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{Jokate} la coalition de ses deux âmes soeurs
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
pictures : {Jokate} la coalition de ses deux âmes soeurs Voodoo-ppl
Jeu 30 Mai - 19:14




la coalition de ses deux âmes soeurs
Les titres défilent, les images s’agitent, les textes traînent en longueur. Josiah était assis sur un de ces hauts tabourets de bar, et feuilletait la Gazette du Sorcier. Il s’était échappé des bras de son amant, un peu plus tôt ce matin-là, pour le laisser dormir. Que @Nasiya Abasinde puisse dormir plus longtemps que lui, gros dormeur, était quelque chose de suffisamment rare pour que Josiah choisisse de ne pas abîmer ce moment, et ainsi de s’extirper de leur appartement. Allait bientôt sonner l’heure de son premier appointement, avec une adolescente certainement écervelée qui voulait voir représenté sur son bras le portrait d’un bien-aimé. Le grand jeu serait de la convaincre d’oublier l’idée, et plutôt de se servir de sa peau comme d’une ardoise vierge pour continuer de tester sa dernière création. Josiah ne doutait point, en bon commerçant qu’il était, qu’il parviendrait à ses fins, et se réjouissait déjà à cette idée. Les titres de la Gazette le déprimaient. On signalait de la neige pour les jours qui viendraient – il jeta un œil dehors : le soleil était à peine levé, la brume emplissait les rues londoniennes. Juste devant la baie-vitrée du café parfaitement moldu où il s’était installé ce matin-là s’étalait un monsieur parfaitement grassouillet qui léchait la marmelade de ses mains. On aurait dit qu’il l’avait étalée avec ses doigts potelés directement sur le muffin, tant ça dégoulinait. Face à lui, sur un autre de ces énormes fauteuils en cuir qui commençaient à se faire à la mode, une femme à l’air pincé faisait semblant de lire une revue en tapant du pied sur le sol. Elle ne cessait d’ouvrir et de refermer le clapet de son téléphone, attendant visiblement les nouvelles de quelqu’un. Serait-il nécessaire qu’un jour, les sorciers se munissent de pareils engins ? Ça serait bien utile pour contacter sa mère à la Nouvelle-Orléans, se figurait Josiah. Sa chouette n’était toujours pas revenue de sa dernière traversée de l’Atlantique, et risquait de tarder encore quelques jours pour le faire. En attendant, il devait utiliser ces hiboux très laids du service postal magique.
Josiah n’aimait pas la laideur. Malgré ses nombreuses lectures des Fleurs du Mal, il peinait à se convaincre du Beau qui résidait dans les choses laides. Prenons pour exemple cette nana qui était penchée en avant pour boire son thé, et qui laissait apparaître dans ce mouvement une espèce de torsade tribale encadrant un papillon, tracés sur la peau qui recouvrait le bas de son dos. Une horreur. Il y avait dans les tatouages qui agrémentaient la chute des reins d’une femme quelque chose qui pouvait être extraordinairement sensuel. Mais là, le papillon était disproportionné, une de ses ailes était plus grande que l’autre, les traits de la torsade bavaient, et le tout avait tourné au vert à cause d’une exposition au soleil trop répétée. C’était affreux, très laid. Comme ces hiboux du ministère aux couleurs fades et à l’œil triste, et comme Londres quand la neige jaunissait aux premiers pas des passants. Un frisson parcouru les épaules de notre sorcier béninois, qui se dit qu’il aurait mieux fait de rester plus longtemps dans les bras de son amour, son humeur en aurait peut-être été meilleure. A défaut, il termina le thé devenu froid qui restait au fond de sa tasse, et regarda l’heure affichée sur le pendule au-dessus du bar. Neuf heures passées. S’il partait maintenant, il n’aurait pas besoin de transplaner jusqu’au Chaudron Baveur pour être à l’heure pour accueillir sa cliente à la boutique. Il détestait transplaner. Par Ogun, mais qu’était-ce que cette humeur ? Il fouilla dans sa poche, et en tira quelques piécettes moldues qui lui permettraient de payer son Ceylan. L’homme installé à côté de lui le regarda replier soigneusement sa Gazette pour la mettre sous son bras. Il avait été intrigué par les titres étranges et avait espéré qu’il ne rembarque pas le journal avec lui. Josiah avait remarqué le regard curieux de son voisin de tablée, genre d’ennui classique quand on choisissait de s’installer dans des endroits moldus. Le bar était situé à juste quelques rues du Chaudron Baveur, il n’était pas rare d’y croiser quelques clients sorciers lassés du brouhaha de l’auberge, mais délaissant l’idée de s’installer dans un endroit encore plus bruyant, le Chemin de Traverse. C’était un endroit très silencieux, surtout le matin, où les gens venaient seuls, boire un thé ou un café avant de se diriger vers ce qui occuperait le reste de leur journée.

Son journal sous le bras, Josiah alla récupérer sa longue cape en laine noire, dont le dos était entièrement recouvert d’un tissu wax aux couleurs chaudes, que lui avait envoyé une de ses sœurs. Il l’enfila et l’agrafa autour de son cou. Sur le chemin pour la porte, il remarqua une jeune femme installée seule à une table, penchée sur ce qui semblait être des copies d’élève. C’étaient ces parchemins qui avaient attiré l’œil du sorcier : ils étaient noircis de runes, tracées de façon plus ou moins bancale, pour le peu qu’il en savait de ce type de magie. S’il n’était pas étonné de croiser une camarade magique dans ce bar, dont nous avons déjà décrit le rapprochement avec l’une des artères les plus sorcières de Londres, quelque chose le poussa à s’arrêter pour observer un instant la créature. La scène dura l’espace de quelques secondes, avant qu’elle ne se rende compte que quelqu’un la regardait. En attendant, Josiah avait eu le temps de la détailler. Elle devait avoir une trentaine d’années, c’était en tout cas ce qu’indiquait le grain de sa peau, sujet que Josiah pouvait se targuer de bien connaître. Ses lèvres étaient un peu gercées, et elle semblait murmurer sans qu’on puisse l’entendre quelque incantation. Elle était installée devant une fenêtre, le contraste entre l’air extérieur, absolument grisâtre, et sa peau diaphane donnait un résultat absolument surprenant. C’était là une scène presque picturale, digne d’un tableau. Très belle. Josiah eut le temps de se dire qu’y avait quelque chose de très anglais à cette scène, avant qu’elle ne lève le crâne pour le jauger à son tour. Ce fut quand il croisa son regard encadré d’un trait d’eye-liner que son esprit s’excita. Comme si son cerveau avait fini de croiser les données, et avait enfin craché son résultat. Papi Legba semblait d’humeur joueuse ce matin, et soudainement, la mauvaise humeur de Josiah semblait s’être échappée de son corps pour laisser place à un sourire taquin. Il connaissait cette jeune femme, ou plutôt, il avait l’impression de la connaître tant on la lui avait décrite. Au détour de conversations, l’air de rien, parce qu’il ne faudrait pas prétendre lui être trop attaché, mais Nasiya n’avait jamais su lui cacher pareils penchants. C’était une des rares femmes adorées par son amant, qui se taisait suffisamment sur le sujet pour que Josiah ne retienne la moindre information qu’il lâchait sur elle.
Définitivement arrêté dans son chemin vers la porte, Josiah cherchait quelque chose d’intelligent à dire, parce qu’il fallait l’impressionner. Hekate Murphy, pour ce qu’elle représentait pour Nasiya, devait être impressionnée, et pourtant, les mots ne semblaient pas vouloir se former entre ses lèvres. Il se contentait de secouer la tête de droite à gauche, encore un peu halluciné du sort que lui réservait ce sacré Legba à qui il devait une offrande. Un sourire découvrait ses dents blanches alors qu’il s’asseyait sur le bras du fauteuil face à Hekate.

Il avait choisi de ne rien dire, et d'attendre qu'à son tour, elle l'identifie. Il espérait qu'elle en soit capable, il espérait que Nasiya ait parlé de lui, il espérait compter pour lui autant qu'elle. Car il s'agissait de cela, finalement. C'était cela qui le paralysait face à elle. De rencontrer cette femme qui comptait autant pour son homme que ça le rendait jaloux plus que de raison, plus qu'il ne l'était d'ordinaire. Cette femme qui était suffisamment importante pour que Nasiya parle d'elle, lui qui était d'ordinaire mutique quant à ses relations. Lui qui se targuait de ne jamais s'attacher. Pouvait-il l'approcher ? Pouvait-il lui équivaloir, où devrait-il se contenter d’une deuxième place ? Foutu Papa Legba.



