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Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux [Bonnie & Clyde]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Dim 3 Mai - 20:29


Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux
- 11 février 2004 -



Tout bouge dans cet appartement. Entre les livres qui peinent à vouloir choisir une place définitive, le mobilier qui a la bougeotte et les différents accessoires qui se livrent une guerre sans merci, difficile de poser son regard très longtemps au même endroit. Damocles se sent épuisé par cette agitation. Il a toujours été habitué au calme et au sérieux et il est difficile de concevoir que quelqu’un puisse apprécier de vivre entouré d’objets bondissants. Sans être malheureuse, son enfance avait été particulièrement austère, et toute cette joyeux animation lui fait tourner la tête. Alors que les deux coussins particulièrement belliqueux lui sautent dessus, il songe qu’il aura bien besoin d’une potion contre le mal de tête en rentrant, si cela continue comme ça. Mais Erin éclate de rire, manifestement ravie de le voir dans cette mauvaise posture. S’il avait su qu’il allait se faire agresser par des coussins singulièrement bagarreurs, il aurait réfléchi à deux fois avant d’accepter l’invitation de sa collègue. La bataille entre les deux objets lui rappelle les inévitables disputes familiales qui éclataient régulièrement à table avant son entrée à Poudlard, puis plus tard avant celle de Léonard. Sa grand-mère vantait l’illustre Serdaigle, tandis que son père affirmait haut et fort que ceux qui n’allaient pas à Serpentard n’étaient pas de vrais Slughorn. Sa mère observait le conflit avec un air d’indifférence polie. Maintenant qu’il y pense, tous les signes annonciateurs de la suite des événements étaient là. Néanmoins, il trouve ça ironique de devoir choisir entre les blaireaux et les lions, deux maisons dans lesquelles il n’aurait certainement pas eu sa place. Pas assez altruiste pour qu’il rejoigne les Gryffondor, trop opportuniste pour les Poufsouffle, le Choixpeau avait hésité pendant un moment avant de l’envoyer à Serdaigle. Il se souviendra toujours de la tête qu’avait fait Horace Slughorn en entendant le verdict de ce vieux morceau de tissu mangé aux mites.
« Effectivement, j’étais à Serdaigle. Ce n’était pas le premier choix de mes parents, mais ils ont fini par s’y habituer. Serdaigle, ils pouvaient encore l’accepter, mais je n’ose pas imaginer leur tête si j’avais été envoyé à Poufsouffle ou Gryffondor. Désolé. »
Il adresse cette excuse aux deux coussins qui s’affaissent sous le coup de la déception, et lui tournent résolument le dos. Il hausse les épaules vers Erin avec une grimace contrite. Loin de lui l’idée de vexer la décoration de l’appartement. Damocles n’a jamais compris cette rivalité, ni l’attachement que portent les élèves à leur maison. Il avait été déçu d’avoir été envoyé à Serdaigle et non à Serpentard, mais au final il n’avait pas regretté et s’était même mis à penser qu’il avait plus sa place chez les bleus et bronze que chez les verts et argent. Néanmoins, il n’y attachait plus beaucoup d’importance à présent.

Manifestement, ils ne sont ni l’un ni l’autre prêt à assumer leur part de responsabilité dans la réussite de la mission de l’Allée des Embrumes. Elle se défend humblement, et Damocles laisse échapper un rire. Ils ont manifestement chacun des lacunes que l’autre peut combler. C’est certainement pour cela que la mission avait fini par réussir. Damocles sait qu’il manque cruellement de pondération dans ces moments là, se jetant immédiatement dans l’action tête la première par peur de laisser filer sa chance. Même si avec l’expérience, il avait appris à faire preuve de plus de patience, il s’était parfois retrouvé dans des situations particulièrement dangereuse en raison de ce zèle excessif. Il avait même cru voir sa dernière heure arriver lorsque désireux de faire des preuves après son premier échec au concours d’Auror, il s’était lancé sans réfléchir à la suite d’un Mangemort qui avait bien failli l’occire d’un Avada Kedavra bien placé. Encore maintenant, il a du mal à croire qu’il a survécu ce jour là, étant donné la haute improbabilité des événements ayant suivi. Ce jour là, il avait eu les idées remises en place, et il avait appris à mieux se contrôler et sa détermination à devenir Auror n’en avait été que plus renforcée. Ce n’est visiblement pas le cas d’Erin. Damocles fronce les sourcils en entendant sa réponse. La journée d’aujourd’hui avait été particulièrement horrible, il est vrai, mais de manière générale, Erin n’avait pas l’air d’être très épanouie dans ce qu’elle faisait. Il entendait parfois les longs soupirs qui s’échappaient de ses lèvres et il avait déjà surpris la brigadière regarder par la fenêtre d’un air ennuyé et rêveur, comme si elle ne rêvait que de s’échapper d’entre ces murs sévères et froids.
« Ah, bon. Pourtant on dirait que tu t’ennuies parfois. Je veux dire, on s’ennuie tous de temps en temps, mais toi, on dirait que tu t’ennuies vraiment. »

La question de la brigadière paraît anodine, et pourtant elle fait tressaillir Damocles. Il la regarde droit dans les yeux. Il n’en a parlé à personne en dehors de Moira Oakes, et à part les membres du jury de l’examen, il ne voit pas qui pourrait être au courant. Pourtant, il sait qu’elle sait. Il ne sait pas si c’est cette petite lueur dans son regard ou une intonation de sa voix qui lui met la puce à l’oreille, mais il a l’intuition que d’une manière ou d’une autre, Erin l’a appris. Il a pourtant fait attention aux rumeurs, mais les nouvelles se propagent vite dans les bureaux, en particulier depuis l’arrivée de Carol-Ann. Tendu, il se demande si beaucoup sont au courant et surtout depuis combien de temps ils en parlent derrière son dos, le tournant en dérision à la suite de ce second échec. Son père et son oncle doivent bien se gausser à l’heure qu’il est en imaginant leur hériter raillé pour ses ambitions ratées par leur faute.
Damocles pousse un profond soupir de dépit avant de s’affaisser. Il pourrait dire à Erin que non, il n’a pas retenté l’examen, mais ce serait lui mentir en pleine figure, et il n’aime pas trop ça, pas alors qu’ils commencent à peine à développer une relation qui n’est pas négative.
« Oui, le mois dernier. Sans surprise, recalé. Ce n’est pas comme si je ne m’y attendais pas, cette fois. »
Il prend le parti de faire comme s’il s’agissait d’un événement sans importance, alors qu’au fond de lui, il sent de nouveau la colère monter. Il prend une nouvelle gorgée de jus de citrouille pour tromper l’agacement qu’il ressent, mais la boisson lui apparaît cette fois trop sucrée, trop écoeurante.


