« Vous croyez que ça vaut la peine ? » Le petit groupe de briseurs de sorts s’est réuni dans un pub qu’ils affectionnent pour le moment qu’ils aiment passer ensemble après le traditionnel repas de Noël de la banque sorcière. Certains d’entre eux partent dès le lendemain passer du temps en famille ou retournent en mission. Il s’agit d’un des derniers vendredis soir de décembre avant les festivités, cette date était celle qui leur permettait de se réunir. Les gobelins ont organisé une petite sauterie. La plupart d’entre eux se sont retirés, et ceux qui restent sont autour de la même table. Les briseurs de sort sont dans un autre coin de la pièce. Orion se sent en bonne compagnie. Il aime ses collègues. Ils ont bu quelques verres d’alcool accompagnés d’une portion de nourriture trop frugale pour qu’il ne se sente pas joyeux. Il a la tête qui tourne. « Je ne sais pas, c’est quand même au moins plusieurs années. » « Enfin, on voyage tout le temps quand même. C’est le cœur du taff. »
Depuis quelques jours, tous ne parlent que de cette offre de mutation internationale. La banque offre un pont d’or pour les briseurs de sort qui partiraient mettre leurs compétences à profit d’une autre banque sorcière. L’ancien Poufsouffle ne sait pas quoi en penser. Comme tous, il essaie de réfléchir à ce qu’impliquerait cette proposition. Partir. Plusieurs années. Est-ce si différent des voyages qu’ils passent leur temps à faire ? « Et toi, Orion ? » « Heu … » Il était silencieux jusque-là. Ce n’est pas sans ses habitudes. A vrai dire, il espérait échapper à la question. Elle le met mal à l’aise. Il n’est pas prêt, se sent vaguement nauséeux. Peut-être qu’il n’aurait pas dû boire autant. Il a pourtant prévu d’aller dormir à la librairie pour éviter de reprendre la route, il a même laissé quelques affaires propres. La situation lui semblait tout à fait sous contrôle. « Hum. »
Une telle baisse de moral, une pareille sensation de malaise lui font comprendre qu’il amorce l’une de ces périodes durant lesquelles il se replie sur lui-même. Sa famille lui dit qu’il est cyclique, pour atténuer le problème. Il se sent aussi impuissant qu’eux. Un voile sombre s’abat sur ses yeux, ternit l’éclat de toute chose. Il n’a pas de prise sur le moment où il se sentira à nouveau tout à fait utile. « Je ne sais pas trop. J’y ai pensé vite faite. Ce serait sympa mais … j’ai ma vie ici ? » « T’es célibataire, non ? » et t’es con, toi ? Le briseur de sorts est rarement de mauvaise humeur, mais cette fois-ci, le regard noir qu’il jette à son collègue parle sur lui. « J’ai quand même mes amis, ma famille et une maison que j’ai commencé à acheter. Je ne dis pas, si j’avais un appartement un peu pourri et pas de monde autour de moi … » Il hausse les épaules et prend un air détaché mais un bon observateur remarquera qu’il est toujours aussi tendu. Orion se rassure en se disant qu’il n’a fait que se défendre mais il ressort de cet échange plus mal qu’avant. Il n’aime pas la confrontation. Il estime avoir mieux à faire. Quoi ? En ce moment, il l’ignore. En temps normal, il aurait d’autres sources de motivation.
Orion profite d’un creux dans la soirée pour repartir et se traîne tout le long du chemin de traverse. Il rêverait de transplaner chez lui directement pour rester endormi plusieurs jours. Même ouvrir la porte de la librairie lui semble au-dessus de ses forces. Il s’endort presque tout habillé et repart le lendemain matin par la cheminée, comme un voleur. Tout juste a-t-il laissé un mot pour dire à sa famille qu’il les embrasse et qu’il est un peu fatigué. Il espère qu’ils le laisseront reconstituer ses forces. Tout en ignorant combien de temps il lui faudra pour être de nouveau égal à lui-même.
Le lendemain, le voilà qui se traîne d’un bout à l’autre de sa maison. Ni le grand bol de thé, ni la douche, ni le repas, ni les quelques sorts qu’il lance pour rendre la maison agréable, ni fendre du bois ne lui remontent le moral. Il commence plusieurs livres qu’il sait aimer sans parvenir à s’y plonger dedans. Les mots qui lui parlent tant d’habitude, et à partir desquels il s’est laissé tant d’annotations en marge, n’ont plus aucun sens. Il tourne les pages sans rien comprendre.
Orion traîne ses guêtres dans le village moldu voisin, sous prétexte de courses à faire. La balade en vélo sous le crachin ne le requinque pas, lui qui aime bruine et cyclisme. Il rentre tout aussi peu fatigué et tout aussi las qu’à l’aller. Il range sans conviction les ingrédients de ce qui aurait pu être une très bonne tarte s’il avait encore envie de la faire. Après avoir mis un disque sur le phonographe, Orion reste allongé sur son canapé et cherche à faire le point en regardant une fissure sur le plafond. Qu’il faudrait qu’il répare. S’il reste dans cette maison.
Qu’est-ce qui le retient en Angleterre ? Cette maison, tout d’abord. L’ancien Poufsouffle rêvait d’un endroit où recevoir sa famille. Les Fleury viennent régulièrement passer du temps chez lui, à la campagne. Il aime le temps passé en famille tout autant que les longs intervalles de calme que lui procure une habitation isolée à la bibliothèque bien fournie. Il rêvait de cette maison depuis des années et se sent toujours aussi heureux depuis qu’il y vit. Chaque retour de voyage lui donne habituellement un profond sentiment de sécurité. Il est chez lui. Il ne lui manque qu’un peu de compagnie. Pas le genre de compagnie que procure la présence de l’elfe de maison qui prend soin de lui à intervalles irréguliers. Elfe de maison qui cherche par ailleurs tout trace de vie amoureuse dans son quotidien, avec la plus grande excitation lorsqu’elle tombe sur le moindre indice. La lecture de romans Harlequin, seul genre qu’elle affectionne, n’a rien arrangé à cette tendance. Twinkle ne manque jamais une occasion de parler des nouveaux-nés dans l’entourage amicale d’Orion, des mariages et autres évènements de ce genre. Peut-être nourrit-elle le lointain espoir qu’il se produira un déclic poussant le Maître à mettre le nez dehors et qu’il en reviendra avec une heureuse élue.
L’heureuse élue dont Orion rêve, c’est Dahlia. Il a développé ce qui semblait être un simple béguin dès leur première année à Poudlard. Le fils Fleury était un adolescent mesuré, il a d’abord mis ce regain d’attention pour tout ce qu’elle faisait comme une simple marque d’intérêt. Mais force était de constater qu’il ne ressentait pas la même émotion lorsque quelqu’un d’autre parlait d’un sujet, quel qu’il soit. Même Cédric ne bénéficiait pas de cette même qualité d’attention, et c’est ce qui a commencé à lui faire comprendre qu’il devrait creuser le sujet. Il lui avait jusque-là semblé qu’il accordait la même affection à ses meilleurs amis. C’est lorsque d’autres élèves ont commencé à flirter avec la rouquine qu’il a été impossible de se leurrer plus longtemps. Orion lui-même avait déjà eu béguins et amourettes, et sa vie amoureuse lui semblait extrêmement normale. Tous les élèves en arrivaient-là, n’est-ce pas ?
Il avait eu vraiment mal au cœur la première fois qu’il avait vu Dahlia tenir la main d’un de leurs camarades. Il n’était pas préparé à en souffrir autant. Il était content pour elle, mais comment expliquer alors qu’il se sente à ce point délaissé ? Ils ne sortaient pas ensemble. Se répéter inlassablement la même chose ne l’avait pas aidé à être plus à l’aise.
Des années avaient passé avant qu’il ne soit de nouveau malheureux. La période où Dahlia et Cédric avaient formé un couple avait été très dure à vivre. Encore une fois, les grandes théories, les hauts principes moraux auquel il aurait pu s’accrocher avaient été autant de fardeaux à porter. Il aurait dû être heureux pour eux, et cette pensée l’empêchait de parler de ses sentiments. A qui aurait-il dit qu’il était jaloux de ses meilleurs amis et se sentait indésirable dans le trio qu’ils avaient formé ? L’infirmière ? Des amis ? Sa famille ? Il aurait eu le sentiment de trahir ses amis, et peur qu’on lui dise à quel point il était égoïste de se plaindre du bonheur des autres.
Jusque-là, Orion avait jugulé sa peur de l’abandon autrement. Lors des entraînements de Quidditch de Poufsouffle, il trouvait toujours une autre activité à faire. Voir des amis, réviser des cours … Il n’était même pas mécontent d’avoir été en retenue une fois ou deux. Il en oubliait qu’il était seul. Il s’était beaucoup remis en question. Prendre de la distance avait été le plus simple. Prendre de la distance. Cela revenait presque à fuir. Qu’avait-il fait d’autre, la veille, pour éviter une épuisante confrontation ? Il s’en était sorti avec une remarque désagréable puis en prenant la tangente dès qu’il avait pu. S’il partait plusieurs années faire cette mission pour Gringotts, ne serait-ce pas une nouvelle fuite en avant ?
