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if you'd only been a witch || Mara&Malachy
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Mer 8 Juil - 15:59




it would ha' been a great deal easier,
if ye'd only been a witch
Un dimanche midi du mois de février 2004, jour 23 du Cycle Lunaire.

Un sourire éclatant écarta les lèvres de Malachy quand il reconnut, derrière lui, Mara. Elle était venue réchauffer l'air près de lui, se postant là et évoquant avec tout le naturel du monde Faolán, comme si elle le connaissait déjà. Malachy, lui ne remarquait que cette écharpe, sûrement neuve, qu’elle portait autour du cou, aux couleurs de l’équipe de Manchester City. Elle s’était souvenue, et plus que ça, ne l’avait pas confondue en l’achetant avec celle de Manchester United, malgré le jeune Cristiano Ronaldo qui faisait beaucoup parler de lui en faisant une fantastique première saison auprès desdits Red Devils. Ça fit sourire Malachy un peu plus, si seulement c’était possible.
En guise de salut, donc, la jeune femme évoquait Faolán, sûrement parce qu’elle avait entendu Malachy crier son nom, et parce qu’il aurait été difficile de ne pas remarquer ce corps gringalet tenter des acrobaties sur cette petite moto qui semblait pourtant déjà trop grande pour lui. Le benjamin des Lyons s’appliquait à force de dérapages plus ou moins contrôlés à marquer de traces noires le pavé de Pré-au-Lard, sauvegardé jusqu’alors de tous les véhicules motorisés typiquement moldus. Malachy avait espéré s’être débarrassé de Faolán quand Mara arriverait ; finalement, elle l’avait rejoint tôt, il n’était pas encore midi. Il fallait admettre que l’invitation qu’il lui avait adressée avait été très informelle. Dans son courrier, il lui avait écrit, en somme, qu’il serait là, à Pré-au-Lard pour l’inauguration du Bazar, et qu’il espérait qu’elle y fut aussi. Au vu leur dernière – et première – entrevue, il n’avait pas eu l’impression de pouvoir lui proposer autre chose que ça : une rencontre informelle, dans un lieu neutre. Ils se retrouvaient ainsi dans la foule, entourée d’une plèbe enflammée par le concept absolument brillant des sœurs Patil. Au moins, l’ambiance électrique du lieu pourrait animer leurs échanges. On pouvait croire que ce n’était qu’une rencontre amicale, deux nouveaux amis qui se retrouvaient à Pré-Au-Lard pour s’amuser, boire un café, peut-être. Malachy s’était décidé pourtant à ne pas laisser pas planer de doute très longtemps ; il avait suffisamment d’amis, et n'avait aucune intention d'ajouter Mara à ce compte-là. Il glissa ainsi son bras sur son dos, frôlant ainsi sa blouse de coton et surtout ses hanches. Dans le même mouvement, il se pencha vers elle et embrassa légèrement sa joue pour la saluer, alors qu’elle lui demandait elle était en retard. L’odeur de ses cheveux emplit son air ; il ferma les yeux un instant, pour s’en imprégner, bon loup qu'il était. Elle sentait bon. Laissant retomber son bras le long de son corps, rougissant de sa propre bravoure, il fit, l’air faussement détendu : « Au contraire ! C’est moi, qui suis en retard, je n’ai pas encore eu le temps de me débarrasser de mon frère … »

Faolán, justement, traversa à nouveau la foule pour venir trouver son frère, désormais bien accompagné. Désormais, c’était bien simple, avec tout le grabuge qu'il avait créé, tout le monde les regardait, et le jeune Lyons en était ravi. En bon benjamin de fratrie, il aimait que toute l’attention fut sur lui. Bien sûr, Malachy regrettait amèrement de l’avoir convié. Il avait cru que ça serait amusant, Faolán étant sans doute le sorcier le plus moldu de sa famille. Et puisqu’il ne l’avait pas vu depuis quelques mois, il avait oublié combien il pouvait être emmerdant – en bon benjamin de fratrie, là encore. Alors qu’il arrivait devant eux, descendant finalement du bicycle, ses orbes vertes s’écarquillèrent. Bien sûr, il reconnaissait la jeune femme, dont le nom avait noirci de nombreuses pages de magazines, ces derniers temps. Par Séléné, songea Malachy …

« Oh, brother, tu ne m’avais pas dit que c’était pour Mara Lochlainn, que tu t’étais fait tout beau comme ça ! taquina Faolán, l'air amusé et satisfait.
- Ferme-la, rend-moi la moto, et déguerpis d’ici ! Malachy avait aboyé, espérant soumettre son petit frère à des ordres plus ou moins hiérarchiques. Ça fonctionnait rarement, mais ça valait le coup d'essayer.
- Quoi, tu ne me présentes pas ? ça va, je te la rends, ta moto ! »

Faolán lâchait son os, laissant Malachy soulagé. Il pouvait désormais baisser sa garde et lui refiler la game-boy qu'il lui avait achetée, pour se faire pardonner du coup foireux. Un sourire narquois apparaissait toutefois sur le visage du jeune loup, qui savait pertinemment qu’il avait appuyé sur la ligne rouge tracée par son aîné. Celui-ci espérait toutefois que le gamin n’eut pas dit trop fort le nom de la joueuse, et que celle-ci ne devrait pas se coltiner les regards insistants d’un public avide de savoir quand est-ce qu'elle remontrait sur son balai. Il tourna la tête vers elle, et dit, avec sincérité : « Je suis désolé ». Puis, il chercha le regard de son frère, ne souhaitant pas apparaître face à la jeune femme comme un grand frère monstrueux qui terrorisait son cadet. « Allez. Patil m'a dit qu'elle serait bientôt à nouveau en stock. En attendant ... » Il tira de son sac en bandoulière la console promise. Il était à peu près certain qu'il ne l'avait pas déjà, et Faolan en fut en effet satisfait. Au moins, il avait gagné une console gratuite, à défaut de repartir avec une moto. A vingt-quatre ans, il n'avait pas réellement besoin que son grand-frère lui paye quoi que ce soit, mais s'il pouvait profiter de sa culpabilité – en bon petit-frère, vous l'avez deviné – il le ferait.  

Puis, Malachy tira un premier casque de son sac, flambant neuf, qu’il donna à la jeune femme, avant d’en tirer un second, pour lui. Il les avait achetés avec la moto, et ne tarderait pas à les personnaliser. En attendant, il poussait Faolán loin de lui, celui-ci suffisamment prudent pour laisser son grand frère tranquille, et ne plus tenter d’approcher sa patte trop près de cette ligne rouge qui lui était si chère. Un sourire plus détendu apparu sur le visage de Malachy, qui croisa le regard de Mara, avant de proposer :

« Je t’embarque ? »


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Mer 29 Juil - 6:59

If you'd only been a witch
Malachy & Mara

« Sword of destiny has two edges. »
Je ne sais pas pourquoi j'appréhende autant à l'idée de retrouver Malachy. Notre première rencontre était assez particulière, tant pour les circonstances que pour l'ambiance qui régnait. Je n'ai pas vraiment apprécié les raisons de sa visite au magasin pour être totalement honnête. J'ai été habituée à ces personnes qui ne cherchaient à me voir que par intérêt et c'était le cas pour lui également si on y repensent bien. Mais il a su d'une manière qui m'échappe encore me mettre en confiance et me donner envie de le revoir très rapidement. Le sujet a fini par changer, je lui ai posé des questions pour apprendre à le connaître, j'ai répondu aux siennes quand ce n'était pas déplacé. Et puis il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer à quel point il était charmant.

Et le jour des retrouvailles est finalement arrivé. J'avais initialement songé à me rendre à cet événement quoiqu'il arrive. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion d'avoir accès à tous ces objets moldus. Certains font partie intégrante de mon éducation, de ma culture. Revoir les sœurs Patil est aussi l'une des raisons qui m'a poussée à venir à Pré au Lard aujourd'hui. Au moins, s'il décide de ne pas venir ou si quelque chose se passe mal lorsque je le revois, j'aurais toujours moyen de rattraper la journée.

Je l'aperçois alors devant la boutique. J'ai au moins eu le temps de faire un petit tour avant de le retrouver. Il faut dire qu'il ne passe pas inaperçu en compagnie de ce jeune homme sur la moto. Est-ce son frère ? Il y a un air, même s'il semble bien plus casse cou que Malachy. Impossible de ne pas être attiré par tout ce remue ménage, ce serait même presque l'occasion parfaite pour s'éclipser sans que personne ne remarque que Malachy et moi avons un rendez-vous. C'est du moins ce que j'ai compris de son hibou. Est-ce qu'il sous entendait vraiment un rendez-vous galant ou est-ce simplement moi qui me suis fait des idées. Parfois il suffit d'un rien pour qu'un malentendu ne se crée, mais je sais que je serai vite fixée. J'ai appréhendé toute la matinée et toute la nuit dernière, parce qu'il a ce quelque chose de plus, cette envie de vraiment le connaître et je pense que le fait d'avoir appris qu'il était un loup garou a pas mal attisé cette curiosité. Je me tiens donc derrière lui, tentant de le surprendre en annonçant ma présence.

« C'est donc bel et bien ton frère. Il y a un véritable air de famille ! »

Je suis rassurée quand il me dit que je ne suis pas en retard. C'est bien quelque chose que je n'aime pas du tout, être en retard et quand quelqu'un me fait attendre trop longtemps sans prendre le temps de présenter ses excuses. L'important c'est qu'on se soit trouvé facilement. Avec la chevelure de Malachy, ne pas le trouver aurait relevé du miracle – et aujourd'hui il aurait fallu un miracle car le loup a décidé de dompter sa crinière. Finalement, Faolan, le frère de Malachy, nous rejoint et tous les regards alors braqués sur le jeune Lyons se retrouvent finalement tournés notre petit trio. Moi qui espérait ne pas trop attirer l'attention, je commence à un peu angoisser intérieurement. J'attends qu'il propose d'aller ailleurs. En fait, j'espère qu'il va proposer d'aller ailleurs. Nous étions censés déjeuner, mais je n'avais pas imaginé que son petit frère serait avec nous. Il a évoqué vouloir se débarrasser de lui, mais jusqu'à présent, ce dernier ne semble pas vouloir lâcher Malachy d'une semelle.