1167 mots



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Dim 24 Mai - 22:21

Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux@Damocles SlughornErin


11 février 2004

L'appartement n'avait pas toujours été aussi vivant, aussi animé. D'ailleurs, si l'on te l'avait prédit à ta sortie de Poudlard, tu aurais rit haut et fort : après sept ans en dortoir, sans intimité ni calme, tu voulais que ton futur nid soit un endroit apaisant. La bataille des Maisons s'était pourtant imposée très vite, sans que tu te souviennes de son origine exacte. Sans doute un coussin Gryffondor négligemment atterri sur les tiens... Ou ton plaid jaune et noir prenant tout le dossier du canapé. Il n’en fallait pas plus pour que le conflit débute. Quant aux livres, il s’agissait d’abord d’un compromis entre deux façons de ranger radicalement différentes – nom d’une plume d’oie, qui donc classe ses livres par taille plutôt que par titre ? L’objectif du sortilège visait d’abord à ce que la bibliothèque se remette en ordre en fonction de celle d’entre vous qui s’en approchait. Avec le temps, l’enchantement s’était dégradé jusqu’à proposer des rangements complètement farfelus et aucune de vous n’avait pris le temps de le ré-ajuster, d’autant qu’avec les années, vos achats avaient fini par surpeupler les étagères, rendant complètement caduque toute idée d’organisation.
Et finalement, tu l’aimes cet appartement mouvant. Si vivant, si semblable à vos deux personnalités et surtout si différent de la maison toujours impeccable de tes parents, sans le moindre mouvement, le moindre bruit risquant de rompre la monotonie et le silence oppressant. Avec le recul, tu sais qu’il n’est pas illogique que ton nid rappelle par certains aspects le cottage de ta grand-mère, s’éloignant le plus possible de la froideur cérémonieuse des murs parentaux. Tout, pourvu que tu puisses te démarquer de cette rigidité sans âme qu’ils arboraient si fièrement. Aurais-tu tant souhaité te différencier, s’ils n’avaient pas condamné aussi violemment ton admission au sein de la maison des humbles et des justes, si souvent méconsidérée à tort ? Combien d’enfants comme toi – comme Damocles – ont amorcé la rupture avec les leurs suite à la décision du Choixpeau ? Tu hoches la tête tandis qu’il te confirme la déception de ses parents, un sourire mi-amusé, mi-désabusé accueillant ses excuses bien inutiles aux deux coussins déjà partis reprendre leur querelle plus loin de cet impie n’acceptant aucun d’entre eux.
« Oh je te rassure, mes parents ont réagi exactement comme les tiens lorsque mon frère a intégré Serdaigle. Pas ravis, mais soit. Par contre, Poufsouffle ça ne leur a pas plu… Mais alors, pas du tout ! »
Tu reprends une gorgée de jus de citrouille, les yeux dans le vague au souvenir de leur réaction. La beuglante à six heures du matin entrave encore ta gorge des années plus tard, et tu déglutis un peu plus franchement.

Évoquer tes parents, Sebastian… Tu es étrangement loquace, ce soir. Sans doute un contrecoup de votre visite à Azkaban, ravivant dans ta mémoire tous ces souvenirs d’enfance que tu tentes si fort d’occulter en temps normal. Il est d’ordinaire bien plus facile de chasser leurs images que de t’appesantir sur ces sujets délicats, tout un pan de ta vie que tu omets généralement évoquer. Une réserve que ton collègue partage, à en croire les rumeurs qui courent sur le nom des Slughorn dans les couloirs du Ministère. Tu l’imagines lui aussi, coincé dans une famille aux idées arriérées, grandissant dans ce silence environnant où les rires du présent ont moins de poids que les peut-être de l’avenir. Ces mêmes sang-purs que tes parents espéraient tant atteindre un jour – Merlin merci pour vos liens rompus avant que ne leur vienne l’idée de mariages arrangés ! L’idée qu’ils auraient été ravis d’un parti tel que les Slughorn te tire un sourire amusé, renvoyant tout droit à cette mission semi-désastreuse et à cet alibi improvisé des plus ridicules. Si délicate ait pu être la situation, au moins les souvenirs en sont ils comiques. C’est rarement le cas dans votre quotidien si sérieux de Brigadiers. Et Damocles ne semble d’ailleurs pas dupe de ton actuelle dévotion envers votre service… Pourtant, tes idéaux n’ont pas vacillé et l’idée de contribuer à une communauté magique meilleure t’anime toujours autant. Mais la paperasse, la bureaucratie, les arrestations de petits délinquants… Ce n’était pas l’image que tu te faisais de cette glorieuse institution qu’est la Justice Magique. Tu hausses les épaules, il serait si compliqué de lui expliquer tous les tenants et aboutissants de cette situation que tu préfères toujours éluder. Quelque chose, pourtant, te pousse à t’expliquer davantage. « C’est vrai. Ce n’est pas… » Tes yeux se perdent sur la boule de poils finalement ressortie de sa cachette sous le meuble télé, observant avec attention le ballet des livres en mouvement. « Ce n’est pas ce que j’espérais. Mais retenter le concours maintenant, après toutes ces années, je ne m’en sens pas capable. Et ça ne m’intéresse pas. »

À vrai dire, encore quelques semaines plus tôt, tu t’interrogeais sur la possibilité de tout quitter, changer de vie. Dans certaines rêveries, tu t’imaginais aller travailler chez Florian – ce serait une autre façon d’enchanter la communauté magique que d’aller épauler le vieux glacier. La proposition de Moira Oaks a balayé toutes ces envies d’ailleurs, te donnant un nouveau but, un objectif. Et tant pis s’il implique de devoir encore quelque temps supporter la monotonie de la Brigade. Mais lui n’est pas du genre à s’en contenter et l’amertume dans sa voix trahit la déception de ce nouveau refus. Prudemment, tu t’aventures à demander : « Ça ne s’est pas bien passé ? Pourquoi tu t’y attendais ? » Difficile de savoir à l’avance quelles considérations courent derrière les regards impassibles du jury – à moins de faire lamentablement étalage de son incapacité à maîtriser une épreuve… ou une démonstration d’animagie. Et tu connais trop peu Damocles pour deviner les raisons qui le poussent à être aussi défaitiste. Refusant d’ajouter une phrase toute faite sur les bienfaits de l’échec pour rebondir – Merlin t’en soit témoin, tu as trop entendu de ces platitudes pour les répéter à d’autres – tu ajoutes dans une hésitation : « C’est surprenant quand même. Tu es de loin le meilleur de la Brigade ! Enfin, ne vas pas répéter à Valur que j’ai dit ça… » À l’évocation de l’autre duelliste de talent de l’équipe, ton sourire, entre hésitation et amusement, cherchant manifestement à briser un peu le poids de cette discussion trop sérieuse.

