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Ceux qui vont mourir te saluent — Mai Lan & Rhys
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
hiboux : 316
pictures :
Sam 30 Mai - 22:51

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Ceux qui vont mourir
te saluent.
Je suis de la mauvaise herbe, craves gens, braves gens, c'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbes. La mort faucha les autres, braves gens, braves gens, et me fit grâce à moi c'est immoral et c'est comme ça.
- 13.02.2004

- T’es sûr que c’est là ?
- Ouais.
- Elle est seule ?
- Ouais.
- Bien.
- T’es sûr que tu veux pas que je m’en charge ?
- Certain.

Ton frère n’insiste pas. Tu as ce regard, ce regard qu’il connaît bien, pour avoir souvent travaillé avec toi. C’est ton moment, ta cible, ta proie. Il n’essaie même plus de lutter ou de te raisonner dans ce genre de cas. Tu te contentes de lui adresser un sourire, et il hausse les épaules alors que tu te glisses sous ta cape d’invisibilité.

- Fais ce que t’as à faire. Je serais là, si besoin.

Tu glisses, silencieusement vers la porte, caché des regards. Tu sais te faire incroyablement discret, quand tu en as besoin. Le Rhys coloré, le Rhys qui parle le fort, le Rhys qui gesticule, qui rit… Une façade, un alibi pour celui que tu es, ce soir. Tu as bien retenu ta leçon, tu te souviens des conseils de ton père, de ton grand-père, de ton mentor en France. Tu te souviens de tes entraînements contre tes sœurs, de leur capacité à retourner ta force contre toi. Tu te souviens de tes quinze ans. Tu effectues les gestes tant de fois répétés, après tant de contrats, attentif jusqu’au son de ton souffle, jusqu’à la vibration du pavé son tes pieds.

La porte s’ouvre, mais rien ne se passe. Tu étais prêt, pourtant, à déjouer les pièges, les protections, c’est d’ailleurs pour cela que c’est toi qui est entré, et pas Arthur. Tu vérifies, pourtant, tu cherches. Rien. Voilà qui est pour le moins déconcertant. Tu serais presque déçu de ne pas rencontrer plus de difficultés. Il y a un vague bruit qui provient d’une pièce plus loin, où elle se trouve sûrement. Tu t’étires sous la cape, et hésite un instant à simplement aller la retrouver. Il n’y a de toute façon plus d’échappatoire, vous êtes dans un quartier moldu, ton frère attend dehors, et toi tu es entré. Il est l’heure où tout le monde mange, parle, échange, regarde la télévision, un peu d’animation ne surprendra personne. Tu avances tranquillement, tu cherches la chambre, tu admires la décoration. Tu essaies de deviner ce qu’a pu être sa vie, avant ce soir. A-t-elle des proches, des parents qui la chercheront demain ? Une pensée pour assombrir cette petite joie sordide. Tes victimes, tu n’as que peu de considérations pour elles, en général. Tu t’amuses au contraire de les voir comprendre, envisager la fin qui les guette soudain, supplier pour quelques minutes de plus, rien que cela, prier pour une chance que tu ne leurs laisseras pas d’en réchapper. La chance est de ton côté. Non, c’est pour ceux qui sont restés derrières, ceux qui vivront avec cette perte que tu as de l’empathie. La mort n’est rien, sauf pour ceux qui ont le cœur en deuil. Tu essaieras de ne pas être trop spectaculaire, tu peux te satisfaire d’une forme de torture qui laisse moins de traces.

Voici la chambre. Tu y glisses, toujours tranquille, toujours silencieux. Tu regardes autour de toi, et va te placer dans un coin, près de la porte. Même si avec ta cape, tu aurais l’effet de surprise, bloquer la sortie n’est jamais de trop. Voilà, tu es en place. Il n’y a plus qu’à attendre qu’elle vienne – car elle viendra. Tu n’es pas pressé, tu as pour ces choses là une patience extrême. Même fumer ne te manque pas vraiment. Ce calme, avant la tempête, ces derniers instants de quotidien tranquille, de vie, de banalité, c’est quelque chose de délectable. De loin dans ta mémoire te revient la voix d’Alys qui te lisait une œuvre de ce Shakespeare qu’elle aimait tant. ‘Je n’ai jamais vu un jour si sombre et si beau.’ Pour toi, c’est un peu à cela que ressemble la mort – et après tout, rencontrer les sorcières, n’est-ce pas un peu la mort de MacBeth ?

Elle entre. Tu ne l’as jamais vue, tu as laissé Arthur se charger de tout cela. C’est lui qui est venu, le premier, soucieux. Comment en avais-t-il entendu parler ? Tu n’es pas tout à fait sûr, ton frère a ses sources comme tu as les tiennes – sans doute, si vous étiez tous les deux occlumens, vous partageriez plus volontiers ce genre de choses. Il vaut mieux que tu restes dans l’ignorance, tant que tu ne peux fermer ton esprit à la curiosité des autres. Arthur l’a trouvée, Arthur t’a informé. Toi, tu devais juste être là, ce soir, briser les protections magique, en finir avec elle. Tu la découvres, enfin. Tu prends quelques instants pour la détailler – pour l’admirer, presque, alors que près de toi elle referme la porte. Ton frère ne t’avait pas dit qu’elle était si belle. C’est le genre de choses qui n’ont pas la moindre sorte d’importance pour lui, et à ta place il aurait probablement déjà fini. Il trépigne certainement, dehors, te maudissant sûrement. Qu’importe. Ce sera bientôt fini. Elle s’est éloignée, et d’un geste tu fais tomber ta cape sur le sol, bruit sourd qui résonne dans le silence que tu t’étais imposé. Elle te voit, et tu profites de l’instant de surprise.

- Silencio. Incarcerem.

Voilà. C’est à cet instant précis que tu diffères de n’importe lequel des autres Price. Tu ne l’as pas tuée. Elle a juste glissé sur le lit, le bruit de sa chute étouffée par le matelas. Elle ne s’est probablement même pas fait mal – quoique cela ne rentre pas dans l’ordre de tes priorités. Tu t’étires, tranquillement, et ramasse la cape au sol que tu mets dans la poche de ta veste orange, sans te presser. Tu t’avances vers elle, et tu la jauges un instant avant de rompre le silence. Que t’as dit ton frère déjà ? Mary Turner, employée du Ministère, ancienne gryffondor.

- Bonsoir, Miss Turner. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis navré que cela doive se faire dans de telles conditions.

Tu t’assoies sur le lit, et tu regardes autour de toi la pièce comme si tu la découvrais à nouveau – les choses te paraissent plus nettes, plus colorées sans l’effet magique de la cape. C’est charmant. C’est le genre de chambre dans laquelle tu pourrais dormir. Tu te retournes vers elle. C’est le genre de femme avec laquelle tu voudrais dormir. Quel gâchis.

- Il paraît que vous êtes particulièrement curieuse, miss. Vous savez qu'à solliciter trop souvent la patience des gens, on finit par agacer ?

Tu passes ta langue sur tes dents et lui adresses un sourire mauvais. Il n’est pas bon, de nos jours, pour une petite employée du Ministère, de poser certaines questions. Il n’est pas bon d’attirer encore plus l’attention sur les euthanatoi, après les évènements de ces derniers mois. Elle vous cherchait, peut-être ? Et bien, elle t’a trouvé. Et tu es de terrible compagnie une fois la nuit venue. Tu clignes des yeux et essaye de te forcer un air plus aimable en désignant la pièce autour de toi.

- Un appartement très intéressant, que vous avez là. Vous savez, quand on a deux sous de jugeote, avant de poser certaines questions, on s’assure un minimum d’être en sécurité chez soi.

Tu souffles par le nez, comme si tu contenais un rire. Elle est jolie, mais elle a été trop inconsciente pour son propre bien. Cela arrive plus souvent qu’on ne pourrait le croire – ces hermétiques sont d’une insouciance folle. Cela te surprend à peine cependant, avec ce que l’on t’a dit du caractère de ceux qui vont à la maison rouge et or à Poudlard. Tu t’arrêtes un instant pour te demander où tu aurais été, toi, si tu avais été scolarisé dans l’antique château. Bah, que ce sont finalement des considérations étranges...

- Je suis cependant dans un jour de grande bonté. Il paraît que vous vous posez des questions sur les euthanatoi. Je m’offre volontiers d’y répondre, avant… Et bien, j’imagine que vous vous doutez de la suite, non ?

Tu saisis sa mâchoire et tourne son visage vers le tien en te rapprochant – tu sers un peu plus que tu ne le devrais, cela t’amuse. Tu cherches dans ses yeux une forme de panique, une inquiétude quelconque. Tu cherches ce regard, ce regard qui t’amuse tant encore, après toutes ces années. Ce regard, celui de l’être qui prend conscience de la fragilité de la vie, de sa fin inéluctable. Il arrive parfois très vite, d’autres luttent plus longtemps, garde espoir. Celle-là est… pour le moins étrange. C’est un peu déçu que tu la relâches. Tu as la nuit devant toi pour obtenir ce que tu veux.

- C’est à prendre ou à laisser, ma chère. Je vous libère de votre silence et nous parlons, un peu – ou vous criez et nous nous arrêtons-là. Qu’en dîtes vous ?

Pitié, ne crie pas. Ne gâche pas tout maintenant. Ne sois pas trop stupide. Tu te pinces les lèvres, et le plaisir que tu t’apprêtes à prendre si elle agit comme tu le souhaiterais fait briller tes yeux bleus.