Je souris lorsque Faolan dit ouvertement qu'il comprend mieux pourquoi son frère s'est fait beau. Il est vrai que sa tenue et sa coiffure sont soignées. Maintenant qu'il en fait mention, je réalise qu'il a peut-être finalement fait cet effort et que je ne me suis pas fait des idées tout le long. Depuis l'accident, je n'ai pas eu de rendez-vous avec qui que ce soit, alors j'ai un peu perdu l'habitude. Je tente de ne pas rire lorsque Malachy se voit obligé de se comporter comme un véritable grand frère. Il se retourne vers moi pour présenter ses excuses puis termine ce qui semble être un arrangement fraternel.

Après quelques minutes à ne pas trop savoir où me placer, et à ne pas trop savoir si je dois me retenir de rire ou me laisser aller, il n'y a plus que nous deux. Et tout Pré-au-Lard, mais c'est comme s'il n'y avait que le jeune loup et moi-même. Je m'apprête à lui demander ce qu'il a prévu, si nous allons déjeuner tout de suite ou non, mais il prend les devants, me tendant un casque. Il me proposa alors de m'embarquer sur cette moto flambant neuve. Je ne crois pas avoir eu l'occasion une seule fois dans ma vie de grimper sur un tel véhicule. Je me saisis du casque avant de lui répondre.

« Si tu me promets de conduire plus raisonnablement que ton frère, pourquoi pas ! »

Je m'installe à l'arrière de la moto, emboîtant le pas du brun. Ça me rappelle des films que ma mère regardait quand j'étais plus jeune. J'enfile le casque sur ma tête avant de l'attraper par la taille. Il me semble que c'est comme ça que l'on se tient sur une moto lorsque l'on est passager.

« Tu nous emmènes où ? »

C'est la question qui est sortie alors qu'au fond de moi, je me demandais surtout s'il savait vraiment conduire ce genre de véhicule. J'imagine qu'il ne faudra pas bien longtemps pour en avoir le cœur net. Et en parlant de cœur, pour une raison que j'ignore à ce moment-là, il se met à battre un peu plus fort que d'ordinaire.
(c) DΛNDELION


1055 mots

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Jeu 20 Aoû - 21:42




it would ha' been a great deal easier,
if ye'd only been a witch
Un dimanche midi du mois de février 2004, jour 23 du Cycle Lunaire.

Est-ce que c’était trop ? Ce n’était pas vraiment prévu, en tous cas. Mara grimpait sur la moto, et Malachy ne pouvait s’empêcher de se poser cette question.

L’idée était, au début en tous cas, de déjeuner quelque part à Pré-Au-Lard, après s’être retrouvés. Le loup s’était juré, devant son miroir ce matin-là, que ce n’était pas un rendez-vous amoureux. Parce qu’en la matière, il avait tendance à exagérer un poil, la plupart du temps. Du genre gros bouquet de roses rouges, playlist préparée par ses soins sur un disque gravé, yeux doux et chemise blanche. Il ne voulait toutefois pas faire peur à la jeune femme, parce qu’il avait remarqué que c’était souvent l’effet obtenu de ses frasques amoureuses. Alors il s’était dit qu’il arriverait les mains dans les poches, et qu’ils iraient ensemble déjeuner. Juste déjeuner. Pas de bouquet, pas de chemise blanche – mais une bleue, quand même – pas de carte de Saint-Valentin, juste un petit trajet jusqu’aux Trois Balais. Mara avait déjà appris à leur dernière rencontre qu’il était un loup-garou, il ne fallait pas qu’en plus elle puisse se douter qu’il était un ineffable romantique éternellement en manque d’amour, car si elle n’avait pas déjà fui au premier coup, il n’y avait aucun doute qu’elle le ferait cette fois-ci.
Mais la moto, dans tout ça, n’avait pas été prévue. Il ne pensait pas que les sœurs Patil auraient vendu pareil engin, il ne pensait pas dépenser toutes ces mornilles pour l’acheter, et ça venait bousculer un peu ses plans de matinée. N’était-ce pas, donc, un peu trop ? Là, devant toute la foule amassée devant la boutique, parmi laquelle ses élèves, et sans doute des dizaines de sorciers qui reconnaissaient l’ancienne batteuse de Crécerelles, il allait l’embarquer pour il ne savait où, sur sa moto. Une scène de film, en somme. N’importe quoi. C’était trop. Définitivement trop, se disait-il. Son reflet dans le miroir l’aurait grondé, s’il avait été là.

« Je te promets, je roulerai tranquillement », fit Malachy, alors qu’il enfilait son casque, et vérifiait d’un coup d’œil que Mara avait réussi à attacher le sien. De toute façon, sur pareille machine, à deux, ils ne risquaient pas d’aller bien vite. L’engin n’était pas très puissant, et de façon générale, il était sensiblement moins casse-cou que Faolán. Ce n’était pas bien difficile, mais ça avait le mérite d’être souligné. Ajustant les rétroviseurs à sa vue, il sentit Mara s’installer derrière lui. Il la vit, même, dans le miroir, hésiter un instant, une demie seconde, peut-être, sur l’endroit où elle devrait placer ses mains. Peut-être, en retour, Mara vit-elle les yeux du loup s’écarquiller quand il sentit ses bras enserrer sa taille. Sous son casque, il rougissait comme un gamin. Un mioche trop romantique pour son propre bien. Sans rien dire, et pas mécontent, il démarra le moteur, donna un coup d’élan à la moto de son pied d’appui, et fendit la foule.

Au milieu du bruit, dans la masse, Mara lui demanda où ils allaient. Malachy fit semblant de ne pas avoir entendu. Alors qu’en réalité, c’était absolument impossible, pour lui, de ne pas entendre. Ouïe de Loup-Garou oblige. Toutefois, ça, Mara ne le savait pas encore, et lui, de son côté, n’avait absolument aucune idée de leur destination. Encore une fois, tout cela n’était pas exactement prévu. Alors il fit semblant de ne pas entendre, ne dit rien, et fila. Les pavés de Pré-au-Lard n’étaient pas très agréables, il longea la grand-rue sans s’arrêter, pas trop vite pour éviter que ça ne tape trop, mais pas trop lentement pour qu’ils n’y passent plus de temps que ce qui était strictement nécessaire. Finalement, ils se retrouvèrent assez rapidement hors du village, et donc au milieu de nulle part, sur une route plus ou moins goudronnée, qui les amènerait, sans doute, vers une voie départementale. C’est qu’il n’avait jamais fait ça. Il allait à Pré-au-Lard depuis Poudlard, ou alors, il y allait en transplanant, mais jamais en moto. Et bien sûr, le village devait être incartable, il devait échapper aux moldus, pour être soumis comme il le fallait à la Loi du Secret Magique. Une grande autoroute ne pouvait pas passer par-là. Malachy suivit ainsi le chemin qui s’offrait à ses deux roues. Il ne roulait pas très vite, quelque chose comme cinquante, soixante kilomètres par heure. Mais à moto, face au vent, ça semblait plus rapide. Un sourire ne quittait pas ses lèvres : il aurait pu rester des heures sur cette route, la gueule au vent, les yeux sur le paysage des highlands, les bras de Mara enserrant sa taille. Il était bien.

Finalement, effectivement, ils trouvèrent une route départementale. Bien bitumée, moins amusante. Ça faisait quelque chose comme vingt minutes qu’ils roulaient, déjà. Ils n’avaient rien dit. Malachy s’engagea, et se décida à s’arrêter dans le premier village qu’ils trouveraient. Ça ne pouvait pas être terrible, un village moldu écossais, ça a toujours son charme, quel qu’il soit. Ils roulèrent encore une quinzaine de minutes avant qu’un panneau n’indique Erchless Castle. Parfait. Un château écossais, ça valait toujours le détour, non ? Ils auraient pu rouler jusqu’à Inverness, mais une heure et demie de moto, c’était un peu trop. Mara risquait de geler, derrière lui, malgré l’écharpe de Man-city qu’elle avait autour du cou, et malgré le corps du loup toujours chaud auquel elle était agrippée.
Ils attinrent finalement le village. En arrière-plan, on voyait le château. Moins impressionnant que Poudlard, moins ancien, aussi, mais il avait le mérite d’être là. Tous les châteaux d’Ecosse ne pouvaient pas être magiques et abriter des centaines de fantômes millénaires. Malachy ralentit son engin, pour finalement s’arrêter quelque part où il jugea que ce serait adéquat. Il laissa Mara descendre avant lui, pour certain que la moto ne soit pas déséquilibrée, et fit : « Et voilà, madame ! » le plus naturellement du monde. Comme s’il savait ce qu’il faisait, alors qu’il inventait tout au rythme que les minutes passaient. Il retira son casque, ses boucles soudainement bien moins plaquées à l’arrière de son crâne, et il l’enfourna dans son sac à bandoulière. Il tendit le bras pour que Mara lui donne le sien, et replongea son bras dans le sac pour y trouver la chaîne de sa moto. Il lui fallu farfouiller un moment avant de la trouver, mais bientôt, sa moto était attachée et ils pouvaient se mettre en marche pour trouver un endroit où déjeuner. « J’espère que tu n’as pas trop froid… » lui dit-il, avant de se mettre en marche avec assurance – là encore, comme s’il savait où ils allaient. Vers le château, en l’occurrence. Sans doute proposaient-ils des visites, et peut-être même quelques boissons chaudes. Sinon, il avait repéré un petit cottage, à l’entrée du village, qui annonçait un menu du jour. Ça serait suffisant. Encore une fois, Malachy s’était juré qu’il n’en ferait pas trop, pour ce premier rendez-vous.

