Le Ministre et Harry se regardent dans le blanc des yeux. L’un est à la tête d’une des plus grandes puissances sorcières du monde, l’autre est « juste » Harry. Pouvoir politique, intérêt personnel. Les deux s’entrechoquent. J’ai un peu grandi depuis mes années à Poudlard. Je suis devenu plus réfléchi. Mais je sais tout ce qu’il me manque : une bonne connaissance des lois sorcières et des coutumes de la bonne société. A cela, Hermione a remédié en me trouvant les meilleurs professeurs d’étiquette qui soient. J’ai du apprendre à danser, à parler convenablement. J’ai du travailler mon accent, mes manières, bannir mes tics. Un long chemin dont je ne vois pas encore le bout. Je reste ce gamin impertinent de Gryffondor. La tête brûlée qui voulait sauver le monde. La seule différence, c’est que j’ai, désormais, certains moyens pour le faire.
En bon ministre, je n’évolue plus qu’en costume. L’aisance financière laissée par mes parents et parrain m’offre au moins ce confort. Je peux donner le change et me construire une image satisfaisante. J’ai l’enrobage, ne reste plus qu’à adapter le cœur du bonbon. Je dois prendre sur moi continuellement pour ne pas envoyer bouler tout ce qui se présente : les soirées, les flatteurs, la solitude. Je suis un caneton lâché loin de maman cane dans un bordel de courtisans. N’importe quel gamin prendrait la fuite, et je ne suis pas loin d’agir comme n’importe quel jeune homme. Ça vainc Voldemort, et c’est pas foutu d’affronter des subordonnés plus âges et plus expérimentés que soi… Mais quand la tête couronnée est un peu faible, ce sera à qui la décapitera. Je suis pas con, je sais qu’ils attendent tous leur heure.
Il me faut un allié. Quelqu’un de dangereux et efficace. Je pourrais espérer quelqu’un de loyal, mais ce serait être aussi naïf que con. Bizarrement, j’en suis revenu, de la naïveté d’enfance. Je suis devenu un peu plus prudent. La guerre aura au moins servi à ça. Je peux presque voir le rictus de Rogue en pensant à ça… « Vous aurez au moins appris quelque chose, Potter ». Je sens l’urgence de revoir le nouveau directeur de Poudlard. Je sais qu’il va bien falloir, à un moment ou à un autre, le mettre dans la confidence… Je retarde le moment, mais ça va bientôt être inévitable. Putain de merde.
Il faut que je me reconcentre, que je retrouve un peu de contenance. Severus Rogue est flippant, mais je le connais, je sais à quoi m’attendre. Celui à qui j’ai donné rendez-vous, je n’ai pu que lire son dossier et le garder à l’oeil au cours des dernières années. C’est un pari. Si Hermione savait ce que je m’apprête à faire, elle désapprouverait. Mais si elle savait aussi ce que j’ai réellement en tête, elle désapprouverait tout autant. A partir de là, on peut considérer légitimement que je suis seul et que cela ne peut plus durer. J’ai laissé une lettre sur le bureau d’Archibald Rosier. Un rendez-vous dans une salle à laquelle personne n’est censé avoir accès.
Je pose la main sur la porte, elle reconnaît ma signature magique. Je la pousse, j’entre. La pièce est plongée dans le noir. Coup de baguette, la nuit laisse place au jour. L’endroit est circulaire, couvert de pupitres où des livres ouverts se couvrent de caractères spontanément. Les registres se produisent ici : chaque enfant qui naît doté de pouvoirs magiques est consigné. Chaque créature enchantée est répertoriée, chaque acte de magie sur le territoire de Grande Bretagne est mis par écrit avec la date, l’heure et la localisation précise de sa réalisation. Chaque sorcier, enfin, peut-être suivi à la trace pour peu qu’un sortilège de trace lui soit flanqué aux miches.
