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Promesse dans l'oubli [Theodore]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Jeu 28 Mai - 3:53
Promesse dans l'oubli
14 Janvier 2004

Tu n’y crois qu’à peine. Presque huit mois déjà que ton petit commerce à ouvert  dans l’allée des embrumes. La pancarte placardé sur la devanture affiche le nom de l’enseigne fièrement. The Voodoo Lair. Le repaire vaudou. Nom proposé par ta mère alors que tu te creusais bien trop les méninges. Simple mais efficace. Facile à dire. Facile à retenir. Tu as opté pour celui ci sans plus d’hésitation. Et si Sierra fût très heureuse de te savoir patronne de ta propre enseigne, ça n’a pas été le cas de tous. À commencer bien évidemment par la tante Aïssata qui a vu d’un mauvais oeil le fait que tu ailles t’installer pour de bon dans “un pays de voleur”. Elle garde toujours en elle une rancoeur terrible vis à vis du jeune anglais que tu avais escorter quelques années plus tôt. Rancoeur qu’elle a étendu à tout le pays, d’autant plus renforcée par les quelques secrets que tu as bien voulu révéler à propos de Luke, de sa mort et de la perte de ton bébé. Ta tante, et comme beaucoup d’autres, n’ont pas non plus vraiment compris pour quelles raisons tu tenais tant à t’installer dans un pays qui raillait ta culture sans cesse et se moquait bien de vos fantaisies vaudou. Evidemment qu’ils ne pouvaient pas comprendre. Ils ne sont jamais sortis de la tribu. Pour la majorité, n’ont jamais voyagé. Ils ne savent pas comment c’est autre part. Ils s’en font des idées malsaines. Grossissent les traits des quelques histoires qu’ils peuvent entendre. Exagèrent tout et surtout inculquent une certaine détestation pour le monde qui n’est pas le leur. Ils ne peuvent pas voir qu’ici, tu as une opportunité de vivre ta vie comme tu l’entends. Pas en étant l’hybride douteuse d’une Babajaro et d’un américain quelconque dont on ne connait même pas le statut de sang. Pour autant que tu saches, il pourrait très bien s’agir d’un non-magique. Non. Horreur. Tu n’oses y penser. Rien que cette idée te fait dresser les cheveux sur la tête. Tu es très tolérante mais il y a des limites.

Mais le temps n’est plus à la rêverie quand, peu avant la fermeture, tu entends la clochette retentir, signe qu’une personne est entrée dans le magasin. Noctis, ta jeune mainate, quitte ton épaule sur laquelle elle s’endormait presque pour s’envoler jusque sur son perchoir. Elle aime s’y percher et observer la clientèle, silencieuse. Elle ne parle pas beaucoup. Tu essaies pourtant de l’éduquer mais c’est qu’elle est aussi têtue que sa maîtresse. Une femme d’une quarantaine d’année se tient dans l’entrée. Elle semble perdue, déboussolée. Comme si elle était arrivée jusqu’ici par erreur. Si sa gestuelle est plutôt de ce goût là, ses yeux la trahissent. Tu y vois une faible personne. Naïve. Elle n’y connait rien à ta magie. Mais elle cherche quelque chose, c’est sûr. « Bonjour ! Puis-je vous être utile ? » Lui lances-tu. Cette dernière décroche son regard de toutes tes babioles pour les poser sur ta silhouette. Elle déglutit, semble mal à l’aise et t’explique enfin pourquoi elle a mis les pieds ici. Elle cherche une chose, c’est ainsi qu’elle le demande, pour protéger sa famille. Le monde devient fou. Elle te dit qu’elle craint pour ses enfants. Qu’elle craint pour son époux. Elle commence à te parler des réformes et de la politique de ces derniers temps. Et toi, tu hoches la tête, déjà agacée par cette femme. Tu fais semblant de l’écouter. Tu fais semblant d’être aimable. Après tout, chaque mornille compte. Lorsqu’elle finit enfin de jacter, tu la rediriges vers une multitude de grigris bon marché et peu efficace. N’importe quel initié aurait vu la supercherie. Mais pas elle. Initiée, elle ne l’est pas. Tu es persuadée qu’elle ne croit même pas vraiment aux pouvoirs de ces objets. Qu’importe. Elle repartira avec un fétiche de Boli Shah, lwa qui veille sur les familles, seul artefact utile du lot, ainsi que des encens et autres bougies pour les rituels. Sans oublier les petites amulettes porte-bonheur qu’elle a pris pour ses mômes. Une femme bien simplette si tu devais donner ton avis. C’est avec une joie non dissimulée que tu encaisses cette somme bien trop élevée pour la qualité de la chose.

La cliente ne daigne partir qu’au bout de trois quarts d’heure. Tu as beau être bavarde, elle a réussi à t’exaspérer. Et avec ces bêtises te voilà obligée de fermer plus tard et donc de rentrer plus tard. Tu ne rêves que de ton lit et des bras de Morphée que tu ne peux malheureusement pas rejoindre tout de suite. Il te reste encore l’inventaire et les comptes à faire. Effleurant ton médaillon du doigt, les volets se ferment et la lumière s’allume. Dehors, la nuit est déjà tombée depuis quelques temps. Mais tu montres ainsi aux quelques rares passants qui traineraient encore dans l’allée des embrumes que ta boutique est fermée. Au départ de la femme, Noctis est revenue se poser sur ton épaule, se cajoler. Et toi pendant ce temps, tu prépares ta plume à papote et ton carnet de notes. Tu lui dictes le nombre de chacun des articles encore présents sur les étagères avec minutie tandis qu’elle les retranscrit sur papier. Bien plus pratique que ces méthodes moldus où il faudrait tout écrire à la main. Que d’absurdités.

« Trois amulettes de Clérmezine. Il faut qu’on en recommande, écris le. » Les ordres sont donnés, la plume s’agite. Or, elle se stoppe nette au bruit de la clochette qui retentit de nouveau. Tu ne peux empêcher un soupir d’agacement de t’échapper. Les volets fermés ne sont donc pas clairs ? Que faut-il de plus pour qu’ils comprennent ? « Désolée nous sommes ferm… Monsieur Beurk. Quelle plaisante surprise. » Le jeune homme se tient droit  devant toi. Il est audacieux de se montrer ici après ce qu’il a fait. Il est vrai également que tu n’as pas choisi l’endroit idéal pour ne pas le croiser puisque ta boutique est presque voisine à la sienne. Ce qu’il a fait, voler une relique, aussi insignifiante et peu puissante soit-elle, n’est pas un geste que tu peux tolérer. Enfin si, tu le peux, mais pas quand cela a des répercussions sur toi. Le nombre de fois où l’on te l’a reproché pendant le reste de ton séjour chez les Zierbawa. Comme si c’était de ta faute. Comme si tu étais de mèche avec cet homme. Non. Tu ne l’avais jamais rencontré avant et là est seulement la deuxième fois que tu le vois. Tu ne comprends pas ce qu’il fait là. Et à vrai dire tu n’es pas vraiment certaine de vouloir le savoir. Tu es occupée et en plus tu es rancunière. Un savoureux mélange peu propice à la discussion.

(c) DΛNDELION


1127 mots

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Ven 29 Mai - 18:59

promesse dans l'oubli
- 14 janvier 2004 - @Nia Babajaro



Comme ils semblent bruyants, ses pas qui pourtant effleurent doucement la couche de neige de l’Allée des Embrumes. A cette heure ci, il ne s’agit plus vraiment de la brillante poudreuse qui recouvrait les pavés aux premières lueurs du jour. Les foulées des passants et les rayons éclatants du mois de janvier avaient mis à mal les flocons déposés pendant la nuit, transformant la glace en une bourbe informe et grisâtre. Le chemin qu’il parcourt n’est pourtant pas bien long, mais la brise gelée de la nuit londonienne lui rougit le visage, et lorsqu’il s’arrête devant la boutique aux volets fermés, l’ourlet bas de sa cape est déjà lourd de l’eau qui s’écoule dans la rue. Par Salazar, comme il voudrait être partout ailleurs plutôt qu’ici. Ce n’est pas de gaité de coeur qu’il s’adonne à la tâche qu’on lui a confié, mais malgré ses réticences, il sait qu’elle est nécessaire. Il a guetté depuis plusieurs heures le moment où le dernier client quitterait les lieux et que les volets se fermeraient, lui libérant la voie pour effectuer sa mission peu reluisante. Puis il avait traversé la rue d’un pas vif et souple, la main serrée sur sa baguette posée sur son coeur. La sienne, cette fois, pas cette branchette rabougrie qu’il devait se coltiner lors de ces voyages. La sienne, bien plus fidèle, bien plus belle, et dont les armoiries de la famille ornaient la garde épurée. La sienne, à qui il voue une absolue confiance, conscient qu’elle ne le trahira jamais.