Le soleil décroît lentement avant qu’Orion ne trouve l’ombre d’une solution. Peut-être n’est-il pas en mesure de prendre un tel choix. Il vaut encore mieux dormir. Il emporte avec lui différents livres qu’il a l’habitude d’adorer, sans se rendre compte qu’il devrait s’abstenir de lire Sylvia Plath lorsqu’il est déjà déprimé. Le jeune homme emporte un verre d’eau. Il ne manquerait plus qu’en plus d’être déprimé, il finisse déshydraté. Il se débarrasse de ses vêtements, ne gardant que t-shirt et caleçon. La fraîcheur des draps et d’une bonne lecture le détendra peut-être. Il a laissé le feu de cheminée du salon s’éteindre doucement, le froid glacial ne rafraîchit pas cette maison isolée grâce à plusieurs sorts. Son propriétaire en a lancé bien d’autres pour améliorer son confort. Il laisse deux livres et en essaie un troisième qu’il repose presque aussitôt également. Fatigué, déboussolé, il ne lit que quelques pages sans s’y intéresser comme à l’ordinaire.
Orion s’endort d’un sommeil tortueux. Le briseur de sorts rêve de paysages lointains, de cascades, de chutes interminables. Il croit tomber et se réveille au beau milieu de la nuit, assoiffé, en sueur. Il ôte son t-shirt et tâtonne pour trouver quelque chose à boire. Groggy, Orion s’empare du verre d’eau laissé sur son chevet au milieu du plus complet désordre littéraire. Il retombe sur l’oreiller et s’apprête à se rendormir. Un bruit lui fait rouvrir les yeux.
Il n’identifie pas ce bruit, mais il ne l’aime pas. Lorsque son elfe de maison, Twinkle, transplane … ce n’est pas avec ce bruit-là. Orion reconstitue le son qu’il a entendu. Quelqu’un a utilisé la cheminée pour venir ici. Il n’attend personne. Impossible de se rendormir. Il y a quelqu’un. La guerre n’est pas lointaine pour qu’il ait oublié les raids de Mangemorts. Il n’a aucune idée de qui pourrait lui en vouloir au point de venir l’agresser en pleine nuit mais ce n’est pas une raison pour attendre naïvement que les choses se passent.
La maison est entourée d’un sortilège d’imperméabilité qui repose sur la confiance. Ne peuvent passer par la porte, utiliser la poudre de cheminette pour s’y rendre, transplaner, que ceux en qui elle a confiance. La demeure se fie à ceux auxquels Orion fait confiance. De nouvelles connaissances ne peuvent pas venir. Des personnes avec qui il se serait disputées sont interdites d’accès. Tout juste le sortilège peut-il être ralenti quelques heures si la personne possède une clé, mais elle se sentira mal à l’aise tout le long de cette visite non autorisée. Quand bien même, Twinkle a l’habitude de veiller sur la demeure. Il se souvient que l’elfe de maison est partie plusieurs jours. Il est seul, avec l’inconnu. Il ne voit pas dans ses amis, dans ses proches, qui pourrait venir en pleine nuit sans s’annoncer. La protection a dû échouer, d’une manière ou d’une autre. Le briseur de sorts sort précautionneusement du lit, n’attrapant que sa baguette et ses oghams pour faire le moins de bruit possible. Il faut qu’il se défende mais il espère que les choses pourraient bien se passer s’il neutralise le rôdeur. Le rôdeur ? Pourvu que ce ne soit pas les rôdeurs. Tout se passe rapidement. Il ouvre la porte de la chambre rapidement et lance presque aussitôt un sort sur la silhouette qu’il vient d’apercevoir en mouvement. Bien vu, ce n’était pas l’elfe de maison, bien trop petite. Il a reconnu une silhouette humaine. « Expelliarmus ! » Il entend tomber une baguette et un autre bruit, plus massif. Qu’est-ce que cette personne tenait, au juste ? « ]Lumos. » annonce-t-il en s’approchant de l’inconnu.
Il manque de lâcher sa propre baguette en reconnaissant ce visage, ces cheveux, cet air apeuré. « Dahlia ?» Il la reconnaît sans mal. Comment pourrait-il s’y tromper ? « ]Je … Gosh, je t’ai fait mal ? Tu … Tu vas bien ? » Il s’approche. La jeune femme semble … Différente. Pas dans son état. Sans être redevenu lui-même, il parvient à détecter que quelque chose ne va pas. Il s’éloigne pour allumer la lumière et revient aussitôt vers elle. Sa fatigue s’envole aussitôt. Il faut qu’il s’occupe de Dahlia. Qu’il la protège si elle en a besoin, tout le reste passe après. Dire qu’il lui a lancé un Expelliarmus ! « Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu vas bien ? Est-ce que … quelqu’un … t’as blessée ? » demande-t-il en regardant son visage. Visage, mains, pas de traces de coups. Elle a juste l’air assez mal. C’est bien trop pour lui. Il ramasse maladroitement la baguette qu’elle a fait tomber. Par sa faute. Idiot. « Tiens. » Elle avait un autre objet, il a entendu un bruit plus lourd. Il finit par apercevoir un coffret qu’il ne connaissait pas et qu’il ramasse. Ce n’est pas habituel. Qu’est-ce que Dahlia vient faire avec une boîte joliment ouvragée ?
En pleine nuit.
Dans sa maison.
Il vient de lui lancer un sortilège de désarmement.
Il n’était pas vraiment présentable non plus.
Orion n’a pas le sentiment de comprendre ce qu’il se passe. Il se sent vaguement mal à l’aise. Fichu pour fichu, il croise les bras pour se donner une contenance. Au point où il en est, il vaut mieux qu’il la laisse parler.
code by EXORDIUM, img prima luce | nb perso +2000 mots, une réf littéraire
Une boite, un coffret surement maudit que tu as récupéré lors d’une mission, tu ne sais pas trop quoi en faire, tu ne sais pas ce qu’il contient, tu sais juste que tu en as hérité et que tu dois te débrouiller pour l’ouvrir. Poser sur ton bureau, tu l’observes du coin de l’œil en te demandant quoi en faire, un de tes collègues t’as suggéré d’aller voir le briseur de sortilège rattaché au ministère et ta seule réponse fut un haussement de sourcil moqueur. Bien sûr, tu en crèves d’envie tiens, aller voir un collègue d’Orion avec un coffret maudit pour tenter de l’ouvrir et voir ce qu’il contient, tu as retenu une insulte de fuser de tes lèvres, te contenant de fourrer le coffret dans ton sac avec précaution et de te diriger chez toi. Là, tu as pose l’objet sur une table avant de te préparer à manger, ignorant délibérément la lettre trainant sur le canapé, lettre reçu la veille et que tu laisses trainer sachant pertinemment le sujet qu’elle évoque. Tu es allé voir ton grand-père, tu lui as parlé pour la première fois de ton idée de malédiction, tu lui as tout déballé ne te supportant plus, tes actes envers Orion, ton amour qui te détruisait de l’intérieur sans que tu puisses lui dire. Comme à son habitude, Thésée t’a écouté, il t’a conseillé ensuite, te posant une question importante qui était mieux placé qu’un briseur de sortilège, un professionnel en ce qui concernait les malédictions pour briser une potentielle malédiction. Tu as passé la soirée avec lui, la nuit même dans la demeure familiale et au petit matin, tu t’es rendu compte que ta mère avait tout entendu de votre discussion, qu’elle souhaitait encore intervenir dans ta vie, la contrôler comme elle l’entendait. Tu avais fui la demeure familiale sans prendre un bout à manger et quand ta mère sans été rendue compte, elle t’avait envoyé un hibou, surement bourré de sa vision à elle, une vision que tu ne voulais pas écouter. Après ta colère pour finir à Poudlard, tu n’avais pas réussi à recoller les morceaux avec elle, la guerre n’avait pas aidé non plus, ta mère refusant toujours tes choix, évoquant la perte de ton père, refusant de te perdre aussi. Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle t’avait déjà perdue depuis longtemps avec sa volonté d’étendre son emprise sur elle, de te garder dans ses griffes.
La lettre s’enflamme au bout de tes doigts avant que tu ne la lâches dans l’âtre de cheminée, tu ne sais pas comment tu as fait pour rentrer jusqu’à ton appartement en un seul morceau. Après ton repas, d’humeur morose, tu t’es rendue dans les bars de Londres, côté moldu, tu as bu plus que tu n’aurais dû, tu le sens et pourtant tu ne peux pas t’empêcher de te servir un nouveau verre de vin. Tu avais décidé de sortir prendre l’air pour te changer les idées, oublier la lettre toujours cachetée et le coffret, trouver peut-être une idée lumineuse ailleurs. Le retour à la case départ est douloureux, tu as ouvert la lettre et regretter de ne pas l’avoir simplement brûlée sans la lire, ton regard dévie sur le coffret, les cendres de cette maudite lettre et le petit pot au-dessus de la cheminé. Tu es ivre, tu tiens à peine sur tes jambes, tu sais que c’est dangereux, une voix te souffle que tu puisses te foirer dans la prononciation et finir perdue dans le conduit de cheminée mais tu t’en fiches. Tu veux le voir, lui parler, tout lui dire, la vérité, tu ne veux pas être comme ta mère, faire souffrir en voulant surprotéger, te donner une chance de goûter au bonheur. Ta mère a admis ses torts, elle a admis qu’elle avait eut tort de vouloir t’enfermer dans une tour d’ivoire protégée par le dragon qu’elle a été, elle te pousse à suivre les conseils de ton grand-père mais tu trembles encore de peur. Et si tu le tuais simplement en lui disant tout ? Et s’il n’arrivait pas à briser cette malédiction ? La poudre de cheminette dans une main, le coffret callé contre un de tes bras, ta baguette glissée dans une poche, tu hésites entre deux adresses, ton cœur battant la chamade. Le collègue de jour devenu amant la nuit ou l’être aimé dont tu brise un peu plus le cœur à chacune de votre rencontre. Ta main s’ouvre, la poudre tombe doucement sur l’âtre de la cheminée alors que ta bouche s’ouvre, pour la première fois, ton cerveau imbibé d’alcool rend les armes face à ton cœur qui parle, crie plutôt pour t’emmener vers ta destination.
