bonne idée. Et puis, tu surestimes aussi grandement le professionnalisme de ton ami dans la matière et tu t’en rends compte rapidement dans la chambre. Non pas que cela te déplaise bien au contraire ou t’inquiète qu’il puisse se laisser aller ainsi avec d’autres, certaines clientes inconnues. Tu as confiance en lui, tu le connais suffisament bien pour savoir qu’Orion n’est pas le genre à trahir ses petites amies ou les personnes qu’il aime. Tu prends juste conscience de l’intensité de l’amour qu’il te porte, un amour dont tu avais connaissance mais qui ne t’avais jamais semblé aussi profond, peut-être car tu voulais ignorer la vérité. Après tout, se dire qu’Orion ne t’aimais pas autant, t’aidais à ne pas prendre conscience de l’intensité de la douleur que tu pouvais lui infliger. Ton patronus aurait décemment dû être une autruche et en redescendant dans la cuisine, tu t’en rends compte. Tu avais pris, pendant trop longtemps, l’habitude d’ignorer ou de sous-estimer les preuves que tu avais sous les yeux pour te protéger. Comme une autruche, tu avais mis la tête dans le sable pour fuir le danger que représentait ton amour pour ce bel homme mais aujourd’hui, tu es ravie d’avoir sortie ta tête du sable pour le voir en face.

Un sourire aux lèvres, tu redescends dans la cuisine, heureuse de l’exploration dans la chambre et surtout des découvertes que tu as faites. Tu avais déjà pu entrevoir certains aspects du corps de ton ami mais jamais totalement comparé à cette fois-ci. Emergeant de ta bulle de bonheur, tu savoures les derniers moments d’intimités avant de te tourner et découvrir ton épaule où se trouve potentiellement le problème. Hochant la tête doucement, tu murmures ton assentiment au sortilège et attends la fameuse sensation de froid puis la bouffée de chaleur ainsi que les complications qui peuvent se produire. Tu attends cependant en vain et fronces les sourcils quand tu sens quelques picotements de ton épaule. Tu comprends aisément qu’Orion a échoué dans son sort, qu’il n’a pas réussi à le lancer correctement alors tu te retournes pour comprendre ce qui peut se passer. Voyant son air mortifié, tu te rapproches de lui, lui enlève sa baguette des mains pour la poser sur la table et venir l’embrasser doucement. « Ce n’est rien. On réessaiera plus tard, avec tout ce que tu viens d’apprendre et de digérer cela ne doit pas être facile de se concentrer… D’autant plus, après notre moment dans la chambre… » Tu murmures doucement contre sa gorge, te blottissant contre lui en cherchant à le réconforter après son échec, lui faire oublier cela. Tes yeux se posent à nouveau sur le coffret et tu mordilles la lèvre inférieure, ce n’est sûrement pas une bonne idée de le lancer directement sur le coffret. Reste que pour le ministère, ce coffret est plus urgent qu’une potentielle malédiction sur les Dragonneau, malédiction pouvant tuer à moyen ou long terme un briseur de sort ne travaillant même pas pour eux. Soupirant, tu relèves les yeux vers Orion hésitant sur la conduite à tenir, il vient d’échouer en tant que briseur de malédiction et tu hésites à le relancer sur le même domaine. Ta conscience professionnelle finit tout de même par avoir raison des réticences inquiètes et amoureuse de ton cœur. « Tu aura sûrement plus de chance avec le coffret… Il t’intriguait et je crois que le ministère, enfin surtout le juge s’occupant de l’affaire, préférerait qu’on perce ce mystère plutôt que l’autre mystère… Cependant, si tu préfères faire autre chose, je suis partante aussi ! » Tu souris timidement à Orion essayant de lui redonner le moral après son essai en sachant qu’il doit mal prendre cet échec. Tu espères aussi qu’il n’échoue pas à nouveau avec le coffret sinon tu sais qu’il rentrera sûrement dans une phase plus sombre et si tu l’aimes avec ses qualités et ses défauts, tu ne tiens pas à le voir sombrer si rapidement après le bonheur que vous savourez tout juste.

La proie d’un hippogriffe ne se sent pas plus foutue qu’Orion lorsqu’il comprend que le sort n’a pas marché. Un sort qu’il lance si souvent. Les basiques des briseurs de sorts. Par Melin, mais il n’a pas eu son diplôme dans un paquet de chocogrenouilles ? Pourtant … Si cela avait dû marcher, cela aurait marché. Comme les moldus avec leurs instruments électroniques, il secoue la baguette en soupçonnant que ce soit la cause de son échec. Mais non. C’est inhérent. Plus que la malédiction de Dahlia, son ratage lui colle à la peau.

Il est mortifié.

Les quelques secondes durant lesquelles elle lui a tourné le dos – après avoir compris son échec, parce qu’elle a compris, c’est sûr, il est foutu – sont passées trop vite. Il n’a pas eu le temps de composer autre chose qu’une expression de surprise. De déception. Si elle lui en voulait d’avoir fait preuve d’une telle bêtise ? Si elle prenait peur ? De la malédiction, du trouble qu’elle a causé et qui doit encore se voir sur son visage. Mais il veut bien rater des sorts pour être près d’elle. Sans en faire une habitude, il supporterait bien un tel échange. Lui qui est si bavard ne trouve pas ses mots. Il aimerait lui présenter des excuses, mais des excuses à propos de quoi ? Du trouble qu’elle a causé ? Mais comment présenter ces excuses et en redemander ?

