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Quand le lion s'associe au cafard ft. Djouqed
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
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Lun 13 Avr - 15:44

Quand le lion s'associe au cafard

Ou le guépard au scarabée



Les parchemins sont étalés partout sur le sol, des gribouillis d’encre annotant, raturant, soulignant dans de grands gestes effrénés les schémas, quantités et théories qui s’y alignent. Noah, tête entre les mains, est assis à même le sol, et ses yeux rougis par la fatigue ne quittent pas le bazar du regard. Il relève la tête vers moi, au bout de longues minutes de silence, et sa voix est lourde de sommeil quand il grommelle :

- On ne va pas aller plus loin cette nuit, mon grand.

Mes yeux se plissent, et je m’écroule au sol, à ses côtés, un long soupir s’échappant. Il a raison, je le sais bien. Des heures que nos boules de lumière tentent tant bien que mal de nous éclairer quelque chose, dans cette nuit noire, des heures qu’on recopie assidûment les notes de mes voyages, faisant mille et unes associations – et pourtant, je ne voulais pas m’arrêter. Un feu dévorant m’a envahi, depuis que nous sommes rentrés du Mexique, et le projet que j’avais peu à peu relégué au fond de mes préoccupations est revenu de plein fouet me passionner. C’est tout de même plus exaltant, de chercher à plonger dans l’entre-deux des vivants, dans l’autre-monde des âmes, pour y découvrir tous les artifices des rêves, que d’enchaîner, sans réfléchir, les commandes de mes habitués.

Alors, je l’ai supplié, après la fermeture de la boutique, de m’apporter son aide, encore, comme au bon vieux temps. Josiah (@”A. Josiah N’da”) est resté, l'espace de quelques instants, dessinant depuis le fauteuil, nous couvant du regard, me donnant l'impression qu'enfin la tempête était passée, avant de disparaître sans même que je ne m’en aperçoive, captivé par nos recherches. La fin février approche presque, et il me faut tirer au clair certaines informations, si je veux que mon voyage pour l’Inde aux alentours de Pâques, avec ma douce Murphy (@”Hekate Murphy”), me soit véritablement utile. J’ai plongé sans trop savoir à quoi m’attendre dans l’univers mexicain, et si la découverte a été extatique, j’en arrive à un stade de connaissances où des ajouts sans dessus dessous ne valent rien.

Cette nuit, pourtant, l’ordre que je souhaite donner à tout ce procédé semble encore bien lointain. Épuisé, les piaillements des oiseaux résonnant déjà depuis la cour arrière, je reste au sol, yeux fermés, bras croisés. Il y a un miaulement, dans le fond, qui me fait relever les paupières, et Noah n’a à peine le temps de grogner que je n’ai pas intérêt, que mes doigts claquent, et la porte arrière de l’atelier s’ouvre. Déjà, les coussinets légers d’Ilanga se mouvent sur le sol, évitant soigneusement les feuillets au sol. Il s’approche, vient se caler sous mes doigts, et ronronne de plaisir devant mes caresses cycliques. La chaleur de son corps de chat, blotti près de mon torse, m’apaise aussitôt, et ses ronronnements calment mon esprit qui, peu à peu, se laisse aller à la tranquillité.

J’entends, à ma gauche, la respiration lourde de Noah qui prend un rythme plus régulier, et de brefs ronflements lui échappent, une fois toutes les dix respirations. Un sourire s’étire sur mes lèvres et, la main toujours posée sur le nouvel habitant d’Ô Marchand’Sable, qui semble vouloir suivre le rythme des ronflements de Noah, je replonge avec nostalgie dans les souvenirs de ses années passées, dans les ateliers de Uagadou, dans les chambres d’hôtels des pays inconnus. Je ne dors pas vraiment, mais mes yeux sont clos, et mon cerveau a la décence de ne pas me plonger dans mille et unes horreurs. Il est bien trop tôt quand, le corps cassé en deux de ne pas avoir bougé du sol, Noah sursaute, se redressant soudainement. Il grogne, posant un regard sur moi, et son air agacé se renforce davantage quand il pose les yeux sur la lourde horloge accrochée dans l’escalier.

- Merde, on ouvre dans dix minutes.

Un feulement agacé échappe à la boule rousse qui pionce comme un bienheureux à côté de moi lorsque je me redresse à mon tour, la perturbant dans son sommeil. Ses yeux s’ouvrent, semblant me dévisager de haut en bas, de sa hauteur de boule de poils, et je farfouille dans une poche pour lui tendre une friandise. Il l’observe, conscient de ma tentative d’amadouement, mais finit par se lécher les babines et croquer dedans. Je me détourne, le laissant à son bonheur, et m’étire avec un long grognement.

- C’est parti, alors. Tu veux prendre ta matinée, petit vieux ?

La moquerie m’a à peine échappée que Noah vient me claquer la nuque, et je me retrouve avec l’air d’un garçon de douze ans, honteux d’avoir moqué son père. Il a les yeux toujours bougons, mais les traits un peu moins agacés, quand il me dit de filer, qu’il s’occupe des premiers clients.

Il est dix-huit heures quand, à court d’énergie, Noah se laisse tomber sur la chaise derrière le comptoir. D’un geste, je pointe le panneau sur la porte, le faisant pivoter pour qu’il indique un joli “fermé” à tous clients tentés de pointer le bout de leur nez en ce début de soirée.

- Allez, c’est terminé pour aujourd’hui. Je te paie un verre, ce soir, pour te remercier. Avec un bon whisky, d’ici deux heures, tu rejoins les bras de Morphée sans aucune autre aide de ma part, lui soufflé-je, me faufilant dans l’atelier pour décrocher les capes qui y pendaient.

Je cherche du regard Ilanga – l’animal est calé près du feu du chaudron, semblant profiter de la chaleur qui en émane.

- Je te laisse là, mon tout beau, je vais traîner le papy au bar.

Noah commence à râler, mais déjà ma main est sur la sienne, et mes pieds nous guident sans plus attendre vers la belle Helen. À cette heure-ci, le bar doit accueillir plus de monde que le Chaudron Baveur, davantage plein en journée, nous assurant de rester tranquille – et, surtout, c’est peut-être un des seuls endroits dans ce pays à servir autre chose que de la bière mal servie. Rapidement, on se cale à une table, dans un coin, une bonne dose de whisky à déguster.

- Masinwabe ! je m’exclame, trinquant avec un grand sourire.

Si Noah est plus fatigué, son enthousiasme plus mou, il répond tout de même, et ses traits s’apaisent encore davantage quand l’alcool lui tape le gosier. Mon regard se perd dans l’horizon, observant ça et là les visages connus et inconnus qui traînent au Helen Legs. Mon mentor lâche quelques mots sur nos projets de la veille, mais je ne l’écoute déjà plus, mes sourcils relevés avec surprise. Je me penche vers lui, murmurant à toute vitesse :

- Punaise, ça serait pas l’Égyptien, là-bas ? Son nom m’échappe, je grommelle, le fixant avec agacement.
- Djouqed, souffle Noah.
- Djouqed ! que je répète, les yeux pétillants.

Bon sang – si on m’avait dit que je recroiserai cet homme dans la grisaille londonienne, j’aurais rigolé des heures durant. Que fait donc cette force tranquille, mais implacable, parmi les têtes blondes ? Déjà, je serre l’épaule de Noah en me relevant, lui indiquant que je l’abandonnais quelques instants, et mes pieds filent en vitesse vers l’Égyptien, cherchant à l’attraper avec qu’il ne m’échappe à nouveau.

- Djouqed ! je m’exclame, arrivé devant lui, les bras grands ouverts. Qui viens-tu filer ici, vieil ami ?

Vieil ami n’est peut-être pas le mot le plus approprié, mais l’égyptien a au moins le délice d’être un vieux client, et pas des moindres. Mes lèvres se retroussent, semblant de sourire se faufilant sur mon visage. Quelles douces retrouvailles.


@Djouqed 1240 mots
Awful

Djouqed

Djouqed
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Mer 15 Avr - 15:01
Quand le lion s'associe au cafard
@Nasiya Abasinde
Djouqed est des hommes organisés, méthodique et ne laissant rien au hasard. Ses enfants son casés à Poudlard, ses épouses s’installent tranquillement, sa fille aînée lui a assuré qu’elle se débrouillerait pour trouver un boulot au Royaume Uni, mais que son contrat aux States ne finirait pas de sitôt, de toute façon. Tout se place. Tout se met en place harmonieusement. Il a lu le rapport demandé aux personnels de l’ambassade auquel il peut faire confiance. Des euthanatoi… De ses euthanatoi à lui. Ils ne sont pas nombreux, mais Djouqed travaille à les placer à l’ambassade depuis 1998. Aujourd’hui, six ans plus tard, ils sont là pour l’aider à mettre à genoux la couronne Anglaise. Et l’Egypte retrouvera sa grandeur sous la houlette de sa tradition. Une victoire sur le colon. Une victoire sur l’oppresseur hermétique. Tout un programme à mener à bien.