Theodore n’avait d’abord porté aucune attention à l’enseigne qui avait choisi d’ouvrir ses portes un peu plus haut dans l’Allée. Avec les nouvelles lois sur les restriction du commerce magique concernant la magie noire, les boutiques les plus petites ou les plus récentes n’avaient eu d’autre choix que de mettre la clé sous la porte, laissant les commerces les plus influents tels que Barjow et Beurk prospérer tranquillement. Puis, les places vacantes s’étaient de nouveau remplies et on avait vu un grand nombre de ces bazars exotiques aux airs d’attrape-moldus fleurir tout au long de l’Allée des Embrumes. Quelle ironie que toute cette racaille aux traditions étrangères choisisse précisément l’allée la plus ancienne, la plus sinistre et surtout la plus conservatrice de Londres pour venir établir leurs minables échoppes. Heureusement pour eux, les sorciers sont idiots et tout de suite prêts à se délester de quelques piécettes en échange d’un faux charme de protection ou d’une babiole de fortune inutile. Seul chez Barjow et Beurk peut-on encore trouver des objets de valeur et au réel pouvoir, reliques anciennes et puissantes, artefacts étrangers et authentiques. Marchandise de choix, pour clients choisis, pas comme ce repaire vaudou qui ne survivait que grâce à l’ignorance des petites gens.
Des semaines s’étaient écoulés avant qu’il ne remarque ce nouveau commerce, et plusieurs mois encore avant qu’il n’aperçoive la propriétaire et que son sang ne fasse qu’un tour. Le souvenir de la jeune Babajaro du village des Zierbawa était encore bien présent dans son esprit, son visage ainsi que celui furieux de la femme qui l’accompagnait lui revenant à chaque fois qu’il contemplait d’un air satisfait la pièce d’or ouvragée qu’il leur avait éhontément dérobée. L’acte était fort répréhensible, il en avait conscience, mais les réprimandes et la vengeance de la nigériane ne faisaient pas partie de ses craintes.

Ce voyage en terres étrangères avait été effectué sous le couvert du secret. Tout avait été pensé pour qu’il ne laisse derrière lui que les traces de ses pas dans la poussière brûlante des plaines africaines. Le portoloin qu’il avait utilisé avait été créé de manière illégale, il n’avait pas donné son nom, et la baguette qu’il avait utilisée n’était pas la sienne, mais celle d’un inconnu qui à l’heure qu’il était, devait être mort ou en exil. Toutes les précautions avaient été prises, toutes les éventualités avaient été pensées pour garder clandestin le récit de cette excursion. Toutes, sauf celle où la jeune femme qui lui avait servi de guide venait s’installer à deux pas de l’endroit où il passait la plus grande partie de son temps. Cette réalisation avait rapidement entraîné les rouages de sa réflexion et il avait cherché une solution simple, sûre et radicale. Car ignorer la belle en espérant compter sur son silence ou un défaut de sa mémoire n’était pas envisageable. Un seul mot de sa part, une révélation, et Theodore laissait derrière lui son manoir, ses dettes et ses créations pour tenir compagnie à son père dans une cellule noire et froide de la prison d’Azkaban. Il avait eu beau tourner le problème dans tous les sens, chercher en vain une faille, une aspérité à exploiter, seule une issue s’imposait à lui de manière claire et certaine.
Il avait évoqué le sujet avec Beurk, que la situation avait contrarié. Non pas car il craignait que son jeune apprenti ne les quitte prématurément pour les murs accueillants du milieu carcéral, mais car ce dernier avait au cours des derniers accumulé les dettes auprès de lui, et qu’avec son éventuelle incarcération disparaîtraient aussi tout espoir d’un remboursement. Il avait été clair. La gamine ne pouvait pas parler. Elle ne pouvait pas reconnaître Theodore. Elle devait l’oublier.

C’est avec ces mots en tête qu’il pousse la porte de la boutique déjà fermée, faisant résonner dans le silence le tintement clair de la clochette qui surplombe l’entrée. Le grattement d’une plume s’interrompt, et un soupir audible s’échappe des lèvres de la silhouette solitaire de la pièce. Theodore laisse son regard se promener sur les étagères, détaillant les amulettes, statuettes et autres babioles qui s’entassent joyeusement contre les murs. Derrière lui, la rue est silencieuse, et seule la voix de la jeune Babajaro vient troubler la tranquillité qui les entoure. Ainsi, elle ne l’a pas oublié. Il aurait été bien plus simple que ce soit le cas. Il constate avec satisfaction que son anglais s’est amélioré depuis ce jour étouffant de septembre 2000. Ça n’est pas la seule chose qui a changé chez elle. Sans doute est-ce car elle n’est plus sous la surveillance de cette affreuse petite femme, mais elle semble plus grande, plus sérieuse, et ses yeux se sont emprunts d’une triste mélancolie. Plus de deux ans s’étaient écoulés depuis sa visite, et si elle est changée à ce point, probablement l’est-il aussi. Il sait ses cheveux plus longs, son regard plus vif et ses gestes plus sûrs. Et si les dernières nouvelles l’ont ébranlés -maudite soit cette Malefoy, Salazar lui-même aura sa perte !- il se tient maintenant plus droit et plus fier qu’il ne l’a jamais été. Et pourtant, elle l’a reconnu.

En entendant le patronyme dont elle l’affuble, il pose ses yeux sur elle, peinant à réprimer un sourire. Beurk… L’idée d’être associé d’une manière ou d’une autre à ce vieillard répugnant le fait presque frissonner. S’il peut relier son nom à celui d’un grand nombre de familles de sang-pur anglaise, celui de Beurk n’en fait certainement pas partie. Mais emprunter cet alias est le seul moyen de garantir que ses échanges commerciaux se passent correctement. Personne n’oserait remettre en question la parole du neveu de l’illustre propriétaire de cet ancien commerce.
En croisant le regard de la jeune femme, il regrette presque ce qu’il s’apprête à faire. Ce n’est pas sa faute si elle s’est trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle aurait pu choisir n’importe quel pays pour venir installer son commerce, mais elle avait choisi l’Angleterre. Elle aurait pu déployer sa boutique dans n’importe quel village sorcier britannique, mais elle avait choisi Londres, et plus précisément l’Allée des Embrumes. Un enchaînement de coïncidences qui avaient conduit à ce moment précis et qui obligeaient maintenant Theodore à se salir les mains. Bien sûr, il ne s’agira que d’une légère empreinte, à peine discernable parmi les salissures qui maculent déjà son passé, mais il n’aime pas se charger lui-même de ces tâches ingrates. Elle ne mérite pas vraiment cette intervention. Malgré l’agacement qu’elle ressentait clairement, malgré les circonstances particulières de leur rencontre, elle s’était montrée aimable avec lui, et plus accueillante que le reste des habitants de son village, qu’ils aient été de chair et d’os ou peints et hissés aux murs.

Ses doigts se serrent un peu plus sur le bois doux de sa baguette. Le sortilège d’amnésie n’est pas celui qu’il maîtrise le mieux, mais seules quelques minutes de la vie de la jeune femme doivent s’évaporer, et il en est largement capable. Dans un éclair bref, elle oublierait tout. Son nom, sa rencontre avec le jeune Alabaster, les sept-cent cinquante gallions, ainsi que la pièce qui l’attend sagement, posée en évidence sur son atelier. Il ne peut nier qu’il a fini par s’attacher à cette petite relique au pouvoir dérisoire. Où qu’il aille, Marinette l’accompagne, présence rassurante qu’il effleure du bout des doigts dans les moments de doute ou d’ennui. Il n’a plus lancé la pièce depuis le jour où elle avait délicatement disparu dans sa manche, remplacée par une copie parfaite, mais éphémère sur le plateau d’argent, mais son poids léger au fond de sa poche lui arrache immanquablement un sourire de contentement. Il s’était renseigné sur Marinette plus en détails au retour de son voyage, et s’était rapidement pris d’affection pour cette déesse cruelle aux bras décharnés et à la féroce envie de sang, délaissée par ses fidèles car trop effrayante. Il avait choisi de considérer l’apparition de son vévé lors de l’échange comme un signe encourageant, et non pas comme l’opposition qu’il aurait normalement dû interpréter. Et cela lui avait plu de contrarier ainsi les Lwas. Mais cette fois, il a décidé de laisser la pièce derrière lui pour quelques minutes, le temps de s’acquitter de cette tâche pénible. Rendre visite à la jeune Babajaro dans l’unique but de lui ôter quelques souvenirs embarrassant est déjà un acte assez déplaisant en lui-même, bien que nécessaire, et malgré tous les attributs qu’on veut bien lui donner, Theodore n’avait pas souhaité pousser l’irrespect jusqu’à venir entre ses murs lestés de la relique qu’il lui avait ôtée.

L’hésitation ne sera pas permise à Theodore ce soir. Il agira rapidement, silencieusement et sans laisser derrière lui la moindre trace. Une fois le sortilège lancé, il quittera les lieux aussi silencieusement qu’il y est entré, accompagne uniquement par le son de la clochette de la porte d’entrée, suivi par le regard vide de Nia Babajaro. Il traversera à nouveau la rue, dans l’autre sens cette fois, et regagnera avec bonheur les murs de l’atelier, qu’il quittera ensuite pour retourner chez lui. Dans quelques jours, il ira rendre visite au repaire vaudou et saluera la jeune vendeuse d’un sourire gracieux de ceux dont il a le secret, lui tendra une main cordiale, accompagnée d’une chaleureuse salutation et d’une penaude excuse pour ne pas être venu plus tôt lui souhaiter la bienvenue sur l’Allée des Embrumes. Un rire peut-être, un regard pétillant, et Nia Babajaro se réjouira d’avoir fait la connaissance de ce charmant voisin, Theodore Nott.

