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Le murmure des éplorés ft. Uriel Lewis
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
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Dim 10 Mai - 18:21


le murmure des éplorés

The sacrifices of God are a broken spirit ; a broken and contrite heart, O God, thou wilt not despise. Psal. li. 17
@Daphné S. Greengrass & @Uriel J. Lewis

◊ ◊ ◊



Ses gestes étaient d'une lenteur insoutenable, exagérant chaque mouvement, y ajoutant pléthores de secondes inutiles. Elle défaisait les plis de sa longue jupe verte foncée du plat de la main, encore et encore. Elle ajustait le col de son chemisier beige, elle en tirait le tissu. Ses doigts passaient dans ses cheveux, dénouant ça et là nœuds serrés dans ses longueurs blondes. Elle s'acharnait, cœur noué, à faire durer le temps. Ses yeux ne quittaient pas son reflet, cherchant au fond de ses prunelles bleues un élan de courage. Elle n'était que portée, pourtant, par une lassitude profonde. Nouant ses longueurs en deux tresses, elle les enroula en un chignon haut, serré. Une touche de beige sublimait ses lèvres, et du rose relevait ses joues. Elle ne pouvait pas retarder l'instant davantage.

Fermant les yeux, Daphné conjura à elle l'image de la paroisse. Elle visualisa les murs de pierres, les vitraux ouvragés, les bancs de bois trop froid, et l'espace, juste devant, protégé par des lierres montantes, où les fidèles pouvaient arriver. L'odeur des feuilles trempées, de la terre mouillée, les fragrances des pierres trop vieilles pour ne pas détenir mille traces de passages, tout cela vint sublimer l'image qu'elle invoquait. D'un pas agile, la sorcière bascula de son appartement trop froid au vent glacial qui claquait sur ces terres de foi. Un frisson lui remonta l'échine, lui faisant ouvrir les paupières. Face à elle, un vieil homme, vêtu d'une longue robe foncée, brodée de vert, l'attendait patiemment. Elle hocha la tête, sourire fin étirant ses lèvres, et lui tendit la main.

En silence, le pasteur la guida vers l'intérieur de l'église, évitant ça et là groupes trop bruyants, discutant des dernières nouvelles de la semaine. Même protégée par les murs de Dieu, les mots de Reissen et Malefoy sonnaient trop fort en ces lieux, et lui cognait le crâne d’une vigueur qu’elle aspirait à ne plus sentir. Elle détourna la tête de ces gens, se laissa asseoir au deuxième rang. L'homme la couvait du regard, ses lèvres étirées en un air soucieux. Daphné l'intima au silence d'un regard, lui tirant un long soupir. Il s'éloigna d'elle sur un dernier geste d'affection, une épaule serrée tendrement. Cet homme l'avait connue, haute comme trois pommes, vêtue de ses plus belles robes du dimanche, cachée derrière celles de sa mère, qui posait une main tranquille sur ses cheveux. Astoria se tenait toujours devant leur mère, elle, sourire étincelant, prompte à échanger avec quiconque poserait les yeux sur elle. Elles venaient souvent pour écouter les préceptes religieux, pour apprendre les mots de Dieu. Leur père restait à la maison, grognant que c'était acte inutile, mais Daphné se prenait toujours au jeu, fière de réciter correctement ses prières. Elle avait passé des années, sur cette estrade, à quelques pas du pasteur, à chanter les hymnes de Noël, à laisser sa voix rejoindre le haut du clocher. Il avait toujours été là, et avait continué à lui écrire, quand sa silhouette s'était détourné du confort sacré.

Il lui avait écrit, encore, quand Astoria était décédée.

Sa lettre avait l'odeur de l'encre sèche, de l'huile qu'il utilisait pour maintenir sa barbe, la même depuis des années, et celle du bois de son bureau, où il l'avait parfois entraînée, avec Astoria et sa mère, pour leur lire tranquillement des passages de l'Ancien Testament. Il y avait eu trop de souvenirs, dans ces odeurs, et Daphné avait jeté la lettre d'un geste brusque, s'y refusant. C'était trop vif, trop douloureux. Le Dimanche qui avait suivi, pourtant, ses talons avaient cogné la pierre, son voile noir lui cachant le visage, et elle s'était assise, à cette place même.

Depuis, elle venait tous les Dimanches. Presque tous. Des fois, elle ne trouvait pas la force. Des fois, ses parfums la gardaient bloquée chez elle, ou ainsi se le justifiait-elle. Des fois, elle détournait les yeux de son livre de prières, et se disait qu'elle n'était pas prête, de toute façon. Elle venait, yeux fermés, coeur lourd, cherchant malgré elle à renouer avec le message d'équilibre qu'elle y avait toujours trouvé. Elle cherchait, mais il demeurait lointain, il ignorait ses appels. Elle s’était faufilée, à nouveau, auprès des odeurs de cèdre qui émanaient du bureau du vieil homme, pour y apprendre avec lui les douceurs des mots de Dieu, pour tenter d’y trouver les trémolos de voix nécessaires pour y puiser sa force. Il répétait que c’était trop tôt, qu’elle n’était pas encore assez sereine, qu’il la guiderait vers quelqu’un qui saurait prendre sa rancoeur et la tourner en force. Elle refusait ses remarques, pourtant, s’efforçant de puiser en elle pour retrouver son innocence d’antan, sa foi inébranlable. Le corps d’Astoria lui retombait toujours devant les yeux, pourtant, s’écroulant sans artifices, mains prostrées sur le ventre. Dans ces moments-là, la colère reprenait le pas, et elle se barricadait chez elle, oui, refusant toute douceur céleste.

Ce matin-là, les journaux où se bousculaient la tête des chanteurs de Reissen en une, encore, où aux troisièmes et quatrièmes pages journalistes de bas de marée se livraient à une recherche ignoble des moindres détails des crimes commis par Lucius Malefoy, le nom de Lewis s'y mêlant avec angoisse, l'avaient pourtant sommé à s'habiller. Ils avaient réveillé en elle, encore, le tumulte qu'elle cherchait à taire inlassablement, tournant le dos à son message d'énervement qui trônait toujours sur son bureau. Alors elle s'était vêtue, avait préparé sa Bible, et s'était observée de longs instants, repoussant l'instant.

Ses doigts saisirent son livre de prières, caché au fond de la poche de sa longue jupe, et elle inspira profondément. Il y avait des murmures, à sa droite, et elle s'acharna à les ignorer, ouvrant soigneusement l'ouvrage. C'était celui d'Astoria - elle avait le sentiment d'être là avec elle, comme cela. Ses doigts feuilletèrent les pages fragiles, jusqu'à ce que les premiers psaumes s'affichent. L'ordre des matines ne variaient pas, et ses pensées pouvaient se laisser guider pendant une longue heure tranquille. Si ces imbéciles voulaient bien se taire, là-bas. Regard froid, Daphné tourna les yeux pour dévisager le groupe, qui s'agitait. Ils s'écarquillèrent, toutefois, en réalisant qui attirait ainsi les murmures.

- Uriel, souffla-t-elle, déboussolée.

Elle ne l'avait pas recroisé, depuis. Depuis son annonce, qui lui avait glacé le sang. Daphné reposa son livre d'un geste brusque et se redressa, traits tirés, pour faire des pas pressés vers l'homme blond. Gorge nouée, elle arriva devant lui, ses doigts fins glissant sur son bras :

- Dieu soit loué, tu vas bien.