Ce soir, Djouqed a donc choisi de s’aérer l’esprit utilement. Il a entendu parler de plusieurs bars où il pourrait prendre la température. Il en a choisi un au hasard, amusé par son nom. Les jambes d’Hélène lui ouvrent donc ses portes par une belle soirée d’hiver. Il s’est glissé dans la foule, sans réellement passer inaperçu : grand, le crâne rasé, les mains et la gorge tatoués, un anneau d’or à la cloison nasale, des anneaux aux oreilles, un bracelet représentant un serpent autour du poignet. Le métal jaune rehausse la couleur de sa peau. Il est en costume moldu, ça lui donne de l’allure. Il est habitué à porter des vêtements moldus même dans le monde de la magie. Le délire « robes sorcières anglaises », ce n’est pas vraiment pour lui. Et puis il est ambassadeur pour les deux mondes, sorciers et moldus. Autant adapter sa mise.

Il salue le patron au comptoir, prend un verre, discute rapidement avec une serveuse qui bat des cils en le servant. Il la remercie poliment, ne lui accorde pas plus d’un regard. Trop blonde. Il ne s’habituera jamais à ces créatures anglaises à la peau blanche et à la chevelure claire. Ça manque de soleil à son goût. Verre à la main, il déambule, scrute les environs… jusqu’à ce qu’une voix ne résonne tout près de lui. Il a juste le temps de se tourner pour découvrir un gars, aussi grand que lui, la peau sombre, un sourire avenant sur les lèvres. Un de ces visages enthousiastes que l’on n’oublie pas… surtout quand on a pu travailler avec eux. Et c’est soudainement un peu de l’Egypte qui se fraye un chemin dans cette morne Angleterre.

« Djouqed ! Qui viens-tu filer ici, vieil ami ? »

Le diplomate est étonné, mais la surprise s’estompe au profit d’une certaine satisfaction. Avec un gars, comme Nasiya Abasinde, la soirée ne peut que s’esquisser sous les meilleurs augures… et sa petite enquête aussi. A n’en pas douter, s’il y en a bien un qui peut l’aider à prendre la température du Royaume Uni, c’est cette fripouille d’Abasinde ! Il répond à l’accolade de Nasiya.

« Nasiya ! Qu’est-ce que tu trafiques au Royaume Uni ? Je te croyais encore de l’autre côté de la Méditerranée. Viens prendre un verre et me raconter tes dernières aventures ! A qui as-tu fait faire de beaux rêves, récemment ? »

Il l’entraîne vers le bar et l’invite d’un geste. Oui, ce vieux partenaire en affaires est certainement un bon point de départ pour se renseigner. Djouqed se souvient l’avoir de temps à autre payé grassement pour transformer l’agréable rêve d’un de ses clients en le plus terrible des cauchemars. Un petit moyen de pression sur l’un de ses ennemis, une petite vengeance personnelle… Le potionniste avait, dans son souvenir, un talent rare dans son domaine et un code moral aussi souple que le sien. Une aubaine, vraiment, de tomber sur lui.
689 mots

Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
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Mer 15 Avr - 21:01

Quand le lion s'associe au cafard

Ou le guépard au scarabée



Un large sourire éclaire mon visage alors que ma main vient claquer dans le dos de l'étranger. Il a les yeux qui brillent, et je suis confiant qu'il m'a reconnu, le souvenirs de nos manigance passées flottant déjà entre nous. Il répond à mon étreinte, ignorant soigneusement ma question sur sa traque en cours, préférant rediriger la discussion sur moi. Un rire gronde dans ma gorge, mais je me contente de laisser sa poigne me traîner vers le bar, acceptant avec plaisir le verre qu'il m'offre.

- Ah, l'ami, c'est une triste vie que je mène maintenant. Je suis installé ici, petite boutique, vie tranquille. Tout ça pour les beaux yeux d'un homme !

Je secoue la tête, acceptant d'un geste le verre que le barman tend vers moi, même pas surpris de me revoir déjà pour en commander un autre - et avec quelqu'un d'autre. Je tourne la tête vers les sièges où Noah m'attendait, près à l'inviter à nous rejoindre, mais l'espace est vide. Le fourbe en aura profité pour s'enfuir rejoindre les bras de Morphée, au fin fond de son pieu.

- Toutes mes rêveries sont des plus inoffensives, de douces potions à cycles enchanteurs. Rien de grandiloquent - ce pays n'est pas prêt pour ça, je crois, je dévoile, en reposant mes yeux sur lui.

Il détonne, ce bon vieux Djouqed, avec son costume moldu, ses bijoux clinquants, ses tatouages toujours aussi provocants. Si Josiah le croise, il va lui fondre dessus immédiatement. Un soupir m'échappe et je rajoute :

- Nos frasques borderlines sont un bien vieux souvenirs, maintenant. Ordre et rigueur, ordre et rigueur. La plupart du temps, j'avoue quand même, avec une petite pensée pour Engel et la session canapé. Depuis quand ne nous sommes nous pas croisés ? Je n'ai pas été en Afrique depuis…. Trois ans. Wassim est décédé. Je ne sais pas si tu te souviens - c'est l'ami qui m'accompagnait, pendant nos… négociations. Il parlait l'arabe, ça facilitait les échanges avec les tiens, me souviens-je, les yeux virant dans le vide.

Il était rare que seul Wassim soit à mes côtés, lors de mes voyages d'affaires, comme il aimait les appeler. Cette fois là, un été, ou un hiver, je ne sais même plus, Noah s'était embourbé dans sa fainéantise, et avait préféré profiter des douceurs tunisiennes, de leur bord de piscine, plutôt que de vadrouiller avec moi. Ses yeux mordants de jalousie, quand Wassim lui avait raconté, les prunelles brillantes d'enthousiasme, les rencontres que nous avions faites sont encore imprimés sur la rétine. Je pense que je dois lancer les mêmes à Josiah, quand il me parle des années d'avant, des années sans moi. Ca n'arrive pas souvent, mais quand il le fait, je dois y ressembler comme deux gouttes d'eau. Wassim, donc, avait dévoré du regard Djouqed, et s'était imprégné le plus possible des connaissances et de l'intelligence de l'assassin pendant nos quelques échanges. Je ne sais même plus ce qu'on s'était racontés, entre histoires de rêves à monter, manipulations à prévoir et verres d'araq trinqués. Un air nostalgie se fond sur mes traits, et je lui adresse un sourire en coin, reprenant le fil de la discussion :

- Bref, je ne pense pas qu'on se soit vus depuis. Et avant cela… j'ai vadrouillé. Il n'y a rien de mieux qu'un monde inconnu à découvrir et enchanter pour oublier certains beaux yeux.

Je ne le quitte pas du regard, une gorgée de whisky se glissant entre mes lèvres. Autant, que je me sois retrouvé ici, on peut y trouver un semblant de logique. Josiah est là, et nos âmes étaient vouées à se retrouver, quoiqu'on en dise. Djouqed, par contre, avec sa peau bronzée, ses longs cils de méditerranéen, ses doigts qui s'enroulent autour de son rêve - rien que le charisme de ce geste, son assurance explicite, grand Dieu -, Djouqed donc ne sied que moyennement au monde sorcier londonien. Je le relance sur son propre voyage, sa raison d'être ici, espérant qu'il soit un peu plus loquace.

- Et toi, fais-moi plaisir, tu veux, dis moi que tu es ici pour quelque chose d'un peu plus passionnant que moi ? Je me souviens de tes épouses, si je ne m'abuse, je les ai déjà croisées au détour d’un de tes couloirs. Je doute que ce soit pour affoler d'autres femmes que tu aies mis les pieds ici - toi et moi savons combien il leur manque…Un certain charme, je me moque presque, lèvres qui se relèvent. Alors, dis moi : que manigance donc mon grand ami ?

@Djouqed 745 mots
Awful

Djouqed

Djouqed
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Mer 15 Avr - 22:58
Quand le lion s'associe au cafard
@Nasiya Abasinde
S’il y a bien un de ses nombreux partenaires en affaires que Djouqed ne s’attendait pas à voir au Royaume Uni, c’est lui, Nasiya Abasinde. Aux dernières nouvelles, il était basé en Tunisie, avec un de ses potes, Wassim, et un autre dont il a oublié le nom et qu’il n’a pas rencontré… No-quelque chose. Il se souvient que les deux hommes lui en avaient touché un mot lorsqu’ils étaient venus en Egypte. Un potionniste aguerri, paraissait-il, qui formait Nasiya à l’époque, si la mémoire de Djouqed est exacte. Il n’en est plus très sur, désormais. Il oublie parfois ceux qu’il ne croise pas pendant longtemps. Alors il marche paisiblement à côté de Nasiya jusqu’au bar.

« Ah, l'ami, c'est une triste vie que je mène maintenant. Je suis installé ici, petite boutique, vie tranquille. Tout ça pour les beaux yeux d'un homme !  »

Djouqed esquisse un sourire taquin.

