AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

La flamme de mes souvenirs [Josiah]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Aller à la page : 1, 2  Suivant

Invité

avatar
Invité
Dim 19 Avr - 15:48


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004



Cette soirée avec Georgia m'a laissé pensif. Troublé. Allongé entre les draps, je suis resté éveillé des heures durant, les yeux fixés sur le plafond où se mouvaient les reflets pâles d'un lampadaire dans la voilage couvrant ma fenêtre, nimbant la chambre d'une douce clarté. Trop perdu dans les images de la veille pour parvenir à m'endormir. Trop incapable de mettre des mots sur mes pensées, des pensées sur mes impressions. Ce n'est qu'aux premières lueurs du jour que mes paupières enfin closes m'ont permis de sombrer dans un sommeil léger et bienvenu.
À mon réveil, le soleil approchait du zénith, la maison était vide. Évidemment. Si je me prélasse en vacances, mes hôtes ont certainement rejoint leurs obligations il y a plusieurs heures déjà. Nicole à Gringotts, Olivier sur le terrain. Sur le terrain avec Georgia... Mes yeux ne sont pas encore ouverts que mes pensées déjà lui reviennent. A-t-elle réussi à s'envoler, aujourd'hui ? Sans malaise, ni nausée ? Quelques minutes encore, je reste étendu dans la pénombre, tentant de les imaginer fendant les cieux, jusqu'à ce que la pétarade d'une moto moldue me sorte de mes pensées pour de bon. J'avais des projets, pour cette journée, avant qu'une grasse matinée imprévue ne m'en détourne. Un projet, pour être précis, que je n'ai osé coupler à aucun autre, ne sachant ni le temps qu'il me prendra, ni à quoi m'attendre réellement. Je pensais m'y rendre dès l'ouverture mais peu importe, ce sera pour le début d'après-midi, le temps de prendre une douche et d'aller grignoter un bout.

C'est donc après avoir mangé un morceau au Chaudron Baveur, à discuter avec diverses connaissances attablées ça et là, que je viens tapoter de ma baguette les briques qui m'ouvrent le Chemin de Traverse. La rue semble en effervescence, des tas de sable encombrant les devantures sous l’œil amène ou contrarié des boutiquiers. Nom d'un petit dragon, que se trame-t-il ici ? Mes pérégrinations d'hier sur ces pavés ne m'ont pas laissé le souvenir d'une agitation inhabituelle, mais aujourd'hui, la différence est flagrante.
Le centre de ce chambardement semble être cet endroit bariolé de mille couleurs, dont l'enseigne Ô Marchand'Sable semble faire sens face aux monticules qui s'amassent alentour. Un homme à la peau noire, les dents étincelantes, dirige les opérations avec des airs de chef d'orchestre, virevoltant si vite qu'il m'en donne le tournis. « Excusez-moi ? Sauriez-vous ce qui se prépare ici, par le plus grand des hasards ? » De l'envolée lyrique qui s'ensuit, je ne retiens que l'information essentielle : un carnaval, ce samedi. L'événement tombe à pic pour fêter la fin de mon séjour britannique ! Ce serait l'occasion d'une sortie avec Olivier et Nicole, de profiter de cette avant-dernière journée avant que je ne rejoigne mes pénates montagneuses. D'un remerciement, je salue le marchand survolté, reprenant mon chemin jusqu'à repérer l'échoppe que je cherchais.

Voodoo's Child. Tatouages magiques.
Une chose est sûre, je ne m'attendais pas à ça, en découvrant au matin de Noël le bon pour un « Farenheit », cadeau de Percy. J'ai d'ailleurs eu toutes les peines du monde à dissimuler mon étonnement... Difficile d'imaginer mon frangin, si sérieux, m'envoyant me faire tatouer. Puis il y avait ce nom, cet imaginaire qui m'envoyait tout droit vers un boui-boui à l'hygiène douteuse, dans laquelle une vieille femme à la peau parcheminée réciterait d'étranges incantations en français, en trempant ses aiguilles dans un tonneau de rhum avant usage. Le genre d'endroit où les fenêtres sont si crasseuses que la lumière du jour n'y pénètre plus depuis des décennies. Où la poussière flotte dans les airs, soulevant une odeur d'encens un peu écœurante.
Rien de tel, m'a assuré Percy, se lançant aussitôt dans une explication exhaustive des bienfaits d'un tel tatouage, qui serait à même de me protéger d'un bon nombre de brûlure. Un cadeau utile donc et, il fallait bien l'avouer, un peu « rock ». Il avait lâché ce dernier mot dans une hésitation, comme s'il n'en revenait pas lui-même et Bill, qui venait de m'offrir un blouson en cuir de manticore, résolument « rock » lui aussi, a manqué de s'étouffer dans son jus de citrouille.

C'est ce même blouson sur les épaules que j'observe la vitrine pensivement. À travers la vitre immense, l'endroit dégage ses couleurs chaleureuses et force est d'avouer que l'endroit semble impeccable. Très classe, ce qui m'étonne moins de la part de mon cadet. Quelques minutes durant, mes yeux se perdent sur les motifs qui ornent les murs, et je songe dans un soupir amusé qu'entre le blouson de l'un et le tatouage de l'autre, il n'aurait manqué à Ginny que de m'offrir une potion « pousse de cheveux instantanée » pour m'assurer un look digne d'entrer en scène, guitare à la main. À condition, bien sûr, que l'on m'offre une guitare. Ce qui, au vu des tensions avec le reste de la fratrie, semble plutôt improbable. Dire qu'en deux jours à flâner sur le Chemin de Traverse, je n'ai toujours pas trouvé le courage de pousser la porte de Farces et Attrapes pour Sorciers Facétieux... L'accueil qui pourrait m'y attendre me stupéfixe d'avance et il me faut bien moins de courage pour finalement me décider à rencontrer l'enfant du vaudou.

Un carillon léger accompagne mon entrée dans la boutique désertée. Aucune trace du tatoueur. D'une toux légère, je m'éclaircis la voix. « Bonjour ? Il y a quelqu'un ? J'aurais aimé quelques renseignements sur un tat... » Derrière le comptoir, un lourd rideau oscille sous la pression d'une main sombre, révélant enfin le maître des lieux.
Oh, par les balloches de Merlin, le caleçon de Godric et tous les attributs douteux des grands sorciers nous ayant précédé. C'est à peine un balbutiement qui s'échappe de mes lèvres, tandis que je reconnais cette peau couleur chocolat, ce sourire immense, ces yeux rieurs.
« Jo... Josiah ? »

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
pictures : La flamme de mes souvenirs [Josiah] Voodoo-ppl
Lun 27 Avr - 17:57




La flamme de mes souvenirs
Deux jours qu’il n’était pas rentré chez lui. Chez eux. Josiah portait un vieux t-shirt noir et un pantalon en wax entre l’orange et le vert. Il avait simplement passé un peigne à larges dents dans ses cheveux, qui s’étaient aplatis d’un côté après une nuit dans son lit de camp. Et puis, il avait passé la matinée au-dessus de son chaudron, ce qui avait dû le faire suer un peu. Il refaisait ses réserves d’encre, il avait eu beaucoup de clients depuis son retour du Mexique. Heureusement. La Saint-Valentin passée, la demande avait commencé à se tarir un peu, il s’occupait donc différemment, attendant le prochain manant qui passerait sa porte. Il avait eu des retardataires de la fête de l’amour, ce matin-là, un tatouage commun pour célébrer six mois d’osmose. Josiah avait très peu dosé la magie ; le tatouage disparaîtrait aussi rapidement que leur passion. Un peu amer, dites-vous ? C’est que sa passion à lui, sa passion mexicaine, avait disparu en l’espace de quelques heures, une nuit songeuse et ça avait été fini. S’il ne pouvait faire confiance en son propre amour, s’il ne croyait pas en sa propre passion, comment pouvait-il décemment dessiner sur la peau de deux tourtereaux quelque chose qui tiendrait la route ? Il n’avait pas envie de tatouer ce genre de choses. Pas en ce moment. S’il fallait faire des oiseaux, que ce soient des corbeaux, au moins ! Il voulait qu’on lui demande une tête de mort, il voulait peindre des fils barbelés autour d’un bras, et pourquoi pas une encre de marin s’il fallait continuer dans le kitch, ou encore un énorme lion rugissant, qui occuperait tout le dos du client, pour qu’il y passe des heures et que finalement, il oublie, il oublie tout. La cloche de son salon tinta. Sur son carnet en moleskine, dans son arrière-boutique, Josiah dessinait des flammes. Voilà ce qu’il avait envie de tatouer, plutôt que des cœurs et des papillons. Des flammes brûlantes et dévastatrices.