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Uriel J. Lewis

Uriel J. Lewis
MEMBRE
hiboux : 224
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Dim 31 Mai - 23:41



LE MURMURE DES ÉPLORÉS
Une fois n’est pas coutume, tu n’es pas de garde à l’hôpital. Tu l’as été de nombreux dimanches consécutifs pour permettre à une de tes collègues de passer son dimanche avec ses enfants revenus de Prima Sapientia pour le week-end plutôt qu’avec des patients.  Tu l’as fait de bonté de coeur jusqu’à la distribution des nouveaux plannings. Désormais, il n’est plus question de travailler le dimanche matin pour toi, et c’est le coeur battant d’une liesse certaine que tu prends le chemin de l’Église aux côtés de ton père. Vous avez laissé le chat à la maison, pelotonné sur un fauteuil. Il vous a paresseusement regarder partir. Et vous voilà, Jonas Lewis et Uriel Lewis. L’un est directeur d’école, choriste céleste, ton père adoptif. Le deuxième, c’est toi. Ce gosse que tout le monde croyait connaître qui se révèle être le fils bâtard d’une raclure de mangemort. Évidemment, la paroisse est mixte, mi-sorcière, mi-moldue. Cela empêche les questions gênantes tout de go. Cela n’empêche certainement pas les regards glissés en coin, ni même les murmures sur votre passage. Tu sens ton père – ton vrai père te serrer l’épaule en signe de soutien. Ce geste, pour toi, vaut plus que toutes les remarques que l’on pourra te faire.

L’office n’est qu’un film flou, jeté devant tes yeux. Tu chantes, mais ni la voix ni le coeur n’y sont. Tout sonne faux autour de toi. Tu aimerais te raccorcher à Dieu, à sa lumière, sa plénitude pour ne pas sombrer, mais tu n’y arrives pas. Autour de toi, au fond de toi, tout n’est que chant de ruines. Alors tu pries, les yeux clos, la poitrine difficilement soulevée par ton émoi. Tu te raccroches à la présence de ton père et tu tentes de garder contenance. Il est ton roc, lui. Personne d’autre. Ton père, ton protecteur, celui qui t’a élevé et choyé. Lucius Malefoy n’est rien. Il ne fut rien. Mais il fut tout. Sans lui, sans ses crimes, sans ses exactions, tu ne serais pas là. Et cela te pose un cas de conscience terrible… Tu ne vas quand même pas remercier ce salaud, non ?

Les minutes passent, tes pensées vagabondent, se perdent dans le tumulte des chœurs. L’office s’achève, et le temps de la prière vient… troublé par les chuchotis, toujours plus forts, toujours plus insistants. Tu sens leur regard peser sur ta nuque. Tu sais ce qu’ils se disent, tu sais ce qu’ils pensent. Tu sais ce qu’ils laissent entendre. Tu sens la main de ton père sur ton épaule. Jonas est à côté de toi, un peu plus raide qu’à l’habitude. Il a passé le bras autour de tes épaules. Il est là pour toi, ton père. L’étreinte est brève, mais elle te donne du courage.

– Va, fils. Je m’en occupe.

Sa voix est paisible. Après tout, il est ici en son domaine. Un homme important chez les Choristes Célèstes, et tu es son fils. Trop semblent l’avoir oublié. Tu fais volte face et tu prends le large. Un petit pas claque près de toi, tu continues d’avancer. Elle se jette sur ton chemin et tu te figes. Daphné Greengrass. Tu l’aurais reconnue entre mille, cette jeune femme. Tu sais tout ce qu’il y a à savoir de l’union funeste de sa cadette avec ton propre cadet. Tu frissonnes. Et tu lis dans son regard autre chose que de la pitié. Ça change.

Tu poses la paume sur sa main égarée sur ton bras. Un geste de réconfort. Tu esquisses un sourire.

– Je vais bien, Daphné. Et toi ?

Question stupide. Et l’église pèse de tout son poids. Les murmures, les regards, les chuchotements. Derrière roi, le souffle furieux de ron père. Il le voit debout, bras croisés sur la poitrine, le minois impassible. Un groupe d’hommes et de femmes semble bien embarrassé auprès de lui. Tu ne devines que trop bien ce qu se dit, alors tel un gentleman, tu tends ton bras à Daphné.

– Il fait doux aujourd’hui, veux-tu que nous prenions un peu l’air ? Tu pourrais me raconter ce que tu deviens autour d’un café ou d’un thé ?

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PS : désolé du retard ; j'ai perdu une fois le rp avec un plantage d'ordi, j'ai du tout réécrire, et j'ai traîné un peu sur la réécriture parce que ça m'agaçait de pas faire aussi bien que la V1... :smi27:

Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
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Mer 3 Juin - 15:02


le murmure des éplorés

The sacrifices of God are a broken spirit ; a broken and contrite heart, O God, thou wilt not despise. Psal. li. 17
@Daphné S. Greengrass & @Uriel J. Lewis

◊ ◊ ◊



La prière s'était déroulée, chants après cantiques, amen murmurés en communion avec les bancs. La paix avait échappé à l'héritière Greengrass, qui demeurait droite et froide. Les dimanches passés avaient su apporter quelque peu de paix à son âme déchaînée, seulement les tourments qui l'agitaient cette matinée ne semblait pas vouloir trouver réconfort. Elle demeurait sourde aux incitations du pasteur à trouver paix dans son coeur, à s'ouvrir au Seigneur pour se pardonner soi-même. Les mots tombaient, pourtant, au creux de ses oreilles, et elle-même les avaient murmurés - en vain.

C'était, sûrement, parce qu'il y avait ses regards, ses murmures, qui avaient fait frémir la paroisse, avant le début de l'office, et qui continuaient encore maintenant, alors que le pasteur avait sommé le dernier Dieu vous bénisse. Ils ne cessaient pas, se complaisaient dans des mots susurrés, qui n'en finissaient pas d'engourdir l'esprit de la jeune femme. Son livre claqua contre ses genoux alors qu'elle relevait la tête pour observer, dédaigneuse, les imbéciles venant ternir ce moment de répit. Ses yeux vrillèrent, seulement, en réalisant la cause de leurs brouhaha. Elle posa le livre, l'abandonna, fit simplement claquer ses talons vers cette figure connue, ce sursaut de paix au milieu de cette masse. Daphné sentait tout son corps se tendre, presque déboussolée de le savoir ici, ne sachant trop comment l'aborder - le devait-elle même ? Elle se retrouva devant lui, pourtant, trop rapidement pour pouvoir changer d'avis. Il avait l'air surpris, s'était figé, peut-être aussi perturbé que la jeune femme de de retrouver ainsi. Expirant profondément, Daphné sentit sa gorge se nouer alors que ses doigts venaient trouver appui sur le bras d'Uriel, dans une étreinte appuyée. Elle voyait sur ses traits une fatigue, oh, évidemment, de la colère, aussi, sûrement, que le Seigneur n'avait su apaiser, et cette lassitude, cet agacement face à ces gens qui semblaient avoir oublié de le respecter. Ne serait-ce parce qu'il était un des leurs, un des fidèles les plus assidus. Il était là, pourtant, presque en forme, son visage frais, ses yeux vifs, et le fin sourire qu'il lui dédia conforta plus encore la jeune femme. La main d'Uriel vint appuyer la sienne, une chaleur certaine s'en dégageant. Il allait bien, oui. Elle ? Comment allait-elle ? Sa main glissa, abandonnant le contact humain, vint se réfugier contre son ventre, sourire fragile répondant à la douceur du disciple. Daphné s'éclaircit la gorge, détournant les yeux alors qu'elle admettait à demi-mot :

- Mieux.

Il n'insista pas, ce dont la jeune femme le remercia intérieurement, ses yeux se perdant sur Jonas Lewis qui taisait de son autorité l'agitation derrière eux. Elle connaissait moins bien le père que le fils, évidemment, mais elle savait la place qu'il occupait dans cette congrégation et le respect qui lui était dû. Oublié, encore. C'était si facile d'oublier ce qui faisait pourtant le socle d'une pensée. Elle s'en détourna, attention rattrapée par les paroles d'Uriel, qui lui tendait le bras, suivant avec aptitude les bons gestes de société. Daphné esquissa un sourire, plus sincère cette fois, et hocha la tête. Elle glissa son bras sous le sien, voix douce alors qu'elle murmura :

- Va pour un thé, il faut bien cela après une messe pareille. Je suis désolée que tu n'aies pas eu l'occasion d'y trouver répit, après ces quelques semaines sans y venir.

