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Recherches et casuistique | Henry & Melchior
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Melchior C. Fawley

Melchior C. Fawley
MEMBRE
hiboux : 189
pictures : Recherches et casuistique | Henry & Melchior 68747470733a2f2f73332e616d617a6f6e6177732e636f6d2f776174747061642d6d656469612d736572766963652f53746f7279496d6167652f32776243496b4b325f42504978773d3d2d3532393837333937312e313531303762333666656637366661623731393932303138373831342e676966
Jeu 30 Avr - 2:51

Recherches et casuistique
La nuit a du tomber dehors, et petit à petit le Ministère se vide. Mon assistant m’adresse un geste de la main pour me saluer, et je lui souhaite bonne soirée avant de retourner m’installer dans mon bureau. Tranquillement, je sors ma pipe et la remplit alors que mon regard va à la lettre qui me pousse à rester tard ce soir. La demande reçue m’a fait lever un sourcil. Henry Milford demande l’autorisation d’accéder à ses propres recherches, envoyées à Sainte Mangouste en 1921. Déjà, c’était surprenant, mais Henry Milford a eu en plus la délicatesse de prévenir qu’il est une créature magique – ce qui permet au moins de lui rendre les archives disponibles en soirée. Et quelle créature ! Je tire sur la pipe et sort ma bible de son tiroir. Je caresse la couverture, songeur - c’est un bel objet, mais ce ne sont pas les commentaires de Nicholas Flammel qui m’intéressent aujourd’hui. Que faire des vampires ? Que faire des créatures qui étaient humaines et qui ne peuvent plus mourir ? Ma position sur les créatures magiques en général, comme les gobelins, elfes, et autres, est assez tranchée. Dieu ne les a pas fait à Son image, contrairement aux sorciers. Ils ne peuvent être nos égaux. D’ailleurs, ils n’ont probablement pas d’âme, le Seigneur n’en ayant pas donné aux animaux – et comme eux, leur but est certainement de nous servir, quoiqu’en pense Granger… La question reste entière pour les hybrides bien sûr, et je suppose que je pourrais passer des heures à l’étudier un autre jour. Mais ce n’est pas ce qui m’intrigue ce soir ; cet homme est né humain… Était-il sorcier, et quel était son sang ? Avait-il été choisi ? Était-il sang mêlé ? Je ne me souviens du nom de Milford comme celui d’une famille de sang pur, mais peut-être n’était-il simplement pas britannique ? Et qu’en est-il de son âme, aujourd’hui ? Qu’est-il, vivant ou mort, déjà puni ou condamné ? J’ouvre le livre saint à une page que j’ai marquée depuis que j’ai réussi sa missive – je n’avais aucune raison de lui refuser l’accès, mais j’ai retardé l’échéance de quelques jours pour réfléchir un peu à la situation. "Car le salaire du péché, c'est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur." Qui vit pèche, irrémédiablement. Même moi, avec toute ma morale, avec tous mes efforts je ne peux y couper. Nous pêchons, par déterminisme presque, parce qu’Adam a péché en mangeant la pomme. Et tout à l’heure arrivera un homme qui vit une vie éternelle, mais pas celle au côté du Seigneur et Son Fils. Privé de punition et de salut. Privé d’espoir. Condamné, donc, nécessairement ? Mon sourcil se dresse, et je tourne les pages pour arriver au deuxième livre de l’Apocalypse. Le texte parle ici de comment certains élus seront préservés des catastrophes qui précéderont le Jugement Dernier, s’ils en sont dignes, s’ils croient en Lui, s’ils portent au monde Sa parole. "Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur." Cette phrase m’a particulièrement marquée, la mention du soleil et de la soif surtout. Bien sûr, cela peut annoncer les fléaux à venir, et il ne faut pas nécessairement lier cette phrase au vampirisme... Mais tout de même, c’est une curieuse façon de vouloir protéger ceux qui sont valeureux, et cela mérite que l’on s’y penche un peu. Est-ce que cela existe seulement, les bons vampires ? Ne sont-ils pas une œuvre du démon ? Comment se nourrit-il, d’ailleurs ? Qui est-il, que vaut-il, comment est son cœur, à défaut de son âme ? Mon regard va à l’horloge au mur, et je suis gêné de me rendre compte que je suis animé par une certaine impatience.

Je pose ma pipe sur le bureau alors qu’apparaît l’homme. Les vitres qui séparent la petite pièce du reste des archives me permettent de le voir arrêté par l’employé chargé de vérifier les autorisations – mais s’il s’agit bien de l’homme que j’attends, il a celle que j’ai signé et lui ai renvoyé par courrier l’autre jour. Mes doigts vont à la croix à mon cou alors que je sors du bureau pendant que les deux échangent des paroles que je ne peux entendre. J’arrive à leur niveau, et détaille l’inconnu. La demande reçue me marque d’autant plus maintenant qu’il est face à moi : il voulait accéder à ses recherches de 1921, et pourtant il a le visage d’un homme d’une trentaine d’années. Il était déjà assez âgé pour travailler six ans avant ma naissance, et ma peau est ridée et flétrie quand la sienne est encore lisse. Je suis un vieillard, il a l’air d’un jeune homme. Je m’appuie sur ma canne et me force à lui adresser un sourire poli. « Mr. Milford j’imagine ? Bonsoir. » En me faisant violence, je me résous à lui tendre la main, alors quelque chose en moi me donne envie de lui demander de partir immédiatement. Non, il est né homme, et je ne devrais pas juger mes semblables. Peut être que sa nature ne fait pas nécessairement de lui un monstre ? Peut-être qu’il peut encore être sauvé ? Cela mérite au moins quelques investigations. « Lord Melchior Fawley. » J’attends qu’il récupère son autorisation, et lui fait signe de me suivre. Je ne m’aventure cependant pas dans les dédales de rayons qui nous font face pour le guider là où il trouvera son bonheur, arrivé devant la porte de mon bureau, je m’arrête et me retourne vers lui. « Je dois vous avouer que votre demande a quelque peu éveillé ma curiosité…  Prenez-vous le thé, monsieur ? Si oui, accepteriez d’en boire un avec moi ? Après quoi je vous expliquerai comment retrouver les archives de 1921 de Sainte Mangouste – vous avez de la chance, nous ne recevons que ce qui a plus de cinquante ans, et ça ne devrait pas être trop compliqué pour vous de mettre la main sur vos recherches une fois que je vous aurai désigné le rayon. » Je me tourne vers la porte, attendant sa réponse – je n’ai pas l’habitude qu’on me refuse ce genre d’invitations, mais on ne sait jamais avec ces gens là : je garde un mauvais souvenir du dernier employé de Sainte Mangouste croisé.

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Sam 2 Mai - 13:26
🌢 Recherches et casuistique
Un soir de février 2004,
Département des archives du Ministère de la Magie,
(Faim contrôlée - 10/14 Jauge de Rötschreck)

▼▲▼

Depuis quelques nuits, Henry s'était de nouveau investi dans la décoration de son cabinet de psychomagie. Il n'avait toujours pas trouvé de plante non-magique compatible avec son mode de vie. Ce n'était pas faute d'avoir écumé prudemment quelques fleuristes londoniens ouverts plus tardivement que les autres. Par contre, il avait dégotté un cadre propre et suffisamment épais chez un antiquaire pour y accueillir son ancienne baguette. Plutôt satisfait de sa trouvaille inattendue, le vampire avait donc encadré la férule éteinte et l'avait ensuite accrochée au-dessus du secrétariat dans son bureau.

C'était un rappel très étrange de ce qu'il avait été et de ce qu'il n'était plus, disposé-là à la vue des différents visiteurs. C'était aussi un bon moyen, pour lui, de ne pas perdue de vue son serment plus férocement ancré et plus chèrement payé que celui d'Hippocrate. Et puis, ce n'était pas comme s'il avait quelque chose à cacher, surtout à sa patientèle. Ils connaissaient tous sa condition d'être éternel.