Le client voulait des renseignements, énonçait-il, et Josiah crut reconnaître sa voix. C’est qu’il attendait sa venue depuis plus de deux mois. Alors il écarta les rideaux qui séparaient son arrière-boutique du salon, dans un geste un peu dramatique. A défaut d’avoir bonne mine, au moins, il pouvait avoir belle allure. Pour Charles Weasley, il lui fallait au moins l’allure. Parce que c’était lui, Legba, dis-lui que c’était bien Charles Wealsey. Dis-lui que pour le faire un peu sourire, en cette journée amère, et parce qu’il a été un bon disciple ces derniers temps, dis-lui que tu as poussé ce garçon dans son échoppe. Pour se faire vibrer, Josiah ferma les yeux une demie (longue) seconde avant de les rouvrir, et de chercher à identifier son client. Juste le temps de prier Legba une dernière fois. Un sourire joyeux vint écarter son visage quand il aperçut sa tignasse blond vénitien, et ses mains vinrent se joindre dans un clac sourd quand il le reconnu. Quelques étincelles s’échappèrent de l’union de ses doigts, tandis que Charles, incrédule, murmurait son prénom. C’était une surprise pour lui, alors, il ne savait pas qui il trouverait dans le salon du Voodoo’s Child. Le crâne de Josiah courait de la droite vers la gauche alors qu’il s’approchait de lui et écartait les bras. Il allait l’enlacer, et Charles ne pourrait rien y faire. C’est qu’il était toujours aussi beau, avec ses traits fins et princiers. Josiah traversa le salon en quelques enjambées et vint serrer Charles contre lui. Pas trop longtemps, il ne voulait pas qu’il soit mal à l’aise, mais quand même suffisamment pour souligner sa joie de le retrouver, après près de cinq ans. « Charles Wealsey, dans mon salon », murmura-t-il près de son oreille, alors qu’il emplissait ses poumons de son air. Il venait de l’acheter, le salon, à l’époque où ils s’étaient rencontrés. A très bas prix, à cause de la guerre, et il n’avait aucun client. Ça n’avait commencé à prendre en 2000, après le retour de Potter. Avant ça, ça avait été deux ans de galères, au cœur desquelles il avait croisé la route de Charles. Josiah s’écarta, fit même quelques pas en arrière pour le regarder en entier. Ce qu’il regrettait de ne pas être passé dans de beaux vêtements, ce matin-là. Il hésitait presque à croiser son regard, parce que des flashs de leur dernière entrevue commençaient à remonter dans son esprit, comme si ces cinq années n’avaient pas suffi à les ternir. Il les chassa en s’exclamant : « ça fait trois mois que je t’attends, mon lion des villes ! Il t’en a fallu, du temps ! Mais je t’en prie, installe-toi ! » Josiah, du bout des doigts, indiqua l’un des fauteuils face au miroir. Il pourrait le voir sous tous les angles, ainsi. Il avait beaucoup changé, depuis la dernière fois. Plus adulte. Plus brun, aussi, si seulement c’était possible. Peut-être un mélange de soleil, de suie et de terre, incrusté trop profondément dans sa peau pour que ça ne parte en frottant. Aucune importance, ça lui donnait un air hâlé plutôt inattendu, et pas désagréable. Ça avait du chien.
Josiah ne s’assit pas, toutefois. Il fila dans son arrière-boutique remplir une casserole d’eau, et farfouiller dans ses étagères pour le bon carnet. Il avait pris des notes, pour que tout soit prêt pour le jour où Charles passerait enfin sa porte. « Par Legba, quand ton frère est passé pour acheter ce bon-cadeau, quand il m’a dit son nom, et puis le tien … J’ai cru tomber de ma chaise, mon lion des bois ! » Il passa sa tête de l’autre côté du rideau : « ne t’en fait pas, je n’ai rien dit, pour nous deux. Tu veux quelque chose à boire ? Je me fais un thé. On va en avoir pour un moment. Pas d’alcool, surtout pas, mais pour le reste … » Il pointa du doigt le bol de fruits qu’il y avait sur la table basse à côté de lui. « Sert-toi, hein ! Je t’ai préparé un truc, mon lion, tu ne vas pas t’en remettre, ça fait trois mois que ça mijote, ça va être extra ! » Il décida, tout compte fait, de surgir à nouveau de son arrière-boutique pour se ruer vers la porte, et tourner la pancarte de sorte à ce qu'elle indique la fermeture du salon. Pas question qu'ils soient dérangés. Et puis, une fois fait, courant presque, il repartit dans l'autre sens, faisant signe à Charles de le suivre. D'ordinaire, les clients ne pénétraient pas son arrière-boutique, mais Charles n'était pas n'importe qui, il n'était pas n'importe quel client. Il était le bienvenu dans cette intimité, puisqu'il la connaissait déjà. « Vient voir, faut que je réchauffe l'encre, elle est sublime. Quand j'ai su que c'était pour toi, mon lion, mon dompteur de dragons ! Trois mois que ça mijote, par Legba ! C'est peut-être pas plus mal que tu ne sois venu que maintenant, finalement, ça n'en sera que plus spectaculaire ... » ajouta-t-il, l'air rieur. Sur une de ses étagères, il attrapa une fiole sur laquelle était étiqueté Pour mon lion, qu'il renversa dans une seconde casserole, sous laquelle il fit flamber une petite flamme. Tout doux. Son cœur ralentit un peu, alors il s'autorisa à le regarder.

Lui qui voulait peindre des flammes sur la peau d’un client ... Charles Weasley, éleveur de Dragons, avait poussé sa porte. Des dragons sur son lion. Merci Legba.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | 1218 mots

Invité

avatar
Invité
Jeu 30 Avr - 15:00


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004


Josiah N'da s'avance vers moi, de cette démarche chaloupée extravagante et enthousiaste. Par Merlin, il n'a pas changé... Cette peau sombre aux reflets ambrés, cette tignasse indisciplinée, ce sourire grand comme le Texas, ces vêtements colorés. Sa vue me renvoie à tant de souvenirs. Des odeurs de cajun et de friture sous un soleil de plomb, le soleil de plomb qui brunissait ma peau. Les rires, la musique, les chants et les couleurs, éclatant dans un festival engourdissant les sens et la raison. Ah le goût du gombo sur ma langue, les trilles du jazz dans mes tympans, les effluves d'épices et de poussière mêlés dans mes narines, l'éclat des ocres sur mes prunelles. Et Godric, la douceur de la peau de Josiah sous mes doigts... De seulement repenser à ces quelques nuits entre ivresse du Sazerac et d'une extase nouvelle, je me sens tourner à la pimentine.
Dans cette étreinte dont il me gratifie, ma mémoire s'affole, ravivant les images impérissables de ces deux nuits entre passion et tendresse, où nos corps se sont confondus lentement. Il dansait, le soir où je l'ai rencontré, magnifique sous les mille lumières qui déposaient sur lui leur halo doré...

Accoudé à ce bar, les papilles habitées de cette absinthe aux saveurs inconnues, mes yeux rivés à cette piste où se déhanchent fêtards de tous âges, de toutes nationalités. Incapable du moindre mouvement rythmique, je m'enivre de leur aisance, savourant depuis mon tabouret l'indécence de pouvoir ainsi les dévisager sans fard. Mes prunelles volent, flânent, caressent ces silhouettes libérées. Reviennent à cet homme, auréolé de lumière, dont la grâce féline m'hypnotise. Sur sa peau, les éclairs se font étincelles et quand il bouge, on jurerait voir l'un de ces grands fauves, prédateurs aux muscles rutilants. A-t-il lu dans mon regard combien il me fascine ? Je ne l'ai pas vu se déplacer, a-t-il transplané, pour envahir si brusquement ce champ de vision encore panoramique la seconde précédente ? A-t-il... Oh, cette voix grave qui vibre au diapason de ma curiosité, qui gronde une invitation aussi affolante qu'affriolante. Il m'entraîne, m'attire sur cette piste de danse où il est roi et moi valet. Où sa bouche – par Merlin, sa bouche ! – se fait tentatrice... Non pas sur les lèvres même si j'en rêve, même si je tremble. Et bien que mon cœur soit nu, mon âme est revêtue de pudeur et d'impudence, sans te faire offense. Mieux ne vaut pas tenter sa chance... Trop tard. Elles se sont faites impérieuses, conquérantes. Et par cette main qui m'entraîne au loin, s'ouvre une toute nouvelle terre de découvertes.