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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
pictures : {Jokate} la coalition de ses deux âmes soeurs 7l39
Jeu 25 Juil - 3:25
Jokate


ft. @A. Josiah N'Da ( 1 397 mts )
Kate inspira profondément, se saoulant autant que faire se peut de l'air glacée qui pénétra violemment sous l'impulsion ses poumons viciés par la nicotine. Dans sa poitrine se formait presque des petits cristaux de glace autour des bronchioles, causant à chaque respiration une brûlure douloureuse autant que salvatrice. A chaque pas, derrière elle, s'éloignaient les énormes pierres grises des murs du château. C'est précisément ce qu'elle fuit, aujourd'hui. Et comme à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Autrefois, elle avait trouvé entre ses murs la stabilité nécessaire à la construction de son adolescence, loin de sa famille qui prenait l'eau, là-bas sur les collines balayées par le vent du Connemara. Le Choixpeau avait raison : pour bon nombre d'élèves, Poudlard avait été une seconde maison et ses habitants, une seconde famille. Peut-être qu'inconsciemment, après avoir assisté aux horreurs de la guerre, c'était ce qu'elle avait cherché à retrouver lorsqu'elle était venue postuler pour le poste d'enseignant qui venait de se libérer et pour lequel, n'en déplaise à ses détracteurs - ils étaient très peu nombreux mais elle en était malheureusement la cheffe - la jeune femme était parfaitement qualifiée. Mais à mesure que les mois s'égrenaient, il fallait bien avouer que ça n'avait été qu'une illusion. La masse grise de granit autour d'elle n'avait plus l'étreinte chaude et rassurante de ses souvenirs. Au contraire, elle se faisait oppressante. Étouffante.
Ses paupières se fermèrent, et Hekate laissa le souvenir du brouhaha de Londres envahir sa tête alors que dans son ventre se nouait la sensation familière du transplanage et qu'elle serrait les doigts un peu plus fort sur le cartable en toile qu'elle tenait tout contre elle.
Lorsque ses yeux se rouvrirent, Londres était là. Étourdissante, bruyante, grouillante de monde. Agréable. Une odeur douce de café chaud et de tabac caressa son visage et l'Irlandaise pressa le pas, tapant du pied un peu plus que nécessaire pour combattre le froid qui engourdissait doucement ses pieds pourtant bien couverts dans deux grosses paires de chaussettes en laine et des rangers. Le monde moldu l'entoura aussitôt, avec une familiarité qui fit s'étirer sur son visage rosit par la fraicheur un sourire de bien être. C'était presque comme être à la maison. Elle retrouva rapidement ses marques dans la grande ville, et ne tarda pas à pousser la porte d'un café qu'elle connaissait bien. À l'époque où elle n'était encore qu'une gamine à peine sortie des bancs de l'école, elle fréquentait déjà l'établissement, avant même qu'il ne devienne ce qu'il était aujourd'hui. Pendant un temps, ça avait même été leur lieu de prédilection, avec Caïn. Son sourire s'étira lorsque les souvenirs de son ex-mari envahirent sa tête au moment où elle poussait la porte et qu'elle traversait l'allée centrale pour s'installer sur le fauteuil usé qui trônait devant la fenêtre. Peut-être qu'elle devrait lui envoyer des messages plus souvent ? Il lui manquait de plus en plus, ces derniers temps. Ils étaient restés en contact, bien évidemment. Certains diraient pourtant que ces échanges n'avaient rien de moraux, que ça n'était pas le genre de relations qu'il était commun d'entretenir avec un ex-époux. Mais c'était justement la tendresse qu'ils conservaient encore l'un pour l'autre qui engendraient ces étreintes enfiévrées qui se terminaient par un essoufflement salutaire et un baiser au goût de mélancolie.
Hekate commanda un thé, un Earl Grey avec une rondelle de citron précisément, et la petite table accueillit la théière de porcelaine blanche au moment où elle sortait de son sac un paquet de parchemins jaunies, dont certains constellés de petites tâches noirs ne laissaient aucun doute quant au matériel utilisé pour écrire. Malgré son " Merci" parfaitement cordial, la jeune femme nota bien le regard étonné que le serveur lança à son paquet de copies juste avant qu'il ne s'éloigne. Ça n'avait rien de surprenant, après tout. Qui étaient encore les abrutis qui écrivaient à la plume en 2003, enfin ? L'ironie la fait sourire tandis qu'elle entreprenait sa lecture. Si le pauvre savait que parmi les gens qu'il côtoyait, qu'il servait, il existait encore toute une communauté qui se servait de plumes, qui s'éclairaient à la bougie et qui pourtant possédaient des avancées magiques au-delà de l'imaginable.
Les premières lignes de ses copies furent un calvaire. Les mots se dérobaient aux yeux fatigués de la jeune femme et toute la concentration qu'elle daignait accorder à la tâche ne parvenait pas à occulter les conversations aux alentours. Conversations que son cerveau trouvait à l'instant bien plus intéressantes qu'un paquet de feuilles vieillies. Plusieurs fois l'enseignante se surprit à relever le regard pour observer le monde défiler devant elle, tapant un rythme irrégulier à l'aide de son stylo rouge. Non ! Focus, focus, focus ! Elle pourrait se détendre une fois que tout ceci serait terminé. La perspective d'une après midi à flâner dans ce fauteuil, à boire théière sur théière en bouquinant l'épais ouvrage qui alourdissait son sac lui donna la motivation nécessaire. Et bientôt, Hekate Murphy se plongea dans sa tâche, les lèvres remuant à intervalles réguliers dans une lecture silencieuse. D'un trait de crayon, elle raturait. Inscrivant dans la marge quelques annotations ou soulignant d'une vague une étourderie. C'était fou comme les élèves n'étaient pas capables d'apprendre à tracer correctement une rune. Pourtant, elle avait eu l'impression que tous étaient sortis de son cours avec une compréhension globale de ce qui y était dit.


La Sorcière venait d'entamer le dernier tiers du paquet, la dernière ligne droite, lorsqu'une ombre vint se glisser sur son bureau de fortune. Sur la surface calme de sa tasse de thé, la silhouette d'un homme se dessina, la poussant aussitôt à relever le regard. Effectivement, il était là. Tranquillement installé sur le bras du fauteuil qui lui faisait face. Hekate haussa immédiatement un sourcil, prête à envoyer promener l'énergumène qui l'interrompait par sa présence. Mais quelque chose l'arrêta dans son geste, bloquant les paroles acerbes dans sa gorge avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Un sentiment étrange de familiarité qui enserrait sa poitrine. Pourtant, elle était persuadée de ne jamais avoir croisé la route de l'éphèbe au corps d'ébène qui se dressait devant elle.

- Quoi ?  

Elle aboya, un peu plus brutalement qu'elle ne l'aurait souhaité, reposant son stylo pour immédiatement croiser les bras et adopter l'air revêche que beaucoup lui connaissait. Ses yeux, en revanche, brillaient de curiosité pure. Où ? Elle connaissait cette manière de se tenir. Ce regard sombre et pénétrant. Oh, allez ! C'était la deuxième fois que son cerveau lui jouait un tour pareil en si peu de temps, et elle ne goûtait pas du tout à la plaisanterie. Face à @Engel Bauer, elle avait déjà bataillé pendant de longues minutes avec les méandres foireuses de sa mémoire pour retrouver l'identité du séduisant inconnu qui s'était finalement avéré n'être inconnu que d'elle, et que ce soir-là Mais là… Elle n'avait pas l'excuse du whisky pour excuser son manque de mémoire. Est-ce qu'elle devenait sénile ? Bordel, elle n'avait que trente-cinq ans ! Bientôt quoi ? Elle serait de ces gens qui oubliaient tout, jusqu'aux visages des gens qu'elle aimait ? Est-ce qu'elle allait oublier @Nasiya Abasinde ? C'est ça. Oublier l'amour de sa vie. Comme si c'était possible. Sur la toile enfumée de ses méninges qui tournaient à plein régime se dessina le visage souriant de son ami. Il parlait. Elle voyait ses lèvres bouger, et il lui fallut encore quelques secondes pour comprendre ce qu'il racontait. De qui il parlait.

" Putain ! … Josiah ? "

Morrigan était d'humeur joueuse. Après des années à entendre parler de lui sans jamais pouvoir en dessiner les traits, voilà qu'il se pointait là. À Londres. Et à la manière dont il se tenait là, Hekate savait qu'il l'avait reconnue. C'était étrange, pas vrai ? De connaître quelqu'un sans jamais l'avoir vu.

lumos maxima

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
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Lun 19 Aoû - 13:34




la coalition de ses deux âmes soeurs
La jalousie n’était pas un défaut dont Josiah aimait être qualifié, c’était d’ailleurs une affliction qu’il ne connaissait pas quand on enlevait une certaine personne de l’équation. D’ordinaire, il était plutôt indifférent, jamais possessif, doté même d’un caractère que certains caractériseraient de libertin. Mais avec @Nasiya Abasinde, tout était différent, et si l’on se lançait dans cette description, on se retrouverait dans un amas de sentiments pâteux, collant et dégoûtant, si bien que nous n’allons pas nous y aventurer.  En l’occurrence, la créature irlandaise qui se tenait face à lui se retrouvait au milieu de cet amas, prisonnière sans l’avoir cherché d’une jalousie que Josiah tenterait d’appréhender pour qu’elle ne soit pas (trop) visible. La tâche ne serait pas facile, au vu de l’aura que dégageait la sorcière. Assise là, à neuf heures du matin dans un café moldu, avec son thé et sa rondelle de citron, ses yeux bleus encadrés de khôl noir, elle imposait sa présence sans aucune contrepartie. Il n’aurait pas pu la manquer même s’il avait voulu l’éviter. Et puis à vrai dire, elle attisait chez lui une curiosité que seuls les jaloux connaissent. Cette curiosité qui pousse à décacheter les lettres que reçoit l’amant pour en lire le contenu et mieux les recacheter dans la foulée, cette maladie qui les pousse à rester éveillés toute la nuit pour entendre l’amoureux oser murmurer en rêve un prénom qui ne serait pas le leur.
Trop curieux, maladivement curieux et jaloux de découvrir qui était cette femme qui arrachait à Nasiya une tendresse qu’on ne lui connaissait pas ailleurs. Elle provoqua un autre sourire sur le visage du béninois quand elle lui aboya dessus parce qu’il osait la regarder. Il reconnaissait là quelque chose que Nasiya aurait pu faire. C’était ce qu’il disait d’elle, qu’ils se ressemblaient beaucoup. Que c’était pour ça qu’ils s’entendaient si bien, parce qu’ils étaient deux faces d’une même pièce. « Connasse », pensait Josiah quand Nasiya avait le culot de lui raconter pareilles provocations. Il n’eut à attendre que quelques secondes de plus, qui était à son avis passées un peu trop vite, pour qu’elle ne comprenne qui elle avait en face de lui, et qu’elle range son attitude canine. S’était installé sur son visage un air d’étonnement absolu, qui semblait toutefois joueur. Peut-être qu’elle aussi songeait que les dieux lui avaient préparé pour cette matinée brumeuse un sacré coup. Un juron s’échappa de ses lèvres roses, et elle finit par tenter le coup avec un prénom. Son prénom.
Comme un adolescent, Josiah en fut rassuré. C’était ce qu’il attendait, qu’elle le reconnaisse, et qu’ainsi, elle souligne sa légitimité. Il existait dans le discours de Nasiya, au moins un peu, au moins par son prénom. Pathétique, n’est-ce pas ? Après plus de quinze ans de relation, Josiah n’avait pour exigence que d’exister dans le discours de Nasiya. Quel enfer, pire enfer que celui de la furie de Mawu. Quinze ans qu’il partageait son intimité, sans pour autant avoir rencontré celle qu’on pourrait décrire comme sa meilleure amie. N’était-ce pas l’affaire la plus pathétique que vous ayez entendue ? Si Josiah n’en avait été que le témoin, s’il avait été un élément extérieur à cette histoire, s’il avait été cette jeune femme attablée dans un café à noter des copies de runes, il aurait trouvé ça complètement dingue, complètement enfantin, complètement insensé. Et pourtant, en acteur principal de cette histoire – d’amour, il laissait faire. Il espérait en silence que l’irlandaise sache qui il était.