Son regard glissa vers lui, l'observant quelques secondes silencieusement. Il la guidait hors de l'église, les portes de bois se refermant derrière eux, et l'air brumeux du paysage anglais les accueilla à nouveau. Du bout de l'index, Daphné pointa une direction à l'ouest, indiquant un chemin tracé dans les bois.

- Il y a un village, à une dizaine de minutes, mère nous y emmenait pour le thé, après l'office. Je ne sais pas s'ils pratiquent toujours, depuis, mais…

Elle s'interrompit, haussant les épaules. Le thé n'était qu'un prétexte, finalement, elle ne s'en leurrait pas. Elle retint un soupir, resserrant sa cape contre son corps. Elle n'avait pas mis la plus épaisse, ou la plus ensorcelée, ne prévoyant pas de quitter la paroisse, mais cela ferait l'affaire. Main tranquillement posée sur le bras d'Uriel, se nouant tout à fait à lui, Daphné inspira profondément. La rosée du matin berçait encore les feuilles et herbes qui ployaient sous leurs pas, et l'odeur de l'écorce humide lui remontait dans le nez. Elle n'aimait rien tant que les odeurs sauvages de la nature, qui révélaient leur toute puissance après des averses remuantes. L'odeur d'Uriel s'y mêlait, seulement, tirant la jeune femme de son échappée florale. Ses doigts se crispèrent sur son bras.

Elle connaissait Uriel depuis des années, leurs chemins s'étant croisés avant même que Poudlard ne les eût réunis à nouveau. Son père et sa mère tenaient discussions tranquilles, sous les vitraux de l'église, alors que Daphné observait Uriel avec hésitation et qu'Astoria se glissait vers lui, bouche déjà babillante. Ils avaient continué à se côtoyer, sans vraiment se connaître, la jeune enfant remarquant cette magie à laquelle il s'initiait, et portant intérêt aux dires de son père. Uriel avait fini par rejoindre les bancs de Poudlard, et leurs rencontres s'étaient espacées, rendues plus compliquées encore par la santé vacillante de la mère Greengrass, qui reportait à contre cœur ses visites de foi.

Ils s'étaient recroisés dans les couloirs froids de Poudlard, têtes hochées poliment quand l'un rencontrait l'autre. Certains weekends, ils se retrouvaient tous deux à l'église, parmi ses quelques autres élèves trop croyants. Ils n'échangeaient pas énormément, pourtant, l'âge les éloignant, leurs fréquentations peut-être plus encore. La révélation de ces dernières semaines lui retournait encore l'esprit, Daphné se trouvant sotte de n'avoir su lire sur son visage apprécié les mêmes traits que ceux qu'elle avait tant détesté sur celui de Drago. Elle y avait réfléchi, longuement, se demandant comment elle n'avait jamais su voir l'évidence : mais comment l'aurait-elle pu, quand lui-même n'en avait aucune idée, elle en était certaine. Elle l'avait recroisé, pourtant, à certaines veillées de Noël, sa voix portant les choeurs de l'église, en honneur de sa mère ; là encore, elle n'avait pas su repérer en ses traits d'hommes grandis les mimiques qu'avait Malefoy. Son esprit, cela dit, s'abandonnait bien trop à toute composition lui permettant d'oublier, de s'apaiser, à cette époque-ci ; tant bien même aurait-elle reconnu les traits, elle se serait acharnée à l'oublier. C'était bien trop odieux, pour souhaiter en avoir conscience. L'horreur qui l'avait secouée, en lisant sa déclaration, ses mots terribles qui faisaient de sa naissance le fruit d'un viol, Daphné la sentait encore vibrer en elle.

Ils s'étaient recroisés, pour la première fois depuis des années, quand la jeune femme avait franchi le pas de la paroisse, répondant à l'appel pressant du prêtre de renouer avec sa foi. Elle l'avait rejetée, avec la guerre, la politique, et voulait l'oublier tout à fait, avec le décès d'Astoria. Elle était revenue, pourtant, et leurs regards s'étaient croisés. Elle avait hoché la tête, encore, distante mais polie, comme elle l'avait toujours fait. Elle n'était pas Astoria.

Ce qui l'avait mue, en cette matinée, d'aller faire claquer ses talons vers lui et de lui parler - lui parler vraiment, alors qu'elle n'avait jamais trop cherché cela -, Daphné ne le savait que trop bien. Le soulagement, certainement, de voir que cette personne, qu'elle avait tout de même eu sous les yeux toute sa vie, allait bien. Presque bien. Suffisamment pour croire encore au Seigneur, et venir y trouver réconfort. La pensée absurde, aussi, de se dire qu'elle lui donnerait réconfort, elle aussi.

Il aurait toutefois pu la rejeter, car le monde savait trop bien comme les sœurs Greengrass avaient été de fières insurgées, la famille alliée, même, jusqu'au mariage, aux Malefoy revanchards. Si l'une était morte, et l'autre s'était détournée aussi tôt, les avis n'étaient peut-être pas aussi temporisés. Elle avait vendu les Terres, pourtant, les avait retirés du contrôle des Insurgés, avait vendu les écuries sur lesquelles sa famille avait fait sa fortune, avait rejeté tout ce qui un jour avait financé cette mascarade. Sauf ses parfums, évidemment. Peut-être le savait-il, tout cela, peut-être était-ce la raison pour laquelle il lui avait tendu ce bras.

Daphné s'immobilisa, arrêtant leurs pas tranquilles sur le chemin boisé, ses prunelles bleues, vives, trouvant celles tout aussi lumineuses d'Uriel. Il fallait lui dire, lui demander ; seulement par où commencer ?

- Je ne sais plus à quand remonte notre dernière discussion, soupira-t-elle, lui adressant un sourire désolé. Astoria était plus prompte à échanger, je n'ai jamais eu cette facilité. Ni l'envie, songea la jeune femme, préférant ses petits cercles, mais elle ne l'ajouta pas. J'imagine qu'énormément de choses se sont déroulées, depuis.

Elle le sondait du regard, ses mèches blondes encadrant son visage soulevées par les brises de vent. Les mots étaient toujours aussi difficiles à trouver. Détournant les yeux, Daphné ferma brièvement les yeux, la voix tremblante quand elle ajouta :

- La foi n'aide pas toujours à canaliser notre colère. Avoir des âmes sur qui compter peut aider un peu plus, toutefois.

Uriel avait les yeux trop pâles, pensa-t-elle. Il avait son père, pourtant. Elle l'imaginait avec plus d'amis qu'elle, aussi. Que lui apporterait-elle, alors ? L'aînée Greengrass s'y força, pourtant, le ton plus franc, plus déterminé, quand elle souffla :

- Je pourrais être de celles-ci, si tu le souhaites.

Astoria l'aurait souhaité, s'imaginait-elle. Qu'aurait-elle pensé, de son mari frère de cet homme qu'elle connaissait depuis l'enfance, de ce bâtard Malefoy ? Qu'aurait-elle pensé de cette famille, qui continuait à gâcher des vies, inlassablement ? Daphné ne le savait pas, elle ne le saurait jamais, aussi ne pouvait-elle que s'écouter, elle. Et la reine des glaces avait le coeur embrasé de colère.

-Nous ne sommes pas les premiers que les Malefoy font enrager.