Jamais je n'aurais pensé le retrouver ici, comme ça... M'avait-il parlé de son salon ? L'avait-il seulement ouvert ou en projet ? Merlin, je n'en ai pas le moindre souvenir, les images se superposant aux mots dans ma mémoire. La surprise est mienne, sans partage, m'avoue-t-il dans une exclamation enthousiaste, m'asseyant d'autorité devant un miroir immense qui me donne tout le loisir de le voir courir d'un mur à l'autre, de la porte à son arrière-boutique, passer par ici, repasser par là. Un instant en mouvement, le suivant disparu derrière ce lourd rideau. Machinalement, je joue avec une orange cueillie dans la coupe à fruit, tentant à grand peine de le suivre des yeux. Nom d'un dragon hyperactif, il va me donner le tournis ! Dans une énième course folle, il retourne se dissimuler dans son antre, m'invitant à l'y rejoindre et j'éclate d'un grand rire franc. « Josiah, par tous les fondateurs, arrête donc de courir partout ! Je te suis, je te suis. » Abandonnant mon blouson sur le dossier de mon siège, je lui emboîte le pas, curieux de découvrir cette préparation à laquelle il semble avoir apporté tant de soin depuis... trois mois, vraiment ? D'une main, je repousse la tenture de son refuge, pour le découvrir manipuler casseroles, feu et flacons avec une frénésie qui me fait hausser un sourcil. Je reste à la frontière de son royaume, une épaule appuyée contre l'encadrement, épluchant l'orange dérobée en passant, essayant tant bien que mal de ne pas faire couler du jus partout. Mon regard curieux observe ses gestes minutieux, cette multitude de notes, de flacons, de préparations au milieu de laquelle il évolue sans la moindre fausse note.
Ses gestes, enfin, semblent ralentir, son regard s'ancre au mien et c'est plus fort que moi, un sourire me monte aux lèvres, creusant ma joue d'une fossette, scintillant dans mes yeux qui ne cachent pas leur amusement. « Trois mois que tu m'attends, hein ? Il fallait envoyer un hibou, je me serais sans doute décidé à sauter le pas plus rapidement, si j'avais su que c'était toi mon cadeau de Noël ! » Je pique un fard, notre histoire donnant à cette boutade sans conséquence une portée suggestive involontaire. « Enfin, je veux dire... Je serais venu quoi. Je... » Oh par Merlin, mais quel troll je suis... Renonçant à rattraper ma maladresse, j'enfourne un quartier d'orange entre mes lèvres, pour me donner une contenance sous le regard rieur de Josiah. Mes dents libèrent le jus sucré à souhait, et je prends le temps de finir ma bouchée avant de l'interroger plus avant. « Qu'est-ce que tu as préparé alors ? Pour être honnête... Je n'ai absolument aucune idée de la manière dont ça peut se passer. Je n'avais même jamais envisagé de me faire tatouer. Comment tu procèdes ? » Bien sûr, depuis le matin de Noël, j'ai eu le temps de réfléchir à la question, à des motifs... Quoi que réfléchir soit un bien grand mot. Si je dois marquer ma chair à jamais, laisser l'encre pénétrer mon épiderme de manière indélébile, il ne fait aucun doute dans mon esprit quant à la forme que prendraient ces lignes esquissées... Mais connaissant Josiah et son amour de l'extravagance, je devine d'ores et déjà qu'en son art comme ailleurs, il ne fait rien comme tout le monde. À lui, donc, de mener la danse. Il a su le faire par le passé, et par Merlin, si éphémère qu'ait été l'expérience, je n'en garde aucun grief. Alors il a toute ma confiance en lui pour mener celle-ci à sa guise.

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
pictures : La flamme de mes souvenirs [Josiah] Voodoo-ppl
Sam 16 Mai - 11:59




La flamme de mes souvenirs
Ils avaient passé deux jours ensemble, quand ils s’étaient rencontrés. Ou plutôt, d’abord, une nuit, avant qu’une journée baladeuse dans les rues de la Nouvelle-Orléans ne s’ouvre, et puis une seconde nuit, la dernière, bienheureuse. Suffisamment court pour qu’on n’en demande pas plus, mais suffisamment long pour que ça marque. Une parenthèse, un moment que Josiah avait gardé figé dans le temps, tel quel. Voir Charles là, bien-là, dans son salon, s’assimilait à un claquement de doigts, à un retour à la réalité et au présent. Il ne s’était pas imaginé qu’il le reverrait un jour, à vrai dire, et même avec le passage du frère cadet dans la boutique pour lui acheter le cadeau, il n’avait pas encore tout à fait réalisé. Non, il avait fallu attendre qu’il soit là, la peau brunie et les joues rosies pour y croire réellement. Sacré Legba, encore une fois.
Ils étaient dans son arrière-boutique, à touiller la préparation, le temps qu’elle réchauffe. Dans une autre casserole bouillait l’eau, Josiah y jeta quelques feuilles de thé. Derrière eux, son lit était défait. En passant, il avait croisé son reflet dans le miroir. Par tous les Fondateurs, comme dirait l’Anglais, pourquoi ne s’était-il pas douché ce matin-là, ni n’avait-il vêtu de plus belles sapes ? Pourquoi Charles n’avait-il pas prévenu son arrivée, car pour lui, bien sûr, Josiah se serait fait beau ? Comme ce soir-là, en 1999, quand il était allé danser. Sur sa peau noire, il avait étalé une huile de soleil pailletée, pour se faire luisant, et il avait vêtu ses plus fines fringues de lin pour laisser libre court à ses mouvements, avant d’aller, à pas de panthère, exploiter le pavé devenu piste de danse. Il avait moins belle allure aujourd’hui, et espérait que Charles ne le remarquerait pas. Il se souvenait encore du regard enflammé qu’il avait su capter du dragonnier, qui était parvenu à réchauffer son cœur resté froid trop longtemps.

Charles s’essayait à quelques phrases, butant sur les mots, entendant ses propres sous-entendus manifestement non-désirés, et Josiah était projeté cinq ans en arrière, sourire rieur accroché au visage. Peut-être Charles n’avait-il pas tant changé que ça. Il le retrouvait bien là, en tous cas, dans cette tendresse absolue. C’était ce qui l’avait convaincu de se lancer avec lui, à l’époque. Pas facile, pourtant, les hommes qui préfèrent les femmes, et plutôt ingrat la plupart du temps. Mais son regard manifestement affamé par son corps pailleté avait su l’attendrir. Josiah ne s’était pas posé beaucoup plus de questions que cela, et ne l’avait pas regretté. Charles avait d’ailleurs pavé la voie pour un autre tendre homme roux. Cette pensée surprit Josiah, alors qu’il attrapait un tamis, accroché au mur, pour passer l’eau du thé vers des tasses et retenir les feuilles. Il ne pensait pas souvent à Orso. Mais en effet, c’était sûrement Charles qui avait créé cette tendance de laquelle avait résulté cet homme avec lequel il était resté plus d’un an. Celle des hommes tendres et blancs et roux. La tendance de l’absolu inverse de Nasiya, querelleur, noir et crépu. Josiah rit doucement aux balbutiements du dragonnier, sans moquerie aucune toutefois. « T’en fais pas. Comme je te dis, le résultat n’en sera que meilleur. Et comme ça, la surprise était totale ! » Son sourire s’écartait, encore, révélant ses dents blanches. Certainement ne le quitterait-il pas avant le soir. Il faudrait qu’ils attendent un peu, pour le thé, l’eau était trop chaude. Charlie dévorait son orange, et Josiah le dévorait du regard. Qu’il n’y ait toutefois aucune méprise, il s’agissait plutôt d’un goût pour ces retrouvailles inopportune plus que d’une nostalgie impossible, puisque la parenthèse était fermée, révolue. Il s’approcha un peu de Charles, se penchant vers sa marmite pour tourner la mixture sept fois dans le sens des aiguilles d’une montre. Il serait bientôt temps de rajouter le dernier ingrédient, et justement, son Lion lui demandait comment il comptait procéder. Son sourire se fit malicieux, alors qu’il pointait l’étagère d’ingrédients derrière Charles. Il y attrapa trois fioles, et les plaça sur la table, devant son client familier. « Tu dois reconnaître les écailles. Accumulées avec les années, j’ai rarement l’occasion de les utiliser, mais là, c’est trop beau pour passer à côté. » Il s’agissait d’écailles de dragons, opaloeil des antipodes, noir des hébrides et vert gallois. « elles vont servir à lustrer l’encre. Le tatouage sera noir, mais brillera un peu de la couleur des écailles que tu choisiras. Choisis celles que tu préfères. » Dans l’étagère, Josiah attrapa aussi un pilon, qu’il posa devant Charlie, pour qu’il s’occupe lui-même d’écraser les trois ou quatre écailles qu’il choisirait. Il ne faisait jamais ça, d’ordinaire. Jamais ses clients ne pouvaient participer à la confection de ses mixtures, dont il gardait les secrets jalousement, comme les dragonnes et leurs œufs. Mais Charles Weasley n’était pas n’importe quel client, sans aucun doute. « Tu as pensé un peu au motif ? Parce que justement, la technique va varier en fonction de ce que tu me demandes ... » Aiguilles ou pistolet ? C'était ce qu'il pratiquait quotidiennement, l'un pour les petites pièces, l'autre pour les plus grandes. Les tasses se faisaient moins fumeuses désormais. L’encre de son côté devrait réchauffer encore quelques minutes avant de pouvoir y incorporer les écailles, et ainsi pouvoir finalement la glisser sous sa peau. En attendant, il récupéra son carnet en moleskine, fit glisser le crayon gras hors de sa bande élastique, et attendit les premières explications du Dragonnier pour commencer ses premiers croquis. Il tenterait de faire ça à main levée, comme il le faisait d’ordinaire. Restait toujours l’option du calque, mais c’était mois impressionnant. Finalement prêt à l’écouter parler, il chercha son regard, qui l’attendrissait toujours, cinq ans plus tard. « C’est tellement étrange de te voir ici, chez moi. Je ne t’avais jamais imaginé autre part que dans cette rue carnavalesque de la Nouvelle-Orléans ». Il le savait pourtant, que Charles travaillait en Europe de l’Est, et qu’il était anglais, bien sûr – irrésistible accent. Pourtant, il appartenait à 1999, à cette vie d'avant qu'il avait un jour vécue. Et si lui avait tant changé depuis cette époque, c'était sûrement aussi le cas pour son Lion. Avait-il envie de le découvrir, toutefois, ce Charles de 2004 ? Ou serait-ce mieux de le laisser là-bas, dans ses souvenirs ?

