ELDRIM - KVILE

Hagal : la tempête
C’est une nuit tourmentée, longue, langoureuse qui a vu naître celui qui allait devenir le voyageur de son peuple. Petite bicoque jouxtant les glaciers a vu le marmot naître en poussant un premier cri qui, selon son père, ébranla si bien Thor qu’il répondit en frappant l’arbre voisin de la foudre. Le miracle s’éteignit bien vite sous l’averse battant toiture. La roche et le bois, la paille et la terre se mêlent pour offrir au nourrisson et sa mère le plus précieux des repos. Et la maisonnée de s’endormir en liesse.

Tiwaz : la loyauté
Le garnement grandit dans les plus pures traditions nordiques. Choyé par son bourru de père et sa brillante de mère, il devint enfant puis homme sous le regard bienveillant d’Edda, sa sœur aînée. Le petit être langé, pâle peau, toison blonde indomptée, se fit au cours des ans grand échalas sec et maigre. Il prit la taille de son père, la corpulence de sa mère. Vif d’esprit, il avait le coeur comme un continent, la foi inébranlable et la fougue de ces jeunes chevaux prêts à dévaler les plaines et les collines. Comme tous les adolescents, il tomba amoureux et rêva à une saga qui perdurerait par-delà les âges. Elle s’appelait Olafína, avait le ciel pour prunelles, le soleil pour couronne et la neige pour peau. Perfection faite femme, elle fit de son prétendant le plus heureux des hommes le jour où elle accepta de l’épouser après six ans de cour ininterrompue.

Dagaz : le temps
La vie coulait lentement pour les jeunes épousés avides de tout découvrir. A dix-huit et dix-neuf ans, ils étaient homme et femme devant toute l’assemblée des Ases et du village réunis. Déjà des adultes au regard de la vieille coutume. Les deux œuvraient aux champs tout le jour durant, luttant contre la rocaille du sol, chérissant leurs bêtes. Et lorsque venait le soir, l’un se mettait à son établi pour graver les pierres arrachées au sol en journée, l’autre tissait paisiblement au coin du feu. Une vie simple qui aurait pu s’écouler indéfiniment si le bonheur n’avait fait naître, dans leur deuxième année d’épousailles, leur premier et dernier enfant.

Jera : l’infertilité
Fut-il jaloux de leur bonheur ou avide d’imposer à la famille nouvelle des épreuves à la hauteur de leur courage, le destin frappa durement les enfants de Fjalar. Il lui fallut d’abord vendre la main de sa fille aînée, Edda, à un vieillard anglais, Caractarus Beurk. L’argent changea de main avec aisance, assurant à Fjalar de pouvoir garder sa terre en perdant l’affection de ses enfants. Valur entreprit une abondante correspondance avec sa sœur : eux qui avaient été proches sans être fusionnels devinrent les deux échos d’une même voix braillant de part et d’autre des océans. Mais l’année ne s’acheva sans un nouveau coup. Emportée par la colère d’un homme aviné auquel elle s’était refusée, Olafína la douce revint mourante à son logis. Son époux catastrophé n’eut que le temps de l’étreindre pour recueillir son ultime souffle, jurant de la venger devant Sygyn, fidèle parmi les épouses divines. Celui qui tua sa femme était un étranger, il ne fut pas difficile de le retrouver. Conquérant du nord de l’île, il défia le veuf et perdit le combat non sans avoir apposé sur le front de son assassin Jera. Promesse d’infertilité infamante. Honte gravée à même la face du vengeur éploré.

Algiz : la protection
Puisqu’il ne restait, pour Valur, que la désespérance sur les rives qui le virent naître, il se résolut à ne pas laisser ces récifs contempler son trépas. Il prit le bateau, son enfant tout contre lui, pour gagner les côtes anglaises où la guerre faisait rage et où sa sœur aînée élevait ses marmots. Il passa quelques jours à Londres avec elle, le temps de se retourner puis partit s’exiler au Pays de Galle, peu désireux d’abuser de l’hospitalité de son ombrageux beau-frère. Il devint à cette occasion le parrain d’une petite @Veredis S. Beurk qui pépiait contre le genou de sa mère, avide de découvrir l’enfant du visiteur enclos dans les bras paternels.