1603 mots (c) oxymort



Spoiler:

Uriel J. Lewis

Uriel J. Lewis
MEMBRE
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Jeu 4 Juin - 20:36



LE MURMURE DES ÉPLORÉS
En te rendant à l’Église, une fois n’est pas coutume, tu ne t’attendais pas à recroiser Daphné Greengrass. C’est stupide, en même temps : bien sur que vous fréquentez la même paroisse, c’est même ce qui vous a un peu rapprochés dans vos jeunesses respectives. Bien sur, tu n’étais pas en odeur de sainteté à Serpentard… un fils de née moldue et sans père, pensez donc ! Daphné et toi avez donc était tout sauf inséparables. Mais elle était là, de quelques années ta cadette. Il y avait au moins une présence que tu savais plutôt bienveillante dans ta maison, et cela t’a beaucoup aidé, rétrospectivement. Une personne, au moins, à ne pas te toiser avec condescendance, que ce soit par réel mépris ou par mimétisme social. C’était votre secret à tous les deux : tu restais hors de son chemin pour qu’elle ne soit pas la nouvelle cible de tes ennemis, elle s’abstenait de participer à ton lynchage, préférant regarder cela de loin, un air indéchiffrable sur le visage. Et pendant les vacances, vous vous retrouviez à la messe avec cette douce complicité bâtie sur des mensonges pour protéger l’autre. Non, vraiment, quelle ironie que ait été, par alliance, un membre de ta famille, Daphné : les sœurs Greengrass étaient bien les seules sang pur de Serpentard contre lesquelles objectivement tu n’as rien.

Aussi, lorsqu’elle vient à toi, tu n’as que bienveillance et compassion pour elle. Vous souffrez, après tout, des mains des mêmes bourreaux. Tu lui tends le bras avec grâce, tu esquisses un sourire quand elle glisse sa main autour de ton bras. Daphné te fait l’effet d’une petite sœur que tu voudrais protéger, dont tu veux prendre des nouvelles. Elle est chère à tes yeux. Plus chère encore maintenant que vous êtes unis par les mêmes ennemis. Car tu ne doutes pas un seul instant qu’elle ait des sentiments contraires pour celui que tu sais être, désormais, ton petit frère. Tu en aurais, toi, si tu avais perdu une sœur ou un frère de la sorte. Est-elle assez proche de Malefoy junior pour le consoler ? Sont-ils de ces âmes unies par la douleur qui se rapprochent, ou sont-ils, au contraire, séparés par la perte d’Astoria. Tu ne sais pas. Tu n’en sais rien, mais quelque part, tu brûles de le découvrir.

– C’est vrai que cela faisait quelques temps que je n’étais pas venu à l’office. Une de mes collègues a son enfant à Prima Sapientia et voulait pouvoir profiter de son week-end en famille, alors nous nous sommes tous arrangés pour lui éviter de travailler le dimanche. Avec le nouveau planning du mois, je peux à nouveau venir.

Tu réponds tranquillement, marches à son pas. Tu ne veux pas brusquer les choses. L’air est froid, brumeux, et il y a près de toi cette âme en peine que tu veux réconforter. Alors vous laissez le bruit du monde derrière vous. Elle pointe un chemin. Tu ne connais pas bien cet endroit. Qu’importe, tu souris paisiblement. C’est fou ce que sa présence peut t’aider à avoir une certaine contenance.

– Eh bien allons-y. Si nous trouvons porte close, nous aviserons, voilà tout.

Tu ne connais pas bien la famille Greengrass, mais tu sais au moins ceci : depuis la mort d’Astoria, Daphné est seule au monde. Tu ne t’es pas tenu au courant de la politique de Grande Bretagne. Pas avant ta rencontre avec Djouqed. Pas avant la mort de ta mère. Tu n’as su que tardivement – il y a quelques jours à peine – les gestes très commentés de Daphné, qui, claquemurée dans son désespoir, a vendu le patrimoine familial pour demeurer seule au monde. Avec elle, dit-on, la lignée Greengrass mourra. Tu n’as eu que faire des commérages qui la disaient trop emmurée dans sa tristesse pour faire les bons choix pour sa lignée, ni de ceux qui la disaient devenue folle de désespoir. Ni même ceux qui la prétendaient amante de femmes plutôt qu’amoureuses des hommes pour expliquer son affolant célibat alors que sa lignée est si bien menacée. Tout cela, tu n’en as que faire. Tu es là, elle est à côté de toi et vous cheminez paisiblement sous le couvert des arbres. C’est elle qui rompt le silence alors que vous dépassez un vieil orme ployé vers le chemin.

– C’est vrai qu’Astoria était toujours très vive, et toi plus discrète. Mais cela ne veut pas dire que nous n’échangions pas : il y a bien des façons de communiquer, et je trouvais toujours très apaisant le fait de croiser ton regard à Poudlard après une mauvaise journée.

Tu lui souris. Même encore maintenant, à cet instant précis, tu la trouves apaisante. Peut-être est-ce cela la véritable bénédiction des Choristes célestes, après tout. Non pas la foi, non pas cette Bible qui te harasse autant qu’elle t’aide, mais cette simple douce mesure qui vous enveloppe tous les deux. Il y a quelque chose d’apaisant lorsque deux âmes vieillies par les tourments se réchauffent. Alors tu pauses la main sur la paume d’Astoria passée sous ton bras.

– Merci d’être là, Daphné.

Et comme un signe venu des cieux, une brève éclaircie jette ses tâches de lumière sur le chemin où vous avancez tous deux avant que les nuages ne viennent reprendre leur empire sur le soleil. Mais vous êtes côte à côte, et tu pèses gravement les mots de ta compagne de route jusqu’au village tout proche.

– Les Malefoy semblent avoir un don pour se faire des ennemis et détruire des vies, c’est vrai.

Tu es pensif, tu effleures le dos de sa main en signe de réconfort. Tu aurais aimé qu’ils ne brisent pas sa vie comme la tienne, celle de ta mère ont pu être brisées. Toi, dans ce désespoir, il te reste ton père, et tu trouves Djouqed sur ta route. Qui a-t-elle, elle ? Qui a-t-elle pour recueillir ses larmes et panser ses tourments ?

– Il faudra bien qu’ils paient, un jour.

Tu le dis doucement, presque comme un aveu.

– Le ciel ne laisse pas éternellement les âmes damnées semer le chaos ici bas. Il faudra bien qu’ils paient, un jour.

C’est un serment que tu lui fais, à Daphné.

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Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
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pictures : Le murmure des éplorés ft. Uriel Lewis 68747470733a2f2f73332e616d617a6f6e6177732e636f6d2f776174747061642d6d656469612d736572766963652f53746f7279496d6167652f39303253675170745f75365941673d3d2d3537363838373236362e313533313534656439353333633630373939323037353035363337372e676966
Jeu 25 Juin - 2:55


le murmure des éplorés

The sacrifices of God are a broken spirit ; a broken and contrite heart, O God, thou wilt not despise. Psal. li. 17
@Daphné S. Greengrass & @Uriel J. Lewis

◊ ◊ ◊


Uriel semblait l'âme bien plus tranquille que la jeune Greengrass, son pas mesuré et sa voix douce alors qu'il réagissait à sa surprise, positive, de le savoir ici. Elle hocha la tête, distraitement toutefois, finalement bien peu intéressée par les aventures et mésaventures d'emploi du temps de son ami. Ami, vraiment ? Daphné ne savait si elle pouvait le dénommer ainsi, et pourtant tout autre terme lui paraissait bien insuffisant pour le qualifier. Allié, peut-être. L'était-il ? Son bras soutenait sa main, ses pas allaient à son rythme, rien n'indiquait qu'il ait envers elle des intentions mauvaises. Rien, seulement, n'assurait non plus du contraire. Pinçant les lèvres, elle couva quelques instants du regard les traits marqués du jeune homme, et préféra pointer du doigt un chemin, sur la droite. Ce n'était pas des plus élégants, mais il ne sembla pas lui en tenir rigueur, l'encourageant dans son mouvement. Un faible sourire relève ses lèvres, lorsqu'il annonça qu'ils aviseraient, dusse le café être fermé, et cette même réalisation semblait peser entre eux. Qu'importe, finalement, qu'il y ait salon de thé ou non. Les mots prononcés, sur le chemin y menant, seraient bien plus importants.

