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La flamme de mes souvenirs [Josiah]
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Ven 11 Sep - 13:52


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004


Irrésistible, hein ? Merlin, il n’a pas changé. Et moi non plus, à l’évidence, puisqu’il suffit de ce genre de fadaises pour que je tourne plus rouge qu’un Boutefeu chinois… Le voit-il, concentré qu’il est à m’expliquer les différentes possibilités pour placer le tatouage ? Évidemment. Je serais bien naïf de croire le contraire. Même si rien dans ses gestes et ses explications le trahissent, il a dans l’oeil cette lueur indescriptible de malice. Qui pétille de plus belle face à mon étonnement, ce saisissement incrédule qui transparaît sur mon visage. Avoir un dragon animé sur l’épaule… L’idée semble presque trop belle, mon enthousiasme immédiat. À cette perspective, j’ai l’impression d’avoir sept ans à nouveau, de redevenir le gamin que j’étais, face à ses premières découvertes, qui trépignait d’envie d’avoir un nouveau livre, une nouvelle figurine, n’importe quelle nouvelle source d’informations sur ce monde d’écailles et de crocs que je découvrais tout juste. Si la représentation d’un dragon m’a paru évidente, l’idée qu’il puisse être doué d’une vie propre me subjugue, me fascine. « Qu’il soit animé ? C’est vraiment possible ? »
Un dragon animé. Merlin tout puissant. Jamais je n’aurais pu l’imaginer – en même temps, je n’avais pas envisagé une seconde de me faire tatouer, avant que Percy ne me le propose ! J’en ai vu, pourtant, au cours de mes voyages, des volutes glissant sur la peau, des traits d’encre prendre vie sous l’épiderme de leur porteur, mais je sais aussi qu’il s’agit d’un art difficile et consommé. Certes pas à la portée du premier venu. Mais encore une fois… Josiah est tout, sauf le premier venu. Je le sais passionné, ambitieux et infatigable pour tout ce qui concerne son art. Qu’il maîtrise ce genre de procédés ne devrait même pas m’étonner. Pourtant, je ne peux nier un certain émerveillement. Le même, peut-être, que celui qui anime parfois les gens lorsque j’ai l’occasion de leur dire que je suis dragonnier… avant que je ne détaille les aspects moins séduisants à ceux qui m’imaginent chevauchant les dragons dans les airs.

Mon instant d’incrédulité passé, un large sourire éclaire mon visage. « Par Godric, un peu que je veux ! J’avoue que je ne m’étais pas particulièrement posé la question, pour sa position. Mais s’il bouge, j’imagine qu’il ira un peu de l’un à l’autre, de toute façon ? » Laissant mon ami à ses préparatifs, je tourne et retourne la feuille entre mes doigts, tentant d’imaginer le rendu final, les reflets dont il m’a parlé… Et cette animation, nom d’un petit oeuf de dragon ! À vrai dire, pour tout ce que j’en sais, le concerné pourrait bien aller se promener de mes chevilles à ma nuque que je n’en aurais cure. Qu’il bouge donc, si ça lui chante ! Je me vois déjà le chercher au réveil, me demandant où l’auront mené ses dernières pérégrinations. Je hoche pourtant la tête avec une mine sérieuse, conscient que je ne manquerai pas de venir le consulter le cas échéant. « C’est grave, s’il bouge beaucoup plus ? En tout cas, je veux bien le voir, si ça n’altère pas sa protection. »

Josiah me guide vers son fauteuil, et malgré tout mon enthousiasme, je sens poindre l’appréhension à la vue des différents outils préparés pour notre séance. Merlin, je me sens aussi intimidé qu’à l’aube de mon premier match de quidditch… Mes doutes, cela dit, ne survivent pas à la traversée du salon, balayés par l’exclamation ravie du maître de cérémonie. Mes frères… « Ce sont eux, oui… » Nous y revoilà. L’image de Fred semble flotter avec une précision toute particulière dans la lumière trop crue du salon, tandis qu’il évoque son souvenir, le sourire franc de ce nouveau voisin venu l’accueillir sans ambages. Et dans ses quelques mots, cette seule phrase, il y a tant de Fred que j’en blêmis. C’était bien son genre, oui, d’aller tailler le bout de gras à un nouveau venu. Autant par amabilité que dans l’idée de voir s’il y avait de potentiels partenariats à envisager – dire qu’il aura fallu des années pour que le génie commercial des jumeaux se réveille ! C’était bien leur genre, avant que ce eux devenu il ne transforme George en cet homme aigri, triste et rancunier…
Que doit-on répondre, dans ce genre de circonstances, après si longtemps ? Josiah sait probablement que Fred nous a quitté, il n’a pu que constater les changements, le regard de George, la présence de Ron, que jamais les jumeaux n’auraient accepté dans leur sillage à l’époque. Que peut-on dire de concret, qui s’approche de la vérité tout en restant dans ces politesses compassées que l’on sort dans ce genre d’occasion, pour mieux nier ce que l’on ressent ? Ça n’aurait pas de sens, non… D’autant que je sais mon ami trop sensible, trop attentif pour n’avoir pas remarqué la crispation soudaine de mes traits, de mes épaules qui se carrent instinctivement comme pour mieux encaisser un nouveau coup.