« Toi ? Casé ? Non… veux-tu rire ? N’était-ce pas toi dont Wassim me disait que tu ne te poserais jamais plus de dix jours avec le même homme de peur de t’ennuyer, et pas plus d'un battement de cils pour la compagnie d'une femme ? »

Il s’en souvient, de ces discussions. Il se souvient aussi des sous-entendus glissés par le traducteur, et de ses propres refus sussurrés à l’oreille de l’homme, si près, tout près. Il se souvient des frissons d’extase qu’il lui a arraché alors même qu’il se refusait à lui, et il se souvient de l’obsession de l’ami de Nasiya pour lui, jusqu’à la fin de leur séjour. Peut-être, juste peut-être avait-il un peu joué avec ses sentiments sans ne lui donner jamais rien d’autre que des espoirs infondés.

«  Toutes mes rêveries sont des plus inoffensives, de douces potions à cycles enchanteurs. Rien de grandiloquent - ce pays n'est pas prêt pour ça, je crois… Depuis quand ne nous sommes nous pas croisés ? Je n'ai pas été en Afrique depuis…. Trois ans. Wassim est décédé. Je ne sais pas si tu te souviens - c'est l'ami qui m'accompagnait, pendant nos… négociations. Il parlait l'arabe, ça facilitait les échanges avec les tiens. »

Djouqed incline la tête.

« Je suis désolé de l’apprendre. »

Même s’il s’est refusé jadis à lui en prenant un malin plaisir à aviver la flamme de son désir, Djouqed n’est pas un monstre, et il se souvient, avec Nasiya, un temps du visage rieur du sorcier. Un visage bien vite effacé par les affres du temps qui court. La bien triste vérité est que Wassim est bien loin de lui avoir laissé un souvenir impérissable. Sa persistance l’a amusé une poignée de jours avant de s’étioler dans les brumes du temps. Et même lorsque l’homme était là, il n’a jamais bénéficié, au-delà du premier amusement, de plus qu’un intérêt poli. Djouqed suppose que ça a du être bien frustrant pour l’homme. Il faut dire que Nasiya, avec son génie inventif, son exubérance tranquille et son esprit retors était bien plus prompt à éveiller la curiosité de l’euthanatos que son traducteur.

« Bref, je ne pense pas qu'on se soit vus depuis. Et avant cela… j'ai vadrouillé. Il n'y a rien de mieux qu'un monde inconnu à découvrir et enchanter pour oublier certains beaux yeux.Et toi, fais-moi plaisir, tu veux, dis moi que tu es ici pour quelque chose d'un peu plus passionnant que moi ? Je me souviens de tes épouses, si je ne m'abuse, je les ai déjà croisées au détour d’un de tes couloirs. Je doute que ce soit pour affoler d'autres femmes que tu aies mis les pieds ici - toi et moi savons combien il leur manque…Un certain charme. Alors, dis moi : que manigance donc mon grand ami ? »

Évidemment. L’appel de l’aventure. La mémoire d’une nuit passé et de la matinée qui a suivi se fraye un chemin dans l’esprit de l’euthanatos. Le petit jeune, Uriel Lewis, cambré entre ses bras, gémissant sous ses caresses, sa peau nue brillant dans la nuit, albâtre parfait. Ses deux épouses, au petit matin, l’attendant les bras croisés sur la poitrine, les yeux lançant des éclairs. Des explications, de trop longues explications. Un air réjoui se peint sur son visage tandis qu’il sirote une gorgée d’alcool.

« Les femmes d’ici sont décevantes et d’une abjecte vulgarité, il est vrai. »

Le verre claque discrètement sur la table.

« Certains hommes en revanche... »

Les yeux reviennent se poser sur Nasiya.

« Mais tu as raison, je ne suis pas là pour des conquêtes amoureuses. Mes deux épouses m’ont accompagné, ainsi que mes deux plus jeunes enfants dans ce périple londonnien. Je suis arrivé il y a peu, au début du mois, après que mon prédécesseur ait été rappelé au pays pour prendre mes fonctions dans la plus grande discrétion. Bien sur, les sphères en haut lieu le savent, mais il est probable, en effet, que la nouvelle ne se soit pas encore répandu. Je profite donc de ce relatif anonymat pour découvrir un peu la capitale. »

Les doigts se croisent paisiblement sur la table tandis qu’il ménage son petit effet, un sourire en coin sur les lèvres.

« Je suis le nouvel ambassadeur d’Egypte au Royaume Uni, naturellement. » 
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Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
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Sam 18 Avr - 14:36

Quand le lion s'associe au cafard

Ou le guépard au scarabée




Le sourire taquin de l'égyptien, à la mention des beaux yeux qui me font rester ici, fait se gangrener un même sourire sur mes lèvres. Ah, évidemment, difficile de m'imaginer avec un seul homme. Pourtant, déjà à l'époque, toujours finalement, Josiah s'est retrouvé à mes côtés, tantôt adoré, tantôt grogné, là repoussé, ici enlacé. À moins que ? Quand ai-je rencontré Djouqed, déjà ? La mémoire de Noah, moins ébranlée par les drogues consommées durant toutes mes années de vogue, serait bien utile en cet instant. Après 95, peut-être, quand j'ai passé plus de temps que jamais sur les terres du Maghreb - délaissé de Josiah ? Sûrement, finalement, pour que mon art en soit tout de même à un stade capable de s'attirer l'intérêt, les passions parfois, de l'assassin. Les yeux dans le vague, je m'éclaircis la gorge, jouant de l'index avec la chevalière à mon pouce.

- Wassim cherchait probablement à me ménager, car si j'ai beaucoup été dans les bras des autres, c'est toujours la même personne qui finalement arrivait à m'attraper à nouveau. Un petit sourire en coin, à l'image des bras tendus, des mains écartées vers moi, prêtes à ne jamais me relâcher, souvenir de cette nuit d'amour et de confessions, pleine de douceur étoilée, qui survient dans mon esprit. Difficile de s'ennuyer avec quelqu'un comme Josiah… je suis sûr que tu le trouverais intéressant, et quasiment convaincu que l'inverse serait probant.

Mes yeux se fondent sur le corps de Djou, pétillement toujours aussi captivé au fond des prunelles en observant les tatouages qui se révèlent discrètement. Celui au cou, qui m'a toujours surpris, ceux aux mains, plus discrets, tant de formes de tatouages variés, qui sauront sans doute aucun attirer l'oeil passionné de mon aimé. Peut-être devrais-je attendre, toutefois, pour les présenter l'un à l'autre, l'humeur colérique de Josiah ne semblant pas vouloir s'apaiser, ces semaines. L'extase de notre périple mexicain, que je pensais si bien partagée, semble avoir vite quittée mon homme d'ébène, dont les plis agacés ne quittent plus le visage, dont le claquement de porte sur les volte-faces orangés de sa robe de chambre se faufilant hors de nos espaces est toujours aussi retentissant, dont les heures passées à dessiner, loin de moi, dans son atelier, son endroit, où je ne suis pas, semble sans cesse augmenter. Je ne sais ce qu'il lui prend, et déjà mon agacement gonfle, mais je ne dis rien, ne lui demande rien, la peur me gonflant le coeur qu'il se détourne de moi, que nos mots s'échappent trop fort dans cette ville grise qui a déjà couvé trop de nos horreurs.

Mes pensées dérivent, revenant à sa question initiale, et mes mots s'écoulent, lui contant en quelques phrases mes pérégrinations passées, la mollesse de mes potions actuelles. Oh, Noah dirait que je suis menteur, mes gestes étant toujours emprunts de la même excitation lorsque mes mains s'activent à créer nouvelles potions, à penser de nouvelles boucles à mes effets standardisés, mais les temps où les rêves des gens m'étaient vraiment posés au creux de la main sont fort loin. Le souvenir de ces inconscients qui se révélaient à moi, du laisser aller complet de certains individus, de la passion tangible, du flou de plaisir qui envahissait leurs yeux, au réveil - un frisson m'échappe. Je ne lui dis que ces quelques mots, seulement, sur mon âme de vadrouille, lui laissant comprendre comme j'ai voyagé, découvert du monde et effleuré les nuances de tant de cultures.

Un sourire étire les lèvres de Djouqed, dont les yeux semblent brièvement perdus dans des souvenirs peut-être aussi passionnés que les miens. Sa phrase me fait rire, ne pouvant qu'acquiescer, mais un haussement de sourcil trahit ma surprise quand il me parle des hommes. Je ne peux pas l'imaginer pris dans une étreinte avec un homme à la peau pâle, aux joues trop roses des anglais. Qui donc a pu contenter cet homme, qu'il me faut imaginer amant passionné, sur cette terre si morne ?