C'est sûrement ce qui la poussa, bien rapidement, à briser le silence qui s'engageait. Ses quelques mots, d'abord hésitants, prirent plus de place entre eux, s'y posèrent bientôt avec certitude. Elle n'était pas Astoria, Dieu lui pardonne, elle ne possédait pas son aisance, son habilité à se faire apprécier, à trouver les mots justes ; non, elle ne l'était pas, mais Daphné vouait tout de même une affection inconditionnelle à Uriel, qu'elle tenait à lui faire comprendre. Elle serait là, s'il voulait d'elle. Et son sourire, trop tendre, apaisa aussitôt l'inquiétude d'avoir été trop franche de la jeune femme. Elle ne put que sourire à son tour, secouant presque la tête devant les mots qu'il lui soufflait. Daphné Greengrass, apaisante ? Elle était admirée, peut-être, auscultée du regard, on souhaitait se trouver en sa présence, parce qu'elle était des gens de bien, seulement, et non pas parce qu'elle apaisait les autres. L'idée la faisait rire, vraiment, mais elle se contenta d'inspirer profondément, les yeux pétillants, sincèrement enthousiastes. Les doigts d'Uriel effleurèrent sa main, alors, son regard venant trouver le sien ; un frisson la parcourut. L'intensité qu'elle pouvait lire dans son regard, la franchise qu'elle y trouvait, lui gonflait le coeur et lui apportait plus de repos que les prières n'avaient su le faire, ce matin-là. Troublée, elle hocha la tête une fois encore, cherchant les bons mots. Elle ne parvint qu'à souffler que c'était naturel.

Ça ne l'était pas vraiment, pourtant. La loyauté Serpentard primait toujours, c'était évident, mais Uriel n'avait peu bénéficié de cette avantage de maison, son sang jugé trop sale pour qu'il ne soit réellement apprécié. La loyauté due au Seigneur, alors ? À ces heures passées à chanter ensemble, à prier le même être spirituel ? Non, là encore, il faudrait être trop niais pour s'imaginer qu'une forme de loyauté certaine les unissait tous. Il n'y avait qu'à voir, ces murmures, ces messes basses, quand Uriel avait pénétré dans la paroisse, murmures que même la présence de son père, figure s'il en est, n'avait su calmer. Alors d'où venait cette loyauté certaine, cette assurance qu'elle serait là, et cette évidence qu'il l'appréciait, véritablement ?

Leur colère, alors. Leur colère les liait-elle, comme aucun autre de leurs systèmes n'avaient su le faire ? La colère, que même leur foi ne savait tarir ? C'est ce qu'elle lui souffla, la voix tremblante, lui murmurant une fois encore combien elle pouvait être de ses âmes fiables, s'il lui fallait soutien contre le feu dangereux de la rage. Elle lui souffla encore, la voix plus ferme cette fois-ci, ce qui finalement faisait la certitude de l'infaillibilité de ce lien qu'ils avaient : la colère, contre ces Malefoy. Combien étaient-ils, unis par cette même colère, cette même peine ?

Sa main se fait douce, encore, effleurant la sienne dans une caresse de réconfort, alors qu'Uriel admet le palmarès dérangeant de la famille Malefoy. Sa famille, finalement, songea l'héritière Greengrass. Elle avait l'avantage de n'être qu'une pièce rapportée - mieux encore, la sœur de la pièce rapportée. Le sang de ses monstres coulait toutefois sans frémir dans les veines de l'homme qui tenait son bras. C'était là une malédiction bien plus tangible, bien plus terrible.

Les mots qui tombèrent entre eux, à cet instant, firent se figer quelques secondes la jeune parfumeuse. Il y eut un retard, dans son pas, elle se retrouva en décalage avec l'homme blond, qui semblait bien trop pris par les déclarations qu'il lui faisait. Ils paieraient, lui promettait-il. Ils paieraient. La phrase était trop douce, la promesse trop belle. Comment pouvait-elle y croire ? Comment Uriel pouvait-il même lui permettre de croire en ses chimères, quand il n'était qu'une âme trop innocente, un homme dévoué aux autres, capable de l'aimer elle, malgré tout, malgré ses fréquentations, malgré ses erreurs fatales ? C'était absurde, et elle lui en voulait presque de chercher à lui faire croire cela. Elle ne pouvait pas se laisser aller plus encore aux idées de vengeance. Elle avait fait trop de chemin, guidée par les prières dominicales, les travaux sur la foi, sur son être, sur sa voix, pour s'abandonner si facilement à l'envie de les écraser, tous les deux - tous les autres, aussi. Non, elle ne pouvait pas. Qu'on lui pardonne cet égarement, encore. Daphné secoua la tête, ignorant consciencieusement le jeune homme, prunelles fixées droit devant elle. Elle devait ignorer.

Elle ne put s'en empêcher pourtant, la langue lui brûlant presque le palais lorsqu'elle susurra, enfermant la honte et la miséricorde qu'elle devait prôner au fond de son esprit :

- Il le faut, Uriel - mais ce n'est plus assez, que de l'espérer en vain. Mon âme est déjà bien trop damnée du nombre de fois où j'ai rêvé d'avoir sa tête, leurs têtes, trônant sur un plateau d'argent ; il ne me suffit plus de l'imaginer, comprends-tu ? Il me faut plus concret, plus réel, pour pouvoir en supporter davantage.

Elle se mordit la langue, ferma brièvement les yeux. Son pas s'immobilisa, et elle força le geste, pour qu'Uriel soit en face d'elle, enfin. Son corps était tremblant - de froid, peut-être, de peur des mots qu'elle prononçait, sûrement.

- Comment fais-tu, en n'ayant que l'espoir qu'ils soient punis, pour continuer de vivre normalement ? Je ne sais plus comment faire, Lewis.

Les derniers mots lui échappèret, ses yeux tombant au sol, la honte lui dévorant le corps. Elle, si fière, si hautaine, qui se réfugiait ainsi derrière l'utilisation de son nom de famille, pour le distancier de ce moment trop plein de vulnérabilité. Elle ne savait plus, pourtant. Tous les soirs, elle voyait Astoria, tomber au sol. Tous les soirs, elle voyait les Malefoy, trop libres, trop vivants. Qu'importaient les mots outragés qu'elle ait pu écrire, ces mots appelant ces concitoyennes à rejeter la main trop habile de l'Enchanteresse, ces mots encore consignés au fond de son tiroir. Qu'importait le réconfort graduel qu'a su lui offrir Pandora, qu'importaient les quelques moments de sursis, où elle se sentait un peu respirer, presque entière, presque capable d'être elle-même. Ils étaient bien trop vite balayés par ces nuits, qui lui retournaient l'estomac, où elle se trouvait à prier pour la mort d'une femme.

- Je n'aime pas ce qu'ils font de moi, tu sais ? Comment fais-tu, pour t'y retrouver ?

Et sa main, qui attrapa la sienne, ses doigts trop tremblants resserrant tant bien que mal ceux du bâtard Malefoy. Qu'il l'aide, qu'il entende le mal qui la bouleverse.

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Uriel J. Lewis

Uriel J. Lewis
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Jeu 3 Sep - 10:06



LE MURMURE DES ÉPLORÉS
Tu marches avec elle. Tu l’as connue un peu, avant, Daphné, mais tu n’as jamais eu ce type de conversation avec elle. Tu la sens s’arrêter et tu réagis presque trop tard. Tu as fait encore un pas au moment où elle s’est immobilisée au milieu du chemin. Tu la regardes, vois le choc peint sur son visage. Quelque chose qui passe dans son regard. Tu cherches à comprendre ce que tu as dit de trop. Qu’ils paient. C’est ça. L’as-tu dit à haute voix ? Peur-être. Oui, tu l’as susurré à son oreille. Le mot t’a échappé avant même que tu ne puisses le saisir et le retenir. Flûte. Tu n’aurais pas dû. Que va-t-elle penser maintenant ? Te verra-t-elle comme un nouveau monstre dans la famille Malefoy.