L’instance de surveillance du monde magique. Je ne peux que remercier Cornélius Fudge d’avoir jeté les prémisses de cette pièce, et Rufus Scrimgeour de l’avoir perfectionné. J’ai ajouté ma petite touche personnelle, bien sur. Cet endroit est mon œuvre… depuis deux ans. Un seul ouvrage demeure trop peu fourni à mon goût : le domaine des Insurgés. Je n’ai, pour le moment, pas réussi à passer les protections de l’endroit, et je ne peux suivre ses habitants que lorsqu’ils reviennent dans la partie du pays sous mon contrôle. Mais je compte bien faire sortir les Malefoy de leur terrier en les invitant à une petite exposition dans le hall du Ministère. Je pourrai alors leur coller une trace magique au cul me permettant de les suivre à chaque instant de leur vie en dépit des protections de leur territoire. Au moindre complot, clac, on leur tombe dessus, et on n’en parle plus.
Mais je ne peux plus continuer d’être le seul à surveiller le monde magique. Il me faut de l’aide. C’est à ce moment de l’équation qu’Archibald Rosier rentre en piste. J’ai épluché son dossier : ascension fulgurante. Il s’est forcément sali les mains pour arriver ainsi tout en haut. Ses rapports sont irréprochables, et il est détesté unanimement de son personnel. Un bon candidat : sévère, inflexible, manipulateur. Un très bon candidat à double tranchant. Il est compétant, ça peut me jouer des tours… A la guerre comme à la guerre. Je me retourne au moment où s’ouvre la porte, un sourire avenant sur les lèvres.
« Monsieur Rosier. Précisément à l’heure prévue, c’est parfait. Je ne serais pas long, soyez rassuré. Deux questions : êtes vous ambitieux, et aimez-vous les défis ? »
Adieu aux debaux du soir. Tiédeur poisseuse entre gigots, bouquet mortifère saupoudrant sa couenne, le félon gravite jusqu'à son boudoir pour restaurer mobilier avant de rencontrer la croquade ministérielle. L'épigastre rouscaille, épars et curieux. Que lui veut Potter? Courroucé entre fraîche lubricité polissant ses reins et l'appétence d'une auguste invitation, c'est costume fignolé qu'il poulope d'un pas souple jusqu'au stroma des mystères. Circuit familier dans les mélaniques tripailles. L'ogre et sa grotte. Leviathan s'ouatant sur la férine écume, à l'eurythmie d'accortise et de courroux. Quelques grenouillages pignochent pourtant la fourbe terrine. Convocation dans le théâtre des interdits. Huis scellée, porte intriguante. Cahotée en mussette du crépuscule à l'aube, il s'étonne de la voir gueule béante, gamahuchant tohu-bohu sous sa noire casaque. Guigoles ouvertes, Dame roucoule à l'incursion. Archibald s'y exhorte comme fieffé céladon.
Une voix tressaille, douce et ferme, dans la pénombre incendiaire. Le trousse-pet en son centre, l'échine droite, les mots bercés de questions. Charogne traîne pénates jusqu'à son unique supérieur pour en lorgner le minouchet. La noirceur ne l'endigue dans l'inquisition oculaire. Jeunesse lèche glorieuse gueule stigmatisée par les aléas d'une enfance molestée sans vergogne.
« Monsieur le ministre, vous aiguisez ma curiosité en m'invitant dans ces mille et une nuits»
Ronron unguineux. Clabaud se coiffe d'une risette à l'accueil du clocheman.
« Voyons, n'est-ce là les qualités nécessaires pour assumer le post que j'occupe depuis vingt ans?»
Besogne qui n'est à la portée du moindre coquibus. L'ocelle pétille des maigres bluettes clairsemant la mystérieuse alcove et ratiboise chaque recoin d'une famélique malacie. Quel est cet endroit, jusqu'alors muré capsulé de tout essai? Frénésie se catéchise sous l'épiderme.
« Et si nous évitions de jouer à cligne-musette pour m'avouer sans détours vos ambitions, monsieur»
Simagrée confabule du vétuste gosier. Comme un fauve en cage, il tournicote autour des quatre remparts, hérisse mirettes à la vue d'une autre huis, poursuit sa ronde. Effleure, tripote, effeuille moindre colifichet.