Déjà pourtant, Djouqed continue, ne s'arrêtant pas sur ces sottises amoureuses, pour venir m'expliquer sa venue ici. D'une lampée, le whisky dans mon verre se trouve achevé, et je fais un geste au barman pour qu'il nous serve une nouvelle rasade, le gratifiant d'un hochement de tête une fois les verres remplis. Mes doigts jouent avec le rebord du verre, tiquant à la mention des hautes sphères. Un rire vient gonfler mes narines quand il s'estime déambuler dans nos rues sorcières avec anonymat, car si sa fonction et ce nom demeurent peut-être inconnus à tous, peu d'individus le laisseront passer devant eux sans s'acharner à découvrir qui il était. Déjà de son teint de peau, il surprend, de ses artifices bijoutiers, il ne peut qu'arrêter l'oeil, et de son charisme impalpable, il rend l'oeil plus curieux encore. Anonymat, foutaises. Mais que cache-t-il, derrière cette mention des hautes sphères, derrière ce suspens de nouvelles ?

- Et donc, alors, qu'est-ce que les gens de la haute savent qui m'échappe ?

Si la patience sait me trouver, quand il faut passer des heures à rechercher, étudier et analyser ce qu'il me passionne, ce mot s'empresse bien vite de cesser de me définir en toute autre situation. Son sourire, son maniérisme, tout me fait savoir que l'annonce est retentissante, et mes yeux se plissent de ce jeu de suspens.

Lorsqu'elle tombe, son annonce, je demeure coi quelques instants, avant qu'un grand rire ne me prenne, secouant mon torse, faisant vibrer ma gorge. Que le Saint Esprit m'entende, si jamais un jour je m'étais imaginé cet homme de l'ombre évoluer en toute légitimité dans ces hautes sphères.

- Bon sang, tu ne cesseras jamais de m'épater.

Entre les demandes qu'il m'a faites, il y a si longtemps maintenant, et si opposées à cette annonce des plus officielles, voilà qui a de quoi me déstabiliser, mais rarement ai-je été aussi ravi.

- Des félicitations s'imposent, mon ami ! J'imagine que tu ne viens pas en simple…. diplomate, toutefois ? Mes yeux, vrillés sur lui, pleins des souvenirs des plans tortueux que nous avions imaginé, sont bien trop parlants. Comment en es-tu arrivé aussi haut, raconte-moi ? J'ai toute la nuit, mais ton homme anglais attend peut-être de te retrouver ? ne puis-je m'empêcher d'ajouter, un air bien trop rieur au visage.

Cet homme, décidément, sera toujours plein de délicieuses surprises.

@Djouqed 1040 mots
Awful

Djouqed

Djouqed
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Sam 18 Avr - 19:05
Quand le lion s'associe au cafard
@Nasiya Abasinde
Comme il fait bon retrouver d’ancien collègues, connaissances avec lesquelles on peut abandonner, partiellement, au moins, les masques policés de la société londonienne. Djouqed s’est détendu en compagnie de Nasiya. Il sait qu’il pourra discuter avec lui de mille et une choses et obtenir un avis précieux sur la situation du pays sans avoir à extirper les vers du nez à un badaud aviné. Nasiya est de ceux qui parlent volontiers pour peu que leur curiosité soit piquée, ou du moins, c’est le souvenir qu’il en a. Parfait. Cela sera au moins une nuit fructueuse… Certainement pas autant que celles qu’il eut avec Uriel, mais ce n’est pas une chose quotidienne, après tout, que de récupérer dans son jeu de quoi faire saigner le camp d’en face jusqu’à l’agonie.

« - Wassim cherchait probablement à me ménager, car si j'ai beaucoup été dans les bras des autres, c'est toujours la même personne qui finalement arrivait à m'attraper à nouveau.  Difficile de s'ennuyer avec quelqu'un comme Josiah… je suis sûr que tu le trouverais intéressant, et quasiment convaincu que l'inverse serait probant. »

Il essaie de se souvenir du peu qu’il connaît sur ce mystérieux « Josiah » qui doit être le partenaire de Nasiya, mais il ne se remémore rien, Djouqed. Ni son métier, ni son allure. Il ne croit pas l’avoir déjà rencontré. Alors il sourit à la boutade sur Wassim et hoche la tête poliment pour Josiah. Les affaires sentimentales des autres ne l’ont jamais beaucoup intéressé quand ces autres ne sont ni ses femmes ni Uriel. Tant que personne ne vient sur ses plates-bandes, chasser ce qui lui appartient, il est content de laisser toute liberté à chacun. Mais bien sur, et il a soigneusement oublié de le préciser à Uriel déjà suffisamment effrayé comme ça par les euthanatoi, s’il croise la moindre femme, le moindre homme dans ses bras, il se fait fort de rayer de la surface du globe l’inopportun. En plus d’être son amant, Uriel est aussi l’un de ses instruments contre les Malefoy, et il n’est certainement pas prêt de le laisser lui échapper. Alors il effleure pensivement son index, désormais nu de la bague qu’il a porté si souvent, si longtemps. Un anneau d’or représentant un serpent se mordant la queue. Il l’a offert à Uriel, ce bijou, l’a passé lui-même à son doigt, et s’est réjoui de l’y voir briller lorsqu’il lui a fait l’amour pour leur deuxième nuit ensemble.

Et puis ils se sont séparés, presque à regret, après deux nuits et une journée hors du temps. Djouqed est revenu auprès de sa famille pour subir une inquisition en bonne et due forme de la part de Dana et Laïla, ses épouses. Et preuve la plus éclatante de sa survie : sa présence, ce soir là, en compagnie de Nasiya dans ce bar à discuter tout à la fois de choses sans importance et d’autres essentielles.

Il le fait mariner, Nasiya, quelques instants, avant de finalement lui lâcher le morceau de sa nomination en tant qu’Ambassadeur. Nasiya reste silencieux quelques secondes, visiblement sous le choc avant d’éclater d’un rire sonore qui remplit joyeusement l’espace.

« Bon sang, tu ne cesseras jamais de m'épater.Des félicitations s'imposent, mon ami ! J'imagine que tu ne viens pas en simple…. diplomate, toutefois ?  Comment en es-tu arrivé aussi haut, raconte-moi ? J'ai toute la nuit, mais ton homme anglais attend peut-être de te retrouver ? »

Djouqed prend une gorgée d’alcool qu’il savoure comme un bon conteur. Il fait claquer sa langue, un sourire aux lèvres, et entreprend de lui répondre.

« Quelle image tu as de moi, vraiment, mon ami ! Mon homme, comme tu dis, ne m’attends pas ce soir : je l’ai quitté ce matin même, à dire vrai, après avoir profité de sa présence deux nuits durant. »

Il n’y a que peu de doute sur l’activité nocturne qui les a occupés. Mais Djouqed ne développe pas plus auprès de Nasiya. Pas comme il a développé son récit auprès de ses femmes, en tous cas, en leur présentant Uriel tel qu’il est : un coup de coeur charnel, émotionnel, une passion dévorante, un trophée, une proie, une obsession, un instrument de sa conquête du Royaume Uni. L’ancien colonisateur ne pourra bientôt plus que trembler au coup fatal qui lui sera porté, et quelle meilleure arme pour cela qu’un des siens passé à l’ennemi ? Oui, vraiment, il ne pourrait peut-être pas comprendre, Nasiya, quelle ivresse voluptueuse il y a à faire tomber dans ses rets l’ennemi colonial pour l’asservir comme il a asservi jadis son peuple.

«  Je viens parfaitement légalement et simplement représenter mon pays auprès de la Couronne Anglaise Moldue et du Ministère de la magie. Rien de sulfureux dans tout cela ! j’ai travaillé sérieusement au Ministère Egyptien toutes ces années, aux affaires étrangères, mon travail a payé, et me voici. »

La voix se fait plus basse, le sourire plus mesuré.

« Après, il est tout à fait possible que l’un de mes travaux au Caire ait consisté en un travail d’enquête rigoureux et minutieux, long de plusieurs années, sur les détournements de fond survenus à l’Ambassade d’Egypte, ici, à Londres, sous la houlette de mon prédécesseur… »

Et une gorgée revient ponctuer le discours.

« Mais dis-moi plutôt, comment t’accoutumes-tu à la vie anglaise ? Je ne peux pas croire que tu ne t’accordes aucune petite distraction par ici. Quels rêves as-tu donc apporté à cette morne et pluvieuse capitale du Royaume Uni ? »

Djouqed sait le talent de Nasiya pour les potions et les rêves… Il sait que Dana y a déjà goûté, jadis, lors de leur rencontre égyptienne, et a lui-même occasionnellement consommé, le temps d’une nuit d’ivresse avec ses femmes, l’un ou l’autre des savants petits flacons de Nasiya. Il ne peut croire que l’homme perde son temps en produits de grande distribution, sans le moindre petit challenge amusant. Il affiche un air entendu, Djouqed. Qui sait, si Nasiya a quelques temps à perdre, peut-être proposera-t-il à Uriel d’expérimenter un peu dans le monde des rêves ? Il est presque certain que ce n’est pas du tout le genre de produit consommé par le trop sage Monsieur Lewis.
 