Non, il n’y a rien à dire. Alors je m’assieds en silence, obéissant à son geste. Un peu aveuglé par la clarté des lumières, le cœur trop lourd de Fred, la peau vibrante des doigts de Josiah, les bras affamés de Georgia… J’ai trop chaud, aussi. Et dans cette chaleur lumineuse qui me renvoie tout-droit à la Nouvelle Orléans, tout semble se mélanger. Le passé, Fred, ma fuite éperdue autour du monde, Josiah, le présent, le tatouage, Georgia, l’espoir, l’avenir, les peut-être. Et mes frères, par la barbe de Merlin, mes frères qui devraient être une part de tout ceci et dont je n’ai plus de nouvelles. Qui sont à la fois si proches et si inaccessibles que c'en devient ridicule. Et tandis que l’aiguille s’approche de mon épiderme, à quelques millimètres seulement, je demande sur un ce ton détaché que je maîtrise si mal. « Tu les côtoies, parfois ? Mes frangins ? »
Après tout, une douleur pour une douleur… Je ne sais pas vraiment si je préfère penser à ça pour oublier la piqûre à venir de l’encre, ou utiliser cette dernière pour noyer les pincements qui ne manqueront pas de venir me serrer le cœur à la mention de ma fratrie déchirée.

A. Josiah N'Da

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Dim 13 Sep - 14:09




La flamme de mes souvenirs
Josiah et Charles avaient fini par se mettre d’accord, si bien que le tatoueur avait une idée de plus en plus claire de ce qu’il peindrait sur la peau tendre de son tendre Lion. Un dragon mouvant aux reflets mordorés courant sur sa carne cuivrée. Il installait son fauteuil et rassurait son client : « Il restera sensiblement au même endroit, mais comme ta peau n’est pas tatouée, il risque d’avoir envie de se balader. Pas d’inquiétude toutefois, son emplacement ne modifie pas son efficacité. » Sa peau à lui était recouverte d’encre. Fut un temps, certains de ses tatouages se baladaient ; son léopard, par exemple, mouvait tout autour de son mollet, et le loup qu’il avait sur l’épaule parcourait autrefois les plaines de son torse. Désormais, le félin ne faisait rien de plus que cligner le seul œil qu’on lui voyait – puisqu’il était représenté de profil – et une fois par mois, le loup poussait les tatouages qui l’entouraient pour hurler à la Lune. « En revanche, il faudra revenir me revoir régulièrement, que je vérifie qu’il est toujours bien chargé de magie. Tous les deux ans, quelque chose comme ça. De toute façon, tu le verras, il aura l’air patraque, mais je lui filerai un petit remontant et tout ira mieux. » Josiah cligna de l’œil en la direction du dragonnier. Pareille magie ne pouvait être éternelle, surtout si elle était souvent sollicitée. Lui ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait eu besoin de recharger son tatouage protecteur de chaleur – un vévé d'Ogun tout en haut de son bras, et il n’avait rechargé son loup – qui le protégeait des températures trop froides – qu’une fois depuis qu’il l’avait fait, il y avait huit ans de cela, dans les steppes russes. Charlie travaillait quotidiennement avec des créatures crachant le feu, et si l’encre avait mijoté pendant des mois, ça ne rendrait pour autant pas le tatouage invincible. Et puis, quelle meilleure excuse pour le revoir, son Lion, et passer encore quelques heures à admirer sa peau ?

Legba toutefois n’avait pas voulu que ces retrouvailles ne soient faites que de douceur et de sensualité. Il les amenait manifestement vers un terrain bien plus glissant, celui de la famille, sans doute particulièrement sensible pour Charles, qui vivait, après le décès d’un frère, la déchirure des siens. C’était ce que disaient les racontars, en tous cas. Josiah l’installa sur le fauteuil, le manipula pour qu’il s’asseye, bien droit sur le cuir. Il trempa un linge dans un bol d’eau oxygénée et le passa sur la peau du dragonnier alors que celui-ci confirmait que c’étaient bien ses frères, qui tenaient la boutique de Farces et Attrapes. S’il avait su … Cette pensée lui revenait encore : qu’aurait-il fait, s’il avait su ? L’aurait-il contacté avant ? Aurait-il cherché à le revoir ? Sans doute pas. Sans doute les dieux voulaient-ils qu’ils se retrouvent aujourd’hui, et il faudrait aussi admettre que comme à leur habitude, ils n’en révéleraient pas la raison. Josiah n’insista pas, sur la question de ses frères, et se concentra sur ce qu’il était en train de faire. Une fois la peau de Charles prête à recevoir sa magie, il lui proposa de se retourner sur le fauteuil, pour y être toujours assis, mais pour que son dos ne soit plus accolé au dossier du fauteuil, mais puisse faire face au tatoueur. Il aurait ainsi les jambes écartées de part et d’autre du siège, mais pourrait toujours poser sa tête contre le dossier, et y accrocher ses bras si c’était douloureux. Il serait mieux assis qu’allongé, puisque la peau de son dos serait ainsi mieux tirée, plus vive sur les muscles saillants de ses épaules.  