« Par exemple, vous pouvez commencer par m'élucider vos cachotteries sur cette mystérieuse canfouine?»
Surpris. Il n'aurait cru que Potter lui musserait pareille antre. Encore moins d'y avois accès. Héritage des colosses sur le trône? Voilà une bien généreuse étrenne du Cornélius. A l'embouchure de sa carmagnole, Archibald échoue face au jeune comarque, pétulant de dépaissance. Sous quelle allèle se pâmerait le poupon? Nébuleux ou concis? Autoritaire ou affable? Sur l'échequier croustille occulte brumaille.
La pénombre auréole le Ministre de la seule gloire de son office. Gamin paumé dans un monde de requins, petit poisson trop aisé à faire disparaître s’il ne trouve un banc d’alliés. Le Ministre est beaucoup de choses : un masque encore imparfait, un garnement travailleur, un bambin intuitif. Il n’est cependant pas encore rodé à se faire basilic parmi les serpents. Il a besoin d’aide. Et je le sais. Cela me répugne de me tourner vers d’autres qu’Hermione et Ron, mais je sais que leur seule aide, si elle est bienvenue, ne suffira pas. Et Ron boude dans son coin. Comme d’habitude. Le vermisseau ne s’en sortira pas seul.
Si le Ministre reste impassible à l’arrivée du grand monstre du Département des Mystères, le gamin sous les soieries du pouvoir se chie littéralement dessus. Ordonner est une chose, s’allier en est une autre. Mes recherches tendent à me prouver que c’est le meilleur candidat. Efficace, discret, puissant. Un gars dangeux qu’il vaut mieux, à défaut de l’avoir dans la poche, ne pas avoir totalement et irrémédiablement contre soi.
Politesses s’échangent affablement pendant une poignée de secondes avant d’être précipité dans le grand bain. Archibald Rosier est un homme efficace qui n’aime manifestement pas tant que cela les palabres. S’il paraît afficher un poli intérêt pour l’objet de sa présence, ses yeux demeurent froids. Le déplaisir de se faire convoquer par un blanc-bec est palpable. Justifié aussi. Le Ministre sourit imperceptiblement, il a fait le bon choix. Le jeune adulte se dit qu’il aura mérité son whisky s’il s’en sort vivant.
« Je connais parfaitement vos états de service, Monsieur Rosier. Aussi irréprochables que votre entrée. Je ne suis cependant pas là pour ordonner quoi que ce soit ce soir et vous pourriez tout à fait décliner la proposition que je m’apprête à faire. Si tel est le cas, je crains cependant que je ne sois contraint de vous infliger un sortilèges d’oubliettes, sortilège que vous ne me laisserez sans doute pas vous administrer sans résistance, et nous en arriverions à de fâcheuses conséquences pour tous deux. Soyons donc civils, si vous le voulez bien. »
Les doigts du Ministre se referment sur la baguette de sureau, relique désormais connue de notoriété publique. La porte se verrouille dans le dos d’Archibald Rosier, les candélabres enflamment l’endroit d’une lueur mouvante. Geste altier de la main : la noblesse du port est importante pour un effet dramatique ainsi que me l’a maintes fois démontré Severus Rogue. Je dois dire que Lucius Malefoy, l’aristocrate pincé et orgueilleux est une source inépuisable d’inspiration pour les dîners mondains et les événements incluant presse, journalistes, déclarations officielles et représentation quotidienne au Ministère. En un mot comme en cent, l’office ne laisse que peu de place à la spontanéité. Mais ce rôle me rassure. Il me donne une ligne de conduite à laquelle me raccrocher. Grâce à ça, je peux avancer.