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | 1059 mots

Invité

avatar
Invité
Mer 27 Mai - 19:29


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004



Je n'ai jamais été un grand séducteur, loin s'en faut ! Trop timide, trop hésitant pour trouver ma place dans ces valses de regards qui sont les prémices de tout rapprochement. Pourtant, au gré des années, j'ai bien étreint quelques corps, caressé des courbes, vibré pour des âmes aux allures de flamme vive. Il y a des femmes que j'ai admiré, certaines que j'ai désiré, une que j'ai aimé – je crois – et ce visage si doux qui m’a poursuivi toute cette nuit. Plusieurs femmes,  oui. Mais il n'y a eu qu'un seul Josiah. Une seule découverte d’autres horizons, faits de muscles dessinés, de peau sombre et de rires entremêlés. Une nuit hors du temps, hors de la réalité, comme une brume dans mes souvenirs rendus flous par l’excès d’adrénaline. Puis une seconde, affamé d’en apprendre plus, d’en voir davantage. Avant notre séparation au matin, sans heurts ni rancune. Simplement la liesse d’un moment exceptionnel partagé, sans lendemain à attendre – un comportement pas vraiment dans mes habitudes non plus.

Finalement, Josiah était pareil à cette Nouvelle Orléans que je découvrais alors. Une parenthèse magnifique, un enivrement des sens, un voyage que l'on est heureux d'effectuer, sans regretter qu'il ne s'achève, convaincu que l'on ne saurait y trouver la plénitude que l'on recherche. Trop chaud, trop ardent, trop coloré pour mon cœur d'anglais épris de lumières dorées et de landes aux courbes délicates.
Mais si je pensais la page tournée, je me surprends à être ravi de ce nouveau paragraphe inattendu. Il a cessé de courir – Merlin merci ! –, pour se concentrer sur le contenu de ce chaudron au bouillonnement joyeux, remué avec plus de précision que je n’en ai jamais accordé à mes potions. D’un geste, il me désigne des écailles aux reflets irisés, aussitôt identifiées, et je ne peux retenir un haussement de sourcil méfiant.
Du calme, Charlie. Ce n’est pas parce qu’une immonde bouse de dragon s’amuse depuis quelques mois à considérer tes protégés comme une échoppe d’écailles en libre service qu’il faut voir le mal partout. La seule pensée de ce recel entraperçu depuis quelques semaines suffit à me donner des envies de meurtre et cette histoire est encore loin d’être terminée. Penché sur leur beauté multicolore, je ne peux m’empêcher de poser la question, d’un ton moins innocent qu’il n’y paraît « Elles sont superbes. Comment te les es-tu procurées ? » avant de darder mon attention sur les lueurs nacrées et laiteuses de l’opaloeil, que j’aime presque autant que le cuivre superbe du Dent-de-Vipère péruvien. À peine formulée, la pensée m’échappe. « Si tu voyais les écailles de Dent-de-Vipère du Pérou… Elles sont cuivrées, presque mordorées. Absolument magnifiques ! » Et sans nul doute assorties à mes boucles rousses. Je peine un peu à me représenter la brillance qu’il évoque, mais je ne suis ni adepte de vert, et je doute que le noir des hébrides rehausse vraiment l’encre déjà sombre. Opaloeil ce sera donc.

Mon choix effectué, je me recule de deux pas pour le laisser manoeuvrer, achevant mon dernier quartier d’orange. Vient la question cruciale. Quel motif, donc. Je me revois devant la cheminée de la Chaumière aux Coquillages, l’enveloppe de Percy entre les doigts, un peu dubitatif. Un tatouage, quelle drôle d’idée. Au delà de la protection accordée, quel symbole, quelle forme justifierait que je lui offre une place définitive à même ma peau ? C’est en regardant Dominique tourner les pages de l’album illustré sur les dragons qu’elle venait de déballer – cadeau de son parrain adoré, avec enchantement indéchirable ! – que le sourire m’est revenu, teinté d’évidence.
Un dragon.
Quoi d’autre ?
Mille fois depuis, j’ai repassé l’idée dans ma tête. Est-ce faisable ? De quelle taille ? Un peu trop cliché, peut-être ? Pourtant, chaque doute, chaque question n’a fait qu’aboutir à la même conclusion.
Un dragon.
Rien d’autre.
Malgré la tranquille assurance que j’ai fini par ressentir à cette idée (Un dragon. Ça ne peut pas être autre chose.), je me sens moins serein au moment de l’expliquer à Josiah, dont je ne parviens pas à imaginer la réaction.

Il a déjà attrapé carnet et crayon, son regard pensif posé sur moi. Et avant que je n’ai pu lui dévoiler le fruit de ma réflexion, il reprend la parole, évoquant ce temps passé. Mes yeux croisent les siens, plongent dans ses prunelles ébènes dans un sourire amusé. Ému. Nostalgique. Doucement, je hoche la tête, conquis par ces souvenirs à peine évoqués. « La réciproque est vraie. Tu semblais tellement à ta place dans ce monde-là, que je n’aurais jamais pensé te retrouver ici. » Josiah, c’est le soleil, la lumière, la chaleur. S’il y a bien un endroit qui soit à l’antithèse de son rayonnement, c’est bien le Chemin de Traverse, avec toute la grisaille londonienne que ça suppose ! « Je suis curieux de savoir quels détours t’ont amené ici. Tu me raconteras, pendant que tu me tortureras ? » Le trait d’humour dans mes mots ne dissimule pas tout à fait une certaine appréhension. Sans être particulièrement douillet, je doute d’apprécier la sensation. D’autant que le contact de ses doigts et son écho dans ma mémoire risquent de ne pas m’aider à rester parfaitement stoïque.
Abandonnant ces pensées, j’en reviens au sujet initial. Le motif. Mon dragon. Je hoche la tête avec un sérieux teinté d’embarras. « J’y ai pensé, oui. Enfin, l’idée s’est imposée d’elle-même, pour être franc. Un dragon. Pas sous forme tribale ou figurative comme le font certains peuples. » Et un certaine nombre de crétins s’imaginant qu’avoir un animal dangereux sur la peau les rendra plus impressionnants. Avant qu’il ne puisse réagit, j’’ajoute, comme pour me justifier de ce choix – et m’assurer qu’il ne me confondra pas avec eux. « Ce sont des créatures qui ont guidé ma vie, d’aussi loin que je m’en souvienne. Ça aurait… du sens. Pour moi. » Mes yeux sont venus se perdre sur la pelure d’orange que je triture entre mes mains, son parfum d’agrume imprégnant peu à peu la pulpe de mes doigts. Et c’est toujours sans oser le regarder que je questionne, presque timide. « Je… Ça te paraît possible ? »

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
pictures : La flamme de mes souvenirs [Josiah] Voodoo-ppl
Sam 20 Juin - 0:43




La flamme de mes souvenirs
Josiah l’avait écouté parler de son boulot pendant des heures, quand ils s’étaient rencontrés. Entre deux moments échaudés, il l’avait questionné sur tous les dragons avec lesquels il travaillait, téméraire Gryffondor qu’il était. Charles faisait le boulot dont rêvent tous les enfants, il était allé au bout de sa vocation, tel un gosse qui n’a jamais grandi. Josiah aussi avait rêvé d’être soigneur de dragons, entre autres choses – dresseur de Nundus, bien sûr, ou encore explorateur de l’Atlantide, quand il était un peu plus grand. Alors, l’écouter en parler, allongé contre lui, dessinant du bout de ses doigts quelques volutes sur son torse blanc avait été un moment qu’il gardait précieusement en mémoire. Cinq ans plus tard, cette scène se rappelait à lui précisément à ce moment-là parce que Charles lui demandait de justifier les origines des écailles qu’il lui proposait de glisser dans sa mixture. Finalement bien loin des préoccupations enfantines auxquelles Josiah pouvait s’attendre, il cherchait manifestement à savoir si les bêtes avaient été braconnées, si on avait arraché les écailles à leur corps vivant, dans la douleur, ou s’il s’agissait de reliquat de mues, par exemple. Josiah, à vrai dire, n’en avait aucune idée. Il avait remarqué que généralement, plus l’animal était respecté, plus les produits de son corps étaient faciles à travailler, il n’hésitait ainsi pas à payer le prix fort pour pareils ingrédients. Ça avait été le cas pour ces écailles, et c’était pour cela qu’il n’en avait que trois exemplaires. « Les vertes et les noires venaient en lot. Je les ai achetés à l’apothicaire de Godric’s Hollow, et ce sont des dragons du pays, n’est-ce pas ? Je me fournis très souvent chez lui, il a des produits extraordinaires. J’adore son encre de Calmar Géant, parce qu’elle est récoltée auprès de calmars sauvages. Ça change tout, en termes de qualité, si tu veux mon avis. Celles de l’opaloeil, je les rachète régulièrement et directement auprès d’une réserve néo-zélandaise. Je n’ai pas mieux pour donner un aspect nacré à mes encres, elles sont sublimes. » Espérant que son client du jour fusse satisfait, Josiah en revint à sa tasse fumante, qui l’aiderait sans doute à calmer ses nerfs.
Ce fut alors au tour du dragonnier de se laisser aller à l’excitation, évoquant les écailles mordorées d’un certain Dent-de-Vipère du Pérou, et Josiah, dans son sens esthétique, ne put s’empêcher de remarquer que c’eut été une meilleure addition à la mixture que l’écaille d’opaloeil qu’il avait choisi, puisque ça aurait assorti le tatouage à sa chevelure. Charles aussi devait l’avoir remarqué puisque sa voix se tintait presque de regret, ce que Josiah trouvait parfaitement intolérable. Il fallait que cette pièce le satisfasse pleinement, pas question de faire les choses à moitié. « Je suis sûr que certains de mes collègues de la rue doivent en vendre, j’en ai vu dans la devanture de Barjow et Beurk, et tu as raison, ça serait sans doute les plus appropriées. Je peux t’en acheter trois ou quatre, Slug and Jug en aura peut-être aussi, ça me prend cinq minutes, ne t’en fait pas. Je suis désolé, j’aurais dû le prévoir, c’était tellement évident… » Josiah jeta un regard à sa chevelure cuivrée, manifestement déçu de lui-même. Il n’avait pas préparé cette mixture avec autant de semaines en avance pour qu’elle ne soit pas tout à fait parfaite. Pas certain toutefois qu’il pourrait tracer la provenance de ces écailles-là aussi bien qu’il n’avait pu le faire pour le Noir-des-Hébrides ou le Vert-Gallois, mais il se devait de proposer. Réfléchissant rapidement, sa tasse de thé au bord des lèvres, il rajouta finalement une autre idée. « Bon, et sinon, je te peux te proposer autre chose. Je te fais les contours aujourd’hui, et m’arrange pour que l’enchantement magique y réside. Ça sera pointu, tu risques de douiller, mais je peux le faire. Et puis, quand tu reviens à Londres, quand tu veux, tu me ramènes ces écailles de Dent-de-Vipère, et on reprend le travail de remplissage. » Il devrait incruster le sortilège à l’aiguille, de sorte à ce que ce soit concentré dans les traits d’ombres et de contours, mais ça pourrait le faire. Il s’arrangerait pour que ce soit le cas, et Charlie n’aurait qu’à serrer les dents. Il avait sans doute connu pire douleur que celle-ci, de toute façon.