Le tatoueur prit la machine entre ses mains. Elle aurait dû fonctionner à l’électricité, mais se satisfaisait bien de la magie dans sa main. Il sortit une aiguille d’une pochette stérile, l’y plaça, et dit, l’air détaché, une phrase qu’il avait déjà prononcée des centaines de fois. « Bien sûr, on bouge le moins possible. Si c’est trop douloureux, tu me le dis, on fait une pause. On va en avoir pour un moment – une heure, au moins. » Il faudrait voir comment la magie prendrait. « T’es prêt ? » fit-il, laissant sa magie emplir son corps, ses mains, admirant dans le flacon de verre l’encre magnifique qu’il était parvenu à constituer, et qui serait bientôt sous la peau du dragonnier. Il se pencha vers son client, et alors qu’il s’apprêtait à tracer son premier trait, celui-ci lui demanda s’il côtoyait ses frères. La question avait eu l’air difficile à poser, si bien que Josiah ne savait comment y répondre. Alors il dessina. Un premier trait, qui, sans doute, tordit le visage de Charles. Puis un deuxième, un troisième, et une pichenette, un petit coup d’index et de pouce pour replacer un trait qui, déjà, faisait des siennes. Ça allait être sublime. « Je viens de rompre un partenariat commercial avec eux, que nous avions depuis trois ou quatre ans. » Fallait-il en dire plus ? Ce n’était sans doute pas ce que Charles voulait entendre, de toute façon. Josiah aurait aimé, pourtant, lui dire des mots qui sonneraient doucement à son oreille, qui seraient jolis, qui lui permettraient de se détendre, là, sur son fauteuil. Ce sujet ne le permettrait pas. « Nous faisions des tatouages éphémères, ensemble. Ça se vendait très bien mais … nous n’avons pas les mêmes idées politiques, et je ne veux pas voir mon nom associé, de près ou de loin, à celui de l’Enchanteresse. » Par l’intermédiaire de Ronald, il se sentait trop proche de la matriarche Malfoy. Il avait supporté ça un moment, s’était dit que ça lui passerait, s’était dit que c’était loin, justement, mais ça ne l’était pas. Le benjamin des frères Weasley était l’un de ses plus fidèles alliés. « Tout est politique, en ce moment, je ne sais pas si tu as remarqué. Même le commerce de farces et attrapes, ou l’Art du Tatouage. Je croyais que j’y échapperais, mais apparemment pas … » La politique sorcière anglaise s’immisçait partout. Les jeux de pouvoir et d’influence pénétraient toutes les sphères. Il n’y échappait pas, et s'en rendait même actif, au grand dam de Nasiya, certainement, qui le trouvait déjà bien trop anglais.

Comme pour s’en arrêter là dans ce propos, Josiah se mit à marmonner, d’abord doucement, puis de plus en plus fort, un chant rituel d’appel au dieu Ogun. Il ferma les yeux et leva l’aiguille un instant, afin de se sentir empli de la magie de son dieu du feu. Charles pourrait sûrement respirer, un peu. La langue fon glissait entre ses lippes et la lumière dans la pièce variait au rythme de sa poésie. Quand il rouvrit ses paupières, il posa sa main chaude sur le dos de Charlie, et de l’autre main, traça de nouveaux traits, un bout d’aile, une griffe, quelques écailles. L’œuvre n’était pas encore reptilienne qu’elle bougeait déjà. Elle était difficile à suivre, et Josiah s’amusait avec elle. Il souriait, l’attrapait du bout des doigts, la poussait du bout du pouce, et lui rajoutait un œil à l’iris fendu alors qu’elle cherchait à se gratter le museau de sa patte encore informe. « Je crois que c’est une femelle. Elle est insaisissable. »

Ô, grand dieu Ogun, je t’honore,
Prête-moi un peu de ta magie,
Emplis donc mes doigts de ton or.


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Lun 14 Sep - 17:06


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004


Chacun des mots, chaque bribe d’explication de Josiah attise encore mon envie de voir naître ce tatouage sous ses doigts. Pour un projet que je n’avais jamais envisagé avant ce Noël, je me surprends à être particulièrement impatient, mis en confiance par les gestes sûrs et consommés du maître des lieux. Et tandis qu’il nettoie ma peau, me montrant comment me tenir pour lui faciliter la tâche, je songe qu’il y a comme une forme d’évidence à ce que ce soit lui – lui, et nul autre – qui se charge de cette mission. Dévoiler ma peau martelée n’est pas si évident, hormis à mes collègues dragonniers eux-mêmes, les fréquents soins prodigués les uns aux autres suite à une brûlure, une morsure ou toute autre blessure requérant des premiers secours parfois trop urgents pour autoriser un transfert vers l’hôpital magique le plus proche. Et face à leur épiderme aussi marqué que le mien, la pudeur s’oublie facilement. Mais aux autres… Alors oui, il semble presque naturel qu’au moment d’y encrer de nouvelles formes, ce soit Josiah qui s’en charge. Lui qui est sans conteste l’homme sur cette planète à connaître le mieux mon dos, ma peau et ses marques, bien que plus nombreuses qu’au temps de notre rencontre.

Pour autant, en m’installant de manière à lui tourner le dos, je me sens tout sauf serein. Ces aiguilles, ces lumières… et ce sujet de conversation, relancé à brûle pourpoint. La réponse se fait attendre d’abord, précédée par les recommandations d’usage auxquelles je ne réponds que par un léger signe de tête. Prêt ? Absolument pas. Mais à Serpentard mes hésitations, je ne suis pas venu jusqu’ici pour me dégonfler maintenant. Le menton posé sur le dossier de cuir, je referme mes bras tout autour, comme un botruc agrippé à son arbre.
Quelques secondes encore et l’aiguille vient mordre ma peau de son acier, me tirant une grimace douloureuse. La piqûre s’avère toutefois moins difficile à encaisser que je ne le craignais, sans doute trop habitué à de plus graves blessures. Encore adoucie par les doigts de Josiah qui dansent, il y a quelque chose d’étrange dans cette douleur diffuse si vite estompée, atténuée par la caresse de ses pouces. Aussi, malgré mes traits tirés, je parviens à rester à peu près immobile et bientôt sa réponse vient me tirer de mes premières impressions.