@Mai Lan Turner - 1 517 mots
en italique, les Price parlent gallois
code du titre par rogers

Mai Lan Turner

Mai Lan Turner
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 101
Sam 30 Mai - 23:57
MORITURI TE SALUTANT

Une journée longuette mais néanmoins intéressante, c’est ainsi que Mai Lan caractériserait les douze heures qui ont précédé. Elle s’est rendue au travail, y a pris ses ordres de Lord Melchior Fawley, a classé ce qu’elle avait à classer, a pris sa pause déjeuner en consultant le journal, a répondu à un peu de courrier, une lettre de son maître, Adrianus Piscator, notamment, et des messages de ses contacts moldus pour la publication d’un papier. Il faut dire que l’échéance rapproche et qu’elle doit encore envoyer les corrections de son article sur les rites matrimoniaux vietnamiens. L’imbécile qui lui a servi de relecteur a trouvé son explication détaillée du rite « trop longue »… Trop longue ! Est-ce sa faute à elle si le rite qui unit deux âmes et deux corps est complexe ? Est-ce qu’elle lui fait remarquer, à lui, que sa revue pour son article est trop pompeuse ?

C’est presque avec un sourire amusé que Mai Lan laisse dans la bassine de linge sale ses vêtements et file sous la douche laisser l’eau chaude enflammer cette carne qui a enfin cicatrisée. Ses tatouages sont légion, dos couvert d’arabesques orientales, empruntées aux palais les plus somptueux du Vietnam, bras noirs d’encre, jusqu’aux poignets, triangle de dentelle noire entre les seins. On lui a dit que la chose était inhabituelle que l’encre prenne si bien sur tout le corps. Elle y a vu un signe. L’âme de son grand-père, celle de ses parents. Toute sa famille lovée à même la peau. Elle les a avec elle. En elle. Sous le derme qui a pelé, pelé, des jours durant sous les chaudes moussons de Mars. Et les lambeaux de chair se sont dissipés dans la tiédeur des rizières jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un corps lisse et noirci. Charbonné d’exquises arabesques.

Des tatouages qu’elle cache, quand elle le peut. Chemisiers, manches longues. Ils dissimulent à peine dans leur blancheur soyeuse, les ombres de sa peau. Personne n’a posé de question. Tout le monde s’est accoutumé à voir ses bijoux ethniques et ses piercings locaux. Chacun s’est habitué à cette tranquille présence qu’elle n’avait pas avant, la petite née moldue de Gryffondor. Elle a pris de l’assurance, murmure-t-on. Elle a pris du coffre, dit-on. Ceux qui l’ont connue avant verront sans doute le changement. Est-ce si important ? Elle n’en a cure, celle dont la vie est pour une fois parfaitement en ordre. Jamais elle ne s’est sentie si en accord avec elle-même, Mai Lan. Elle a remonté le fil de ses questions, trouvé l’origine de son souffle de vie, l’essence de son être. Tout a tenu à une rencontre . Une sorcière, un sorcier. Deux villages voisins, le même réseau d’euthanatoi. Elle qui aurait du grandir en leur sein n’a reçu l’offrande de son tatouage qu’une fois la quarantaine passée. Et depuis, sa baguette demeure sagement dans son écrin. Pas qu’elle lui servait beaucoup avant : Mai Lan a toujours été mauvaise en magie. Bonne en théorie, lamentable en pratique. Elle est faible, elle le sait. Mais elle est toujours plus forte que tous ceux qui vivent dans l’illusion de maîtriser leur vie.

Elle clôt les yeux, rince la longue chevelure de jais qui ruisselle sur ses épaules. L’encre et le cheveu se mêlent pour former les ombres de sa silhouette. Environnée de vapeur, elle sort de sa douche, frissonne lorsque l’air glacial caresse sa peau. Elle n’entend pas la porte de son appartement s’ouvrir ni se fermer, pas plus qu’elle ne décèle d’inquiétante présence chez elle. Elle se sèche, revêt un pantalon souple et un débardeur. Un kimono de soie rouge brodé de grues blanches et bleues vient caresser ses épaules. Une acquisition récente dans le Londres sorcier. Une boutique de haute couture dont le propriétaire lui a paru charmant. Et la voilà, pieds nus, déambulant dans son logis. Elle passe jeter un ultime œil à son courrier informatique. L’ordinateur ronronne tout près d’elle et le modem crisse un peu. Rien. Pas de nouvelle, bonne nouvelle. Elle éteint l’écran, se sert un verre d’eau en jetant un œil aux murs couverts de livres de son étroit salon. Elle en choisit un, descend son verre et se dirige vers la chambre où elle pourra se prélasser un peu avant une bonne nuit de sommeil.

Son appartement est celui d’une chercheuse. Il est difficile de l’ignorer. Chaque pan de mur est assailli de bibliothèques et ne décorent l’endroit que des objets traditionnels ou cultuels vietnamiens. Les rares pans libres de murs sont ornés de cadres photos. Des photos moldues, toutes. Ses parents adoptifs, son grand-père, ses collègues moldus, l’équipe de recherche du professeur Johnson, ses premières conférences à des colloques et symposiums… Sa vie est moldue, presque entièrement moldue. Sur les plus anciennes photos, elle prend la pose avec sa promotion de Gryffondor et avec divers amis. Lily, Remus… Mais encore Jack et Louis à Serdaigle. Alba et Christopher à Pouffsouffle. Tant de tranches de vie désormais lointaines.

Et des paysages.
De ceux qui font vibrer son coeur.

Le village, la cabane de son grand-père. Les rizières et les montagnes. Les hauts plateaux. Saïgon et Hanoi sous les moussons.

Toute une vie étalée là.

Alors elle marche, paisiblement jusqu’au lit. Elle allume la lampe de chevet, dépose son ouvrage sur la table, s’apprête à faire glisser de ses épaules le kimono qui, s’il dissimule son dos et ses bras, ne cache rien des avants-bras tatoués de la jeune femme. Mais elle entend un bruit et se retourne, surprise. Elle n’a pas le temps de sentir son sang se glacer à la vue d’un inconnu chez elle qu’un enchantement la frappe. Mutisme, immobilité. Elle connaît les formules et cherche des yeux la baguette de son agresseur. Elle ne la voit pas et ne peut que subir sa présence. Un moment d’affolement s’empare d’elle.

« Bonsoir, Miss Turner. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis navré que cela doive se faire dans de telles conditions. »

Elle s’efforce de respirer paisiblement mais son souffle est difficile. Sa poitrine se soulève, sa bouche s’entrouvre pour laisser s’échapper une bouffée d’air vicié. Elle n’essaie pas de parler ni de se débattre. A quoi bon ? L’homme s’installe comme si de rien n’était sur le lit où elle est elle-même tombée. Elle ne peut que voir son dos, son profil, dans la clarté artificielle de la chambre. Elle ne sait pas si elle doit craindre pour sa vie, pour sa vertu ou pour les deux en même temps…

« Il paraît que vous êtes particulièrement curieuse, miss. Vous savez qu'à solliciter trop souvent la patience des gens, on finit par agacer ? »

Enfin, tout fait sens. Mai Lan sent son coeur s’emballer férocement dans sa poitrine. Il n’a pas de baguette, il n’en a pas besoin. Elle les a trouvés. Ce n’était pas ainsi qu’elle s’était imaginé une première rencontre avec ceux qui portent les mêmes stigmates qu’elle. A dire vrai, elle aurait préféré une rencontre courtoise plutôt qu’une agression dans sa chambre. Mais le fait est qu’elle n’est pas en position de négocier, ficelée par des liens invisibles sur son propre lit, réduite au mutisme. Non, il faut trouver une façon de lui faire entendre son histoire. Le convaincre qu’elle est des leurs… Mais pour ça, il faudrait pouvoir parler. L’affolement reprend. Va-t-elle mourir de la main même de ses paires ? Des paires qui ne sauront même pas…

« Un appartement très intéressant, que vous avez là. Vous savez, quand on a deux sous de jugeote, avant de poser certaines questions, on s’assure un minimum d’être en sécurité chez soi. »

Elle ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel d’agacement. Toute cette situation est aussi terrifiante que frustrante, et comme à chaque fois qu’elle a peur, une décharge d’adrénaline dans le sang vient l’agiter et la rendre plus caractérielle. Si elle avait eu les capacités magiques de protéger son logis, elle l’aurait fait. Que croit-il ? Qu’elle est stupide ? Bon, elle l’est peut-être pour certaines choses, mais certainement pas pour ça. Depuis l’offrande de ses tatouages, sa magie ne lui répond plus ou presque. Passé l’accio et le wingardium leviosa, il n’y a plus personne. Alors des sortilèges d’alarme…

« Je suis cependant dans un jour de grande bonté. Il paraît que vous vous posez des questions sur les euthanatoi. Je m’offre volontiers d’y répondre, avant… Et bien, j’imagine que vous vous doutez de la suite, non ? »

Que les ancêtres soient loués ! Un poids s’enlève de sa poitrine. Mai Lan sait que rien n’est gagné pour elle, mais au moins aura-t-elle le loisir de faire usage de sa gorge avant qu’une lame ne vienne l’entailler. Son sang bouillonne de bien trop d’émotions conjointes : frayeur et soulagement. Terreur et résolution. Il agrippe son visage, le contact avec la peau de son agresseur lui envoie un spasme d’affolement dans l’épine dorsale. Pourvu qu’il tienne parole. Elle l’espère de toute son âme.