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Ven 29 Mai - 16:23


Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux
- 11 février 2004 -



Quel désastre que cette première année d’école, où les déceptions s’étaient enchaînées les unes après les autres et où le regard pesant de ce célèbre grand-oncle n’avait cessé de le suivre, écrasant ses épaules d’héritier sous la pression de la réussite. Rares avaient été les moments d’amusement au cours de ces journées qui auraient dû rester gravées dans sa mémoire comme d’heureux souvenirs, mais qui n’y avaient finalement laissé qu’une profonde trace d’amertume indélébile. Il avait fallu attendre la retraite d’Horace Slughorn pour qu’enfin il puisse goûter à cette légèreté que ressentaient les autres et pour qu’il se sente enfin chez lui à Poudlard et à Serdaigle. Apprendre qu’Erin a été dans la même situation que lui lui arrache un sourire. Ils sont si nombreux à avoir désappointés leurs parents pour avoir eu le simple tort d’être réparti dans une maison qui n’était pas leur choix, ou pas la plus prestigieuse à leurs yeux, ou n’importe quelle autre justification stupide. Poufsouffle est souvent le choix le plus mal vécu. Il en avait rencontré certains à Serdaigle, certes, mais malgré les qualités de Poufsouffle, il a l’impression que la maison des Blaireaux est celle qui a le moins d’attrait pour les parents inquiets. Chez la plupart des sang-pur, en tous cas, où Serpentard représente souvent le meilleur choix. Mais il est certain que la famille d’Erin n’est pas sang-pur, on lui avait assez assené les différents arbres généalogiques de la société sorcière aristicratique pendant son enfance pour qu’il s’en souvienne sur le bout des doigts, et McAllister, il en mettrait sa main à couper, n’était pas un nom qui y figurait. En revanche, il l’avait déjà rencontré par le passé, plusieurs fois.
« Ton frère était à Serdaigle ? Il y avait un McAllister quand j’y était, mais je t’avoue que je ne souviens pas de son prénom. Un gars un peu plus jeune. »
Mais ça n’est pas la seule occurrence de ce nom qu’il a pu remarquer. Il se souvient également l’avoir vu passer après la guerre sur certains dossiers. Il n’y avait porté aucun intérêt à l’époque, bien trop focalisé sur la traque de Camille Nott, mais il aurait peut-être dû. Soucieux de ne pas faire d’impair, il préfère garder cette pensée pour lui. L’ambiance un peu plus détendue qui s’est installée lui paraît trop fragile pour évoquer ces sujets bien sérieux.

Petit à petit, il s’habitue à l’agitation qui l’entoure et finit par trouver presque drôle le comportement loufoque des objets disséminés dans la pièce. A eux seuls, ils réussissent à créer de la vie avec peu de choses, offrant probablement leur présence réconfortante à la brigadière fatiguée par ses journées de travail. Il comprend exactement où veut en venir Erin, malgré son hésitation. Tout nouveau brigadier se retrouve vite enseveli sous la quantité de paperasse inattendue qui s’abat sur lui, et la désillusion est parfois trop lourde pour certains. Heureusement, ça n’avait pas été son cas. Au cours de ses deux ans aux archives, il avait été habitué à ce genre de travail de fond, pour lequel il s’était déjà trouvé une certaine affinité, et les formalités administratives de la brigade lui semblaient presque dérisoire par rapport au lourd travail de classement et d’archivage qu’il avait déjà dû effectuer. La déconfiture d’Erin n’est donc pas incompréhensible. En revanche, il n’arrive pas à comprendre que l’on puisse abandonner après seulement un échec, surtout lorsqu’on est passé si proche de la réussite. Elle n’est pas obligée de retenter le concours si elle n’en a pas envie, mais si elle n’aime pas son travail à la brigade et que la perspective de devenir auror ne l’intéresse plus, que fait-elle encore ici ?
Alors que la question est sur le point de quitter ses lèvres, il la ravale de justesse. Ces mots sont durs, peut-être trop. On lui a souvent reproché ses propos trop directs, parfois vexants, sans qu’il cherche à rectifier ce comportement. Habituellement, il ne s’en serait pas formalisé, mais il apprécie Erin. Elle a eu l’amabilité de l’inviter chez elle, et il ne compte pas blesser ce soir l’une des rares personnes de la brigade qu’il n’a pas encore faire fuir avec son caractère revêche. Il est même parfois étonné par l’entente qui s’est installée entre eux, tant le caractère de la brigadière et le sien lui semblent éloignés, et les similarités partagées qu’il vient petit à petit découvrir lui font à chaque fois l’effet d’une goutte de surprise. Qui sait ce que cache encore la brigadière, derrière ses airs effacés et discrets. L’idée qu’on a des gens est rarement proche de ce qu’ils sont vraiment.