Le voyage te rend malade, tu titubes à l’arrivée et sors de la cheminée doucement, ta main se saisit de ta baguette, comme si elle pouvait t’être utile. Vu l’état dans lequel tu es, tu risques surtout de te blesser et de te faire mal plus qu’autre chose avec elle. Tu n’as pas le temps de faire plus de quelques pas que tu te retrouves désarmée, sans possibilité de te défendre, le coffret t’échappe autant que ta baguette mais ce n’est pas l’important. Tu espères que la malédiction du coffret ne va pas se déclencher alors que tu entends le bruit sourd qu’il fait en tombant sur le sol, tes yeux s’écarquillent en voyant Orion, en caleçon fasse à toi. Avec ta tenue moldue, simple jean sous un chemisier et une veste, tu fais trop habillé face à lui vêtu simplement d’un bout de tissu, tes yeux s’accrochent à son torse avant de remonter alors qu’il s’active autour de toi. Tu récupère ta baguette sans t’en rendre réellement compte, prends le coffret l’observe et note qu’il ne semble pas abimé, alors tu le reposes sur une petite table et te tourne vers lui. Ses yeux bleus te happent dans un océan rapidement et tu as juste le temps de noter qu’il a croisé ses bras comme un barrage contre toi, comme pour dresser un mur entre toi et lui sauf que tu sais que c’est faux. Il n’a jamais été comme ça, ton Orion, il a toujours été prévenant et tu te doutes qu’il veut juste se donner une contenance, ne pas laisser son inquiétude pour toi éclater, tu le vois dans le bleu de ses yeux.
Attiré par son regard, tu t’approches, franchis la distance entre vous, tends les mains vers lui pour te blottir contre lui alors que ta bouche s’ouvre. Les mots sortent sans que tu les contrôles, la tempête de ton cœur s’exprimer dans un tourbillon de mots s’enchainant aussi rapidement que le ressac d’une mer déchainée. Tu évoque la perte de ton grand-père, de ta mère, ta certitude d’être maudite, que de te laisser aller à l’aimer lui, tu le tuerais mais ton impossibilité à le laisser partir, ton envie de le garder prêts de toi. Au milieu de tout ça, tu évoques la rumeur qui circule au ministère que la moitié des briseurs de sortilèges de gringotts va quitter le pays pour des années, tu demandes, exiges plutôt qu’il ne fasse pas partis de cette moitié, tu ne veux pas le perdre. Le sujet dévie à nouveau sur ce coffret, maudit, à croire que tu attires toutes les malédictions et dont tu ne sais que faire. Les mots s’enchainent rapidement, tu ne trie rien, exprimant juste ce que ton cœur n’a jamais pu exprimer et qu’il fait enfin sous l’effet de l’alcool, de la terreur de la perdre réellement et l’envie de l’avoir prêt de toi pour ce soir. Tu t’approches encore, rompt définitivement la distance entre vous, te hissant sur la pointe des pieds pour l’embrasser ou du moins tenter de l’embrasser parce que tu te recules rapidement. Ton estomac a décidé de prendre la place de ton cœur, le voyage a fini de le retourner définitivement après avoir été brûlé par l’alcool qui remonte et ressort. Le liquide chaud, qui vient de te pousser à te confesser, à faire éclater la vérité échoue sur le sol dans des bruits peu ragoûtant. Si tu étais encore lucide, tu te serais insultée de tous les noms pour le spectacle pitoyable que tu offrais et tu aurais aussi espéré tout oublier de cette nuit mais tu n’avais encore jamais été assez ivre pour vivre un blackout total. Tout juste t’arrives-t-il de temps en temps d’avoir que des souvenirs brumeux d’une soirée alcoolisée mais jamais une perte définitive de mémoire.
Dahlia complètement bouleversée. Son ami de toujours n’a pas le temps de comprendre grand-chose. Il voudrait rester sur la réserve, ce serait plus pratique, plus confortable. Il n’a jamais su résister à une marque de tristesse ou de vulnérabilité. Il paraît que ça le perdra. Ses proches s’en moquent gentiment, ravis au fond d’eux de savoir que cette réserve de bienveillance sera toujours disponible pour eux également si nécessaire. Les marabouts et autres charlatans, qu’il rencontre en voyage et à qui il donne une pièce par charité plus que pour se faire lire les lignes de la main, ces mystiques à la manque lui président de grands bonheurs ou de grands périls. Il note dans un coin de son carnet fétiche combien prédisent le grand amour et combien l’imaginent dépressif. Une statistique qui se maintient à une parfaite égalité. Il trouve cela fascinant mais il n’a jamais osé en parler à Dahlia, pas alors qu’il la soupçonne de pouvoir le faire basculer de l’une à l’autre de ces extrémités.
Déboussolé mais compatissant, il l’accueille dans ses bras. Nulle complicité physique, ça n’a pas sa place, elle est dans tous ses états. Il n’est pas tranquille, bien sûr qu’il ne faut pas la brusquer mais elle va lui dire, hein, si quelqu’un est à l’origine de cela ? Qu’il aille faire un grand geste romantique qui serait un grand geste désintéressé à défaut d’être une bonne idée. Genre casser la gueule de l’affreux qui la met dans cet état. Si c’est le collègue avec qui elle couche, l’autre tocard d’Auror, ce sera d’une pierre deux coups. Il se raccroche à ce qu’il peut dans le discours de la femme aimée.
Et il tombe.
C’est en tout cas l’effet d’une dégringolade dans quelque chose de terrifiant et de grisant. Comment ça, une malédiction ? Comment ça, elle ne lui en parle que maintenant alors qu’il lui a sans cesse seriné son ambition d’être briseur de sorts ? Sa famille, les drames qui en ont fait celle qu’elle est, il a à peine le temps de formuler en pensée des paroles rassurantes qu’il est question de l’aimer, lui. Les mots lui manquent. Dahlia, Dahlia ? Sa Dahlia, son Dahlia qui s’intéresse à ce point aux briseurs de sorts et a peur que, lui, parte ? Et ces malédictions … Il reste figé, saisi de stupeur et complètement égaré. Lorsqu’elle se détache de lui, il n’a pas tout à fait repris ses esprits. Il y a beaucoup de questions en suspens. Il n’aime sous-entendus et non-dits que dans ses romans. Dans ses relations … disons qu’on s’accorde à le trouver organisé, à s’étonner de ses élans de sentimentalisme comme de sa volonté de décortiquer la relation amoureuse et son fonctionnement.
Dahlia l’aimerait. Il a envie de lui demander si elle est sérieuse car c’est forcément une blague. Ou le plus beau jour de sa vie. Mais ça ne peut pas être vrai, trop beau pour ça. Elle n’est pourtant pas cruelle, pas son genre de faire une blague qui serait si cruelle. Il n’a plus le temps de s’atermoyer, elle s’écarte de lui et son bonheur furieux fait place à une nouvelle inquiétude. Angoisse, compassion. Que lui arrive-t-il donc ? Il s’écarte, gêné, subitement pataud.
« Oh, darling … » reprend-il. En quelques instants, sa bienveillance reprend le dessus. Il emmène la jeune femme et la fait asseoir d’autorité dans un fauteuil. Bon, par où commencer ?
Orion reprend le coffret et le pose sur la table basse, intrigué par l’objet mais préférant s’occuper de la jeune femme. Un tour de magie, incantation ménagère et maniement de baguette, nettoie le sol. Bon, et maintenant ? Il faut qu’il s’occupe de Dahlia. Il lui fait enlever sa veste, trop épaisse alors que la maison est encore chaude. Pas la peine d’aggraver un coup de chaud. Un coup au cœur ? Il n’ose pas trop lui demander. « Tu me suis ? » demande-t-il avec douceur, se penchant vers elle et la soulevant dans ses bras. Ils traversent le salon puis la chambre, pendant qu’Orion éprouve une pointe de gêne ou de pudeur, il l’ignore. Il lui semble n’avoir jamais montré cette pièce à Dahlia que lorsqu’il venait d’acheter la maison. Sans meubles, sans rien. Ce n’était pas personnalisé, il n’y avait pas choisi les couleurs qu’il préfère, les meubles qu’il a toujours rêvé de chiner et cette haute pile de livres à son chevet. D’ailleurs, elle n’a jamais entendu en entendre parler que par ses proches, à commencer par ses camarades de dortoir de Poudlard qui suivaient avec passion la toise sur laquelle la hauteur augmentait toujours. Trente centimètres de lecture, quarante huit centimètres de lecture, soixante-seize centimètres de lecture … Et tout recommencer à la nouvelle année. Orion ressent un léger picotement dans la nuque. Il va falloir qu’il s’occupe de se couvrir, aussi. Cette proximité n’est-elle pas un peu trop ? Et Dahlia qui a laissé entendre qu’elle avait des sentiments pour lui ? Il se sent sur une pente glissante, son cœur s’emballe. Il faut vraiment qu’ils en parlent, mais il faut d’abord s’occuper de Dahlia.