« C’est à prendre ou à laisser, ma chère. Je vous libère de votre silence et nous parlons, un peu – ou vous criez et nous nous arrêtons-là. Qu’en dîtes vous ? »

Elle hoche la tête avec lenteur, une certaine dignité. Toujours réduite au silence, elle ne peut pas parler, de toute façon, alors ça ne vaut pas le coup d’ouvrir la bouche pour autre chose qu’exhaler un souffle d’air profond. Elle essaie de se calmer, de conserver un peu de sang froid. Mais lorsqu’elle fouille du regard le visage indéchiffrable de son vis à vis, elle n’est vraiment pas certaine que cela ne soit pas sa dernière nuit sur terre.

Par chance, on l’attend déjà de l’autre côté.

1639 mots

Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
hiboux : 316
pictures :
Dim 31 Mai - 3:43

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Ceux qui vont mourir
te saluent.
Je suis de la mauvaise herbe, craves gens, braves gens, c'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbes. La mort faucha les autres, braves gens, braves gens, et me fit grâce à moi c'est immoral et c'est comme ça.
- 13.02.2004

Elle acquiesce, le geste est comme lent, mesuré. Tu passes un doigt sur ton sourire, joyeux.

- Rhyfeddol.

Merveilleux. Le gallois fuse entre tes lèvres sans que tu ne rendes même compte qu’un instant tu as abandonné l’anglais. Tu joues, tu t’amuses – tu reviens à la langue dans laquelle tu jouais petit garçon, ta langue. Souvenir lointain, ce Rhys qui attrapait les papillons et pleurait s’il abîmait leurs ailes, construisait des abris de feuilles et de morceaux de bois pour protéger les fourmilières du jardin de la pluie. Ce Rhys qui n’avait pas sept ans, qui ignorait la mort. Ils sont devenus tellement plus cruels, tes jeux, depuis. Tu ne sais pas dater à quel âge exactement cette douceur t’a passé – peut-être quand les jumelles ont pu se joindre à toi, admirables destructrices méticuleuses, les pestes. Peut-être, après la découverte du cadavre, au Petit Ogre. Peut-être à la naissance d’Arthur, quand tu as eu un humain à protéger plutôt. Peut-être que tu t’es simplement détourné des insectes pour te mettre à jouer avec des petits soldats, et que les leçons ont fait le reste. Tu lui arracheras volontiers les ailes, au joli papillon qu’est la femme devant toi. Tu la saisis par les épaules pour la redresser et la pose contre la tête du lit – le kimono de soie glisse contre tes paumes, et éveille ta sensualité. Tu n’es pas ce genre d’homme, ce genre de monstre - mais tout de même, quel gâchis... Tes mains descendent sur les avant bras tatoués de la jeune femme, à nus devant tes yeux, et tu souris, pour toi même cette fois, sans volonté mesquine d'éveiller chez elle un sentiment quelconque. Tu effleures du bout de l’index les marques de l’encre sur cette peau à nue – et tu te demandes presque quelles petites histoires elle s’invente et elle invente aux autres quand on lui demande d’où ils viennent. Elle ne ment certainement pas comme toi, à ce sujet. Le doigt qui parcourait son avant bras juste sur tes propres mains, caresse la trace rituelle, le focus à découvert. Les manches de ta veste orange descendent jusqu’à tes poignets, cachant à ses yeux tes petits mensonges à toi, gravés sur ta peau. Tes alibis.

Tu te lèves soudainement, et lui tournes le dos. L’heure n’est plus à ces pensées contemplatives. Tu as du travail, il serait de bon ton que tu ne l’oublies pas. Tu te diriges vers une bibliothèque, et saisit un ouvrage au hasard – tu le parcoures sans le lire, c’est un geste comme un autre pour faire durer un peu plus ce savoureux silence. Qu’elle comprenne. Qu’elle ait ce regard que tu cherches, plus cette étrange dignité dans laquelle elle s’est presque drapée à ta question. Tu te retournes sur toi-même et t’adosses au mur, pour lui faire face, le livre toujours entre les mains. Tu lèves la main gauche, dans sa direction, prêt à briser ton propre sort, à chercher dans ta magie la faille.

- Bien, voyons donc ces questions qui nous valent à tous deux le plaisir de cette rencontre nocturne.

Tu as insisté sur le mot plaisir, sans te départir de ton sourire devenu plus que mauvais. Après tout, ne va-t-elle pas obtenir ses réponses ? Il serait impoli de sa part de se plaindre alors que tu t’offres si généreusement d’assouvir sa curiosité mal placée. A quoi s’attendait-elle ? Dans quel monde exactement, après les derniers évènements, les attentats de septembre, la disparition des suspects il y a peu, se pensait-elle pour croire que poser certaines questions ne finirait pas par la conduire dans ce genre de situation ? Au nombre de livres vus ici, de bibliothèques croisées dans le couloir, tu estimes qu’elle doit être curieuse, de nature, elle doit aimer chercher. Ne sait-elle pas pourtant qu’il est des réponses auxquelles il vaut mieux ne jamais obtenir de réponses, des savoirs qu’il vaut même laissés perdus, oubliés ? Tu refermes le livre dans ta main droite, et un dernier instant tu apprécies le silence qui pèse entre vous, à peine transpercé par les bruits de la vie qui continue, autour. L’innocence d’un monde tout proche, qui ignore ce qui se joue dans cette chambre, maintenant. Pitié, qu’elle ne crie pas. Le contresort fuse, un mot, un geste de poignet – sa langue est libérée. Tu reposes le livre sur la bibliothèque, pas exactement à l’endroit où tu l’avais pris, d’ailleurs, et croises les bras devant ta poitrine.

- Je vous écoute, très chère.

@Mai Lan Turner - 746 mots
en italique, les Price parlent gallois
code du titre par rogers

Mai Lan Turner

Mai Lan Turner
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 101
Dim 31 Mai - 22:17
MORITURI TE SALUTANT

C’est le coeur tambourinant et l’esprit s’armant pour rester maîtresse d’elle-même autant que faire ce peut que Mai Lan voit sourire l’homme assis près d’elle. Il a l’air satisfait de sa réponse. Elle ne sait pas vraiment comment interpréter le sourire carnassier peint sur son visage. Elle le voit se perdre quelques instants dans ses pensées, se faire songeur. Elle a le coeur qui bat trop vite, trop fort, Mai Lan. Elle a déjà eu des coups de frayeur sur le terrain, bien sur, des moments où elle a cru qu’elle aller y passer : traverser des précipices en montagne, affronter des situations dangereuses dans des pays encore bien instables politiquement parlant, frayant tantôt avec l’anarchie, tantôt avec la dictature. Des moments où elle était certaine de n’en pas réchapper, elle en a connu quelques uns. Ça a commencé à Poudlard, ça s’est achevé en janvier dernier quand elle a passé son entretien d’embauche au Ministère en étant tatouée de partout. Une chance que ceux-ci ne se devinent qu’à peine sous ses vêtements… Et elle a toujours l’excuse de « je suis anthropologue » et « je suis née moldue ». Deux mensonges sur lit de vérité.

Mais elle n’a jamais autant craint qu’à l’heure actuelle de voir sa dernière heure venir. Peut-être parce que l’irruption de cet homme a eu quelque chose d’imprévisible, d’imprévu. Il a débarqué dans son logis à elle-ne-sait pas quelle heure, l’a observé elle-ne-sait pas combien de temps, et là, il se pose, tranquille, l’agresse et lui promet une mort… tiens, il faut souligner qu’il n’a promis ni mort indolore, ni mort rapide… Mai Lan n’est pas spécialement certaine que ça soit une bonne nouvelle. Le sang lui bat les tempes, et elle tressaille lorsqu’il se lève du lit, vivement. Elle craint déjà la fausse joie, le faux espoir. Il semble lui avoir promis de répondre à quelques questions, mais que faire s’il change d’avis ? Elle préfère ne pas y penser. Elle le voit se déplacer, prendre un livre, le feuilleter, le reposer deux emplacements plus loin… Elle sent un crispation d’agacement. Elle s’y raccroche. Mieux vaut s’offusquer qu’il dérange sa bibliothèque plutôt que se laisser dominer par la terreur d’y passer. Avoir peur ne changera rien à son sort, sans doute, et la terreur pourrait l’aider à alimenter son réquisitoire. Le sang bouillonne. D’ire ou d’effroi, elle ne saurait le dire.

« Bien, voyons donc ces questions qui nous valent à tous deux le plaisir de cette rencontre nocturne. »

Elle l’a senti. Elle a senti le moment où sa voix s’est libérée. Elle se racle la gorge, imperceptiblement, perçoit la vibration infime de ses cordes vocales. Ses ancêtres soient loués. Ils doivent vraiment la protéger dans toute cette ordalie. Elle ne peut s’empêcher de laisser s’échapper un soupir de soulagement. Il lui reste une arme, sa seule arme pour défendre chèrement sa vie. C’est presque un apaisement si vif qu’elle en pourrait rire d’euphorie. Mais il faut se concentrer, se recentrer. Penser à ce livre mal rangé.

« Je vous écoute, très chère. »

Elle esquisse un sourire malgré elle. Le côté grandiloquent de son vis à vis et cette veste beaucoup trop criarde couplés aux ascenseurs émotionnels de cette soirée n’ont pas fini de jouer avec ses nerfs. La maître en histoire de la magie s’attend à devoir mener un combat, long et difficile pour assurer ses jours à venir. Alors elle se racle la gorge et tente de poser sa voix le plus calmement possible. Un tressaillement, pourtant, trahit son émoi intérieur.