« Cette salle est l’un des secrets les mieux gardés du Ministère. Mise en place par Cornélius Fudge au début de son mandat, elle a été perfectionnée par Rufus Scrimgeour. Par chance, les partisans de Jedusor n’ont jamais pu s’en emparer, le gardien du secret s’étant enfui sans transmettre l’information. Je suis le nouveau gardien du secret de cette salle et vous ne pourrez pas en parler à l’extérieur quand bien même vous le voudriez extrêmement fort. Simple mesure de précaution, vous vous en douterez. »
Sourire affable que dément la froideur analytique d’un regard. Le Ministre jauge les réactions de l’homme comme un fauve décrypte son opposant. Chaque jour, mes talents en la matière s’affinent, et si Severus Rogue se range à mes côtés, il ne manquera plus qu’un pas vers l’occlumancie et la légilimancie. Je suis, cette fois-ci, beaucoup plus disposé à en faire mes armes. Claquement des mains juvénile comme un enfant dans un magasin de bonbons. Le grand sourire adolescent est démenti par la profondeur de l’oeil vert.
« Commençons la visite ! »
Les deux hommes s’approchent des livres, invitation à venir lire les noms s’inscrivant sur les registres par voie de plume à papote ensorcelée. « Vous pourrez voir dans ce premier registre l’intégralité des actes de magie réalisés sur le territoire anglais avec le lieu, l’heure et le sorcier le pratiquant. J’ai bien dit le sorcier et non la baguette. Le sortilège fonctionne un peu comme la trace appliquée sur les mineurs pour s’assurer qu’ils ne font pas de magie devant les moldus, l’enchantement est cependant plus élaboré. Seuls ceux ayant accès à cette salle échappent à l’enchantement enregistrant les sortilèges employés par un sorcier… Félicitations, Monsieur Rosier, vous venez de gagner l’immunité absolue si vous prenez soin de ne laisser aucun témoin derrière vous. »
Le Ministre indique un deuxième ouvrage.
« Vous trouverez ici le recensement de chaque sorcier actuellement présent sur le territoire. Cela inclut les enfants dès leur première manifestation de magie accidentelle, vous pouvez voir par exemple que le dernier en date est un petit Noa Smiths, quatre ans né moldu, dans la banlieue de Londres à l’adresse indiquée ci-après. Nous n’avons plus accès aux individus arpentant les Terres de Madame Malefoy pour le moment, mais nous pouvons les suivre à la trace : il suffit d’observer les apparitions et disparitions de noms sur le territoire. Je puis ainsi vous indiquer par exemple qu’un certain Garrick Ollivander se rend fréquemment chez madame Malefoy parmi tant d’autres ; certains de vos anciens condisciples de Poudlard, Severus Rogue, Lucius Malefoy et… mh… Camille Nott, par exemple. »
Demi-sourire du Ministre tandis qu’il jauge des réactions de l’homme à la recherche d’un indice pouvant indiquer ses préférences. Il est regrettable que le sortilège de Fidelitas empêche Archibald Rosier de prévenir ses éventuels amis. Dernier livre caressé par les phalanges du Ministre.
« Cet ouvrage est sans doute mon préféré. Il peut vous apprendre tout ce que vous pourriez vouloir savoir sur la nature magique d’un être de votre choix. Il vous suffit de prendre la plume et d’écrire le nom de votre choix. Prenons un exemple tout à fait au hasard... »
Le Ministre inscrit souplement le nom de son employé sur le parchemin « Harry James Potter ».
« Je peux donc vous révéler que j’ai vingt-trois ans – un peu jeune pour un Ministre, sans doute –, que je réside dans un domaine incartable du territoire magique, que mon actuelle baguette magique est en bois de sureau contenant un crin de sombral – fascinante baguette, je dois dire – mais que j’ai utilisé par le passé une baguette en bois de houx contenant une plume de phénix – très bonne baguette, je regrette encore sa perte. J’emploie, par ailleurs, ma baguette magique de la main droite, et le registre évalue mon niveau sur l’échelle de Yaxley à 91. Je ne doute pas que vous connaissiez cette mesure, toute arbitraire qu’elle soit, des ressources magiques d’un sujet. Bien entendu, cela ne fait pas tout : encore faut-il savoir se servir de sa magie brute, mais enfin... »
Petite pause, le doigt du Ministre suit la ligne suivante.