Précautionneusement, il l’entraîne jusqu’à la salle de bain et la remet sur pieds. Il lui sert un grand verre d’eau dans un coupe de verre finement ciselée, ramenée de voyage. Un luxe complètement décadent si l’objet en question n’était pas le dernier d’un lot brisé, acheté à des moldus qui s’étaient débarrassés des autres. Après l’avoir laissée prendre un verre et recracher dans le lavabo – il a très aimablement feint d’être absorbé par sa recherche d’un flacon dans le meuble attenant, il dégotte une petite fiole. Les explications se veulent rassurantes, il dilue dans une bonne quantité d’eau le liquide violet. Dans le verre rincé sur lequel perle un peu d’eau s’étend une tâche colorée sentant le bois de santal, peut-être la cannelle, un mélange d’épices qui lui permettra de se requinquer et d’avoir un goût plus frais. « Ca va mieux ? » Son sourire se veut rassurant. Il aimerait la prendre dans ses bras, mais peut-être est-ce trop tôt. Une part de lui, pas encore convaincue qu’il ne s’agisse pas d’une illusion, préfère se tenir un peu à distance. Il retourne dans la chambre attenante, attrape les premiers vêtements qui lui tombent sur la main, hésite. Il revient et son regard parle pour lui. Comme s’il était mieux protégé de ses sentiments par la couche de tissu qu’il a revêtu, il écarte une mèche rouge d’un visage qui lui plaît comme au premier jour et prend la jeune femme dans ses bras. Pour une fois, il préfère être silencieux. La chaleur qu’il met dans cette étreinte et qui n’a rien à voir avec les quelques embrassades qui jalonnaient leur amitié parle pour lui. « Quand je pense que tu as porté ça seule ... je n'ai pas peur de cette malédiction. Je t'aime. [/color] » Et pour bien prouver qu'il n'en a aucunement peur, il se penche pour l'embrasser.
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Tu as la tête en vrac, ton cerveau bourdonnent d’une douleur sourde qui commence doucement à poindre le bout de son nez. Tu tiens bien l’alcool en règle générale mais là, tu as un peu trop abusé de l’alcool pour ton propre bien, il n’y a plus aucun filtre, ton cerveau a rendu les armes et c’est ton cœur qui prend les commandes. Un cœur trop longtemps censuré, maintenu en exil pour l’empêcher de s’exprimer au grand jour et dévoilé le secret de ton âme. Les digues sous le flot de l’alcool ont lâchées et il n’y a plus aucun moyen de neutraliser son envie de parler, de tout dire alors les mots sortent alors que tu es au creux de ses bras. Des bras que tu quittes rapidement pour finir assise sur un fauteuil sans vraiment comprendre ce qui t’arrives. Tes neurones ont du mal à connecter pour former des pensées cohérentes et construites, tout juste tu notes que le sol, la pièce même, semble plus propre que quelques minutes avant. Tu suis les demandes ton ami sans réfléchir, retirer ta veste pour ne garder que ton chemisier et ton jean avant de finir dans ses bras. La proximité te fait monter le rouge aux joues alors que tu t’agrippes pour ne pas tomber. Tu comprends avec un temps de retard qu’il t’emmène dans sa chambre, lieu où tu n’as jamais pénétré avec lui ou sans lui, tu n’as jamais osé pénétrer dans les lieux même quand tu squattais ici sans ton Orion. Tu te contentais du canapé pour dormir avec un de ses vêtements trainant dans la pièce pour être proche de son odeur et cela te fait étrange de pénétrer dans ce lieu sacré dont tu as entendu parler sans jamais le voir. Tu te souviens encore de Cédric et des autres garçons du dortoir discutant de la toise de livre ne cessent de monter et leurs paris à ce sujet. Petit jeu amical, rien de méchant contre Orion, juste de l’amusement face à sa manie d’entasser les livres, de cet amour pour ces précieux ouvrages, ces manuscrits anciens, un amour né de sa famille.
Ton regard dévie de la toise que tes yeux ont immédiatement captée pour observer les lieux, découvrir cette espace avant de finir dans la salle du bain où tu retrouves le sol. Doucement, mal habile sur tes pieds comme un tout petit enfançon, tu t’accroches un peu à Orion avant de pouvoir te stabiliser à nouveau et le lâcher. Le verre d’eau dans la main, tu bois sans réfléchir avant de recracher le liquide dans le lavabo, le goût n’est pas infect mais ton estomac se rebelle contre le liquide après tout le poison alcoolique dont tu l’as inondé. Une remontée acide le long de ton œsophage fini à son tour dans ce lavabo et tu te rinces la bouche avant de prendre le liquide violet tendu. Les sourcils froncés, tu n’arrives pas à décrypter l’odeur et encore moins réunir tes souvenirs sur ce que peut représenter ce liquide semblable à une potion. Tu l’avales pourtant sans te poser de questions et l’effet se fait sentir assez rapidement, tu clignes des yeux avant de comprendre l’étendue des dégâts que tu as fait. Ta bouche reste pâteuse et ton cerveau embrumé, loin de récupérer tout tes réflexes comme cela peut être le cas quand tu n’es pas embibé d’alcool. « Oui… » Faible mot pour exprimer le fait que tu te sens un peu mieux, que tu récupères un peu de tes facultés ce qui est une bonne chose même si la douleur dans ton crâne reste encore un peu présente comme l’engourdissement. Tu le laisses s’éloigner tentant du mieux que tu peux de te reprendre, de te soigner afin de pouvoir gérer au mieux la situation compliquée dans laquelle tu t’es fourrée toute seule comme une grande idiote. Tu fermes les yeux pour éviter de continuer à voir tanguer la pièce et te recentrer sur toi pendant qu’Orion s’active dans sa chambre. Le bruit de ses pas sur le sol te fait rouvrir tes yeux pour l’observer, habillé, tes sourcils se fronce un instant, perdue.
Tu as pu admirer le torse d’Orion tout à l’heure ainsi que ses jambes et cette vision te manque, ce n’était pas la première fois que tu voyais son torse mais la première fois où tu le détaillais. Tu as ainsi pu noter pour la première fois le grain de beauté sur son torse, proche d’un de ses tétons que tu n’avais jamais remarqué auparavant sans vraiment savoir comment tu as pu faire ne jamais le voir avant. Tu n’as pas vraiment le temps de t’appesantir sur cela que ton aimé revient au contact avec toi malgré le tissu, tu l’observe, dévore du regard son visage, ses yeux pour ne jamais l’oublier et profite du contact sur son visage. Quant il t’attire contre son torse, tu fermes les yeux, tente d’écouter son cœur, respire son odeur pour ne jamais oublier ce moment, l’inscrire profondément dans ta mémoire pour toujours et à jamais. Ses paroles te portent un coup au cœur mais tu n’as pas le temps de réfléchir qu’il t’embrasse, te happe dans un moment de bonheur à l’état pur. Les regrets de ne pas avoir pu partager un tel moment plus tôt avec Orion remontent assez rapidement et te font rompre le baiser doucement pour l’observer. Tu t’en veux de ne pas avoir su profiter plus tôt ainsi de son amour dont tu connaissais l’existence pour lui sauver la vie, ton cœur s’emballe doucement et pas seulement à cause du baiser. Tu cherches dans les yeux d’Orion de la douleur, une trace de vie qui s’éteint pour laisser place à la pâle froideur de la mort, tu tentes de t’assurer qu’il est toujours là et qu’il ne va pas mourir d’un coup dans tes bras. Sa peau, à travers le tissu, sous tes mains est chaude, ses yeux toujours si expressifs et pleins de vie, ton cœur s’apaise peu à peu face à ses cette vision et doucement ta main droite remonte vers son visage. Tu caresses sa joue, glisse derrière sa tête pour te perdre dans sa chevelure, ton regard perdu dans l’océan des siens avec un sourire tendre. « Je t’aime aussi, Orion. » Un aveu qui sors enfin, à nouveau dans la soirée alors que tu te mets sur la pointe de pieds pour l’embrasser à nouveau gardant une de tes mains dans ses cheveux alors que l’autre reste poser contre son torse, au niveau de son cœur.
Il y a le je t’aime aussi qui est répété presque mécaniquement, vestige d’un amour dont l’intensité a passé comme les couleurs d’un tissu au soleil. Le je t’aime aussi est ordinairement moins appréciable que le je t’aime tout court, celui qui est éloquent, qui porte en lui-même toutes les promesses. Il reste bien supérieur au je t’aime bien, qui est une fin de non recevoir, polie mais brutale.