Je ne veux pas voir mon nom associé, de près ou de loin, à celui de l’Enchanteresse.
J’aurais pu m’en douter. Ou l’espérer, tout du moins. De ces nuits sous les étoiles de l’Amérique, nous n’avons certes pas consacré notre temps à parler politique – Merlin, non, je n’étais pas parti si loin pour penser encore à la guerre, ses prémisses et ses conséquences ! – mais j’aurais eu peine à imaginer Josiah, si ouvert, si rieur, si généreux, soutenant les idées ridicules de la Malefoy. Mais à la satisfaction d’avoir vu juste s’ajoute ce sentiment indéfinissable de savoir que les positions de mes cadets leur ont fermé sa porte. Mélange étrange de tristesse, de fatalisme, de déception… Mélange amer qui chasse sur ma langue les saveurs fruitées de l’orange dont le parfum traîne pourtant encore sur mes paumes.
Tout à mes efforts pour ne pas bouger, je laisse quelques secondes s’écouler, qui lui permettent cette conclusion à laquelle nous avons été si violemment confrontés l’an dernier. Et cette fois, je me retiens de justesse de hocher la tête – immobile, il a dit ! – pour seulement murmurer « Tout est politique, oui… » Y compris les relations familiales, les idées des uns et des autres et visiblement l’impossibilité de concilier tout ça.

Le chant de Josiah, fort heureusement, m’épargne toute nécessité d’en dire davantage. Qu’aurais-je pu répondre, de toute façon ? Qu’il a eu tort de rompre tous contacts ? Certainement pas. C’est son plus grand droit. Mes frères sont grands, responsables – du moins, je voudrais le croire… –, ils peuvent bien assumer les conséquences de leurs prises de position. Mais tout en le pensant sincèrement, lui donner raison à voix haute serait au-dessus de mes forces. Parce que je la regrette, par la barbe de Godric, chaque jour, cette dispute qui nous a éloignés. Et qu’entériner nos divergences… Je ne peux pas, pas même devant lui.
Alors je ravale tous ces mots qui n’ont pas leur place ici, que je refuse de livrer à quiconque, pour me laisser bercer par sa voix chaude.  es yeux se ferment, doucement, savourant seulement le contact doux de ses doigts qui n’ont pas cessé leur danse, si absorbé par la magie qui s’en dégage que je remarque à peine l’absence de l’aiguille.
Ce n’est qu’une fois le chant assoupi, rompu par le rire amusé du tatoueur, que je redescends sur Terre pour ouvrir un oeil curieux. « Une femelle ? Vraiment ? Merlin, j’ignorais que les tatouages avaient un genre ! » Trop intrigué, je ne parviens pas cette fois à retenir mon mouvement intrigué, tournant la tête pour tenter de discerner sur ma peau les traits d’encre auxquels son talent donne vie si naturellement. Et… oui ! Il me semble distinguer sur la courbe de mon épaule comme un crête. Ou est-ce une patte ? Pour le savoir, il faudrait que j’ose regarder un peu plus… Comme un première année qui tenterait de se faufiler sur le terrain de Quidditch pour y voir les équipes s’entraîner, je tourne un peu la tête encore. Un peu plus… Encore quelques millimètres et je devrais pouvoir deviner sa tête ! Mais en guise d’oeil, c’est celui de Josiah que je croise, dont l’expression est limpide. Je plisse les lèvres dans un sourire contrit, un peu coupable. « Désolé… Je bouge trop. Tu m’as rendu curieux ! Je n’y connais vraiment rien en tatouage. Comment sais-tu que c’est une femelle ? Est-ce que ça change quelque chose, fondamentalement ? Est-ce que… » Je m’interromps dans un rire léger, avant de reposer docilement la tête sur le dossier. « Pardon, je te laisse bosser tranquille ! »

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
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Sam 19 Sep - 23:55




La flamme de mes souvenirs
Finalement, la discussion politique s’étiolait, et Charles et Josiah quittaient le terrain glissant du propos familial. Le Weasley n’avait pas tenté de changer l’avis de Josiah quant à ses frères, et Josiah n’avait pas insisté pour savoir où il se tenait quant à cette question. Ça ne le regardait pas, surtout pas maintenant que Charles n’était plus ce garçon qu’il avait rencontré à la Nouvelle-Orléans, mais un client sous son aiguille acérée. A cet instant, justement, il avait envie de ne pas avoir à penser, à discuter, à vivre la politique anglaise tellement prégnante. Il ne voulait être présent que pour son Art, et ainsi, pour Charles.