Se redressant de l’accoudoir du fauteuil sur lequel il s’était installé, il attrapa la main de la jeune femme, et dans un geste théâtral comme il aimait les faire, il baisa cette petite surface quasiment translucide tant on voyait ses veines, juste au-dessus de ses doigts. Se faisant, et un peu avant de lâcher sa main si petite et si blanche, contrastant avec la sienne, si grande et si brune, il dit : « Hekate … Murphy, si je ne m’abuse ? ». Et à nouveau, un sourire. Pourquoi ce sourire, toujours, ce sourire ? Qu’est-ce qui était si plaisant à cette situation que ça lui arrachait pareille émotion ? La scène était cocasse, en vérité, et il lui tardait déjà de pouvoir la raconter à Nasiya, provoquant chez lui, ou du moins, il l’espérait, quelque rougissement. Mais de là à ne pouvoir lâcher cet air joueur de son visage ?
Au moins, l’avantage de la jalousie était qu’elle était familière : il la connaissait, savait la gérer, il la comprenait, savait où elle prenait racine et jusqu’à quelles limites elle pouvait aller. L’amusement qu’il éprouvait face à cette rencontre avec Hekate était inattendu. La méfiance et le défi auraient été plus classiques, et s’ils étaient bien là, quelque part, ils étaient largement dépassés par cette envie de rire. Cette curiosité qui laissait la jalousie de côté pour se faire plus tranquille, plus pure, presque. Se rasseyant sur l’accoudoir, cherchant son regard dans lequel il se plongea sans mal, il ajouta : « C’est incroyable, non ? Qu’on se reconnaisse alors qu’on ne s’est jamais rencontrés ? »

Josiah voulait savoir si elle était du même avis que lui, si elle aussi trouvait cette situation aussi improbable qu’évidente. Improbable parce que ça n’arrive jamais, de reconnaître quelqu’un qu’on ne connait pas, et pourtant évident dans leur cas, puisqu’ils avaient en commun une personne qui était typiquement de ceux qui provoquent ce genre de situation. Mais tandis qu’il attendait sa réponse, perché sur son accoudoir, lui vint une pensée atroce : et s’il se prenait à apprécier, lui aussi, Hekate Murphy ? Et si cette curiosité, si cet amusement, si cette tranquillité poussait hors de la scène toute jalousie ? Il ne manquait plus qu’il ne sache pas lui résister. Il ne manquait plus qu’il l’apprécie, il ne manquait plus qu’elle le fasse rire, qu’elle l’attendrisse, qu’elle lui arrache quelque amitié. Et pourtant, qu’espérer d’autre d’une pareille situation ? Il rencontrait celle qui semblait être l’amie particulière de son amant particulier, et qui était décrite par lui comme étant faite à son image. Comment faire autrement que l’apprécier, alors qu’il adorait tant Nasiya ? Si elle lui ressemblait un tant soit peu, il ne pouvait qu'afficher sur son visage un sourire, peut-être pas aussi béat que celui qu'il avait aux lèvres quand il voyait son sud-africain, mais quelque chose dans la même veine. Parce qu'il ne résistait pas à Nas, parce qu'après 15 ans de relation il ne savait toujours rien exiger de lui, pourrait-il résister à Hekate ? Par Legba, mais s'il n’y faisait pas attention, elle parviendrait à gagner du terrain, à baisser sa garde et donc, à se faire apprécier. Une inquiétante perspective pour un jaloux maladif qui s'applique à détester tous ceux qui entourent son objet d'amour !  


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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
pictures : {Jokate} la coalition de ses deux âmes soeurs 7l39
Dim 3 Nov - 5:56
Jokate


ft. @A. Josiah N'da (1 115 mts )
À voir se tenir devant elle l’homme qui rendait fou la seule personne à qui elle tenait autant, fier et conquérant, drapé dans une prestance incroyable autant que dans une cape aux couleurs chatoyantes, Hekate sentit remonter du fond de sa mémoire les réminiscences de sa rencontre avec @Nasiya Abasinde. Et force est de constater que la première impression que le jeune homme avait gravée dans sa mémoire n’était pas du meilleur effet. Trop impétueux, trop flamboyant, il lui avait fait l’effet d’un jeune coq à peine sortit de l’enfance et qui pourtant déjà souhaitait se voir accepté dans la cour des grands. D’un petit garçon qui se cachait sous des grands airs, et la toute jeune femme qu’elle avait été avait ri de lui et de cette sensation d’un chien minuscule montrant les crocs qu’il avait fait naître chez elle. Bien évidemment, Hekate n’avait pas alors réalisé qu’elle renvoyait une image identique, malgré les cinq ans qui faisaient d’elle son aînée. Une gamine perdue, un brin trop agressive pour palier à des épreuves et traumatismes dont elle tenait le monde entier pour responsable. En y repensant maintenant, la jeune femme laissa ses lèvres s’étirer en un sourire moqueur. Dieux, qu’ils avaient été cons. L’adage “ la première impression est toujours la bonne ” n’avait jamais été aussi erronée. Rapidement, elle s’était prise d’affection pour ce gamin, dans ce pays étranger où ils ne connaissaient rien ni l’un ni l’autre. Les points communs qu’ils partageaient lui avaient peu à peu sauté aux yeux. Ils se ressemblaient bien plus que les premiers abords pouvaient le laisser croire. Lui, en apparence si calme, et elle à l’agressivité flagrante. Ils étaient de deux pays différents, mais sortaient indubitablement d’un moule identique.

Aux traits sombres de Josiah, où se lisait le ravissement d’avoir été reconnu aussi rapidement, se superposait superbement les paroles de son ami. Comment aurait-elle pu ignorer qui il était ? Nombre de fois elle avait entendu parler de lui. Des petites mentions, aux détours de conversations banales. Des coups de gueule, parfois totalement inutiles. Ou bien tout ce qu’elle avait pu glaner, dans ses non-dits. Lorsque les sujets devenaient plus intimes, qu’ils touchaient alors à ce qui pouvait travailler non pas l’esprit mais le cœur de Nasiya, il fallait bien souvent apprendre à lire entre les lignes. À déceler les mots qu’il ne prononçait pas mais qui suintaient distinctement si on prenait la peine de l’écouter. Et depuis toutes les années qu’elle le pratiquait, elle savait avec brio décoder ce que tête de mule n’osait pas formuler à voix haute.

Un air étonné se peignit sur les traits adoucis de l’Irlandaise au contact de ses doigts chauds venant sans gêne aucune se saisir de sa main blême‌. Si de la théâtralité du béninois, elle n’en connaissait rien, il venait de lui en offrir une parfaite démonstration. Sous le regard surpris - et le sourire moqueur qui s’était dessiné entre temps - de la jeune femme, il dépose ses lèvres pour en baiser un petit carré de peau. Hekate secoua la tête.

" J’aimerais espérer que tu ne t’autorises ce genre de familiarités qu’en compagnie de la meilleure amie de Nasiya. Sans quoi, on pourrait rapidement crier au harcèlement. "

Mais loin de s’offenser de ce geste passé de mode et que plusieurs auraient pu prendre pour une intrusion dans la sphère privée que l’on instaure immédiatement en compagnie d’un homme inconnu - car c’était ce qu’il était, quand bien même avait-elle l’impression de le connaître depuis toujours - elle se laisse aller à faire éclater un petit rire franc qui secoue ses épaules et fait trembloter sa main toujours dans la sienne.

“ Elle-même. Et comme je l’ai si bien supposé, tu dois être Josiah. N’Da. Je suis… Enchantée.”


Enchantée ? Oui, elle l’était. Mais sa loyauté n’allait avant tout qu’à l’homme de sa vie, qu’à son cher marchand de rêves au déhanché enflammé.‌ Et pendant une fraction de seconde, elle sentit remonter dans sa gorge une acidité étrange. Mais elle savait parfaitement à quoi celle-ci était due. Aux nombreuses fois où ils s’étaient déchirés, tous les deux. Aux cernes pathétiques qui venaient ombrer les beaux yeux de son aimé, de son amour au lendemain de leurs incartades. Cependant, il aurait été de mauvaise foi d’infliger au pauvre Josiah la seule responsabilité de tout ça, et de le gratifier de son ire alors même qu’il venait de la saluer de la plus courtoise ses manières. Nasiya n’était pas un ange. Il était loin d’être facile à vivre.