Orion s’estime très heureux de ce je t’aime aussi. Dahlia est bouleversée, il n’attend pas d’elle une grande déclaration. De quoi parlait-elle ? La promesse d’envoyer des briseurs de sorts loin de Gringotts, une malédiction familiale, son dragon de mère … Orion n’a rencontré que quelques fois cette future belle-mère, en se souhaitant bien du courage pour l’avenir. Il a toujours voulu rentrer à Gringotts et n’a jamais laissé cet espoir de côté : il a toujours espéré qu’il y ait quelque chose avec Dahlia et on peut lui demander de sortir tous les plans romanesques qu’il avait échafaudés, aucun problème : tout est prêt à servir au cas où. Il a imaginé les variantes possibles de leurs noms de famille, car il ne la voit pas abandonner le sien, et Dahlia Prewett-Fleury sonne agréablement. Il s’est posé des questions sur le fait d’abandonner sa maison lorsqu’il l’a acheté, car si jamais Dahlia lui demandait de venir vivre avec elle ? Ca se pourrait. On ne sait jamais. Quand même, il n’a pas envie de vendre cette maison, dans laquelle ils pourraient se mettre au vert s’ils ont des enfants. Il s’est renseigné sur ce que la banque sorcière fait en termes de social pour accompagner les familles, discrètement, à toutes fins utiles.
Cela ne l’avait pas empêché de tomber amoureux et de s’épanouir dans des relations qui se bâtiraient sur un mode de communication sain, sans chaud-froid. Il s’y épanouissait la plupart du temps. Mais une partie de lui n’avait jamais renoncé à l’espoir de compléter cette profonde amitié en possibilité de vivre ensemble amoureusement avec Dahlia.
L’embrasser procurait une sensation presque nouvelle tant elle semblait plus forte que ce qu’il avait connu jusque-là. Une grande chaleur qui le réchauffait tout entier, un peu de désir mais une très profonde affection qui lui donnait envie de prendre soin d’elle, tout simplement. L’impression qu’ils avaient toute la vie devant eux. Voldemort aurait-il fait planer son ombre qu’il ne se serait pas senti inquiet outre mesure, ce genre d’amour rend presque insensible au reste. Il était heureux d’une manière tout à fait nouvelle et presque délirante. Son étreinte se resserra un peu, sans devenir étouffante pour autant. Incroyable, ces possibilités qui s’ouvraient devant eux. Il s’emballait et rêvait de tous les moments – extraordinaires parce que passés ensemble – qu’ils allaient passer ensemble. Une soirée d’hiver, un simple petit-déjeuner, qu’importe. Il se sentait follement heureux. Capable d’écarter les questions qui l’ennuyaient. Cette histoire de malédiction. Leurs familles respectives qui n’étaient pas de grandes supportrices de cette relation, ses parents se souvenant d’épisodes de tristesse chez lui chaque fois qu’il avait été repoussé par sa jolie rousse. Le dangereux travail d’Auror et celui tout aussi périlleux de briseur de sorts, quoi que la menace soit différente.
Il était heureux, et ils allaient être heureux ensemble. Que demander de plus ? Lui si prolixe ne put prononcer quelques mots entre deux embrassades (c’était vraiment merveilleux de s’embrasser, pourquoi tant de livres se contentaient-ils de parler pudiquement du coup de foudre par le regard ? Non parce que vraiment, il se souvenait avoir éprouvé un sacré béguin pour elle mais c’était bien mieux de se tenir dans les bras). « J’aurai des dizaines de questions à te poser demain, mais je te promets de ne pas t’embêter avec ça maintenant. Je te promets qu'on va être follement heureux ensemble. »
Si toute cette histoire de malédiction s’avère fondée, ce qu’il n’exclut pas sans en faire une véritable source d’angoisse, ils ont du pain sur la planche pour la démonter. Follement heureux, il espère que la malédiction ne fait pas référence à une perte de mémoire ou quelque chose comme cela. Il va ressortir ses livres. Sans parler de ce coffret mystérieux posé sur la table du salon. Orion imagine mal quelqu’un qui lui est aussi proche et qui était aussi chamboulé venir avec un objet dont il n’a jamais entendu parler. Pas le portrait du grand-père qu’on sauve des flammes lors de l’incendie de sa maison. La famille de Dahlia a-t-elle quoi que ce soit à dire là-dessus ? Il n’exclut pas de contacter le grand-père (sérieux comme pas deux) et le grand oncle (loufoque mais ils s’aiment bien) pour en savoir plus.
« Je me renseignerai sur la malédiction dès demain. Je crois que tu as besoin d’un peu de repos avant cela. » Ca ne me fera pas de mal non plus car vois-tu, j’ai l’impression d’être dans des montagnes russes émotionnelles et je me félicite de ne pas être cardiaque, ajoute-t-il pour lui-même. Il la ramène doucement jusqu’à la chambre, l’incite à s’asseoir sur le lit par des gestes précautionneux, et se met en quête de lui trouver de quoi passer la nuit. Non pas qu’il ne s’enflamme pas à l’idée qu’elle dorme en tenue d’Eve – la pensée suffit à le faire rougir et il est soudain très content de la pénombre, encore qu'elle a pu le voir changer de couleur – mais ce n’est pas le moment. « J’ai ça, ça devrait être confortable. » propose-t-il en tendant un t-shirt aux effigies de Poufsouffle, le genre qu’il portait ado par-dessus ses vêtements quand il allait tomber malader en assistant à un match de Quidditch pour jouer le jeu et soutenir sa maison. C’est un vêtement qui lui rappelle de bons souvenirs et dont il a toujours pris soin. Peut-être le tend-il inconsciemment aussi, car il rêve de poser la question fâcheuse, la question jalouse, porteuse d’insécurités, l’innoncente « que représentait Cédric pour toi ? » Histoire d’être sûr ou de se trouver de nouvelles névroses. Bref, une mauvaise idée.
Il hésite bien quelques fractions de seconde à proposer, galamment, d’aller dormir dans le canapé pour lui laisser plus de place. Il n’en a aucune envie et il se fait la réflexion qu’il est bien scrupuleux. Il y a eu un « je t’aime aussi » échangé, il n’en demande pas plus. Il éteint la lumière de la salle de bain, souhaite une bonne nuit à Dahlia et pose sa baguette sur sa table de chevet, juste à côté de la toise de livres qui penchait dangereusement tout à l’heure et qui ressemble désormais à une statuette protectrice de leur amour. Il se sent très, très heureux.
Orion dort d’un sommeil profond, comblé. Il maintient un contact fréquent et plus ou moins conscient. Dahlia pourrait disparaître comme si tout n’avait été qu’un songe, mais chacun de leurs mouvements dans ce sommeil partagé lui rappelle que ce n’est pas le cas. Il se découvre plus possessif qu’il ne pensait l’être. Passe un bras autour de Dahlia, frôle sa main dans un demi sommeil, murmure des je t’aime réguliers. Il s’éveille pourtant parfaitement reposé. Un soupçon d’inquiétude, était-ce un rêve ? Il se penche très précautionneusement au-dessus du visage qu’encadrent habituellement les cheveux roux répandus sur l’oreiller comme une bannière, et qu’il a déjà reconnus. Non, c’est bien elle. Il se pince pour s’en assurer et c’est toujours Dahlia. Merveilleux. Le voilà qui l’embrasse dans les cheveux. « Ne te dérange pas, dors encore si tu veux. »
Il s’empresse de retrouver les vêtements qu’il a posés la veille à côté de l’unique chaise, et de sortir de la chambre à pas de loup.
Orion fait chauffer de l’eau pour du thé – plein d’antioxydants dont elle pourrait avoir grand besoin. Il dispose des fruits dans des assiettes, commence à cuire des œufs, envisage d’apporter le petit-déjeuner au lit mais seulement à une heure respectable.
Pendant ce temps, mettant en péril les œufs, il s’absorbe dans les rayonnages de sa bibliothèque. Voyons. Des maléfices et malédictions, un vieux traité sur le sujet. Peut-être. Désenvoutêment et vaudou, un autre plus récent. Le voilà qui épluche la bibliothèque, sortant des étagères les livres qui pourraient l’aider et dans lequel il est certain d’avoir pris des notes. Le voilà qui jette de fréquents coups d’œil à la boîte qu’elle a ramené hier, convaincu qu’elle cache quelque chose. Quelque chose, mais quoi. Il faut qu’il s’en inquiète. L’idée que Dahlia soit maudite, et lui condamné, le préoccupe quand même un peu plus que le coffret. Tant que ledit coffret ne bouge pas, naturellement.
Le briseur de sorts se laisse entraîner d’une lecture à une autre idée de lecture. Il a acheté et lu tous ces ouvrages plusieurs fois, parce que c’est un bon lecteur et pour prendre des notes qui le préparaient à l’examen d’entrée de Gringotts. C’était obsessionnel mais payant. Il n’aurait pas pensé qu’on puisse venir le voir pour lui déclarer sa flamme et l’existence d’une malédiction, mais il se surprend à trouver tout cela très, très cohérent. C’était la raison pour laquelle Dahlia le repoussait. Il n’a rien fait de mal, il n’est pas qu’un second couteau encore dans l’ombre de Cédric. Faudra tout de même le lui demander. C’est important de savoir. Peut-être pas immédiatement. Titillé par les odeurs de cuisine, il s’approche du feu pour l’éteindre, sans pour autant lâcher cet ouvrage sur le bis de malédictions qu’il emporte en lisant. Il sait lire dans presque toutes les circonstances si besoin. Il commence à échafauder une méthode pour déterminer la solidité de cette malédiction, mais tout cela demandera de poser quelques questions. Il sort d’un tas de papier quelques feuilles et une plume, prêtes à l’emploi.