***

Le cœur de Josiah finissait par retrouver un rythme ordinaire alors qu’il sortait son carnet à dessin et disait à son Lion combien il était étrange de le voir à la Nouvelle-Orléans. Ses pensées semblaient se libérer petit à petit pour laisser un peu de place à la création. Il lui faudrait qu’il les retrouve tout à fait, son cœur et ses pensées, pour pouvoir entamer le tatouage avec sérénité. Charles le fit promettre de lui raconter les détours qui l’avaient amené jusqu’à Londres, ce que Josiah accepta sans mal, glissant un « promis » sincère de sa voix chaude, avant de chausser alors ses pantoufles de tatoueur en lui posant la question qu’il avait sans doute posé le plus grand nombre de fois dans sa carrière : qu’est-ce que tu veux. La réponse donnée fut aussi attendue qu’absolument parfaite. Quoi de mieux, quelle espérance plus absolue mais aussi quelle tâche plus ardue que celle de tatouer un dragon sur le corps d’un dragonnier ? Charles n’était pas clair, toutefois, manifestement gêné par quelque chose. La simplicité de sa requête, peut-être ? Nombreux étaient ceux qui voulaient se faire tatouer se grand reptile ailé, sans doute. Josiah lui adressa un sourire qu’il voulait rassurant. « J’espérais que tu me demandes ça. Ça va être superbe », lui dit-il, espérant que Charles puisse ainsi se détendre. Commençant à tracer des traits sur son carnet, il grommela dans sa barbe, pour être certain de bien comprendre : « Pas tribal, pas figuratif, donc quoi, hyper réaliste ? » Son crayon gras traçait des gueules, des ailes, des queues, des formes d’écailles, parmi lesquels Charlie pourrait choisir. Il noircissait avec une rapidité effarante plusieurs pages, il fallait dire qu’il n’en était pas à son premier dragon, comme tout bon tatoueur qui se respecte. « En fait, je bossais déjà ici, quand on s’est rencontré. L’année 1999 était monstrueuse, sur tous les plans. Et parmi tout ça, le business allait super mal, alors plutôt que de payer pour des encres que je n’allais jamais utiliser, je me suis barré au Bénin un moment, puis je suis revenu à Londres tâter l’ambiance, et voyant qu’elle était toujours électrique, j’ai passé l’été chez ma mère, à la Nouvelle-Orléans. Londres n’a jamais été aussi difficile à vivre qu’en 1999, pour moi. » Ca avait été une interminable année de transition, et ça avait duré jusqu’à ce que Potter ne revienne d’entre les morts à l’automne, la tête décapitée de Voldemort quasiment tenu au bout de son bras, en bon héros de tragédie populaire. Josiah préparait le tatouage, l’encre chauffait à feu très doux, simplement parce qu’il trouvait qu’il travaillait mieux avec une encre plus chaude, plus organique. Il ne sentait pas de gêne, et l’apaisement de son agitation était venue avec la concentration que demandait le dessin. Tout serait bientôt prêt. Il demanderait à Charlie de se désaper, ils rougiraient tous les deux, Charlie sûrement un peu plus, et puis la torture, comme il le disait bien, commencerait. Il tenterait de se faire le plus doux possible, toutefois, pour son Lion. Une douce torture.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | 1245 mots + inventaire


HRP : je suis désolée c'est un peu wak je l'ai écrit en trop de fois ce RP, du coup je n'en suis pas convaincue. Dit moi surtout si ça te va, les solutions proposées. sinon je reprendrai cette partie.

Invité

avatar
Invité
Mer 5 Aoû - 17:18


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004



Certains diraient qu’il est rare de me voir sans un sourire, une étincelle de malice dans le regard. Bien sûr, il m’arrive d’être sérieux, concentré, maussade, de mauvais poil… Mais ce n’est assurément pas le plus fréquent. À cet instant pourtant, les oreilles grandes ouvertes rivées aux explications de Josiah, il y a comme un éclair mortellement sérieux dans mes yeux clairs. Ce n’est pas que je doute de son professionnalisme ou de son éthique, non… Mais enfin, qu’est-ce que j’en sais, au fond ? On peut côtoyer une personne des années durant sans jamais la connaître vraiment et cette évidence n’en finit pas de me rendre malade.
Lorsque nous avons commencé à remarquer des trous inhabituels dans les mues de nos dragons, j’ai d’abord voulu croire que c’était l’oeuvre d’un touriste aventurier qui aurait échappé à notre vigilance pour se rapporter un souvenir épique – la chose s’est déjà vue. Mais les mois ont passé, le phénomène s’est reproduit sans que nous ne puissions l’associer à quelque chose de naturel : une maladie, un rocher dangereux, n’importe quoi qui puisse le justifier. Et il a fallu que je débarque à l’improviste chez Pavel et Magda, les entendre évoquer leurs soupçons, pour me rendre finalement à l’évidence : ces écailles disparues n’étaient ni plus, ni moins qu’un vol. Un recel. Un foutu trafic qui met en péril la réserve et nos protégés par la même occasion. Auquel l’un d’entre nous participe forcément, et cette trahison ne fait qu’ajouter à ma colère. S’il y a bien quelque chose que je ne peux ni comprendre, ni pardonner, c’est bien la cupidité et le jour où nous démasquerons le coupable, il aura plutôt intérêt à détaler fissa.

Les explications de Josiah parviennent toutefois à chasser ma méfiance. Le vieil Arnold de Godric’s Hollow est l’un de nos clients réguliers et une personne de confiance. Tant mieux, j’aurais détesté claquer la porte en tournant les talons. Je hoche la tête sans pouvoir toutefois m’empêcher de rectifier ses propos.« Ce sont des dragons originaire d’ici, oui, mais ça fait quelques années maintenant qu’il n’y en a plus dans nos frontières, ils… » Je m’interromps soudain, conscient du monologue qui nous guette et dont ont fait l’expérience nombre de mes connaissances. Il faudra un jour que je perde cette manie. « Pardon, je t’en prie, poursuis. » Fort heureusement, le tatoueur n’a pas attendu pour continuer le fil de la réflexion concernant ces écailles de Dent-de-Vipère qu’il ne sait où se procurer. À moins que je ne lui en rapporte à mon prochain passage à Londres. Mais tout dragonnier que je sois… j’avoue un peu d’appréhension à la pensée de ces aiguilles qui vont s’enfoncer sous ma peau et de la douleur qui va en résulter. Douillet, moi ? Pas du tout. Enfin, pas vraiment… Disons qu’en bon Gryffondor, je préfère subir en une seule fois ! Alors, évasif, je botte en touche.  « Slug & Jug, c’est une bonne solution. C’est chez nous qu’ils se fournissent. » Reste à savoir ce que cette encre aux futurs reflets cuivrés viendra représenter…