“ Incroyable, oui, mais pas étonnant… Je me doutais bien que où Nas est, tu y serais également. Te croiser quelque part n’était qu’une question de temps. ”

Incroyable, oui, le mot était faible. Mais pourtant, c’était là, assit sur l’accoudoir du fauteuil devant elle, que jusqu’avant lui personne n’avait voulu occuper, sans doute découragés par le maussade brin de femme qui siégeait sur celui qui lui faisait face. Évidemment qu’elle savait qu’il traînait dans le coin. Elle savait même qu’il tatouait les Londoniens, à présent. Qu’il marquait de sa peau les sorciers en demande, sans doute fascinés par ses encres magiques que l’on trouvait rarement par ici, ou sinon en piètre qualité.

" Je lui en veux un peu de ne pas nous avoir présentés un peu plus tôt, cependant. J’aurais aimé rencontrer mon rival pour son cœur bien plus tôt. À l’improviste, je trouve ça déloyal. Comment suis-je censée préparer mes défenses, alors ? "

Le mot rival avait été prononcé sans ciller, parce que c’était véritablement ce que représentait Josiah. Un rival pour l’amour de son cher Nasiya. Elle en aurait ri, à imaginer la tête de son âme sœur s’il savait que son Irlandaise et son Beninois préférés se retrouvaient à présent seuls dans un café, réunis ici par les dieux qui devaient sans doute se dire que c’était une farce tout à fait plaisante. Ils avaient raison, ces enfoirés.

Le blasphème la fit grimacer et elle se hâta de murmurer quelques pardons en gaélique. Elle n’avait définitivement pas besoin d’autres emmerdements dans sa vie, pitié, soyez aimables. Ramassant les copies délaissées, ainsi que sa plume et son encrier qu’elle s’assura d’avoir bien refermé, Hekate se redressa dans son fauteuil, le dos bien droit au fond de l’assise. Les bras posés sur les accoudoirs. Impériale pour contrer le regard toisant de Josiah, perché sur son accoudoir.

" Puis-je t’offrir quelque chose ? "

Son regard se posa sur sa tasse de thé froide et abandonnée, où ne subsistait plus sans doute que le goût amer du tanin. Et alors qu’elle relevait les yeux, elle nota la cape de voyage négligemment posées sur les épaules larges.

" A moins que tu ne sois déjà attendu ailleurs. Je m’en voudrais de retarder un potentiel client, vraiment…"
lumos maxima


Spoiler:

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
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pictures : {Jokate} la coalition de ses deux âmes soeurs Voodoo-ppl
Sam 7 Déc - 14:04




la coalition de ses deux âmes soeurs
Difficilement impressionnable. C’était une première conclusion que tirait Josiah de la personnalité de l’Irlandaise. Pourtant, il y avait mis les formes, l’effort était notable. Il aimait se donner en spectacle, il avait ainsi particulièrement histrionisé cette rencontre en jouant de la voix et du baise-main. Toutefois, il n’avait pour l’instant obtenu qu’un sourire moqueur des lèvres de la jeune femme. Peut-être était-elle trop britannique pour apprécier telle chaleur, il aurait été injuste de lui en vouloir pour si peu, quand bien même allait-elle vite en besogne en l’accusant à demi-mot de harcèlement. C’était étonnant, pour le personnage qui devait incarner la meilleure amie de Nasiya, de ne pas aimer la chaleur, mais peut-être l’avait-il choisie pour ça. Parce qu’elle le … refroidissait ? De son côté en tous cas, Josiah souffrait de la bourrasque que venait de lui asséner Hekate, et son premier réflexe de craindre la jeune femme revint au galop. Peut-être était-ce l’effet escompté, peut-être avait-elle déjà déterminé qu’elle ne devait le laisser trop s’approcher d’elle, par loyauté pour son tendre. En tout cas, elle finit par laisser éclater un rire franc qui rassura Josiah. Elle se décrivit comme enchantée, et Josiah ne regretta pas d’être allée à sa rencontre. Quels qu’étaient les risques d’une pareille rencontre, ils valaient certainement le coup d’être pris, ne serait-ce que pour faire grincer des dents son Nasiya. « … Je me doutais bien que où Nas est, tu y serais également. » avança-t-elle. « Te croiser quelque part n’était qu’une question de temps. » Un léger sourire se dessina sur le visage du béninois. Elle ne se tenait pas à moitié du côté de Nasiya. A son avis, la situation était plutôt l’inverse. Là où Josiah était, Nasiya était aussi. C’était lui qui s’était installé à Londres, lui qui y était resté, pour lui que Nasiya avait finit par s’y installer. Elle avait tourné ça autrement, à la faveur du sud-africain, qui peut-être racontait l’histoire de cette façon. Josiah est là où je suis. La fierté du jeune homme le faisait jurer qu’il n’en était rien. Qu’aurait-il fait, toutefois, si après avoir recroisé Nasiya à l’enterrement, celui-ci n’avait pas décidé de venir s’installer à Londres ? Peut-être l’aurait-il suivi, mais ce n’était pas comme ça que s’étaient passé les choses, n’est-ce pas ? Mais peut-être avait-elle raison, peut-être que l’essentiel étaient qu’on les envisageait comme une paire qu’on présentait ensemble, maintenant. Les deux sorciers africains du Chemin de Traverse. Là où l’un est, l’autre suit et vice-versa.

A demi assis sur le bras du fauteuil, il souriait machinalement face à la plainte de l’Irlandaise de ne pas avoir pu mieux se préparer à leur rencontre. « J’aurais aimé rencontrer mon rival pour son cœur bien plus tôt. » Rival, hein ? Josiah ne décelait aucune ironie dans sa voix, et pourtant pas d’opposition franche non plus. Elle dressait ce tableau comme un état de fait. « Comment suis-je censée préparer mes défenses, alors ? », poursuivait-elle. En admettant ta défaite ?, s’empêcha de rétorquer Josiah qui ne pouvait que de déceler de l’agressivité dans le discours d’Hekate, et bataillait ainsi pour ne pas en faire montre à son tour. Pourquoi se positionnait-elle ainsi ? Ne pouvaient-ils pas échanger quelques banalités, et reprendre le cours de leur journée comme s’il ne s’était rien passé ? Fallait-il prendre forcément prendre les armes ? Elle rangeait ses copies, visiblement dérangée par l’irruption du sorcier, et prise dans ses pensées, elle murmura entre ses dents quelques mots en gaélique, qui ne manquèrent pas de tendre encore plus son interlocuteur. Était-elle en train de l’insulter ? Peut-être pas, puisqu’elle lui proposait maintenant quelque chose à boire, mais ça n’avait pas empêché Josiah d’envisager cette conclusion. Il s’était levé du mauvais pied, rappelez-vous. Était-ce une vraie proposition toutefois, ne pouvait-il pas s’empêcher de se demander, puisqu’elle rajoutait par la suite qu’elle ne voulait vraiment pas le retenir ? Toute cette affaire devenait bien trop compliquée. « Je suis suffisamment bien hydraté, je te remercie », lui répondit-il de façon beaucoup plus frileuse que ce qu’il avait pu montrer jusqu’alors. Il ne s’agissait pas là de croire qu’elle voulait l’empoisonner avec un thé Ceylan, mais il était tout de même question dans ce refus de mettre toutes les chances de son côté. Il venait déjà de boire une petite théière entière, qui lui apporterait la dose d’excitation nécessaire pour au moins toute sa matinée. S’il ingérait une autre boisson sucrée ou caféinée, il risquait de ne plus pouvoir aligner deux mots sans bégayer. Or, face à Hekate, Josiah avait envie d’être en pleine possession de ses moyens. « Mais je ne suis pas pressé, ma première cliente arrive à la boutique dans une petite demi-heure. Je n’aurai qu’à transplaner jusqu’au Chaudron Baveur, en attendant on n’a qu’à s’échanger quelques banalités ! » Il la jaugeait, assise là sur son fauteuil comme une reine irlandaise sur le trône d’Angleterre. Elle cherchait visiblement à conquérir, mais quoi ? Quel était l’enjeu, ici ? L’amour de Nasiya, elle l’avait déjà, et c’était précisément ce qui tendait Josiah. Elle était celle qui restait quand lui, justement, n’était plus là. Elle était sa constance quand lui avait été des allers-retours pendant quinze ans. Il n’y avait pas de bonne raison de sortir les griffes, pas de raison de surdéterminer une rivalité.

« Je ne m’étais pas imaginé cette rencontre comme tellement périlleuse. » avança d’abord Josiah. Mais peut-être aurait-il dû mieux y réfléchir, peut-être aurait-il dû laisser passer quelques minutes de réflexion avant d’aller la déranger. Il aurait pu mieux se préparer, mais de toute façon, elle aurait toujours été prise au dépourvu, puisque la demande émanait de lui. « Tu aurais préféré que je demande à Nasiya de t’inviter à venir dîner chez nous ? », lui demanda-t-il alors. Le chez-nous était traître, peut-être même un peu mesquin. Mais Hekate pouvait aussi ne pas l’entendre, ne pas y voir une tentative de la part de Josiah de se dresser comme vainqueur de la bataille pour l’amour de Nasiya. Tout cela n’avait pas grand sens, et si le sud-africain pouvait les apercevoir à cet instant-là, se dressant l’un contre l’autre comme des coqs, sûrement se moquerait-il d’eux.

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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
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Jeu 30 Jan - 17:03
Jokate


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Son refus ne l’étonne guère. Sous quel prétexte aurait il accepté de boire quelque chose avec elle ? Depuis qu’il était arrivé ici, flamboyant comme un paon dans sa parure emplumée, il s’était imposé en adversaire avant même qu’elle ne se décide à déclencher quelques hostilités. Ou pas. Sa première intention n’avait pas été d’entamer une guerre silencieuse, et pour une fois elle était parfaitement sincère. Mais quelque chose l’y avait poussé. Une ire sourde, d’autant plus amère qu’elle ne provenait pas de son vécu propre mais de ce que l’âme de son âme lui avait narré.  Des déchirures dont seul le passage du temps permet d’étouffer la brûlure. Des insomnies, alimentées par des phrases, des différents autant hurlés que non-dits.