« Je vous aurais bien proposé d’en discuter autour d’un verre, mais je me vois dans l’impossibilité physique de vous en offrir un. Enfin, vous savez où est la cuisine, je suppose, alors servez-vous si ça peut vous faire plaisir. Je dois dire que c’est un soulagement d’enfin rencontrer quelqu’un appartenant à cette tradition, quoi que les circonstances de la rencontre soient pour le moins inhabituelles. Je vais commencer par ma question, si vous le voulez bien : ça m’embêterait de mourir sans avoir la réponse ; – et par pitié lorsque vous passerez à l’acte ou si vous voulez me torturer, évitez les tatouages, j’y tiens beaucoup, c’est tout ce qu’il me reste de ma famille. »

Elle semble se perdre une seconde. Un flashback. Le corps sans vie serré contre le sien. Le sang, partout ce sang qui ruisselle et crépite sur sa peau. Et le visage paisible de son grand-père. Elle s’ébroue, un frisson lui parcoure l’échine.

« Bref. J’ignore comment se passent les choses ici, pour les Euthanatoi de Grande Bretagne, mais… est-ce normal de ne plus parvenir à faire de magie après le rituel ? C’était en février 2003 au Vietnam, et depuis… quasiment plus rien… vous avez pu le constater avec l’absence de protections sur le logement, d’ailleurs. »

Là.
Elle est là.
La lueur de terreur dans les yeux de Mai Lan. L’affolement à l’idée de ne plus parvenir à pratiquer la magie. Elle lève les yeux vers Rhys. Elle compte sur lui, elle compte sur la réponse qu’il pourra lui donner. Qui aurait pu croire que cet assassin venu la faire taire soit son ultime espoir.
901 mots

Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
hiboux : 316
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Lun 1 Juin - 0:27

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Ceux qui vont mourir
te saluent.
Je suis de la mauvaise herbe, craves gens, braves gens, c'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbes. La mort faucha les autres, braves gens, braves gens, et me fit grâce à moi c'est immoral et c'est comme ça.
- 13.02.2004

- Je vous aurais bien proposé d’en discuter autour d’un verre, mais je me vois dans l’impossibilité physique de vous en offrir un. Enfin, vous savez où est la cuisine, je suppose, alors servez-vous si ça peut vous faire plaisir.

Ton sourire découvre un peu plus tes dents blanches. C’est qu’elle a du cran, du chien, la belle. Ça te plaît, un peu, ça ne rendra la suite que plus plaisante pour toi. Qu’elle soit digne, qu’elle soit forte, qu’elle refuse de trembler. Tu finiras bien par trouver une faille, quelque chose sur quoi appuyer pour la faire ployer. Sa faiblesse n’en sera que plus délectable.

- Je dois dire que c’est un soulagement d’enfin rencontrer quelqu’un appartenant à cette tradition, quoi que les circonstances de la rencontre soient pour le moins inhabituelles.

Tu pouffes de rire. Pas si inhabituelles que cela, en fait : tu ne fais ici que ton travail, ton vrai travail. Vous êtes connus pour cela, après tout, si elle est surprise c’est bien parce qu’elle a manqué de clairvoyance.

- Je vais commencer par ma question, si vous le voulez bien : ça m’embêterait de mourir sans avoir la réponse ; – et par pitié lorsque vous passerez à l’acte ou si vous voulez me torturer, évitez les tatouages, j’y tiens beaucoup, c’est tout ce qu’il me reste de ma famille.

Tu plisses les yeux. Tu n’avais pas l’intention de l’abîmer, physiquement, par égard pour ses proches – et tu as toi-même trop d’amour pour les tatouages pour vouloir abîmer ceux des autres. Mais elle ne le sait pas – cela fait toujours quelque chose sur lequel jouer, potentiellement. Tout ce qui lui reste de sa famille… Tu as noté les paysages encadrés, tu la devines venue de loin malgré son nom anglais, son emploi, son passé à Poudlard. Que racontent-ils, ses tatouages ? A quel genre de famille, d’existence font-ils référence ? Cela te rend curieux, mais tu sais que tu n’auras sans doute jamais de réponses à tes questions, tu n’es pas là pour ça. Tant pis, il vaut mieux ne pas trop en savoir sur ses cibles, de toute façon.

- Bref. J’ignore comment se passent les choses ici, pour les Euthanatoi de Grande Bretagne, mais… est-ce normal de ne plus parvenir à faire de magie après le rituel ?

La question est incroyablement… spécifique. Tu lèves un sourcil, surpris.

- C’était en février 2003 au Vietnam, et depuis… quasiment plus rien… vous avez pu le constater avec l’absence de protections sur le logement, d’ailleurs.

Attends. Quoi ?! Tu écarquilles les yeux. Tu t’étais attendu à beaucoup de choses, mais pas à ça. Tu cours presque jusqu’au lit pour saisir ses poignets – non, ce ne sont définitivement pas la marque d’un rituel.

- Où ?

Tu cherches les tatouages qui la désignerait effectivement comme l’une des vôtres, tu tires sur son kimono, la détaille sous toutes ses coutures, sans aucun égard pour sa pudeur. Qu’importe, si elle est effectivement l’une d’entre vous, cela va lui sauver la vie. Tu l’attires à toi, poses sa tête ton épaule pour regarder son dos. Oh. Merde. Tu clignes des yeux, un instant interdit. Heureusement que c’est toi qui est venu ce soir, et pas ton frère. Ton sourire n’a plus rien de mauvais quand tu la redresses et plonge ton regard dans le sien en la tenant par les épaules.

- Mais il fallait commencer par là !

Un jour, tu t’étoufferas dans ta mauvaise foi. Tu ne lui as pas exactement laissé le temps de t’en informer, il faut dire. Et dire qu’Arthur voulait s’en charger. Mais quel gâchis cela aurait été. D’un geste, tu la libères du sortilège qui la maintenait ligotée, et tu lèves du lit pour lui laisser un peu d’espace.

- Je suis vraiment navré de ce qui vient de se passer, si j’avais su crois bien que je ne me serais jamais permis de… Fy Nuw ! - je ne t’ai pas fait mal au moins ?

Ta voix est presque inquiète. Tu passes ta main dans tes cheveux, songeur. Comment est-ce que cela a pu arriver ? Comment se fait-il que personne n’ait pu vous prévenir qu’elle était… Qu’est-ce qu’elle a dit déjà ? Le Vietnam, 2003 ? Elle doit être complètement déconnectée du monde euthanatos britannique. Et dire que tu allais… Tu lui offres un regard un peu désolé avant de lui tendre la main, en essayant de te donner la figure la plus amicale possible.

- Rhys, Rhys Price, enchanté. Que dirais-tu que nous reprenions notre conversation autour d’un verre, hors de ta chambre ? Et pour ce que ça vaut, non, je ne sais pas où est ta cuisine.

Des questions, pour le coup, tu en as toi aussi. Ça n’est pas tous les jours que tu as l’occasion de rencontrer une collègue venue de loin, une collègue qui a été – qui est toujours un peu ? - hermétique. Tu fronces les sourcils pourtant en pensant à ce qui t’a emmené ici – elle est bien inconsciente, même si ça ne lui coûtera pas la vie ce soir.

- Bon par contre, je veux bien répondre à tes interrogations, mais il va falloir arrêter de poser des questions sur nous à n’importe qui. Tu n’es pas au courant de ce qui se passe en ce moment ?

Les attentats et la disparition des suspects tendent à vous rendre un peu plus sur vos gardes,  paranoïaques même sur les bords, et il ne faudrait pas qu’elle attire plus encore l’attention sur vous. Tatouée ou pas tatouée, de ta main ou de celle d’un membre du Ministère, cela pourrait lui coûter cher.

- Attends, je ne suis pas venu seul, je vais prévenir mon frère, ce serait idiot qu’il te saute dessus parce que j’ai pris trop de temps. Je te rejoins là bas dans quelques minutes.

Tu lui désignes la direction de la pièce dans laquelle elle était à ton arrivée, que tu estimes être le salon ou peut être la cuisine, et sors de la chambre. Quelques minutes pour lui laisser reprendre ses esprits – et pour organiser le tien, ne seront pas de trop. Tu te diriges à l’entrée et en ouvrant la porte, tu appelles à voix basse.

- Arthur.
- C’est fait ?

Tu sursauterais presque en découvrant ton frère juste à côté de toi, qui devait effectivement perdre patience au regard qu’il te lance.

- Non, on annule.
- Quoi ?
- On annule je te dis. Rentre à Methyr Tyfdil, je t’expliquerai.
- Mais…
- Je t’expliquerai !

L’échange s’est fait à voix basse, vous murmurez presque – et pourtant ton ton est sans appel. Il t’adresse un regard surpris avant de hausser les épaules, las. Tu lèves les yeux au ciel en refermant la porte sur lui, et tu l’entends s’éloigner en grommelant des insultes en gallois à ton intention. Quel bordel, tout ça.

Tu te diriges vers la pièce en question et jette un regard autour de toi. Tu avises les photographies figées et l’ordinateur – vous en avez un aussi, à la maison, un cadeau de ton grand-père à ta mère. C’est amusant un peu, de constater que même en travaillant au Ministère, même en ayant été scolarisée à Poudlard, elle vit plus à la moldue que vous, les faux cracmols, les enfants de moldus,  dans sa propre demeure. Tu t’approches d’un cadre pour admirer la photographie d’une rizière, soudain un peu nostalgique de tes propres voyages.  Machinalement, tu sors de ta poche ton tabac, avant de te raviser en songeant que tu devrais d’abord lui demander si l’odeur la dérange. Alors tu l’attends, patiemment, en découvrant une vie de photographies et de livres – il ne faudrait pas plus la brusquer.