Elle a ce drôle de regard, pourtant, cette pâleur des iris qui accroche la lumière. Ce ciel pâle qui fait blanchir ses cheveux et étinceler d’une drôle d’aura la froideur bouleversée de ses prunelles. Tu pourrais t’y noyer. Miroir parfait d’une haine qui bouillonne aussi au fond de toi. Une haine qu’il faut museler pour atteindre les cieux plutôt que d’être précité aux abysses. Mais les Enfers, tu y nages déjà. Le Styx t’a emporté dans ses flots le jour où Djouqed a posé la main sur ton corps et s’est mis à murmurer à ton oreille. Serait-ce si grave que d’être damné devant l’éternel ? Peut-être est-ce la la destinée des Malefoy après tout.

Tu sens la contenance de Daphné se volatiliser alors qu’elle te presse de questions et s’empare de tes doigts. Tu la sens trembler et perdre pied près de toi, alors tu refermes une main sur les siennes et enlace doucement ses épaules de ton autre bras. Tu l’attires à toi doucement et la prends dans tes bras en veillant à ce qu’elle puisse toujours t’échapper si elle le désire. Tu ne veux pas la brusquer, seulement la réconforter, l’apaiser. Qu’est-ce que tu donnerais au ciel pour qu’elle trouver un peu de sérénité dans la tourmente qu’est la sienne.

– A moi non plus les mots ne suffisent plus, Daphné. Je vais les détruire.

Un aveu soufflé dans un murmure à son oreille. Tu regrettes presque de l’avoir dit, mais tu sais qu’elle te comprendra. Tu sais qu’elle, elle saura, elle verra. C’est la première fois que tu le dis. Que tu oses le dire. Toutes ces idées chuchotées à ton oreille par Djouqed prennent enfin une voix entre tes lèvres. Tu caresses sa main, tu veux la rassurer, l’apaiser.

– Je vais les priver de leurs terres, de leur titre, de leurs possessions et effacer le nom Malefoy à jamais des familles de Grande Bretagne. Il ne leur restera que leurs remords et leurs péchés pour leur tenir compagnie.

Tu la regardes, paisiblement. C’est ça qui t’aide à tenir, à ne pas tomber dans la haine et le désespoir. Tu n’es pas impuissant, tu n’es plus impuissant. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais tu vengeras ta mère. Tu les mèneras à la rédemption ou aux Enfers. Tu seras l’instrument d’une puissance divine. Tu seras la main de Dieu dans l’accomplissement de la justice.

– Ils finiront leur vie dans la misère, privés de tout et confrontés à leurs crimes. Il ne leur restera qu’à trouver le salut ou périr aux Enfers. Je te le promets, ils ne s’en sortiront pas.

Tu réchauffes ses paumes dans les tiennes, effleure sa peau. Tu cherches son regard, tu le soutiens. C’est une promesse, un serment que tu lui fais. Les Malefoy ne s’en sortiront pas. Jamais.

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Pardon pour le retard de folie, et merci de ta patience ! allons pourrir du Malefoy  :smi19:

Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
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Lun 21 Sep - 8:56


le murmure des éplorés

The sacrifices of God are a broken spirit ; a broken and contrite heart, O God, thou wilt not despise. Psal. li. 17
@Daphné S. Greengrass & @Uriel J. Lewis

◊ ◊ ◊



Son cœur battait trop fort, le sang pulsant dans ses veines, pulsant dans ses oreilles. La panique s'était engouffrée en elle, faisant trembler son corps. Tout semblant de tranquillité qu'elle avait pu trouver durant ce service du matin s'était volatilisé, remplacée par tout le désarroi dans lequel elle se complaisait trop souvent, ces derniers temps. Elle pensait aller mieux, l'héritière Greengrass, elle se l'imaginait vraiment - seulement les mots d'Uriel avaient écrasé son paraître et révélé toute son angoisse véritable. Elle ne savait pas comment gérer tout cela, ces émotions assassines quand elle se voulait repentie, cette envie de tête sur un plateau quand il lui faudrait mettre ses genoux au sol, pour Lui.

Son souffle, précipité, trouva un peu de répit lorsque les bras tendres d'Uriel vinrent l'enlacer. Sa main tenait toujours la sienne entre ses doigts et, loin de se crisper devant ce contact inhabituel, Daphné s'abandonna à cette étreinte protectrice, sa tête reposant contre son épaule, près de sa nuque. Elle inspira, une fois, deux fois, l'odeur d'Uriel lui remplissant le nez, l'ancrant dans le réel. Les élans de chaleur humaine, dans son quotidien, étaient des plus rares, et pour ce contact seul Daphné avait senti ses yeux s'embuer.

Elle les ferma brusquement quand les mots du blond tombèrent dans son oreille. Un frisson lui remonta l'échine, alors que la voix douce claquait avec la violence des mots. Il semblait sûr et serein, pourtant, lui énonçant sa décision sans fards. Il voulait les priver de leurs terres, de leurs titres. Un frisson, encore. Comment pourrait-il ? Il voulait enlever le nom de Malefoy, pourtant, tant bien même demandait-il son titre, aîné bâtard, il garderait ce patronyme. Pensait-il abandonner ce qui lui était dû, souhaitait-il détruire toute votre aristocratie ? Son idée la dépassait, Daphné n'arrivait à additionner tous les éléments. Le froid lui glaçait la tête, peut-être, plus encore que les mots de son allié.

Elle se délogea de son épaule, inspirant une dernière fois les parfums boisés émanant d'Uriel, ancrant plus encore sa présence ici, et trouva son regard, réalisa qu'il le cherchait aussi. Il semblait vouloir lui transmettre sa volonté, qu'elle comprenne l'ampleur de ses propos, yeux dans les yeux. Daphné se mordit la lèvre, oubliant presque ses mains qui continuaient de réchauffer les siennes, pour se concentrer tout à fait sur ses promesses. Elles semblaient si douces, si odieuses à la fois, pourtant elle ne pouvait en détourner les yeux. Le Salut ou les Enfers, sommait-il.

Comptait-il leur donner la mort ? S'apprêtait-il à se damner, pour venger leurs péchés ? Était-ce cela, la délivrance ? Daphné suffoquait presque, devant cette déclaration. Comme elle s'en voulait, aussi, d'être aussi subjuguée par l'idée.

- Comment, Uriel ? Comment ? souffla la jeune femme, ses yeux clairs trouvant leurs jumeaux, pour qu'il y lise toutes ses frayeurs.

Elle souhaitait, comme lui, la fin de ces assassins, la mort de cette famille qui détruisait les autres et semblait pourtant toujours s'en sortir avec grâce et pardon. Elle souhaitait voir le spectre de sa sœur libéré des entraves qu'elle y avait placé, en empêchant son jugement de Dieu, persuadée qu'elle ne trouverait Salut tant que la justice n'aurait triomphé. Elle ne pouvait que craindre, toutefois, les répercussions.

- Comment me promettre telle entreprise ? Peux-tu m'assurer, sans détourner les yeux, que ton âme ne sera pas aussi sale que la leur, l'affaire achevée ? Tu ne peux te damner pour eux, Uriel, murmura la jeune héritière, sa main glacée venant trouver la joue rosée de son ami. Promets-le moi, et alors seulement je participerai toute entière à cette justice de Dieu. Puis, d'un souffle, réalisant soudain : De quel allié t'entoures-tu, pour me promettre ainsi destin si implacable ?