Aujourd’hui, la sorcière n’était pas reine d’impartialité. Que dire, aujourd’hui. Elle n’était jamais impartiale. Et si pour toujours elle conservait l’amour de Nasiya, alors toujours elle serait de son côté, et d’une mauvaise foi absolument concernant les éventuels défauts sur lesquels elle fermait les yeux.

“ Peur que quelque chose se glisse dans ton verre ? Allons, Josiah. Je suis beaucoup de choses, mais pas un assassin.”

L’humour est sincère, autant que le sourire qui étire ses lèvres. Sa main se referme sur sa tasse dans laquelle l’Irlandaise vient tremper ses lèvres. Les conversations sont bien belles, mais il s’agirait de ne pas faire refroidir son thé. La rondelle de citron frappe doucement ses lippes et avant de reposer l’objet dans sa coupelle, elle se saisit délicatement de l’agrume pour le glisser dans sa bouche. Les dents rencontrent la pulpe. Les papilles se hérissent d’acidité.

S’échanger des banalités ? Le sourcil droit se hausse, et nul ne peut dire si c’est en réaction aux paroles prononcées ou à l’amertume du citron qu’elle garde toujours posée sur la langue. Echanger des banalités ? C’était donc pour ça qu’il était venu l’aborder au beau milieu d’une session de correction de copies ? Parler de la pluie, du beau temps, et de l’homme qu’ils partageaient ? Comme dit précédemment, Hekate était beaucoup de choses. A dire vrai, elle était un peu tous les genres de poufiasses possibles et imaginables. Mais naïve au point de croire que les banalités étaient la seule raison de la venue du béninois, certainement pas.

Approchant sa main de ses lèvres peintes de rouge, elle attrape doucement la peau du fruit sur la pointe de sa langue, et s’en débarrasse nonchalamment sur le rebord de la petite soucoupe de porcelaine. Sur la serviette, l’Irlandaise essuie rapidement ses doigts avant d’écarter les bras en une muette invitation.

“ Mais bien évidemment ! Parlons. Tu te rendra vite compte que je suis un agréable passe-temps.”

Du poignet, elle lui indique le siège vide au-devant d’elle. Une manière implicite de l’inciter à s’asseoir. A abandonner sa position de dominant, lui qui la toise depuis l’accoudoir. Remettre les choses sur un pied d’égalité, finalement.

“ Périlleuse ? - Un rire silencieuse secoue ses épaules - Ô Morrigan, si toutes mes conversations périlleuses pouvaient se dérouler comme ça. Demander une augmentation à Severus Rogue ET demander à caresser son phénix, ça c’est périlleux. Non, crois moi, tout au plus est-ce un échange de … quel mot as-tu employé, déjà ? Banalités ? Voilà. Un échange de banalités aux connotations plus ou moins agressives. C’est divertissant. Pas périlleux. ”

Les fourmis engourdissant son pied, il lui faut décroiser les jambes.

“ Et puis soyons francs. N’aurais-tu pas été déçu de Nasiya pour oser choisir une poule comme femme de sa vie ? Aurais-tu préféré que je te saute dans les bras en gloussant à l’instant même où je t’ai reconnu ? Parce que ça peut se faire, hein ! Ordinairement, je ne touche les individus dotés de pénis que lorsque j’en ai besoin parce que je trouve qu’ils manquent relativement d’intérêt, mais pour Nasiya, qu’est-ce que je ne ferais pas. ”

Un sourire, à nouveau. Loin du rictus moqueur qu’elle arborait à l’instant où leurs  regards se sont croisés. Un vrai sourire. Sans doute qu’il était temps d’enterrer la hache d’une guerre déclenchée on ne sait comment, par leurs jalousies respectives ?

“Chez-nous”. Le visage d’Hekate ne bronche pas. Peut être n’a-t elle pas noté la subtilité avec laquelle il venait de lui rappeler que le sud-africain cher à son coeur partageait en réalité la vie de ce tatoueur habillé comme une perruche ?

La Sorcière balaye l’air de la main, chassant l’idée d’un dîner bien rangé, où elle se serait retrouvée coincée entre le regard des deux amants.

“ Oh surtout pas ! D’autant plus que je connais la capacité à cuisiner de Nasiya. La dernière fois que j’ai goûté à un plat de sa part, c’était pendant notre voyage en Norvège, et j’ai manqué de crever. ”

Finalement, elle avait bien noté la pique déguisée et, sans gêne, se permet de lui rappeler les moments où, absent, c’était elle qui prenait le relais et qui tentait de maintenir un semblant de stabilité dans la vie du jeune homme.

“ Il te reste une vingtaine de minutes. Allez, assez joué ! Assied-toi, et raconte moi  tout. Il faut bien qu’un jour je sache ce qu’il te trouve. Ne t’avises pas d’être une personne formidable, sans quoi je pourrai bien t’apprécier, et mon coeur n’est pas assez grand pour deux africains turbulents. ”
lumos maxima

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
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Ven 21 Fév - 18:41




la coalition de ses deux âmes soeurs
Elle avait une peau extraordinaire. Diaphane. Blanche, presque transparente. Le contraste avec ses cheveux noirs était saisissant. Nasiya avait oublié de le mentionner, il ne l’avait jamais décrite ainsi. C’était pourtant ce qu’il y avait de plus manifeste chez elle. Sa peau s’offrait en pâture au Soleil, réclamant ses rayons, si rares de là où elle venait. Alors qu’elle jurait ne pas être une assassine, Josiah se concentrait sur ses lèvres roses, qui contrastaient avec sa peau. Elle croquait dans un citron, et lui pensait aux trois couleurs, jaune, rose et blanc, qui s’unissaient tellement bien en quelques centimètres carrés. Comment Nasiya avait-il pu taire cela ? Sa peau était digne d’une toile vierge, prête à accueillir n’importe quelle peinture, il avait dû le voir ! C’était sans aucun doute ce qui la distinguait des poules qu’elle mentionnait, groupe duquel elle jurait ne pas faire partie. Il n'avait pas de mal à la croire. Elles avait rarement pareil charme, elles préféraient caqueter et toutes se ressembler. Hekate ne ressemblait à aucune femme qu'il avait déjà rencontrée.  
Alors qu’elle s’amusait à lui exposer ses discussions les plus périlleuses – avec le Directeur de Poudlard, rien que ça, Josiah continuait de regarder comment elle était. Ses cheveux fins, d’un noir de jais, tombaient devant ses yeux, eux aussi intéressants parce que particulièrement multicolores. Ce fut un lapsus manqué qui sorti Josiah de son observation. Demander à caresser son phénix, lui disait-elle, en parlant du directeur de Poudlard auprès duquel elle cherchait une augmentation. Un sourire taquin naquit sur les lèvres du Béninois, qui s’imaginait l’enseignante de Runes à deux doigts de signaler ses fantasmes les plus inavouables à l’égard de @Severus Rogue. Raté, toutefois, elle en était restée à la caresse du Phénix, mais Josiah avait presque entendu le lapsus. Peut-être l’avait-elle pensé particulièrement fort. Peut-être étaient-ce ses propres fantasmes, projetés sur la jeune femme, on ne sait jamais. « Parce que ça peut se faire, hein ! Ordinairement, je ne touche les individus dotés de pénis que lorsque j’en ai besoin parce que je trouve qu’ils manquent relativement d’intérêt, mais pour Nasiya, qu’est-ce que je ne ferais pas » Cette fois-ci, ce fut un rire franc qui émana des lippes de notre sorcier. Il ne l’avait pas rêvé, donc. Le Phénix devient bien vite un pénis, qu’on le veuille ou non. Peut-être ne s’agissait-il toutefois pas d’un fantasme, mais plutôt d’une réalité à peine dissimulée chez la jeune femme. Josiah se reprit, étonné par son propre cours de pensée, qui lui suggérait qu’Hekate aurait pu être une prostituée. Allons, allons !