Sans répondre au salut de la jeune femme, il tire sa baguette de sa cape d’un mouvement de bras rapide et souple, avant de la pointer sur la jeune femme.
« Oubliettes ! »

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Ven 29 Mai - 22:56
Promesse dans l'oubli
14 Janvier 2004

Il se tient devant toi. Droit comme un piquet. La fierté se fait ressentir dans sa posture, dans son regard. Il n’est plus un gamin comme la dernière, et seule, fois où tu l’as vu. Il a perdu sa bouille d’enfant pour laisser place à un visage plus adulte, plus sérieux. Et pourtant, tu n’as aucun mal à remettre un nom sur cette tête. Alabaster Beurk. Neveu de l’infâme vieil homme qui tient la boutique voisine. Tu n’as rencontré Messieurs Barjow et Beurk une fois seulement. C’était une fois de trop probablement. Profondément antipathique et odieux, ils se moquent bien d’avoir une bonne relation avec leurs comparses commerçants au contraire de Rhys par exemple. Par Erzulie, qu’ils t’agacent.  

L’espace d’un instant, le temps semble s’être arrêté. Tout va vite. Trop vite presque. « Protego ! » Le souffle court, tu tapotes par deux fois la pierre avec ton index gauche. L'adrénaline a parlé. Et ton corps à bouger par réflexe. Cette baguette, pointée sur ta personne, te rappelle de bien trop mauvais souvenir que tu n’arrives déjà pas à supporter en tant normal. Tu n’as vraiment pas besoin qu’un stupide aristocrate anglais  vienne te les raviver. La dernière fois que l'on t’a menacé de la sorte, ça c’est mal fini pour tout le monde. Pire encore, tu as absolument aucune idée de pour quelle raison il a décidé de venir chez toi, dans ta boutique, pour t’attaquer. Il avait le temps de le faire avant. Pourquoi maintenant ? Pourquoi après huit mois de ta présence ici ? Pourquoi toi ? Tu n’as rien fait, rien qui mérite que l’on te fasse perdre la mémoire. Oui il t’a volé une relique. Mais si tu avais cherché à la récupérer ou même à le dénoncer, tu l’aurais déjà fait. Ce jeune homme n’est définitivement pas finaud. Probablement n’est-il que l’un de ces serial killers psychopathes que les non-magiques aiment tant décrire dans leurs romans. Le cas échéant, tu devrais peut-être commencer à craindre pour ta vie non ? Qu’importe.

Grâce à ta réactivité, tu as pu contrer son sort et ainsi, garder tous les souvenirs qu’il cherche tant à effacer. « Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! » Familière, le vouvoiement est rangé au placard. Et après tout est-ce bien grave ? Il ne peut pas te demander le respect tout en venant t’attaquer. Décidément, les sorciers anglais sont tous étranges. D’abord Luke. Maintenant Alabaster. Tu ne sais pas ce qu’on met dans leurs assiettes à Poudlard mais il serait grand temps d’arrêter. Pour le bien du reste de la population. « On n'attaque pas les gens comme ça ! » Comme si tes mots allaient résonner en lui. Comme s’il allait t’écouter et se dire que ce que tu dis n’est pas complètement bête. Qu’il va faire demi tour jusqu’à sa propre boutique et te laisser tranquille. Bien sûr que non. Cette baguette, qu’il ne baisse pas, n’est pas pointée sur toi par hasard. Il est là pour une bonne raison et ne partira sans aucun doute pas avant d’avoir réalisé son objectif. Quel qu’il soit. Ton regard sombre soutient le sien, infiniment plus clair. Tu vois dans ses yeux la détermination. Tu vois qu’il ne semble pas vouloir renoncer. Pathétique.

Ta mâchoire est serrée. Les bras ballants le long du corps, tu veux éviter toutes hostilités. Tu n’es pas venu ici, dans ce pays, dans cette rue, pour te battre. Bien au contraire. C’est un nouveau départ que tu as décidé de prendre en Janvier 2002 dans la ville de feu ton mari. Jusque là, tout se passait à merveille. Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un homme pour tout gâcher ? Alerte, tu es prête à agir au moindre mouvement du jeune homme. Et c’est également le cas de Noctis qui était retournée se percher comme à son habitude en entendant la clochette tinter. Elle observe la scène avec un intérêt certain. Si petite, si sombre, immobile, elle se fond presque dans le décor mais ne perd pas une miette du spectacle. Elle est étonnante Noctis. Loin d’être stupide, il semblerait qu’elle comprenne beaucoup de choses. Pourtant trop têtue, elle refuse d'exécuter les quelques tours que tu tentes de lui apprendre. Idem pour la parole. Faculté que tu aimerais qu’elle intègre. La main de l’homme bouge légèrement. Et ça, ton oiseau le remarque sans grande peine. Elle s’envole, lui fonce dessus, tentant de l’attaquer. Jamais tu ne l’as vu ainsi. Protectrice, elle se fait héroïne de sa maîtresse. Tu ne l’en empêches pas. Après tout, il s’apprêtait sans nul doute à t’attaquer une fois de plus. S’il ressort d’ici avec des griffures sur le visage, ce sera bien fait pour lui.
(c) DΛNDELION


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Sam 30 Mai - 2:50

promesse dans l'oubli
- 14 janvier 2004 - @Nia Babajaro



Quelque chose ne va pas. A peine l’incantation a-t-elle quitté ses lèvres qu’il s’en rend compte. Ça n’est pas une certitude, c’est un picotement de doute qui le prend au bas de la nuque, un pressentiment frissonnant qui lui dresse les cheveux sur la base du crâne. Peut-être est-ce l’étincelle qu’il voit dans le regard qui lui met la puce à l’oreille. Peut-être est-ce cette dernière expiration qu’elle retient. Peut-être est-ce cet infime frémissement de ses doigts. L’intuition est minime, mais juste. L’éclair d’oubli s’échappe et frappe de plein fouet le bouclier de la jeune femme. Un instant, la main de Theodore tremble. Il a échoué. Il écarquille les yeux, laissant l’inquiétude l’envahir. Tout au long de la journée, il avait déroulé la scène dans son esprit, minutieusement préparé chaque détail. Il avait pensé chacune de ses actions, prévu chacun de ses gestes. Mais dans aucun de ces scénarios Nia Babajaro n’était assez rapide pour riposter.

Le combat magique n’avait jamais été l’un de ses points forts. Comme bon nombre de ses camarades de Poudlard, il avait ressentit une intense curiosité mêlée d’excitation lorsque le professeur Lockhart avait ouvert le club de duel au cours de sa seconde année. Pourtant, sa satisfaction s’était bien vite muée en lassitude. Parmi les sorts qu’il lançait, rares étaient ceux qui touchaient leur cibles et il devait souvent subir l’humiliation d’être frappé le premier par son adversaire. Ses réflexes étaient lents, ses hésitations trop longues. Jamais il ne ferait un bon duelliste. A sa grande surprise, il avait accepté cette assertion sans difficultés. Sa place n’était pas sur les podiums de duel, mais penché sur ses objets, ses merveilles. A l’époque, personne ne l’avait compris, sauf Daphné, douce Daphné, la seule à porter sur ses travaux son regard bienveillant et captivé.
Cette fois pourtant, il aurait dû réussir. Il avait eu avec lui l’élément de surprise qui aurait dû suffire à terrasser la jeune Babajaro, elle n’aurait pas dû avoir le temps de toucher le bijoux qui brille à son cou. Machinalement, ses doigts veulent se porter vers sa poche, mais à peine amorcé, ce mouvement s’arrête. Il n’a pas la pièce avec lui. Ce pourrait-il que ce manque de la présence de Marinette soit la raison pour laquelle cette entreprise ne se déroule pas comme prévue ? Par Salazar, quelles sottises est-il en train d’imaginer. Stupides superstitions que ces Lwas, rien d’autre. Marinette n’y est pour rien, c’est lui, c’est sa propre lenteur qui est à l’oeuvre.

La surprise de la jeune femme se lit sur son visage et s’entend dans sa voix. Indignation, colère. Elle ne comprend pas, comment le pourrait-elle ? C’est un secret dangereux qu’elle détient sans le savoir. Si seulement Theodore avait pu lui faire confiance, les événements auraient été tout autres. Mais il ne sait rien d’elle, et elle sait trop de lui. Furtivement, la possibilité de tourner les talons et de disparaître traverse son esprit, ombre fugace d’une lâcheté qu’il avait cru enterrée. Quelle est tentante, cette idée. Peut-être s’il n’avait pas pointé sur elle sa baguette, les choses auraient pu en être ainsi mais il est trop tard pour envisager cette idée. Le sortilège a été lancé et rien ne saurait l’annuler. Il ne peut laisser les choses ainsi, il ira jusqu’au bout. Tout plutôt que risquer la sinistre solitude d’Azkaban.