Mara et lui marchaient côte à côte. Si ça avait été un rendez-vous amoureux, justement, il aurait attrapé sa main. Il aurait même passé le bras autour de ses épaules, et aurait, depuis ce point-là, attrapé sa main, et aurait mêlé ses doigts aux siens. C’était comme ça, qu’il aimait faire, pour être le plus proche possible de la personne avec laquelle il était. Mais était-ce ce que Mara attendait ? être le plus proche possible de lui ? du loup qu’elle commençait à peine de découvrir ? Malachy se garda de trop s’avancer en la matière, et se contenta alors de marcher à ses côtés, le dos de sa main frôlant parfois la sienne, ses doigts se tendant parfois dans l’espoir infime de pouvoir accrocher les siens. Il se fit la réflexion qu’il n’était sans doute pas moins pitoyable qu’un adolescent, et il n’en crut pas sa truffe. Cherchant du courage, il dit, alors qu’ils s’approchaient du château. « Je suis content de te voir. En dehors des affaires de business, je veux dire. J’imagine que tu ne dois pas trop m’en vouloir si tu es là aujourd’hui ? » Il parlait des affaires, mais il sous-entendait, peut-être pas assez inconsciemment, la reconnaissance qu’il lui vouait d’être venue malgré l’annonce qu’il lui avait faite ce jour-là. « Je suis désolé d’être parti précipitamment la dernière fois, d’ailleurs. » Il ne put en dire beaucoup plus que ça, ne sachant pas bien lui-même pourquoi il était parti avec tant de hâte. Il aurait pu prendre un autre portoloin, sans aucun doute, mais c’était ce prétexte-là qu’il avait utilisé. Il avait voulu fuir, sans doute, ce moment qui s’était fait beaucoup plus lourd qu’il ne l’avait voulu.

Ils attinrent bientôt le Château, qui était en fait parfaitement fermé. Malachy éclata d’un rire franc, comme il savait le faire, avant de trouver le regard de Mara, comme finalement assuré. Il semblait avoir trouvé une façon de briser la glace : par le rire. « Bon, comme tu le vois, je ne sais absolument pas ce qu’on est en train de faire. Je voulais qu’on déjeune aux Trois Balais, et on se retrouve finalement paumés au milieu des Highlands, et j’ai une faim de Loup. » Quittant ses yeux sombres, il chercha à nouveau la route des yeux, pour ajouter : « J’ai vu une échoppe, ils avaient l’air de proposer à manger. Ça te va ? »

Grand sourire, et surtout, la patte tendue vers la jeune femme, dans l'espoir qu'elle l'attrape.


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Dim 23 Aoû - 19:42

If you'd only been a witch
Malachy & Mara

« Sword of destiny has two edges. »
Je me demande ce qu'il a en tête. J'ai passé une partie de la nuit à me demander comment j'allais me comporter avec Malachy, à me demander ce que l'on allait faire, ce dont on aller parler. A vrai dire, notre première rencontre fut brève et assez étrange, voire gênante dans un sens. Je dois l'avouer, s'il n'avait pas été aussi séduisant, j'aurais probablement refusé de le revoir aujourd'hui. Je suis intriguée, curieuse, et aussi, quelque peu attirée par cet homme dont j'ignore encore beaucoup de choses, bien que j'en sache déjà plus que lorsqu'il a passé le pas de la porte de la boutique de Quidditch. Je sais qu'il ne faut pas se fier aux apparences. On m'a souvent raconté l'histoire du petit chaperon rouge et du grand méchant loup sous ses airs de mère-grand innocente. Non pas que je trouve que Malachy ne ressemble à ma grand-mère, mais c'est une façon de voir les choses. Peut-être devrais-je me méfier d'un inconnu – dont je connais le nom et le secret. Peut-être que je devrais prendre son aveu comme une mise en garde. Mais je suis jeune, et insouciante, et on ne vit qu'une seule fois.

Une virée en moto était sûrement la dernière chose à laquelle je m'attendais. Je ne suis pas déçue pour autant, qu'on s'entende, je suis juste surprise. J'ai imaginé tout un tas de scénario, mais dans ce monde dans lequel je vis, le monde sorcier, une moto – du moins une qui ne vole pas – est loin d'être un objet courant. L'autre surprise est le frère de Malachy. Le rencontrer me fait sourire parce que tout de suite, ça le rend bien plus humain, ça le dédiabolise, ça enlève tous les doutes que j'aurais pu avoir quant à une personne malfamée. Encore une fois, ce sont des apparences, mais il faut croire que je suis prête à me jeter dans la gueule du loup, peu importe les mises en gardes. Car ce loup, il est séduisant. Ce loup est attentionné. Les loups peuvent avoir l'air menaçant lorsqu'ils sont en meutes, ils montrent leurs crocs, mais un loup éloigné du reste de sa meute peut paraître plus doux, plus vulnérable. Je ne suis pas totalement sereine, parce que je n'ai pas encore de réponses à mes questions, je ne sais pas ce que l'on va faire, et l'inconnu me fait tellement peur. Lorsque j'étais sur mon balai, lorsque je jouais pour les Crécerelles, j'étais confiante, et même si d'un match à l'autre, les choses changeaient, j'étais dans mon élément. Quand je suis tombée, quand je me suis blessée et que j'ai dû réfléchir à quoi faire ensuite, j'avais peur et je tremblais. De la même manière que je tremble alors que je monte sur cette moto sous le regard de la foule qui commence à chuchoter.

Il fait donc la promesse de rouler tranquillement, ce qui est censé me rassurer. Je m'installe du mieux que je peux, pas très habituée à ce genre d'engin. Je mets mon casque que je m'assure de bien attacher et, hésitante, je finis par m'accrocher à la taille du brun. Mon cœur bat la chamade. Est-ce l'angoisse de ma première virée en moto, ou est-ce autre chose ? Cela ressemble bien à ce que je ressens parfois, quand je suis avec un homme que j'apprécie. Malachy est séduisant, il est mystérieux, il est attentionné, mais me plaît-il tant que ça ? Au point que mon cœur me le fasse savoir sans discrétion aucune ? Puis on démarre sans même qu'il ne réponde à ma question. J'imagine que j'aurai la réponse seulement lorsque nous serons arrivés.

La route se veut magnifique. Je n'ai jamais eu l'occasion de visiter l'Ecosse de cette manière. J'ai parfois usé de mon balai pour certains déplacements, mais toujours à une hauteur bien plus élevée de manière à ne pas être repéré par les moldus, même si comme on le dit souvent, ils ne voient rien, même pas ce qui est sous leurs yeux. La sensation sur cette moto est étrange, ça me rappelle presque comme lorsque j'étais sur mon balai, une sensation plus ou moins similaire, sauf que je ne suis pas seule, que je n'ai pas le contrôle et que je ne suis pas à plusieurs dizaines de mètres. Impossible de déterminer si la larme qui coule sur ma joue est due à la vitesse ou à la nostalgie de ce genre de sensation. J'admire le paysage tout en m'accrochant davantage dans certains virages. Comme promis, il ne roule pas trop vite, mais comme pour tout véhicule à deux roux, l'impression du danger est constamment présente. Ça ne me fait pas peur, en vérité, je suis même plutôt habituée. Le danger provoque une poussée d'adrénaline, jusqu'à ce qu'il vienne nous frapper directement en plein visage. Ne connaissant pas les environs, j'ignore toujours où nous allons, mais je ne me plains pas. Le trajet fait partie du voyage, et agrippée contre Malachy dont le corps me réchauffe, je pourrais rester ainsi durant de longues minutes. Plus nous roulons, plus je m'agrippe à lui. Non pas par peur, mais par confiance et confort.

On arrive finalement, du moins, c'est ce que je pense puisqu'il arrête la moto et que nous sommes au milieu d'un village moldu. On peut apercevoir un château, typique de la région. Je descends la première, faisant attention à ne pas tomber en perdant l'équilibre. C'est quand même plus difficile à chevaucher qu'un balai, il faut se le dire.

« Tant de mystère sur le programme de la journée... »

Je souris. Même si la température est froide et même si la météo est très morne, ce village est adorable, il a son charme. Il semble assez désert. Après tout, c'est dimanche midi, j'imagine qu'ils ont mieux à faire que de simplement traînasser dans les rues d'un village où il n'y a pas grand chose à faire. Casque retiré, moto attachée, on se met finalement en marche. Malachy me demande si je n'ai pas trop fois. Une nouvelle fois je souris, les mains dans les poches de mon blouson.

« Non, pas vraiment. Avec cette écharpe, plus ce foulard ensorcelé qui me protège du froid, je suis bien protégée. »

Et puis, il a le sang chaud, mais ça je le garde pour moi, ne sachant pas où nous en sommes pour me permettre de faire des remarques sur la température de son corps. Sur le chemin, nous ne faisons que marcher l'un à côté de l'autre. Je ne sais pas trop ce que j'attends, ce que j'espère. Peut-être que s'il était entreprenant, attrapant ma main ou un autre geste, je le repousserais. Et pourtant il y a cette partie de moi qui espère que nos mains se frôlent, même avec nos gants. Finalement, il brise la glace de ce silence qui dure une bonne partie du chemin vers le château, visiblement, exprimant sa joie de me voir en dehors d'un contexte professionnel.

« Je ne t'en veux pas. Il m'en faut plus pour ça. Tu as fait ce que tu avais à faire, et jusque là, mon secret a bien été préservé... Alors je ne peux pas t'en vouloir. »

Dans le cas contraire, j'aurais été contrariée, certainement, même si le secret n'aurait pas fuité par sa faute directement, je suppose. Il présente ensuite ses excuses concernant son départ précipité mais encore une fois, je ne lui en veux pas, et comme il l'a bien deviné, si j'ai accepté de le voir, c'est bien parce qu'il n'y a pas de rancœur. Si tel était le cas, j'aurais peut-être accepté de lui parler sans pour autant le suivre dans cette folle virée en moto.