Orion s’installe sur le canapé avec une tasse de thé. Il attendra que Dahlia se réveille pour prendre son repas à proprement parler. En faisant de la place pour la tasse et la pile de livres, il prend dans les mains la boîte. Mais oui, ce truc est bourré d’énergie magique, il le sent. Ca sent la même odeur que dans les tombeaux magiques, encore qu’il sache qu’il ne faut pas trop approcher le nez d’un objet qui exhale ce fumet. « Qu’est-ce que tu me caches ? » demande-t-il au coffret comme s’il en attendait une réponse.
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La tête dans le brouillard, tu hoches la tête face aux paroles d’Orion sans trop savoir quoi lui répondre, tu es un peu perdue. L’alcool, ce poison insidieux t’empêche d’avoir des pensées claires et la présence d’Orion n’aide que peu puisqu’il t’emmène sur un petit nuage de bonheur loin de la terre ferme sous tes pieds. Sa promesse d’être follement amoureux ensembles t’arrachent un sourire et un petit rire, tu aimes Orion avec ses grandes déclarations et son côté romantique que certains pourrait trouver niais. Tu le suis doucement dans sa chambre, restant près de lui ayant peur de le voir disparaître ou s’écrouler sur le sol, raide mort, tu as peur de la malédiction et ne souhaite pas le perdre alors que tu viens de tout lui dire. Tu attrapes le haut sans comprendre réellement le lien avec Cédric, tes neurones sont beaucoup trop attaqués de toutes façons pour pouvoir comprendre les sous-entendus possibles ou les non-dits d’Orion. D’habitude, tu peux lire assez facilement en lui mais l’alcool ne t’aide pas à comprendre et tu attrapes le haut avec un sourire de remerciement avant de te changer maladroitement, tes gestes étant gourd à cause de l’alcool. Tu ne gardes que ta petite culotte avant de passer le haut et de t’effondrer sur le lit pour t’endormir rapidement non pas dans les bras de Morphée, tu délaisses ce dieu pour les plus bras remplis d’humanité d’Orion.
Tu n’as jamais eu le sommeil léger, la guerre et l’entrainement d’auror n’ont pas aidé dans ce domaine aussi malgré l’alcool, tu sens les mouvements d’Orion dans la nuit, entends aussi ses mots doux. Loin de lutter contre le contact, tu te rapproches, te blottis au creux de ses bras, fait tout pour rester près de lui, de sa chaleur, de la vie qu’il dégage, une manière de t’assurer qu’il est toujours vivant. Tu as peur, peur des conséquences de ce que tu as fait, ta nuit est loin d’être paisible malgré la présence rassurante de ton ami, amant, futur mari. Tu ne sais pas vraiment ce qu’est Orion maintenant, tu es un peu perdu et dans tes rêves tu le vois mourir, dans des flammes, s’effondrant sur le sol, se prendre un sortilège de mort, avaler par un tombeau s’écroulant, étouffer par les bandages mouvants d’une momie. La chaleur d’Orion, sa présence contre toi à chacun de tes réveils dans un demi-sommeil te rassure, t’aide à te rendormir avant le prochain réveil agité avant que des rêves ne viennent finalement te cueillir. La lumière de l’aube ne te réveille pas, c’est ses mouvements qui doucement s’éloigne, la sensation de son regard sur toi, sa bouche dans tes cheveux, tes yeux qui papillonnent pour l’observer avant de grogner face à la luminosité. Tu te retournes sur ses paroles, te rendors tranquille, il est vivant et tu as besoin de sommeil sans parler que la lumière t’agresse beaucoup trop pour que tu te lèves.
L’odeur alléchante du petit-déjeuner, la luminosité plus forte dans la chambre aussi ainsi que ton estomac qui gronde te tire finalement du lit. Te levant, tu te diriges doucement vers la salle d’eau nauséeuse pour prendre un verre d’eau avant d’entendre ton ventre grogner. Tu soupires en te demandant comment tu peux avoir faim alors que tu souffres définitivement du trop d’alcool ingurgitée de la veille. Passant ta main dans les cheveux, tu tentes d’y mettre un peu d’ordre avant de renoncer pour simplement te faire une queue de cheval rapide grâce à un chouchou trainant dans une de tes poches. Délaissant le pantalon sur place, tu attrapes ta baguette et observes la chambre d’Orion, un sourire heureux sur le visage malgré les battements de ton cœur trop rapide en repensant à ce que tu as fait, dit, dévoilé à ton ami hier. Tu ne peux pas reculer à part tenter de lui lancer un sortilège d’oubliette, ce qui n’est pas ta spécialité et vu ton état risque de faire plus de dégât qu’autre chose, tu dois faire face maintenant. Orion est un bon briseur de maléfice, tu comptes sur ses capacités pour y arriver et tu descends doucement pour le rejoindre bien qu’un peu apeuré sur la suite de votre relation et te raccroches à sa promesse d’être follement heureux ensemble de la veille.
Si tu t’attendais à faire un arrêt cardiaque en descendant, tu serais surement resté dans le lit au lieu de suivre l’odeur alléchante du petit-déjeuner. Les yeux écarquillés, tu fixes l’ancien Poufsouffle tenir le coffret maudit que tu t’es trimballés comme une imbécile pour venir tout déballer hier soir. Lâchant ta baguette sur le sol, tu te rues sur Orion pour arracher le coffret des mains, le poser sur la table et fusiller le propriétaire de la maison des lieux. « Mais t’es complètement inconscient de tenir ce truc aussi près de ton visage ! Tu te rends compte que tu aurais pu être le plus rapide à mourir à cause de la malédiction de ma famille ! Tu veux établir un record ou quoi ? » Tu paniques clairement, tu es aussi en colère, ce crétin est censé avoir eu une formation pour briser les maléfices non ? Alors pourquoi il a collé son visage sur le coffret ? A tous les cas, il est devenu inconscient ou suicidaire à cause de ce que tu as fait hier et il va continuer à se mettre en danger jusqu’à mourir, comme ton père, comme les autres personnes que ceux de ta famille aiment. Tu n’aurais pas dû tout lui déballer, c’était une monstrueuse erreur et tu ne peux pas t’empêcher de te dire que tu dois modifier sa mémoire, tes yeux cherchent ta baguette, la trouvent et tu renonces. Tu t’effondres sur le canapé à côtés d’Orion en te rendant compte que tu étais prête à l’attaquer simplement sous l’effet de la panique, tu es définitivement irrécupérable. « Je suis désolé… J’ai paniqué mais est-ce que tu pourrais éviter de tenir des choses maudites trop près de ton corps pendant que je suis là, pour quelques heures… Le temps qu’on clarifie déjà ce qu’il y entre nous. Je… Je ne veux pas te perdre, pas maintenant Orion, pas après hier soir… » Tu l’observes, tu trembles toujours de peur, d’angoisse aussi qu’il te rejette après ta crise, qu’il meurt aussi parce que le coffret s’ouvrirait pour l’avaler. Tu regrettes d’avoir amené cet objet chez lui, c’était définitivement aussi idiot que d’amener un troll dans les cachots de Poudlard ou de laisser Cédric déposer son nom dans cette fichue coupe. Tes yeux se baissent sur le tee-shirt que tu portes et tes joues s’empourprent en réalisant le tee-shirt qu’Orion t’as donné la veille, ce qu’il sous-entends et tu te rends compte qu’il va falloir tirer ça au clair aussi, que tu le rassures définitivement.
IOrion est d’un naturel enthousiaste. D’un enthousiasme forcené même, si l’on en croit sa famille. Aussi choisit-il de voir que c’est une des nombreuses premières étapes de leur couple qu’il a laA chance de vivre. Certes, il a peu profité de la première fois « doux réveil de Dahlia aux cheveux emmêlés et au visage joliment chiffonné de sommeil », car c’est peut-être leur première engueulade. Encore que voilà, il n’est pas sûr d’être du genre à hausser la voix. Sa manière de réagir a toujours plutôt été d’éviter le conflit, aucun intérêt pour ça, pas ma tasse de thé, si c’est la tienne déso mais sans moi. Zut, ça aurait été utile d’en parler ensemble. Cela dit, il a connaissance du caractère volcanique de la belle depuis qu’il la regarde autrement que comme une amie, c’est-à-dire que cela doit bien faire dix ans, un peu tard pour se réveiller.