Les yeux fixés sur la jeune femme, il raffermit sa prise sur sa baguette tandis qu’elle se redresse. Sa phrase meurt à peine sur ses lèvres que déjà les siennes s’ouvrent. Mais avant qu’un seul mot ne puisse les franchir, un cri strident lui fait tourner les yeux. Dans un tourbillon de plume noires, l’oiseau le fond dessus, serres aiguës en avant. Theodore lève le bras avec un hoquet de surprise, protégeant son visage. Le volatile s’acharne, dans une danse de plumes, de bec et de cris, déchirant sa manche, lacérant la peau de son avant-bras dans un millier de piqûres brûlantes. Theodore ne voit plus rien, aveuglé par l’oiseau et par la panique qui l’envahit. Il recule, tentant de se débarrasser de l’animal, heurte une étagère dont le contenu vacille avant de tomber au sol dans un vacarme presque aussi fort que celui de l’altercation. Avec un cri de rage, il lance en avant son bras, atteignant l’oiseau du plat de la main, l’envoyant valser le temps d’un souffle de répit. Le souffle court, Theodore se redresse et jette un regard affolé vers la jeune Babajaro. Que va-t-elle faire ? Riposter, se défendre, profiter de la diversion de son oiseau pour lui jeter à son tour un sort ? Ou fuir, aller chercher de l’aide ? Dans les deux cas, Theodore ne pourra s’échapper. Il ne peut pas la laisser faire cela.

L’oiseau revient à la charge dans un battement d’aile bruyant, mais Theodore est prêt. Il doit d’abord se débarrasser du volatile, puis il s’occupera de la fille. Sa baguette brandie sur le mainate, le visage tendu par la fureur, il crie presque.
« Diffindo ! »
Le sort part et frôle de justesse l’une des ailes de l’oiseau qui s’envole dans un piaillement. Mais derrière lui se trouve la jeune Babajaro, toujours debout, toujours immobile. Non, pense-t-il. Il ne doit pas la blesser, il ne doit pas laisser de trace. Il devait juste lui dérober quelques fragments de souvenir, une bagatelle. Elle aurait continué sa vie, simplement, doucement, elle aurait continué à vendre sa camelote aux sorciers les plus naïfs, ignorante des agissements de Theodore, et lui aurait eu le coeur tranquille et l’esprit serein. Pourquoi les choses ne s’étaient-elle pas déroulée ainsi ?

L’entaille apparaît, béante. Mais ce ne sont pas des chaires qui s’abîment ainsi, ni même les tissus des vêtements de la jeune femme. Dans un crissement, la fêlure s’élargit, traversant de part en part la pierre du médaillon de la jeune Babajaro. Puis, dans un scintillement sinistre, la gemme vole en éclat.

1070 mots

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Sam 30 Mai - 16:14
Promesse dans l'oubli
14 Janvier 2004

Elle l’attaque, Noctis. Elle ne se pose pas de question. À peine Alabaster eut-il relevé sa baguette de quelques centimètres que déjà, elle lui fonce dessus. Tu ne tentes pas de les séparer. Il mérite ces blessures. Il mérite ces lacérations sur son bras. Si seulement il avait communiqué avant de lancer les hostilités peut-être auriez vous pu éviter tout ce chahut. Mais non. Il a préféré venir t’oublietter pour Marinette seule connait la raison. Comme c’est dommage. Comme c’est stupide. Toi qui l’avait pris pour un homme un minimum intelligent il n’est finalement qu’un énième imbécile. Les bras croisés, tu attends avec impatience le moment où il s’enfuira. Où il quittera cette boutique sans demander son reste. Mais ce moment ne vient pas. Il repousse le volatile après s’être heurté contre l’une des étagères, faisant dégringoler les poupées de peu de valeur qui trônaient dessus. S’il n’était pas si tard, si la rue n’était pas si déserte, le vacarme aurait attiré les passants les plus curieux. Dehors, il n’y a personne pour te venir en aide. Personne pour voler à ton secour à part ce mainate. La violence avec laquelle il la repousse t’arrache un hoquet de surprise. Toute ton attention a changé de cible. Les prunelles marrons rivées sur l’oiseau, tu veux t’assurer qu’elle n’a rien. Et elle n’a rien puisqu’elle retourne à la charge sans hésiter. Soudain, l’homme change de cible. Ce n’est plus toi qu’il vise mais Noctis. Ton coeur rate presque un battement. Tu es attachée à cet animal bien plus qu’à beaucoup d’autres êtres humains et non-humains. Présente quand tu en as besoin. Fidèle. Bien plus parfaite que ce tu l’aurais jamais désiré.

Diffindo. Le sort part, déterminé à blesser son objectif. L’oiseau l’évite de justesse. Mais ce faisant, c’est toi qui est dans la nouvelle ligne de mire. Et quand tu t’apprêtes à ce que le sortilège te touche, il ne le fait pas. Ou pas directement. Ce n’est pas ta peau qui est lacérée mais ton médaillon qui est brisé. Ton focus si précieux, si ancien. Celui là même qui avait, des siècles plus tôt, libéré ton peuple de l’esclavagisme et protégé à maintes reprises de l’envahisseur européen. Héritage chargé d’histoire, chargé de magie, légué par une Nkechi ayant bien trop confiance en sa petite fille. La fissure est nette. L’oeil de tigre se fend en plusieurs morceaux dont un seul reste encore accroché à la plaque d’or. Le reste tombe lourdement sur le plancher. Tu es folle de rage. Folle d’inquiétude surtout. Que dira la tribu quand elle apprendra la nouvelle ? Comment réagira ta mère ? Et ta grand-mère alors ? Elle qui te faisait si confiance pour prendre soin de l’une des reliques les plus précieuses que les Zierbawa eussent jamais possédés. Tu vois déjà les regards honteux, pleines de ressentiment, se poser sur toi, la fausse Babajaro, la souillure illégitime de cette famille. Celle que tu redoutes le plus, c’est évidemment Zalena. La Prêtresse originelle n’est plus qu’un portrait peint à l’huile ayant la capacité de se mouvoir, de communiquer parfois. Pourtant, elle est toujours aussi influente que lorsqu’elle vivait encore. Tellement qu’on la consulte parfois afin d’obtenir des conseils. Elle parle en charade souvent. Donne de stupides énigmes sans queue ni tête censé aider. Des phrases que tu n’avais jamais daigné déchiffrer.

Tu veux hurler. L’insulter. Peut-être même pleurer. Mais rien. Rien d’autre qu’un silence pesant qui ne dure que quelques courtes secondes. La colère déforme tes traits d’habitude si doux. Parce que la Nia londonienne ne se fâche pas. Parce qu’elle est joviale en toutes circonstances. C’est avec de grands sourires que l’on manipule le mieux autrui, la clientèle surtout. Pourtant impulsive de nature, il n’est pas si difficile de te mettre en rogne, de t’agacer. Et lui a définitivement réussi, brisant ton masque de douceur. Sa baguette n’a pas bougé. Toujours pointée sur toi. Toujours menaçante. Toi, tu es sans défense. Ton focus principal n’est plus qu’une vieillerie cassée. Le second, ce bout de bois magique fait d’acajou, n’est pas ici. Rangé dans le fin fond d’un tiroir tel un vulgaire bibelot, tu ne t’en es plus servie depuis le décès de Luke. Sans doute avait-il raison finalement. Plus conventionnel oui, mais également plus pratique que ton bijou. Si seulement tu avais pu l’avoir sous la main, tu aurais terrassé cet homme sans plus de considération pour sa personne. Enfin, c’est ce que tu aimes à croire mais la réalité aurait probablement été bien différente. Jamais les cours de duel ne t’ont passionné plus que cela. Ce n’est certainement pas un domaine dans lequel tu excelles.

C’est dans une dernière tentative de désespoir, de colère aussi sans doute, que tu rassembles les quelques dernières onces de magie encore présentes dans le dernier morceau de pierre. Il te faut plus de concentration que d’habitude pour prendre ta forme animale. Si pour toi ce fut plus long qu’à l’accoutumé, la transformation n’a pas pris que quelques petites secondes en réalité. C’était la première fois depuis plusieurs années que tu utilisais ton pouvoir d’animagus. Ni Léonard, avec qui tu vis, ni même Rhys, à qui tu partages beaucoup de choses, ne t’ont un jour vu ainsi. Lycaon. Canidé au pelage coloré. Ton alter ego animal. Sociable mais rusé. Féroce surtout quand il le faut. Et il le faut.