Josiah insistait sur les détails du visage du Dragon. Il créait de la texture sur sa peau, imaginait les reliefs de ses dents sous ses lèvres, allongeait sa langue et se demandait s’il prendrait le temps de créer le feu qu’il pourrait éventuellement cracher, s’il était mécontent. Elle, même. Il partagea cette découverte avec Charles : c’était une femelle. Lui, sur son corps, n’avait que des entités mâles, sauf pour Mami Wata – pas très étonnant, me direz-vous. Son Léopard, le représentant, ne pouvait être qu’un mâle. Mais le loup, son protecteur, l’était aussi, par exemple. C’était pourtant une dragonne qui était sortie de son aiguille sans qu’il y songe. Charles s’en étonnait, et s’agitait sur sa chaise pour tenter de l’apercevoir. Josiah recula un peu son aiguille, pour ne pas abîmer sa création pendant que son client s'asticotait. Il aurait mieux fait de se taire, et en même temps, ça le faisait rire de voir la curiosité de son Lion, qui s’étonnait de savoir qu’un tatouage pouvait avoir un genre. Il était si terre à terre.
Il fallu toutefois froncer un peu des sourcils pour que Charles se tienne à nouveau tranquille et qu’ils puissent continuer à travailler. Alors qu’il s’appliquait à colorer les ailes du dragon – ce qui ne devait pas être très agréable tant il fallait passer sur la même zone des dizaines et des dizaines de fois pour la remplir de couleur, Josiah tenta de répondre à Charles : « Je ne sais pas bien comment expliquer ça … Comme je dessine, la plupart du temps, des tatouages animés, j’ai tendance à vouloir leur donner une identité. Et comme ils se nourrissent de ma magie, ils ont les attributs que je veux leur donner. En somme, ils ont un genre si j’ai envie qu’ils en aient un, mais ce n'est pas systématique. Et puis, ce tatouage, il sera ce que je m’imagine être une dragonne, pas ce qu’est une dragonne dans la réalité, tu vois ce que je veux dire ? » Alors qu’il disait cela, il dessinait des cils sur les paupières rétractables du reptile ; certainement pas correct naturellement parlant, mais pas moins satisfaisant à imaginer, et ainsi, à dessiner.
Josiah tenait du plat de la paume de sa main la dragonne en place afin de pouvoir ajouter ces détails, si bien que quand il eut fini, et qu’il l’a laissa enfin filer, elle grimpa jusque sur l’avant de l’épaule de son maître, clopinant sur sa seule patte déjà dessinée, s’aidant de la griffe de son aile droite à moitié peinte pour gravir l’omoplate de Charles et finir sur sa clavicule. Cela faisait déjà près d’une demie-heure qu’ils étaient à l’œuvre. « Ça va, tu n’as pas trop mal ? J’essaye de ne pas trop appuyer sur les zones abîmées de ta peau, mais … » Josiah se tut, parce que Charles avait sûrement compris ce qu'il sous-entendait : il n’était pas facile de systématiquement contourner les brûles qui couvraient son dos. « Tu vas pouvoir la voir, je crois ! Je vous laisse une petite pause ! » Lui aussi en profita pour ouvrir et refermer ses paumes, les détendre, et charger une nouvelle fiole d’encre dans sa machine. Le gros du travail de remplissage restait à faire, ils n’avaient pas encore fini. Il observa Charles rencontrer la créature, et fut soudain pris d’une hésitation : « Si tu ne veux pas que ce soit une femelle, je suppose que je peux encore changer ça, hein ! »

Ça ne lui arrivait jamais. Il ne changeait jamais d’avis quant à ses créations, il était toujours sûr de lui, sûr de son Art. Ça avait peut-être été le cas, fut un temps, quand il était encore jeune tatoueur, quand il utilisait encore des calques pour dessiner, quand il laissait les autres faire ses encres à sa place, quand les clients pouvaient encore dicter le moindre détail de ce qu'ils voulaient. Mais ça n’était plus le cas depuis des années, depuis qu’il avait sa boutique, au moins. Charles venait bousculer ça, avec son sourire, sa peau aussi blanche que tannée et la nostalgie qu’il amenait avec lui.

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Mer 7 Oct - 14:49


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004


Qu’il est difficile de rester immobile alors que tant de curiosité me dévore ! Plus son aiguille avance son œuvre, plus je peine à réfréner mes mouvements, mes coups d’oeils instinctifs à ce dessin que je sens apparaître, trait après trait, sous ses mains d’artiste qui sculptent et décorent avec toute la douceur possible. Il me tarde d’en découvrir l’intégralité. Mais outre l’envie bien naturelle d’enfin voir ce qui se trame sur mon épaule, l’ennui gagne du terrain, me compliquant encore la tâche. C’est que je n’ai jamais été du genre calme ou posé… Ni même véritablement patient ! Rester en place plus de quelques minutes m’a toujours laissé dans l’embarras – ce n’est pas sans raison que mes passions s’orientent toutes vers les extérieurs, vers le grand air où nul ne saurait me demander de m’asseoir sans bouger des heures entières. Merlin, si je croise un jour un épouvantard doué du sens de l’humour, je suis certain qu’il pourrait me représenter ainsi, en rat de bibliothèque grattant du bout de sa plume un interminable parchemin. C’est dire combien ma docilité jusqu’ici avait quelque chose d’exceptionnel !
S’ajoutant à mes réticences pour contrer toute ma bonne volonté, l’inconfort s’installe de plus en plus. Car malgré toutes ses attentions, la douleur fuse de plus en plus, me fait grincer des dents. Je serre la mâchoire pour retenir toute manifestation de désagrément – il en est certainement bien assez conscient, inutile d’en rajouter ! Seule la crispation de mes muscles en témoigne pour moi. Heureusement, il y a sa voix, ses explications pour tenter de me distraire. Le point qu’il soulève m’interroge : quelle vision fantasmée ont les sorciers des dragons ? Cela fait si longtemps qu’ils sont devenus mon quotidien que j’en oublie parfois qu’ils restent du domaine de l’inimaginable pour beaucoup d’entre nous ! Et rien, ni les figurines que je chéris pourtant, ni les livres aux esquisses les plus détaillées ne parviennent tout à fait à leur rendre justice. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai préféré ne pas demander quelque chose de trop réaliste, je me connais trop… Si ça avait été le cas, j’en aurais traqué chaque imperfection, chaque écaille de travers, chaque reflet improbable alors qu’en lui laissant carte blanche… Tous les écarts avec la réalité seront mis sous le prétexte de sa licence artistique, ce qui me semble bien préférable pour ma sanité d’esprit autant que notre amitié ! Cela dit, je n’en suis que plus intrigué de savoir quelle forme prendra donc cette dragonne imaginée.