D’ailleurs, elle est somptueuse en colère, Dahlia. Et elle est loin d’avoir tort. Il a pu manquer un rien de jugeotte et aurait gagné à prendre son thé avant de s’inquiéter du coffret. Il était intrigué. Il n’est pas bon d’être impulsif quand on est briseur de sort, on le lui a déjà dit, pourtant. Peut-être son prénom le fait-il protéger par une bonne étoile, il aime cette hypothèse aussi. A court de bonnes idées, il repose le coffret et se lève pour prendre Dahlia dans ses bras. « C’était peut-être pas ma meilleure idée, j’avoue tout. » Il ferait bien une plaisanterie grivoise sur le fait qu’ils n’ont encore rien consommé alors s’il lui manque maintenant qu’est-ce que ce sera après, mais décidément, il lui semble que ce serait plus judicieux de prendre un café et le laisser faire effet. Il a failli perdre un œil. Ca s’est vu, des coffrets qui vous lancent un sort au museau quand vous les regardez un peu. Non pas qu’ils soient tout à fait calibrés sur le fait d’énucler autrui, mais ils se contentent en général d’exploser en présence d’une certaine chaleur, type chaleur humaine. On ne trouve pas assez de briseurs de sorts vampires pour cela. Orion pèse pour lui l’intérêt de partager ces connaissances avec Dahlia. Maintenant qu’ils sont ensemble, il a envie d’échanger sur toutes leurs expériences, il y a des années de non-dits ou de pas-jusqu’au-bout-dits. Mais il n’est peut-être pas judicieux de s’apesantir sur cet incident. Dahlia semble … Nerveuse ?
Pour sa part, l’ancien poufsouffle se porte comme un charme. Le petit déjeuner lui semble tout à fait merveilleux. Ce sont les mêmes œufs, bacon, thé, pommes du jardin que d’habitude. Mais le fait de les partager en se regardant tendrement dans les yeux, en parlant de choses futiles lui fait incroyablement plaisir. Est-ce si incroyable d’ailleurs ? Son bonheur a toujours grandement dépendu du maillage de liens serrés, amoureux, amicaux, qu’il parvenait à nouer. D’où ces fluctuations liées à la présence de Dahlia dans son entourage – et l’impact de la vie amoureuse de celle-ci sur la météo de son humeur. Tout ceci est désormais fini ! Normalement.
« Les elfes de maison, ou qui que ce soit, a bien travaillé. T’imagines, ce t-shirt a traversé tout Poudlard. » remarque-t-il en désignant le fil de la patte du blaireau, qui commence à se détacher. Il avait trouvé cette excuse pour frôler l’épaule de Dahlia en tirant le fil mais il lui vient en tête qu’il a déjà été plus subtil. Parler de Cédric, même de loin, est une idée déplorable. Il y pensait, voilà tout. C’était tentant, trop facile mais tentant.
« Pardon. On n’a pas à en parler. Ni maintenant ni après si besoin. » Les mots ne sortent pas comme il l’aimerait. Là encore, difficile de se retenir. Il espérait dire qu’ils n’avaient pas à en parler ni maintenant ni jamais mais si, à vrai dire, il serait preneur dans un futur même lointain. Il est peut-être un rien pénible, d’accord. Ou obsessionnel sur cette question. Ce qui peut se comprendre, estime-t-il. Après tout, il convient d’avoir certaines conversations en début de vie à deux. Quel gâchis ce serait de ne pas bien commencer leur vie à deux en se laissant polluer par des secrets pareils.
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Tu es nerveuse, tu vas surement mourir d’une crise cardiaque un jour d’ailleurs, du moins c’est ce que grande tante Tina n’a jamais cessé de te dire, tu maltraites ton cœur à partir au quart de tour comme ça. Sauf que tu n’y peux rien, tu es un volcan, dès qu’un truc te déplait c’est l’ébullition, ça déborde de partout et ça explose littéralement dans certains cas. Généralement, une fois l’explosion faites, ça retombe vite, très vite même et tu t’excuses ou tournes les talons suivant la situation sauf que là, tu es face à Orion, tu sais qu’il déteste ça le conflit. Franchement, tu te demandes combien vous allez tenir, toi et lui, tu es explosive, franche, direct et lui, il a tendance à être calme, diplomate et à l’écoute, vous êtes beaucoup trop à l’opposé l’un de l’autre. A Poudlard certains pensaient que tu aurais fait une bonne Gryffondor, sauf que le fait d’être explosive ne fait pas toi une Gryffondor, le choixpeau a faillit t’envoyer à Serpentard, pas chez les lions mais chez les serpents. Tu te souviens qu’un jour un Serdaigle avait laissé entendre que les Gryffondor ressemblaient beaucoup aux Serpentard, la différence tenait au fait que les lions avaient tendance à se mettre en avant sans l’assumer pleinement, qu’ils jouaient aux héros intouchables contrairement aux Serpentard qui assumaient leurs parts d’ombres. Tu n’as jamais tranché sur la question, il y a bien que des Serdaigles pour réfléchir à tout ça et se prendre la tête sur les similitudes et différences entre maisons, toi, tu sais juste que tu es un Poufsouffle et tu l’as toujours balancé à la figure de ceux qui voulait te placer dans une autre maison. Ta loyauté envers ta famille puis tes amis est à tes yeux la plus belle preuve que tu es définitivement une Poufsouffle et non d’une autre maison. Après tout, c’était pour ne pas trahir ta famille, te retrouver avec de la famille des meurtriers de ton père que tu as supplié le choixpeau de ne pas t’envoyer à Serpentard et fini à Poufsouffle. Maison de ta famille paternel, maison dans ton sang en quelque sorte, tu as respecté la tradition familiale et cela t’allait très bien. Tes pensées tout comme ta colère s’envole quand Orion te prend dans ses bras et tu respires son odeur, cela te fait un bien fou, de sentir sa chaleur et t’assurer qu’il est vivant, loin de ce maudit coffret.
Installé face à lui, tu l’observes, détailles ses gestes t’attendant au moindre signe de défaillance, tu grignotes ton repas doucement sans vraiment te rendre compte de ce que tu manges. Cela ne t’empêche pas de faire la conversation mais tu ne profites guère de l’instant étant terrorisé à l’idée de le voir s’effondrer devant toi. Tu sors enfin de ce stress quand il frôle ton épaule et fait une remarque sur le haut que tu portes encore, doucement tu attrapes sa main et lient tes doigts avec les siens en l’écoutant sans rien dire sur le moment. Tu ne sais pas trop quoi ajouter, tu ne vois pas trop où il veut en venir, enfin, si le travail des elfes de maisons, tu comprends mais cela semble important pour lui alors tu tiens à savoir. Tu vois bien que sa rétraction et une fausse rétraction, qu’il veut aborder le sujet sans oser le faire sauf qu’il y a beaucoup de choses liés à Poudlard, à votre maison que vous vous n’êtes jamais réellement dites. Les sourcils froncés, tu observes le haut, te rappelles qu’Orion le portait pour te voir jouer au Quidditch avec Cédric mais tu ne fais pas le lien, tu ne vois pas ce qu’Orion pourrait vouloir savoir à ce sujet. « Qu’est-ce que tu veux savoir, Orion ? De quoi, devons-nous parler ? Je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir mais cela semble important pour toi… Je me souviens que tu portais ce haut à Poudlard, oui, que tu le mettais parfois pour me voir moi et Cédric jouaient mais… Je n’arrive pas à faire le lien… » Tu es perdue, vraiment, tu ne vois pas ce qu’il veut savoir ou tu fais mine de ne pas le voir, ton cerveau est encore un peu ensommeillé malgré ton coup d’éclat de tout à l’heure et la nourriture avalée. Peut-être est-ce mieux ainsi, tu l’ignores encore, vous avez tellement de choses à évoquées pour exorciser le passé et construire votre avenir ensemble…
« Je voulais juste savoir … » C’est gênant à dire. Très gênant. Quel besoin a-t-il d’être rassuré ? Rassuré de quoi, de qui ? De l’absence définitive de quelqu’un dont ils ont porté le deuil ? Quelle rivalité cherche-t-il à atteindre ? On n’est pas rival de quelqu’un qui a disparu. Le briseur de sorts se reprend. Il songe à tous ces récits de science-fiction qu’il a déjà lus, dans lesquels il est possible de remonter le temps. Oui, revenir en arrière quelques instants, ne pas dire cette bêtise. Ne pas se prendre à son propre piège. Fallait pas en parler, pourquoi l’avoir fait ? Il aimerait revenir en arrière.
Il faudra pourtant bien qu’il lui lâche la bride, à cet éléphant dans la pièce. « Tu … » Cédric. Faut bien en parler. Il était le ciment de leur groupe. Parfois, Orion avait le sentiment de n’être qu’en périphérie du groupe. Il côtoyait l’équipe de Quidditch mais n’a jamais voulu en faire partie. Peut-être aurait-il dû faire preuve d’un peu moins d’esprit rebelle. S’il avait fait partie de l’équipe, aurait-il été bien différent ? Cela n’aurait pas joué contre lui pour Gringotts, encore aurait-il fallu se ménager le temps d’étudier le programme qu’il s’était fixé pour cela. Il a voulu faire – disons – la forte tête. Non il n’aimait pas le Quidditch non il ne ferait pas partie de l’équipe. Merlin, c’était parfois difficile.