1004 mots

Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
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Lun 20 Avr - 3:07

Quand le lion s'associe au cafard

Ou le guépard au scarabée



Mes lèvres sont toujours un semblant moqueuse quand Djouqed repose ses yeux sur moi, prenant un temps pour goûter à sa boisson, me laissant encore une fois pendu à ses lèvres. Peu de personnes arrivent encore à m’intéresser suffisamment pour que je ne les presse pas incessamment, ou ne me détourne simplement, et sa maîtrise des silences arrive à m’amuser, à m’enrouler autour de son doigt. J’ai les yeux qui brillent, surpris qu’il m’en dise autant, toutefois, sur cet homme que je moquais. Deux nuits, grand Dieu. Deux nuits avec cet amant. Qui donc a-t-il trouvé, sur ces terres anglaises, pour captiver ainsi son intérêt deux longues nuits ? Mes propres mains ont su se glisser avec délices sur le corps de certains hommes d’ici, n’en déplaisent à mes taquineries bon enfant, me fondant avec bonheur sur le laiteux de leurs corps, grignotant les tâches de rousseurs qui pouvaient se révéler, sur leurs joues, leurs oreilles, le bout de leurs nez. Même là, pourtant, ça n’a été que passion froide, passion coquine, certes, mais passion plate – ils n’ont pas l’élan fougueux des corps méditerranéens, la connaissance des points intimes des douces japonaises, ils n’ont pas la passion foudroyante des brésiliens, qui dansent avec les corps. Ils n’ont pas la douceur, la violence, les étoiles brûlantes qui accompagnent les morsures de Josiah, non plus, les caresses de ses doigts, ou la chaleur de ses baisers. Non, ils n’ont rien de tout cela. Alors cet homme, qui occupe deux nuits durant quelqu’un comme Djouqed, ce ne peut être n’importe qui.

Je ne demande pas plus, pourtant, comprenant à ses manières, à son dos qui se redresse, que les confessions intimes s’arrêteront là, que déjà il cherche mes yeux pour m’annoncer l’important. Je me tends, attendant la déclaration, inspectant son visage à la recherche du moindre frémissement me révélant un quelconque signe – de mensonge, d’omission, de vérité, que sais-je. Il est tout tranquille, pourtant, quand il m’annonce qu’il est là en toute officialité, et un haussement de sourcils dubitatif accompagne ses mots.

- J’oubliais que vos gouvernements fonctionnent ensemble, tiens. Cela explique le costume non-sorcier, je réalise, mes yeux l’observant de haut en bas. C’est tout à tout honneur, j'ajoute, faisant référence à sa lente ascension, travaillée, dans les étages d’importance des ministères.

Mon ton de voix, enthousiasme, cache aisément les doutes qui me pèsent tout de même, réfléchissant sincèrement à comment un homme tel que lui peut se détourner absolument de toute illégalité, ou de toutes frontières floues. Si les mois ici ont assagi mes pensées, il serait absurde d’imaginer une seule seconde que mes recherches ne sont pas toujours aussi dangereuses, parfois, frôlant la passion pour l’au-delà, et que la moindre occasion de me tourner vers des séances de rêves magiques ne saurait me happer. Sa voix plus basse, son sourire en coin, me font lever les yeux, et mes doigts pianotent sur mon genou, trahissant une légère impatience. Je secoue la tête, car évidemment, forcément, il n’est pas apparu ici, au Royaume-Uni, comme par magie. Rictus aux lèvres, je soupire :

- Un ambassadeur arabe corrompu, quelle surprise. Puis, d’un froncement de sourcils : Mais pourquoi cet acharnement ? Les hautes sphères, je comprends – Londres, seulement ?

Rien, dans la grisaille de cette cité, où s’élèvent dans les rues moldues séries de tours moroses et demeures briquées, où se battent en duels deux touches de couleur sur le Chemin de Traverse, ne méritent tant d’efforts, d’années passées à peaufiner tel plan. Djouqed semble réticent à m’en dévoiler davantage aussitôt, seulement, ramenant le sujet de discussion à mes douces rêveries. Un sourire creuse mes joues alors que, d’une main distraite, je passe les doigts dans ma barbe bien entretenue.

- Dans ma boutique, comme toi, tout est parfaitement légalisé – il y a bien eu une nuit, du genre que tu connais, plus… poussée. Mais c’était un ami, consentis-je à admettre, faisant craquer mes épaules. Toutefois, je ne te ferai pas l’affront de te dire que je ne travaille sur rien, tu te doutes bien. Cela fait trois ans, bientôt – déjà, peut-être, même, que je suis ici maintenant. J’ai eu l’occasion de développer un nouveau pan de mes recherches… Je pourrais peut-être t’en parler, à l’occasion. Je ne sais à quel point tu t’y connais, en magie égyptienne – celle plus obscure, j’entends. Celle qui repose sur les croyances en Isis et Osiris. En la transition d’un monde de vie à un monde d’esprits. Si cela t’inspire, il faudra que nous en discutions plus, une prochaine fois. J’ai passé la nuit à travailler sur de nouvelles connaissances, aussi je t’avoue que je ne serai pas en mesure d’apprécier à sa juste valeur ce que tu pourrais m’apprendre ce soir, j’explique d’un sourire. Sais-tu comme je puise dans ma magie extatique, pour les potions de rêve ? J’ai réalisé depuis bien longtemps comme cette magie, les gestes que j’y associe, les mouvements que je fais en créant, les danses que je crée dans les boucles d’inconscient, ont un impact sur les potions, donc. Je fouille, ces derniers temps, dans différentes magies – celles des pays nordiques, qui puisent dans les émanations des aurores bauréales, dans lesquelles un univers entiers semble peser. C’est un condensé de cette magie bauréale, qu’ils utilisent. Je cherchai à la synthétiser, ou du moins à l’imiter, pour pouvoir tester les associations à mes potions. J’ai testé la magie mexicaine, aussi, et cette folie d’un autre-monde, d’esprits et d’âmes qui rêvent. Cette transition, cette magie qui pulse lors de ce passage, j’essaie de l’explorer aussi, pour toujours renouveler les associations possibles… La gorge sèche, les yeux scintillants, je me laisse retomber sur le tabouret, tassé par l’immensité du projet qui m’attend : j’en ai pour une vie, je pense, mais c’est toujours aussi passionnant.

Je le couve du regard, rajoutant dans un murmure :

- Évidemment, si tu devais être tenté par des soirées plus traditionnelles, à l’ancienne, je peux tout aussi ranger mes parchemins et flacons quelques soirs durant. Je t’avais brièvement expliqué, je crois, comme je n’étais qu’au tout début de cette expérimentation quand nous nous étions rencontrés – je ne tenais que quelques heures, à peine. Aujourd’hui, je guide des rêves entiers. Mais comme pour les magies dont je te parlais, chaque individu réagit différemment à l’intrusion directe de ma magie. J’ai réalisé que les systèmes de pensées des individus, les cultures dans lesquelles ils grandissaient, si trop éloignés des modalités que je comprends, peuvent compliquer le processus, et je cherche toujours à développer cela davantage. Ça ne sera pas hurlé sur les toits, tu comprends, mais si quelqu’un dans ton entourage souhaitait se prêter au jeu, je serai… extatique, conclus-je, m’humectant les lèvres. Puis, plus bas, la pensée me tombant d’un coup : Et pourquoi pas une expérimentation à deux, quelques brefs instants ?

Je ne sais même pas si c’est possible, n’ayant jamais tenté, mais je ne peux que supposer que si j’étais capable de proposer des potions qui offraient des boucles de rêves partagées, je devais être capable d’offrir en direct quelques moments de nirvanas rêveurs, en mettant directement les mains dans leur inconscient. La potentialité de cela, rien que ça, me fait frissonner. Je redescends sur terre, lui adressant un sourire navré :

- Je me suis emporté, tu m’excuseras. Il ne faut pas me lancer sur ce sujet, tu l’auras remarqué.


@Djouqed 1215 mots
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Djouqed

Djouqed
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Lun 20 Avr - 11:08
Quand le lion s'associe au cafard
@Nasiya Abasinde
Il fait bon se perdre dans ces folles discussions avec un ami de longue date. Ami est un bien grand mot, sans doute, mais les contrées orientales en affublent bien plus volontiers les partenaires d’affaires et de crimes. Car après tout, l’ami est aussi celui que l’on se lie par quelque secret inavouable d’entreprise rondement menée. Djouqed sourit plus franchement lorsque la conversation quitte le terrain dangereusement glissant d’Uriel. C’est un secret qui lui appartient seul, pour le moment, à lui et aux siens. A lui et Uriel. A lui et ses épouses. Et lorsque le monde s’en apercevra, il sera déjà trop tard.

« - J’oubliais que vos gouvernements fonctionnent ensemble, tiens. Cela explique le costume non-sorcier. C’est tout à ton honneur, »

Djouqed incline la tête, sourire aux lèvres.