Hekate enchaînait, récupérant la pique que lui avait gracieusement assénée Josiah à son compte, pour lui en adresser une à son tour, mentionnant des dîners qu’elle avait échangés avec son tout-beau en Norvège. Ça avait dû avoir lieu pendant les quelques années où Nasiya et lui avaient été séparés, il ne s’en souvenait pas, Nasiya ne lui en avait jamais parlé. Il la détestait, pour cela. Pour ces années qu’elle avait eues de lui, sans lui. Pour les secrets qu'ils partagaient tous les deux. Pour tout ce qu'elle savait de lui, dont il n'avait aucune idée. Il la détestait. Devoir le partager était déjà suffisamment difficile, ne manquait plus qu’elle l’ait pour lui toute seule. Sous ce jour-là, celui de la femme de la vie de Nasiya, Josiah la trouvait particulièrement laide, simplement parce qu'il la détestait. C’était étonnamment facile de trouver une créature pourtant objectivement sublime, laide, surtout quand on était de nature jalouse. Josiah se reprit ; ça lui irait mal au teint, il risquerait d’en devenir vert. Comme la Wicked Witch of the West, contre la jolie Dorothy aux talons qui claquent. Un calvaire. « Il te reste une vingtaine de minutes. Allez, assez joué ! Assieds-toi, et raconte-moi tout. Il faut bien qu’un jour je sache ce qu’il te trouve. Ne t’avise pas d’être une personne formidable, sans quoi je pourrai bien t’apprécier, et mon cœur n’est pas assez grand pour deux africains turbulents. » Finalement décidé à obéir, Josiah abandonna pour son accoudoir pour trouver une place au fond du fauteuil. Il secoua le crâne, s'appliquant à retrouver la vision qu'il avait pu trouver d'Hekate, celle d'une femme dont il aurait fait du corps la toile de ses créations. Elle avait raison, surtout quand elle suggérait qu’elle pourrait l’apprécier. Lui aussi, certainement, s'il s'attelait à la tâche.
Cherchant par où commencer, Josiah décida de ne pas lui faire l’affront de présentations trop banales. Elle devait savoir, c’était impossible autrement, qui il était, de façon générale. Son métier, ses origines, peut-être même son nombre de frères et sœurs. Il savait ça d’elle. Professeure de Runes, Irlandaise, un frère. Il ne savait plus si c'était un grand ou un petit. Elle avait des allures d'aînée de fratrie, mais ce n'était qu'une supposition. « Je ne suis pas si turbulent, je crois. Plus coloré qu’à l’ordinaire, peut-être, mais … je ne danse pas aussi bien que lui. » C'était impossible. Une demie-seconde, et le café moldu avait disparu, il ne voyait plus que le corps de son amant, remuant au rythme de la musique. Secouant le crâne, il reprit. « Je crois qu’il m’aime bien parce que je ne lui fais pas d’ombre. Je suis solitaire, indépendant. Je n’aime pas qu’on me colle, qu’on m’imite. Je n’aime pas trop les gens, de façon générale. Ou alors, juste leur corps. Leur beauté, leur peau. Ce qu’il y a de plus chiant, chez les clients, c’est quand ils se mettent à parler. Je les déteste, quand ils parlent. Je ne sais pas comment tu fais, pour bosser avec des mômes. Ça parle trop, ces bêtes-là… ». Il s’en tiendrait là, cherchant dans son regard une forme d’approbation, ou de désapprobation, peu importe. C’était la perche qu’il lui tendait, pour qu’elle enchaîne. Avant d’ajouter, pour plus de clarté : « A toi. Dis-moi quelque chose que je ne sais pas déjà de toi. Ça sera encore mieux si Nasiya n’est pas au courant. » Impossible, aurait-il juré. Pas grave, il essaierait quand même.

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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
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Ven 28 Fév - 7:04
Jokate


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C’est une simple plaisanterie comme elle avait pris l’habitude d’en utiliser en guise de ponctuation dans ses conversation qui eut le don de ramener son adorable interlocuteur à la réalité dans un éclat de rire franc qui fit battre un peu plus fort son propre coeur. Il avait un rire… Indescriptible. Au delà elle l’éclat, elle se surprit à percevoir ce qui pouvait bien plaire à Nasiya chez cet homme flamboyant dont elle s’était faite rivale involontaire à l’instant même où ils s’étaient rencontrés. La chaleur franche et brûlante de l’Afrique transparaissait dans sa brève hilarité, et la jeune femme sourit en retour, gagnée par une légère euphorie. Qu’il se moque d’elle, ou qu’il soit réellement amusé, peu importait finalement. Elle avait réussi à le tirer des pensées connues de lui seul et qui l’avait occupé un instant alors qu’elle était tout occupée à déblatérer des bêtises. Désamorcée, la guerre qui se profilait.

Si elle ne s’attendait pas réellement à un refus en lui proposant cordialement de venir se joindre à elle et d’enfin abandonner son perchoir pour retrouver la chaleur moelleuse du fauteuil qui siégeait en face, le soulagement la prit malgré tout en le voyant s’exécuter. Son coeur se serra à la vue de sa pauvre cape, si magnifique, froissé sous le divin postérieur. Ce geste, quoi qu’anodin sans doute aux yeux d’éventuels spectateurs, signait pour eux un début de trêve. Peut être conservaient-ils un soupçon de méfiance, de réticente même. Mais leur conflit enfantin s’était adouci. Ils seraient de toute façon amenés à se revoir, et peut être même à se côtoyer, tant que l’un et l’autre continueront de graviter autour de leur petit soleil.

Quelle étrange sensation que de devoir faire connaissance alors que l’on sait déjà tout. Enfin, tout… Le mot était faible, mais objectivement parlant, il lui fallait reconnaître qu’elle connaissait Josiah. Une version biaisée, peu objective puisque simplement tirée de ce que leur chère âme soeur avait bien pu lui en raconter aux détours de leurs pérégrinations, mais une version qu’elle pensait relativement complète. Elle savait son lieu de naissance. Sa date même. Ce qu’il faisait de sa vie. Ce qu’il aimait. Le pourquoi du comment de leurs séparations, et la moindre parcelle de leur histoire tourmentée que la sorcière ne pouvait s’empêcher de trouver belle. Elle connaissait même - et cela était franchement quelque chose qu’elle regrettait franchement - la manière qu’il avait de faire l’amour. D’enlacer. D’embrasser. Il faudrait qu’un jour, elle se décide à instaurer des limites à ce que pouvait lui confier son ami. Mais comment pouvait-elle même refuser de l’écouter alors qu’il parlait de cette voix si enthousiaste qu’elle aimait tant, et qu’elle voyait dans son regard obscur se dessiner une petite flamme qu’elle ne lui connaissait que lorsque le nom de Josiah figurait dans les non-dits.

Un rire lui échappe, alors qu’Hekate hoche la tête d’approbation.

Personne ne danse aussi bien que lui. C’est scandaleux, mais on ne peut rien y faire. Il a le diable dans le corps.

La sorcière avait bien tenté, à de multiples reprises, de suivre le rythme. Mais les années de danse ne l’avait pas aidée à pouvoir tenir le déhanché magistral de l’Africain. Et Morrigan, qu’elle en était jalouse !


Je ne peux que te comprendre. Les gens ont parfois le talent indéniable de se fendre de remarques inutiles. Et les conversations sur la pluie et le beau temps sont d’un ennui pour lequel, je pense, nous avons passé l’âge. Mais… Les gamins sont différents. Quoi que presque adultes, ils me paraissent plus … purs ? Non, pas pure. Putain, certainement pas purs. Mais ils gardent une certaine innocence dans leurs propos, ce qui les rend bien plus supportables. Et dans le tas… Certains ont vraiment envie d’apprendre. C’est sans doute pour eux que je supporte tout ça. Je peux pas les laisser. Simplement pour ces cinq ou six qui sont heureux de suivre mes cours.

Elle sourit. Effectivement, ses élèves étaient loin d’être purs. Il suffisait de se promener dans les couloirs pour s’en apercevoir. Et pourtant, malgré le fait qu’ils pouvaient être les pires des petites pestes, elle ne pouvait s’empêcher de sentir son coeur se serrer d’affection en imaginant leurs petites têtes tournées vers le tableau. La discrétion toute relative qu’ils mettaient à confectionner des avions, des cocottes, des oiseaux en papier qui voletaient magiquement dans la classe et qu’elle prenait tout particulièrement soin de réduire et d’enfermer sous une petite cloche de verre, posée sur son bureau, une fois les élèves partis - et sévèrement réprimandés.  Elle en avait huit, maintenant. Les parchemins étaient sales. Parfois, ils comportaient des dessins. Des bribes de notes. Et même des insultes, une fois. Mais elle les conservaient, sans vraiment savoir pourquoi. Ils étaient beaux. Et si elle ouvrait leur prison de verre, elle savait qu’ils pourraient s’envoler loin. Elle aurait bien aimé être comme ces avions.

Mais je ne dois pas être objective. J’aime ces gamins. Même si ils me tueront un jour, à être aussi insupportables.

A sa question, l’Irlandaise haussa un sourcil. Quelque chose que Nasiya ne connaissait pas ? C’était bien plus compliqué que ce qu’on pourrait penser. Il savait tout. Absolument tout. Parfois, elle mâtinait ses propos pour ne pas l’alarmer. Mais globalement, il connaissait le moindre de ses faits et gestes.

Qu’est-ce que je pourrais te dire… Parfois.. Parfois je regrette la guerre.

Elle se dépêcha d’enchaîner, par peur que ses propos soient mal interprétés.

Pas le conflit en lui même. Ni même les nombreuses victimes. Mais… par delà le climat de peur, j’aimais l’ambiance. Il y avait… Une sorte de cohésion sociale, tu vois ? Les gens se serraient les coudes, sans doute pour ne pas sombrer. Et… On ne pouvait pas se permettre de penser au lendemain. Tout ce qui comptait, c’était le présent. Protéger ceux qui comptent, et ceux qui ne pouvaient pas le faire. Attendre. L’avenir ne comptait pas vraiment. C’était l’instant présent. Et tout me paraissait… terriblement simple. C’était blanc et noir. Eux contre nous. On avait pas à s’inquiéter de ce qu’on ferait une fois que tout serait terminé, même si on espérait que tout se termine. Alors que maintenant… Et bien, c’est compliqué. Après avoir passé tant de temps à ne plus penser qu’aux autres, et aux malheurs qui pourraient survenir, je trouve qu’envisager un futur est compliqué. J’ai l’impression d’avoir oublié comment faire. Comment avoir des projets sur le long terme. Comment se projeter, tu vois. Et des fois, je me dis que c’est trop tard et… c’est terrifiant.

Pendant un instant, elle s’arrêta, prenant elle même conscience de la lourdeur de ses propos, et laissa s’installer le silence. Oui. Elle avait oublié comment planifier le futur. Par incapacité, ou manque d’envie peut être. Elle pouvait le voir. Mais l’appréhender était devenu de plus en plus difficile.

Tss… tu vois ce que tu me fais dire, avec tes questions ?

Et elle sourit.