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Mai Lan Turner

Mai Lan Turner
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Lun 1 Juin - 20:53
MORITURI TE SALUTANT

Mai Lan est, comme toute personne normalement constituée, un rien stressée que ce qui semble être un tueur à gages se soit invité chez elle avec la ferme intention de la tuer. Naturellement, son stress s’exprime par une forme de babillement, et elle ne va pas de suite au fait. Mais cela valait presque le coupe quand elle voit les yeux de son vis à vis s’écarquiller de surprise. Il court, il vole, et le voilà près d’elle, remontant les manches de son kimono, tirant sur les pans de tissus pour dévoiler son dos.

« Où ? »

Elle n’a pas le temps de répondre qu’il s’est penché pour détailler les arabesques apposées sur son échine et effleurer des yeux ce que personne sur ce sol n’a eu l’occasion de voir jusqu’à présent. Elle ne peut s’empêcher de s’empourprer de le sentir si proche et éclate de rire, de gêne et de soulagement mêlés lorsqu’il se décale enfin en assénant un :

« Mais il fallait commencer par là ! 
- C’est vrai, j’aurais pu... »

Son sourire flotte, discret, lorsqu’il la libère de l’enchantement. Elle se frotte les poignets, s’assoit sur le bord du lit à la place occupée précédemment par son vis à vis qui s’est remis à parler. Il est fascinant de voir l’homme perdre un peu de sa contenance, de sa froideur. Il semble presque… inquiet ? Mai Lan ne peut s’empêcher de noter la chose et de commencer à réfléchir aux implications de ce qui semble être un communautarisme intense… En même temps, c’est sans doute ce qui permet à la tradition de survivre…

« - Je suis vraiment navré de ce qui vient de se passer, si j’avais su crois bien que je ne me serais jamais permis de… Fy Nuw ! - je ne t’ai pas fait mal au moins ? Rhys, Rhys Price, enchanté. Que dirais-tu que nous reprenions notre conversation autour d’un verre, hors de ta chambre ? Et pour ce que ça vaut, non, je ne sais pas où est ta cuisine. »

Elle étouffe un rire et prend la main qu’on lui tend.

« Mai Lan Turner, mais vous le savez déjà. Avec plaisir. J’ai bien besoin d’un remontant. Whisky ? Ou bien du café si tu préfères ne pas boire en service. »

Qui aurait cru qu’elle pouvait avoir un humour aussi macabre. C’est que c’est un mécanisme de défense. Elle a eu peur, Mai Lan, la peur de sa vie. Alors elle compense et elle observe, par trop consciente que sa chance pourrait peut-être tourner. Elle s’est levée souplement et invite son hôte à la suivre. La pièce principale de l’appartement sert tout à la fois de coin cuisine, de salon et de chambre d’amis lorsque la chose est nécessaire. Un canapé convertible, le bureau avec l’ordinateur… et tous ces livres s’entassant jusqu’au plafond. Mais avant de quitter la pièce, Rhys sur les talons, Mai Lan interrompt son mouvement, fait un pas en arrière, ôte de l’étagère le livre déplacé par Rhys et le remet à sa place, puis elle l’entraîne dans la cuisine.

« Bon par contre, je veux bien répondre à tes interrogations, mais il va falloir arrêter de poser des questions sur nous à n’importe qui. Tu n’es pas au courant de ce qui se passe en ce moment ?
- Pas des masses, non : mes parents adoptifs sont moldus et je ne suis revenue qu’en janvier dernier après presque dix ans au Vietnam et au Cambodge. C’est pour ça que j’ai pris ce job aux archives du Ministère : me remettre à la page... C'est fou ce qu'on peut trouver dans les coupures de presse de cette dernière décennie. »

Une ampoule grésille lorsqu’elle presse l’interrupteur. Son logis s’éclaire.

« Attends, je ne suis pas venu seul, je vais prévenir mon frère, ce serait idiot qu’il te saute dessus parce que j’ai pris trop de temps. Je te rejoins là bas dans quelques minutes. 
- Pas de problème. »

Elle opine tout en répondant. La nuit sera sans doute longue, mais qu’importe. Elle a de quoi tenir. La cafetière est allumée, les verres à alcool, la bouteille et des tasses posées sur un plateau de bois. Un bocal en verre rempli de cookies faits maison (recette spéciale de sa mère adoptive, elle vous ferait dire) vient accompagner le reste. Le café est versé dans un thermos, et lorsqu’elle se retourne, elle le voit là, plongé dans la contemplation du coin, sa main remettant à la hâte du tabac dans sa poche.

« Tu peux fumer si tu veux. »

Elle s’approche de la table basse à côté de lui et y dépose le plateau. Elle s’installe sur un fauteuil tout proche, lui laisse le canapé. Selon ce qu’il lui a demandé plus tôt, elle lui tend soit du café, soit de l’alcool. Elle se sert un verre de whisky et tend le bras jusqu’à une bibliothèque à portée. Elle y attrape sur une rangée, un carnet moldu à la couverture rigide. Le dernier d’une ligne interminable contenant toutes ses notes de voyage depuis son premier périple à la fin des années soixante dix lorsqu’elle fuyait la guerre avidement, celui qui contient ses recherches en cours. Un stylo est passé dans l’élastique qui le tient fermé. Elle l’ouvre, commence une page vierge en y notant date et heure approximative. Une vieille habitude d’anthropologue.

« Tu préfères ouvrir le bal des questions, ou tu laisses l’honneur aux dames ? »

Mai Lan n’a jamais pu vraiment s’empêcher ces touches d’espièglerie. Elle a toujours été de nature plutôt joviale, et ces dernières années en compagnie de feu son grand-père, Lâm, ont contribué à faire sortir de sa coquille celle qui, à Poudlard, ne faisait pas de vague : sorcière faible, née moldue au milieu d’adeptes du sang pur… de bien sombres conditions pour découvrir un nouveau monde. Non, finalement, les euthanatoi ont fait pour elle plus que n’ont fait les hermétiques. Elle se souvient de l’accueil chaleureux réservé par son grand-père à cette jeune femme dont il ne connaissait rien. Elle n’a appris que bien tardivement leur lien de parenté… et elle n’a même pas pu se mettre en colère et vitupérer. On ne peut décemment pas en vouloir à un mourant.

1193 mots

Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
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Mar 2 Juin - 0:52

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Ceux qui vont mourir
te saluent.
Je suis de la mauvaise herbe, craves gens, braves gens, c'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbes. La mort faucha les autres, braves gens, braves gens, et me fit grâce à moi c'est immoral et c'est comme ça.
- 13.02.2004

Elle rit alors que tu découvres ses tatouages, et il te faut un instant avant de remettre les choses en place. Vous avez frôlé la catastrophe, vraiment. Elle prend la main que tu lui tends, avec une sorte de bonne humeur qui te détend un peu toi-même.

- Mai Lan Turner, mais vous le savez déjà. Avec plaisir. J’ai bien besoin d’un remontant. Whisky ? Ou bien du café si tu préfères ne pas boire en service.

Elle a bien du chien – et sa vie n’en a que plus de valeur à tes yeux, maintenant.

- Et bien je ne suis plus en service, il semblerait, alors va pour le whisky. On verra si le café est nécessaire plus tard.

Tu notes cependant, Mai Lan, pas Mary. Tu as été terriblement mal informé, c’est assez clair. Cependant, en terme d’informations, elle a elle aussi été un peu à la traîne. Quand tu l’interroges à ce sujet, elle t’apprend qu’elle revient juste d’un voyage de dix ans au Vietnam et au Cambodge. Ceci explique cela – cependant si elle avait pris la peine de commencer sa recherche des informations manquées par les plus récents évènements, votre rencontre aurait été moins étrange, plus pacifiste. Tu l’abandonnes un instant pour aller renvoyer ton frère à Merthyr Tyfdil et revient sur tes pas dans la pièce à vivre alors qu’elle prépare un plateau de boisson. Tu prends le temps d’admirer un peu les photographies fixes, les bibliothèques, les objets moldus – le quotidien duquel tu allais l’arracher. Maintenant qu’elle n’est plus ta cible, tu peux même te laisser aller à une forme de sympathie pour cette vie de décors et d’ouvrages.

- Tu peux fumer si tu veux.

Tu lui offres un sourire poli et t’installes sur le canapé à côté du fauteuil où elle prend elle-même place en ressortant de ta poche le tabac que tu venais de ranger. Tu es un peu surpris de la voir saisir un carnet et noter ce qui, de ton point de vue, ressemble à la date. Archiviste, elle a dit ? Pas vraiment surprenant. Il ne faudrait pourtant pas que le genre de discussion que vous allez avoir puisse être lue par une personne trop curieuse. Charmante, oui, téméraire, certainement, inconsciente, toujours autant. On pourrait croire pourtant que de se faire surprendre par un tueur à gage à l’heure de se coucher rendrait plus raisonnable, au moins temporairement. Bah, tu pourras sans doute lancer quelques sorts pour la protéger d’autres mauvaises rencontres – et un peu de sa propre propension à les causer.

- Tu préfères ouvrir le bal des questions, ou tu laisses l’honneur aux dames ?