« Ce n’est pas le cas dans tous les pays, mais c’est le cas en Egypte et, dans une certaine mesure, au Royaume Uni. Cela simplifie grandement la vie de tous, si tu veux mon avis. »

Mais déjà, le cours des pensées de Nasiya s’est embrasé. Djouqed peut le voir dans la flamme de ses yeux. Bien entendu que l’Euthanatos ne se trouve jamais par hasard à un endroit. Il faudrait être sot pour croire qu’un tel homme laisse une place au hasard. S’il ne peut éviter les imprévus et les aléas, il fait en revanche tout son possible pour leur laisser la part la plus minime qui soit. Et cette part des anges, au fond de ses plans, il la confie aux mains capables de ses divinités.

« Un ambassadeur arabe corrompu, quelle surprise. Mais pourquoi cet acharnement ? Les hautes sphères, je comprends – Londres, seulement ? »

Il sourit, Djouqed.

« Tu verras en temps voulu, mon ami. Tu verras. »


Peut-il dire à Nasiya combien l’a fascinée la guerre qui a ravagé le sol anglais ? Peut-il dire à Nasiya qu’il a tremblé d’excitation en voyant Potter revenir d’entre les morts et qu’à l’automne 1999, il esquissait déjà les prémisses d’un plan pour restaurer la grandeur de l’Egypte ? Peut-il dire que le jeune ministre l’a fasciné, qu’il a trouvé dans sa jeunesse débridée le terreau d’un monde nouveau ? Potter a su mettre en émoi toute la Grande Bretagne. Il a su séduire une partie de son public, assez, du moins, pour passer des mesures audacieuses. Puis les choses se sont emballées et Djouqed a su que c’était le moment d’agir. Potter n’est pas important en lui-même. Il ne connaît pas le garçon. Ce qui importe, c’est qu’il puisse être une pièce dans son jeu d’échec pour peu que sa position au pouvoir se fasse hégémonique. Et à cela, Djouqed peut travailler adroitement. Uriel pour saper le pouvoir des Malefoy. Sa fille pour devenir la future Lady Potter. Et l’éradication de leurs opposants. Et lorsque Potter sera entre ses mains, le Royaume Uni tombera enfin et la grandeur de l’Egypte sera restaurée. Les vieilles lois des Euthanatoi régneront à nouveau sur le Monde.

Alors il écoute Nasiya, Djouqed, un sourire aux lèvres, les doigts effleurant le verre posé devant lui. Il s’intéresse au travail de ce faiseur de songes en toute sincérité. On ne sait jamais ce que peut avoir dans la manche un tel homme et mieux vaut ne pas sottement le sous-estimer. Il se souvient des hurlements de terreur au réveil de certaines des victimes dont les rêves furent astucieusement sabotés par Nasiya jadis. Des cris à damner les vifs et ramener les morts.

« Dans ma boutique, comme toi, tout est parfaitement légalisé – il y a bien eu une nuit, du genre que tu connais, plus… poussée. Mais c’était un ami. Toutefois, je ne te ferai pas l’affront de te dire que je ne travaille sur rien, tu te doutes bien. Cela fait trois ans, bientôt – déjà, peut-être, même, que je suis ici maintenant. J’ai eu l’occasion de développer un nouveau pan de mes recherches… Je pourrais peut-être t’en parler, à l’occasion. Je ne sais à quel point tu t’y connais, en magie égyptienne – celle plus obscure, j’entends. Celle qui repose sur les croyances en Isis et Osiris. En la transition d’un monde de vie à un monde d’esprits. Si cela t’inspire, il faudra que nous en discutions plus, une prochaine fois. J’ai passé la nuit à travailler sur de nouvelles connaissances, aussi je t’avoue que je ne serai pas en mesure d’apprécier à sa juste valeur ce que tu pourrais m’apprendre ce soir. Sais-tu comme je puise dans ma magie extatique, pour les potions de rêve ? J’ai réalisé depuis bien longtemps comme cette magie, les gestes que j’y associe, les mouvements que je fais en créant, les danses que je crée dans les boucles d’inconscient, ont un impact sur les potions, donc. Je fouille, ces derniers temps, dans différentes magies – celles des pays nordiques, qui puisent dans les émanations des aurores boréales, dans lesquelles un univers entiers semble peser. C’est un condensé de cette magie boréale, qu’ils utilisent. Je cherchai à la synthétiser, ou du moins à l’imiter, pour pouvoir tester les associations à mes potions. J’ai testé la magie mexicaine, aussi, et cette folie d’un autre-monde, d’esprits et d’âmes qui rêvent. Cette transition, cette magie qui pulse lors de ce passage, j’essaie de l’explorer aussi, pour toujours renouveler les associations possibles… j’en ai pour une vie, je pense, mais c’est toujours aussi passionnant. »

Djouqed l’écoute avec attention, cherche à trier les informations dans le flot de paroles de son interlocuteur, amusé et passionné de le voir si vif à propos de son travail. L’ambassadeur a toujours supposé qu’il s’agissait là de la marque des artistes, des génies, que d’être habités d’un monde intérieur que leur art rend tangible pour le reste des profanes.

« Évidemment, si tu devais être tenté par des soirées plus traditionnelles, à l’ancienne, je peux tout aussi ranger mes parchemins et flacons quelques soirs durant. Je t’avais brièvement expliqué, je crois, comme je n’étais qu’au tout début de cette expérimentation quand nous nous étions rencontrés – je ne tenais que quelques heures, à peine. Aujourd’hui, je guide des rêves entiers. Mais comme pour les magies dont je te parlais, chaque individu réagit différemment à l’intrusion directe de ma magie. J’ai réalisé que les systèmes de pensées des individus, les cultures dans lesquelles ils grandissaient, si trop éloignés des modalités que je comprends, peuvent compliquer le processus, et je cherche toujours à développer cela davantage. Ça ne sera pas hurlé sur les toits, tu comprends, mais si quelqu’un dans ton entourage souhaitait se prêter au jeu, je serai… extatique, Et pourquoi pas une expérimentation à deux, quelques brefs instants ? Je me suis emporté, tu m’excuseras. Il ne faut pas me lancer sur ce sujet, tu l’auras remarqué. »

Il balaie la remarque de la main, Djouqed.

« Penses-tu… Un rêve partagé à deux, tu dis ? Cela est-il seulement possible ? Cela ouvrirait assurément de nombreuses perspectives.  »

Djouqed ne lui fera pas l’affront de chercher une excuse de type « c’est pour un ami ». Il assume parfaitement la lueur d’intérêt qui flambe dans ses yeux, et poursuit ses questions.

« Imagine les possibilités si tu arrivais à mettre en place une potion qui connecte deux esprits le temps d’un rêve peu importe les distances entre leurs corps : on aurait là un moyen de communication extrêmement sécurisé entre deux âmes dans leur sommeil, même à distance. Imagine les possibilités : des amants se retrouvant dans les songes, des espions faisant leur rapport dans le monde des rêves, des guerres et des paix se décidant lors de conseils oniriques... »

Une telle magie serait assurément une révolution pour quiconque parviendrait à mettre la main dessus. Un sourire a étiré les lèvres de Djouqed. Et qu’en serait-il si l’un des deux esprits, plus fort, pouvait infiltrer les rêves d’autrui par le biais de cette potion ? Que se passerait-il si cette mixture permettait à l’un de courber les songes de l’autre ? De devenir l’artisan de ses cauchemars ? Djouqed a croisé les bras sur la poitrine, s’adosse confortablement sur son siège, et observe Nasiya avec attention, cherchant à lire dans le visage de cet homme les chances de succès d’une telle entreprise.

« Évidemment, si tu devais décider d’expérimenter un tel projet, peut-être pourrais-je inopinément t’apporter mon aide en souvenir du bon vieux temps. »


Il laisse aussi son esprit vagabonder quelques secondes avant d’enchaîner avec un constat.

« Tu as parlé de magie extatique, tout à l’heure. »

Djouqed connaît très peu les autres traditions. Il connaît extrêmement bien les euthanatoi, et bien, aussi, leurs ennemis hermétiques qui se sont répandus comme une traînée de poudre dans le monde magique, et il a découvert la veille l’existence du Choeur Céleste en berçant Uriel contre son coeur. Il connaît les rituels orientaux, égyptiens, musulmans. Mais il ne sait rien, ou presque, de la tradition de son – peut-être – futur partenaire de crimes.