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A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
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Sam 21 Mar - 15:03




la coalition de ses deux âmes soeurs
Pendant un instant, Josiah était certain qu’Hekate et lui avaient la même image en tête. Nasiya, celui qu’ils avaient en commun, et ses hanches surtout jamais alignées avec ses épaules, sur le rythme d’une musique sensuelle. Le diable au corps, avait-elle dit. Ça lui correspondait bien, indéniablement. Josiah dut garder la maîtrise de ses pensées, pour que celles-ci n’excèdent pas en sensualité et provoque une distraction inopinée. Son attention devait être toute dévouée à Hekate. Ses épaules se détendaient alors qu’il écoutait la jeune femme raconter son quotidien. Il sourit quand elle osa avancer que les enfants puissent être des créatures pures, affirmation qu’elle retira avec empressement, s’entendant le dire. Innocents, ils l’étaient sans doute, mais purs … Josiah les voyait bien, à étaler leurs déjections narines sous leurs bureaux en bois centenaire. De vraies canailles, oui ! Surtout quand ils approchaient la quinzaine, et qu’ils commençaient à se bécoter dans les couloirs, se prenant pour les rois du monde. Nasiya et lui s’étaient beaucoup bécotés dans les couloirs d’Uagadou. Ils étaient encore innocents à cette époque, c'était ainsi qu'il se racontait les choses, en tous cas. Ils n’avaient pas vécu la guerre. Josiah était persuadé que c’étaient ces années belligérantes, à Londres, qui avaient arraché de son corps les moindres onces de candeur qu’il avait pu garder de l’adolescence. Les horreurs perpétrées, les détraqueurs dans les rues, les sortilèges qu’il s’était entendu prononcer ; ça l’avait changé, au plus profondément de son corps. C’était intéressant qu’Hekate trouve encore à ses élèves cette indéniable qualité. Ils étaient nés juste avant la guerre, leur petite enfance avait été teintée par ces événements. Les capacités d’adaptation des enfants étaient, manifestement, remarquables. Josiah en avait été bien incapable. Il se retrouvait aujourd’hui confronté à une intolérance certaine face à tout ce qui lui évoquait la guerre. Il ne pouvait plus voir Harry Potter et son visage d’enfant-martyr, ses dents grinçaient dès qu’il entendait l’Enchanteresse parler. Il rêvait d’un monde nouveau, pur justement, innocent au moins. « Mais je ne dois pas être objective. J’aime ces gamins. Même s’ils me tueront un jour, à être aussi insupportables. » Certainement ne l’était-elle pas, mais certainement aussi avait-elle raison. Ceux qui étaient curieux, ceux qui avaient envie d’apprendre, devaient valoir l’effort. C’était un travail pour les autres que celui de former des esprits, certainement pas pour Josiah, mais c’était un travail important, qui semblait bien aller à la jeune femme. La curiosité était une qualité admirable, et si Hekate pouvait la trouver chez certains de ses élèves, elle devait y trouver une certaine satisfaction. D’un geste de crâne, Josiah lui fit ainsi savoir qu’elle n’avait sûrement pas tort. Tous ne devaient pas être si terribles, il lui accorderait cela. Ils avaient de la chance de l’avoir, en tous cas. Il l’avait tirée vers un terrain facile, celui de la critique. Elle s’en tirait avec beaucoup de grace, forçant l’admiration de notre Wicked Witch.

Josiah avait défié la jeune femme à admettre un penchant qui lui appartenait, mais qui était inconnu à Nasiya. Il avait pensé qu’elle ne trouverait pas, ou bien qu’elle témoignerait d’une broutille. De sa couleur préférée quand elle était môme, de son goût inadmissible pour le whisky américain, ou de son penchant pour les hommes plus âgés. Rien de tout cela. Après une courte hésitation, Hekate choisit une admission inattendue, qui coupa le souffle à son interlocuteur : « Parfois.. Parfois je regrette la guerre. » Le visage de Josiah s’était figé, au point qu’il s’était arrêté de respirer quelques secondes. Il ne pensait plus à rien, attendant qu’Hekate les sauve en se reprenant. En retirant ce qu’elle venait de dire. En le développant, au moins. Glissant deux doigts dans le col plein de taffetas de sa chemise victorienne en tulle noire, il avait cherché de l’air, alors qu’Hekate reprenait son propos. Était-ce d’avoir parlé de l’innocence de ses élèves qui l’avait amenée, elle aussi, sur le sujet de la guerre ? Avaient-ils partagé quelques pensées, pour qu’ils en arrivent tous les deux à ce souvenir ? Etaient-ils habités par les mêmes traumatismes ? C’était apparemment le cas, bien que ceux-ci n’aient visiblement pas les mêmes conséquences. Regretter la guerre … Il n’aurait pas cru ça possible, et pourtant, étrangement, il n’eut pas de mal à la comprendre, quand elle entama ses explications.

Elle évoqua les gens qui se serraient les coudes, et Josiah se dit qu’il aurait aimé la connaître, à ce moment-là. A son avis, ils étaient trop peu à se serrer les coudes, justement. Josiah se souvenait bien de sa solitude, devant son poste de radio, à écouter le nom des morts. C’était justement à cette époque que Josiah avait compris la différence entre être seul et se sentir seul. Il était de nature solitaire, sans aucun doute. Son animal-totem, le léopard, vivait seul la plupart du temps, et s’en satisfaisait bien, parcourant les territoires, charognant les carcasses laissées par les lionnes, trouvant sa femelle seulement pour les périodes d’accouplement, rejoignant son état de solitaire les beaux jours passés. Ça, Josiah savait faire. Rester enfermer des jours dans son atelier sans voir personne, être éloigné de sa famille qui vivait aux quatre coins du monde, ça ne lui posait aucun problème. Mais la guerre avait été un supplice de solitude, d’autant qu’il la vivait sans Nasiya, qui avait refusé l’installation londonienne, à l’aube de 1998. Mais Josiah ne s’était pas senti seul parce qu’il n’avait pas de partenaire. Il avait perdu son Amour, certes. Mais ça dépassait encore cela. Il était seul parce qu’il sentait son espèce attaquée, décimée, chassée pour ce qu’elle était. Il voyait ceux qui partageaient ses idéaux disparaître, il se voyait bouffé par une machine plus grande que lui, contre laquelle il ne savait rien faire. Il se trouvait dans l’attente interminable d’un enfant-sauveur, qui avait débarqué trop tard, grand mal lui en fasse. Potter avait fait ce qu’il avait pu, mais la Terre ne s’était pas arrêtée de tourner en attendant qu’il trouve les Horcruxes de Jedusor.
La cohésion sociale dont parlait Hekate ne lui évoquait rien. A la fin, il s’agissait de sauver sa peau. Il se souvenait des rats sur le Chemin de Traverse. Ceux qui, littéralement, grignotait ce qu’ils pouvaient trouver, et ceux qui, comme Mundungus Fletcher, pillaient les commerces abandonnés. Josiah lui-même avait su trouver son compte dans ce désespoir. C’était ainsi qu’il avait acheté sa boutique ; celui qui la tenait, avant lui, était un né-moldu qui avait dû fuir Londres, laissant tout derrière lui. Josiah était arrivé, bon charognard qu’il était, et avait racheté les lieux. Lui, venu d’ailleurs, dont un sang-bleu coulait dans les veines malgré sa peau noire, avait des gallions qui remplissaient sa bourse. Pourtant, sa boutique, son argent, tout cela n’avait aucune valeur dans la balance de la solitude. Il n’avait aucun client. Au lieu de ça, il occupait la pièce en allumant la radio pour écouter Potterwatch. Il écoutait River, Royal et tous les autres, tenter de garder la flamme de l’espoir allumée.
Hekate parlait d’un monde en noir et blanc, il n’avait vu que du gris. Que de la demi-teinte. Jamais n’avait-il pu se délecter d’un bonheur sans penser au malheur des autres. Il ne pleurait pas sa rupture avec Nasiya, parce qu’il y avait tous les jours des histoires plus terribles que la sienne. Comme celle d’une mère qui avait perdu son fils, et puisqu’elle était moldue et lui sorcier, elle n’avait rien su, sa mémoire aux oubliettes. N’était-ce pas un plus grand drame que le sien ? Il n’avait pu crier de rage en voyant le nombre d’enfants morts dans la Grande Salle, parce que Potter et Voldemort avaient disparu, et qu’il fallait d’abord s’inquiéter pour eux. Pour lui. Pour l’Elu.
Il se trouvait plus manichéen maintenant. Il se trouvait plus intolérant aujourd’hui qu’il ne l’avait jamais été. Sa bouche s’asséchait, alors qu’Hekate poursuivait sa tirade. C’était à son tour de rêver de whisky américain, désormais, alors qu’il se souvenait que fut un jour, il pouvait lire les déclarations des sangs-purs, dans les journaux, qui se plaignaient de perdre leurs privilèges. Il pouvait même sourire, en lisant cela, n’imaginant jamais quelles conséquences pareilles déclarations pouvaient avoir. Aujourd’hui, ces articles finissaient dans la cheminée. Il avait arrêté son abonnement à la Gazette, d’ailleurs, souvent désespéré de ce qu’il pouvait y lire.