Josiah a-t-il perçu mon impatience, mon envie grandissante de la découvrir ? Toujours est-il que son aiguille cesse enfin de mordre ma peau, et en son absence je m’autorise le profond soupir de soulagement que je retenais depuis dix bonnes minutes. J’expire avec tant de soulagement que j’en suis presque surpris de constater quelle quantité d’air était stockée dans mes poumons figés. Doucement, je fais rouler les muscles de mes épaules, intrigué de la voir installée là, nouvelle marque sur ma peau martelée – mais choisie, pour une fois. J’en suis bien trop conscient pour ajouter quoi que ce soit sur le sujet, sinon un sobre « J’ai connu plus agréable, mais je tiens le coup. », pour le rassurer. Quelque part, au fond de moi, émergeait cette plaisanterie sous forme de Je t’ai déjà connu plus doux mais elle n’aurait pas sa place ici, maintenant… Sans compter que j’en serais probablement le plus gêné de nous deux, d’oser dire une chose pareille, d’ainsi raviver ces souvenirs déjà trop présents.

Un mouvement léger, en marge de mon champ de vision, me fait baisser les yeux. Une petite tête d’encre qui semble chercher mon regard sous ses longs cils recourbés. Et malgré tout l’amusement qui pourrait monter à la vue de cet ajout bien peu conforme à la nature, je reste surtout sidéré. Un peu ému et ma voix vibre un peu. « Bună… » Elle grimpe difficilement, la pauvre, toute pataude avec ses pattes inachevées et ses traits encore à finaliser. Mais elle grimpe pourtant, déjà tétue et opiniâtre, jusqu’à venir se jucher sur mon épaule où elle se roule en boule, si semblable à un chaton qu’elle me tire un sourire amusé. « Esti bine instalat? » Et je jurerais qu’elle vient d’éternuer en signe d’assentiment ! Quelque chose me dit que l’on va s’entendre, elle et moi.
Alors la changer ? Certainement pas ! L’hésitation est perceptible dans la voix de l’artiste, pourtant je suis à peu près certain qu’il irait à contre-cœur de ce premier mouvement qui l’a faite femelle. La proposition n’en est que plus touchante, et mon refus immédiat. « Ne change rien, elle est parfaite ainsi ! » J’aime assez l’idée de cette petite protectrice sur son épaule. Peut-être parce que j’ai bien assez de frères, de collègues déjà. Et puis, tout le monde sait que les dragonnes sont bien plus fières, bien plus ardentes que leurs mâles qu’elles combattent sans une hésitation quand il s’agit de défendre leurs œufs. C’est en songeant à leur force, leur détermination que je devine déjà dans cette petite créature d’encre que je répète, doucement. « Elle est parfaite. » Mes yeux verts cherchent ceux, si sombres, de Josiah, dans un sourire reconnaissant. « Tu as de l’or entre les doigts, mon ami ! » Puis, avisant sa seringue à nouveau gorgée de ce noir aux milles reflets cuivrés qu’il pris tant de soin à préparer, je lui adresse un sourire mi-fataliste, mi-moqueur. « Mais j’imagine que la torture n’est pas encore terminée ? » Sans plus attendre, je me réinstalle, un peu plus serein toutefois, d’avoir pu apercevoir cette petite forme en devenir. Impatient de la voir achevée.

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
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Mer 28 Oct - 22:32




La flamme de mes souvenirs
Alors que Josiah entendait le roumain glisser sous la langue de son client, il souriait. Il trouvait la scène attendrissante. Il avait sans doute toujours été très attendrit par Charles. Son Lion aux allures si douces. Un anglais ressemblant à un écorché vif dans les rues de la Nouvelle-Orléans, toutes ces années auparavant, en lequel il avait reconnu sa propre souffrance : celle de la guerre. Et aujourd’hui, éleveur de dragon qui susurrait des mots doux à la dragonne d’encre qu’il avait tatoué sur sa peau. Il y avait des jours comme ça : des jours où il avait envie de faire brûler mille bougies pour les dieux qui l’avaient mis dans cette voie-là, celle d’être tatoueur à Londres, et milles autres rien que pour Papa Legba, pour le vénérer un peu plus d’avoir mis certaines personnes sur son chemin. Charles avait été le premier important après une série d’insignifiants, il avait été celui qui l’avait aidé à entamer ce parcours du combattant qui l’avait mené, bien sûr, à retrouver son seul et son unique. Quelle tendresse, on eut dit que la Mami Wata tatouée sur son torse s’appliquait à lui caresser le cœur.