« Je suis curieux, mon ami. Que peux-tu m’en dire sans éventer tous les secrets réservés aux seuls initiés de ta tradition ? »

 
1512 mots

Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
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Mer 22 Avr - 19:53

Quand le lion s'associe au cafard

Ou le guépard au scarabée



Je suis retombé contre le petit dos du tabouret, prenant une longue gorgée pour me désaltérer, fatigué de ces mots sans fin qui m'ont échappé. D'ordinaire moins loquace, si on laisse libre court à mes élans créateurs, mille et une pensées ont tôt fait d'abasourdir mon interlocuteur. Tous ne sont pas, toutefois, Djoudeq, et ses yeux intéressés ne me quittent pas d'une seule seconde. Un sourire étire mes lèvres alors qu'il reprend mes dernières paroles, et je hoche la tête, piqué par son intérêt. Un rêve à deux, par tous les saints. Pouvoir contrôler suffisamment deux esprits à la fois, leur assurer un imaginaire commun. Pouvoir faire ingérer des créations parfaitement semblables, déclenchant les mêmes réactions, et le même espace rêve. Un frisson me remonte l'échine. Jusqu'à maintenant, mes rêves ne donnaient aucune marge de manœuvre à l'individu qui les consomme. Aucune autre que celle habituelle de l'inconscient sur leur rêves ordinaires, quand la potion donne ce mou-là. Ici, ce que me propose Djouqed, c'est une toute autre exploration.

À l'entendre parler il s'imagine des espaces communs, mais des espaces conscients. Pour échanger. Pour communiquer. Se retrouver. Un frisson, encore. Mes yeux pétillent. Il se propose, aussi. Les idées fusent, les formules s'accumulent. Serait-ce même possible ? Sur des consciences entraînées, sur des hommes qui se connaissent, peut-être, se sont déjà croisés. Les possibilités sont énormes. Penché vers lui, j'admets d'un souffle, l'esprit tournant à mille à l'heure.

- Je t'avoue, je ne sais pas si c'est possible. Mais je ne peux pas ne pas essayer, maintenant que l'idée est là. Ça prendra plusieurs semaines, plusieurs mois - qui sait combien de temps. Si tu veux m'apporter une première aide, seulement, tu t'imagines aussi bien que moi tout ce qui pourra s'ouvrir à nous. Un temps, alors que j'inspire profondément, tentant de canaliser toutes les idées. Il faut d'abord tenter deux sessions séparées. Comprendre la réaction de chacun sur ma magie, voir combien j'arrive à les contrôler. Puis, tenter un rapprochement. Il faut qu'ils se connaissent. Que vous vous connaissiez, je rajoute, faisant tourner ma chevalière d'un air distrait. Il me faudra peut-être un autre focus, avec une autre pierre. Il faut que je retrouve celui que Josiah m'a offert - peut-être que ça aidera. Histoire de connexion.

Je m'interromps, fronce les sourcils et fais un geste de la main vers lui :

- Tu aurais quelqu'un de confiance, qui serait prêt à tenter cette expérience ? On ne peut pas savoir ce qu'on arrivera à faire, ce sera peut-être un échec retentissant, mais si je dois le tenter, je préfère que ce soit avec des gens de confiance, et des gens capables de supporter une magie telle que celle-ci. Je garde le silence quelques instants, avant d'ajouter, pressant : le danger te connaît, mon ami, mais les risques peuvent être importants. Réfléchis-y, et si l'idée attise toujours ton intérêt, nous verrons cela ensemble.

Évidemment, son refus ne fera pas stagner l'affaire de mon côté, le frisson qui m'a envahi aux possibilités est bien trop grand pour que je puisse ignorer ce nouveau projet. Perdu dans mes pensées, il me faut quelques instants pour réaliser ce que Djouqed me demande, et je fronce les sourcils. Il est peu habituel de s'interroger sur les magies des autres, sur les cultes qu'ils pratiquent, et si je lui ai moi-même posé la question, c'est toujours dans une optique de passionné, dans la volonté de pousser mes recherches. D'où lui vient cet intérêt ? Que peut-il faire des connaissances que je lui donnerai sur mon culte ? Un air las, j'hésite quelques instants - puis tranche pour la confiance. Si cet homme accepte de me confier son esprit, pour y créer une bulle onirique consciente, comment lui refuser quelques mots sur la magie qui m'anime ?

D'un geste, je relève la main vers lui, et mon pouce vient taper dans mon index. Aussitôt, le verre posé sur le comptoir s'élève, sans que mot ne soit dit, formule prononcée, ou baguette sortie. L'observant s'élever peu à peu, je referme le poing et le réceptacle s'effondre sur le bois à toute vitesse, explosant en mille morceaux. Mes doigts se frottent l'un contre l'autre, et chaque brisure de verre reprend sa place, sous l'oeil grognon du barman, déjà prêt à m'envoyer paître. Je lui fais un geste rassurant, me tournant à nouveau vers Djouqed, main ouverte.

- Mes mouvements sont canalisateurs de ma magie. Évidemment, j'ai un focus qui me permet de centraliser tout cela, de la même façon qu'une baguette, ou tes tatouages, je suppose. Seulement, pour moi, comme j'ai été élevé, ce sont mes mouvements qui comptent. Pour des sorts basiques, comme je viens de te montrer, peu de demande corporelle, un mouvement de main et tout suit. Plus cela devient compliqué, plus un effort du corps me sera demandé. Petit, on nous entraînait des heures, sur nos plages de sable brûlante, à danser sans fin. Tout le monde ne fait que danser, chez moi, c'est hypnotisant. Chaque endroit aura ses particularités, préférant parfois les danses de corps, d'autres les mouvements saccadés, tant de façon de se libérer.

Je ferme brièvement les paupières, plein de ces souvenirs d'enfance qui viennent inonder mes pensées. À eux se mêlent les périodes d'enseignements à Uagadou, où les professeurs cherchaient à centraliser toutes nos origines, toutes nos cultures. La plupart d'entre nous n'utilisaient pas la baguette, mais l'art de manier la magie sans focus, ou avec des focus si différents les uns des autres, était un exercice qu'ils s'acharnaient à chaque jour mieux comprendre pour mieux nous guider. Un soupir m'échappe, et je termine dans un sourire :

- Si la demande magique est très poussée, tu pourras parfois m'entendre chanter. C'est plus une sorte de laïus, quasi-religieux, d'ailleurs, qui me permet de me recentrer et de ne penser qu'au tout-puissant, mais c'est une particularité de chez moi, ça. Je crois, toutefois. Pour nous, ce terme d'extatique était tout à fait inconnu, il s'agissait de notre magie et la seule que nous puissions imaginer, finalement - mais en réalisant que nous étions plein, partout, si différents, tant de nouvelles manières d'utiliser cette puissance sont apparues. J'ai beau avoir arpenté le monde à la recherche des gens qui partagent mon culte, j'ai l'impression de n'avoir découvert qu'un tiers de nos spécificités.

Mon regard se perd sur ses mains, sur le tatouage qui orne son cou, aussi, et je pense à certains extatiques que j'ai pu rencontrer, au Japon notamment, où l'encre venait guider leur magie. Songeur, je me passe une main sur le crâne, applatissant mes quelques cheveux fous. Si je sais que Djouqed utilise ses tatouages comme point de focus, ne l'ayant jamais vu avec quoique soit d'autre, sa question me fait toutefois réaliser que ce n'est donc pas en tant qu'extatique qu'il vit sa vie. Sourcils froncés, je pense à ce culte qui fascine Josiah, où les hommes gagnent leurs tatouages comme foci. Euthanatos, donc. Je ne sais que très peu de ce culte-là, étant des plus secrets. Quel intérêt aurions-nous à dévoiler à chaque courant nos spécificités, après tout ? Seulement, si j'ai affaire à cette magie différente lors de nos nuits d'expérience, il me faudra tout de même savoir plus que ces vagues notions.

- Loin de moi l'envie d'être trop curieux, mais de quelle tradition réponds-tu, Djouqed ? Ce que tu pourras m'en dire facilitera mes recherches, pour cette expérience folle dont nous parlions. Pour un peu qu'elle ricoche, qu'elle réagisse à la mienne... Ou la sublime, si plus personnelle encore. Les extatiques ont des facilités dans certains domaines, je laisse entendre avec un sourire en coin, et j'imagine que ta tradition ne doit pas y manquer.

Mes yeux, déjà, ne quittent pas ceux de cet allié égyptien, pleins de curiosité.