Poudlard s’est révélé bien différent de son noyau familial. La solitude se faisait parfois sentir. Solitude que ne connaissaient pas les Fleury : soit on était avec les autres, soit on lisait. Deux états simples. A Poudlard, on pouvait être isolé parce qu’on ne faisait pas partie du groupe. Règles tacites, parfois difficiles à décrypter. Oscillations entre l’attrait représenté par la compagnie des autres et l’envie de plonger dans un livre comme dans une baignoire. L’idéal aurait été de lire dans la salle commune, en bonne compagnie. Pas toujours envisageable. Groupe d’amis trop tourné vers le Quidditch – normal après tout. Nombreuses sociabilisations extérieures. Fallait bien ça. On a rarement vu Poufsouffle si populaire auprès d’autres maisons. Quand il n’était pas dans l’ombre de Cédric. Le type un peu grand qui ressemble à Cédric, qu’on a déjà vu quelque part (à la librairie, job d’été à vie).
Bouche qui s’ouvre plusieurs fois, très forte envie de reculer, renoncer, prendre la tangente. Ce serait plus simple. Pas une brillante idée de commencer leur vie conjugale de cette façon. Ramener les ex, ah, très malin, oui. Il sent qu’il va le regretter. Il serait préférable de rompre ce moment de flottement pour autre chose. Parler de la malédiction, par exemple. Ce serait plus sage de ravaler ses inquiétudes – il pourra travailler dessus. En parler des heures à ses amis, si besoin. Peser le pour et le contre. Faire une liste en deux colonnes.
« Rien, en fait. » Ca peut attendre. « On … On devrait s’occuper de cette malédiction. » Il se lève précipitamment, reviens avec un papier, un stylo, et toujours le rictus qu’il peine à faire disparaître. Orion n’a jamais été de l’étoffe des grands comédiens. Le voilà qui inscrit sur la feuille plusieurs phrases, correspondant à des abréviations. Il connaît la procédure par cœur. Il la connaissait à douze ans, lorsqu’il a pu acheter les carnets d’un ancien briseur de sorts.
« Alors. Processus standard de Gringotts pour les personnes potentiellement affectées par une malédiction. Peux-tu m’indiquer si certains de tes parents ou ancêtres auraient pu en être victimes ? Hormis … Hum, ton père, ton oncle, d’autres décès jeunes dans la famille ? Est-ce qu’il y a une histoire familiale selon laquelle vous auriez vexé A) un sorcier puissant, B) un partisan de Voldemort, Grindelwald ou autre extrémiste politique, C) toute autre entité magique puissante ? »
Gringotts a ce quelque chose de merveilleux qu’en dépit d’un débit de paroles presque insupportable, Orion est suffisamment concentré sur le fait de bien faire son travail pour oublier le reste. La petite musique de fond s’apaise. Il ne veut pas poser cette question. « Est-ce qu’en dehors des Etats-Unis et de l’Angleterre, une partie de ta famille est partie en voyage, hors vacances, et hors événements qui mériterait d’être raconté survenu durant ces vacances ? »
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ATTENTION possible spoil sur les Animaux Fantastiques 2
Le moment de flottement te met mal à l’aise, tu fixes Orion dans les yeux tentant de lire en lui, comprendre le sujet qu’il veut évoquer. Tu le vois perdu, hésité et tu ne sais pas quoi faire pour lui donner confiance, le pousser à se lancer alors tu attends. Silencieuse, tu lui souris tendrement, écoute les syllabes qui sortent de sa bouche et patiente pour qu’il finisse par cracher le morceau. Mais cela ne vient pas, Orion se referme comme une huitre, il se tait puis passe à autre chose rapidement, trop rapidement, précipitamment tu le sens. Tu fronces les sourcils pendant qu’il se lèvre, se saisit de ses instruments de travail et commence à griffonner rapidement surement des idées ou des choses liés aux procédures de Gringotts pour éviter d’oublier des choses. Tu ne connais pas grand-chose du métier mais tu sais que les gobelins sont très à cheval sur des principes directeurs et des procédures typiques qui doivent être respectés en tout temps. Tu hésite à retirer le carnet des mains de ton ami, non de l’homme que tu aimes pour essayer de comprendre ce qui le chagrine, tu sens que c’est ce que tu devrais faire. Mais la malédiction, cette chose que tu as tue pendant toutes ces années est présente et s’il y a une chance qu’Orion la brise, tu dois la saisir après tout, vous aurez le temps d’avoir une discussion sur ce qu’il voulait plus tard, non ? Tu n’as pas le temps de trancher dans ton hésitation qu’un flot de questions te tombe dessus. Ta première réaction est d’écarquiller les yeux surpris par ce flot puis de laisser un rire exploser dans ta gorge, pas un rire heureux, pas totalement car les questions ne sont pas drôles mais plutôt grotesques à tes yeux. Orion connait forcément les réponses ou du moins une grande partie d’entre elles et tu le sais bien alors que tu ne peux t’empêcher de laisser ce rire nerveux sortir de ta gorge. Le rire est de courte durée avant que tu ne te reprennes et observe ton homme avec un sourire triste à l’idée de remuer une partie de ce passé.
Il est beau quand il te fait face, concentré, déterminé à t’aider à lui sauver la vie et à pouvoir vivre avec toi l’histoire que vous auriez dû commencer à vivre depuis Poudlard. Un instant, une autre image de lui se superpose à celle que tu vois, celle d’un combattant prêt à se battre à tes côtés durant la bataille de Poudlard. Ta gorge se noue alors que tu penses aux morts de ce jour et plus particulièrement à la mort que tu va devoir évoquer rapidement devant Orion. Il était là, il le sait mais il a oublié et tu ne peux pas le blâmer, il applique la méthode Gringotts et il ne peut pas penser à tout. Doucement, tu te tournes vers lui, résiste à l’envie de te blottir contre lui, tu fais face au briseur de malédiction pas à celui que peut te consoler, pas pour le moment. Tu sais qu’il sera présent, l’homme qui t’aime mais après les informations prises, pour le moment, tu sens qu’il a besoin de se concentrer sur cette tâche pour faire fuir des nuages orageux de sa tête alors tu compte bien t’y plier qu’importe la douleur que cela peut te faire ressentir. « Eh bien… Au niveau familial, en lien direct du sang, il y a Fred déjà même si je ne pense pas que se soit la malédiction qui l’est touchée et que c’est plus lié aux circonstances… Je sais aussi que mon grand-père a perdu sa première fiancée dans le cadre de son travail d’auror alors qu’il pourchassait Grindelwald, il ne m’a pas donné beaucoup de détail sur sa mort… Il n’aime pas trop en parler, c’est difficile pour lui… Je dirais donc qu’il y a mon grand-père et ma mère qui aurait pu en être victime, je pourrais creuser plus loin en termes de génération si tu le souhaites… Ah et mon grand-oncle aussi sûrement, je n’ai aucune certitude sur le fait que Norbert était amoureux mais je sais qu’il tenait beaucoup à la fiancée de papy, d’une manière plus qu’amicale en tout cas… » Tu te perds dans tes pensées un instant, tu as toujours eu un doute sur les sentiments de ton grand-oncle vis-à-vis de cette fille. Il était évident que ton grand-père l’aimait, c’était sa fiancée mais tu avais l’impression qu’elle avait été l’objet d’une compétition entre les deux frères et tu ne pouvais pas t’empêcher de te demander si en mourant elle n’avait pas été une victime double de la malédiction Dragonneau.
Quand tu reviens c’est pour ta concentrer sur les ennemis possibles de ta famille et tu te mordilles la lèvre inférieure en sachant pertinemment que la liste est très longue. « Eh bien, papy Thésée et oncle Norbert ont combattus Grindelwald en face à face à quelques reprises… Tante Tina aussi s’est retrouvé face à lui et je sais qu’elle craignait que Grindewald finisse par réellement tuer oncle Norbert, visiblement il haïssait réellement mon oncle, je ne sais pas pourquoi par contre… Je suppose que dans leurs affrontements, ils ont pu aussi se mettre à dos des partisans puissants Grindelwald comme papa oncle Fabian avec les partisans de Tu… Voldemort. Je doute que Vol…que lui est voulu se venger directement d’eux et des bâtons qui lui mettaient dans les roues, je veux dire, ils étaient pas les seuls à s’opposer à lui et on sait qu’il avait la sale tendance à déléguer les choses… Pour le reste, faudrait vraiment que je creuse plus car je ne vois pas. Quant au voyage, je sens qu’oncle Norbert a aussi été en Egypte et une bonne partie de l’Afrique, en Amérique du Sud aussi. Il a beaucoup voyagé pour étudier les animaux et grand-père s’est aussi rendu en France avec lui, enfin en même temps que lui, c’est compliqué leurs voyages, visiblement ils avaient plutôt tendance à finir au même endroit et au même moment qu’à vraiment y aller ensemble… » Tu hausses les épaules un peu perdues dans le récit que tu viens de faire. Faut dire que si tu as eu le droit au récit de milliers de fois étant enfant, tu n’as jamais creusé à fond toutes les circonstances liées à ces récits que tu trouvais déjà merveilleux et riche en détail. Soupirant, tu sens que tu passes à côté de choses essentielle et surtout tu restes persuadée que la malédiction remonte à plus loin et que les informations que tu donnes ne sont pas utiles pour Orion. En sommes, tu te sens totalement inutile pour l’aider à rester en vie alors que tu devrais pouvoir le protéger correctement en tant qu’auror.