Un dragon donc.
Josiah s’empare de son carnet avant de me faire asseoir. L’idée semble classique, évidente. Presque cliché. Mais à mes tergiversations répond le sourire immense de Josiah qui chasse un peu mon hésitation à lui confier cette idée. « Pas forcément hyper réaliste non plus… Je ne sais pas vraiment, en fait. » Tout en réfléchissant, il noircit déjà des pages de son carnet à une vitesse folle mais du fauteuil où il m’a installé, impossible d’apercevoir ses croquis, ni même d’en deviner les contours. Alors à défaut d’impatience, je me renfonce contre le dossier, l’écoutant me conter ses pérégrinations londoniennes de l’année 1999. « C’est vrai, je me souviens que tu avais évoqué ta boutique… Mais je n’imaginais pas une seconde qu’elle soit sur le Chemin de Traverse ! » L’anecdote n’était pas venue dans la conversation, sans doute. D’autant que dans ce chaos qui le poussait hors des frontières anglaises, ce marasme ayant ébranlé le monde magique britannique, ni lui, ni moi n’avions envie de nous appesantir sur les raisons ayant abouti à notre rencontre au bout du monde. Et puis, il avait tellement de choses à dire, tellement d’anecdotes et d’images colorées de cette Afrique natale que le vieux Royaume-Uni avec sa grisaille et sa guerre ne pesait guère le poids.
« Du coup, tu t’es installé ici pour de bon ? Le soleil de la Nouvelle-Orléans ne te manque pas trop ? » Après l’avoir rencontré sous de si ensoleillés auspices, je peine à vraiment l’imaginer évoluer au quotidien dans le temps morne de Londres – Merlin, je crois que je ne pourrais jamais habiter cette ville où le ciel et les buildings se battent pour savoir qui sera le plus gris et le plus déprimant ! Mais si Josiah est là depuis cinq ans, c’est qu’il doit y trouver son compte j’imagine, aussi surprenant que cela paraisse. Et sa boutique en est une preuve éclatante. « Tu sembles avoir bien réussi. La boutique est superbe et de ce que m’a dit mon frère, elle fait partie des plus réputées dans le coin. Et Percy n’est pas du genre à jeter des compliments aux botrucs. » Sauf à sous-entendre la qualité de son cadeau mais je peux bien donner un peu de crédit à mon cadet ! « D’ailleurs, si à l’occasion tu souhaites refaire ton stock, tu peux m’envoyer un hibou. On vend des dents, des griffes… Et des écailles, bien sûr. De plusieurs espèces différentes, de mue ou de dragons décédés. » Les premières étant connues pour leur brillance et leur fraîcheur, les secondes pour leur puissance, chacune trouvant acheteur pour divers usages mais je doute d’avoir besoin de l’expliquer à mon ami.

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
pictures : La flamme de mes souvenirs [Josiah] Voodoo-ppl
Jeu 27 Aoû - 1:08




La flamme de mes souvenirs
Josiah fila chez Slug & Jugg acheter les trois ou quatre écailles de Dent-de-Vipère du Pérou, dont rêvait Charles et qui seraient sans doute absolument parfaites pour l’ouvrage. Il le laissa seul dans sa boutique, ne craignant vraiment rien de sa part. Le dragonnier y trouverait sans doute un book ou deux desquels il pourrait tourner les pages pour y regarder les tatouages. Il y avait dans ces albums de présentation des dizaines et des dizaines de croquis, tous réalisés de la même façon, avec son crayon gras et sur les pages de son carnet, dûment arrachés de leur ventre après réalisation pour être affichées entre les pages plastifiées du classeur.

***

Ce ne serait toutefois pas dans un book qu’on trouverait le futur tatouage de son Lion des villes. Pour lui, il ferait le dessin sur l’instant, selon l’inspiration que lui donneraient les dieux. Il s’appliqua alors à dessiner des dizaines de corps, des dragons à l’envergure plus ou moins grandes, aux ailes aussi reptiliennes qu’il pouvait se les imaginer, aux corps écaillés et aux iris fendus. Il n’avait jamais vu de dragon, pas pour de vrai, en tous cas, seulement dans des grimoires de son école ou dans des films moldus. Alors, de toute façon, il ne pourrait se servir que de son imagination pour les dessiner, ne pouvant pas les tirer d’un souvenir précis. Charles le rassura sur ce point : ce n’était pas l’hyper-réalisme qu’il cherchait. En multipliant les croquis, Josiah se donna aussi une idée du mouvement qu’il allait pouvoir donner au tatouage grâce à sa magie. A ce propos, il lui fallait plus d’informations : « Tu veux le placer où, le tatouage ? Que je me fasse une idée de la taille. Plus il sera grand, plus il y aura d’encre, en somme, et plus il sera puissant. De la même façon, plus je l’animerai, plus j’y mettrai d’encre, et plus, donc, il sera puissant. Comme une carapace, si tu veux. Plus il y a de couches, plus il y a d’écailles intriquées les unes aux autres, plus c’est protecteur. » C’était par cette métaphore qu’il expliquait la magie de ce tatouage, la plupart du temps. Se rappelant toutefois du métier de son interlocuteur, sans doute mille fois plus expert que lui sur les reptiles et leurs écailles, il releva la tête, rougissant un peu : « Enfin, je crois, que c’est comme les carapaces, tu me diras si je dois revoir mes explications… ».

Les deux jeunes hommes s’épanchèrent ensuite sur ce qu’ils étaient devenus, Josiah racontant ses allers-retours entre les Amériques et la mère-patrie, good old england. Charles s’étonna qu’il ait finalement préféré la grise Angleterre à la lumineuse Nouvelle-Orléans. « Ca n’a jamais été chez-moi, à proprement parler, la Nouvelle-Orléans. J’y ai eu un appartement, un moment, mais c’était plus un pied-à-terre qu’autre chose. Quand j’ai eu terminé de faire le tour du monde, quand je me suis dit que j’avais suffisamment appris, je me suis vite installé ici. La guerre m’a un peu dérouté, mais finalement, c’est ici que je me sens le mieux. Pour l’instant, en tous cas. » Ou plutôt, jusqu’à ce qu’on le traîne ailleurs. Jusqu’à ce que @Nasiya Abasinde implose sous le ciel trop gris pour lui du Royaume-Uni. Josiah ne survivrait pas à une nouvelle dispute à ce sujet, d’autant qu’aucune alliance ne viendrait les empêcher de se séparer une énième fois. Il ne survivrait pas, alors il le suivrait. Il le suivrait jusqu'au bout du monde, même si Nasiya était un con qui ne se souvenait pas de sa propre cérémonie de mariage.

Charles évoqua son frère et lui fit quelque éloge. Josiah n’aimait pas trop ça, alors, par humilité certainement, il ne répondit rien, et entama un nouveau croquis. Il finissait par toucher du doigt quelque chose qu’il lui plaisait. Ses mains étaient grasses à cause du graphite, il pressait les traits qu’il traçait avec son crayon pour remplir de couleur les ailes. L’encre aurait bientôt fini d’être réchauffée, et ils pourraient commencer.
Charlie lui proposa un partenariat qui avait deux avantages : le premier, celui de ne plus avoir à acheter ses écailles auprès des Slughorn ou auprès de l’apothicaire de Godric’s Hollow mais plutôt de les avoir directement à la source, et le second, celui de pouvoir rester en contact avec son Lion des villes. Deux avantages non négligeables. « ça serait extra, Charles ! Tu m’enverras tes tarifs, que je tenterai sûrement de négocier. Et puis si tu me trouves des éléments que je n’ai jamais utilisé, comme ces écailles de Dent-de-Vipère, je t’enverrai mes notes à leur sujet. Pour te dire quelles sont leurs caractéristiques spécifiques, pour le tatouage. Ça sera super. » A ce propos, il fallait qu’il écrase les écailles et qu’il les glisse dans la préparation. Il laissa alors son cahier devant lui, ouvert, laissant entendre à Charlie qu’il pourrait le feuilleter. Il fila dans l’arrière-boutique, et sorti son mortier de ses étagères pour produire une poudre brillante et mordorée à partir des écailles. Toujours derrière son rideau, il dit, sa voix se faisant un peu forte, pour que Charles l’entende : « C’est ton petit frère, Percy ? C’est mignon, il essayait de pas le montrer, mais il était très inquiet pour toi, ça se voyait. Tu en as d’autres, des frères ? » Josiah posa la question innocemment, songeant surtout à son frère à lui, celui qu'il connaissait le mieux, le fils que sa mère avait eu avec son mari américain. Il aurait aimé que le mioche se préoccupe de lui comme Percy de Charlie. Mais en attendant que son adolescence se termine, et donc qu'il s’y autorise, ça serait sûrement à lui, en tant que grand frère, de s’en charger. Ça faisait un moment qu’il ne l’avait pas appelé. Il se promit qu’il le ferait.