« Il fallait que je rentre, de toute manière. Il se faisait tard ! »

Je me demande comment les choses seraient s'il était resté plus longtemps, s'il m'avait raccompagnée chez moi ou si nous avions continuer de discuter davantage. Peut-être ne m'aurait-il pas invitée aujourd'hui. Je l'ignore, mais avec des si, le professeur Rogue se laverait les cheveux.

On arrive devant le château qui semble fermé. Je le regarde, puis il me regarde tout en éclatant de rire. Je n'ose pas rire à mon tour, pas certaine de comprendre ce qu'il se passe et ce qui l'amuse autant. Puis il avoue qu'il ne sait pas ce que nous faisons, en réalité, il est en train d'improviser, ce qui me fait glousser légèrement alors qu'il dévoile le plan initial comparé à la situation présente.

« Tout me va ! Je ne suis pas une princesse, alors une petite échoppe pour manger me convient totalement.  Et je crois que je préfère que l'on soit ici plutôt qu'aux Trois Balais. »

Tout simplement parce qu'elle n'avait pas envie d'avoir tous les regards posés sur elle à la veille de l'annonce officielle de son départ des Crécerelles. Aucune surprise, mais une annonce officielle fait toujours du bruit, et même s'ils ne se doutent de rien, ils pourraient s'amuser dès de main à prétendre que je ne reprends pas la saison à cause d'un homme. Je ne veux pas de ce genre de rumeur. J'attrape alors la main de Malachy sans vraiment réfléchir. Après tout, il y a cette moitié de moi qui espérait que nos mains entrent plus ou moins en contact. Je le suis, tout en marchant très près de lui tenant sa main gauche de ma main droite et agrippant ce même bras avec ma main gauche.

« J'ai lu l'article que tu m'as envoyé. J'étais contente que tu n'aies pas oublié, je tenais vraiment à le lire. Comment ça se passe à Poudlard en ce moment ? »

Je ne faisais pas nécessairement référence aux événements récents mais plus de manière générale à comment sa vie se déroule entre les murs de Poudlard, ou plutôt de Prima Sapienta en tant que professeur mais également en tant que Loup Garou. Comment gère-t-il ses absences aux abords de la pleine lune ? D'ailleurs, j'ai vérifié avant de partir que la lune n'était pas pleine. J'imagine qu'il ne m'aurait jamais proposé de nous voir si tel était le cas.

« Est-ce que c'est là ? »

Cela semble être le seul endroit ouvert d'où émanent des odeurs agréables. J'ose espérer qu'il est prêt à découvrir ce côté de moi qui mange comme une ogresse. Il m'a déjà vu déguster un chocolat de manière négligée, mais est-il prêt à me voir manger pour deux ?

« Je commence à avoir faim, moi aussi. »

Commencer, c'est un mensonge. J'ai faim constamment, mais encore une fois, je préfère qu'il ne le sache pas. De quoi aurais-je l'air ?
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Ven 4 Sep - 11:56




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Un dimanche midi du mois de février 2004, jour 23 du Cycle Lunaire.

Mara portait cette écharpe de Manchester City, et en dessous, son foulard ensorcelé ; elle n’avait donc pas froid. Malachy haussa un peu les sourcils en l’entendant : un foulard et une écharpe, n’était-ce pas un peu redondant ? Il était presque déçu de sa réponse, soit dit en passant, puisque si elle n’avait pas froid, il n’avait aucune bonne raison pour lui prêter sa veste ou, mieux, pour passer son bras autour de ses épaules et la tenir près de lui. Il se contenta alors de lui sourire, tentant de lui transmettre ainsi la chaleur qu’il pouvait. Le trajet en moto, de Pré-au-Lard jusqu’ici, lui manquait déjà. Peut-être aurait-il pu pousser jusqu’à Inverness, ils auraient gagné une petite heure de chaleur, sans doute … Allez, pour une prochaine fois, puisqu’ils se dirigeaient maintenant vers ce petit château écossais.
Malachy s’excusait de leur dernière entrevue.  Il avait appelé Jude, ce soir-là, après être rentré à Poudlard, et lui avait aboyé dessus. Il lui avait répété pour la dixième fois, au moins, qu’il ne voulait plus être son chien qui faisait tout son sale boulot. Elle n’aurait qu’à envoyer un autre de ses petits frères aux quatre coins du Royaume-Uni, lui avait-il imposé, songeant que Faolán ou Ciarán seraient sans doute plus malléables à ces tâches pernicieuses. Jude avait déjà entendu ce discours ; cette fois-là toutefois, la voix de Malachy s’était faite plus sombre, plus froide. Elle avait mis ça sur le compte de la Lune, et avait accepté, pour apaiser la colère de son frère, de se taire quant au secret qu’il était parvenu à récolter depuis la jolie bouche de la Miss Lochlainn. Elle ne remontrait pas sur son balai, pas pour cette saison, tout du moins. Les Lyons se chargeraient donc de faire baisser sa cote petit à petit, sans avoir l’air de le faire, jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement. Ils privilégieraient du même coup une autre joueuse de son équipe, pour que ça passe encore plus inaperçu. Les Crécerelles ne sentiraient pas le choc, au niveau de la ferveur de leurs supporters, s’ils faisaient bien leur boulot. Et bien sûr, ça serait le cas ; Jude s’en assurerait. De cela, Malachy était certain : il en allait de leur réputation.

La jeune femme n’avait pas l’air de lui en vouloir, en tous cas. Malachy nota le sourire sincère qui marqua ses lèvres quand elle prétexta que, de toute façon, elle devait rentrer chez elle quand lui s’était précipité vers son portoloin. Et même si ce n’était pas vrai, aujourd’hui, l’affaire semblait véritablement oubliée. Il n’y avait eu aucun scandale à la suite de l’entrevue, les journaux semblaient petit-à-petit arrêter de traquer ses moindres faits-et-gestes, on oubliait l’accident et Mara s’en remettrait sans doute mieux ainsi. Elle ne lui en voulut pas non plus quand il admit que toute cette sortie n’était pas prévue, et qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Au contraire, même, elle rit. Le cœur de Malachy manqua un battement. Il la trouvait jolie. Et à ce moment-là, justement, Mara lui répliqua qu’elle n’était pas une princesse, et il eut du mal à la croire : elle en avait pourtant l’air, avec ses cheveux sombres et lisses, ses grands yeux, son port altier. Il fut surpris, ainsi, quand elle prit sa main, le plus naturellement du monde, pour le suivre. Il fit mine de rien, mais il en aurait remué la queue de contentement. Au lieu de cela, plus invisible, c’était son cœur qui battait la chamade. La faute à son romantisme de gosse, qui lui faisait croire que c’était la première fois qu’il tenait la main à une fille. Il souriait niaisement, et ses lèvres s’écartèrent un peu quand il la sentit agripper son bras de son autre main. Ils devaient être mignons, vus de loin.
Mara le remercia de lui avoir envoyé l’article – elle l’avait lu, donc, et avait sans doute aussi vu les fantastiques photographies réalisées par @Dennis Crivey ce jour-là. Malachy était fier de ce qu’il avait pu y dire, et même si le journaliste avait joué sur le côté sensationnel de l’affaire, il n’avait pas été déçu du résultat. Rencontrer le jeune Crivey avait aussi été une expérience particulière tant il était doué, il s’était senti très à l’aise sous son objectif, alors qu’il était plutôt habitué à se cacher des flashs et autres papiers glacés. « Je t’en prie, je suis content que ça t’ait plût », répondit-il avec légèreté. Il avait préparé le courrier dès le soir où il était rentré à Poudlard, mais il avait attendu quelques jours avant de le donner à son hibou. Il avait voulu faire mine qu’il n’y avait pas pensé tout de suite, qu’il ne s’était rappelé de cette promesse dans leur conversation que quelques jours plus tard, alors qu’en réalité, il lui aurait été impossible d’oublier le moindre détail de leur entrevue.

Mara lui demandait comment ça se passait, à Poudlard. Malachy se demanda comment il pouvait bien répondre à cette question ; après tout, ils ne se connaissaient pas, ou pas tant que ça, il ne pouvait pas transmettre son exact ressenti quant aux heures sombres qu’était en train de traverser Poudlard. Ils auraient toutefois une bonne partie de l’après-midi pour apprendre à se découvrir, et si Mara devait savoir quelque chose de lui, c’était bien que son métier le passionnait absolument, et qu’il se battait pour pouvoir l’exercer comme il l’entendait. Ils descendaient le chemin vers la petite auberge quand Malachy lui répondit. « C’est compliqué, tu as dû le lire un peu dans les journaux… Je ne suis pas ravi de la décision qu’a pris la direction de virer nos élèves, à la suite de cette affaire de concert. » Il disait la direction, comme s’il s’agissait d’une congrégation, alors qu’il était certain que Rogue était le seul décisionnaire de l’affaire ; jamais Minerva McGonagall n’aurait fait ce choix. « Pour oublier, on nous fait préparer une foire aux métiers. Je suppose que les louveteaux seront contents, ça leur fera voir du monde. » On entendait bien l’amertume dans la voix du Loup. Il n’en avait rien à faire, de cette foire, de toute façon les gamins dont il avait la charge n’avaient même pas dix ans, ils étaient loin de sortir de Poudlard pour chercher du travail, alors il ne s’y investissait pas vraiment. Ce qu’il voulait, c’était que Poudlard retrouve sa neutralité prophétique, qu’elle semblait avoir perdue depuis la Grande Guerre, et n’avoir jamais véritablement retrouvé depuis. Il lui avait semblé que si, il lui était paru que c’était ce que Severus Rogue était parvenu à mettre en place sous son directorat, mais il s’était grossièrement trompé. Il avait alors beaucoup cheminé ces dernières semaines pour tenter de mettre un peu d’ordre dans ses affaires et retrouver ses propres convictions qu’il avait manifestement lui aussi oublié ces derniers temps. Il ne pouvait pas exiger quoi que ce soit de la part de Poudlard si lui-même n’était pas droit dans ses baskets. Retrouver la trace de @Erin McAllister l’avait beaucoup aidé dans cet ouvrage : le souvenir de leurs heures dans l’Ordre du Phoenix était indélébile.