« Vous pouvez voir ici, par ailleurs, que je suis affilié à l’Ordre d’Hermès, que je suis un sang mêlé et que je ne semble doté d’aucun talent particulier. Notez tout à fait entre nous qu’il doit être bien pratique d’être un animagus. Enfin, vous avez accès à un historique de ma pratique magique : si vous ne pouvez savoir quels sont les enchantements que j’utilise le plus fréquemment, vous pouvez en revanche constater que ma première manifestation de magie accidentelle a eu lieu à l’âge de six ans, que j’ai suivi un cursus à Poudlard de six ans au sein de la maison Gryffondor – la référence de mon dossier scolaire est ici si vous voulez vous amuser à le demander à Severus Rogue… ne le laissez pas vous dire à quel point j’étais nul en potions, je me suis beaucoup amélioré depuis.Vous pouvez voir, en outre, que mon patronus ci-présent est un cerf, et que les vingt-cinq derniers sortilèges que j’ai employé sont inaccessibles, puisque je ne suis, comme vous, pas concerné par l’enchantement du premier livre. Toutefois, si j’écris un autre nom vous pourriez consulter la liste ; quelqu’un à suggérer ? »
La plume est tendue au Directeur du département des Mystères avec un sourire en coin, curieux de jauger sa réaction devant ce formidable outil de surveillance. Le Ministre exulte, moi, je prie pour qu’il n’ait pas l’idée d’ouvrir les hostilités en premier, doutant de ma capacité à survivre à l’affrontement.
Le gamin parle bien. Avec assurance et diction. Une régalade jusqu'à sommation, sans faiblir, sans ployer. Bluette lézarde agates, rictus truffe babines. Damé d'une férine pulsion, gueule s'ourle d'un fallacieuse bénignité.
"Vous seriez bien peu avisé de vous lancer dans telle entreprise"
Humoral émoi. Péril immunogène. Un coup de Trafalgar? Le sortilège d'oubliettes...
Phobos palpite sous l'écorce, broie les os, témoigne tatouages encroûtés dans la chair. Des gouaches 'vieilles comme Hérode' constellant la couenne. Du cuboïde au claviculaire, des souvenirs, des fresques du passé. Si le mouflet est loin d'être tapinois pour musser pensées, il le sait assez habile pour le juger 'Grand Glou' de curiosités et 'peu poire' pour le défier de vécordie. Fronçant glabelle, lorgne t'il avec pétulance l'auguste férule coincée entre les jeunes phalanges. Baguette de sureau. Trésor tant convoité, d'ambre et d'opale, Saint-Graal rubicond vivifiant moult légendes. Beuvotte t'il davantage les manières bourgeoises du pédant chevreuil. Lardon mué faraud sultan. De qui s'est-il inspiré pour s'embellir sur les gravats putrides des vastes sarcophages? Admiration grelotte au cortex pour le héros crucifié. La pièce devient geôle,la pénombre s'ensoleille et les foehn's s'édulcorent lorsque huis se verrouille dans son dos. Seuls avec leurs crimes et leurs secrets...
"Si bien gardée qu'elle m'était inconnue..."
Fracture d'orgueil, fierté se ravine, effeuillé, éraflé d'une énigme qu'il n'a pu résoudre de lui-même. Au lieu de quoi, c'est mirliflore qui déboule avec réponse sur plateau d'argent, le thorax gonflé d'homélies. Déception damasquine curiosité et viennoiserie se croque insipide sur linguae l'espace d'un instant. Mais Potter sait raviver l'attrait, la furia au creux des nerfs en ponctuant épilogue d'une suite. Colosse emboîte le pas, rampe, s'impatronise dans les traces du cadet. L'Ogre et le Poucet. Dans un coin de l'antre, des ouvrages s'entassent et prennent poussière. L'explication gravite, chatouille l'appétit carnivore. Chopinant l'entremets, les premières pépites, Archibald alloue carnassière croquade.
"Voila un bien grand honneur"
Doigts s'égarent, vagabondent sur vétustes reliures pour en exhorter ouailles de vétilles.
"Ce n'est pas dans ma nature de laisser traces dans mon sillage. A moins que je ne le veuille..."