Mannaz : la communauté
Tout en s’installant loin de tout et proche de la mer, Valur prit des dispositions pour assurer sa survie. Il apprit l’anglais, se fit connaître comme artisan, accomplit les démarches nécessaires à l'obtention d'une double nationalité et trouva une place à même d’assurer la sécurité de sa famille : il entra au Ministère. Son enfant fut confié aux bons soins d’Edda en journée et de la petite Veredis. Il côtoya peu le cadet de cette dernière, observé très étroitement par son mangemort de père. Mais la paix dans le ménage d’Edda était assuré : elle avait donné à son mari un fils à modeler selon ses sombres aspirations. Sa formation dans les brigades d’auror fut l’occasion de perfectionner sa maîtrise de la langue anglaise et d’affûter ses armes. Seul utilisateur des runes de sa brigade, il les mit à l’épreuve de la traque, des duels, révélant au monde ses étonnants pouvoirs de concentration et sa grande adaptabilité à tous types de situation. Seul islandais du Ministère, il fut longtemps regardé avec une certaine prudence malgré son dévouement : en tant qu'étranger, même porteur de double nationalité, il lui fallait faire ses preuves plus encore que les autres. La jeune recrue prometteuse se fit vétéran : en une quinzaine d’années, il se forma, traqua, défendit l’honneur de sa famille ternie par la sordide réputation de son beau-frère et le Ministère, participa à la chasse des derniers mangemorts et à la reconquête du Ministère. Absent de la bataille de Poudlard il fut en revanche très actif dans les événements ultérieurs et, comme les autres, salua le retour inopiné de Potter d’entre les morts.

Raidho : voyage et solitude
Valur s’est fait prudent homme avec les ans : sa vie trop courte et trop longue à la fois, lui a enseigné au moins à se méfier des beaux discours et des réactions impulsives. C’est pourquoi il a accueilli avec réserve la nomination d’un ministre de la magie aussi jeune et inexpérimenté. Les bons guerriers ne font pas toujours de bons chefs : la valeur de Potter face à son ennemi ne permet en rien de présupposer de sa clairvoyance. Ses premières mesures intriguent l'islandais. Résolument conservateur, il est en désaccord avec une partie du discours par trop libéral de Potter... Pourtant, il faut reconnaître une certaine cohérence dans ses mesures, cohérence qu'il souligne et salue. Venu à Poudlard pour travailler avec son enfant sa maîtrise des runes, l'auror n'a pas fait partie du cordon de sécurité des attentats de Septembre au Ministère et n'a donc pas eu à s'inquiéter de la présence de son fils sur la scène du crime. Toutefois la suspicion pesant sur les Malefoy a attiré son attention sur cette famille, et le voici qui commence à se renseigner sur l'Enchanteresse. Si son discours traditionaliste est séduisant et fait écho à de nombreuses convictions profondes de l'homme, le fait que la porte-parole de ce mouvement soit de l'ordre d'Hermès lui déplaît. Il voit dans ces beaux discours un nouveau miroir aux alouettes de l'Ordre que ses ancêtres ont tant combattu et que sa propre soeur a du s'abaisser à épouser. Contrairement à de nombreux opposants de Potter, il accueille avec assez d'enthousiasme la création de cette réserve de citoyens. Il lui semble qu'en occupant d'anciens combattants, Potter pourra les canaliser. Il s'est d'ailleurs immédiatement porté volontaire pour contribuer à la formation et l'intégration des nouvelles recrues en cas de besoin. Venu en Novembre à Poudlard, il a été témoin de ce nouvel attentat contre Potter. A nouveau, son opinion du camp d'en face s'en est trouvée dégradée : même si l'Enchanteresse clame qu'elle n'y est pour rien, il n'y a d'honneur dans une victoire que si elle est arrachée dans un combat juste. Les fourberies de Loki n'ont jamais trouvé beaucoup de grâce à ses yeux.