Josiah glissa les écailles dans la préparation ; elles créèrent comme un film pailleté sur l’encre. Il se servit d’une brindille de botruc séché pour remuer un peu la mixture, pour qu’elles nourrissent toute l’encre de leur magie. Puis, il revint vers son Lion, mais ne se rassit pas à côté de lui. Il était temps de passer aux choses sérieuses. « Tu peux enlever ton t-shirt, s’il te plaît, je vais regarder comment placer le tatouage ? » lui demanda-t-il, avec autant de sérieux qu’il le put. Ç’aurait été mentir que de prétendre qu’il prononçait ces mots sans se souvenir de la dernière fois qu’il l’avait vu à demi-nu. L’image était marquée dans son crâne ; il n’avait pas vu beaucoup d’hommes à demi-nus depuis lui. Ç’aurait aussi été naïf de croire qu’il parviendrait à dire cela sans la moindre once de sensualité dans sa voix. C’est qu’il avait rencontré et connu Charles dans un moment particulièrement sensuel, cela va sans dire, et qu’il le retrouvait dans un autre moment où les sens devaient être en exergue. C’était ainsi qu’il travaillait, ainsi qu’il se considérait comme un artiste. Avec ses sens en éveil, le toucher en premier lieu, bien sûr, et la vue faisant le reste du travail. Il y avait quelque chose d’érotique, souvent, dans le tatouage, ou dans la façon dont il choisissait de s'y appliquer, en tous cas. Il y avait ce masochisme exquis du client qui aime se faire pénétrer de cette encre magique, et le sadisme absolu du tatoueur qui prend son plaisir à voir son art tordre le visage de son client.

Charles se dévêtit, et il sembla à Josiah que sa mémoire lui faisait défaut. Il se souvenait d’une peau blanche, couverte de tâches de rousseur, qu’il avait cru retrouver chez Orso. Au lieu de ça, il se trouvait face à une peau brunie par le soleil, par la terre et par la suie. Il l’avait remarqué, sur son visage et sur ses mains ; il ne s’était toutefois pas attendu à voir l’entièreté de son corps aussi tannée. Et puis, il y avait ces marques plus claires, certaines blanches et presque lisses, qui lui semblaient familières et qui se confondaient avec sa peau, et certaines autres, plus boursouflée, roses, récentes, et même une, juste là, encore un peu verte. Fraîche. Des brûlures de dragon, par Ogun.
Ça semblait soudainement faire plus de cinq ans qu’ils ne s’étaient pas vus. C’est sûrement ce qui lui permit de s’approcher de Charles sans craindre de se laisser tomber dans quelque contact qui ne serait pas professionnel. Il devait examiner ça de plus près. Il se pencha alors, posant sa paume chaude contre sa peau, avant de la tirer, de la frotter, de poser une seconde main et d’approcher son regard. Sous toutes ces couches de Soleil et sous toutes ces cicatrices, il y avait ces petits grains pigmentés, ces petites tâches de rousseurs. Josiah sourit en les apercevant.

« Charles, ta peau … Par Ogun, ça va être sublime. »

Il avait rarement connu ça, et pourtant, il avait vu des milliers de corps nus et en avait touché au moins autant. Son examen terminé, il se recula de quelque pas, pour se faire une idée finale de la taille que devrait prendre le tatouage pour être suffisamment grand pour être efficace, et suffisamment petit pour qu’il ne dévore pas l’entièreté de cette peau magnifique. Ce faisant, et presque par inadvertance, ses mains s’ouvrirent et ses doigts s’écartèrent pour laisser apparaître au plafond de sa boutique ses paumes. Comme habitées par la magie du lwa du feu, toutes ses chandelles brûlèrent d’un seul coup d’une flamme plus intense.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | 1587 mots + inventaire


HRP : la question sur les frères risque d'appeler une réponse particulière. Si c'est le cas, et/ou si tu le souhaites, j'enlèverai toute la partie à partir de ["Josiah glissa les écailles dans la préparation..."] , pour que nous puissions poursuivre sur ce sujet. De toute façon, je pourrai la reposter plus tard, ce ne sont "que" ses sentiments et ses pensées par rapport à la peau de Charlie.

Invité

avatar
Invité
Sam 29 Aoû - 15:50


La flamme de mes souvenirs

@A. Josiah N'da

17 février 2004


L'absence de Josiah ne dure guère plus d'une dizaine de minutes, me laissant le temps de feuilleter ces carnets qu'il m'a désigné avant de filer. Page à page, dessin après dessin, l'ampleur de son talent se révèle et me tire un sifflement appréciateur. Motifs abstraits, arabesques, roses et autres compositions florales, prénoms et citations de tout genre, animaux et créatures allant du plus mignon au plus dangereux... Quel que soit le sujet et l'intention, chaque esquisse respirait le soin et la volonté d'en faire une pièce unique, consacrée à conter l'histoire de son porteur. Merlin, moi qui n'avais jamais envisagé la possibilité de marquer ma peau de la sorte, devant cette profusion je suis heureux de sauter le pas aujourd'hui. Et plus heureux encore de le faire entre les doigts experts Josiah qui semble définitivement acquis à être l'homme de mes premières fois !

Avec tant de crocs, de griffes et de flammes dans les prunelles, je rends ses croquis à Josiah, le laissant crayonner encore tout en m'exposant la théorie de cette protection qu'il appliquera sur mon épiderme. Sa gêne subite, à peine perceptible sur sa peau sombre, me tire un sourire amusé et je hoche la tête, rassurant. « Tu n'es pas loin de l'idée, je vois ce que tu veux dire. » Avant de remonter la manche de mon tee-shirt pour dévoiler le haut de mon biceps et mon épaule gauche. « Je l'imaginais ici... ? Enfin, si ça te semble approprié ? » La question reste suspendue, dans l'attente de son avis de professionnel. Car si je maîtrise la notion de carapace et de protection par l'imbrication des écailles, en son domaine je suis un parfait ignorant. Après tout, peut-être y a-t-il des zones du corps plus propices à ces enchantements tissés par l'encre ?

Laissant tout loisir à Josiah de se prononcer à ce sujet, je l'écoute m'évoquer son installation en Angleterre et la vie qu'il s'est construit ici. Je le comprends, au fond. Avoir un endroit sur cette planète où l’on se sent chez soi n’a pas de prix. Il m’a fallu longtemps pour le réaliser, plus longtemps encore pour le comprendre, trop habitué que j’étais à ce luxe qui n’appartient pas à tous. Le Terrier, Poudlard, la Réserve… Avec qui il espère négocier, vraiment ? Cette idée me fait rire, connaissant l’intransigeance de Diego, notre responsable des ventes. Jamais connu quelqu’un qui soit à la fois si désinvolte dans sa vie de tous les jours, et si implacable en affaires. « Tu peux toujours essayer, mais je te souhaite bien du courage ! En passant par nous, tu auras la meilleure qualité, la meilleure fraîcheur et des prix forcément inférieurs à ceux des revendeurs. Ça m’étonnerait beaucoup que les Slughorn ne gonflent pas les prix ! Mais toutes les données que tu pourras m’envoyer seront les bienvenues ! » L’évocation de mon collègue, de notre habitat laisse tout loisir à mes pensées de poursuivre leur cours. C’est vrai que j’ai eu cette chance d’avoir toujours un endroit à considérer comme « chez moi », d’une manière ou d’une autre. Et au fond, cela me semblait normal. Ce n’est que lors de mon tour du monde que j’ai réalisé qu’il est loin d’en aller de même pour tous. Et lorsque les miens se sont déchirés… Que le Terrier est devenu un lieu de discorde plutôt que d’accueil, j’ai compris réellement ce que je perdais.
C’est à peine si je réalise que Josiah est repassé de l’autre côté du rideau, avant que sa question ne me cueille, parfait écho à mes pensées. Son impression me fait d’abord lever un sourcil surpris. Percy, inquiet pour moi ? L’idée semble presque… absurde. Et pourtant, à bien y réfléchir, je me souviens de son regard effaré en découvrant la balafre qui barrait mon dos de haut en bas. Au fil des années, chaque dragonnier récolte son lot de blessures de guerre, d’éraflures. Aucun de nous ne peut s’en prémunir, mais à force de côtoyer nos dragons, nous apprenons à éviter les accidents les plus graves. Celle-ci… aurait bien pu l’être, si mes collègues n’étaient pas intervenus à temps pour calmer le Vert Gallois qui voyait visiblement ma présence ce jour-là d’un très mauvais oeil, alors que je bandais sa patte. En temps normal, j’aurais perçu sa nervosité, je me serais méfié… Mais c’était au retour du Terrier, après cette dispute aux proportions inimaginables vers laquelle mes pensées revenaient sans cesse. C’était une erreur de débutant, que je n’avais plus fait depuis des années et qui a manqué de peu de m’être fatale – loué soit Godric pour la réactivité de Sullivan.
Alors à bien y réfléchir, il n’est peut-être pas si aberrant que ce cadeau de Percy en dise plus long sur ses inquiétudes que je ne le pensais. Absorbé par cette idée, je réponds tout machinalement. « J’en ai cinq en tout. Enfin… » La rectification me vient tout naturellement, avant que je ne la repousse d’un froncement de sourcils. Cinq frères. Pas quatre, qu’importent les épreuves. Et dernière, mais non des moindres… « Et une petite sœur. » Un sourire plus franc éclaire mon visage à la pensée de son indignation si j’osais ne pas la mentionner… Et de sa réaction future quand elle découvrira le tatouage !