Méandres lupins. De l'infâme exhibé aux jeunes quinquets. Un instant, une fugace seconde. Septum vibre de breneuses paluches. Pâtures, anonymes tombés en quenouille, martyrs des almes tatouifs à l'ophidien sillage. Cimetière de baouettes et de lourdauds. Les disparus au Clair De Lune. Le taricheute offre pourtant le carat du doute. Virginale caricature d'un employé modèle, sans macule. Mais Potter n'est ni sot ni naïf. Il sait, flaire la bête de Gevaudan sous la pulpe fossile. Et c'est là tout l'intérêt du jeu...
D'autres grimoires, d'autres fonctions. Non moins intéressantes, tout aussi alléchantes. Bleu d'Outremer traîne jusqu'aux titres imprimés. Crampe à l'ocelle, bluette au crâne. Des prénoms chuintés d'une félone candeur. Severus, Lucius, Camille. Vraiment? Il n'ignore nullement les incursions des cancrelats dans l'empire malefoy. L'entendre d'une si juvénile bouche reste pourtant émoustillant. Dangereux! S'humecte t'il babines, corrodé d'une ardeur nouvelle, prêt à noyer patte dans la mélasse aux bénignes escarmouches. Sans sourciller pour un nom particulier, sans offrir oblation, les bielles se croisent contre épigastre et bobèche dodeline sur côté.
"Voilà une menuaille dans un bel embarras..."
Ne doit-il ignorer les rondes familières de Nott dans son sérail? Il ne s'en drape pas, loin de là, et vomirait axiome au mignard pandion si question dégueulait de son gosier. Rosier et Nott, une dyade aussi tonitruante que le furent Potter et Black.
"Vous êtes vous senti rassuré de ne point voir mon nom naviguer jusqu'en ces terres?"
Turgescence. Goulot se bombe - sans mercuriale ni grief - d'une sémillante renardie. L'Autonome, l'Indépendant, le régentin crotale. Qui serpente entre les clans, égoïste, faquin et ingrat. Tissant arantèle, façonnant le monde de sa lytique cacothymie. Un gros connard, comme Camille le fredonnerait avec cajolerie.
Un dernier ouvrage, loin d'être une barbinade. Bible aux arcanes, précieux antiphonaire. Qui dévoile généralités magiques sur moindre lascar. Voilà qui faciliterait grandement ses labeurs.
"Un livre qu'il ne valait mieux pas laisser entre les tenailles de Jedusor..."
Se lèche muqueuse. Observe, ratiboise minois vermoulu. En quête d'une étincelle, d'un spasme à l'écho du moribond. Un sorcier talentueux, un crétin suranné, une métastase larguée sur la glèbe. Un luron qui n'est pas sans lui rappeler un autre tyran. Un moldu gras, moustachu et rougeaud. Adolf Hitler. Lui et Tom ne sont-ils pas comme des frères? Gémeaux satyres, pouilleux, nés de la crasse, vomis de la fange. Revendiquant pouvoir, édifiant dition, ovationnant fariboles ourdis de leurs vésanies. La pureté suprême? Canular, subversive bouffonnade! Et dire que nombreux gandins s'y allièrent, encore plus gourdiflots que leur roi, prêts à sabouler rondement l'accalmie de leur chère patrie. Des coqueberts, des petites chiennes qui mangèrent leur chapeau une fois la situation mis à mal, bien malhardis.
"Oh my...@Severus Rogue, petit sacripant. Il a du vous mener la vie dure. Ce poulpiquet avait deux mains gauches en métamorphose. Un jour, s'est-il retrouvé bloqué, tout penaud, chauvi de rose pendant deux lunes..."
Vert Galant se gabe à l'estampe cocasse gravée dans caillou. A cette rogneuse margoulette cerclée d'églantine bien trop brutale pour moult rétines.
"Mais il est vrai que votre père ne l'a guère aidé à se bonifier..."
Joute gratuite. James Potter, royal ordichoclaste, coquet macaque. Modeste appréciation pour le défunt luron.
"Si jeune et si impétueux. Je dois cependant reconnaître qu'il excellait dans les airs... une délicieuse émule. J'ai cru entendre que vous n'êtes pas en reste pour enfourcher un balai..."