Les bras toujours enserrés, Mara et Malachy attinrent l’auberge. Un panneau à l’entrée annonçait un menu unique. Une soupe de Citrouille, avec ce qui semblait-être un ragoût aux pommes de terre. Il tourna le visage vers elle, cherchant ses yeux noisette des siens, plus gris. Ils étaient tous proches, comme ça. Il espérait que ça lui conviendrait, le lieu ne payait pas de mine, mais une délicieuse odeur se dégageait de l’intérieur. « Ça te va ? Tu n’es pas végétarienne ? » Il avait lu quelque part qu’elle avait des origines indiennes, et savait que nombre d’indiens étaient végétariens, ou, au moins, ne mangeait pas la viande de la vache. S’il aurait été inimaginable pour lui qu’il se passe une journée sans qu’il ne mange – dévore, même – quelque aliment animal, Mara n’était pas atteinte du même vice que lui.

Bientôt, ils entraient dans l’auberge, les moldus qui tenaient le lieu leur avait indiqué une petite table, près d’une petite fenêtre. Le tout était très bas de plafond, si bien que Malachy avait parfois l’impression qu’il se prendrait dans le crâne une de ces poutres apparentes. Pas loin de leur table chauffait un poêle en fonte qui semblait centenaire. Ils s’installèrent autour d’une table carrée entourée d’une banquette, pas face à face, mais plutôt côte à côte, sur deux arrêtes consécutives du carré, pour être précis. Malachy fit : « Et toi, alors, le boulot, comment ça se passe à la boutique ? Tiens, je crois justement que j’ai quelque chose dans ma poche… » Il était en train de retirer sa veste en cuir pour la poser sur un porte manteau qui traînait là. Dans l’une des deux poches traînait depuis des semaines un paquet de cartes de joueurs de Quidditch qu’il n’avait jamais ouvert. Au bazar Magimoldu, il avait aussi acheté un paquet de cartes de footballers panini. Il tira les deux paquets de sa poche et les posa sur la table, tout en espérant qu’il n’y aurait pas la carte de Mara dans le lot : il ne voulait pas être insensible, mais l’occasion était trop belle pour ne pas les ouvrir maintenant … « Tu peux en ouvrir un, si tu veux… » En attendant que leurs plats arrivent, ils avaient de quoi s’occuper. Il faudrait être attentif à ce que les moldus ne voient pas ces cartes magiques qui avaient la fâcheuse idée d’être mouvantes, et aussi, ils devraient sans doute museler leur discussion pour qu’elle soit la plus no-maj possible. Toutefois, Malachy se sentait bien, là : « tu as raison, c’est sans doute mieux ici que dans le brouhaha et sous les regards des Trois Balais… »

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Sorcellerie

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GRAND MAÎTRE
hiboux : 914
Sam 5 Sep - 12:13
Intervention MJCartes Quidditch
Malachy a réussi à mettre la main sur des cartes peu communes : ces collections de cartes lancées par la fédération de Quidditch locale n'est pas parvenue à éclipser la célébrité des cartes de sorciers et sorcières célèbres... cela dit, certains fans hardcore de Quidditch parviennent parfois à mettre la main sur ces petites raretés ! Le paquet contient trois cartes :
6/ Denison Frisby
1/ Olivier Dubois
9/ Viktor Krum


Intervention MJCartes Footballer
Ah, les albums Panini ! La jeunesse de tout petit moldu qui se respecte ! C'est donc tout naturellement que notre ami pioche trois cartes des plus avantageuses :

5. Eric Cantona
10. Iker Casillas
4. Ronaldinho

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Sam 19 Sep - 8:15

If you'd only been a witch
Malachy & Mara

« Sword of destiny has two edges. »
J’étais persuadée que Malachy avait tout prévu. Il avait l’air si sûr de lui, pas une seule seconde il n’a hésité sur la route, alors j’y ai cru, j’ai pensé jusqu’au bout qu’il avait préparé cette virée à deux. Finalement, il s’avère qu’il avait improvisé depuis le début et que nous n’aurions même pas dû quitter Pré au Lard initialement. Je trouve que c’est encore mieux. J’aime les imprévus, j’aime pouvoir faire des choix ou changer d’avis sans que ça n’influe sur un quelconque programme. Ce n’est pas que je n’aime pas quand les choses sont bien organisées, bien ficelées, mais je préfère avoir une marge de manœuvre. Je suis donc assez amusée lorsque l’on se retrouve un peu bête devant le château fermé. Ce n’est pas très intelligent de leur part de fermer un dimanche, mais il doit y avoir d’autres raisons. Ce n’est pas très grave, et de toute manière, Malachy dit avoir aperçu un endroit où l’on pourrait manger.

Alors que l’on se met en route vers le petit restaurant, je le remercie pour l’article qu’il m’a envoyé. Il aurait pu dire comme ça qu’il me l’enverrait à l’occasion et ne pas vraiment le faire, ou juste oublier, mais non, je l’ai bien reçu. J’étais heureuse de pouvoir en découvrir un peu plus sur lui, et d’ailleurs, je me suis souvenue que j’avais déjà vu l’article à l’époque, je n’avais juste pas relevé plus que ça le contenu. C’était juste le fait de voir une photo de mon ami de longue date, Dennis, qui m’avait fait acheter le journal. Je n’ai pas trop l’habitude de suivre les actualités de près mais lorsque l’on a un ami qui prend les photos, on ne peut que supporter le travail.

« Ce qui est amusant, c'est que Dennis est un ami à moi. Même si l'on ne se fréquentait pas trop à Poudlard, lorsque l'on a tous les deux poursuivi nos études à Ilvermorny, nous nous sommes rapprochés. »

Je ne sais pas si c'est une anecdote qui l'intéresse, à vrai dire, je ne sais pas trop ce que je peux dire et ce que je dois garder pour moi, histoire de ne pas avoir l'air de trop raconter ma vie, mais je trouvais intéressant de lui dire que la personne chargée des photos de cet article était l'un de mes amis proches. Le monde est petit, surtout le monde sorcier, malgré ce que l'on pourra dire. Je change finalement de sujet pour lui demander comment ça se passe à Poudlard. J'ai entendu la nouvelle, je sais parfaitement ce qu'il s'est passé, mais je suis curieuse de savoir comment il le vit, et si en dehors de ça, tout se passe bien pour lui. En fait, je suis un peu nulle pour faire la conversation. La dernière fois, nous nous étions vus pour des raisons plus ou moins professionnelles, et là, malgré les quelques échanges, malgré l'article, j'ai l'impression d'être avec un inconnu, que je dois tout apprendre de lui et de la manière de me comporter avec lui. Il répond que la situation est compliquée, tout comme les journaux et les rumeurs le disaient. Je comprends qu'il ne soit pas d'accord avec la décision prise par le directeur. Je n'ai jamais vraiment senti le professeur Rogue dans ce rôle, mais je ne suis plus à Poudlard, donc il m'est difficile de me faire un véritable avis. Il parle alors de la foire aux métiers qui est organisée.

« Ah la foire aux métiers, mon patron m'en a parlé. Je ne sais pas encore s'il va vouloir m'y envoyer ou si je vais y échapper. »

Il n'y a rien d'officiel encore, il a seulement reçu un hibou récemment demandant de sauver la date pour l'événement, au cas où. J'imagine que c'est une bonne manière de changer les idées de tous les étudiants de Poudlard, mais ce n'est clairement pas quelque chose qui m'emballe. Retourner à Poudlard me ferait bien trop bizarre.

Je n'ai pas lâché le bras de Malachy de tout le trajet jusqu'à l'auberge en question. Même si c'est un peu étrange, même si l'on ne se connaît pas beaucoup, je me sens confortable à tenir son bras, à être proche de lui. Je ne sais pas si c'est une chose à faire, mais il ne semble pas avoir rechigné à l'idée de m'avoir à ses côtés de la sorte. On s'approche du menu qui semble vraiment appétissant.

« Tu vas vite découvrir qu'avec moi, tant que c'est comestible et gourmand, ça me va. »

Je laisse échapper un rire, surtout que le menu annonce des pommes de terres. C'est bien un ingrédient que je peux manger sous toutes ses formes, et Aura peut en témoigner. On entre dans l'auberge qui ne paye pas de mine mais a son petit caractère. C'est chaleureux, littéralement, et rapidement, nous sommes installés à une table. Nous sommes assis presque côté à côté. Je retire mon écharpe et mon foulard ainsi que ma veste. Je déteste avoir tout un tas de couches de vêtements sur moi. Le regard un peu fuyant, j'observe la salle et les autres clients. C'est à la fois bruyant et tranquille, difficile d'expliquer l'ambiance. Au moins, la salle n'est remplie que de moldus – à première vue -, il n'y aura donc personne pour venir demander ce qu'une joueuse de Quidditch vient faire dans ce restaurant avec un professeur de Prima Sapientia.

« Le boulot... C'est la routine. Mais ça se passe plutôt bien. Il y a des clients agréables, et d'autres qui le sont moins. C'est un peu la routine, quoi. Et... d'ailleurs, c'est dans quelques jours qu'ils vont annoncer mon retrait de l'équipe. J'appréhende les jours à venir. »

Il sort alors deux paquets de cartes à collectionner. L'un des paquets contient des cartes de joueurs de quidditch et l'autre de joueurs de foot. Il ouvre un paquet tandis que j'ouvre l'autre, déposant alors les cartes pour découvrir qui s'y cache. Les trois cartes de joueurs de Quidditch sont des cartes que j'ai déjà chez moi, en revanche, pour celles du foot, je suis comme une enfant surtout en découvrant Eric Cantona.

« Oh. Eric Cantona. Je me souviens quand il jouait pour Manchester United. Je connais un peu moins bien les deux autres. Et sinon j'ai les trois autres cartes chez moi. Tous les trois sont des joueurs que j'ai rencontré au cours de ma vie. Avec Olivier, on a eu l'occasion de jouer l'un contre l'autre à Poudlard, Viktor je l'ai rencontré lors de la coupe des Trois Sorciers, et Denison, j'ai eu de la chance de le croiser durant la Coupe du Monde de 1994. »

J'ai l'impression d'être une enfant avec ces cartes. Ça fait un moment que je n'en ai pas achetées, il doit sûrement y avoir des paquets avec une carte de moi. On en vend énormément à la boutique et certains clients s'amusent même à les ouvrir devant moi, juste au cas où ils tomberaient sur moi, histoire d'avoir une dédicace. Je le fais sans râler, mais je dois avouer que ce n'est pas tous les jours très amusant.

« Oui, l'endroit est chaleureux, j'aime beaucoup. Ce n'est pas tous les jours que j'ai la possibilité de me rendre dans 'ce genre' d'endroit. Avec ma mère, ça nous arrivait souvent, mais autrement, je n'ai pas tant d'amis qui sont familiers avec ce mode de vie. »

J'évite d'utiliser le terme de moldu, je ne voudrais pas que l'on écoute notre conversation et que le mot tombe dans les oreilles de la mauvaise personne. Finalement, les plats arrivent plutôt rapidement puisque le menu est unique. Je range les cartes assez rapidement pour faire de la place aux bols de soupe et la serveuse demande si l'on veut boire quelque chose.

« Je ne sais pas... Tu veux boire quelque chose? Qu'est-ce que vous recommandez avec le plat du jour ? »

J'avais bien envie d'un verre de vin, mais je ne sais absolument pas marier les alcools aux plats, c'est l'une de mes plus grande lacune à ce niveau. La serveuse repart vers les cuisines et le fumet de la soupe de citrouille vient titiller mes narines. Ça sent vraiment bon, et rien qu'à l'odeur, je devine que l'assaisonnement ne doit pas être si mal que ça.

« Bon appétit ! Et... merci pour cette sortie. C'est vraiment agréable. »

Je lui souris, parvenant enfin à le regarder dans les yeux. Je ne sais pas si c'est simplement qu'il fait chaud et que la soupe accentue cette sensation, ou si je suis simplement en train de rougir lorsque mon regard croise celui de Malachy, mais je peux dire que je suis heureuse d'être là. Le temps d'une demi journée, je vais pouvoir profiter d'être juste Mara, la jeune adulte de vingt-quatre ans, et non pas la joueuse de Quidditch blessée reconvertie dans la vente. Je prends une première cuillerée de soupe, et sans surprise, c'est délicieux.

« Vraiment, ton intuition était bonne en nous menant jusqu'ici. C'est délicieux. »

J'essaie de ne pas manger trop vite pour ne pas lui faire peur avec mes manières inexistantes, mais c'est si bon...
(c) DΛNDELION


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Dim 20 Sep - 22:12




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Un dimanche midi du mois de février 2004, jour 23 du Cycle Lunaire.

Mara évoqua @Dennis Crivey, avec lequel elle décrivait avoir passé une année à Ilvermony. Si cette information-là était déjà suffisamment importante, Malachy s’attarda sur autre chose : pour que ça puisse être le cas, il fallait qu’ils aient sensiblement le même âge. Quand il avait rencontré Dennis, celui-ci avait à peine vingt-ans ! Un gamin particulièrement doué, qui s’était effondré dans les escaliers mouvants du Château dans une terrible crise de panique. Il s’en souvenait encore comme si c’était hier, même s’il avait revu Dennis une dizaine de fois depuis ce jour-là. Il se souvenait aussi comment il avait essayé de casser la gueule à Faolán, et comment Ciarán avait dû le jeter hors du Lyons’ Den. Dans sa tête, Dennis était ce môme-là depuis le jour où il l’avait rencontré. Il avait cru lire quelque part que Mara avait vingt-trois ans. Seulement quatre ans d’écart avec lui ; il en semblait bien plus, quand il était question de Dennis. « On aurait pu se rencontrer avant, alors ! Il nous est arrivé de traîner plusieurs fois ensemble, avec Crivey, depuis l’interview. C’est un gars vraiment sympa. » Ils ne traînaient pas ensemble ; ils faisaient la fête. Beaucoup, et dans le cas de Dennis, dans l’excès, sûrement. Ce n’était que la pensée dévouée à ses louveteaux qui empêchait Malachy de taper dans la même poudre blanche que celle que s’enfilait le photographe. Parfois, quand il se rendait compte qu’il n’arrivait pas à rester debout toute la nuit comme le faisait le môme, ou pire, quand il devait refuser une de ces sorties, épuisé par la Lune, la cocaïne se faisait alléchante alliée. Il n’y avait jamais succombé, mais Dennis n’avait jamais cessé de le lui proposer. Il devait se dire qu’il cèderait, un jour ; il n’avait sûrement pas tort.

Malachy passa une main dans ses cheveux, chassant cette pensée. Penser à la fatigue nerveuse et physique qu’il éprouvait à certains moments de son cycle était un acte en lui-même épuisant. Mara le questionna sur son boulot, il répondit vaguement sur son mécontentement à l’égard de la direction, et évoqua la Foire. Elle répondit qu’elle y serait peut-être envoyée par son patron. A son tour, alors, de traverser la Grande-Bretagne, ordonnée par son chef ; la dernière fois qu’il avait fait ça, lui, pour Jude, il avait rencontré Mara. Impossible de trop en vouloir à son aînée, alors, et impossible de plaindre Mara pour cette situation. « Allez, si tu viens, ça me donnera une bonne excuse pour arrêter de faire le guignol pour ma sœur et venir te voir…  » C’est quasiment ce que Jude lui avait demandé de faire : attirer la foule de gamins jusque son stand, où elle pourrait parler football, paris, et télévisions. Ils passeraient un match de ligue enregistré sur une cassette au préalable. Les sorciers n’y verraient que du feu ; ça l’ennuyait déjà. L’idée que Mara puisse être là égayait ainsi l’idée de cette journée : ils pourraient s’éclipser un moment, boire un chocolat chaud dans les cuisines ou se balader dans la Forêt Interdite …

Malachy semblait comprendre que Mara et lui avaient ce point commun : alors qu’ils s’installaient dans l’auberge, elle lui parlait de sa gourmandise. C’était sûrement, pour lui aussi, sa plus grande faiblesse, qu’il ne cherchait absolument pas à éliminer, soit dit en passant. Il rit avec elle, glissant un « pareil, par Séléné, la bouffe… », et faisant mine de se caresser la panse. C’était là qu’il prenait son plus grand plaisir : à la cuisine, à préparer des petits plats à ses proches. Et alors que Malachy songeait déjà à ce qu’il pourrait lui cuisiner, si elle venait à Poudlard pour la Foire, Mara partagea avec lui que son retrait de l’équipe des Crécerelles serait annoncé dans la semaine à venir. Il venait de sortir de sa poche deux paquets de cartes sportives, et réfléchissait à sa réponse alors qu’il en ouvrait un. « Qu’est-ce que tu crains ? Les réactions des fans de l’équipe ? » Il n’avait pas de mal à s’imaginer la pression que les sportifs recevaient de la part de leurs supporters : il avait vécu toute sa jeunesse dans ce monde-là, et savait combien cela pouvait être féroce. « Tu sais où te cacher, si les journalistes toquent à ta porte ? » Il disait ça un sourire aux lèvres, espérant ne pas lui provoquer plus de stress qu’elle ne devait déjà en ressentir. Il l’accueillerait bien volontiers dans ses appartements écossais, en tous cas …

Et puis, ce furent Ronaldinho, Casillas et Cantona qui furent découverts dans les paquets de cartes autocollantes, et comme ça, sans prévenir, il eut envie d’embrasser Mara. Il fallait dire qu’elle non plus, elle ne prévenait pas ! Subitement, elle avait des étoiles dans les yeux et déblatérait sur Cantona, disait qu’elle se souvenait quand il jouait pour Man U, et déjà, s’en était trop … Comment était-il sensé résister à cela ? Et elle, loin de s’en tenir à cela, avait le culot de continuer à parler des sportifs sorciers et moldus, usant de tout plein de mots qu’il avait peine à écouter tant elle le fascinait. D’où sortait cette créature irrésistible ? Cette joueuse de Quidditch qui connaissait le parcours du plus grand footballer de tous les temps ? Cette sorcière qui semblait au moins aussi familière que lui avec le monde moldu ? Il voulait l’interrompre, il s’en fichait qu’elle ait croisé Denison à Poudlard ou Dubois à la Coupe du monde, tout ce qu’il voulait, c’était prendre son menton dans ses mains et plaquer ses lèvres contre les siennes.
Il ne pouvait pas, toutefois. Pas sous le prétexte qu’elle connaissait Cantona, ou même sous celui de prétendre qu’il pouvait se perdre dans ses yeux … par Romulus, il se connaissaient à peine ! Alors, il dit une phrase des plus bateau qu’il regretta immédiatement et sur laquelle Mara rebondit avec grâce – elle semblait très à l’aise avec ce genre d’exercice. Elle regrettait ne pas pouvoir profiter des endroits moldus avec tous ses amis, sentiment que Malachy partageait largement ; il n’avait jamais aussi peu fréquenté de pubs et autres hauts lieux de villégiatures anglaises que depuis qu’il avait commencé à travailler à Poudlard, et avait ainsi quitté sans s’en rendre compte le monde moldu. « Pareil, malheureusement … Et pour l’inverse, c’est la même chose ! Je trouve ça dingue qu’on puisse ne pas connaître Eric Cantona en 2004 ! Le mec c’est une star internationale et les cons ne savent toujours pas ce que c’est le football ! » Malachy recula sur sa chaise, les bras ballant sur les côtés, l’air désespéré sur le visage – bien sûr, on en revenait à Cantona. Et s’il avait été impossible de l’apprécier quand il jouait pour Manchester United – en bon supporter de Manchester City – on ne pouvait qu’admettre sa supériorité maintenant qu’il était à la retraite. Ses amis sorciers étaient toutefois bien incapables de reconnaître cette réalité, ce qu’il regrettait amèrement. « Mais tu vois, tout le développement du business de ma sœur va se baser là-dessus : le football et le quidditch – il prononça ce mot tout doucement – sont tellement différents, et du coup, tellement complémentaires ! » Il ne s’étendit pas sur ce propos – sur lequel il pouvait disserter des heures – parce qu’il était incapable de parler de Quidditch sans éveiller les soupçons de tous les moldus qui les entourait. Il aurait fallu dire que c’était tellement injuste de gagner 150 points pour un satané vif d’or et de gagner seulement 10 points pour des buts, quelle que soit l’adresse du joueur ! Mais aussi que c’était précisément ça qui faisait la magie du Quidditch, par opposition au terrain réglé au centimètre carré du football, qui avait toutefois l’immense qualité de ne laisser que peu de place à la chance dans son jeu. Il aurait fallu dire qu’au football, il suffisait d’être mauvais pour perdre et bon pour gagner, ce qui n’était vraiment pas toujours le cas au Quidditch. Ses pensées filant au rythme cognard en folie, Malachy choisit de fermer sa gueule et de clore ce propos par quelques mots, alors qu’il voyait la serveuse débarquer avec les plats : « Et malgré tout … Ce sont les sports du peuple ! Des balais et des ballons, il peut y en avoir dans toutes les chaumières, tous les gamins peuvent s’identifier à Krum ou à Ronaldo ! » Il savait bien pourquoi il avait quitté son job au Lyons’ : il n’avait pas envie que cette passion pour le sport ne se change pas en corvée. Pour Jude, ça n’avait jamais été une passion, justement : c’était un business. C’était sûrement pour cela qu’elle avait réussi à récupérer le poste de patronne entre les pattes de leur grand-père : il était indéniable qu’elle était la meilleure.  

La serveuse posa les soupes sur la table, et proposa quelque chose à boire. Mara s’en remit à la moldue qui proposa deux vins, rouges, que Malachy fit semblant de reconnaitre – comme s’il savait la différence entre un grand cru et une piquette. Comme s’il n’avait pas été élevé dans un pub qui choisissait toujours la bière la plus alcoolisée et la moins chère pour saouler ses clients et les pousser vers des paris toujours plus élevés. « Le deuxième, ça sera très bien ». Le vin en question avait un nom français qu’il n’allait pas s’amuser à répéter, de peur de se ridiculiser. Valeur sûre, le vin français, non ?  
Mara ne tarda pas à plonger sa cuiller dans le potage, tandis que lui avait placé ses pattes de part et d’autre du bol ; depuis quand une soupe se mangeait-elle à la cuiller ? Elle le remercia pour la sortie, et leurs regards se croisèrent alors qu’il portait le bol à ses lèvres. Il espérait ne pas être trop ridicule, mais ne devait pas l’être, puisqu’elle continuait ses louanges qui le firent rougir – ou était-ce la chaleur de la soupe ?
Quand il reposa finalement le bol, il avait de la soupe plein la moustache, et opta pour sa serviette pour s’essuyer. Dans d’autres conditions, il aurait usé de sa langue, mais peut-être n’était-ce pas des plus élégants. « Merci à toi d’être venue, et de m’écouter déblatérer sur le football … Mais c’est ta faute ! Faolán m’a fait promettre d’arrêter de parler de sport avec toutes les nanas que je croise, mais c’est toi qui a commencé ! »

Comme s’il avait besoin des conseils de son petit frère pour draguer …

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Jeu 5 Nov - 9:24

If you'd only been a witch
Malachy & Mara

« Sword of destiny has two edges. »
Le monde sorcier est petit, je ne m'en rends pas toujours compte, mais de rencontrer quelqu'un pour la première fois après toutes ces années et de découvrir qu'il n'était pas loin, juste sous mon nez si j'avais creusé un peu plus, ça me fait réaliser à quel point notre univers est moins grand qu'il n'y paraît. Après tout, s'il y a bien 7 milliards d'êtres humains sur Terre, on ne peut pas dire que le pourcentages de sorcières et mages soit très important, d'après ce que l'on m'a dit un jour. Je ne suis pas une spécialiste concernant la population mondiale des non moldus, mais je réalise que nous ne sommes pas tant que cela. Malachy connaissait donc Dennis. Ce n'était pas juste une connaissance commune. Dennis est cet ami si spécial, amitié née d'une situation inévitable pour chacun de nous, il est devenu important à ma vie, un soutient moral, une amitié qui compte énormément. Et tout de suite, de savoir que l'homme assis en face de moi connaisse une des personnes qui compte autant, ça le rend plus... intéressant ? Plus qu'il ne l'était déjà. Ou peut-être simplement, ça me met plus en confiance. Je ne saurais dire. On ne peut pas dire que je sois si méfiante de lui, bien au contraire, et j'ai cette envie de le connaître, mais c'est comme si la porte ouverte depuis notre première rencontre était ensorcelée, comme s'il y avait quelque chose qui m'empêchait de concrètement sauter le pas et passer de l'autre côté pour complètement me laisser aller.

Je ne saurais trop dire pour quelle raison, mais j'étais heureuse d'être là. Heureuse que l'on se soit éloignés de Pré-au-Lard – bien que l'événement était intéressant. Ça allait dans la continuité de ce que j'avais envisagé pour mes jours de repos. La veille, lors du match de Quidditch auquel m'a emmené Lemony, j'avais dit vouloir m'échapper, aller ailleurs, loin de Londres, loin du monde sorcier, parce que j'avais besoin de me vider l'esprit. Et quand bien même l'invitation de mon ami au match m'avait vraiment fait plaisir, ce n'était pas vraiment la solution idéale à mon humeur. Une virée en moto – une qui ne vole pas – pour se rendre dans un petit village moldu et manger dans une petite auberge au milieu de nulle part, le tout accompagné de cet homme qui hanterait presque toutes mes nuits depuis quelque temps maintenant. Qu'est-ce que je pouvais demander de plus ? Mais bien entendu, il semble presque impossible de ne pas mentionner nos vies respectives, notre quotidien et de ce fait, le monde magique. Il évoque la foire et je fais mention d'en avoir entendu parler, sans savoir si ce serait un événement obligatoire en ce qui me concerne. Mais le loup semble vouloir m'y voir. A peine retrouvés qu'il songerait déjà à me revoir ? Je ne sais pas si je dois y voir là une grande ambition, ou simplement un homme attachant qui – réciproquement – aimerait que cette escapade ne soit pas la dernière.

« Je ne te fais pas de promesse, mais j'essaierai. »

Je souris, mon regard plongé dans le sien. Le bleu de ses yeux est si envoûtant. Il me rappellerait presque le conte que ma mère me racontait, celui du petit chaperon rouge. Est-ce que ce grand regard est pour mieux de me regarder ? A-t-il de grandes dents pour mieux me manger ? Je me mets à rire discrètement, toute seule, à ces pensées stupides. Je n'ai juste jamais rencontré vraiment de  loup-garou avant lui, et forcément, comme toute personne normale, mon esprit est rempli de cliché, d'idées reçues, et notamment, ce conte qui diabolise les loups.

En ce qui concerne mon boulot, je ne sais pas vraiment ce qui me fait appréhender de la sorte. Je devrais me faire à l'idée que les médias diront de toute manière ce qu'ils veulent au sujet de mon retrait. C'était déjà le cas après l'accident, toutes les spéculations lancées dans les semaines qui ont suivi la chute. Ai-je vraiment peur de la réaction des fans ? J'ai juste peur que l'on remue le couteau dans la plaie, je crois. L'annonce était nécessaire, mais est-ce que j'ai envie d'être nouveau sous le feu des projecteurs, je n'en suis pas certaine. Je voudrais pouvoir devenir invisible le temps de quelques mois, le temps de me remettre de tout cela.

« Je n'ai pas peur des fans, non, je ne crois pas. Je... Je ne sais pas, c'est comme si mettre des mots sur la situation que je traîne depuis plusieurs mois allait concrétiser la chose. J'ai pas envie que l'on parle de moi outre mesure. Je ne veux pas qu'on me demande si je m'arrête définitivement, si je compte changer d'équipe, enfin, tu te doutes bien que l'on ne va pas me laisser tranquille. Le Ministère pourrait bien prendre feu qu'il y aura toujours des journalistes et des lecteurs férus de potins croustillants concernant les joueurs et joueuses de Quidditch. »

Mais si je dois me cacher, je disparaîtrai en Irlande, peut-être, même si je pense que personne ne viendra prendre le risque de s'agglutiner devant chez moi alors que je vis dans un immeuble complètement moldu.

« J'espère ne pas en arriver là, mais ça devrait le faire, je pense. »

Je sais que tout finira par passer, que ma vie retrouvera un rythme à peu près normal, un jour ou l'autre. Le sujet finit par changer. De toute manière, au milieu de tous ces moldus, il me semble peu convenable de trop en dire sur le monde magique, même s'il y a toujours l'excuse de justifier des mots et des expressions venant d'un pays perdu, loin d'ici, de quoi faire réfléchir les curieux suffisamment longtemps pour qu'ils finissent par oublier leur question. On se met à ouvrir des paquets de cartes à collectionner, sûrement une autre acquisition du bazar magimoldu. Les cartes tirées sont plutôt intéressantes et nous font déboucher sur une conversation plus adéquate. Malachy devient alors très intense lorsque j'évoque Cantona, surpris que certains êtres humains puissent ne pas le connaître. Il faut pardonner aux sorciers ce manque de culture. Je pense que si j'étais moldue connaissant l'existence du monde magique, je serais soit complètement passionnée par ce monde inconnu, soit complètement dépassée ou effrayée. Je l'écoute s'épancher sur le sujet, il est passionné, et ça me plaît. J'aime quelqu'un qui aime parler de quelque chose sans être barbant pour autant, qui apporte des arguments, des détails, des précisions, qui ne se contente pas simplement de rabâcher la même chose. Je ne peux évidemment pas savoir s'il est ainsi ou non, mais pour l'heure, je l'écoute, attentivement.

