« Ce n’est pas négociable, Farah, tu accompagnes ton père. »

Tu lèves les yeux au ciel alors que ta mère croise les bras sur la poitrine. Vous avez reçu une invitation pour l’anniversaire d’un des euthanatoi du coin, @Rhys M. Price, que tu connais assez bien pour l’avoir croisé à de nombreuses réunions de la tradition. Anniversaire de son restaurent aussi. Tu avais écrit un petit mot à Rhys pour lui dire que tu ne pourrais probablement pas te libérer de ta thèse, une des deadlines approchant et lui avait envoyé, par la même occasion, un roman policier moldu qui vient de sortir par la poste en guise de cadeau d’anniversaire en lui écrivant que suivre le parcours d’un flic en quête de résolution d’un meurtre le ferait peut-être rire sur son temps libre. Humour macabre. Tu sais qu’avec Rhys, c’est le genre de choses qui peut passer assez  bien.

Mais bon… il semblerait que le destin ait, une fois de plus, décidé de te la faire à l’envers. Ta mère, qui devait accompagner ton père, @Djouqed, a un empêchement elle aussi. Et de toute évidence, la bienséance interdit qu’il se pointe seul à cette petite fiesta… ça, ou bien c’est un complot de tes parents pour te forcer à passer moins de temps dans le monde moldu et davantage en compagnie des euthanatoi… Peut-être un peu des deux. Qu’à cela ne tienne, te voilà avec une robe rouge cintrée qui t’arrive au dessus du genou, un blouson de cuir dont le charme intégré de régulation de température te permet de le garder en intérieur comme en extérieur sans le moindre inconfort, des clous d’oreille, un pendentif en or représentant un serpent et une bague assortie, au bras de ton père, pour rejoindre les festivités. Une tenue finalement assez simple mais la coupe de la robe et le scintillement discret des bijoux trahissent le travail d’artisans de renom du monde de la mode… moldue. Les euthanatoi n’ont souvent pas de problème à prendre le meilleur des deux mondes, et tu adoptes à plein poumons cette philosophie. Même si tu apprécies beaucoup Rhys, tu avais vraiment du travail à faire…

Mais ton père t’a lancé ce regard. Celui qui promet une contrainte encore plus étouffante si tu n’obtempères pas à celle là. Il serait bien capable de te traîner de force à une de ces interminables soirées qu’il est obligé de se farcir au Ministère – moldu ou sorcier, d’ailleurs – en tant qu’ambassadeur… Non, vraiment, la soirée de Rhys, c’est quand même une meilleure idée. Et en plus, on peut y danser.

Tu te mêles à la foule à son bras. Vous saluez les uns et les autres. Tu es un peu en territoire conquis avec tous les euthanatoi dans cette pièce. Il n’y a pas qu’eux, évidemment, mais ils sont nombreux. Il y en a même certains à qui tu peux présenter ton père parce qu’ils ne se sont pas encore croisés même s’ils se connaissent mutuellement de nom et de réputation. Tu as salué @Rhys M. Price en passant, de même que @Mai Lan Turner quand Rhys est venu la présenter à tout un groupe des vôtres. Vous n’avez pu échanger que quelques mots, mais tu as entendu parler d’elle, un peu, lors de la dernière réunion d’euthanatoi. Il paraît que c’est une nouvelle, une vietnamienne, une universitaire moldue, aussi. Ça t’intéresse. Vous avez échangé vos coordonnées à la volée et tu as haussé les épaules avec un petit sourire quand tu as croisé le regard de ton père en rangeant sa carte de visite dans la poche intérieure de ton blouson.

– Quoi ? C’est une universitaire connue dans sa discipline ! Tu te doutes bien qu’on va finir à parler recherche autour d’un café un de ces jours !

Et la soirée s’avance. Tu as bu, un peu. Moins que ce que tu as pu boire dans des soirées étudiantes. Seulement une coupe de champagne sous l’oeil désabusé de ton père. Face à Hakim, ton grand-père, tu mènes une vie sobre, de même que Djouqed. Mais tu sais qu’il n’est pas plus musulman que toi. Tu as très peu parlé religion avec lui, mais assez pour savoir que l’alcool ne vous est interdit ni à l’un, ni à l’autre. Autant dire que c’est votre petit secret de la soirée et que vous vous efforcerez de rentrer joyeux sans être bourrés, histoire d’éviter les reproches que ta mère ne manquerait probablement pas de vous adresser. Tu vas profiter de la piste de danse aussi, quitte à ne pas travailler, autant profiter des réjouissances aussi. Et de toute façon, tu sais que ton père est là. Il veille du coin de l’oeil. Il est assez papa poule pour ça !

Comme tu connais peu de monde, tu te retrouves à danser le rock aussi bien avec des euthanatoi qu’avec de parfaits inconnus. Ça ne te dérange pas tant que personne ne s’éclate à jouer les mains baladeuses sur toi. Les euthanatoi ont, pour la plupart d’entre eux, probablement trop de considération pour ton père pour se laisser aller à ce genre de choses, et le reste des invités a l’air encore assez sobre pour comprendre les rebuffades. Du coup tu passes un bon moment. Dans la folie du moment tu te retrouves à danser près une fille (@P. Pandora Parkinson) fringuée de façon aussi moldue que toi avec un ankh autour du cou, tu ne peux pas t’empêcher de le remarquer, ça t’arrache un sourire de voir un symbole de ta culture porté par une occidentale, même si tu es à peu près sûre que la fille qui danse près de toi ne connaît pas ou trop peu sa signification.

– Il est cool ton pendentif !  Tu lui lances pendant une accalmie dans le tempo de la musique.