Nos deux hommes travaillèrent un long moment. Cette première demi-heure, et encore une autre après celle-ci, et encore une, et puis une dernière. Charles, finalement, avait répondu qu’il ne voulait rien changer, il aimait déjà la dragonne qu’avait commencé à lui dessiner Josiah. Celui-ci alors, pour être à la hauteur des attentes de son Lion des villes, le tortura près de deux heures au total, non sans lui avoir proposé quelques sucreries pour reprendre des forces entre deux coups d’aiguilles. Il voulait que tout soit parfait, et que la jolie et fière dragonne puisse apparaître sous de multiples facettes. Il fallut donc lui insuffler le plus de magie possible, dessiner encore et encore, triturer le dos de Charles jusqu’à ce que celui-ci n’en puisse plus. Les deux jeunes hommes finirent la session en sueur, Josiah ravi d’avoir fait le choix de passer un t-shirt noir ce matin-là, qui masquait bien les traces de sueur qui barraient son dos.

La dragonne était sublime. Comme prévu, ses écailles noires brillaient d’un reflet cuivré qui seyait parfaitement non seulement la peau tannée de Charles, mais aussi à ses cheveux aux différents tons roux. Josiah était fier de lui. Il était épuisé, vidé, alors que le reptile s’agitait sur la peau de son nouveau propriétaire : « Evidemment, elle est en forme, elle ! » Josiah reculait de quelques pas, trouvant un tabouret sur lequel se laisser tomber après avoir passé les dernières heures debout pour atteindre l’épaule de son client. « Je vais bien dormir, ce soir, moi, ça m’a vidé ton affaire. ». Il souriait, de façon un peu béate, les yeux mi-clos. Sur sa tempe perlaient quelques gouttes de sueur, et il avait l’impression que sous son cœur, ses jambes ne pouvaient plus le porter. Il était satisfait, il était bien, et une étrange impression de déjà vu l’envahissait. Il ne pensait plus à rien, plus au frère Wealsey qui ruinait son commerce, plus à Potter et l’Enchanteresse qui rendaient le monde des sorciers complètement fou, et plus non plus à Nasiya qui tordait ses entrailles de douleur à ne pas se souvenir. Il ne pensait à rien. Ca m’a vidé, qu’il avait dit. Sa phrase résonnait dans son crâne, jusqu’à ce que dans sa barbe, Josiah ne sourît de ses propres mots, de sa présente situation, ironique, dans la comparaison immanquable avec ces moments volés à la Nouvelle-Orléans, partagés avec le même homme désormais installé sur son fauteuil de tatouage.

Il se leva finalement pour trouver un des langes qu’il avait apportés plus tôt, qu’il trempa d’un aguamenti créé dans la paume de ses mains avant le passer sur son visage. Il restait encore à emballer le tatouage et donner les précautions d’emploi. Il traversa son salon pour aller récupérer dans une étagère une des dizaines de flacon de crème de sa propre confection, cicatrisante et apaisante. « Tu touches pas pour le reste de la journée. Ce soir tu laves au savon doux, et tu ne t’inquiètes pas si y’a un peu d’encre qui transpire du tatouage, ou même du sang, c’est normal, c’est comme une large plaie. Normalement, il devrait être efficace des maintenant. Ça peut mettre un peu de temps à se caler ; peut-être qu’au début, tu auras du mal à sentir la chaleur de façon générale, pas que celle des flammes de tes dragons. Petit à petit, tu verras, ta dragonne saura quand autoriser la chaleur à pénétrer tes pores, et quand l’en tenir éloignée. Vous allez apprendre à vous connaître. A la moindre flamme que tu sentiras trop brûlante, ou si tu vois qu’elle commence à perdre un peu de ses couleurs, tu reviens me voir. Normalement, tu en as quand même pour des années, avant que ça n’arrive ; mais je n’ai jamais travaillé avec un dragonnier pour client, ça risque d’être un peu plus rapide pour toi. Je n’aurai qu’à regorger le tatouage de magie, à ce moment-là. » Alors qu’il parlait, Josiah attira du bout de son doigt la dragonne à aller se caler sur l’omoplate. Il la couvrit d’un film en plastique qu’il vint coller avec du sparadrap. « Tu ne bouges pas d’ici, toi » lui chuchota-t-il. Une fois fait, il s’en retourna à son tabouret à roulettes depuis lequel il tendit à Charles son flacon de crème. « Tu fais bien attention, les premières semaines, à ce que rien ne puisse infecter la plaie. Et puis ça, c’est à appliquer tous les jours au moins une fois, l’idéal étant après la douche. Ça désinfecte et ça apaise – il marqua une pause, songeant au fait que Charlie devrait sans doute se contorsionner s’il devait se passer cette crème dans le dos. – Tu as quelqu’un ? – nouvelle pause – Pour te passer de la crème dans le dos, je veux dire ? »

Nouveau sourire alors qu’il faisait rouler son fauteuil contre un mur pour s’y adosser.

Sacré Papa Legba, douce Mami Wata.


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Ven 6 Nov - 16:47


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004



Ces deux heures m'ont parues interminables. Nous avons parlé, longtemps. Nos mots rythmés par le ballet insistant de l'aiguille chargée d'encre, qui mord ma peau avec régularité. Six ans, c'est long. Suffisamment pour n'être pas résumé en quelques phrases, quelques minutes à peine. Alors nous avons évoqué tous ces moments. Les jours passés qui ont fait se croiser nos chemins, ceux d'aujourd'hui, de ce que pourraient être nos lendemains. Le tout entrecoupé de quelques pauses pour laisser à mes épaules le temps de se détendre un brin, de grignoter quelques douceurs et de permettre à Josiah de plier et déplier ses doigts serrés par l'effort autour de cette seringue qu'il fallait bien recharger de temps à autre. Puis, nous reprenions position pour une nouvelle demi-heure. Les mots se sont raréfiés, peu à peu, tandis que j'approchais de mon seuil de résistance à cette douleur tantôt sourde, tantôt aiguë qui se diffusait à travers tout mon dos. Jusqu'à ne plus parler du tout, les bras refermés autour du cuir râpeux, serrant le dossier de toute la force de mes muscles tendus, les dents crispées à m'en coincer la mâchoire.