Les ribauds du zénith. Sans bornes sans credo. Un frisson scalpe la moelle à cette désinvolte jeunesse. Au balai troqué pour poudre d'escampette depuis lustres désuets.
"Mettons cartes sur table..."
'Archibald Rosier' La plume se meut, trace courbe d'identité sur écru flétri. Les lettres deviennent octaves au lecteur babillard.
"Quarante six ans, l'âge se fait ressentir... Sang-Pur affilié à l'Ordre d'Hermès. J'imagine la brioche de mon défunt paternel à l'idée de voir sa lignée s'éteindre avec moi. Occlumencie et Légimencie très développées, ce qui ne doit vous étonner. Les ingrédients essentiels pour le post que j'occupe. Evalué à 76 sur l'échelle de Yaxley, quelle ironie..." Ce morveux le surpasserait? Renversant... Labelle de malacie fleurit des artères. "Enfin, s'il n'y avait qe la magie..." Le surin convient aussi pour emmurer pâtures dans silence éternel. "Baguette en bois d'if creusée d'une plume de phénix. Elle m'accompagne depuis l'âge poucet. Première apparition de magie à 5 ans" Dans le bastion familial, sous la pogne du paternel. Il se souvient du Daron propulsé quelques mètres lors des premiers éclats de magie. "Accueilli sept années à Poudlard, dans la maison Serpentard" Sans surprise. Un corniaud le devinerait. "Mon patronus était un ornythorynque" Etait... Lavé, purgé par les tourmentes. Rocambolesque effigie témoignait d'un fantasque personnage. "Et mes références scolaires vous montrerons qu'outre la divination, où je me complaisais à malmener le prédecesseur de Sybill, j'excellais dans toutes matières" Optimale gravé pour chaque leçon. Souvenir d'une rivalité avec Nott, à gratiner l'excellence, se moquer dès qu'un chancelait d'un 'Effort Exceptionnel'.
Palabre gondole sans venin, avec boniment, des chicots acérés. Égaré dans les flots aériens, scélérat réajuste boutons de veste et flotte agio vivifié vers l'intriguant pierrot. Les ombres dansent sous le fleuron des cierges brimées par tièdes zéphyrs dessous l'opercule en chêne.
"Vous êtes là en possession d'un inestimable magot, monsieur le ministre..."
Fini les oblongs quêtes d'informations, les aguets dans le pas des grands suspects. Et l'apprenti arsouille souhaiterait lui donner main mise à cet eldorado?
Pourquoi lui? Pourquoi maintenant? L'hépatite troue nombril. Atomes de réponse au bout du labre. Une seule mérite attention.
"Qu'attendez vous de moi?"
Glaviot curieux. Fouine, enfant-vautour. Popelin lorgné, curé de requins pruneaux dans les noirauds confins du confessionnal.Trépigne, s'affoue sous millimètres de soieries aux crachins d'aumône. Prêt à se faire 'Bête de Somme', à 'faire suer le burnous' si ça peut lui permettre d'atteindre ses propres ignominies. Potter semblait 'avoir la foi de charbonnier', convaincu du moire de ses actions: un factice palladium brodé d'utopies. Si tel était son souhait, il se ferait bergerot de ses rêves, ligand du Chaperon, créancier de ses désirs...
Le Ministre observe avec attention. Il guette la moindre ridule, le moindre spasme sur le visage d’Archibald Rosier. Le bougre dissimule bien. Presque trop bien. Il semble vaguement agacé de n’avoir jamais eu vent de cette salle. Il assure toutefois être capable de ne pas se faire repérer… le Ministre n’en doute pas. Moi ? Je frissonne un peu. Promesses d’assassinats, sans doute. Pourquoi, encore, ai-je choisi de le garder si près de moi ? Garde tes amis près de toi, tes ennemis plus près encore... Lequel est-il ? « Il n’y a rien d’étonnant à cela, Monsieur Rosier. Nous sommes deux à connaître son existence, désormais. Le lieu est suffisamment bien protégé pour que son existence ne se soit pas ébruitée et les choses doivent rester ainsi. »
Sourire à la mention des embarras dans lesquels pourraient se retrouver quelques anciens mangemorts. Le Ministre se délecte de ce petit jeu du chat et de la souris. Prêcher le faux pour savoir le vrai est une plaisante entreprise. Prêcher le vrai pour confirmer le vrai l’est plus encore. Archibald Rosier n’a pas vraiment tressaillé. Savait-il déjà ? Le redoutable directeur du département des Mystères s’amuse du petit Ministre.