Profitant de l’effet de surprise, tu lui sautes dessus sans autres formes de procès. Tes crocs se plantent dans son avant-bras. Celui-là même qui tenait sa baguette. Tu n’avais pas voulu que tout cela arrive. Tu n’avais pas voulu que ni Noctis ni toi ne le blessiez. Mais il est venu chez toi. Il t’a attaqué. Tenté de découper ton mainate et brisé ton médaillon. Et sa baguette ne s’est pas baissée. Elle est restée pointée, droite sur toi, prête à jeter un énième sortilège. Être la première à riposter, seule solution qui s’offrait à toi. Alors ta mâchoire se serre un peu plus. Tout ce que tu veux, c’est qu’il lâche son bâton. Qu’il aille faire joujou ailleurs. Qu’il parte pour de bon en te laissant tranquille.
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Lun 1 Juin - 20:45

promesse dans l'oubli
- 14 janvier 2004 - @Nia Babajaro



Le craquement cristallin de la pierre éclatant résonne dans la pièce, aigu, perçant. Theodore tente de reprendre son souffle, respirant avec force. Cette courte confrontation l’a éprouvé. Il sent dans son bras gauche la brûlure des innombrables et minuscules plaies que l’oiseau a laissées. Tout s’est passé si vite. En quelques secondes à peine, la situation lui a échappé, et voilà qu’il vient de briser le focus de quelqu’un. Au fond de lui, il ressent de la peine pour Nia Babajaro. Il n’ose imaginer voir sa baguette brisée, la perdre. Jamais il ne retrouverait son égale, peu importe la puissance des nouvelles baguettes qu’on pourrait lui présenter. Pourtant, c’est ce qu’il vient d’infliger à cette fille. Mais la situation a un avantage. Ainsi désarmée, elle ne peut plus l’arrêter. L’oiseau, trop remué par ces péripéties, volette au dessus d’eux, plumes ébouriffées, poussant des cris perçants, mais sans l’attaquer.

Rien ne se passe comme il l’avait prévu. Ce qui devrait être une mission simple et proprement expédiée, s’est transformée en véritable chaos. Et soudain, la réalisation le frappe. Même avec un sortilège d’amnésie, il risque de ne pas s’en sortir. S’il pourra facilement remettre la boutique, les étagères et leur contenu en état en quelques secondes, le pendentif sera une toute autre affaire. Il a déjà tenté de réparer des baguettes par le passé, tâche ardue, voire impossible. Il fallait être un véritable spécialiste, un artiste, un génie pour y arriver. Ce n’est pas pour rien que les fabricants de baguettes ne courent pas les rues. Ce bijou, essence même de pouvoir, lui opposera la même résistance. Il est déjà étonnant qu’il ait réussi à le briser si facilement. Et que fera Nia Babajaro quand elle retrouvera ses esprits et qu’elle découvrira son médaillon brisé, la pierre en morceaux ? Elle se posera des questions, remontera peut-être jusqu’à lui.

La solution la plus simple, la plus évidente s’impose à lui dans un éclair. Il doit se débarrasser d’elle. Morte, jamais elle ne pourra révéler son secret à qui que ce soit. Deux mots à prononcer, il peut le faire. Mais il n’a jamais tué personne. Certes, il a fait pire. La mort, dans toute son horreur, présente aussi un dénouement, tandis que la souffrance marque, se grave dans les chairs et dans l’esprit. Mais à peine cette idée effleure-t-elle son esprit qu’il la repousse. Nia Babajaro, morte, et après ? Son corps restera là, elle sera retrouvée un jour, puis ils le trouveront lui.
Il pourrait tout simplement parler. Abandonner, abaisser sa baguette, céder comme il a toute sa vie cédé. Cédé devant son père, cédé devant les Carrow et Severus Rogue, cédé devant le Seigneur des Ténèbres, devant les Malefoy. Il pourrait céder devant Nia Babajaro, lui proposer une trêve, la supplier de ne pas parler de lui, de protéger ce mensonge. Il a presque envie de rire. Pourquoi accepterait-elle ? Pourquoi choisirait-elle de l’aider lui, cet étranger qui est venue chez elle, dans son village, mépriser ses traditions et voler ses reliques, puis jusque dans sa boutique pour l’attaquer sans aucune forme de procès. Risible, bien trop risible.
Par Salazar, s’est-il heurté à une énigme insoluble ? Lui qui d’habitude ne laisse aucun obstacle barrer sa route, lui qui a toujours vu la solution aussi clairement que dans l’eau pure, là où les autres ne voient que brouillard ? Le temps s’écoule, il ne s’agit que de quelques grains de sablier qui tombent et qui pourtant lui semblent une éternité. Mais ces quelques secondes ont suffit à la jeune Babajaro pour réagir.

Theodore regarde avec stupeur sa chevelure brune rétrécir, ses oreilles grandir et s’agiter, ses crocs s’allonger et la fourrure recouvrir son corps. Animagie, pense-t-il, réprimant un juron. Il doit réagir, et rapidement. Le sortilège d’amnésie, oui, puis il prendra le médaillon avec lui. Disparu. Elle ne pensera pas à venir le chercher en premier, puisqu’elle n’aura de toutes façons aucun souvenir de lui. Peut-être pensera-t-elle l’avoir égaré, ou se croira victime d’un vol grossier. Ce sera le cas, mais elle se posera moins de questions qu’en voyant le médaillon brisé, et lui gagnera du temps pour réfléchir à la marche à suivre. Oui, du temps, c’est tout ce dont il a besoin. Il lève sa baguette, prêt à frapper l’étrange petit animal qui lui fait face.

Trop lent, Theodore. La formule s’étrangle dans le cri de douleur que lui arrachent les crocs de la bête plantés dans son bras. Il entend le bruit de déchirure du tissu, il sent la pointe des canines acérées du chien lui lacérer la peau puis le sang, si rouge, si chaud, ruisselle. Il se sent basculer, tomber en arrière et heurter le mur de son dos avant de glisser au sol, l’animal toujours accroché à lui. Tremblement de ses doigts, ils plient, ploient, lâchent. Il sent avec horreur sa baguette glisser, un gémissement de douleur et de dépit s’échappant de ses lèvres. Jamais il n’avait lâché sa baguette. Qu’est-il sans elle ? Certains s’en passent, mais lui ? Il ne le voudrait pas, elle est si belle, aimée. Et il l’a perdue, il l’a lâchée. Elle heurte le sol avec un bruit qui lui fend l’âme et roule, loin, hors de sa portée. Alors, avec un hurlement de rage, il frappe, frappe, frappe encore. De son bras libre, il cherche à atteindre le corps de l’animal, il sent des côtes, dures, une gorge, molle, et à chaque coup, les crocs plantés dans sa chair lui font un peu plus mal et son sang, le sien, gicle. Son pied trouve le ventre de la bête et frappe encore, tout pour repousser loin de lui cette créature hideuse qui le blesse et en laquelle il ne voit déjà plus la jeune femme aux yeux sombres.

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Mar 2 Juin - 0:27
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14 Janvier 2004

Visualiser l’animal. Sa forme. La couleur de son pelage. Son odeur. Son attitude. Communier avec lui. Se concentrer le plus vite possible sur chaque détail pour mieux se transformer. Pour être plus efficace. Plus rapide aussi. Enfin, ne faire qu’un avec la bête. Tant de choses que l’on t’a répété inlassablement lors des cours de métamorphose à Uagadou. Jamais, être une animagus, ne t’a servie dans la vie. Presque honteuse d’avoir acquis ce pouvoir pendant longtemps. Parce que Luke était jaloux. Parce qu’il ne supportait pas de te savoir plus forte que lui. Et pourtant, plus forte, tu l’étais. De loin même. Aujourd’hui enfin, ta forme animal t’es utile. Sans elle, tu serais dans un beau pétrin à l’heure actuel. Complètement désarmée et à la merci de ton adversaire. Par les Lwas tous puissants, heureusement que ce n’est pas le cas. Heureusement que tu t’es métamorphosée en lycaon. Heureusement que tu as attaqué avant que lui ne le fasse.

Les crocs plantés dans son bras, déchirent sa chair. Il tombe mais hors de question de lâcher prise. Au contraire même. Ta mâchoire se contracte un peu plus fort encore. Ton objectif est atteint. Il a lâché sa baguette. Elle a roulé plus loin. Là où il ne pourra pas l’attraper en tendant la main. Tu devrais le lâcher, le laisser partir. Défaire tes canines de son corps. Mais rien. Rien que la colère qui parle. Rien que le pouvoir que tu as sur lui à ce moment. Ce pouvoir grisant de pouvoir lui faire payer pour ce qu’il a fait. Et qu’il comprenne surtout. Qu’il intègre bien dans sa petite tête d’anglais que non, il ne peut pas venir comme ça, chez toi, pour t’attaquer. Une seule chose te dégoûte, le goût du sang qui coule le long de tes babines et dans ta gueule. Une saveur âcre et métallique dont tu te passerais avec plaisir.

Les coups pleuvent sur toi. Il essaie de s’échapper, de te faire lâcher prise. Il frappe tes côtes, il frappe ta gorge. Parfois ton visage. Il frappe pour son propre bien, sa propre survie. Les attaques sont douloureuses à certains endroits. La force de ta mâchoire faiblit à mesure que sa main te cogne. Et brusquement, son pied percute ton estomac. Trop fort, trop soudainement. Il t’envoie valser un peu plus loin alors que tu couines de douleur. Ton dos heurte l’une des étagères. Ta tête claque contre le sol. Une souffrance vive se déploie dans tout ton être. Quelques bibelots dégringolent sur toi. Meurtrie, c’est une femme que tu redeviens. Allongée sur le plancher, tes longues tresses cachent ton visage. Ta respiration est rapide à cause de l’adrénaline qui te parcourt. Une main se pose au sol. Puis une autre. Et c’est avec une certaine difficulté que tu arrives à te redresser enfin. Tes yeux décrivent la pièce furtivement. La baguette. Tu n’as beaucoup plus réfléchi en la voyant. Là, si proche de toi. Si proche de lui. Pourtant si loin de vous deux en même temps. À moitié cachée sous un meuble. Tu te jettes dessus. Rampes jusqu’au bout de bois sans plus de considération pour l’homme. Le bout de tes doigts l’effleure et tu t’en saisis. Tu t’y cramponnes comme si elle était la clef de la victoire. C’est un peu le cas dans un sens.

Contre ce fameux meuble, tu t’assieds correctement. Des petites lames semblent pénétrer le long de ta colonne vertébrale tant elle est endolorie. Le mainate vient se poser près de toi. Comme si Noctis voulait s’assurer que tu allais bien. De ta main libre, tu caresses son doux plumage. Elle piaille de contentement et s’envole sur ton épaule pour s’y blottir comme d’habitude. « Ah tu n’as rien… J’en suis ravie. » Portant peu d’attention à Alabaster jusque là, tes prunelles sombrent le fixe enfin. Une grimace de dégoût se tord ton visage à la vue de son sang et de ses blessures. Tu aurais presque envie de t’excuser. D’un coup de baguette, tu pourrais tout régler. Mais non, il ne le mérite pas. «  Ça y est tu es satisfait ? On a fini de se battre ? » Balances-tu d’un ton arrogant. Une chose est sûre, tu n’es pas plus avancée quant au pourquoi du comment il a décidé de venir effacer tes souvenirs. Qu’as-tu fait de mal ? Que sais-tu de compromettant ? De quelles informations veut-il te débarrasser ? Ta main ne lâche pas la baguette, serrée entre tes phalanges. Mais elle n’est pas levée. Et tu ne comptes l’utiliser non plus. Hors de question de la lui rendre pour autant. Pas maintenant. Pas tout de suite. Ce serait bien trop risqué. Ce serait signer ta perte. « T’es décidé à m’en dire plus sur ton petit manège ? »
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Mar 2 Juin - 22:38

promesse dans l'oubli
- 14 janvier 2004 - @Nia Babajaro



L’odeur acide de son propre sang affole ses sens, faisant naître une sueur glacée sur sa peau. Respiration précipitée entre ses dents serrées tandis qu’il frappe encore. Il a déjà connu la peur par le passé, la vraie peur. Plusieurs fois, l’éventualité de la mort lui est apparue, nette et terrifiante, et il s’était à chaque fois senti disparaître. Ses émotions s’éteignaient pour ne laisser de lui qu’une coquille vide, qu’une enveloppe prête à accepter son sort sans résistance. La fin l’embrassait, étreinte enveloppante d’un abandon soyeux auquel il avait cédé avec plaisir. Alors, la voie à emprunter lui était apparue, nette et distincte comme un sentier vierge au coeur d’une forêt dense, pour le ramener à la réalité. Cette fois pourtant, l’ivresse qui l’anime est toute autre. C’est un frisson d’exaltation presque animale qui secoue son instinct, masquant la douleur, tandis que ses poings martèlent avec force chaque partie du corps du lycaon qu’ils peuvent atteindre, tandis que des doigts agrippent la fourrure douce de la bête, tirant sur sa peau et glissant sur ses poils soyeux. C’est l’impulsion terrible de l’envie de s’en sortir qui guide ses gestes. Il ne mourra pas ici, il le sait.

Le gémissement de l’animal lorsque son pied lui creuse l’estomac sonne délicieusement à ses oreilles, glas de liberté. Enfin, la mâchoire cède, glissant en emportant quelques lambeaux de Theodore, maigres trophées dans cette gueule écarlate. Le petit corps rebondit sur le sol tandis que celui de Theodore se redresse. Il sert sa main valide sur son bras abîmé dont le sang coule sourdement à travers une charpie de tissus et de chairs. Huit yeux béants et noirs l’observent, crachant leurs larmes écarlates qui gouttent sur le sol avec un petit bruit. Cela brûle, et chaque pulsation fait remonter la douleur un peu plus haut vers son épaule. Ses doigts ne veulent plus plier, ils ne savent que trembler.
Un éclair de lucidité lui fait relever la tête. Il doit récupérer sa baguette, vite, avant que cette chienne ne se relève. Il s’élance, éperdu se jette au sol, écrasant sous lui son bras meurtri et tendant l’autre en avant. La douleur est forte, elle le frappe sans ménagement tandis qu’il l’ignore, mobilisant toute son énergie pour saisir ce petit morceau de lui qui est si proche, et pourtant trop loin. Ses doigts effleurent le vernis du bois, caresse imperceptible mais qu’il connaît par coeur, avant de se refermer sur le vide. Trop lent, Theodore.

Le désespoir l’envahit en même temps que la souffrance. Il tente de se relever mais sa main glisse sur le sang qui a coulé sur le sol et il roule sur le dos, libérant son bras blessé. Quelque secondes, il s’abandonne à l’appel de la douleur et laisse le monde autour de lui se troubler. Il n’y a plus que ce bras, rien d’autre. Son bras droit, son bras fort. Celui avec lequel il tient sa baguette. Mais il n’a plus de baguette. C’est la chienne qui l’a ramassée et qui la tient maintenant sans grâce alors qu’elle le fixe. Sa baguette, si belle, comme elle paraît laide dans la main de cette pauvre fille. En entendant ses mots suffisants, il éclate presque de rire. Que compte-t-elle faire, désormais ? Lui n’a d’yeux que pour sa baguette entre les doigts de la Babajaro. Peut-être pense-t-elle l’attaquer à son tour, maintenant qu’il se trouve à sa merci, qu’elle a une arme et pas lui. Mais sa baguette lui est trop fidèle. C’est une plume de phénix qu’elle renferme, jamais elle ne se retournera contre lui, peu importe son envie, peu importe sa puissance.

Pourtant, la fille ne semble pas chercher le conflit. Elle ne tente rien, elle ne bouge pas. Elle reste plantée là, attendant sa réponse. Il se redresse, et se relève avec précautions. Sa main valide s’accroche aux étagères et le soutient. Pourquoi cette lassitude soudaine ? D’où vient cette fatigue qui le prend, affaiblissant ses jambes et faisant voguer son esprit ? Le métronome discret des gouttes de sang qui continuent à tomber sur le sol dans un rythme régulier résonne doucement dans le silence de la pièce. Malgré le vacarme de l’altercation, la rue est toujours aussi muette. Cela n’a rien d’étonnant. Si qui que ce soit a remarqué quelque chose, personne ne viendra se renseigner ou apporter son aide à la jeune Babajaro. Sur l’Allée des Embrumes, personne ne s’intéresse aux affaires des autres. C’est une règle d’or, un accord tacite religieusement respecté par tous les commerçants. Les problèmes d’un individu ne concernent que lui, et ce n’est pas cette histoire d’A.L.C.O.O.L qui changera quoi que ce soit.

La douleur et l’étourdissement l’empêchent de réfléchir correctement. Intrusives, d’autres pensées viennent sans arrêt s’imposer à son esprit, le distrayant de son objectif. Souvenirs, questions, tout semble avoir plus d’importance que ce sur quoi il tente de se concentrer. Il doit trouver un moyen de récupérer sa baguette et de sortir d’ici. Mais comment justifier son intrusion chez la marchande vaudou ? Il pourrait faire croire qu’elle l’a attaqué en premier. Une modulation de sa voix, un froncement de sourcils soucieux, qui soupçonnerait le jeune Theodore et son amabilité, lui qui venait simplement souhaiter la bienvenue à sa nouvelle voisine. Tardivement, certes, mais pouvait-on vraiment lui en vouloir ? Barjow et Beurk faisaient pleuvoir sur lui une charge de travail que même un boeuf refuserait. Pourtant, elle s’était changée en animal, cette sorcière étrangère, l’avait attaqué, déchirant son bras. Elle avait volé sa baguette, et il avait dû s’enfuir. Elle avait hurlé quelque chose à propos d’un vol, de son village, du Nigéria. Mais il n’avait pas compris. Il n’avait pas quitté l’Angleterre depuis des années, comment aurait-il pu ? Le raisonnement, si simple, aurait pu fonctionner à merveille, s’il n’y avait pas eu cette simple petite difficulté. Si petite, ridicule, et pourtant si puissante. Son nom.

Personne ne le croirait, lui, Theodore Nott. Ils ne le croiraient pas car son père est en prison, croupissant sous le poids de ses atrocités jusqu’à la fin de les jours. Ils ne le croiraient pas car lui-même s’est trouvé assis, livré à l’indulgence de juges, minuscule sous leurs regards perçant, tandis que leurs mains se levaient l’une après l’autre pour décider de son avenir. Seule une paire de voix lui avait permis d’échapper à Azkaban. Ils ne le croiraient pas car malgré ses désirs de vengeance, malgré le dégoût qu’il ressent, lorsqu’il rentre chez lui, c’est au coeur des Terres de Feu qu’il se rend. Par Salazar, comme cette impuissance lui est insupportable ! Elle est presque aussi douloureuse que son bras. Que lui reste-t-il, à part la vérité ? Oh, comme elle le brûle, comme elle est amère sur sa langue alors qu’elle franchit ses lèvres. Il la crache, et son dégoût est aussi fort que sa volonté de la garder en lui.
« Tu aurais dû poursuivre ta vie, oublier mon visage. Mais tu es venue ici, et tu m’as reconnu. Je ne pouvais pas prendre le risque que tu parles à qui que ce soit de notre rencontre. »
Tous ces espoirs sont vains maintenant. Il ne pourra pas l’empêcher de se précipiter au Ministère et de conter son histoire. Tout, depuis le début. Elle dirait l’avoir vu au Nigéria, et rapidement, ils découvriraient qu’aucun portoloin n’est parti en direction du Nigéria à ces dates. Puis elle parlera du vol de la relique, et il aura une charge en plus contre lui. Enfin, elle terminera par narrer cette soirée, la façon dont il est ignominieusement venu jusque dans sa boutique pour l’attaquer et tenter de jeter sur elle un sortilège dangereux et hautement interdit. Finalement, après plusieurs années, il finira par se retrouver là où il aurait toujours dû se trouver, aux côtés de son père à Azkaban. Il aurait dû emporter la chance de Marinette avec lui. Si seulement il avait écouté son instinct et glissé cette pièce dans sa poche. Mais il avait fallu qu’il se fasse une raison, qu’il choisisse de faire les choses respectueusement pour une fois. Quelle mauvaise idée.
« Ça n’aurait pas dû se passer ainsi. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. »
Si simple était son plan, si simple la solution. Si tout s’était passé correctement, personne n’aurait été blessé, elle aurait son médaillon intact, lui aurait sa baguette, leurs vies auraient suivi leur cours avec tranquillité.


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Mer 3 Juin - 21:57
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14 Janvier 2004

Tu as été plus rapide que lui. Plus vive. Tu as attrapé la baguette alors que lui n’a pu que l’effleurer à peine. Tu étais plus proche du focus. Moins blessée aussi donc probablement plus réactive. De cette altercation, tu n’auras probablement que quelques hématomes dans le dos. Là même où ta brûlure se trouve. Là où personne ne les verra. Alabaster finit par se relever et tu ne comprends vraiment pas pourquoi. Avec le sang qu’il a perdu, celui qu’il perd toujours, il ne devrait pas se tenir debout. S’il cherche à se montrer supérieur à toi alors c’est raté. Tu trouves, au contraire, cette attitude un peu stupide. Ceci étant dit, est-ce vraiment étonnant de la part d’un homme que tu n’as vu qu’une fois et qui est pourtant venu t’attaquer de sang-froid ?

Levés sur sa personne, tes yeux ne le quittent pas alors qu’il parle enfin. Rien de ce qu’il dit ne trouve de sens à tes oreilles. Le portoloin était illégal. Par conséquence sa venue au Nigéria l’était aussi. Tu le savais bien sûr. Mais tu t’en es bien moquée sur le coup. Tant que tu pouvais vendre les reliques ça t’étais égale. Ton peuple ne fut pas vraiment du même avis en réalité. Encore moins en apprenant que le fameux anglais n’avait choisi d’en acheter une seule et d’en voler une autre, entraînant quelques longues heures de réprobation pour toi de la part de trop de Zierbawa. « On s’est rencontré une fois en Septembre 2000. Depuis tout ce temps, si j’avais voulu parler de ton petit voyage à qui que ce soit, je l’aurais fait. » Mais tu ne l’avais pas fait. Seuls les tiens, et encore même pas tous, sont au courant de la venue du jeune anglais il y a plusieurs années. Une histoire qui t’a paru si insignifiante que tu ne l’as jamais évoqué. Même pas à Luke à l'époque. « Barjow&Beurk est l’une des boutiques que j’ai remarqué en première quand j’ai acheté la boutique. Je savais très bien que tu y travaillais. Et j’aurais eu des raisons de parler c’est vrai. Après tout, tu as volé ma famille. Pourtant, je n’ai pas l’impression que tu aies reçu la visite d’un quelconque brigadier. Pas venant de ma part en tout cas. » La situation t’échappe complètement Nia. Tu ne sais pas comme c’est important pour lui que tu ne parles pas. Tu ne vois pas comme ta vérité pourrait tout foutre en l’air dans sa vie. Parce que tu ne le connais pas ce garçon. Tu ne sais rien de lui. Rien de son histoire. Rien de ce qu’il a pu vivre pour craindre que le peu dont tu es au courant n’éclate au grand jour.

À ton tour, tu te relèves. Il te faut quelques secondes pour que tes vertiges se dissipent. Ton regard se pose sur le plancher. Plus précisément sur la pierre semie-précieuse et cassée qui s’y trouve. Tu marches jusqu’à elle, t’accroupies et en récupères les morceaux dans un soupire de tristesse. D’agacement aussi. Te redressant, tu tentes de les examiner. Tu as de nombreuses capacités. Réparer un focus n’en fait définitivement par partie. « Peu importe ce que tu voulais ou ce que moi je voulais. Tu m’as attaqué. Tu as brisé mon médaillon. J’ai riposté et t’ai blessé. Ce qui est fait est fait. » Si la colère te ronges toujours, tu t’es faite plus calme. Plus froide aussi. Tu ne t’excuseras pas finalement. C’est trop tard pour avoir des remords. Après tout, il est celui qui a commencé. Celui qui a lancé les hostilités. Toi, tu t’es contentée de te défendre. Rien de tout ceci n’est réellement ta faute. Et sans lui, tu serais toujours capable de faire de la belle magie. Pas des vulgaires mouvement de bras en tenant un bout de bois.

Tu connais la profondeur de sa plaie. Tu la sais potentiellement dangereuse pour lui. Tu as goûté son sang, sentis tes crocs s’enfoncer dans sa chair. Tu sais. Sa baguette, que tu n’as pas lâché, tourne entre tes doigts, virevolte presque. Un sortilège d’attraction est lancé pour amener jusqu’à toi l’essence de dictame qui traîne dans l’arrière boutique. Coûteux mais utile lorsque l’on possède des objets potentiellement redoutables dans sa boutique. Ou bien une forme animale capable de déchiqueter une proie. Cependant, rien ne se passe. Tu tentes une seconde fois. Plus concentrée. Plus attentive. Mais rien. La baguette ne te répond pas. Tu soupires, lève les yeux au ciel avant de les reporter sur Alabaster. « Elle t’est bien trop fidèle. » Comment pouvait-on être trop fidèle ? Surtout lorsque l’on parle d’un focus. Après tout, ton médaillon ne répond pas à n’importe qui et refuse de faire de la magie pour quiconque n’étant pas descendante de Zalena. C’est mieux pour lui dans un sens mais agaçant dans l’instant T.

Tu tires, au centre de la pièce, la chaise qui était derrière le comptoir. « Assieds toi. » Lui demandes-tu sans réellement lui laisser le choix puisque tu le forces à s’y poser avec une douceur certaine. Il s’agirait de ne pas lui faire plus de mal. De ne pas l’abîmer un peu plus. « Noctis, veille sur notre… invité... et sur sa baguette surtout. Qu’il n’y touche pas. S’il tente quoi que ce soit, griffe lui le visage. » Tu doutes fortement qu’il soit assez en forme pour se jeter sur sa baguette, que tu as laissé à l’autre bout de la pièce avec ton propre focus brisé. Tu ne peux pas décemment le laisser repartir avec de telles blessures. Le mainate t'obéit. Elle se pose non loin de lui, l’observe de ses petits yeux noirs, calme, silencieuse surtout. Alors que toi, tu pars fouiller ta réserve en quête de la potion miracle qui lui sauvera le bras. Si tu connais vraisemblablement des choses compromettantes sur lui, l’inverse est également vrai. Une boutique vaudou n’a pas forcément une bonne réputation. Mais si les commères viennent à entendre qu’une animagus féroce en est la propriétaire, alors ce sera la fin du repaire vaudou et tu seras bonne pour repartir dans ta tribu.

Dans ton magasin, chaque chose à sa place et tu connais par coeur la place de chaque chose. Il ne te faut donc pas longtemps pour trouver l’essence de dictame que tu cherchais. La petite fiole dans la main, tu reviens auprès du sorcier. « Tu saignes trop… Laisse moi arranger ça ok ? » Pour la première fois depuis le début, tu essaies d’être rassurante. Gentille un peu. Presque souriante. Trop sensible. Trop empathique. Tu hais voir les autres souffrir. Et pourtant tu l’as blessé. Et pourtant il souffre. À cause de toi. Tu ouvres le flacon, remplis la pipette du liquide. L’une de tes mains vient se poser son bras, pour le soutenir, pour qu’il ne bouge pas trop. « Ce sera probablement un peu douloureux. » Et sans attendre plus, tu verses quelques goûtes de la potion sur ses plaies ouvertes.

(c) DΛNDELION


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Sam 6 Juin - 14:42

promesse dans l'oubli
- 14 janvier 2004 - @Nia Babajaro



Pourquoi Nia Babajaro n’entend-elle pas ce qu’il lui dit ? Il peut voir l’incompréhension habiller le visage de la jeune femme au fur et à mesure. Ne voit-elle pas à quelle point sa position est instable ? Ne fait-elle pas le rapprochement entre son nom et les conséquences que pourraient avoir les fuites du récit de son voyage ? Un Nott voyageant illégalement après son procès, volant et trafiquant des objets ensorcelés, et elle ne se rend pas compte ? Elle ne le peut pas, se souvient-il, je lui ai donné un faux nom. Comment a-t-il pu l’oublier ? S’il avait ouvert la bouche pour lui expliquer plus en détail le rapprochement, il aurait fait voler sa couverture, et avec elle la dernière petite chance de s’en sortir. C’est ce sang, tout ce sang perdu, il n’arrive plus à réfléchir correctement, dans un moment où la moindre erreur pourrait avoir des conséquences dramatiques pour lui.

Mais même sans son nom, ce qu’elle sait est trop important pour qu’il tourne les talons et s’en aille l’esprit apaisé. Même lorsqu’elle lui assure n’avoir rien dit de sa visite à qui que ce soit. Il hausse les sourcils à ces affirmations, brusquement concentré. Si elle n’a parlé à personne jusque là, il y a peut-être une chance pour que cela continue. Mais pourquoi n’a-t-elle rien dit ? Après tout, comme elle le fait si bien remarqué, les raisons de le faire ne manquaient pas. Il s’était montré particulièrement irrespectueux lors de sa visite, manipulant les reliques sacrées de sa tribu comme de vulgaires jouets, ignorant superbement la petite femme qui tenait le plateau et subtilisant discrètement la pièce de Marinette. Il sourit encore à ce souvenir. A l’époque, il pensait la donner à Beurk en même temps que le coffret, persuadé que ce coup lui attirerait l’admiration de ce sang-pur revêche. Et petit à petit, il s’était ravisé. Il était le seul à avoir volé la pièce, pourquoi Barjow et Beurk devraient-ils recevoir les bénéfices de la vente de la pièce alors qu’il avait été le seul à prendre tous les risques et qu’il avait agi de sa propre initiative ? Non, il allait la garder pour lui. Il la vendrait de son côté et récolterait assez d’argent pour tenir quelques mois de plus. Mais il n’avait pu s’y résoudre.

Ile regarde la jeune femme rassembler les morceaux de la gemme qui parsèment le plancher en pinçant les lèvres. Elle l’a bien mérité, cette idiote. Si elle n’avait pas bougé, rien de tout cela ne serait arrivé. Si cet affreux volatile n’avait pas bougé, elle aurait toujours sa pierre. Et qui en Angleterre serait capable de réparer un tel objet ? Les sorciers anglais utilisent des baguettes depuis la nuit des temps, Theodore doute même qu’Ollivander soit capable de restaurer le médaillon. Comme par réflexe, ses pensées s’enclenchent. Ce pendentif, bien que beau et fascinant, reste un simple bijou comme tant d’autres, et pourtant il permet à la jeune Babajaro d’utiliser la magie. Malgré la pierre brisée, elle a quand même pu se transformer en animal, mais elle ne semble pas pouvoir faire quoi que ce soit d’autre. Par où passe donc ce pouvoir ? Réside-t-il dans la pierre uniquement, où ce médaillon possède-t-il un secret ? Si la magie extatique fonctionne de la même façon que la leur, peut-être remplacer la pierre suffira-t-il, tout comme acquérir une nouvelle baguette est suffisant à certains sorciers. Pourtant, il en doute.

C’est avec un agacement manifeste qu’il contemple la nigériane agiter sa baguette -sa baguette- comme un vulgaire morceau de bois. Il pourrait bondir brusquement, lui arracher des mains et la récupérer. S’il en avait seulement la force… A chaque minute écoulée, il sent ses jambe faiblir un peu plus, et bientôt seul la présence du mur derrière lui lui permettra de rester debout. Même si cela le répugne de voir cette incapable manipuler sa baguette, il ne peut rien faire. Pourtant, sa grimace de dégoût se transforme rapidement en un sourire satisfait et narquois lorsque les formules de la jeune femme restent sans effet. Une bouffée d’orgueil l’envahit. Sa baguette, la sienne, fidèle jusqu’au bout. Elle ne se laissera jamais manipuler par cette étrangère aux gestes imprécis qu’elle ne connaît pas. Si elle pouvait d’ailleurs se retourner contre elle, il lui en serait extrêmement reconnaissant. Mais rapidement, la jeune femme laisse tomber l’idée de l’utiliser. Theodore soutient son regard tandis qu’elle la pose, satisfait. Mieux, bien mieux ainsi.

Lorsqu’elle veut le forcer à s’asseoir, il résiste. Une seconde, ses jambes refusent de plier avant de céder, ignorant son esprit qui hurle de ne pas se soumettre. Pourtant, elle a raison. Une fois assis, le flot de pensées qu’il tentait vainement se rassembler s’apaise et coule à nouveau, fluide et calme. Elle somme son oiseau de veiller et il souffle avec dédain. Le pense-t-elle si idiot pour croire qu’il est capable de quoi que ce soit dans son état ? Pourtant, il ne peut détacher son regard de la baguette, accompagnée du médaillon. Si seulement il osait. Quelles seraient les chances pour qu’il parvienne à se lever et récupérer sa baguette, le médaillon au passage, tout en évitant l’oiseau, tout cela avant qu’elle revienne ? Bien minces, mais pas inexistantes. Il pourrait finalement jeter ce sortilège d’amnésie, peut-être créer une copie du collier pour gagner un peu de temps, remettre la boutique en ordre et fuir. Tuer l’oiseau au passage et le faire disparaître, peut-être. Mais il se ravise. L’entreprise est bien trop risquée et il ne peut même plus fermer sa main droite. Comment pourrait-il même tenir sa baguette. La chose la plus logique à faire serait de se lever et partir, se rendre à Sainte-Mangouste pour faire soigner ce bras. Bien sûr il faudrait affronter la honte d’avouer avoir perdu sa baguette dans un affrontement avec un chien. Une chienne. Une Animagus. Est-elle même déclarée ? Elle n’est pas anglaise, il est probable qu’elle ne le soit pas. Et une animagus étrangère, non déclarée, qui attaque un Lord du Magenmagot, ça ne fait pas très bonne figure, peu importent les raisons. Et dans ce cas là, elle aussi a plutôt intérêt à ce qu’il ne parle pas trop de cette altercation. Et sa boutique est récente, tandis que Barjow et Beurk sont installés depuis longtemps. Ils connaissent tout le monde sur l’Allée, et ils sont nombreux à devoir une faveur à l’un ou l’autre des deux sorciers acariâtres. Certaines boutiques appartiennent à des familles influentes. Certain sont amis avec d’honnêtes commerçants du Chemin de Traverse qui n’hésiteraient pas. Pour la première fois, une éclaircie tombe sur son chemin. Une goutte d’espoir de s’en sortir. Lui ne peut rien faire, mais les autres le peuvent.

Lorsque la jeune Babajaro revient, il se sent mieux et pose sur elle un regard calme. Ses mains reposent sur ses genoux et il laisse le sang de sa blessure goutter le long de son bras, indifférent aux tâches sombres qui s’élargissent petit à petit sur le tissu de ses vêtements. Dans sa main, elle tient un flacon qu’il reconnaît immédiatement. De l’essence de dictame. Précieuse et rare, il y a pourtant assez souvent eu recours à Poudlard pour l’identifier en un clin d’oeil. En quelques secondes, les plaies qu’il avait infligées aux cibles des Carrow se refermaient dans une odeur de chair acide. D’une efficacité redoutable. Elle veut donc le soigner ? Il fronce les sourcils, une fois encore étonné par les choix de la jeune femme. Elle pourrait se servir de tout ce qu’elle sait contre lui, l’abandonner dans la neige de l’Allée, se vidant de son sang, obtenir réparation, mais elle choisit de l’aider. Pourquoi ? Que souhaite-t-elle obtenir de lui ? Son silence, il espère. Il n’arrive pas à comprendre sa sollicitude, et cela l’agace.

Sa main tremble lorsqu’elle lui prend le bras, à la fois car ce geste aiguise la douleur déjà présente, mais aussi car ce contact lui est insupportable. Jamais personne ne devrait toucher ainsi quelqu’un comme lui, un sang-pur de son rang, un Lord. L’outrage l’étouffe presque, mais rapidement, la brûlure de la potion sur ses plaies efface toute autre pensée, tandis qu’il sert les dents. Sous ses yeux fascinés, le sang cesse de couler, la chair repousse, les plaies se referment, pour ne laisser qu’une peau fine, encore sensible en à peine une minute. La douleur s’apaise aussi soudainement qu’elle était arrivée, et il fait bouger ses doigts l’un après l’autre. Tout va bien. Le soulagement l’envahit. Il pourra de nouveau utiliser sa baguette, s’il la récupère. Il lève les yeux vers la jeune femme.
« J’imagine que c’est illusoire de te demander de ne parler de cela à personne. Je sais que cela n’évoque rien pour toi, mais j’aurais de gros ennuis si cela se savait. Plus que tu n’imagines. »
Il croit à peine à ses paroles. Pourquoi accepterait-elle ? Mais il ne peut pas s’en aller sans tenter sa chance.
« Et je pense que tu aurais également des ennuis. »

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