Pourtant, malgré la piqûre persistante, malgré mon envie de laisser sortir ces grognements sourds étouffés dans la chair de mon avant-bras, malgré la sueur coulant le long de mes temps, à faire tant d’efforts pour rester immobile, j’ai savouré chacune de ces trop douloureuses secondes. Ravi d’être là, au fond, sur le fauteuil de Josiah. De le retrouver en pareilles circonstances, dans cet endroit qui lui ressemble tant. Comblé de voir toute l’attention, toute la douceur, toute la force dont habille ce tatouage à nul autre pareil – unique par le talent de son artiste, autant que par l’étrange profondeur de notre lien. Ému, aussi, de songer que Percy m’a permis de recroiser la route de cet homme-là, entre tous. Ému qu’il ait songé à m’offrir pareil cadeau, qu’il ait voulu me protéger. Pensée si symbolique au milieu de l’incendie qui dévaste notre fratrie depuis plus d’un an maintenant. Car si je sais que cette jolie dragonne ne m’épargnera par le tourment de repasser, en sortant d’ici, devant la vitrine bariolée de Weasley & Weasley, devant ce visage factice par trop semblable à celui de Fred m’évitera-t-elle les conséquences de mes étourderies à la Réserve… Ainsi que les regards noirs de Pavel en découvrant de nouvelles brûlures imprudentes sur mon épiderme.

Enfin, une dernière fois, l’aiguille s’écarte, tinte dans le bol où l’abandonne enfin Josiah. C’est terminé. Il me faut quelques minutes pour réaliser ce qu’il entend par là, quelques minutes avant de redresser enfin la tête. Les muscles ankylosés par cette si longue station immobile, je me redresse avec prudence, faisant rouler doucement mes épaules nouées. Dérangée dans ses explorations, la nouvelle venue glisse sur le haut de mon omoplate, feulant doucement après moi. Elle est minuscule, habillée de mille reflets mordorés mais son caractère ne fait aucun doute. Son regard clair ancré dans le mien, je sais soudain comment j’ai envie de la nommer. L’abandonnant un instant pour sourire à son créateur qui m’avoue sa fatigue, je souris. « Je crois que je vais l’appeler Guinevere. » Un prénom de reine, de princesse. Et surtout l’équivalent roumain de la plus petite et de la plus redoutable rouquine de ma connaissance. Reste à savoir comment elle prendra la nouvelle… L’idée me vient soudain qu’il est peut-être ridicule de nommer un tatouage, même aussi plein de vie que celui-ci. Je marmonne un brin, en ajoutant, gêné. « Enfin, si ça se fait ? »

Pour l’heure, il va falloir faire se tenir tranquille la demoiselle écaillée, que Josiah repositionne à son emplacement d’origine, avant de couvrir ma peau abîmée d’un pansement, accompagné des explications et recommandations d’usage. Concentré, je hoche la tête, bien décidé de toute façon à repasser régulièrement dans les parages, ne serait-ce que pour garder contact avec cet amant d’autrefois que j’espère ami aujourd’hui. « Bien noté ! Je loge chez des amis là, ils devraient pouvoir m’aider. Et de retour à la Réserve, je demanderais à mes collègues. Ne t’en fais pas, je prendrai bien soin d’elle. » Pour absurde que ce soit peut-être, je me sens comme une responsabilité envers elle, envers eux.
Les soins de Josiah s’achevant, je remets prudemment mon t-shirt, grimaçant sous le geste trop large. Dire que je suis censé monter sur un balai, demain ! Ah, je n’ai pas fini d’entendre rire @Georgia R. Harris si je ne suis pas foutu de me cramponner à ce manche. Qu’importe au fond, la punition n’est pas si terrible et pour l’entendre rire, je serais bien capable de m’y résoudre malgré tout. Mes yeux tombent sur l’horloge suspendue au mur et l’heure avancée me surprend plus que je ne le pensais. Il va falloir que je file, si je veux pouvoir manger avec mes hôtes ce soir. Avec toujours plus de précautions, j’enfile mon blouson en cuir de dragon, interrogeant mon hôte du regard. « Je ne te dois rien, du coup ? » L’idée semble étrange, après tant d’efforts, de se quitter sans un mot de plus. Aussi je m’avance vers lui pour une très brève étreinte et un remerciement sincère. « Merci mille fois pour ce tatouage, Josiah. Je repasserai par ici, compte sur moi ! À bientôt, mon ami ? »

Enfin, je tourne les talons, fermant derrière moi la porte du tatouage dont la clochette retentit quelques secondes encore à mes oreilles. Sans tarder, un dernier regard au salon baigné des derniers rayons de lumière hivernale, je reprends le chemin qui mène chez Olivier. Esquivant du regard cette autre devanture, aux teintes criardes violettes et orange. Un autre jour, j’aurai peut-être le courage d’en pousser la porte, mais pas aujourd’hui. Ce soir, je ne veux qu’un repas amical, quelques rires et conserver contre mon cœur le sentiment agréablement diffus de ces retrouvailles inattendues.


RP TERMINÉ

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