Tu lui adresses un sourire amusé en saisissant mon verre de whisky, clope au bec. Elle parle comme si tu n’avais pas essayé de la tuer il y a quelques minutes, comme si tu ne t’étais pas introduit chez elle pour la surprendre. Tu cherches de ta main libre ton zippo dans ta poche pour allumer ta cigarette.

- Et bien d’une certaine façon, tu l’as déjà ouvert, non ? Je t’avoue que si toutes tes questions sont du même acabit, il va me falloir un peu plus de… contexte, dirons-nous. Et qu’en plus des questions, il m’apparaît clair qu’il va aussi falloir te donner quelques recommandations.

Tu te fends d’un immense sourire. Un rappel des évènements marquants de ces derniers mois, déjà, ne sera pas de trop. Quelques informations sur comment les choses fonctionnent, ici, si elle est habituée à travailler, à vivre, avec des euthanatoi de l’autre bout du monde. La prévenir pour toi aussi, qu’elle n’aille pas s’amuser à parler de Rhys Price comme d’un sorcier. Et quelques arrangements pour sa sécurité, qu’on ne rentre plus chez elle comme dans un moulin – fort heureusement, ce sont des sortilèges que la guerre t’a appris à manier si elle ne le peut effectivement plus. Il va peut-être falloir commencer par là, d’ailleurs. Son incapacité à faire de la magie, selon elle. Curieuse situation.

- Pour répondre à ton interrogation de toute à l’heure, il n’est pas normal de ne plus faire de magie après le rituel.

Tu fais tourner ton verre entre tes doigts en tirant une bouffée sur ta cigarette, et ton regard se pose sur tes tatouages sur tes mains. Les premiers, obtenus le jour de ton anniversaire. La jeune fille aux yeux clairs t’apparaît encore clairement, sa surprise, son sang sur le sol. La façon exacte dont les marques sont apparues sur tes mains te revient de façon bien moins nette que sa mort.

- C’est même plutôt l’inverse, en fait. Je n’étais pas capable de faire de la magie avant. Je veux dire, il y a avait bien les trucs que font les gosses, les turbulences quand tu as peur ou tu es en colère, mais c’est tout.

Tu n’avais pas de focus pour contrôler ta magie – mais sa situation est plus que particulière. Quel âge a-t-elle ? Le tien ? Un peu moins ? Un peu plus ? Tu n’arrives pas à le dire. En tout cas, ce n’est pas une jeune fille de quinze ans. Tu relèves les yeux vers elle, et prends une gorgée de whisky. D’un coin de l’œil, tu avises ta cigarette, rapidement.

- Tu aurais un cendrier ? Après tu étais bien une hermétique, avant, non ? Tu peux encore utiliser ta baguette ? Je n’ai pas vraiment regardé en détail, ton tatouage a-t-il été abîmé, tu t’es blessée peut-être ? Il s’est passé quelque chose pendant le rituel même ?

C’est quelque chose dont vous ne parlez pas, dans ta famille au moins. Quoique tu n’as jamais rencontré d’euthanatos pour te demander de te raconter comment cela s’était passé pour toi. Mais peut-être que les circonstances, déjà particulières compte tenu de son âge, pourront t’éclairer un peu. Tu reposes ton verre et ramène ta cigarette à tes lèvres en fronçant les sourcils.

- Est-ce que tu es toujours sensible à la magie ? Est-ce que tu peux la sentir ?

C’est un peu indescriptible, pour toi, la façon dont tu perçois la magie qui t’entoure, l’énergie, le flux. C’est quelques fois absolu, c’est souvent évident, c’est nécessaire, même, à l’heure de briser les sortilèges, pour voir, sentir la faille dans laquelle t’engouffrer. Tu ne sais pas comment les hermétiques perçoivent ça, avec leur baguette qui ne fait pas vraiment partie d’eux, qui n’est qu’un objet qu’ils peuvent tenir ou lâcher à volonté. Tu ne peux pas ôter des tatouages. Tu te dis que ce doit être terrible, quelque part, de dépendre d’un accessoire comme cela.

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Mai Lan Turner

Mai Lan Turner
ADMINISTRATRICE & MJ
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Mer 10 Juin - 10:41
MORITURI TE SALUTANT

C’est installés dans le salon – ou du moins ce qui en fait office – que Mai Lan peut sentir une certaine forme de normalité revenir. Whisky, donc. Elle s’est lovée dans un fauteuil, observe son vis à vis. Il semble dans son élément, détendu, cigarette au bec, verre à la main. Elle ne peut s’empêcher de sourire. Oui, elle a failli y passer. Mais l’adrénaline pulse dans ses veines. Elle en a un devant elle. Un vrai. Un euthanatos. Un qui pourra l’aiguiller, répondre à ses questions. Rhys Price est un repère dans un monde qu’elle ne comprend plus vraiment, et elle n’est pas prête à le laisser s’échapper tant qu’il n’aura pas répondu à toutes ses questions. Le café n’est sans doute pas de trop.

Elle l’écoute lorsqu’il commence à répondre.

« Et bien d’une certaine façon, tu l’as déjà ouvert, non ? Je t’avoue que si toutes tes questions sont du même acabit, il va me falloir un peu plus de… contexte, dirons-nous. Et qu’en plus des questions, il m’apparaît clair qu’il va aussi falloir te donner quelques recommandations. Pour répondre à ton interrogation de toute à l’heure, il n’est pas normal de ne plus faire de magie après le rituel. »

Elle est songeuse, le crayon virevolte sur ses phalanges pendant qu’elle réfléchit. Bon… si les tatouages ne sont pas censés l’handicaper, c’est sans doute qu’il y a d’autres mécanismes à l’oeuvre. Peut-être est-elle trop habituée à la baguette magique et doit-elle se réhabituer à un autre mode magique ? Que disent ses recherches ? Le focus est intimement lié à la tradition. La tradition est intrinsèquement mêlée à un regard sur le monde. Peut-être son nouveau focus ne fonctionne-t-il pas correctement parce qu’elle ne regarde pas le monde de la même façon ?

« C’est même plutôt l’inverse, en fait. Je n’étais pas capable de faire de la magie avant. Je veux dire, il y a avait bien les trucs que font les gosses, les turbulences quand tu as peur ou tu es en colère, mais c’est tout. »

Elle opine, pensive. Oui, l’obtention d’un tatouage semble similaire à l’obtention d’une baguette. Il y a une forme de logique à cela, après tout. A-t-elle revécu avec son grand-père ce qu’elle a vécu à onze ans chez le vieil Ollivander ? Peut-être… Sans doute. Elle pianote du bout des ongles sur l’appui-coude où repose son bras. Son cerveau carbure. Elle pensait que rien n’était aussi passionnant que d’étudier d’autres cultures, elle avait tort : se prendre comme sujet d’étude le temps d’une résolution de problème est tout aussi fascinant.

« Tu aurais un cendrier ? Après tu étais bien une hermétique, avant, non ? Tu peux encore utiliser ta baguette ? Je n’ai pas vraiment regardé en détail, ton tatouage a-t-il été abîmé, tu t’es blessée peut-être ? Il s’est passé quelque chose pendant le rituel même ? »

Comme tirée de tsa torpeur, Mai Lan se lève rapidement, elle agrippe le cendrier posé sur ton bureau et en profite pour saisir l’écrin où dorment tes deux baguettes. Elle vit vraiment à la moldue. Elle revient s’asseoir et pose le cendrier devant lui, l’écrin sur tes genoux. Elle attrape son verre pour en arracher une gorgée et écoute son dernier volet de questions.

« Est-ce que tu es toujours sensible à la magie ? Est-ce que tu peux la sentir ? »

L’universitaire est songeuse : elle a sans doute, à présent, toutes les cartes en main pour répondre à son vis à vis.

« Je suis née au Vietnam dans une famille de sorciers euthanatos mais mes parents sont morts alors que j’étais très jeune. J’ai été adoptée par une famille moldue anglaise, les Turner et ai grandi dans le monde moldu jusqu’à ce que je reçoive la visite d’un professeur de Poudlard m’annonçant que j’étais une sorcière. Je suis allée à Poudlard, à Gryffondor, pendant sept années. De façon globale, je n’ai jamais été une sorcière très puissante : j’ai du travailler très dur pour me maintenir au niveau et obtenir mes diplômes. »

Mai Lan dit cela de façon neutre. Adolescente, elle a maudit cette faiblesse magique, cette incapacité à obtenir de bons résultats tout de suite. Elle a été frustrée, elle a tempêté. Cela est derrière elle, à présent. Elle est qui elle est, le cul entre trois mondes : les moldus, l’Ordre d’Hermès, les euthanatoi. Il va bien falloir s’y faire.

« Immédiatement après mes études, je suis partie au Vietnam : j’y allais pour chercher des traces de mes parents, mais aussi pour m’éloigner la guerre, ici. Jedusor – tu refuses de l’appeler Voldemort désormais – avait pris pas mal de place, et j’étais considérée comme une née moldue, avec une cible sur le dos, donc. J’ai parcouru le Vietnam pendant plusieurs années, il a été difficile de remonter la trace de ma famille. C’est que mon adoption n’a pas forcément été très… légale si tu vois ce que je veux dire, et les papiers officiels à ma disposition étaient peu exacts. J’y ai retrouvé mon grand-père, un sorcier, un euthanatos, bien qu’il ne m’en ait pas parlé à l’époque. Nous sommes restés en contact, même lorsque je suis rentrée au Royaume Uni où j’ai fait ma maîtrise en histoire de la magie… sur les traditions et les pratiques magiques en Asie du sud-est. Une très bonne excuse pour continuer de me renseigner sur mes terres d’origine en alliant ma passion pour les enchantements. Une passion bien mal récompensée, d’ailleurs : je n’ai jamais été très douée dans cette matière. »

Elle tapote son crayon distraitement sur la page, laissant deux points de graphite sur le papier immaculé.

« Ce n’est que bien plus tard… il y a à peine quelques années, en réalité, que je suis revenue plus longuement au Vietnam : ma carrière de maître en histoire de la magie était installée, de même que ma carrière d’anthropologue dans le monde moldu. J’y ai obtenu un doctorat… je me suis toujours dit que ce serait plus simple en cas de nouvelle guerre, de disparaître dans le monde moldu. Enfin, je suis revenue au Vietnam et mon grand-père était très malade. Il connaissait mes recherches, je lui en parlais dans mes lettres, alors il a fini par me parler de sa tradition, de celle de mes parents, de celle qui aurait dû être la mienne si j’avais grandi auprès de lui. Il m’a montré sa magie, il m’a parlé de sa foi, de sa religion, du rôle des euthanatoi là bas, au Vietnam. Lorsqu’est venu pour lui le moment de partir, il m’a demandé de l’y aider. C’est comme ça que j’ai reçu... »

Sa voix s’est brisée, étranglée dans un sanglot. Sa seule famille disparue, envolée. Son dernier lien au Vietnam. Un lien qu’elle garde à même la peau. Ces tatouages nés du sang de ses ancêtres.

« C’était il y a un an ».

Février 2003, comment pourrait-elle l’oublier ? Le silence s’installe quelques secondes, Mai Lan ravale la boule montée dans sa gorge et reprend son récit d’une voix rauque.

« Immédiatement après avoir reçu les tatouages, je me suis rendue compte que je n’étais plus capable d’utiliser ma baguette magique. Il y avait, à l’époque, au Cambodge, un artisan qui fabriquait des baguettes, aussi suis-je allé le voir pour en faire faire une. Mon hypothèse est que les tatouages doivent agir sur la façon dont s’exprime ma magie. Avec cette nouvelle baguette, je puis lancer quelques sorts simples, mais rien d’extravagant. »

Mai Lan a les mains un peu tremblantes lorsqu’elle pose sur la table l’étui, ouvert, où sommeillent deux baguettes dont on sent que la propriétaire prend soin. Impeccablement cirées et propres, elle sommeillent dans leur écrin. Toutes deux sont assez courtes, l’une est en bois de saule et contient un crin de licorne. Sa baguette d’enfance, de jeunesse. Seule une estafilade sur le vernis témoigne de son âge. L’autre est plus récente, d’aspect plus brut, moins raffiné, moins neutre, plus caractériel. Elle est en bois d’aulne et renferme une épine dorsale de monstre de fleuve blanc. Une baguette puissante, lui a-t-on dit. Une baguette, en tous cas, qui lui répond, au moins un peu.

Elle songe à la dernière question de Rhys.

« On ne nous a jamais vraiment appris à sentir la magie à Poudlard… je veux dire, on agite la baguette, on prononce une formule, et hop, on a un effet. Je pense que peu ‘sentent la magie’ dans l’Ordre d’Hermès… en tous cas, moi, je ne l’ai jamais vraiment sentie : peut-être est-ce parce que je ne suis pas très puissante, ou bien à cause de la façon dont on nous enseigne à Poudlard… je ne sais pas trop. J’ai fait beaucoup de recherches théoriques, mais à chaque fois qu’il faut passer à la pratique… c’est plus compliqué…  »

Mai Lan a un petit sourire contrit et hoche gravement la tête. L'alcool lui a vraiment délié la langue ce soir.

« En tous cas, je pense que les tatouages sont intacts, je ne me suis pas blessée de quelque façon que ce soit, récemment, et tu ne m’as pas coupée en morceaux, alors je suppose qu’on peut sans doute écarter la piste de tatouages malmenés. »

Mais elle songe qu’il faudrait peut-être les faire examiner par un euthanatos…

1591 mots

Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
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Ven 4 Sep - 3:31

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Ceux qui vont mourir
te saluent.
Je suis de la mauvaise herbe, craves gens, braves gens, c'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbes. La mort faucha les autres, braves gens, braves gens, et me fit grâce à moi c'est immoral et c'est comme ça.
- 13.02.2004

Tu es arrivé au bout de tes questions, les premières en tout cas. Tu t’affaisses un peu en tirant sur ta cigarette, verre toujours à la main. Il te semble presque que tu pourrais la voir ordonner sa pensée, classer les informations que tu viens de lui transmettre, par tes seules interrogations. Elle se lance dans son récit, et il ne te faut pas très longtemps pour réévaluer certaines de tes précédentes suppositions sur elle. Ce que tu avais pris pour une admirable témérité te semble à présent être son potentiel principal défaut : c’est un vrai moulin à paroles. Tu en es un aussi, et d’ordinaire, tu apprécies les personnes qui parlent facilement. Mais à ce niveau-là, c’est du jamais vu, ou presque. Et autant tu estimes être une oreille attentive, autant tu as du mal à suivre son récit tant il fourmille de détails. C’est à peu près sa vie qu’elle est en train de te déballer là, quelques dizaines de minutes après que tu aies menacé de la tuer, dans le plus grand des calmes et avec force de détails. Tu n’en demandais pas tant. Tu l’écoutes, alors. Son adoption, Poudlard, de faibles facultés. Est-ce qu’elle était vraiment faible en magie, ou est-ce qu’elle se sous-estime – après tout, c’est à considérer ? Il n’y a pourtant pas de gène ou de rancœur particulière quand elle en parle, c’est comme un fait, pas quelque chose de douloureux en soit. Bon, peut-être une piste de réflexion alors. Partir, parce que la guerre, parce que née moldue, rencontrer son grand père… Sans qu’il lui parle de quoi ? De la tradition ? De leurs liens familiaux ? Est-ce que c’est vraiment une information essentielle ? C’est comme la légalité de son adoption, ou ses papiers… Tu ne peux pas t’empêcher de te trouver amusé et un peu attendri par cette façon si naturelle qu’elle a de te confier tout cela sans réfléchir, alors que tu lui as simplement donné ton nom. Charmant. Elle est revenue ensuite, elle a fait une maîtrise, sur les différentes traditions. Et elle est passionnée par les enchantements. Très bien. Voilà une information dont tu ne sais à nouveau pas vraiment que faire, mais tu essaies de l’enregistrer tout de même, au cas où. Des études, des métiers que tu ne connais pas, un retour. Quelle histoire. Quel âge a-t-elle ? Pas moins que toi, en tout cas. La possibilité de disparaître dans le monde moldu si jamais une guerre venait à éclater. Tu souris. Est-ce que tu supporterais de faire cela, tu le pourrais après tout ? Tu n’y es pas installé, mais tu y a des liens forts… Tu grimaces pour toi-même, cela te semble hors de question. Elle en vient enfin à ce qui sera sans doute le plus utile ce soir, sa découverte du monde euthanatos. Elle évoque la religion, la foi, le rôle. Tu ne peux t’empêcher de hausser un sourcil. Les choses sont sans doute différentes, là-bas. Tu ne sais pas si tu crois vraiment en une divinité, en soi. Tu crois que le monde fonctionne d’une certaine façon, et qu’il faut veiller à ce que cela continue. Il y a des endroits où tu sais que la tradition pousse plus loin la spiritualité. Cela te rend curieux, et tu hésites presque à la questionner sur comment ça se passe, là-bas. Tu te retiens pourtant : c’est un coup à ce qu’elle monologue pendant plusieurs dizaines de minutes, et il y a des questions prioritaires. Tu auras tout le loisir d’y revenir à l’occasion, tu l’espères. Et puis le rituel. Il m’a demandé de l’y aider. Les mots sont lourds de sens et il te semble à sa voix que sa gorge se noue. Tu plisses les yeux, reconnaissant le deuil. Tu songes à la jeune fille, alors que tu avais quinze ans, à comment son souvenir t’a marquée, même en dehors des tatouages. Il s’agissait de son grand père. Est-ce que cela peut avoir un effet ? Est-ce qu’il est courant, au Vietnam, d’acquérir ses tatouages par le sang d’un proche ? Est-ce que les sentiments que cela lui inspire peuvent contraindre sa magie ? Un an. Un an sans pouvoir réellement pratiquer la magie. Tu as beau te faire passer pour un cracmol, cette idée te terrifie. Un an sans magie… Ton visage s’assombrit un peu. Ce doit être infernal. Elle a acheté une autre baguette. Tu te penches en avant, et cendre la cigarette depuis longtemps éteinte dans ta main. C’est pour ça que tu fumes des roulées. Tout en réfléchissant à ce qu’elle vient de te dire, tu rallumes ce qu’il reste à l’aide de ton zippo. C’est un sacré nombre d’informations à traiter. Et elle n’a pas fini, alors que tu l’aurais cru.

- On ne nous a jamais vraiment appris à sentir la magie à Poudlard… je veux dire, on agite la baguette, on prononce une formule, et hop, on a un effet. Je pense que peu ‘sentent la magie’ dans l’Ordre d’Hermès… en tous cas, moi, je ne l’ai jamais vraiment sentie : peut-être est-ce parce que je ne suis pas très puissante, ou bien à cause de la façon dont on nous enseigne à Poudlard… je ne sais pas trop. J’ai fait beaucoup de recherches théoriques, mais à chaque fois qu’il faut passer à la pratique… c’est plus compliqué…

Tu grimaces malgré toi. Ce n’est pas contre elle, c’est juste… Les hermétiques. Ces imbéciles d’hermétiques. Comment une tradition où l’on n’enseigne pas à ressentir la magie, où l’on n’est dépendant d’un objet magique qui peut se casser, se perdre, être arraché si facilement, où il n’est question que de formules et de gestes, pas de comprendre ce que l’on met en action, peut-elle se retrouver en situation d’hégémonie pareille ? Tu portes ton verre à tes lèvres, et c’est assez de temps pour qu’elle t’affirme que ses tatouages sont intacts. Tu attends un instant, comme pour t’assurer qu’elle a fini. Et bien, par où commencer ? Tu reposes ton verre à présent vide devant toi.

- Tu ne t’arrêtes pas quand tu es lancée, pas vrai ? C’est impressionnant. A partir de maintenant, et parce que j’aimerais rentrer dormir une heure ou deux avant de partir travailler demain matin, on s’en tiendra autant que possible à une version plus courte, tu veux bien ? Ouah. Et c’est moi qu’on traite de bavard. Bon. Déjà si tu veux, je te donnerai le contact de quelqu’un qui peut arranger tes tatouages si jamais ils sont abîmés un jour, où s’ils s’avéraient l’être maintenant. Dans tous les cas, vérifier leur état en détail ne fera pas de mal. Tu me prêtes ton carnet que je te le note ?

Tu écrases ta cigarette dans le cendrier et lui tend la main, souriant mais songeur.

- Les tatouages ont un effet sur la façon dont s’exprime ta magie. Ils sont l’interface entre ta capacité magique et la magie autour de toi. Tu devrais pouvoir faire de la magie grâce à eux, sans baguette. Tu devrais pouvoir ressentir la magie, aussi. Peut-être que tu peux encore apprendre, d’ailleurs. On pourra essayer quelque chose tout à l’heure si tu veux, et je suis certain que tu dois pouvoir être formée à les utiliser. Après tout, on est formés nous aussi. Pas à Poudlard, mais tout comme. A la philosophie derrière, en premier lieu, mais aussi à canaliser, à moduler, à ressentir tout ça… Peut-être que tu as juste besoin d’un petit apprentissage ? Maintenant, je ne peux pas m’empêcher de me demander quelque chose. Tu sais si tous les rituels se passent comme le tien au Vietnam ?

Tu lui désignes du regard tes mains que tu étends devant toi, pour montrer tes tatouages. Tu as du mal à croire que tu vas aborder ce sujet avec quelqu’un que tu voulais tuer il y a si peu de temps.

- Je ne la connaissais pas avant de… Je ne sais même pas comment elle s’appelle. Je ne sais pas si ça joue. Mais ce lien que tu as à ton focus, il est différent de celui que moi j’ai. Alors peut-être aussi qu’une partie de ce que je peux te dire ne pourra pas raisonner en toi. Peut-être que ça a un effet sur ton rapport à la magie, aussi.

Tu tournes tes mains pour détailler les marques que tu connais par cœur. Tu inspires et fermes les yeux un instant. Il faut que tu prennes quelques instants pour y réfléchir. Tu relèves les yeux vers Mai Lan et reste un moment interdit à la fixer. Il y a sans doute des euthanatoi qui possèdent une baguette, tu sais que cela se fait. Ceux-là pourraient aussi lui apporter des réponses si tu les trouvais – si elle les trouvait.

- J’ai l’impression que j’ai un bon milliard de recommandations à te faire, en plus d’une petite remise en contexte des derniers évènements. Alors avant que j’y vienne, le temps que je finisse d’assimiler toutes les précieuses informations que tu m’as données, quelles étaient tes autres questions ? Que je puisse monologuer comme toi à mon tour.

@Mai Lan Turner - 1 527 mots
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Mai Lan Turner

Mai Lan Turner
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 101
Lun 14 Déc - 7:10
MORITURI TE SALUTANT

La gorge est desséchée lorsque sa voix meurt à la fin de son monologue. Mai Lan n’a pas l’habitude d’être aussi volubile, surtout pas avec des étrangers, mais il faut bien qu’il ait les informations pour bosser, non ? Si elle lui demande de l’aide, autant le faire bien. Et puis… sortir tout ça de son coeur, de sa poitrine, ça lui fait du bien. Même si elle apprécie vraiment, profondément, ses parents moldus, elle sait qu’elle ne pourra jamais leur parler vraiment de son grand-père. Ils ne comprendraient pas. Pas tout. Pas ça. Elle est à peu près certaine que les quelques amis qu’elle a conservés de ses études, comme @Moira A. Oaks ne comprendraient peut-être pas non plus.

Ses doigts jouent avec un coin de page du carnet qu’elle a sur les genoux lorsque Rhys reprend finalement la parole après s’être tu pendant tout son monologue. Elle rougit, un peu embarrassée de s’être perdue dans son récit comme ça lorsqu’il lui en fait la remarque.

« Tu ne t’arrêtes pas quand tu es lancée, pas vrai ? C’est impressionnant. A partir de maintenant, et parce que j’aimerais rentrer dormir une heure ou deux avant de partir travailler demain matin, on s’en tiendra autant que possible à une version plus courte, tu veux bien ? Ouah. Et c’est moi qu’on traite de bavard. Bon. Déjà si tu veux, je te donnerai le contact de quelqu’un qui peut arranger tes tatouages si jamais ils sont abîmés un jour, où s’ils s’avéraient l’être maintenant. Dans tous les cas, vérifier leur état en détail ne fera pas de mal. Tu me prêtes ton carnet que je te le note ? »

Mai Lan lui tend le carnet en marmonnant un « désolée », les joues toujours un peu empourprées et le regarde noter l’information sans mot dire.

« Les tatouages ont un effet sur la façon dont s’exprime ta magie. Ils sont l’interface entre ta capacité magique et la magie autour de toi. Tu devrais pouvoir faire de la magie grâce à eux, sans baguette. Tu devrais pouvoir ressentir la magie, aussi. Peut-être que tu peux encore apprendre, d’ailleurs. On pourra essayer quelque chose tout à l’heure si tu veux, et je suis certain que tu dois pouvoir être formée à les utiliser. Après tout, on est formés nous aussi. Pas à Poudlard, mais tout comme. A la philosophie derrière, en premier lieu, mais aussi à canaliser, à moduler, à ressentir tout ça… Peut-être que tu as juste besoin d’un petit apprentissage ? Maintenant, je ne peux pas m’empêcher de me demander quelque chose. Tu sais si tous les rituels se passent comme le tien au Vietnam ? »

Elle laisse ses ongles pianoter sur sa joue, creusant dans sa mémoire ce qu’elle peut extraire des rocs de ses souvenirs. La vague d’adrénaline à l’idée de parvenir, peut-être, à sentir la magie, à essayer d’apprendre ou réapprendre à faire de la magie avec Rhys l’a réveillée tout à fait. Elle observe avec intérêt les tatouages du jeune homme lorsqu’il lui montre ses mains.

« Je ne la connaissais pas avant de… Je ne sais même pas comment elle s’appelle. Je ne sais pas si ça joue. Mais ce lien que tu as à ton focus, il est différent de celui que moi j’ai. Alors peut-être aussi qu’une partie de ce que je peux te dire ne pourra pas raisonner en toi. Peut-être que ça a un effet sur ton rapport à la magie, aussi. »

Elle opine simplement, voit Rhys fermer les yeux pour réfléchir, juguler ses souvenirs peut-être. Elle ne sait pas si elle aurait préféré tuer un étranger pour ces tatouages. Son geste était un acte de merci, elle peut au moins supporter sa conscience. Mais comment aurait-elle fait si cela avait été quelqu’un d’autre ? Un inconnu ? Une vie fauchée sans autre raison que la nécessité ? Aurait-elle pu les supporter ? Aurait-elle pu supporter ces tatouages sur sa peau, ce memento d’un premier crime ?

« J’ai l’impression que j’ai un bon milliard de recommandations à te faire, en plus d’une petite remise en contexte des derniers évènements. Alors avant que j’y vienne, le temps que je finisse d’assimiler toutes les précieuses informations que tu m’as données, quelles étaient tes autres questions ? Que je puisse monologuer comme toi à mon tour. »

Elle ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire à la petite pique de Rhys en haussant les épaules. Au moins, elle arrive à se détendre en sa présence, ce qu’elle n’a pas réussi à faire en la présence d’un sorcier ou d’une sorcière depuis qu’elle a ces tatouages. Elle a toujours peur d’être identifiée comme un euthanatos… qui n’ont, semble-t-il, pas très bonne presse au Royaume Uni. Mais c’est fini, elle n’est plus seule, et elle peut sentir le soulagement papillonner dans son estomac.

« Promis, je fais court ; je ne pense pas que tous les rituels au Vietnam se passent comme le mien. Ça a été l’occasion qui a fait l’euthanatos, si je puis dire : mon grand-père était mourrant et il tenait à partir dignement. »

Tu marques une pause, le temps de rassembler tes esprits et de dessiner un sourire espiègle sur ton visage en te calant dans le fauteuil que tu occupes.

« hm… quant aux questions, eh bien monologue d’abord, on verra ça après ou un autre jour, histoire que tu puisses dormir un peu cette nuit, tout de même. J’ai une chambre d’amis, d’ailleurs, s'il y a besoin. »

Tu as récupéré ton carnet, de quoi écrire. Tu es prête à noter tout ce que tu jugeras nécessaire.

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