« Rassuré ? Certes pas. Vous concernant, Archibald Rosier, je ne serai rassuré que lorsque je vous aurai vu mort ou que je le serai moi-même. C’est précisément parce que vous échappez à tout contrôle que vous êtes ici. Vous ne suivez probablement que votre intérêt propre. »
Semi-aveu. Tout comme lui. Le Ministre agit pour le bien du Monde de la magie. Mais qui décide de la nature de ce bien sinon lui ? Il agit pour façonner ce monde comme il l’entend. Homme de pouvoir. Homme idéaliste. Homme ambitieux. Presqu’un rêve de réussir là où Tom Elvis Jedusor a échoué.
La voix de Rosier fait sortir le Ministre de ses pensées. Calembours à mi-chemin entre la plaisanterie et l’attaque gratuite. Sans doute une juste rétribution. Mais appendre que Severus Rogue est nul en métamorphose est une précieuse ressource de taquineries.
« Mon père a été un imbécile dans ses jeunes années, j’en ai peur… Alors comme ça Severus Rogue, notre bon directeur de Poudlard, est peu ami avec les arcanes mystérieuses de la métamorphose ? »
Le Ministre rit sous cape, ne sachant déjà que trop ce qu’il pourrait faire avec cette information auprès de son nouvel allié… Severus. Il observe avec attention le nom inscrit sur l’ouvrage par Archibald Rosier. Des informations qu’il avait déjà pour avoir fait ce même geste avant le directeur du département des mystères. Il est toutefois curieux d’entendre les commentaires de l’homme sur sa propre personne. Prometteur, vraiment prometteur.
Plus prometteur encore quand la question tombe. La question. Le Ministre louvoie entre les livres, tout proche de son aîné. Les prunelles vertes ne lâchent pas l’ogre redouté de ces murs. Inquisiteurs calots. Si le Ministre était doué de legilimancie, nul doute que les deux sorciers se seraient affrontés. Mais dans cette pièce, le livre ouvert, c’est sans doute lui, le jeunot.
« Inestimable, en effet, mais qui nécessite surveillance. Ce pourquoi vous êtes là, cher monsieur Rosier. Vous aurez besoin de ces livres pour les missions que je souhaite vous confier. Je ne vous apprends rien en vous assurant que la connaissance et la surveillance sont les meilleures armes de qui souhaite maintenir la population dans une paix relative. Toutefois, certains individus prôneront toujours la liberté personnelle avant l’intérêt général… Il faut alors faire un choix pour ces individus : les inclure au système en faisant œuvrer leur liberté au service du monde magique ou les en éradiquer. Voici le choix qui vous incombe, monsieur Rosier : vous, l’électron libre, l’homme au parcours exemplaire, préférez-vous œuvrer au meilleur des mondes en jouissant d’un statut privilégié vous autorisant à peu près toutes les fantaisies en toute impunité pour peu qu’elles ne parviennent pas aux oreilles du grand public ou bien souhaitez-vous arguer quelque valeur morale vous empêchant de faire du bon travail ? »
En un mot comme en cent, le Ministre cherche un homme de l’ombre. L’aura-t-il trouvé ? Ou se sera-t-il approché trop près des flammes ? Moi, je tremble. Jeu dangereux, si dangereux. Derrière la façade ministérielle, je me suis reclus en un coin de l’esprit, mû par une peur bien légitime. Le gars n’est pas un enfant de choeur, et je ne suis que poussin sur sa route. Peut-être cherché-je aussi un mentor. Peut-il l’être ? Il me faudrait lui faire confiance. Ce serait folie.