Finalement toutefois, Josiah trouva un terrain commun avec Hekate, quand elle ajouta : « je trouve qu’envisager un futur est compliqué. J’ai l’impression d’avoir oublié comment faire. Comment avoir des projets sur le long terme. Comment se projeter, tu vois. Et des fois, je me dis que c’est trop tard et… c’est terrifiant. ». Cette vie au jour le jour, c’était désormais ce qu’il vivait. C’était pour cela que peu après la guerre, quand il avait rencontré un sorcier trop roux pour être vrai, qui s’appelait Orso et avec lequel il avait flirté de façon presque grossière, il n’avait eu aucun mal à entamer une histoire avec lui, en ne sachant jamais à quoi ressemblerait le lendemain. C’était pour cela qu’il avait accepté d’aller aux funérailles de Wassim, qu’il n’avait pourtant pas vu depuis plus de cinq ans. Pour cela qu’il avait quitté, sans aucune hésitation, cet Orso avec lequel il avait pourtant partagé trois ans de vie. Pour ça qu’il avait embarqué de nouveau dans le train à pleine vitesse que représentait Nasiya, sans y réfléchir à deux fois. Il était tout à fait incapable de se projeter. Et Hekate avait raison, c’était absolument terrifiant.
Les deux se tinrent en silence un moment, Josiah comme assommé par ce qu’il venait d’entendre. Il ne parlait jamais de la guerre. Il n’avait pas entamé sa journée en pensant que ça serait le cas. Ogun avait eu envie de jouer avec lui, c’était certain. « Tss… tu vois ce que tu me fais dire, avec tes questions ? » ajouta la jeune femme, rougissant presque. Josiah lui sourit, de façon automatique, sans bien savoir que faire d’autre. Il s’enfonça dans son fauteuil, frottant une main contre son menton, masquant un instant sa bouche, qui cherchait quoi dire. Quoi répondre. Il évita le regard d’Hekate un moment, avant de savoir quoi lui répondre. Les mots sortirent de sa bouche sans qu’il y prête beaucoup d’attention. « Il faut qu’on se revoie, Hekate. Qu’on discute de tout ça. Il est trop tôt et on n’a pas assez d’alcool dans le sang pour parler de la guerre. » Ses mains joignant les côtés de son crâne, écrasant ses tempes, il ajouta, une certaine émotion dans la voix. « Je n’en parle jamais, avec Nas. Il … Il n’était pas là, il ne l’a pas vécue. Pas comme moi. Et pas comme toi. Ce dont tu parles … ça ne m’évoque rien. Je ne me souviens pas d’une période de ma vie où j’étais plus misérable que pendant cette guerre. Je déteste qui j’étais, ce qu’elle m’a fait devenir. Il faut qu’on se revoie pour en parler. Pour que Nasiya l’entende, si ce n’est pas trop inaudible pour lui. » Il se pencha en avant, s’appuyant sur ses genoux, pour trouver le regard d’Hekate. Il ne voulait pas traumatiser Nasiya. Mais sûrement était-ce quelque chose de lui qu’il devait savoir, pour qu’ils se connaissent mieux. Pour qu’ils sachent tout l’un de l’autre. « Moi non plus, je ne peux rien prévoir. Je ne sais plus comment faire, et Nasiya n’est pas la meilleure personne pour me réapprendre comment construire le futur. » Il sourit un peu. Peut-être était-ce ça, qui unissait les deux âmes sœurs de Nasiya Abasinde. Elles le rejoignaient dans une incapacité commune à faire des plans. A penser au lendemain. Ils se complaisaient dans cette incapacité, ça leur permettait de stagner, pour ne pas se confronter à une tâche qui leur demanderait un douloureux effort. Ils en restaient au statut quo, anémiés. Peut-être leur alliance permettrait toutefois de faire un peu bouger les lignes. Peut-être que cette rencontre inopinée dans un café moldu les amènerait ailleurs.

Josiah jeta un coup d’œil à sa montre. Sa cliente allait l'attendre.


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IRP ; merci pour ton post, qui m'a amenée sur ce post :smi40: pas marrant d'aborder des thèmes tels que ceux-ci, et en même temps, superbe challenge.

Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
pictures : {Jokate} la coalition de ses deux âmes soeurs 7l39
Dim 24 Mai - 3:00
Jokate


ft. @A. Josiah N'Da ( 1 021 mts )
Regretter la guerre n’était jamais une chose facile à avouer. Mieux encore, il s’agissait en général de quelque chose que l’on taisait. Quel esprit insensé pouvait donc ressentir au creux du ventre une nostalgie amère pour ces temps où la vie humaine, où l’humanité même avait été foulée au pied par l’idéologie eugéniste de celui qui avait autrefois été un homme ? Et comme toutes les fois où elle y songeait la nuit, perdue entre ses draps dans la froideur visqueuse de l’incertitude, Hekate sentit son estomac se tordre d’une crampe induite par la peur. La peur pure et véritable. Qu’était-elle devenue ? Combien son existence même devait être pathétique pour qu’elle s’accorde même à de tels raisonnements contre nature. Elle devenait folle, pas vrai ? Après des années, des années à être tordue, mutilée, torturée, sa stabilité mentale en venait-elle finalement à disparaître ?

Rien des horreurs de la guerre ne lui avait été épargnée. De ses visions incessantes qu’elle avait tenté d’étouffer sous une consommation abusive d’alcool et des quelques potions qu’elle parvenait à se procurer lui restait encore gravé les scénettes macabres qui s’étaient un jour peintes derrière ses paupières. Elle avait vu la Mort. Ceux qui en appelaient à Elle, sous la contrainte de macabres éclairs rouges et ceux qui La dispensaient. Des familles déchirées. Des yeux humides par le deuil et des yeux vides qui plus jamais ne pleureront. Et des hurlements. De peur, d’agonie, de rage. Des hurlements qu’à chaque moment de silence elle sentait encore résonner à ses oreilles parce qu’elle avait été la première à les entendre alors même qu’ils s’étaient tues depuis des années. Sur elle avait pesé la sensation inaliénable de devoir faire quelque chose. Quelque chose. N’importe quoi. Et la haine de soi de ne pouvoir rien faire. Sur ses mains coagulait le sang de ceux qu’elle n’avait pas pu sauver. De ceux dont les visages restaient encrés en couleur et en détails dans sa mémoire. À la plupart, elle n’avait pu en rattacher aucun nom, mais elle avait assisté à leur drame, à leur douleur ou à leur agonie bien avant qu’ils ne la vivent ou quelques secondes avant. Elle avait été intime avec chacun d’entre eux durant quelques secondes et maintenant ils subsistaient, transmutés en mémorandum pour lui rappeler qu’elle n’avait rien fait et pour alimenter un peu plus, tous les jours, la culpabilité du survivant.

Alors peut être était-ce à ce moment même qu’Hekate avait perdu l’esprit et qu’il avait fallu passer les années de la reconstruction pour qu’enfin elle en prenne conscience. Finalement, y avait-il une autre option pour qu’après tout et avec égoïsme, elle en vienne à regretter la guerre ?

Mais les mots avaient été lâchés et refusaient de s’arrêter. Elle ne pouvait revenir en arrière maintenant, peu importe combien sur le visage de Josiah se dessinait une incrédulité mâtinée d’incompréhension. Elle ne s’arrêta pas, butant parfois pour trouver le mot juste, ou à défaut celui qui parviendrait à retranscrire au mieux ce qu’elle cherchait à exprimer. Sans doute que ce n’était pas ce à quoi il s’attendait lorsqu’il l’avait défiée de partager quelque chose que même Nasiya ne pouvait connaître. Par principe d’honnêteté, il était bon d’avouer qu’elle non plus ne s’y était pas attendu. Une fulgurance l’avait fait lâcher la bombe. Peut-être était-ce finalement parce que Nasiya connaissait pratiquement chaque parcelle de son existence. Oh, bien entendu, tout était présenté sous le prisme de sa propre vision, mais il y avait peu de choses que Nasiya ignorait. Il était de ces gens à qui se confier était naturel. Cette présence rassurante, apaisante. Qui jugeait aussi parfois, mais dans le seul et unique but de vous faire rebondir. Sans lui… Sans lui sans doute ne serait-elle pas là, assise dans ce café, à échanger naturellement des paroles étonnantes avec l’homme flamboyant qui partageait sa vie.

“ On ne peut pas en parler à Nas. Non pas que je doute de sa capacité à comprendre. Mais… lui imposer une telle conversation simplement pour se soulager, ça serait égoïste, non ? Il a eu la chance de ne pas connaître la guerre. Il est des rares innocents à s’en être tiré presque indemne. Le passé est passé… Ramener ça sur la table pour lui imposer l’horreur que ça a été… Je sais pas. ”

Et puis, s’il apprenait tout ça… La regarderait-il autrement ? L’image étincelante de force et d’assurance qu’elle avait mis tant de temps et tant d’ardeur à se bâtir allait forcément en pâtir. Les fissures n’en deviendraient que plus nettes. Et elle n’avait pas encore le recul nécessaire pour se permettre de les assumer. Un jour peut être. Un jour, elle arriverait à sublimer les blessures, comme les Japonais le font si bien. Souligner d’or les fissures pour en devenir plus beau. Rebâtir une merveille sur les restes. C’était une chouette philosophie de vie, pour ceux qui parvenaient à l’accepter. Elle espérait pouvoir y parvenir. Mais pas aujourd’hui. Pas demain. Peut-être allait-elle choisir la fuite, pour quelque temps encore.


La gêne était palpable. Une gêne teintée de nostalgie. Pourtant, elle s’envola dès que son regard croisa celui de Josiah, emprunt d’une fragilité touchante au point qu’elle sentit son propre cœur se serrer d’empathie.

“ Nasiya est nul pour planifier le futur. Il a toujours été nul pour ça. Mais il est là. Il a sa boutique de drogué du chaudron. Il est installé, avec son affaire. J’ai même l’impression que ça lui plaît, autant que ça lui fait peur. Alors ouais. Il n’a jamais été doué pour se projeter, pour faire des plans. Mais crois-moi… Il n’a jamais été aussi proche de réussir.”

Le brouhaha sembla s’intensifier autour d’eux. D’un battement de paupière, la fragilité avait disparue et il ne resta plus dans les yeux de l’Irlandaise que la malice habituelle lorsqu’elle se redressa pour retourner s’adosser au fond de son fauteuil.

“ Allez. Dégage. J’ai des tas de copies à corriger. On se reverra, de toute façon. Peut-être pas tout de suite, et peut être pas sobres. Mais tu n’as pas fini de me voir traîner dans les parages. ”
lumos maxima

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