Elle doit probablement se dire la même chose, au vu de la précaution avec laquelle elle lui pose sa question. Elle s’attend probablement à ce qu’il explose à la moindre évocation d’un sujet fâcheux. Pourtant, ses éruptions de colère sont aussi rares qu’elles sont violentes, et malgré son comportement bourru et la colère qui l’habite souvent, les explosions de rage ne font pas partie de ses habitudes. Le souvenir du déroulé du concours, les regards appuyés de certains examinateurs et leurs chuchotements à peine camouflés avaient cependant mis sa patience à rude épreuve, et la réception de la lettre de refus quelques semaines plus tard avait été le coup de marteau enfonçant le clou de la suspicion. Il se racle la gorge, hésitant. Doit-il parler de ses doutes à Erin ? Pourrait-elle même comprendre la situation difficile dans laquelle il se trouve ? Certain trouvent qu’il exagère, ils accusent son orgueil ou sa paranoïa, et parfois, il se demande s’ils n’ont pas raison. Mais les mots de la brigadière sont bien loin de ce à quoi il s’attendait. Longtemps il a cherché cette reconnaissance, chez sa famille, dans son travail. Rarement elle a été à la hauteur de ce qu’il espérait. Les propos d’Erin ne sont qu’à moitié sérieux, et pourtant il se sent rempli de gratitude. C’est un sourire franc qui s’affiche sur son visage alors que le soulagement allège ses épaules.
« Ça s’est très bien passé, de mon côté en tous cas. Mais… euh… Apparemment mon caractère n’est pas compatible. »
Excuse fumeuse, il s’en était douté dès le début, et la discussion qu’il avait eu avec Moira Oaks n’avait fait que confirmer ses soupçons. Il avait pu accepter ce prétexte la première fois, il était alors trop jeune, trop impulsif, mais après toutes ces années au sein de la brigade, après la guerre, tout cela n’avait plus de sens. Il s’était assagi, il avait pris sur lui. Est-ce la fatigue ou le besoin de se justifier qui le poussent à confier à sa collègue ce dont il évite habituellement de parler ? L’hésitation le fait réfléchir encore quelques secondes, pendant qu’il fait tourner le jus de citrouille dans son verre, habitude machinale, et c’est finalement avec une voix bien désinvolte par rapport à ce qu’il ressent qu’il choisit de se débarrasser d’un peu de cette défiance.
« Ce que ça veut vraiment dire, c’est qu’ils n’aiment pas trop ma famille et qu’ils ne veulent pas d’un Slughorn dans leurs rangs depuis que mon cher grand-oncle a décidé de demander la démission de Potter. Et même avant cela, mon père a tout fait pour me détourner du Ministère et pour m’empêcher d’aller là où il ne voulait pas que j’aille. C’est même un miracle que j’ai réussi à rester à la brigade. »
Il a l’impression de vivre un combat permanent depuis ses quinze ans. L’influence d’Horace Slughorn avait été bien trop forte à l’époque, et aujourd’hui encore, malgré son opposition ferme au gouvernement en place, ses ficelles bien trop accrochée continuaient de faire bouger à sa guise ses petits pantins disséminés jusque dans les hautes sphères du monde sorcier. Il aurait parfois préféré avoir un nom un peu plus commun et pouvoir s’affranchir facilement des contraintes familiales.
« Et toi, tes parents étaient enthousiastes de te voir rejoindre le département ? Tu as passé le concours très jeune, non ? Ils devaient être fiers. »
Le département de la justice magique est le plus grand et l’un des plus convoités par les jeunes sorciers. Souvent, les brigadiers sont envoyés à Poudlard pour parler de leur métier aux élèves, espérant apporter au Ministère de nouvelles recrues prometteuses. Il n’y a que la stupide famille Slughorn, trop engoncée dans son conformisme conservateur pour désapprouver cette carrière.


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Sam 20 Juin - 17:10

Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux@Damocles SlughornErin


11 février 2004

En dépit de cette Répartition désastreuse – ou peut-être, grâce à elle ? –, Poudlard s'était révélé être un refuge, un foyer plus que ne l'avait jamais été la maison parentale. Et au milieu de tes camarades en jaune et noir, tu avais découvert que la gentillesse n'était pas forcément une tare, l'entraide pas un mythe. Oh, tout n'était pas parfait. Certains te trouvaient encore trop timorée, trop fade pour ne pas t'attirer quelques quolibets et remarques. Mais pour l'immense majorité du temps, ton expérience au château avait été une période de libération autant que de découverte, et les Poufsouffle une seconde famille. Pas étonnant donc, que les armoiries d'Helga soient si présentes dans ton quotidien, comme un rappel permanent de ta propre valeur découverte par son entremise, bien que si souvent occultée.
Existe-t-il autant dans les autres Maisons, ce sentiment de féroce appartenance, que d'aucun iraient jusqu'à qualifier de chauvinisme ? Tu sais qu'Adele le ressent aussi, mais ta cousine a une capacité à faire corps avec un groupe puis le défendre bec et ongles qui fausse certainement ta perception de leur entente. Quant aux Serdaigles... Tu n'en as pas la moindre idée. Tu les as toujours vus comme des individualistes forcenés, mais au fond, qu'en sais-tu ? Ta vision se fonde en grande partie sur le comportement de ton propre frère, et que tu ne mises pas une noise sur sa capacité à s'intéresser à quiconque d'autre que son reflet ne signifie par qu'ils soient tous de cette même trempe d'égoïstes forcénés – tu connais suffisamment de contre-exemples.
Damocles semble se souvenir de lui, d'ailleurs. Mais évoquer Sebastian ce soir est bien la dernière chose que tu aies envie de faire. Aussi tu te contentes d'un hochement de tête affirmatif, appuyé d'un sourire léger. Suffisamment pour lui confirmer qu'il a vu juste en évitant tout malaise, mais sans rebondir pour autant. Non, vraiment, ce n'est pas un bon sujet de conversation.

Fort heureusement, ton collègue ne s’appesantit pas sur l'évocation de ses anciens condisciples – vous vous seriez pourtant découvert d'autres connaissances communes ! – et se montre assez délicat pour ne pas insister sur ton échec au concours. Oh, tu vois bien l'étincelle d'incompréhension qui passe dans son regard, ses lèvres s'entrouvrir sur cette question qui ne franchit pourtant pas la barrière de ses pensées. Mais tu la devines, tu l'anticipes dans un raidissement de ta nuque. Qu'est-ce que tu fous encore là ? Et à cette question toute légitime, tu n'as aucune réponse à donner. Ni à Adele, qui te voit rentrer les soirs sans flamme ni envie, ni à ta grand-mère qui s'interroge sur ton refus de rejoindre la réserve créée par Potter, ni à Damocles qui te voit quotidiennement, plume levée au-dessus d'un énième rapport, les yeux tournés vers n'importe où ailleurs. Et surtout, tu n'as aucune réponse pour toi-même, coincée entre un reste d'affection pour ce métier ô combien utile et tes envies d'ailleurs. Non, vraiment, tu n'as aucune réponse.