Dahlia est parfaite, non qu’il en doutait. La gratitude qu’il éprouve serait difficile à exprimer. L’embrassade fugace chasse ses inquiétudes. A quoi bon, d’ailleurs ? Ils auraient dû être foudroyés pour ce contact, sans parler de leur étreinte dans la chambre. Elle n’est pas maudite. Mais il recommencerait bien ce sort, pour chasser ce nuage au-dessus de leur amour. Plus tard, peut-être. Il verra. On ne réussit pas toujours un sort, il lui conviendra de voir comment s’y prendre. Il faudrait réessayer. Pas maintenant. Regard éperdu d’admiration pour Dahlia. Il préfèrerait se lover contre elle toute la journée, mais enfin, un coffret empli de magie noire les attend.

Orion observe l’objet. C’est un peu bel ouvrage, assurément. Il comprend que la serrure n’est que factice, qu’il faudrait une clé que seul son créateur est capable de fournir. Pour le reste, il faudrait être un excellent sorcier. Son coup d’éclat lui laisse croire que ce ne peut-être pas ce qu’il imaginait. Allons. Il faut bien faire quelque chose. Précautionneusement, il prend le coffret dans ses mains. Rien ne lui brûle les doigts. C’est déjà un premier début. Il l’approche de son visage, cherchant à voir ce qu’il y a derrière la serrure. Impossible à déterminer. Il le secoue doucement, espérant entendre tinter quelque chose. Les juges ont déjà essayé, mais il lui semble que son sort sera meilleur s’il sait à quoi s’attendre. Non pas que cela lui ait servi quand il a essayé de débusquer cette malédiction sur Dahlia. Et pourtant, il n’avait pas manqué d’attention en la regardant.

Ils installent le coffret sur la table. « Bon. On va essayer un premier sort d’ouverture. Si ne marche pas, il y en a d’autres mais ils sont plus délicats. Et si rien ne marche, il ne me restera qu’à manger ma baguette. » plaisante-t-il.

Il n’a pas ri sur le fait de démissionner de Gringotts car ce n’est, vraiment pas, un sujet d’amusement pour lui.

Tu souris doucement à Orion quand tu vois qu’il reprend suffisament confiance en lui pour tenter de passer outre l’échec même si tu sens bien que cela risque d’être quelque chose qui va le hanter pendant un moment. Le coffret sur la tablette, tu observes le garçon faire le travail en te mordillant la lèvre inférieure, le juge avec qui tu travailles sur l’affaire n’est pas commode et tu sais qu’il risque de ne pas apprécier d’apprendre que ton briseur de maléfice a échoué dans l’ouverture du coffret. Cela étant, tu crains plus les effets de cet échec sur ton ami, tu sens qu’il n’a pas totalement digérer son premier échec et tu es certain qu’un nouvel échec risque de l’amener vers une zone sombre. Une zone où tu ne veux pas le voir plonger trop tôt, pas maintenant alors que vous touchez à peine le bonheur à deux. Alors quand il prononce sa phrase, tu serres un poing et tapote deux fois contre ta cuisse discrètement en priant Merlin pour être avec ton beau blaireau sur ce coup-là. Un peu en retrait, pour laisser la place au professionnel afin qu’il puisse travailler correctement, tu te retiens de lui faire remarquer qu’il est hors de question que tu le laisses manger sa baguette. Cela ne te semble absolument pas recommander de manger sa baguette et puis tu es peu près certain d’un tel repas n’est pas sain pour le garçon. Tendue, tu fixes avec espoir le coffret en lui intimant de ne pas faire le difficile sinon tu n’hésiteras à l’envoyer valser à l’autre bout de la pièce ou le faire flamber dans une cheminée.

Les cliquetis du coffret t’arrachent une exclamation de joie alors que tu t’approches doucement de l’objet maudit et d’Orion. Sur la pointe des pieds, tu déposes un baiser sur les lèvres du garçon avant de passer tes mains dans ses cheveux pour t’éloigner de lui. Tu aimerais vraiment pouvoir rester contre lui, te noyer dans ses yeux et surtout ne pas bouger mais tu sais que ce n’est pas le moment, peut-être une fois la nuit tombée vous pourrez retrouver la même complicité que quelques minutes plus tôt. Tu pourras ainsi mieux étudier le corps de l’homme que tu aimes afin d’en percer tous les mystères mais pour le moment, il faut encore résoudre l’énigme du coffret. « Pas besoin de manger ta baguette, donc ! C’est plutôt une bonne chose au vu du prix qu’elles coûtent chez Ollivanders… » Sourire toujours aux lèvres, tu te tournes vers le coffret pour te pencher dessus afin de pouvoir en étudier l’intérieur et grimace en découvrant l’intérieur. Tu n’aurais définitivement pas dû crier victoire trop vite étant donné que le coffret contient un autre coffret et tu grimaces face à la découverte avant de tirer doucement le nouveau coffret de son antre pour le poser à côté du premier avec précaution. Tu te demandes bien quel genre de personne peut cacher un coffret dans un autre coffret mais ce qui est caché doit vraiment être important au vu des précautions prises pour le cacher. « Une nouvelle idée pour ce coffret ? Je vais tenter un simple sortilège d’ouverture, c’est la procédure habituelle, généralement cela se solde par un échec. D’ailleurs, je dois t’avouer que tu es plus doué que celui qui a essayé avec le premier coffret puisqu’il n’avait rien obtenu lors de son essai… Enfin, je tente puis on avise après, d’accord ? » Tu observes Orion avec un petit sourire avant de te placer entre lui et le coffret, baguette tendu, tu lances à ton tour le sortilège de déverrouillage sans espérer toutefois un grand succès, cela serais beaucoup trop simple.