Et à ce sujet… Le temps semble venu pour que commencent les choses sérieuses. À commencer par mon tee-shirt qui n’a plus sa place ici. Centimètre après centimètre, les joues empourprées, je m'exécute dans un geste lent qui doit moins aux souvenirs qu’à une pudeur nouvelle. À grandir entouré d’autant de frères, on pourrait croire que ce genre de retenue n’aurait pas sa place. Comment être pudique quand tout un chacun débarque dans la salle de bain à tout bout de champ quand vous êtes sous la douche – et ne nous mentons pas, si les jumeaux avaient un instant eu l’impression qu’ils pouvaient me déranger de la sorte, ils ne s’en seraient pas privés ! À l’époque où j’ai rencontré Josiah, ce n’était toujours pas une notion dont j’étais très familier. Je découvrais depuis quelques années seulement le fait de vivre seul – Poudlard n’étant pas plus propice à l’intimité que le Terrier ! Et je voyais alors les quelques cicatrices sur ma peau comme autant de blessures de guerre dont être fier.
Mais les années ont filé, les marques se sont multipliées à outrance et sont devenues de plus en plus difficiles à accepter. Pas devant mes collègues dragonniers, dont les peaux sont aussi martelées que la mienne, ni devant ceux que je connais depuis suffisamment longtemps pour qu’ils aient vu l’évolution s’opérer. Mais devant des yeux nouveaux – ou presque –, l’état de mon épiderme, de mon dos en particulier, devient de plus en plus difficile à assumer. Aussi n’est-ce qu’un « Si tu le dis… » à peine marmonné qui répond à l’exclamation enthousiaste de Josiah.
Les flammes des chandelles, sur un geste du tatoueur, se font plus vives, plus chaudeq. Et comme une curieuse réminiscence née de ses doigts fin, je me surprends à lui murmure « Je te fais confiance… », comme je l’ai fait il y a si longtemps, sous d’autres cieux, d’autres lumières.


HRP : Désolée, il n'est pas ouf du tout ce post, tu me diras si tu veux que je modifie quoi que ce soit :smi40:

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 1086
pictures : La flamme de mes souvenirs [Josiah] Voodoo-ppl
Mer 9 Sep - 17:43




La flamme de mes souvenirs
De ce que sous-entendait Charles, il n’y aurait pas de négociation possible – Josiah essayerait quand même, ça n’était pas dans ses habitudes de laisser trop facilement les sorciers occidentaux mener le business. Il haussa les épaules, puis secoua le crâne d’avant en arrière, satisfait que Charles accepte de recevoir les éventuelles données qu’il pourrait lui envoyer. Josiah était un chercheur, il aimait ça, et il était certain que les nouveaux ingrédients que pourraient lui envoyer la Réserve roumaine sauraient satisfaire son appétit scientifique.
Charles et lui resteraient en contact, ainsi. Et plus que ça, ils apprendraient même à se connaître ; d’abord aux travers de leurs emplois – l’anglais verrai dès aujourd’hui comment le tatoueur vaudou travaillait – mais aussi, désormais, en s’échangeant des banalités. En discutant. Josiah avait un doux sourire aux lèvres. Il aimait tant le voir là, son Lion. Chez lui, et de façon plus nette qu’à la Nouvelle-Orléans. Sur son territoire, il pouvait ainsi dire. A sa merci, presque, bientôt, en tous cas. Charles avait cinq frères, disait-il, et une sœur. Les yeux de Josiah s’écartèrent, et ses sourcils se haussèrent. Pas communes, les familles de sorciers européennes aussi étendues. Il compta sur ses doigts : sept gamins, alors. Rien à voir avec sa fratrie à lui, mais tout de même conséquente. Une pensée semblait vouloir effleurer sa conscience, comme si un Lwa lui chatouillait le cerveau, avec cette grande famille de rouquins qui lui rappelait quelque chose. Le Malin plaçait quelque chose sur le bout de sa langue, mais Josiah n’était pas encore prêt à l’accueillir. Alors il répondit une banalité : « Sept rouquins, alors ? Vous devez tous êtres plus irrésistibles les uns que les autres … » Josiah avait un faible pour les roux, et surtout, pour Charles qui rougissait. Avec cette remarque, il était certain de voir la peau de ses joues chauffer, délicieuse vision.

Pas aussi sublime que son corps, toutefois, désormais à moitié dévêtu face à lui. Josiah touchait la peau de Charles, examinant la zone qu’il avait désignée comme étant celle qui accueillerait le tatouage. Le haut de son épaule, son biceps. Il pourrait mettre le corps de l’animal sur son dos, une aile sur le muscle et l’autre dans le cou. Ou, à l’inverse, le corps grimpant depuis le haut du bras pour atteindre l’échine … Josiah arracha une page de son cahier, sur laquelle il avait dessiné un dragon à peu près à la taille voulue : il fallait voir avec son Lion ce qu’il préfèrerait. Il posa la page contre sa peau, sur l’avant, puis sur l’arrière. Charles pouvait voir son reflet dans le très long miroir plain-pied. « Je ferai le tatouage à main levée, c’est juste pour te faire une idée. Tu veux le voir, ton dragon ? Ou tu veux qu’il te protège, là, dans ton dos ? Je ne t’ai pas demandé, d’ailleurs : tu veux qu’il bouge ? Pas beaucoup, je peux le caler sur ton rythme cardiaque, si tu dors, il dort, si tu t’agites, lui aussi. A priori, tu le retrouveras toujours plus au moins sur ton épaule, mais s’il fait des siennes, tu reviens me voir. » Les tatouages d’encre, il saurait les gérer. Les vrais, en revanche, ceux qui étaient véritablement couverts d’écailles et qui faisait des dizaines de mètres de long, il les laissait bien volontiers à Charles. Ils se tenaient tous les deux debout devant le miroir, leurs regards se croisèrent dans le reflet. S’il avait su, ce matin-là … « Tu décides, et je m’exécute. » Josiah laissa la page entre les mains de Charles, qu’il puisse se représenter un peu ce qu’il voudrait, avant d’entamer une série d’allers et retours entre son atelier et son fauteuil à tatouage. Il écrasa les écailles qu’il glissa dans la préparation, apporta un petit bol d’eau, un lange et quelques compresses stériles, il choisit la machine qu’il utiliserait, les aiguilles, et, finalement, quand tout fut prêt, il chargea l’encre dans le réservoir en verre du dermographe.

Le fauteuil à tatouage était situé dans une petite alcôve, qui était en réalité le pied d’une tourelle de deux étages et demi qui s’échappait de sa masure. Trois fenêtres à vitrail venaient apporter une lumière jaune dans l’espace. Josiah s’écarta un peu du fauteuil pour vérifier que tout était à sa place, avant d’appeler le dragonnier à s’installer. Il jeta un œil à ses vitraux, tentant d’apercevoir quelque chose à l’extérieur ; c’était impossible, mais ce fut ce qui permit à son esprit de s’évader un moment. Qui eut pu croire que Legba lui ferait croiser la route de Charles Weasley ce jour-là … et pourquoi faire ? Charles Wealsey … Charles Weasley ! Josiah fit volte-face. « Oh, mais je les connais, en fait, tes frères ! Les deux, qui bossent à côté, là, aux Farces et Attrapes, ce sont eux, c’est ça ? Par Legba, les dieux sont farceurs, avec moi, aujourd’hui... » Cela ne faisait pas une semaine que Josiah avait décidé de rompre toute alliance avec les frères Weasley. Ronald Weasley lui était toujours apparu comme un bonhomme austère et traditionnaliste depuis qu’il avait récupéré la place de son frère décédé à la guerre. Il s’était rangé aux côtés de l’Enchanteresse et avait fermement défendu Reissen et, le 9 février dernier, à l’occasion du discours du Ministre, il s’était ridiculisé – à l’avis de Josiah, en tous cas – en lavant son linge sale en public. Le tatoueur n’avait plus voulu de lui comme partenaire et lui avait ainsi fait parvenir un courrier bien senti où il lui exprimait sa pensée. Ça faisait quelque chose comme trois ou quatre ans, pourtant, qu’ils travaillaient ensemble. Ce partenariat avait été discuté dès les premiers jours de l’ouverture de Voodoo’s Child sur le Chemin de Traverse, et s’ils n’avaient pas pu le mettre en place tout de suite, faute de fonds de part et d’autre de l’échange, ça avait été discuté à l’époque des jumeaux Weasley, déjà. Weasley, par Legba. Encore un. « Et … comment s’appelait-il, déjà ? Frederick ? Il a été l’un des premiers à m’accueillir, quand je me suis installé sur le Chemin de Traverse, pendant la guerre. Par Legba, si j’avais su, Charlie, si j’avais su … » S’il avait su... quoi ? Il n’aurait rien dit ? Il n’aurait jamais couché avec lui ? Il n’aurait pas évoqué sa fratrie ? Il n’aurait rien fait payer à Percy ? Il chercha dans le regard de son Lion comment terminer sa phrase, mais ne su quoi ajouter. Ne restaient que quelques secondes suspendues, que Josiah brisa d’un mouvement bruyant de tissu. « Aller, vient t’installer. Excuse-moi d’avoir parlé de tout ça, c’est simplement que … Enfin, je reconnecte tous les points de cette histoire. »

Ils s’étaient aimés, l’espace de deux jours, à la Nouvelle-Orléans. Ç’avait été un moment hors du temps, très particulier, et Josiah ne s’était jamais bien expliqué pourquoi les dieux avaient choisi de mettre cet homme, blanc, hétérosexuel, anglais, sur sa route. Ça semblait s’éclairer, maintenant.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | 1278 mots + inventaire

Contenu sponsorisé

Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum