échec critique | @Damocles Slughorn, n'est pas dénué de courage et place ses mains aux endroits qui devraient, selon lui, permettre à la musique d'éclore. Pourtant, l'appareil craque encore. Un bruit strident s'échappe de l'instrument, grince aux oreilles des deux sorciers. On entend dans le brouhaha une voix lugubre siffler :
Je crois qu'on ne peut rien trouver de plus consolant, quand on est devenu homme, qu'un reflet de son enfance dans les yeux d'un ancien petit garçon.
- 27.02.2004
« Faut que tu arrêtes de faire ça, c’est bizarre. » J’adresse un regard un peu piteux à mon ami qui lui est clairement accusateur. Je sais que c’est bizarre, et que c’est désagréable pour les autres, et qu’il ne faut pas que je le fasse. C’est nerveux, et j’ai été particulièrement tendu ces derniers temps. « Déjà, il faut que tu m’expliques le conte, et pourquoi cette histoire de force te perturbe autant. Ensuite, l’aiguise-méninge n’est pas addictive, mais elle est interdite dans certains cas, alors essaie de ne pas en abuser. » Je me mords les lèvres alors que je me ressaisis au fur et à mesure qu’il me parle. C’était idiot de ma part. Respire Lemony. C’est un thérémine, et il n’y a pas de raison de se mettre dans un état pareil pour cela. Ni de faire subir à ce pauvre Damoclès toute la colère et le stress accumulés depuis le concert, au moins. Respire. « Et oui, je connais @Erin McAllister, c’est ma collègue. C’est une amie à toi ? Et c’est quoi Turing ? » Il fallait bien sûr qu’il réponde à cela juste au moment où j’avais l’impression de reprendre le contrôle de moi-même. J’ai l’impression qu’il vient de me frapper en plein estomac – mais quelle idée de lui parler de cela maintenant aussi ! Je remets sur mon nez les lunettes que j’avais à la main jusque-là, et qui ont rarement été aussi propres. En relevant les yeux, je distingue l’avion en papier que Damoclès fait voler dans la pièce et qui n’était jusque là pour moi qu’une vague tache floue claire. « Je suis désolé. Je… je suis un peu tendu en ce moment, alors je perds pied facilement. » Mon ancien ami se redresse et s’approche en parlant de l’instrument. « Voilà ce qu’on sait. C’est cette grand-mère qui t’as donné le thérémine. On a eu pas mal de signalements de cette vieille, mais il n’est jamais rien arrivé de fâcheux avec les objets qu’elle a distribué. J’aurais tendance à penser que c’est également le cas pour le thérémine, à moins vraiment que tu sois assez malchanceux pour être le seul à écoper d’un objet dangereux. » J’acquiesce - j’imagine que cela signifie que nous pouvons le manipuler directement sans trop nous inquiéter. « Les Revelio n’ont rien révélé de suspect, tu as touché l’instrument sans qu’il y ait de problèmes. Et finalement, il a réagi logiquement. Tu as joué de la musique avec. Il a été ensorcelé pour chanter et pas juste faire du son. Il n’a dit qu’une phrase, mais peut-être que si on reste plus longtemps. » Je le vois s’approcher de l’instrument et se mettre en position pour y jouer. Je me répète ce qu’il vient de me dire, que l’instrument a peu de chance d’être dangereux, pour réprimer un geste d’inquiétude. Moi aussi, j’en ai joué tout à l’heure, et mon aîné est sans doute le sorcier le plus raisonnable que je connaisse – il n’y aura pas de soucis. « Comment on en joue, déjà ? Je dois mettre mes mains là ? » Je hoche la tête en le regardant faire, attentif et concentré. Le bruit qui s’échappe du thérémine alors qu’il en joue me fait grimacer, et je monte mes mains à mes oreilles en plissant les yeux. Je distingue vaguement la voix lugubre qui perce, toujours en russe – et je jette un vague regard vers la plume à papote pour m’assurer qu’elle le prenne bien en note. Bien. Le silence se fait, alors que les mains de l’aigle se trouvent toujours au-dessus de l’instrument. Intéressant. Je saisis le dictionnaire pour essayer de traduire la nouvelle phrase crachée par l’instrument. « Pour le conte… C’est l’histoire d’une princesse fille très très belle, avec la peau blanche comme la neige, les cheveux noirs comme les jais et des lèvres rouges comme le sang, et qui s’appelait Blanche Neige. Sa mère mourut quand elle était jeune, et son père épousa une autre reine, très belle elle aussi, mais très orgueilleuse. La reine avait un miroir magique à qui elle demandait chaque jour "Miroir magique au mur, qui a beauté parfaite et pure ?" Et chaque jour le miroir lui disait "Reine, tu es la plus belle". Jusqu’au jour le miroir, qui ne mentait jamais, annonça à la reine qu’elle était très belle, mais qu’il existait une jeune fille plus belle et plus jeune qu’elle : Blanche Neige. Après, je te passe le détail de l’histoire pour maintenant, la reine demande à un chasseur de tuer sa belle fille et lui ramener son cœur pour qu’elle le mange, sa belle fille se cache chez des nains qui vivent dans la forêt, la reine qui est aussi une sorcière évidemment essaie alors de piéger Blanche Neige en la coiffant avec un peigne qui l’endort, en l’étouffant avec un corset et finalement en lui faisant manger une pomme empoisonnée. A la fin, le Prince charmant arrive, Blanche Neige est sauvée et l’épouse, et la méchante reine est invitée au mariage est doit danser avec des chaussures de fer chauffés jusqu’à ce que mort s’en suive. » La routine pour un conte moldu, ou pour la plupart des contes d'ailleurs. Je me souviens combien la Petite Sirène me terrifiait, gamin. « Bon, qui a beauté parfaite et pure, c’est une des versions. Y a aussi : Miroir mon beau miroir, qui est la plus belle. Pour le coup, c’est juste que… Tout le monde connaît ce conte aujourd’hui – ne serait-ce que parce qu’il a été adapté en films par les moldus à plusieurs reprises. Et il est toujours question de beauté. Alors, qu’il soit question de force ici, ça me fait bizarre, ça doit avoir un sens particulier, ou je ne sais quoi. » Je referme le dictionnaire et regarde la phrase que je viens de traduire. La musique ne parle qu'à ceux qui l'écoutent. On n’est plus exactement dans le registre du conte. Je tends le papier à Damoclès, songeur. « Turing, c’est mon chat. Et Erin… C’est une amie, oui. Mais euh… Laisse tomber, ça. » Je ne peux pas m’empêcher de rougir, et je me racle la gorge pour changer de sujet. « Peut-être que je peux essayer de vraiment jouer, pas juste poser les mains ? J’ai jamais vraiment eu l’occasion de toucher un thérémine, mais je sais à peu près dans quel sens les notes montent ou descendent, et surtout je connais le rythme d’un certain nombre de musique. » De toute façon, pour le moment, et malgré la potion, je n’ai pas vraiment de meilleure idée. Bon, qu’est-ce qui pourrait marcher ? Je m’approche de l’instrument en chantonnant [cette musique] et en me concentrant sur les notes les plus hautes seulement. En rythme, je me décide à poser ma main pour essayer de reproduire ce que je chante – ou au moins déjà à retrouver les notes qui correspondent. Avec un peu de chance, ce thérémine russe appréciera Tchaikovski.
réussite de justesse | La tentative de @Lemony Anderson de jouer Tchaïkov est bien accueillie par le Thérémine. De nombreuses fausses notes troublent la mélodie, et il faut le dire, Casse-Noisette n'est pas son conte préféré. Il cède, alors, un petit bout de terrain, et sur un ton mélodieux, il déclame :
мои записи будут высокими, если магия сильна, и низкими, если она слабая
Il a dit sa vérité, il a expliqué son utilité. Encore faut-il que nos deux magiciens sachent le comprendre ...
Le bruit grinçant qui s’échappe de l’instrument vrille les tympans de Damocles, et il retire ses mains aussi brusquement que s’il s’était brûlé. Décidément, ce thérémine ne semble pas l’apprécier, et il doit bien avouer que la réciproque est également vraie. Avec un haussement d’épaules agacé, il se détourne résolument de l’objet. Il sait reconnaître une cause perdue lorsqu’il en voit une, et à ses yeux, l’instrument ne mérite plus tous ces efforts qu’ils développent pour tenter de lui faire livrer ses secrets. Pourtant, Lemony ne semble pas encore prêt à laisser tomber, et ses yeux volent d’une page à l’autre de son gros dictionnaire pour tenter de déchiffrer cette dernière phrase. Car sous les notes stridentes et dissonantes crachées par l’instrument, ce sont bien des mots que la plume à papote a couchés sur le papier. Toujours en russe, incompréhensibles, mais cela n’arrête pas le professeur. Damocles l’écoute en silence tandis qu’il lui expose son conte, grimaçant en entendant les détails les plus sordides. « Sympa les contes moldus. Vous en avez pas un avec un ogre qui mange la tête de ses enfants aussi ? » C’est étonnant que Lemony n’ait pas plus mal tourné que ça, en grandissant avec des histoires pareilles. « Tu as remarqué que dans les contes pour moldus, les sorcières sont tout le temps mauvaises ? Ça vient d’où à ton avis ? » Cependant, Damocles a du mal à voir le rapport entre la sorcière, la princesse, le miroir et le thérémine qui se trouve devant eux. En dehors de cette formulation particulière, et d’après Lemony, assez iconique au final. Cela ne peut pas être un hasard, il y a forcément un lien. Ténu, certainement, mais une fois l’extrémité du fil attrapée, ils n’auront plus qu’à tirer. Seulement, la nouvelle phrase prononcée par le thérémine les en éloigne encore, attisant son incompréhension. Vraiment, toutes ces énigme commencent à avoir raison de sa patience. Il attrape le papier en regardant Lemony qui bafouille et se perd dans ses mots. Curieusement, il n’aurait jamais pensé que l’ancien serdaigle connaisse sa collègue. Mais après tout, ça n’est pas vraiment étonnant, lorsqu’on y réfléchit bien. Ils ont dû être à l’école à peu près en même temps. Et peut-être que contrairement à lui, ils avaient été capables de garder des relations après ces années scolaires. Damocles fait un geste vague, signifiant qu’il n’insistera pas sur le sujet.