Et finalement vient le moment crucial. Comme je lui ai fait savoir pour qu'il n'ait pas de mauvaise surprise, moi et la nourriture, c'est une affaire sacrée. Je suis presque impatiente de terminer ma soupe, même si cela implique mettre fin bien trop rapidement à ce moment au chaud, dans cette auberge. La serveuse demande au passage si nous voulons boire quelque chose, mais je dois avouer ne pas être vraiment une connaisseuse, demandant donc alors son avis à Malachy lorsque la jeune femme propose deux vins différents. Je ne dirais pas que je lui fais confiance aveuglément, ce serait mentir outrageusement, mais je m'en remets à lui, parce que j'aurais certainement fait le mauvais choix et je ne voudrais pas que ce soit de ma faute.

Je ne tarde pas à déguster la soupe, avec ma cuillère alors que mon partenaire de la journée s'y attaque directement au bol. Je me suis brûlé la langue bien trop souvent de cette manière que j'ai appris à être raisonnable à ce niveau, et ce n'est pas faute d'avoir envie de tout dévorer d'un coup.

« Oh, tu as la bonne personne en face de toi pour parler de sport. Ma vie est un peu guidée par ces derniers, et même si je ne suis pas une grande connaisseuse en football, ça ne m'embête pas du tout. »

Il évoque alors son frère, celui croisé avant que nous nous échappions de Pré-au-Lard.  Ce dernier lui aurait soi-disant conseillé de ne pas parler de sport aux femmes qu'il croise. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire.

« J'avoue être coupable. Il faut bien qu'il y en ait une qui s'intéresse au sport pour compenser avec toutes celles qui mourraient d'ennui avec une pareille discussion. »

Je ne m'arrête pas dans ma dégustation, entre chaque phrase, je reprends quelques cuillerées, appréciant la chaleur que cela me procure. Et quand bien même la discussion sur le football m'intéresse fortement, je crois qu'il y a plein d'autres choses que j'aimerais demander à Malachy. Je ne veux pas tout savoir tout de suite, auquel cas, nous n'aurions peut-être plus d'occasions de nous revoir, mais je suis curieuse de savoir ce qu'il aime au delà de la bonne nourriture et du sport.

« Je suis curieuse. Est-ce que tu as beaucoup voyagé au cours de ta vie ? Tu as mentionné être Irlandais lors de notre première rencontre, mais... Tu es déjà allé en Irlande ? »

C'était l'un de nos points communs, un point qui m'avait marquée, je m'en souviens. Même si je ne le montre que très peu, je suis attachée à ma terre natale, je suis attachée à l'Irlande, à mes origines, et depuis quelques temps, avec le Quidditch en moins dans ma vie, j'essaie de compenser ce manque en rattrapant tout le retard accumulé dans ma vie en ce qui concerne la tradition de mon père.

« Il faudrait que j'y retourne. Ça fait bien trop longtemps que je n'y ai pas mis les pieds... »
(c) DΛNDELION


1719 mots

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Mer 18 Nov - 23:31




it would ha' been a great deal easier,
if ye'd only been a witch
Un dimanche midi du mois de février 2004, jour 23 du Cycle Lunaire.

Malachy semblait forcé de s’apercevoir, au fur et à mesure que la discussion avançait, que Mara était loin d’incarner la damoiselle en détresse qu’on aurait pu l’imaginer devenir. Cette chute en plein match avait dérouté sa carrière, elle avait démissionné, mais s’était trouvé un nouveau boulot dans la foulée dont elle semblait se satisfaire, elle avait su négocier un départ secret avec les bookmakers, et préparait désormais avec ce qui semblait être une certaine sérénité l’officialisation de son départ des Crécerelles. Elle paraissait tellement tranquille qu’elle s’autorisait même à être cynique, pariant qu’une guerre ne suffirait pas à faire taire les ragots sur le Quidditch ; elle n’avait sans doute pas tort.
C’était assez impressionnant, à vrai dire, de faire montre d’une telle maîtrise. Malachy s’en étonna ainsi un moment, avant de trouver cela plutôt séduisant. Elle s’affichait comme une femme sûre de ses choix, même dans cette tranche de vie qu’elle traversait et qui s’assortissait sans doute pour elle d’une grande détresse. Celle de perdre son métier, bien sûr, mais aussi et sans doute surtout celle de développer une phobie autour de ce qui, autrefois, avait été sa passion. Car c’était cela, n’est-ce pas, qui la poussait hors des terrains ? La peur, aussi irraisonnée qu’irrésistible, de tomber à nouveau ? Malachy n’osa pas lui poser la question, craignant que cela ne soit trop intime. Il ne voyait dans ses yeux tout ce courage, autour de cette affaire, dont elle ne se vantait pas. Il aurait aussi eu envie de le lui souligner, mais à nouveau, il n’osait pas. Timidité, quand tu nous tiens.

***

Des bruits de bouche venaient emplir les silences alors que leurs soupes venaient réchauffer leurs corps. Ils papotaient, Malachy attentif à garder une pointe de séduction dans ses réponses, ne souhaitant pas laisser Mara croire que ses intentions, en l’emmenant dans cette petite auberge, étaient tout à fait innocentes. Il lui semblait toutefois qu’elle n’avait pas grimpé sur sa moto flambant neuve dénuée elle non-plus de pareilles intentions. Elle s’avouait la bonne personne pour discuter avec lui, et Malachy ne pouvait que baisser un peu le crâne, saluant cette vérité absolue : peu de nanas soutiendraient avec lui une conversation sur le foot et sur le Quidditch. Pire que ça, même, elle relançait la discussion, manifestement curieuse, et ayant retenu ses origines irlandaises, communes aux siennes – fastoche, avec un prénom comme celui de Malachy, et un nom comme celui de Lochlainn. Ils auraient pu l’écrire sur leur gueule, parce que celles-ci, pour le coup, étaient pour le coup moins communément irlandaises. Mara lui demanda s’il avait déjà voyagé, s’il avait déjà foutu les pieds sur la terre de Saint Patrick, et il rougit un peu : c’était sans doute parmi les choses qu’il regrettait le plus, tout en ne sachant pas comment il aurait pu faire autrement. « Je ne suis jamais allé en Irlande, non », avoua-t-il, gêné. Il avait milles excuses : la première, sa famille lui avait toujours donné beaucoup de boulot, et eux non-plus, ne voyageaient jamais. Ils ne lui avaient pas inculqué cette culture-là, et sa mère, aussi irlandaise qu’elle fut (avec un prénom comme le sien, elle aussi : Tuilelaith), n’avait jamais emmené ses louveteaux sur sa terre natale, il semblait même à Malachy que le seul héritage qu’elle avait produit pour eux étaient de leur avoir, à tous, donné des prénoms gaéliques. La véritable raison, toutefois, était que Malachy aurait été bien incapable de partir sans eux loin d’Angleterre. Partir vivre en Ecosse avait été un supplice, pour cela, et deux ans plus tard, il ne se passait pas deux mois sans que Malachy ne fasse un tour à Manchester ou ne se débrouille pour croiser sa fratrie quelque part. Même sa grande sœur, éternellement imblairable, se débrouillait pour lui manquer quand elle oubliait de lui envoyer des mails pour le sommer de faire quelque chose. Il ne lui était ainsi jamais venu à l’idée de quitter le pays sans sa meute, et encore moins pour découvrir l’Irlande ; il lui aurait semblé que ça n’aurait pas été sensé.
A côté de lui, Mara regrettait de ne pas y être allée récemment, semblant prise dans une nostalgie rêveuse, tandis qu’il avalait bruyamment une nouvelle gorgée de sa soupe. Il était gêné, à vrai dire, et ne savait bien jusqu’où il pouvait aller pour lui faire croire qu’il était ce garçon capable de sauter sur une moto pour traverser le pays. Ça aurait-été bien héroïque, non ? « Je n’ai jamais quitté l’Angleterre, en fait. » Il étendit ses jambes sous la table, et chercha à éviter le regard de la jeune femme en attrapant son verre de vin pour en avaler une longue gorgée. Il était ridicule, sans doute, mais ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce que Mara devait penser de tout cela. Pas si aventureux, finalement, le loup à la moto noire. Se concentrant à nouveau sur la fin de sa soupe à la citrouille, il embraya sur son expérience à elle, sincèrement curieux. « Ça ressemble à quoi, dans tes souvenirs ? C’est aussi vert que dans mon imagination ? » Il ne mentirait pas, s’il disait regretter de n’avoir jamais voyagé. Pas non plus, d’ailleurs, s’il disait avoir réellement envie de sauter le pas. Il ne pourrait toutefois pas prétendre qu’il ne mettrait pas dans sa valise suffisamment de papier à lettre pour écrire quotidiennement à sa famille. Et puis, s’il devait aller en Irlande, ça ne serait pas pour y passer une demi-journée, comme il le faisait parfois, envoyé par Jude aux quatre coins de l’île britannique. Ça serait pour quelques semaines, ces deux semaines-là, au cœur du cycle, quand la Lune était suffisamment loin derrière pour qu’il ne soit pas trop fatigué par ses effets secondaires, et suffisamment loin devant pour qu’il n’en sente pas l’excitation qui lui donnait l’impression d’être sous drogue et de ne savoir prendre que des décisions absolument et totalement irrationnelles.
Leur soupe terminée, il sembla à Malachy que les bols leur furent enlevés par magie : il avait à peine eu le temps de réaliser qu’il avait fini le sien que la matrone potelée de l’auberge le lui avait retiré pour apporter sur la table deux assiettes creuses et une petite marmite orange qui laissait échapper une délicieuse fumée. Le ragoût, quelques pommes de terres, et une louche, pour partager.

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