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Uriel J. Lewis

Uriel J. Lewis
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Mer 23 Sep - 21:17



LE MURMURE DES ÉPLORÉS
Tu la vois trembler entre tes bras, à tes côtés. Tu sens sa fébrilité et tu devines que les Malefoy la tourmentent autant qu’ils te tourmentent toi. Mais tu as Djouqed à tes côtés. Il t’aide. Il te guide. Il te rend fort et te permet de défier le courroux du monde et les tempêtes jetées sur ton chemin par le Divin. Mais elle ? Qui a-t-elle ? Ni père, ni mère, ni sœur. Que lui reste-t-il sinon son nom et sa douleur ? Alors tu veux la protéger. Être pour elle le roc que sont ton père et ton amant. Tu effleures ses épaules dans un geste rassurant. Vous n’avez que quelques années d’écart, elle pourrait être cette sœur cadette que tu n’as jamais eue. Tu veux la protéger, mais plus que tout, tu veux l’aider. Tu veux t’aider toi-même. Aide-toi, le ciel t’aidera, c’est aux confins des cieux que tu iras chercher ta vengeance. Tu vois son visage révulsé, tu sens son corps trembler et sa main glacée venir effleurer ta joue. Tu lis dans ses yeux tous les doutes et entends toutes ses questions.

Tu esquisses un sourire tendre. Elle te fait penser à toi. A toi-même lorsque Djouqed a semé pour la première fois cette idée dans ton crâne. Et la pousse a germé, les rameaux se déploient désormais timidement. Tu la regardes dans les yeux et pose la main sur la sienne pour t’emparer de ses deux paumes que tu réchauffes au creux des tiennes, jointes. La conversation prend un tour solennel sans que tu ne t'en rendes compte.

– Je te le promets, Daphné Salomé Greengrass, je ne ternirai pas mon âme par le crime pour eux. Je ferai reconnaître mon ascendance et clamerai ce qui me revient de droit d’aînesse. J’utiliserai contre eux les règles de succession de la famille Malefoy. Le Ministère soutiendra ma requête, Daphné, et ce sont eux, in fine qui prendront la décision. J’ai trop à leur apporter : si je deviens Lord Malefoy, je peux démanteler les Terres de feu en rattachant les terres Malefoy à nouveau au Ministère, je peux même choisir, en tant que Lord, de répudier Narcissa et déshériter Drago, je peux disloquer les terres Malefoy en les vendant ou en les employant pour construire des oeuvres de charité. Et je serai le dernier à porter ce titre, Daphné, je t’en fais la promesse : si je dois un jour être père, mes enfants porteront le nom de Lewis ou celui de leur mère. Le nom mourra avec moi, et nul n'y pourra jamais plus prétendre.

Tu souris chaleureusement. Tu veux la rassurer.

– L’aristocratie a perdu de sa superbe depuis que Potter est au pouvoir. Pourquoi souiller son âme par le crime lorsque la justice des hommes offre de quoi aider la main de Dieu ? C’est lui qui nous a fait nous retrouver ici, Daphné. C’est lui qui nous guidera sur le chemin d’une ère nouvelle où les criminels auront répondu devant lui de leurs fautes. Je te le promets.

Tu presses ses main, infime caresse qui se veut réconfortante. Tu ne quittes pas ses yeux du regard. Tu es galvanisé par l’espoir qui terrasse tes doutes. Le combat sera long, ton bras victorieux. Tu avoues tranquillement.

– Lord Fawley me soutient, il n’est pas le seul. Le Choeur Céleste aussi à travers lui. Une grande famille qui revient à la lumière ne peut que les séduire. Pour aider la main de Dieu, j’accepte, un temps, d’être le jouet d’hommes politiques et d'intérêts des mortels : j’aiderai Potter à démanteler la rébellion des Terres de Feu, il m’aidera à envoyer Lucius Malefoy en prison et à faire vivre Narcissa et Drago dans la simplicité qui les aidera à absoudre leurs fautes. Ils redeviendront des Black, seront sous la coupe d’un autre Lord, et le nom Malefoy mourra enfin. A ce moment là, seulement, j’arrêterai de chercher vengeance. A ce moment là, seulement, leurs victimes seront vengées.

Tu ne lui demandes rien.Ni de t’aider, ni de te soutenir. Parler avec elle a affermi ta volonté. Tu retourneras voir Djouqed et tu lui diras que tu es prêt. Prêt à frapper tes ennemis là où ils placent leur orgueil et leur grandeur.

Tu ne veux pas les tuer.
Tu veux les faire souffrir.

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Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
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Sam 7 Nov - 20:19


le murmure des éplorés

The sacrifices of God are a broken spirit ; a broken and contrite heart, O God, thou wilt not despise. Psal. li. 17
@Daphné S. Greengrass & @Uriel J. Lewis

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La jeune femme ne savait trop dire quand les doigts frêles de son ancien camarade de maison avaient saisi les siens. Ils étaient là, pourtant, serrés contre ses doigts, la réchauffant en même temps qu’ils lui témoignaient la force de la déclaration à venir. Elle pouvait ressentir, au travers de cette poigne délicate, toute l’attention qu’il lui portait, et tout le poids de ce qu’il allait lui déclarer. Elle ne voulait qu’une chose de lui, Daphné : que ses mots soient aussi droits que ce qu’elle appréciait chez lui. Qu’ils la confortent sur le fait que jamais, pour aucune raison, Uriel n’irait vendre son âme au diable pour ces gens-là. Elle ne voulait entendre que cela, rien d’autres. Peu importe les manigances qu’il souhaitait créer, par la suite, elle les lui accordait volontiers, tant que son âme restait dans la paix du Christ.

Sa déclaration, alors, la promesse qu’il lui fit, son nom entier se déroulant sous sa langue, fit frémir de la tête aux pieds l’héritière Greengrass. Elle gardait les yeux désespérément ancrés dans les siens, lisant toute la sincérité qui se dégageait de cette promesse. Son souffle, alors, sembla se libérer, et son corps s’affaissa presque contre le torse du blond. Elle ne fit qu’appuyer plus fort ses paumes les unes contre les autres, remerciant le ciel. S’il ne se laissait pas aller au crime, toutefois, quelle autre stratégie avait-il bien pu trouver pour être si confiant, face à cette famille qu’il maudissait ?

La réponse lui apparut alors même qu’Uriel la verbalisait enfin, et son souffle, à nouveau, lui échappa. Il oserait donc, alors ? Il oserait leur prendre ce titre, il oserait retirer à cette famille, à ce clan, tout ce qu’ils avaient pour eux. Ils ne serait plus rien, plus personne, sans ce nom Malefoy rattaché. Le sourire d’Uriel fit grandir le sien, alors qu’elle ne pouvait concevoir tout à fait ce qu’il lui annonçait. Il prendrait le titre, alors. Uriel Malefoy. Ça lui échappa, dans un soupir, alors qu’il lui dévoilait que ce nom mourrait avec lui. Elle releva les yeux vers lui, baissés quelque secondes alors qu’elle prenait peu à peu conscience de l’ampleur de cette révélation.

- Uriel, toute la justice et toute la force de Dieu peuvent être derrière toi, si tu t’attribues le nom de Malefoy… Si tu le laisses dépérir, sais-tu le nombre de familles puissantes, si puissantes, qui viendront s’attaquer à toi ? Quels alliés, quels pouvoirs même penses-tu avoir, pour espérer t’opposer à eux sans soucis ? S’ils sont nombreux à vouloir, secrètement, voir tomber Narcissa et son fils, cet imbécile trop orgueilleux, ils n’accepteront jamais que tu détruises ainsi toute l’histoire d’un registre !