Mais lui, alors ? Que s'est-il passé lors de ce nouvel examen, qui conduise à un échec ? Il y avait un rien d'humour, dans ta déclaration quant à son talent... mais bien plus de sincérité. Toujours prêt à intervenir, capable d'abattre des piles de parchemins et de rapports barbants, duelliste accompli... et tu te souviens encore des superbes sortilèges informulés lancés à tout va contre la bande d'Œil de Taupe. Alors quoi ?
Il t'offre un début de réponse et tu hausses un sourcil. Son caractère, vraiment ? D'accord, il n'est pas toujours des plus affables. Certains iraient même jusqu'à le qualifier de grognon, voire d'irascible dans les mauvais jours. Et certes meilleur gratte-papier qu'agent d'accueil pour prendre les dépositions... Mais enfin, le sens de la communication n'est pas ce que l'on attend en premier d'un auror.
Il poursuit, avec une désinvolture dissimulant bien mal son amertume. Le poids du nom de famille. Quelle stupidité ! Tu n'as pas eu le plaisir d'avoir Horace Slughorn comme professeur – oui, le plaisir, n'importe quel enseignant aurait été préférable à l'horrible vampire qui peuplait tes nuits d'adolescente de cauchemars dans lesquels tu finissais noyée sous des litres de potions fumantes et noirâtres... – mais tu connais le bonhomme de réputation. Sans savoir d'ailleurs quels étaient ses liens exacts avec ton collègue. Devant l'explication limpide, tu ne peux retenir une exclamation indignée. « Ach dè cnap de dangleberrys! »
Il hausse les épaules, avale une gorgée de jus de citrouille, t'interrogeant plutôt sur la réaction de tes propres parents mais l'onde de colère qui court tes veines ne décroit pas si facilement, flambant dans tes yeux. « Non, mais sérieusement, ils en sont encore là ? Tha sin gam fhàgail tinn! Ils gardent des veracrasses comme Gyte, mais ils ne te donnent pas ta chance sous prétexte que tu n'as pas le bon nom de famille ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond, chez eux ? C'est... » Tu ne trouves pas de mot assez fort pour exprimer tout le mépris, toute la fureur rentrée que t'inspire cette inacceptable injustice. Dont tu aurais si facilement pu être victime, s'il se savait que ta mère portait Campbell pour nom de jeune fille. « Tu vois, mes parents n'ont pas eu la moindre réaction, lorsque j'ai intégré la Brigade. Ça faisait déjà quelques années qu'on avait plus des masses de contact et clairement, ils auraient plutôt rêvé que je me fasse tatouer une boggin' tête de mort sur l'avant bras, que de me voir avec un insigne sur le revers. La principale différence entre toi et moi, Slughorn, c'est que mes parents sont deux foutus bawheid qui n'ont pas l'influence suffisante et surtout pas le quart d'une once de courage pour oser poser leurs couilles sur la table et dire ce qu'ils pensent. » Tu deviens vulgaire, le gaélique se mêlant à l'anglais pour ces injures qui te viennent toujours plus naturellement dans la langue de tes ancêtres. Une profonde inspiration, tu rejettes en arrière tes boucles rousses, les yeux rivés aux siens. « Ils attendent quoi ? Que tu fasses tes preuves ? Daingead, ça fait dix ans que tu le fais ! Tu sais quoi, Slughorn ? Si je peux t'aider à un moment, de n'importe quelle façon. Je le ferai. Suffit que tu me le dises et je serai là. »
Parole de Poufsouffle.

Traduction
Mais quelle bande de dangleberry ! - Ça me rend malade ! - boggin' : puante - bawheid : tête de couille - Daingead : Bon sang

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Jeu 25 Juin - 19:34


Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux
- 11 février 2004 - @Erin McAllister



Le jus de citrouille oscille toujours dans le verre qu’il fait tourner doucement. Le goût trop sucré de la boisson sur sa langue a laissé place à l’âcreté de son aveu. A chaque fois qu’il évoque cette détestable expérience, elle lui paraît devenir un peu plus réelle, comme s’il s’agissait seulement d’une hypothèse douteuse qui s’avérait peu à peu. Pourtant, la preuve que cette situation est belle et bien concrète existe, elle l’attend sagement, rangée dans un tiroir en compagnie d’autres correspondances d’importance relative. Parfois, il relit le parchemin au cas où, soucieux de vérifier si un détail ne lui a pas échappé, s’il n’aurait pas mal interprété un mot ou deux. Mais les phrases sont justes, écrites noires sur blanc, et il se sent à chaque fois profondément idiot de continuer ainsi à espérer. Pourtant, il n’a pu se résoudre à jeter le papier au feu, même si l’idée lui traverse l’esprit à chaque fois qu’il s’approche de la cheminée. Non pas qu’il ait des scrupule à détruire du bon papier, il avait jeté au cours de sa vie quantité de missives, parfois sans même les ouvrir, pourvu qu’il reconnaisse sur l’enveloppe l’écriture de son père ou de son frère. Mais aussi cinglant que soit cet échec, il lui rappelle également que contrairement à ce qu’on lui avait fait croire tout au long de son enfance et une grande partie de son adolescence, les choses ne lui tomberaient plus toutes cuites droit dans le bec, et qu’il lui faudrait perpétuellement se battre pour les obtenir. Et quand enfin il réussira à décrocher la victoire qu’il poursuit depuis si longtemps, il pourra alors se faire un plaisir de regarder chaque fibre de ce maudit feuillet se consumer doucement dans les flammes.

Mais l’heure n’est pas à la rêverie, car le chemin à parcourir reste long et semé d’embûches, même si le soulagement qu’il s’attendait à ressentir avec cette révélation ne vient pas. Au contraire, il se sent mal à l’aise, presque honteux, tant cette explication semble dérisoire et invalide. Comment un simple nom pourrait-il avoir autant de conséquences sur la vie d’un seul individu ? Surtout que les Slughorn, plus connus pour leur lâcheté et leur opportunisme que pour leurs idées conservatrices, n’ont pas si mauvaise réputation au sein du monde sorcier. Ils sont nombreux à avoir croisé la route de l’affable Horace à Poudlard et à être venu exprimer à Damocles à quel point il avait de la chance d’être le descendant de ce génie jovial et exubérant. Et il était plutôt d’accord, à l’époque. Le véritable problème, c’était son père, dont l’ouverture d’esprit étriquée n’avait pas grand chose à voir avec celle de son oncle. C’était lui dont le complexe ne supportait pas l’idée d’accorder une miette de pouvoir aux autres, dont l’ambition ne saurait être perturbée par les désirs d’autrui. Il avait posé chacun de ses pas dans les traces de son aïeul, et s’attendait à ce que ses fils fassent de même, prêt à tout pour ne rien laisser contrecarrer ses plans, et s’il avait montré qu’il était capable d’user de son influence pour ouvrir certaines portes, il n’avait pas non plus dédaigné en fermer d’autres. Pourtant, ça n’était pas de lui qu’était venu le coup de grâce, mais bel et bien d’Horace et de sa tirade vindicative apparue dans les colonnes de la Gazette. Qui aurait cru que l’ancien fidèle d’Harry Potter se retournerait un jour contre lui ? Mais il avait choisi cette voie, plus concerné par la préservation de sa fortune et de son rang que par son soutien pour le jeune Potter, quitte à se faire définitivement rayer des petits papiers du Ministre. Pourtant, il n’avait pas voulu associer le nom de Slughorn à l’insurrection, fort heureusement pour Damocles. Car utiliser ne serait-ce qu’une Noise de la fortune familiale pour les autres est intolérable pour les Slughorn. Ils avaient construit leur empire de leurs propres mains, ils s’attendent donc à ce que les autres fassent de même. Investir dans des écoles rebelles après avoir enseigné à Poudlard pendant plusieurs décennies ? Inenvisageable. Construire un hôpital pour les insurgés et mettre ainsi en péril son siège au conseil de Sainte-Mangouste ? Hors de question. Le râtelier de l’Enchanteresse n’est pas assez plein pour qu’Horace Slughorn se donne la peine de s’y intéresser. Mais qui pourrait le croire ainsi, en voyant son personnage enjoué et bruyant. Qui pourrait s’imaginer une seconde qu’il puisse avoir des ennemis ?

C’est pour cette raison que lorsqu’Erin ouvre la bouche pour s’indigner proprement, Damocles hausse les sourcils, légèrement surpris par le ton et le langage de la brigadière, d’habitude si réservée. Il s’attendait peut-être à un regard d’incompréhension ou à un hochement de tête désolé, voire même à de la perplexité face à ses dires de la part de sa collègue. Mais certainement pas à ça. Il ouvre la bouche, la referme, hausse les épaules, tentant vainement de changer de sujet sans vraiment savoir quoi dire. Car Erin semble presque sortir de ses gonds, enchaînant des phrases accusatrices entrecoupées d’interjections gaéliques qu’il ne comprend pas toutes. Il avait bien appris quelques mots et expressions de cette langue celtique lorsqu’il était plus jeune, lorsqu’il accompagnait ses parents rendre visite aux anciens du village sorcier le plus proche, près du domicile familial écossais, et même certaines insultes en compagnie des autres enfants et adolescents qu’il avait pu fréquenter à l’époque, mais il serait bien incapable d’en prononcer correctement la moitié, encore moins d’aligner une simple phrase. C’est peut-être ce qui le fait rire d’ailleurs, lorsque la Poufsouffle interrompt son discours enflammé. Un rire d’abord contenu dans un sourire amusé, puis finalement franc et clair. Car le soutien de la brigadière, aussi impromptu et véhément soit-il, est le bienvenu.
« Ah, merci ! Moira Oaks m’a assuré qu’ils ne prenaient pas n’importe qui chez les aurors, mais je pense être au moins aussi efficace que Gyte. »
Mais le train de la fureur de la brigadière semble lancé, et elle enchaîne rapidement sur un sujet bien plus sérieux que l’apparente inaptitude du pauvre Gyte, dont les oreilles doivent siffler aussi fort d’un scrutoscope particulièrement méfiant.

Damocles se rembrunit légèrement à l’évocation de la Marque des Ténèbres, et plus encore lorsque le sujet des parents McAllister est amené. Il n’a pas l’habitude d’être la cible des confidences de ses collègues, en dehors de Carol-Ann. Il aurait dû s’en douter, pourtant, c’est bel et bien lui qui a lancé le sujet, mais maintenant que c’est le cas, il se demande si c’est vraiment ce qu’il veut. Surtout pour apprendre que les parents de sa collègue penchaient plutôt du côté des mangemorts. Si on peut bien accorder quelque chose aux Slughorn, c’est de ne jamais avoir toléré la moindre inclination des membres de la famille vers les partisans de Vous-Savez-Qui. Il se demande si c’est la raison pour laquelle le nom de McAllister était passé sous ses yeux après la guerre, même s’il a du mal à l’imaginer. Erin McAllister, assise en face de lui à s’insurger énergiquement à sa place contre l’injustice dont il est victime, entourée de sympathisants de Voldemort ? L’idée est risible, tant elle semble impossible. Mais le regard de la rousse est on ne peut plus sérieux, et l’animosité féroce qui anime sa voix n’est pas feinte. Il fronce les sourcils en l’écoutant, songeur.
« C’est peut-être mieux, en vérité. S’ils avaient eu cette influence et ce courage de dire ce qu’ils pensent, est-ce que tu n’aurais pas eu des problèmes ? Je ne mets pas en doute ta détermination, mais je sais à quel point ça peut être difficile de s’opposer à ses proches. Même moi il m’arrive parfois de me demander si cela valait vraiment le coup, et si je n’aurais pas mieux fait de suivre le chemin qu’on avait tout tracé pour moi. Je sais que la réponse est non, n’empêche que ça m’arrive. Parce que quand tout le monde, vraiment tout le monde est contre toi… »
Il laisse le reste de sa phrase en suspend, indécis. Il avait commencé à parler en assumant que ce n’était pas le cas d’Erin -après tout, sa cousine est toujours bien présente dans sa vie-, mais il se trompe peut-être. Probablement, même. Léonard avait eu raison de le traiter d’imbécile égocentrique, toujours à tout ramener à lui et à comparer l’expérience des autres à la sienne, quand elles n’ont rien à voir. Il se frotte le front et les cheveux, nerveusement.
« Oublie ce que j’ai dit. Je sais que ce n’est pas ce qui illuminera ton quotidien, mais la Brigade a de la chance de t’avoir. Tu n’as peut-être pas l’impression d’être très utile, je pense que c’est le cas de beaucoup, et pourtant… Et puis, comment je ferais si tu n’étais pas là pour m’arracher des griffes de Carol-Ann ? »
La tignasse flamboyante de la brigadière suffisant à décourager en quelques secondes les bavardages de l’assistante, elle est bien la seule à pouvoir empêcher un meurtre au sein de cette équipe.

La solennité avec laquelle la brigadière lui réitère son soutien le frappe et pendant quelques secondes, il ne sait que dire face à cette profonde marque de sollicitude à laquelle il n’est pas habitué. Il offre un sourire mi-reconnaissant, mi-désabusé à sa collègue. C’est que le geste le touche profondément, mais au fond de lui, il ne peut s’empêcher de se dire que malgré toute la bonne volonté d’Erin, elle ne peut pas lui apporter grand chose, en dehors d’un soutien moral. Mais n’est-ce pas tout ce dont il a besoin au final ? Il lui rend son regard sérieux.
« Tu peux m’aider en étant patiente toi aussi et en tenant le coup. Je vais demander à ce qu’on fasse équipe plus souvent, ça serait sympa. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, surtout en ce moment, mais je compte sur toi. »


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Mer 22 Juil - 20:14

Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux@Damocles SlughornErin


11 février 2004

Oh, il savait ce qu’il faisait, ce Choixpeau, en te plaçant sous l’égide d’Helga. Maison des justes… Oh tu n’avais pas conscience à l’époque, de l’amertume générée par les différences de traitement au sein de ta fratrie. Pas plus que tu comprenais à quoi elle était due. Tu avais bien lâché parfois un « c’est pas juste ! » un peu rageur, les yeux emplis de larmes, toute entière blottie contre la poitrine accueillante de ta grand-mère, après avoir évoqué cette énième fois où l’on t’avait grondée pour avoir éternué – éternué, par Merlin, quel genre de veracrasse reproche cela à un enfant ? –, ou toutes ces fois où ta mère s’en allait tendrement border Sebastian avant de ne jeter qu’un coup d’oeil furtif par ta porte, s’assurant seulement que tu étais bien sous les couvertures, laissant à votre elfe de maison le soin de te mettre au lit. Mais cette frustration, cette tristesse étaient trop infantiles pour que tu saches alors en qualifier le fond qui te dérangeait tant. C’est enfoncée dans un fauteuil deux fois plus large que toi, roulée en boule dans le plaid qui ne te quitterait plus, un exemplaire de l’Histoire de Poudlard sur les genoux, que tu avais découvert les valeurs de ta fondatrice et mis des mots sur les raisons de ce malaise qui te prenait parfois. L’injustice. Et avec elle, la colère que t’inspiraient celles et ceux qui en perpétuent les méfaits.
Qu’Helga t’en soit témoin, tu n’es pourtant pas de ceux qui s’emportent et t’empêtent à la moindre contrariété, bien au contraire. Mais quiconque t’a déjà vue confrontée à l’arbitraire, aux passe-droits, sait qu’ils sont le plus sûr moyen de te faire sortir de tes gonds. Merlin tout puissant, la vie comporte déjà bien assez inégalités pour que tout un chacun n’ajoute pas sa pierre à l’édifice ! Aussi, face à l’aveu de Damocles, tu sens cette saine colère courir dans tes veines, toute prête à te transformer en parangon de justice. Une attitude à laquelle n’est certes pas habitué ton collègue, qui finit toutefois par éclater d’un rire franc dont la clarté se montre vitre contagieuse. Il faut dire que la seule mention d’Antonin Gyte suffit généralement à alléger l’atmosphère. Le pauvre, tu as bien de la compassion pour lui, te morigénant parfois de rire avec les autres à ses dépends. Quoi qu’il en soit, la comparaison fait sens : tu es absolument persuadée que Damocles n’aurait jamais commis une erreur aussi grossière !

La mention de tes parents prête moins à rire toutefois, et un rien de sérieux tombe entre vous. Évidemment, qu’il a raison. Évidemment, que c’est mieux ainsi, qu’ils ont fait partie de cette masse silencieuse qui, pour partiale qu’elle soit, n’osait élever la voix ni dans un sens, ni dans l’autre. Si chacun avait eu le courage de ses opinions, la guerre aurait sans aucun doute été plus meurtrière encore. Plus de personnes à s’engager aurait signifié davantage de combattants pour la liberté, mais aussi davantage d’opposants. Pour, au final, des combats plus dévastateurs. Sans compter qu’à ton niveau… les portes du département de la justice magique seraient probablement restées closes pour toi. Doucement, tu hoches la tête à son adresse. « Oui, ça vaut mieux ainsi. C’était juste pour dire que… enfin, tu n’es pas seul dans ce genre de cas. Je sais ce que c’est. En partie, du moins. » À la différence notable que tu as pu compter en toutes circonstances sur le soutien sans faille de ta grand-mère et, dans une moindre mesure, de ta famille paternelle au grand complet. Et leur confiance en tes capacités – alliée à une volonté féroce de faire tes preuves, si possible au nez et à la barbe de tes parents ! – avait été le plus efficace des moteurs pour t’accrocher à tes études.
Le compliment qu’il t’offre, un brin timidement, te va droit au cœur et ton sourire se fait sincère, profond. « Merci. On a aussi de la chance de t’avoir. J’espère que tu sais au moins que tout le monde n’est pas contre toi. » Pour ses proches, sa famille, tu ne peux rien avancer même si tu espères de tout cœur qu’il a au moins quelques amis solides sur lesquels compter. Mais au sein de la Brigade, sa place est absolument primordiale, il en est un pilier inébranlable… Et un gratte-parchemin de talent, force est de l’avouer. Toutefois, plutôt que de t’appesantir sur de grands élans qui vous mettraient aussi mal à l’aise l’un que l’autre, tu préfères jouer la malice dans un clin d’œil complice. « Après tout, que deviendrait Carol-Ann si tu n’étais plus là pour illuminer le bureau de ta présence ! » Ton sourire immense n’est pas démenti par l’étincelle de rire qui flotte encore dans tes prunelles. Mais c’est plus sérieusement que tu approuves sa suggestion, consciente que se joue là, entre vous ce soir, une forme d’alliance qui ne pourra que vous être bénéfique. « Ce sera avec plaisir, pour les missions en tout cas. Mais la prochaine fois, essaye de préparer ton dossier correctement. Ça m’évitera de devoir improviser n’importe quel bobard à la dernière minute… Comme tu as pu le voir, mes talents d’actrice sont loin de valoir un Oscar ! » Face à Adele, tu redouterais une réponse à cette boutade sous forme de lancer de coussins, mais sachant le brigadier plus réservé – parfois soupe-au-lait –, tu lèves une main en signe d’apaisement sans lui laisser le temps de s’indigner de tes taquineries. « Je plaisante ! Est-ce que tu as faim ? Tu veux qu’on se commande quelque chose à manger ? Autre chose à boire ? » Ton regard cherche par réflexe la pile de prospectus qui traîne dans un coin de l’appartement, fidèle support de vos errances gastronomiques à travers le quartier. De l’Inde au Mexique en un coin de rue à peine. Et avec le froid entêtant d’Azkaban qui s’éloigne peu à peu, l’appétit te revient en force.

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Jeu 20 Aoû - 18:43


Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux
- 11 février 2004 - @Erin McAllister



Les bribes d’informations que la brigadière lâche avec prudence piquent la curiosité de Damocles. Est-ce une ombre qu’il voit ponctuellement passer sur le visage de la jeune femme lorsqu’elle parle, ou simplement un effet de son imagination ? Quoi qu’il en soit, de tristes souvenirs se cachent manifestement derrière ses airs tranquilles, ravivés avec force par ce passage pourtant bref à Azkaban. Et après l’avoir vue tempêter avec force contre l’injustice entourant sa situation, il n’ose imaginer comme il a pu être difficile pour elle de garder la tête haute pendant la guerre, tandis que la Brigade avait la lourde charge d’aider en silence à mettre en place cette ségrégation arbitraire entre les sorciers d’origines différentes. Il avait fait partie de ceux qui s’était énergiquement fermé aux événement extérieurs, dirigeant son attention et ses forces vers un seul objectif : sa sauvegarde personnelle et professionnelle. Certes, il ne craignait pas grand chose, protégé par son sang, mais s’ils ne s’étaient pas rangé du côté de l’Ordre, les autres membres de sa famille avaient pris bien soin d’éviter toute affiliation avec Vous-Savez-Qui et les idéaux des Mangemorts. Mais cette  non prise de position avait été à double tranchant. Sans ennemis, mais sans alliés, les Slughorn attendaient les ordres du chef de famille, qui étaient tombés sous la forme d’un petit parchemin. Horace annonçait sa décision. Il fallait fuir, et revenir une fois que les choses se serraient calmées. L’Ordre victorieux, ils blâmeraient les Mangemorts, Vous-Savez-Qui gagnant, ils accuseraient l’Ordre. Et il avait changé d’avis, à la dernière seconde, se rangeant dans les rangs des vainqueurs sans que personne ne s’aperçoive de cette tentative de défection. Tous ces échanges, Damocles les avait ignorés, enfermé dans la carapace d’individualité qu’il s’était tissé. Il n’avait su comment réagir, tiraillé entre ses convictions personnelles et sa crainte d’anéantir tout ce pour quoi il avait travaillé en prenant une mauvaise décision ou en se confiant à la mauvaise personne.
Pourtant, parmi tous ceux qui l’entouraient chaque jours, il n’aurait pas pensé trouver un appui en Erin. Il s’en veut presque, alors qu’elle lui renouvelle l’assurance de son soutien, d’avoir passé tant de temps sans accorder la moindre attention à l’écossaise. Plus le temps passe, et plus l’évidence se fait : les alliés se trouvent la plupart du temps là où l’on s’y attend le moins.
« Bien sûr, je le sais au fond de moi. J’ai seulement du mal à m’en rendre compte, parfois. »
Il sait au moins pouvoir compter sur Erin et Moira Oakes, voire même, aussi bizarre que soit cette idée, sur Carol-Ann. Car la jeune assistante, derrière ses monologues interminables, son enthousiasme malvenu et sa capacité à se mêler sans vergogne des affaires des autres, ne semble pas manquer de dévouement envers ceux qu’elle a élus. Et, que l’on prenne ça pour une aubaine ou une malédiction, Damocles semble bien en faire partie. Bien entendu, cela n’a pas échappé à l’oeil observateur d’Erin, qui ne manque jamais une occasion de lui faire remarquer l’intérêt gênant que Miller lui porte.
« Je suppose qu’elle trouverait quelqu’un d’autre à embêter. Peut-être toi, je suis sûr que vous pourriez être les meilleures amies du monde si vous le vouliez. »
Peut-être une passion commune pour les chocogrenouilles, qui sait ? Mais non, malgré le sérieux qu’il essaye de mettre dans sa voix, l’idée est trop absurde pour être crédible.

Il s’aperçoit avec soulagement que la pesante atmosphère de la journée s’est envolée, dissipée légèrement par les mots et plaisanteries habilement placées. L’évocation de Gyte, puis de Carol-Ann, aussi moqueuse soit-elle, semble un remède infaillible aux idées noires. Mais le sentiment un peu coupable qui s’était emparé de lui à l’idée de rire aux dépends de ses collègues s’estompe bien vite à l’accusation d’Erin. Il est prêt à endurer beaucoup, mais pas à assumer les erreurs des autres, surtout celles de Carol-Ann. Et même s’il peut sentir la plaisanterie dans le ton de la rousse, le souvenir de cette erreur qui avait failli faire échouer cette mission continue à lui hérisser le poil. Il ne s’en était fallu que d’un cheveux pour que leur mensonge, inventé sur le tas et dans l’urgence, ne soit pas suffisant. Tout cela après avoir passé une bonne partie de la journée à proposer soigneusement un plan détaillé de la marche à suivre, maintenant évaporé dans la nature.
« Qui me dit que tu n’as tout simplement pas lu le dossier correctement après l’avoir reçu ? Tu peux me le dire, ça arrive. »
Il accompagne sa remarque d’un haussement de sourcil ironique, retenant une nouvelle remarque acerbe sur Carol-Ann. Si Erin ne doute pas de son professionnalisme, ce n’est peut-être pas le cas de tous, et ce genre d’incidents, s’il venaient à se répéter trop souvent, pourraient s’avérer plus ennuyeux que prévu. Et si leur ridicule tentative de couverture avait cette fois suffit, le miracle n’allait certainement pas se reproduire à chaque fois.

Malgré l’ambiance plus détendue, la fatigue de la journée revient à la charge, ses assauts se faisant de plus en plus fréquents au fur et à mesure que les minutes passent. Pourtant, c’est avec un sourire qu’il accepte la proposition, désireux de tenir à distance encore quelques temps les pensées sombres qui suivront irrémédiablement cette fin de journée.
« Je meurs de faim. Je te laisse choisir quelque chose, c’est ton quartier, tu sauras mieux que moi ! Et après je file. »
On peut certainement faire confiance aux Poufsouffle les yeux fermés lorsqu’il s’agit de nourriture. Et même si les consonances inconnues des noms des plats  qu’elle propose le laissent d’abord circonspect, les effluves qui s’échappent des sacs déposés par le livreur moldu quelques dizaines de minutes plus tard ne font que confirmer cette affirmation. Il suffit de quelques bouchées pour que s’éloignent rapidement les réminiscences de cette journée. Bauer, Azkaban et autres contrariété disparaissent définitivement dans une douce saveur de curry et d’oignons, laissant la place à des sujets plus légers et à une myriades de questions de la part de Damocles, rendu plus loquace par la nourriture. Pourquoi les livres de la bibliothèque se réarrangent-ils perpétuellement ? Où a-t-elle récupéré son chat ? De quelle partie d’Écosse vient-elle ? Et qu’est-ce que cet « Oscar » dont elle a parlé plus tôt ? 

Ce n’est qu’une fois les derniers reliefs de repas disparus et sa curiosité satisfaite que Damocles jette machinalement un regard à sa montre. Il se lève, surpris par l’heure bien plus tardive qu’il ne l’avait imaginée. Il jette un regard d’excuse à Erin.
« Il faut absolument que j’y aille ! On risque d’avoir une sale tête demain, si on peut faire pire que d’habitude. »
Aussitôt Damocles sur ses pieds, le claquement des pieds du diligent porte-manteau se fait entendre, et il récupère ses affaires.
« Merci encore pour le repas. Ça m’a fait plaisir de discuter un peu en dehors du boulot, et sans Carol-Ann pour venir mettre son nez partout. »
Sans avouer à quel point l’invitation avait sauvé cette soirée, initialement destinée à être passée à se morfondre et à se battre avec les sombres souvenirs qu’avaient éveillés la journée, Damocles adresse cependant un sourire reconnaissant à la brigadière avant de s’avancer vers la cheminée.
« On se voit demain ! »
Sans attendre de réponse, il lance un dernier regard à la pièce chaleureuse, avant d’annoncer son adresse et de disparaître dans les flammes.


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