Ce souvenir bien en vue lui en rappelait d'autres, tous anciens et oubliés. La petite bibliothèque installée la semaine passée, à côté des fauteuils rembourrés et chinés, ajoutait encore un peu de vie à cet espace de travail autrement très épuré et quiet. Quelques livres compulsés cent fois avaient donc agrémenté ces étagères de bois repeintes en blanc. On y trouvait tout aussi bien de la psychologie, de la médecine et de la psychomagie classique, mais également des travaux qui sortaient des sentiers battus. Ceux qui s'interrogeaient, par exemple, sur l'emploi des nouvelles technologies dans la psychanalyse, ou bien- Il manquait toutefois un élément dans cet amas d'études mêlées. Un chaînon plus personnel de tout cet ensemble lu et relu.

Le fruit de sa propre labeur, datant du siècle dernier.

La sensation avait été très troublante à affronter lorsqu'il comprit que ce qu'il manquait dans l'équation, c'était lui. Comme toujours. Pourtant, ce serait un bon moyen de boucler la boucle en l'ajoutant à sa bibliothèque professionnelle, n'est-ce pas ? Le vampire avait tergiversé un moment avant d'oser contacter le service des archives du Ministère de la Magie. De toute façon, sa vieille œuvre était soit là-bas, soit à Sainte-Mangouste. Le retour du département des archives ne manqua pas de le rassurer quant à cette incertitude pesante : elle y était bel et bien.

Une fois en possession de l'autorisation pour accéder audit département, Henry avait patiemment attendue la date proposée. À la fin de chaque nuitée de consultation, son regard pâle s'y était porté avec un air songeur. Il ne savait pas comment il allait se sentir une fois devant son travail d'autrefois. À l'époque où il était encore vivant et pétri de bonnes prédictions. Il n'avait pas de réponse à apporter aux interrogations silencieuses qui rôdaient dans son crâne. Ce n'était pas bien grave ni urgent pour le moment.

Au soir tant attendu, l'inquiétude lui était toutefois revenue. Certes, elle restait maîtrisable, mais sa présence lui remémorait constamment qu'il valait mieux s'en méfier. Et, également, se montrer digne d'accéder aux archives d'un temps dépassé. Ce n'était pas tous les jours qu'un être comme lui, aussi éloigné des sphères dynamiques de la vie sorcière, se rendait au Ministère. Malgré le côté très dépassé de ses tenues sorcières et moldues, clairement plus au goût du jour depuis des décennies, il parvient finalement à choisir un ensemble suffisamment propre. Certes, d'un gris légèrement délavé avec quelques coutures élimées : mais au moins il ne manquait pas un seul bouton. Un rapide coup de peigne dans ses cheveux noirs et voilà le vampire sur le départ, incluant la paire de gants gris habituels, l'autorisation signée et une sacoche d'épaule aussi discrète qu'ordinaire.

Sur place, tout se déroula très vite. Il ne se perdit pas un chemin et un employé très aimable – à son goût – vint vérifier son document. Aussitôt derrière un homme à la prestance assez évidente se présenta à eux. À lui, notamment. Son grand âge apparent – et sa fonction supposée – poussèrent Henry à d'abord incliner très poliment le haut du buste. Il était bien normal, à ses yeux, d'honorer ses aînés et de leur donner du respect. « En effet, bonsoir. » Puis il se redressa lentement et vint serrer la main de son interlocuteur avec ses doigts gantés. Certes, ce n'était pas aussi cérémonieux que ça le devrait, mais il n'avait pas envie d'imposer sa chair froide à un mortel en retirant le tissu protecteur de ses phalanges. D'autant plus qu'il s'agissait de Lord Melchior Fawley. Sans être un fin connaisseur des us et coutumes des Sang-Pur, il lui semblait très peu probable qu'il soit face à autre chose. Et puis, il lui semblait avoir lu ou entendu ce nom récemment... Mais où ? « Je suis enchanté de vous rencontrer, Lord Fawley. » La mémoire ne lui revenait pas.

Il n'eut de toute façon pas le loisir d'y réfléchir davantage, son aîné ayant repris la parole. Provoquant ainsi un léger trouble chez le vampire, qui haussa un net sourcil devant la proposition. Plus stupéfait que contrarié. Un thé ? Il finit par se reprendre, cherchant à dissimuler autant que possible sa surprise. « Et bien... Je n'en bois pas, malheureusement... » Seulement, il ne voulait certainement pas offenser le Lord devant-lui et encore moins le mettre mal à l'aise face à une si généreuse proposition. « … Cela dit, je peux vous tenir compagnie pendant que vous en prenez un. A défaut d'en consommer, j'apprécie toujours autant l'odeur des feuilles de thé infusées. » Lui-même proposait parfois du thé à ses patients ou aux curieux qui poussaient la porte de son cabinet. C'était une manière plus civile de mettre les autres à l'aise.

Son interlocuteur était sans doute de cette trempe aussi : très concerné par le bien-être de son entourage. Henry pouvait bien faire un petit effort pour montrer qu'il lui était redevable. « Si vous avez des interrogations auxquelles je peux répondre, n'hésitez surtout pas, Lord Fawley. Je sais que des travaux aussi vieux peuvent éveiller la curiosité. »

Ah. Oui. Sa nature aussi, en effet, risquait de poser quelques questions. Une chose à la fois, cependant. « Je vous suis. » Après avoir hoché légèrement la tête, Henry emboîta le pas de son guide jusqu'à l'intérieur de son bureau.
CODAGE PAR AMATIS - 1048 mots

Melchior C. Fawley

Melchior C. Fawley
MEMBRE
hiboux : 189
pictures : Recherches et casuistique | Henry & Melchior 68747470733a2f2f73332e616d617a6f6e6177732e636f6d2f776174747061642d6d656469612d736572766963652f53746f7279496d6167652f32776243496b4b325f42504978773d3d2d3532393837333937312e313531303762333666656637366661623731393932303138373831342e676966
Dim 3 Mai - 7:34

Recherches et casuistique
J’esquisse un sourire satisfait en le voyant légèrement s’incliner. Il est peut être plus âgé que moi si j’en crois sa demande, mais il a le respect de l’étiquette et des convenances. Ma satisfaction se change pourtant rapidement en défiance. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. Est-ce une bête séductrice, ou un juste homme bien éduqué ? Juste un homme… Certainement pas, non. Je regrette de ne pas avoir eu l’occasion de m’entretenir avec d’autres choristes ces derniers jours, car il doit bien y en avoir de plus érudits que moi sur la question des créatures de sa nature. Des créatures magique tout court, d’ailleurs. Je lève un sourcil dubitatif quand il me tend une main gantée, mais je la lui serre tout de même- il est inutile de se montrer grossier parce que je suis suspicieux. Je l’entraîne à ma suite et il me semble que l’homme se tend légèrement à ma proposition. « Et bien... Je n'en bois pas, malheureusement... » C’est à mon tour de me raidir. Il ne boit pas de thé. Il ne mange probablement pas de nourriture non plus. Et j’ai un assez bon souvenir de mes cours de défense contre les forces du mal pour me douter du genre de régime qui est le sien. Le fait de me souvenir de ces cours cours en particulier quand je réfléchis à la question n’a rien de réjouissant ou rassurant... « … Cela dit, je peux vous tenir compagnie pendant que vous en prenez un. A défaut d'en consommer, j'apprécie toujours autant l'odeur des feuilles de thé infusées. » Si je suis toujours dubitatif, je me dis que le mieux est sans doute de ne pas relever. Ne pas pouvoir mourir, et ne pas boire de thé. Je ne mettrais certes pas l’impossibilité d’accéder au salut éternel au même niveau, mais ce doit être une éternité bien longue, même sans la question du spirituel et de la rémission des pêchés commis lors de sa vie mortelle. « Si vous avez des interrogations auxquelles je peux répondre, n'hésitez surtout pas, Lord Fawley. Je sais que des travaux aussi vieux peuvent éveiller la curiosité. » Pas exactement non – des personnes cherchant des travaux aussi vieux, c’est assez courant finalement, c’est l’une des raisons de l’existence de mes précieuses archives. Mais ce qui est plus rare, c’est que l’on veuille accéder à des recherches aussi vieilles, quand on les a menées soi-même. Je ne dis rien de tout cela, et alors qu’il m’annonce me suivre je rentre dans la pièce. Je boirai seul du thé, je m’en remettrai.