Elle n’osait le dire, et pourtant, l’idée pesait fort entre eux : il n’était qu’un sang-mêlé, batard de Lucius Malefoy, peut-être, mais né de sang impur, tout de même. Un fils pareil ne pouvait prendre le titre Malefoy et espérer ne voir aucune réaction en retour, ou s’imaginer pouvoir asseoir une quelconque réputation. L’idée des terres de feu appartenait peut-être à l’Enchanteresse, les terres et les sous déposés dans ce projet venaient toutefois de dizaines de familles - dont la sienne, fut un temps, rendue aveugle par l’envie de retrouver une famille, un cocon, auprès des Insurgés. Il ne pouvait pas arriver ainsi, s’attribuer ce titre et vouloir réduire à néant tout ce qui se construisait depuis des siècles. C’était des plus insensés !

La suite de son discours, pourtant, tentait de la rassurer. Il lui avouait le nom de ses alliés, il gardait son regard fixé sur le sien. Daphné ne pouvait que secouer la tête, dépassée. Lord Fawley ? Le Choeur Céleste, tout entier ? Alors même que l’église qu’ils venaient de quitter murmuraient encore viles messes basses sur son passage ? Il aiderait Potter, alors, c’était cela l’alliance qu’il s’accordait à passer. Une alliance avec le moindre mal, tel qu’il le lui présentait. Daphné laissa glisser ses paumes hors des siennes, son corps se mouvant, faisant quelques pas devant lui. Elle écoutait, elle l’écoutait bien : elle n’y croyait pas, pourtant. Qui, par tous les saints, lui avait glissé cette idée dans l’esprit ? Qui lui faisait croire qu’il y arriverait ? Qu’il négocierait cela avec Malefoy, avec le Ministre ? Le nom Malefoy mourrait, alors, et l’idée était grandiose, si effrayante pourtant. Elle se retourna à nouveau vers lui, un frisson la prenant toute entière. Sa décision était prise.

- Laisse moi t’aider, Uriel. Laisse-moi préparer le terrain. Laisse-moi reprendre contact, ou affirmer mes relations, avec toutes ces familles abandonnées dans les Terres de feu, que je sais dans le doute, que je sais dans l’effroi. Laisse-moi leur murmurer que le changement arrive, qu’il faut protéger les familles qui valent le coup, et nettoyer ce qui fait honte à notre lignage. Ils le comprendront, ainsi, ils comprendront que nous ne pouvons continuer à glorifier des hommes tels que Lucius Malefoy. L’idée se glissera dans leurs esprits, et lorsque l’annonce de ta prise de titre passera, ils ne se scandaliseront pas autant, peut-être que certains, même, t’appuieront. Tu pourras donner mon nom, alors : dire comme les Greengrass, eux, préfèrent mille fois soutenir ce Lord là que ceux qui détruisent des mères en devenir, des familles à construire. Parkinson me suivra, je le sais. Les Nott, avec un peu d’efforts. Tu auras déjà trois grandes familles, quand d’autres se rajouteront bien vite.

Ses yeux retombent dans les siens, son air implacable cherchant à rassurer Uriel du sérieux de ses propos.

- Affichons-nous ensemble, alors, dans les prochaines semaines. Je ne peux pas te proposer plus, mon ami, ni ma main, ni mon nom : tu n’es pas de ceux avec qui je peux faire ma vie. Mais je peux te proposer mes murmures, mes contacts, mon nom associé au tien, quelque temps durant, qui prépareront ton attaque. Ils ne pourront que te prendre plus au sérieux, s’ils s’imaginent l’héritière Greengrass à tes côtés. Et Dieu puisse alors empêcher le peuple sorcier de te tomber dessus, si tu es bien soutenu.

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Uriel J. Lewis

Uriel J. Lewis
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Mar 17 Nov - 19:45



LE MURMURE DES ÉPLORÉS
Tu l’écoutes. La voix de la sagesse, de la raison. Elle n’a pas fui. Cela te fait presque tourner la tête de soulagement. Une alliée, même temporaire, est plus que tu ne peux espérer. Bien plus. Tu t’es livré à elle, sans savoir exactement pourquoi. Peut-être parce qu’au fond, tu lui fais confiance. A vous regarder marcher ensemble sous la pâleur du jour, il y a quelque chose de grandiose. Un tableau. Une esquisse. Tu lui fais confiance. Elle a trop à perdre et trop peu à gagner. Trop perdu et trop peu gagné. Tu comprends ses motivations. Vous avez la même. Cette viscérale envie, ce besoin aveuglant de vengeance. Mais tu as Djouqed pour t’empêcher de te perdre dans une folie meurtrière et te faire revenir à la froideur du serpent. Qui a-t-elle, elle ? Tu opines, une boule dans la gorge, incapable, d’abord, de répondre verbalement. Elle t’a soufflé, Daphné, avec cette assurance et cet élan qui vient d’être le sien. Alors tu opines, plutôt deux fois qu’une. A tout.

– Daphné, tu m’offres plus que je n’oserais jamais demander. Merci. Ton soutien est précieux, non pas seulement parce qu’il m’aidera effectivement, mais surtout parce que je crois avoir besoin d’entendre que je ne suis pas fou.

Tu es ému malgré toi. Presque timide face à cette assurance qu’elle dégage, l’héritière Greengrass. La dernière du nom. Tu ne peux pas t’empêcher de sentir vaciller ton coeur d’une tendresse que tu connais bien. Une sœur, même temporaire, est un cadeau précieux. Tu n’as pas d’attirance amoureuse pour Daphné, tu vois en elle cette petite sœur que tu aurais envie de protéger et qui te souffle, pourtant, littéralement, avec cette assurance folle dont elle fait preuve. Combien l’ont-ils sous-estimée avant toi ? Combien feront cette même erreur après toi ?

– Je sais que ce ne sera pas facile et que j’échouerai peut-être, mais je dois le faire. J’y suis résolu et je ne cesse de m’y préparer. Je crois que c’est à ce prix-là qu’est la paix de mon âme.

Tu t’ébroues malgré toi. Tu secoues la tête et chasses le tremblement d’émotion de ta voix. Tu te sens plus en contrôle, plus apaisé de savoir l’héritière Greengrass à tes côtés.

– J’ai commencé à me renseigner beaucoup sur les traditions qui ont fait les sang-purs de Grande Bretagne… je dois dire que j’ai été assez effaré de découvrir les lois de successions du titre… Des dizaines de familles se sont éteintes faute d’héritier masculin… et il y a de si nombreux noms qui ont disparu et qui menacent encore de disparaître…

Le sien… celui de Parkinson. Sans doute d’autres dont il n’a pas connaissance.

– Et il y a des femmes au Magenmagot, après tout… La présidente-sorcière en est une.

Pourquoi pas d’autres femmes ? Pourquoi pas l’héritière Greengrass ou l’héritière Parkinson ? Tu ne comprends même pas que les conservateurs les plus agerris n’aient pas agit avant.

– Je veux dire, pour l’aristocratie, est-ce que le plus important est de sauvegarder le titre à n’importe quel prix, quitte à autoriser une femme à être Lord… enfin, Lady, ou bien le patriarcat est-il plus important ? C’est une vraie question. Si je dois affronter ce monde, autant m’y préparer et apprendre ses rouages, non ?

Tu souris. Une conversation parmi toutes celles auxquelles tu aurais pu penser. Tu comptes sur elle, d’une certaine façon, et si vous devez vous afficher ensemble dans les semaines à venir, peut-être peut-elle t’apporter sa connaissance des rouages aristocratiques et toi lui offrir paix et réconfort à la mesure de tes capacités ? Tu as lancé la conversation, mais peut-être s’achèvera-t-elle plus tard, un autre jour. Vous n’êtes pas pressés, après tout. La vengeance est un plat qui se mange froid… on le dit, en tous cas.


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PS : t'en fais pas, c'est la fin du monde pour tout le monde :smi8: Si tu veux, on peut clôturer et en commencer un autre, oui ! Je suis certain que Uriel et Daphné ont potentiellement plein de choses à se dire :smi7: Courage pour le boulot :smi82:

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