@Djouqed 1277 mots
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Djouqed

Djouqed
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pictures : Quand le lion s'associe au cafard ft. Djouqed 200405051035524820
Jeu 23 Avr - 13:08
Quand le lion s'associe au cafard
@Nasiya Abasinde
Djouqed a l’esprit qui rêve, embrasé de toutes les possibilités qui s’ouvrent à lui avec les recherches de Nasiya. Il voit le visage du potionniste se faire songeur puis exalté, et il comprend que sa vision a éveillée chez l’homme le même engouement qu’elle génère chez lui. Alors il esquisse un sourire, l’assassin, en l’écoutant parler, dérouler le fil de son raisonnement et se prendre à imaginer les grandes potions de demain :

« Je t'avoue, je ne sais pas si c'est possible. Mais je ne peux pas ne pas essayer, maintenant que l'idée est là. Ça prendra plusieurs semaines, plusieurs mois - qui sait combien de temps. Si tu veux m'apporter une première aide, seulement, tu t'imagines aussi bien que moi tout ce qui pourra s'ouvrir à nous. Il faut d'abord tenter deux sessions séparées. Comprendre la réaction de chacun sur ma magie, voir combien j'arrive à les contrôler. Puis, tenter un rapprochement. Il faut qu'ils se connaissent. Que vous vous connaissiez. Il me faudra peut-être un autre focus, avec une autre pierre. Il faut que je retrouve celui que Josiah m'a offert - peut-être que ça aidera. Histoire de connexion. »

Les idées fusent aussitôt dans l’esprit de Djouqed. Une personne de confiance… Ali, son majordome, chauffeur, exécutant traverse de suite son esprit, suivi de très près par ses deux épouses. Il sait que Laïla ne serait que trop enthousiaste de se lancer tête baissée dans ce genre d’expérience… et peut-être une première session d’essai avec elle pourrait être salutaire. C’est la tête chercheuse de sa famille, celle qui s’occupe aussi de dégager la route de son époux. Combien de corps ont disparu sur son chemin ? C’est la seule assassin encore véritablement en activité de la famille, quoi que son aîné, Hakim, l’aide occasionnellement. Les deux sont pareillement frondeurs et sans pitié.

Et puis l’image d’Uriel se dessine, troublante. Pourrait-il ne faire qu’un esprit avec Uriel le temps d’un songe ? Que ne va-t-il imaginer là ? L’idée se fraye un chemin, pourtant, obsédante, persistante même lorsque Nasiya reprend la parole.

« Tu aurais quelqu'un de confiance, qui serait prêt à tenter cette expérience ? On ne peut pas savoir ce qu'on arrivera à faire, ce sera peut-être un échec retentissant, mais si je dois le tenter, je préfère que ce soit avec des gens de confiance, et des gens capables de supporter une magie telle que celle-ci. Le danger te connaît, mon ami, mais les risques peuvent être importants. Réfléchis-y, et si l'idée attise toujours ton intérêt, nous verrons cela ensemble. »

Alors un infime sourire se dessine sur les lèvres de Djouqed.

« Il est possible que j’ai quelques noms en tête à qui proposer l’expérience avec tous les dangers qu’elle représentent. As-tu oublié qui j’ai épousé en secondes noces ? Il est vrai que tu l’as peu côtoyée, mais je ne puis croire qu’elle t’ait laissé si peu de souvenir que tu n’aies pas remarqué son goût pour l’aventure et sa fascination pour tes petites inventions. »

Oui, cela sera mieux qu’Uriel. Il essaie de se convaincre, Djouqed. Il préfère proposer l’expérience à Uriel dans un second temps, quand des tests plus concluants se seront déroulés… Car il ne démord pas de son idée. Uriel et lui, liés le temps d’un rêve. Un frisson infime lui parcoure l’échine. Liés le temps d’une vision, d’une porte entrebâillée sur un avenir possible. Il pourrait lui montrer, à Uriel, leur passé et leur avenir. Un instant de plénitude absolue.

« Cela doit être possible, mon ami… N’y a-t-il pas une magie qui permette de lier deux esprits, la legilimancie le temps d’une invasion ? Cette magie permet à un sorcier, si je ne m’abuse, d’envahir l’esprit d’autrui pour y constater ce qui s’y passe et puiser dans ses souvenirs. Si de telles magies existent, il doit être possible d’attirer deux esprits dans un entre-deux oniriques sur lequel chacun a pouvoir égal. Ou peut-être d’utiliser une potion pour simuler de façon plus douce les effets de la légilimancie en proposant à un esprit de voyager vers les bordures d’un deuxième esprit où pourraient se construire le rêve… Il faudrait bien sur que les deux pratiquants aient quelques bases d’occlumancie pour garantir la stabilité de cette invasion partielle, mais… Ce serait aussi une possibilité, peut-être ? »

Legilimancie, Occlumancie. Deux domaines que Djouqed connaît en théorie, seulement. Il n’y a jamais été formé, n’a jamais appris. Mais s’il le fallait, pour les besoins de ce plan, il pourrait certainement trouver des cobayes qui y sont aguerris ou se former lui-même. Après tout, que serait la vie sans quelque aventure exaltante ?

Et puis la conversation dévie, s’éloigne des affaires pour se teinter du frisson de la découverte lorsque Nasiya explose un verre à la seule force des mouvements. La chose est fascinante à observer, d’autant qu’elle n’est pas si éloignée que cela de mes propres pratiques. Le tatouage est important, évidemment, mais ce n’est qu’un point de focale pour que naisse la magie. Ce qui compte est aussi le geste, le rite, l’intention.

« Mes mouvements sont canalisateurs de ma magie. Évidemment, j'ai un focus qui me permet de centraliser tout cela, de la même façon qu'une baguette, ou tes tatouages, je suppose. Seulement, pour moi, comme j'ai été élevé, ce sont mes mouvements qui comptent. Pour des sorts basiques, comme je viens de te montrer, peu de demande corporelle, un mouvement de main et tout suit. Plus cela devient compliqué, plus un effort du corps me sera demandé. Petit, on nous entraînait des heures, sur nos plages de sable brûlante, à danser sans fin. Tout le monde ne fait que danser, chez moi, c'est hypnotisant. Chaque endroit aura ses particularités, préférant parfois les danses de corps, d'autres les mouvements saccadés, tant de façon de se libérer. Si la demande magique est très poussée, tu pourras parfois m'entendre chanter. C'est plus une sorte de laïus, quasi-religieux, d'ailleurs, qui me permet de me recentrer et de ne penser qu'au tout-puissant, mais c'est une particularité de chez moi, ça. Je crois, toutefois. Pour nous, ce terme d'extatique était tout à fait inconnu, il s'agissait de notre magie et la seule que nous puissions imaginer, finalement - mais en réalisant que nous étions plein, partout, si différents, tant de nouvelles manières d'utiliser cette puissance sont apparues. J'ai beau avoir arpenté le monde à la recherche des gens qui partagent mon culte, j'ai l'impression de n'avoir découvert qu'un tiers de nos spécificités. »

Djouqed hoche la tête, de toute évidence très intéressé par ce que lui dit Nasiya. Il est songeur. Il en apprend un peu plus sur ces autres traditions et se demande bien quels mystères celle d’Uriel peut receler. Les Choeurs Célestes, il n’en sait rien sinon ce que son amant lui a glissé, au détour d’une phrase. Ils n’en ont pas parlé longuement, mais cela lui occupe une part de l’esprit. Que n’a-t-il encore découvert dans ce monde qui mérite son attention ?

« Loin de moi l'envie d'être trop curieux, mais de quelle tradition réponds-tu, Djouqed ? Ce que tu pourras m'en dire facilitera mes recherches, pour cette expérience folle dont nous parlions. Pour un peu qu'elle ricoche, qu'elle réagisse à la mienne... Ou la sublime, si plus personnelle encore. Les extatiques ont des facilités dans certains domaines, et j'imagine que ta tradition ne doit pas y manquer. »

Loin d’être une honte, sa tradition est pour Djouqed une fierté. Cependant, il sait aussi que les Euthanatoi sont loin de remporter tous les suffrages au Royaume Uni, aussi baisse-t-il la voix en se penchant imperceptiblement vers Nasiya. Il opte pour une vérité glissée à demi-mots. Une de celles qu’on pourrait toujours prétendre avoir mal interprétée.

« Tu as dû entendre parler de ma tradition récemment dans les journaux… Elle n’a pas spécialement bonne presse au Royaume Uni depuis les attentats de Septembre au Ministère… mettons que ce soit peut-être pour cela que je suis ici aussi, pour aider les miens par-delà les frontières politiques. »

Les Euthanatoi ont régulièrement défrayé la chronique depuis le tragique sortilège qui emporta la jeune Astoria Malefoy. Il serait sot de gueuler dans un bar son appartenance aux rangs de l’une des traditions les plus sulfureuses foulant la terre du Royaume Uni. Il ne fait pas bon assumer les rituels les plus spécifiques de sa tradition au grand jour en Angleterre.

« Notre magie est proche de ce que tu me décris. Nous aussi utilisons des gestes pour la plupart des action avec l’aide de nos tatouages, vois plutôt. »

Il entoure son verre vide de ses deux paumes et se concentre. La température de la surface translucide du verre décroît lentement, jusqu’à ce que l’humidité de l’air se condense sur ses parois pour ruisseler jusqu’au fond du récipient. Et voilà que le liquide transparent remplit le fond du verre de Djouqed. Lorsqu’il le porte à ses lèvres, l’eau a un lointain parfum d’alcool sur sa langue.

« Et nous aussi tirons notre magie de notre foi, de la ferveur avec laquelle nous officions. Nous ne dansons pas mais nous battons, nous ne fabriquons pas d’objets mais tatouons notre peau, et nous sacrifions aux dieux pour nous attirer leurs faveurs et faire prospérer nos familles. »

 
1534 mots
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