C’est au tour de Lemony de s’approcher de l’instrument et de tenter sa chance. A la surprise de Damocles, des notes s’élèvent de l’instrument, dans une mélodie qu’il reconnait pour l’avoir apprise lorsqu’il était enfant. Il aimait ça, le piano, pour le plus grand plaisir de sa pauvre mère. Elle était mauvaise en magie, et c’était tout ce qu’elle avait pu lui transmettre, cet amour de la musique, sorcière et moldue. Et quoi de mieux qu’un compositeur russe pour un instrument qui parle Russe ? A nouveau, le thérémine crache ses mots incompréhensibles, et cette fois, Damocles s’approche. « A mon tour, laisse moi essayer. » Non pas qu’il pense pouvoir mieux réussir que Lemony, mais il en a marre de rester à attendre que quelque chose se passe. Imitant Lemony, il pose ses mains et les fait bouger pour reproduire la mélodie de Tchaïkovski, rappelant à lui ses souvenirs de solfège et de piano pour tenter de produire quelque chose d'à peu près juste. Il finiront bien par en tirer quelque chose, de cet instrument.
réussite épique | @Damocles Slughorn a fait du piano, il paraît. Son toucher plaît au Thérémine, qui ronronne mieux sous ses doigts. La mélodie de Tchékov commence à ressembler à quelque chose, et surtout, l'instrument s'impatiente. Il a trop de choses à dire, et surtout beaucoup plus de pouvoir que ce que ces deux pauvres anglais semblent pouvoir imaginer. C'est une très belle magie qui le nourrit, pas encore centenaire et pourtant sans doute encore millénaire.
Après que le sorcier a joué ses dernières notes, c'est une voix anglaise qui s'échappe de l'instrument. L'accent russe à couper au couteau ne devra pas être moqué, c'est un appareil sensible, il pourrait bien se renfermer.
Je m'ennuie dans le panier de Baba Yaga depuis près de cinquante ans. Emportez-moi avec vous, dans tous vos déplacement, et faites-moi chanter, par pitié, je vous serai utile, c'est promis ! Si je chante des notes aiguës, c'est que nous sommes dans un lieu gorgé de magie tout à fait imperméable aux interférences moldues, mais si mes notes sont graves, c'est que ces ondes peuvent trouver un passage. Vous me trouverez sans doute une utilité, mais par pitié toutefois, plus jamais casse-noisette, ou je jure rester détraqué.
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@LEMONY ANDERSON remporte donc un thérémine magique permettant, lorsqu'il est bien réglé de déceler les hauts lieux de pouvoir et ceux où le pouvoir est moins abondant (dans lesquels de la technologie moldue modifiée peut être installée). Puisque c'est @DAMOCLES SLUGHORN qui a produit cette réussite épique, il trouvera dans son inventaire un harmonica qui joue de façon automatique tout le répertoire de Bob Dylan quand on y souffle.
Je crois qu'on ne peut rien trouver de plus consolant, quand on est devenu homme, qu'un reflet de son enfance dans les yeux d'un ancien petit garçon.
- 27.02.2004
« Sympa les contes moldus. Vous en avez pas un avec un ogre qui mange la tête de ses enfants aussi ? » Je me contente de hausser les épaules. Oui, on en a un comme ça aussi. Pas mon préféré, d’ailleurs. « Tu as remarqué que dans les contes pour moldus, les sorcières sont tout le temps mauvaises ? Ça vient d’où à ton avis ? » Je fronce les sourcils. Du fait que le monde magique se cache depuis des siècles, le tout sans pourtant réussir à parfaitement empêcher que certains mages noirs et leurs disciples commettent des exactions dans le monde moldu ? Il doit bien se rappeler des attaques anti-moldues lors de la dernière guerre, ça ne peut pas être une première… Les attaques des animaux fantastiques aussi, entrent en compte. Mais probablement aussi le fait que les moldus ont pour certains un grand amour du rationnel, et une certaine misogynie, et que les charlatans et les femmes isolées font des coupables tout désignés. A cause de l’institution catholique, enfin, certainement. Je me demande s’il existe des sorciers croyants… Je ne suis pas certain de vouloir entrer dans ce genre de questionnements avec mon ancien ami, alors je me contente de hocher la tête. « Je ne sais pas. » Ça n’est pas agréable à dire, surtout si je ne poursuis pas en élaborant toute une série de théories, mais ça m’évitera de revenir sur la bêtise du Code International du Secret Magique. Je préfère abandonner ici mes réflexions pour me pencher à nouveau sur l’étrange thérémine.
Si je ne me considère pas trop mauvais au piano, mais c’est une toute autre chose que d’essayer de jouer sur un thérémine. Je tente, mes doigts cherchent les notes, et je suis récompensé par une nouvelle phrase. J’abandonne l’instrument pour me pencher sur la traduction, sans écouter Damoclès qui me dit qu’il va essayer aussi. 'Mes notes seront hautes si la magie est forte et basses si la magie est faible.' Je remets mes lunettes sur le bout de mon nez. Est-ce que ce serait une sorte de détecteur à magie ? Et dans ce cas, est-ce qu’il détecte la magie du lieu, ou celle du sorcier qui en joue ? Mon ami joue à son tour, et je remarque avec une certaine jalousie qu’il est meilleur que moi – je perds la main, c’est terrible. Il va vraiment falloir que je me remette à jouer plus souvent. Il doit bien y avoir des pianos à Poudlard ! La voix qui s’élève me fait sursauter, malgré l’accent ce n’est pas du russe.
Je m'ennuie dans le panier de Baba Yaga depuis près de cinquante ans. Emportez-moi avec vous, dans tous vos déplacements, et faites-moi chanter, par pitié, je vous serai utile, c'est promis ! Si je chante des notes aiguës, c'est que nous sommes dans un lieu gorgé de magie tout à fait imperméable aux interférences moldues, mais si mes notes sont graves, c'est que ces ondes peuvent trouver un passage. Vous me trouverez sans doute une utilité, mais par pitié toutefois, plus jamais casse-noisette, ou je jure rester détraqué.
La plume dans une main, le dictionnaire dans l’autre, je reste bouche bée. On a réussi. On a réussi ! Je me jetterai au cou de mon ancien camarade si je ne pensais pas qu’il le prendrait mal. De toutes les personnes qui ont pioché dans le panier de la vieille dame, il a fallu que ce soit moi qui m’en tire avec un objet capable de dire si les ondes moldues pouvaient atteindre le lieu dans lequel je me trouve. J’exulte. C’est… incroyable. Un peu trop incroyable d’ailleurs. Un trop heureux hasard, presque. Qu’est-ce que je disais à Regulus déjà ? ‘Le temps s’écoule très certainement de façon causale : ce qui arrive doit arriver et arrivera nécessairement, ce qui a été ne peut pas ne pas avoir avoir eu lieu.’ J’imagine que je devrais cesser d’être surpris par le concept de chance qui semble trop souvent entrer en jeu dans le monde magique. Ça, ça ferait un super sujet d’études ! Je note qu’il faut que je me rapproche de mon collègue au poste de divination. Je me secoue et m’approche de l’instrument qui a fini par se taire avec un immense sourire. « Merveilleux. Absolument merveilleux. » Oh ça, il peut me faire confiance l’instrument, je ne vais pas le laisser dormir très longtemps, je me ferais une joie de l’utiliser à la moindre occasion et de l’emmener partout. « Et pardon pour le Casse-Noisette. » Je ne sais pas pourquoi je me sens obligé de préciser ça à un simple objet – ce n’est pas comme s’il était vraiment conscient, si ? Je relève la tête vers Damoclès. « Tu te rends compte des applications que l’on peut faire de cet objet ? Oh c’est incroyable ! Toutes ces choses que je vais pouvoir tester… Merci, merci beaucoup ! » A défaut de l’enlacer je lui serre la main avec beaucoup de chaleur. « Je t’offre à boire pour fêter ça ! »
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