L’odeur du tabac est toujours présente dans mon bureau, et j’hésite un instant à rallumer ma pipe – non, ce n’est probablement pas le moment. Je plie le journal posé devant le siège que je lui désigne - emmené par un collègue du Magenmagot venu me féliciter (se féliciter en réalité) de notre victoire sur Reissen. Comme si c'était vraiment une victoire... Mais ce n'est pas le moment d'y penser, et je pose la Gazette repliée près de ma Bible sortie. « Thé. » Il faudrait faire un geste de baguette pour passer commande, mais je peux tout aussi bien pour utiliser ma voix. Je le fais par habitude, et pourtant je le regrette presque instantanément - est-il raisonnable d'exposer ainsi mon rapport à la magie à un être comme lui ? Comprend-il seulement ce que je viens de faire ? C'est trop tard maintenant, l’ordre est donné et le thé ne devrait plus tarder. Comment emmener le sujet subtilement sans être trop frontal ? Je me fends d’un sourire un peu faux. « Et bien, je dois reconnaître que le nom du papier que vous me dîtes rechercher m’intrigue. Des travaux traitant de la magie et de la médecine moldue datant de quoi… Plus de quatre-vingt ans ? Je ne me trompe pas ? » Bien sûr que je ne me trompe pas, je ne crois pas que ma mémoire m’ait un jour fait faux bond. Et ce n’est pas comme si je n’avais pas lu et relu son courrier. Plus de quatre-vingt ans… « Excusez-moi, je n’ai pas lu le papier en question bien sûr, mais pourquoi vouloir retrouver des recherches aussi vieilles ? » Le bruit caractéristique de l’apparition de la théière me ferait presque sursauter. La plateau comporte deux tasses – prévenance habituelle des elfes du Ministère. Je ne m’essaies pourtant pas à lui reproposer. Je me sers une tasse que je repose devant moi en la laissant refroidir. « Ce que je veux dire, c’est que, bien que je ne sois pas un connaisseur ni des soins magiques, ni des techniques médicales moldues, j’ose imaginer que les deux ont évolué en tant d’années… Votre travail devait être révolutionnaire si il vous importe de le retrouver aujourd’hui ? Ou c’est peut-être pour une autre raison ? » Et d’ailleurs, pourquoi maintenant ? Je me demande s’il est sensible à la magie – à ma magie. Je prends une petite inspiration pour la laisser infuser, et ma voix se fait plus profonde, plus enjôleuse alors que je poursuis – juste ce qu’il faut pour le mettre dans de bonnes dispositions à mon égard, si cela peut aussi fonctionner sur lui. « Et, si ce n’est pas indiscret… Je ne pensais pas que les… » Mes doigts caressent le bord de la tasse alors que je cherche le bon mot. « … personnes telles que vous étaient en mesure de pratiquer la magie d’une façon similaire aux hermétiques. » Ni à aucune autre tradition d’ailleurs. Quoique si l’une de celle que je connais avait chercher à intégrer les capacités des êtres comme lui, ce serait sans doute eux... « Et qui serait donc utile aux médicomages de Sainte Mangouste. » Politesses, curiosité et questions pièges. Le vieux Lord que je suis est un animal politique, il ne faudrait pas l’oublier. Il y a quelque chose de sardonique dans mon sourire quand je porte la tasse à mes lèvres.

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Sorcellerie

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GRAND MAÎTRE
hiboux : 914
Dim 3 Mai - 14:08
Intervention MJVOIX DU CHORISTE CÉLESTE
échec | Tandis qu'il parle, la voix de @Melchior C. Fawley s'est faire envoûtante, pressante. De quoi séduire n'importe quel humain. Qui ne donnerait pas le Bon Dieu sans confession à une voix comme celle là ? @Henry Milford sent quelque chose dans cette voix qu'il n'arrive pas bien à placer. C'est comme écouter une sirène avec détachement, sans être affecté par son appel. Il sent bien qu'une part de son esprit devrait être captive des accents enchanteurs des mots du vieux Lord, raisonnablement, il arrive à entendre la splendeur envoûtante derrière les intonations du Choriste, et ne peut s'empêcher de trouver sa voix objectivement sublime, mais son coeur froid et immobile de Vampire ne tremble pas le moins du monde, et il contemple le beau sans qu'il ne parvienne à lui implémenter d'émotion particulière, comme un critique d'art attentif aux détails plutôt qu'un esthète ému par le spectacle qui lui est offert. Son esprit s'attache donc aux mots, seulement aux mots prononcés avec la clarté d'analyse usuelle qui le caractérise. Il semblerait bien que notre ami non-vivant ne soit pas des plus réceptifs aux artifices des Choristes célestes bien qu'il parvienne à en déceler la magie.

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Invité
Lun 4 Mai - 16:01
🌢 Recherches et casuistique
Un soir de février 2004,
Département des archives du Ministère de la Magie,
(Faim contrôlée - 10/14 Jauge de Rötschreck)

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En entrant dans le bureau, à la suite de Lord Fawley, le regard du vampire se porta directement sur l'organisation dudit lieu On en apprenait toujours beaucoup sur les gens en prenant le temps d'observer leur environnement de vie. Non pas qu'il cherchait à analyser son interlocuteur d'une quelconque façon, mais quitte à passer un peu de temps en sa présence autant le rendre agréable. En  évitant, par exemple, les sujets fâcheux. Ou en se tournant vers des thématiques qui pourraient se révéler apaisantes. Après tout, il y avait tant de politesse et de dévouement chez cet individu, pour le peu qu'il en avait aperçu, qu'il craignait de l'ennuyer. Voire de l'indisposer.

Il ne manquerait plus que ça, d'ailleurs, d'être indirectement malpoli. Ce n'était certainement pas la manière dont il souhaitait se faire remarquer, surtout auprès d'un Lord. Surtout, aussi, au Ministère de la Magie.

Tout en douceur, Henry se dirigea vers le siège indiqué par son guide. Ses yeux pâles détaillaient encore, ici et là, les murs puis le mobilier de la pièce. L'ensemble lui paraissait plutôt calme, reposant et organisé. L'horloge au mur indiquait même l'heure exacte : une information autrement insignifiante si toutes celles de l’appartement d'Andreja n'étaient pas réglées aux différents horaires mondiaux. Définitivement, il avait affaire à quelqu'un de beaucoup plus stable que sa consœur. Ce qui n'était pas un mal, compte tenu de toutes les tensions qui s'étaient insinuées entre-eux faute de partager la même vision de l'éternité.

Très prudemment, il s'efforça même de renifler pour en discerner les odeurs du bureau. Faute d'avoir besoin de respirer, le vampire devait toujours y allouer du temps et de la concentration. Au risque de ne pas être capable de capter les informations normalement perceptibles par l'odorat. Et il y en avait une, notamment, qui semblait dominer l'endroit. Une émanation particulière, qu'il identifiait plus ou moins facilement comme du tabac, sans être toutefois capable d'en reconnaître davantage. De toute façon, il n'avait jamais été très attiré par l'activité et la saveur de la plante de son vivant. Il va sans dire que sa non-mort n'avait pas particulièrement changé la chose. Les subtilités de ce fumet âcre – selon ses narines immortelles – restaient et resteraient obscures.

Une fois installé à sa place, Henry s'intéressa de nouveau à la silhouette de Lord Melchior Fawley. Tout en l'écoutant distraitement commander du thé, il s'interrogea sur l'ancienneté de l'homme dans le département des archives et sur tout ce qu'il avait bien pu compulser depuis sa prise de fonction. Pour la première fois depuis leur rencontre, quelques minutes auparavant, l'âge supposé du vieil homme titilla sa curiosité. Est-ce qu'il avait vraiment vécu autant que lui ? Est-ce qu'ils étaient de la même décennie ? Est-ce que- Les sorciers vivaient bien plus vieux que les moldus, c'était un fait auquel il s'était habitué notamment en fréquentant Jane McAllister. Le Sang-Pur – une autre supposition de sa part, quoique plus vraisemblable – devant-lui devait sans doute avoir une presque éternité de connaissances et de lectures à partager sur son inventaire. En d'autres circonstances, il aurait été agréable d'échanger là-dessus. Cependant, diriger la conversation sur un terrain plus aisé pour lui, ce serait priver son interlocuteur d'une maîtrise de la situation qu'il méritait de détenir.

Il n'était qu'un humble visiteur sur les terres du Ministère.

Un petit sourire destiné à son attention le fit revenir de ses réflexions. Très sagement, Henry écouta le sorcier poursuivre sa propre pensée à voix haute. Quelque part, il comprenait très bien la surprise qu'une telle requête pouvait impliquer. Que ce soit vis-à-vis de son sujet – légèrement irritant pour ses pairs – ou bien vis-à-vis de ladite époque. La douce période succédant à la première guerre mondiale. Finalement pas si sereine ni sans conséquences quant à la suite des événements, aussi bien dans le monde moldu que magique.

Le thé fit son apparition, tirant une œillade satisfaite et pétrie de tendresse chez l'ancien né-moldu. La magie lui manquait, souvent, dans sa simplicité et sa rapidité d'action. Depuis qu'il avait été étreint, sa baguette s'était éteinte et l'espoir de pouvoir encore user de la sorcellerie avec. Désormais, le thé, il était bien obligé d'en faire chauffer l'eau lui-même et de mettre à infuser les feuilles vertes dans la théière. Tout en surveillant le temps. À la moldue.

Ce que je veux dire. Le vampire croisa ses mains gantés sur le bord du bureau, prêtant attention aux mots prononcés par le Lord. Révolutionnaire, son étude d'autrefois ? Si cela avait été possible, il aurait certainement rougi. Or, à défaut d'être suffisamment vivant, ce fut le petit pincement de ses lèvres qui trahit de la gêne. À cette période, il était vraiment loin d'être innovateur. Tout au plus avait-il été révolté et engagé en s'approchant du travail acharné de Morestin et de ses collègues français. Rien de plus.

Lord Fawley lui prêtait, de bonne grâce assurément, des honneurs qu'il ne possédait pas.

Si ce n'est pas indiscret. Henry pencha très légèrement le visage sur le côté, témoignant de sa propre curiosité quant à la suite du questionnement. La voix de son interlocuteur était très belle, à n'en pas douter, mais il ne comprenait définitivement pas pourquoi il s'échinait à y mettre autant de minutie. Il n'était qu'un psychomage parmi d'autres et il ne méritait pas qu'on lui accorde une tonalité aussi précieuse et si délicatement ouvragée.

Un instant, son regard embarrassé se perdit vers … Un livre épais et suranné, proche d'un journal plié. Avant de revenir très courtoisement vers ce visage souriant. Par où commencer ? Le début, ce serait le plus simple. « Vous avez totalement raison, Lord Fawley. Mon travail date bien d'il y a quatre-vingt trois ans. Et, même si je suis sincèrement touché que vous lui prêtiez une telle aura, je souhaite surtout le récupérer à titre personnel. » Il marqua une courte pause, songeant aux inquiétudes précédemment convoquées et cent fois ressassées. « Je ne crois pas, par ailleurs, que mon étude ait été vraiment utile à l'époque. Elle était très ciblée sur une des conséquences de l'après-guerre moldue. En outre, vous vous en doutez, une tentative d'unir la médicomagie à la médecine au début du vingtième siècle... L'accueil de mes pairs et de mes aînés n'a pas été très favorable. » Ce n'était pas si grave, avec le recul. Les échecs formaient également la jeunesse. « En l'occurrence, j'aimerai pouvoir l'installer dans la bibliothèque de mon cabinet, à titre de souvenir en quelque sorte. »

À le nommer aussi distinctement, il se sentait légèrement mélancolique. « Quant à votre dernière interrogation, Lord Fawley, il va sans dire que je ne suis plus médicomage. Même si j'ai toujours à cœur de prendre soin de mes patients, certes d'une autre manière désormais, il m'apparaît trop risqué de me confronter régulièrement à l'hémoglobine. Vous imaginez sans doute pourquoi. » Or, que ce soit Andreja ou Clavel, tous répétaient qu'il fallait se méfier de la mélancolie. Lente et sinueuse, elle s'enfonçait dans les veines inertes jusqu'au crâne pour y noyer le peu de raison qu'il restait au vampire. L'engloutissant progressivement dans le désespoir et ouvrant une voie royale à la Bête.

Refusant d'y céder plus que nécessaire, Henry se reprit. « Heureusement, il existe toujours une manière d'aider son prochain à Sainte-Mangouste. »
CODAGE PAR AMATIS - 1214 mots

Melchior C. Fawley

Melchior C. Fawley
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Mar 19 Mai - 12:37

Recherches et casuistique
Thé noir au fruit rouge, mon préféré. Je cherche un peu d’apaisement dans la chaleur de la boisson, un apaisement que je trouve difficilement pourtant aujourd’hui. J’en ai passé des soirées ici à boire du thé et à discuter avec différentes personnes – des employés du Ministère comme de simple visiteurs. J’ai imposé à d’autres ma curiosité tardive dans l’odeur du tabac de mon bureau. J’aimerais dire que c’est la première fois que je me sens si agité en accueillant quelqu’un, mais ce serait certainement faux – j’ai passé les deux dernières guerres dans ce bureau, des échanges malaisants il y en a eu, des tentatives de jauger mes interlocuteurs, de savoir s’ils pouvaient être sauvés, il y en a eu… Maintenant que j’y pense, j’ai l’impression que c’est une volonté qui est revenue souvent dans mon esprit, trop souvent. Qui suis-je, pour vouloir sauver les hommes ? Un vieil archiviste, pas un médicomage, ni un homme de dieu. J’ai peut-être vraiment manqué ma véritable vocation il y a quelques années quand j’ai eu l’occasion de quitter le Ministère. Je fais tourner la tasse dans ma main et reporte mon attention sur Milford. Ses mains gantées, sa peau trop pâle, la légère trace sur son front… Est-il seulement encore un homme, ou vraiment une bête ? Qu’y a-t-il à sauver pour ce genre de créatures. Quatre-vingt trois ans. Je frisonne presque quand il précise, sans sembler vraiment comprendre ce que cela a de vertigineux. Ce n’est pas beaucoup plus que mon âge bien sûr, ce n’est rien comparé à l’âge de certaines autres archives ; mais c’est l’image d’un jeune homme qui me parle calmement de son propre travail. J’acquiesce, silencieusement. « Dans ce cas, permettrez-moi d’en faire une copie pour les archives ? Comme vous êtes toujours vivant, ces travaux vous appartiennent, mais je doute qu’ils reviennent de si tôt dans ces rayons… Et ils pourraient avoir un intérêt pour les futures générations de médicomages, on ne sait jamais. » Je n’y connais pas grand-chose, que ce soit en sciences moldues ou en médicomagie, mais je m’en voudrais de sacrifier un document de mes archives s’il pouvait avoir un jour son utilité.

Est-ce que ça a fonctionné ? Est-ce que ma magie a eu un effet sur lui ? Je suis absolument incapable de le dire, j’imagine que c’est l’ennui avec sa subtilité. Il me répond, il ne semble pas hostile, mais je ne pourrais dire si ça vient de sa nature et de l’effet que je tentais de donner à ma voix. Plus médicomage. Le plus a ici une importance capitale, il l’a été, ça a été un sorcier. Il y a quatre-vingt trois ans sans doute, à l’époque de ce papier ? Cela me permet de commencer à lui donner un âge, que j’estime à trente ou quarante ans de plus que le mien. Je n’ai pourtant pas le temps de m’en impressionner. « il m'apparaît trop risqué de me confronter régulièrement à l'hémoglobine. Vous imaginez sans doute pourquoi. » Je souffle par le nez et je dois reposer ma tasse qui menace de tomber de mes mains. Je n’imagine pas non, je ne veux pas imaginer. Parce que si je commence, je vais me demander de quoi, de qui il se nourrit en général ? Quel humain mortel mérite selon lui son aide, assez pour qu’il ait travaillé et travaille toujours en lien avec Sainte Mangouste, et lequel peut aussi bien mourir pour apaiser sa faim ? « Heureusement, il existe toujours une manière d'aider son prochain à Sainte-Mangouste. »

Le bureau reste un moment parfaitement silencieux, je n’ouvre pas la bouche, je ne le regarde même pas. Mon regard est posé sur la Bible sur le bureau – il l’a regardée tout à l’heure, et j’ai guetté, un peu bêtement, le moindre tressaillement, quoique ce soit qui aurait pu trahir une nature vile. Mais c’est idiot bien sûr, ces créatures magiques ne sont pas celles que décrivent les textes saints, on ne le fera pas disparaître avec un crucifix et de l’eau bénie. Après quelques instants à rester interdit, je prends une longue inspiration et, par habitude, je vais chercher ma pipe que j’avais pourtant choisie de laisser ranger. « L’odeur du tabac ne vous dérange pas ? » Il pourrait bien dire oui, que ça ne changerait rien. Le thé ne suffira pas à noyer mes doutes et mes inquiétudes, le tabac aura au moins le mérite d’occuper mes lèvres pour que mes mots ne dépassent pas trop vite ma pensée. Je m’enfonce dans ma chaise et ma main libre va à la croix à mon cou alors que je tire sur la pipe. Comment dire cela ? « Je ne voudrais pas abuser de votre temps ni de votre patience... » Quoique j’imagine que sa nature a pu lui en donner beaucoup... « Mais je dois vous avouer que j’ai rarement l’occasion de discuter avec des personnes d’un âge plus vénérable que le mien ; et je ne crois pas avoir déjà eu l’occasion de rencontrer qui que ce soit de votre nature... » J’ose enfin me retourner vers lui et plonger mon regard acier dans le sien. « Je peux comprendre si vous trouviez cela déplacé, mais accepteriez-vous de répondre à certaines de mes questions ? Si l’une d’elles vous gêne, vous n’aurez qu’à ne pas le faire bien sûr. » J’ai presque envie de rire, soudainement. J’ai l’impression de me retrouver à questionner mon père, enfant, à chercher un moyen de lui faire accepter ma curiosité par flatterie détournée et avec une intense préparation. Cet homme pourrait être mon père, par son âge. Peut-être l’a-t-il connu d’ailleurs à Poudlard, si il est bien allé à Poudlard. Et pourtant, les questions qui me taraudent, ce sont plus des questions que j’aurais adressé à ma mère, avec qui je parlais bien plus librement. Comme j’aimerais, aujourd’hui, qu’elle soit là pour me répondre. Comment faut-il traiter cet homme devant moi ? Qu’est-il, réellement ? Veut-il vraiment aider ? L'Éternel fait mourir et il fait vivre. Dans quelle mesure cela s’applique aussi à lui ? « Je suis navré monsieur. Je vous trouve aimable, et il me semble que beaucoup de mes certitudes pourraient être remises en question par votre seule existence et par votre volonté d’aider les autres. » Si cette volonté est vraiment sincère, bien sûr. « Quel âge avez-vous ? » Plus il sera âge, mieux comprendra-t-il peut être ma dévotion ? Encore que, les sorciers, même ceux des générations de mon père et de son père, n’ont que rarement été versé dans la spiritualité. « Je ne suis pas certain de savoir exactement d’ailleurs ce que vous faîtes pour aider à Sainte Mangouste – enfin, hors de Sainte Mangouste du coup ? Il est assez rare il me semble que vos semblables prennent une place active dans la communauté magique, ce doit-être une véritable vocation pour que vous décidiez de vous y dédier ? » Est-ce que si je vivais éternellement, je supporterais d’être le Grand Archiviste pendant plusieurs siècles ? Je crois presque que j’ai pitié de ce que doit être sa vie éternelle, un simulacre de celle promise par le Seigneur…

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Mer 20 Mai - 16:13
🌢 Recherches et casuistique
Un soir de février 2004,
Département des archives du Ministère de la Magie,
(Faim contrôlée - 10/14 Jauge de Rötschreck)

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La mélancolie lui piquait encore le bout des doigts, l'obligeant à contracter très légèrement ses mains croisées pour essayer de s'en distraire. Malheureusement, ce petit geste anodin ne lui suffisait pas. La sensation, soigneusement maîtrisée dès qu'il pouvait ouvrir la bouche et s'occuper l'esprit de quelques paroles, restait étrangement présente. Elle revenait le titiller dès qu'un temps mort s’immisçait dans la conversation, comme pour lui rappeler pourquoi il était là et surtout à quel point cela lui coûtait de se rapprocher de son ancienne vie.

Seulement, il ne pouvait pas fuir éternellement, pas vrai ? Andreja avait raison. Le plus important étant d'effectuer un pas après l'autre pour sortir de sa zone de confort.

Et ce serait tellement plus confortable s'il pouvait se soustraire à cette langueur brumeuse détestable. Peut-être en s'intéressant de nouveau à son environnement ? Les yeux pâles de l'immortel glissèrent vers la tasse de thé de son hôte. Elle avait un aspect agréable à l’œil et, à en juger la légère émanation qui ondulait au-dessus du liquide, elle avait été préparée avec une exactitude parfaite. S'il s'efforçait d'inspirer un court instant l'air ambiant, peut-être pourrait-il profiter de l'effluve de l'infusion. Jusqu'à en oublier, toujours très brièvement hélas, ce qui l'invectivait au-dedans. Après tout, cette boisson éveillait de la curiosité en lui. Tout comme l'aristocrate qui la dégustait, d'ailleurs.

Permettrez-moi d'en faire une copie pour les archives ? L'interrogation, somme toute légitime, lui offrit une distraction suffisante à ses vieux démons. « Oh, évidemment, Lord Fawley. C'est une éventualité qu'il vaut mieux envisager et à laquelle je me plie de bon cœur. » Faute d'amour-propre suffisant, il n'avait vraiment pas songé à cette possibilité. Et maintenant qu'elle était nommée... « Je n'aimerai pas priver quelqu'un d'un document dont il pourrait avoir besoin, même très hypothétiquement. » Henry se rendait bien compte à quel point son désir initial était égoïste et peu réjouissant. Au moins son interlocuteur y avait trouvé une parade qui ne gênerait personne et surtout pas autrui.

La tasse avait cillé, soudain, provoquant un net haussement de sourcil chez le vampire. Il ne l'avait pas vraiment oublié, tout concentré qu'il était pourtant sur sa réponse, et il ne comprenait pas pourquoi ce vif tremblement. Le bleu très clair de ses iris se porta – encore une fois – vers le visage de son aîné supposé. Le silence qui s'étendit alors sur la pièce ne manqua pas de le surprendre un peu.

Par politesse et par empathie, il attendit sagement la suite. Toute sa concentration portée sur les traits dudit Lord, lui-même probablement bercé par des pensées silencieuses. Il attendit, Henry, sans bouger ne serait-ce que d'un millimètre. Sans respirer. Sans battre des paupières. Oh, il se doutait qu'un élément avait déclenché ce soudain mutisme : mais, à force d'en provoquer par inadvertance, il préférait ne pas s'en offusquer. Il lui était plus facile de faire amende honorable ultérieurement que de forcer le dialogue quand il n'était pas souhaité.

Il guettait, de fait, une réaction en face. Un signe que l'échange pourrait reprendre, sans se départir d'une douceur peut-être plus évidente de sa part. Voulue, sans surprise, rassurante. L'odeur du tabac. C'était donc bien cette fragrance qu'il avait discerné auparavant. « Elle ne me dérange absolument pas. » La voix de l'immortel s'en trouva baissée d'une octave et volontairement adoucie. Il cherchait à ménager autant que possible le sorcier devant-lui, tant il détestait mettre ses pairs mortels mal à l'aise.

À la base, il ne s'était pas rendu dans les locaux du Ministère de la Magie pour y dispenser du malheur et de l'inquiétude. Je ne voudrais pas abuser de votre temps. Et encore moins pour y infliger de pareilles pensées au premier protecteur des archives. Bien sûr qu'il avait tout le loisir de converser si c'était le souhait de l'homme. Si la fatigue ne l'étreignait pas trop tôt, ils pourraient même y passer l'intégralité de la nuit. Quant à la patience... Avait-il seulement éprouvé de l'impatience au cours des dernières décennies ? Rosalie, elle et elle seule, avait provoqué quelques élancements proches au siècle dernier. Et depuis ? Plus rien. Il était trop calme. Toute sa non-vie était trop calme. Un âge plus vénérable que le mien. Oh. Était-il donc si jeune, son hôte ? S'il le disait … C'est qu'il avait ses raisons de le croire. Mince. Cela ne changeait rien, Henry lui devait toujours le respect ne serait-ce que pour sa position et son affiliation supposée (encore!) aux Sang-Pur. De votre nature.

Finalement, ce n'était pas si surprenant. Il s'y attendait, même si sa naïveté s'était accrochée à des considérations autrement plus... Communes. Après tout, ce n'était pas comme si sa présence à cette heure nocturne n'était déjà pas un fait inhabituel. « Ne vous inquiétez pas, je comprends. » Il esquissa un petit sourire bref, plus timide qu'assuré, pour apaiser un peu de cette tension qu'il craignait d'engendrer par mégarde. « Et je vous suis tout ouïe, Lord Fawley. Interrogez-moi. »

Je vous trouve aimable. C'était bien la première fois qu'il entendait ce terme pour le décrire. Peut-être la première fois tout court, incluant sa période vivante. Sauf si sa mémoire lui faisait défaut ? Il ne savait plus tellement, d'autant que son immortalité ne le protégeait pas des oublis et des incertitudes. C'était diablement étrange, même, d'être aimable. On disait plutôt de lui qu'il était gentil : et dans ce mot, on sous-entendait aussi qu'il était idiot. Comme si le fait de se montrer affable et bienveillant impliquait forcément une faiblesse de caractère ou d'intellect.

Lord Fawley l'utilisait sans doute comme un synonyme. C'était une approche logique et cohérente de la chose. Henry y voyait plutôt le vieux sens, celui qui susurrait à l'oreille qu'on était digne d'être apprécié voir aimé. Autant dire, un sujet épineux et indubitablement douloureux pour un vampire aussi solitaire.

Il pinça très légèrement les lèvres, tout en déviant son regard pâle vers le livre précédemment observé. Était-ce... Quel âge avez-vous ? Ah ! Il se reprit aussitôt en jetant un voile pudique sur ses réflexions trop humaines. « J'ai eu cent quinze ans le mois dernier. » Il s'était pourtant préparé à cette éventualité. Personne n'allait sonder impunément son passé sans se heurter à des émois plus ou moins vifs. « Et bien, j'apporte une aide ponctuelle à Sainte-Mangouste. Mes nouvelles qualifications me permettent d'y exercer quelques nuits, toutes les semaines ou toutes les deux semaines, dans le service dédié à la psychomagie. J'y suis présent en tant que psychomage de renfort. » Heureusement, le fait de parler de sa profession permettait à Henry de se cacher derrière l'apanage du docteur Milford. « Le reste du temps, j'officie dans mon propre cabinet pour ne pas gêner ni mes collègues ni les patients de l’hôpital. » La deuxième cape de tous les professionnels, quels qu'ils soient. « Pour être honnête, j'ai toujours été attiré par le fait de prendre soin de mes pairs. C'est pourquoi je me suis dédié à la médecine après mes études à Poudlard. Et, plus tard, à la psychomagie. Disons que j'ai toujours eu ce fil rouge dans ma vie et dans ma non-mort. L'éternité à cet avantage que je peux m'y consacrer sans faire attention au temps qui passe et à mes propres besoins. » Il était certain que l'immortalité offrait quelques avantages pour son affaire. Ainsi que des inconvénients autrement plus … Gênants. « Vous avez raison à l'égard des miens, Lord Fawley. Les vampires ne sont pas très friands de ces positions. J'ai moi-même été très inquiet à l'idée de me rapprocher des mortels. Toutefois, les lois qui ont été promulguées par l'actuel gouvernement nous permettent d'exercer désormais nos métier au grand jour et... Je pense, sincèrement, que si nous pouvons faire du bien à autrui, nous n'avons pas à fuir cette responsabilité. Je n'ai pas prêté le serment d’Hippocrate pour m'y soustraire alors que le monde magique à besoin d'être soutenu et soigné. »

Surtout après la dernière guerre dont il n'osait pas trop prononcer le nom. « J'imagine que c'est par empathie et par vocation, en effet. »
CODAGE PAR AMATIS - 1350 mots

Melchior C. Fawley

Melchior C. Fawley
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pictures : Recherches et casuistique | Henry & Melchior 68747470733a2f2f73332e616d617a6f6e6177732e636f6d2f776174747061642d6d656469612d736572766963652f53746f7279496d6167652f32776243496b4b325f42504978773d3d2d3532393837333937312e313531303762333666656637366661623731393932303138373831342e676966
Sam 23 Mai - 1:30
Recherches et casuistique
C’est une politesse peut-être vaine de ma part de lui parler de temps et de patience, une formule plutôt qu’une sincérité – mais elle ne mange pas de pain. Après tout, lui aussi se montre poli depuis son arrivée, et parfaitement d’ailleurs. Entre lui et la jeune Miss Parkinson rencontrée (ou retrouvée, plutôt) hier, j’ai l’impression d’avoir croisé cette semaine plus de personnes respectant les convenances que je croyais oubliées qu’en une année entière. Pourtant, c’est le genre de flatteries qui permettent de poser des questions que l’on n’oserait aborder sans cela – si l’on a un minimum de bon sens et de manières, je veux dire. Et cet homme titille vraiment ma curiosité. Je crois que je pourrais rester assis des heures simplement à l’observer, à essayer de lui trouver une part d’humanité – ou de monstruosité. Non, ce serait certainement plus étrange qu’autre chose. Et bien, par où commencer ?

« J'ai eu cent quinze ans le mois dernier. » Cent quinze ans. J’essaie de me souvenir des dates, il est un peu plus jeune que ne l’aurait été mon père… Je m’attarde un instant sur le visage du jeune homme face à moi, sur ses traits. A quelque chose près, ça aurait du être l’âge de ma mère - et quand je convoque son souvenir, c’est à peu près à l’âge que j’aurais donné à mon interlocuteur que je me souviens le plus d’elle… Cette pensée provoque une sorte d’émoi en moi, que je chasse en posant une nouvelle question et en allumant ma pipe. La bouffée de tabac que je prends avant qu’il ne me réponde me calme un peu je crois. Peut-être que cet homme face à moi l’a croisée à Poudlard, à l’époque de son adolescence. Je l’imagine douce est discrète, étudiante modèle. Imaginer mon père adolescent est une autre affaire, mais elle, ça me semble une sorte d'évidence. J’hésite un instant à le questionner, à lui demander s’il l’a connue, s’il s’en souvient. Mais je ne peux être certain qu’il ait bien été à Poudlard – et cela a quelque chose de presque puéril quand j’y pense. Laissons la reposer en paix, je la retrouverai bien assez tôt pour parler avec elle de ces choses qui m’étaient apparues sans importance ou étranges quand j’étais encore jeune.

Il travaille effectivement à Sainte Mangouste, sur place. Je me demande si cela aurait été seulement possible sans Granger et Potter et leurs dernières mesures. Je n’arrive pas à me décider si c’est une bonne ou une mauvaise chose. J’imagine que tant qu’aucune créature ne prend la place qui devrait échoir à un sorcier, je n’ai pas de problème avec ça. « Le reste du temps, j'officie dans mon propre cabinet pour ne pas gêner ni mes collègues ni les patients de l’hôpital. » Je tire sur ma pipe et un instant il disparaît dans un écran de fumée. C’est curieux, cette question de gêne ici. Me gène-t-il ? Je n’arrive pas à le dire. Je me pose des questions, des questions auxquelles je ne pensais pas réfléchir un jour, mais je ne sais pas si c’est gênant. Et si ça devait effectivement l’être, ce ne serait pas en rapport avec ma foi plus qu’avec son comportement. « Pour être honnête, j'ai toujours été attiré par le fait de prendre soin de mes pairs. C'est pourquoi je me suis dédié à la médecine après mes études à Poudlard. Et, plus tard, à la psychomagie. » Donc il a bien été à Poudlard. Je me demande dans quelle maison, mais je doute que ça ait le moindre intérêt ici. « Disons que j'ai toujours eu ce fil rouge dans ma vie et dans ma non-mort. L'éternité à cet avantage que je peux m'y consacrer sans faire attention au temps qui passe et à mes propres besoins. » Mes dents grincent. L’éternité. C’est lui qui choisit ce mot. La non-mort, et l’éternité. Cela me paraît… monstrueux - mais, étrangement, je ressens plus de pitié que de mépris pour l’être qui me fait face. « Vous avez raison à l'égard des miens, Lord Fawley. Les vampires ne sont pas très friands de ces positions. » A nouveau, le mot me marque presque. Je parle en euphémisme depuis tout à l’heure, lui semble aller plus droit au but. Peut-être que ma magie a fonctionné finalement ? « J'ai moi-même été très inquiet à l'idée de me rapprocher des mortels. Toutefois, les lois qui ont été promulguées par l'actuel gouvernement nous permettent d'exercer désormais nos métier au grand jour et... » Évidemment, je n’ai pas pensé à la loi Granger en vain. Ainsi cela a vraiment eu un effet. Reste à savoir si cela sera bénéfique pour les sorciers à terme.

« Je pense, sincèrement, que si nous pouvons faire du bien à autrui, nous n'avons pas à fuir cette responsabilité. Je n'ai pas prêté le serment d’Hippocrate pour m'y soustraire alors que le monde magique à besoin d'être soutenu et soigné. J'imagine que c'est par empathie et par vocation, en effet. » Si c’est effectivement un démon, il est doué. Il a choisi précisément les mots, évoqué exactement ce qui pouvait me toucher. Aider les autres, faire du bien à autrui. Il est charitable, dans le sens chrétien du terme. Peut-être l’une des qualités que j’honore le plus. Peut-être pourrait-il être vraiment sauvé, dans les Derniers Jours, au Jugement Dernier. S’il ne s’est pas perdu d’ici là, une vie c’est déjà long pour renoncer aux tentations, alors une presque éternité… Ou peut-être est-il suffisamment vil pour savoir que ce sont précisément ces mots là qu’il fallait choisir. N’est-ce pas la nature même du malin que de savoir flatter et s’adapter à son interlocuteur ? Et pourtant, pourtant, qu’aurait-il à gagner ici ? « Et bien c’est tout à votre honneur. » Je reremplis ma pipe et me ressers une tasse de thé. « Ma question va peut-être vous paraître saugrenue mais… croyez-vous, ou avez-vous cru en Dieu ? » Je plonge mon regard dans le sien pour jauger sa réaction, et continue avant de lui laisser le temps de répondre. « Excusez-moi, je ne voudrais pas vous mettre mal à l'aise, mais je ne peux pas m'empêcher quel genre de rapport on peut avoir aux choses sacrées quand on est dans votre situation... » Un instant, mon attention va une fois de plus à cette Bible qui trône sur mon bureau. Les textes sacrés ne quittent jamais vraiment mon esprit, mais ils me reviennent d’autant plus ce soir.

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Sam 23 Mai - 16:54
🌢 Recherches et casuistique
Un soir de février 2004,
Département des archives du Ministère de la Magie,
(Faim contrôlée - 10/14 Jauge de Rötschreck)

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Cette guerre encore trop récente dans les esprits et dans les corps. Elle avait déchiré le monde magique et lui, le vampire, il l'avait évité en se montrant encore plus discret que d'habitude. En s'effaçant de la vie civile. Il avait été un peu lâche, d'une certaine manière, à continuer ses activités en silence et à obéir sagement aux directives du clan. Ils devaient ne pas éveiller les intérêts du Seigneur des Ténèbres. D'autant plus que certains de leurs frères immortels avaient prêté allégeance à l’innommable. À croire que les promesses offertes à la Bête s'étaient révélées plus intéressantes que la neutralité ou le bien commun de leurs pairs sorciers.

Henry regrettait le positionnement très critiquable de certains des siens. Sans doute suffisamment pour se sentir aujourd'hui le devoir de quitter sa réserve habituelle. Cherchant à soigner cette société magique profondément meurtrie et à honorer l'engagement du gouvernement de Potter envers la paix. Le progressisme. Des valeurs auxquelles il n'était pas indifférent. Finalement, il était bel et bien question d'empathie, de devoir et de regrets de son côté.

Après tout, il s'agissait de la vocation de son éternité. Il n'y avait rien de surprenant à sa décision de sortir de l'ombre dès qu'il en avait eu l'opportunité. Lui qui était justement habitué à ne pas sortir du rang et à toujours officier dans le secret.

En face de lui, son interlocuteur semblait tout aussi pensif. Probablement pas pour les mêmes raisons. C'est tout à votre honneur. Est-ce qu'un être comme lui pouvait seulement prétendre à de l'honneur ? Il faisait toujours son possible pour tenir sa parole et ne pas déroger à un code moral peut-être un peu désuet. Seulement, ces tentatives très humaines de rester dans le droit chemin lui permettait de maîtriser ses instincts. Ou, plutôt, de lui donner l'impression de les dominer même momentanément.

Hélas, un vampire restait un vampire. Même avec une blouse de médecin et un équivalent de doctorat en psychomagie.

L'éminent sorcier qui dirigeait la conversation s'activait de nouveau. Attirant le pâle regard de l'immortel vers ses gestes ordinaires. Réconfortants. Et, clairement, à le voir siroter son thé de la sorte, lui-même éprouvait un infime souvenir de la chaleur. Ah, de son vivant- Croyez-vous ou avez-vous cru en Dieu ? L'interrogation lui fit froncer les sourcils. D'une part car il ne s'y attendait pas. D'autre part car il s'agissait d'un sujet délicat et très personnel.

Henry était déstabilisé, tant il n'avait pas lui-même abordé la notion de divinité et de foi depuis... Très longtemps. Non pas que les vampires se refusaient à la spiritualité, mais l'affaire était toujours épineuse en fonction des uns et des autres. Excusez-moi. Henry s'efforça de se détendre. Son hôte du jour ne lui paraissait pas mal intentionné et il avait bien le droit de savoir. Ce n'était pas comme s'il dévoilait des secrets de la société vampirique. « Il n'y a pas de problèmes, Lord Fawley. Je ne trouve pas vos questions intrusives. » Et puis... À quoi bon mentir ? « Mes parents m'ont éduqué dans la foi de Dieu et dans le respect de ses principes. À l'époque, j'imagine que c'était un fait plutôt courant. Je ne crois pas avoir rencontré un seul moldu qui ne soit pas croyant, sur le front. Ou bien ils étaient discrets. »

Il se tut, un instant. Se remémorer des temps aussi lointains éveillait des sentiments contradictoires. Peu caressants. Peu sympathiques. Du coin de l’œil, l'immortel voyait les ombres de la pièce se teinter des fantômes de la Somme. « J'ai beaucoup prié pendant la guerre. » Il se corrigea aussitôt, d'un sourire à la fois las et touché. « Et pendant les guerres suivantes, même si je n'étais plus totalement le même. J'ai prié et espéré que ceux dans la souffrance soient bien accompagnés. » Faute de pouvoir le faire lui-même, restreint par sa nature et ses engagements. « Lorsque je suis devenu un vampire, je n'ai pas cessé de prier pour les autres mais je n'ai pas osé... Prier pour moi. » C'était... Si compliqué. « Je ne me sens pas digne, pour être honnête. Alors, je crois bien que j'ai gardé la foi dans un coin de mon cœur, aussi inerte soit-il, mais... Je ne l'ai plus invoqué. J'ai évité d'y penser. »

Il devait toujours dire la vérité, n'est-ce pas ? « C'était trop douloureux. » Ce ne serait pas honnête de sa part de passer ce point sous silence. « Il est toujours plus facile de se voiler la face que d'affronter l'incertitude. » Ses yeux se portèrent sur la tasse du sorcier puis vers son visage, y cherchant peut-être une réponse. Est-ce qu'un Sang-Pur, en supposant toujours qu'il en étant un, pouvait également être croyant ? Il ne s'était jamais vraiment posé la question jusqu'à maintenant. Il lui semblait, compte tenu de ce qu'il connaissait des écrits et de l'histoire de la magie, que l'association était périlleuse. Sans doute qu'il faisait ce raccourci par manque de connaissance.

Et il n'avait pas le courage de le demander à son interlocuteur.
CODAGE PAR AMATIS - 845 mots

Melchior C. Fawley

Melchior C. Fawley
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Dim 24 Mai - 16:38

Recherches et casuistique
J’appréhende peut-être la réaction à ma question, et l’homme face à moi (le vampire même, puisqu’il utilise ce terme lui-même, pourquoi m’en priver) fronce des sourcils en m’entendant le questionner. Je ne regrette pas d’avoir demandé, mais je comprends cette réaction. « Il n'y a pas de problèmes, Lord Fawley. Je ne trouve pas vos questions intrusives. » Je rallume la pipe que j’ai remplie. Il n’y a rien de plus intrusif, selon moi, que de questionner la relation qu’un être a avec le Créateur – rien n’est plus personnel. On peut parler théologie, on peut parler casuistique avec des inconnus. Il est plus difficile de parler de foi. Je ne sais pas si c’est une politesse de sa part, comme l’une de celles que je lui ai servies – mais il répond quand même. « Mes parents m'ont éduqué dans la foi de Dieu et dans le respect de ses principes. À l'époque, j'imagine que c'était un fait plutôt courant. Je ne crois pas avoir rencontré un seul moldu qui ne soit pas croyant, sur le front. Ou bien ils étaient discrets. J'ai beaucoup prié pendant la guerre. » Je ne sais pas de quel front, de quelle guerre il parle – il ne me semble pas que cela soit l’une de celles que j’ai connues moi-même. Il était au front avec les moldus. Était-il un ami de ceux-là ou un né moldu ? Je devrais me contenter d’une question intrusive à la fois, et je me note celle-ci, pour plus tard, peut être. J’imagine que face à la mort quotidienne d’une guerre, même les moins pieux se prennent à espérer – mais je crois qu’il y a une frange de la population moldue qui est en soit beaucoup plus pieuse que beaucoup de gens dans la population sorcière. ‘Et ils croient sans avoir été touché par la grâce de la magie !’ Il me semble que je pourrais presque entendre Jonas Lewis me vantait les mérites de ceux qui parmi ses étudiants ne sont pas sorciers, et je chasse avec un sourire la pensée pour me reporter sur mon visiteur nocturne. Il a été pieux, il a prié, au moins par habitude, au moins par mimétisme.

Je l’écoute, et très vite je me sens apaisé, quoiqu’un peu triste à ses mots. Ce n’est pas un démon. Il y a certainement quelque chose de terrible dans sa nature, quelque chose que je ne connais pas, mais quelque chose qui m’intéresse incroyablement moins que ce qu’il est en train de me décrire. Car c’est un être qui possède la plus grande des vertus qui se trouve devant moi et qui me parle. Prier pour les autres, ce n’est pas une pensée qui pourrait venir à quelqu’un qui ne serait qu’un monstre. La pitié me revient, quand il m’avoue ne plus prier pour lui, ne plus s’en sentir digne. « C'était trop douloureux. » Je n’ose imaginer l’horreur de cette situation – ne pas pouvoir mourir, pas vraiment, ne pas pouvoir se voir offrir la vie éternelle, dans le sens chrétien du terme. Ne plus pouvoir Lui confier son cœur, pas par manque de foi, mais par faute d’espérance. Quand je retrace mon propre rapport à Dieu, quand je vois combien cet espoir m’a souvent échappé, comment je l’ai perdu pour le retrouver, encore et encore, aux différentes étapes de ma vie, je me dis qu’il y a quelque chose de proprement infernal dans le fait de s’en trouver priver, peut être pour plusieurs siècles. « Il est toujours plus facile de se voiler la face que d'affronter l'incertitude. » Pour les hommes comme moi, il est aisé de faire le choix du pari de Pascal – croire, prier, et recevoir la vie éternelle en cadeau le jour de ma mort si j’ai été vertueux. Lui n’a rien à recevoir, et aucune réponse ne lui viendra, en tout cas pas avant le Jugement Dernier.

J’ai reposé ma pipe, j’ai reposé ma tasse, et je saisis la Bible sur mon bureau sur laquelle mon regard n’a pas arrêté de se perdre ce soir. Je l’ouvre et je cherche l’extrait qui m’intéresse, un extrait que je connais par cœur et que je ne mets pas longtemps à trouver. Je lui tends le livre, ouvert à la page, et je récite, sans lire. « La charité prend patience, la charité rend service, elle ne jalouse pas, elle ne plastronne pas, elle ne s’enfle pas d’orgueil, elle ne fait rien de laid, elle ne cherche pas son intérêt, elle ne s’irrite pas, elle n’entretient pas de rancune, elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle trouve sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle endure tout. » Ma main va à la croix à mon cou, et je lui adresse un sourire sincère. « J’ai toujours trouvé le premier épître aux Corinthiens par Saint Paul magnifique, je pense que c’est l’un des premiers passages que j’ai appris par cœur. » C’était aussi la partie préférée de ma mère, l’une des premières leçons qu’elle a voulu m’inculquer. « Pour un non-vivant, vous en avez, du cœur. C’est la Bible du roi Jacques que je vous ai citée, mais je pense qu’il est intéressant de préciser que certaines versions transforment le mot charité en amour. » Et qui aime son prochain, qui aide son prochain ne peut être perdu aux yeux de Dieu. Moi je prierai pour vous, Henry Milford. « Je ne connais pas suffisamment votre nature, docteur » En prononçant son titre je me rends compte que je lui ai refusé jusque là pendant tout notre échange. « pour pouvoir vous rassurer au sujet de cette incertitude dont vous parlez – je dois vous avouer que c’est quelque chose de similaire qui m’a poussé à vous questionner.  Mais je serai curieux de ce que des personnes de ma tradition plus formées que moi à ces sujets auraient à en dire. » Vu que les gens de sa nature ne se mêlent que rarement aux sorciers, je me demande ce que mes confrères auraient à dire au sujet d’un vampire charitable, et s’ils en ont seulement déjà rencontré un. « Je pense même que pareille rencontre nous serait profitable. »

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