La salle s'est figée, dans l'attente des résultats fatidiques. Le silence plane sur l'assemblée, alors que les votes sont comptabilisés, l'homme à la droite de Monroe notant assidûment les voix. Le regard de l'homme respecté suit les mouvements de son homme de main et additionne mentalement chaque vote. Huit pour les révélations à la presse - Monroe comprend de suite que ce biais ne sera pas l'option. Trop racoleur, trop facile, non, ce n'est pas l'idéal. Il leur faut mieux que cela, plus discret, plus insidieux. Il ne dit rien, pourtant, lèvres closes alors qu'il observe à nouveau la foule d'Euthanatoi devant lui. Tous ont le regard noir, les traits serrés, tous prennent conscience de ce qui se joue ce soir.

La main de son associé se lève et se rabaisse, alors qu'il fait défiler les papiers insufflés des intentions de leurs membres, alors que le futur de leur clan se dessine peu à peu. Assassinat, peut-être ? Seront-ils la main derrière la gorge tranchée du grand Potter ? Le nombre de papiers ne paraît pas suffisant à Monroe, mais il ne veut pas trop s'avancer. L'œil de certains, dans le fond, brûle de trop de colère pour imaginer une autre solution possible.

Il le faudra, pourtant. Le clan a tranché.

L'homme à sa droite pose le dernier papier, relève les yeux vers lui. C'est fait - tout est compté. Ils savent, enfin, comment ils vengeront la mémoire des leurs.

« Confronter le Ministre et faire pression sur lui en faveur de notre tradition ; 15 voix, c'est une majorité, »annonce d'une voix claire Monroe.

Déjà, des voix s'élèvent, alors que chacun s'enflamme. Tous ont une idée en tête, tous veulent faire parti de la mission, tous veulent faire voler la tête à Potter - avec discrétion, et talent, toujours, évidemment ? Monroe s'éclaircit la gorge, relevant la main pour faire taire la salle. Il ne faut que quelques secondes pour que les voix s'éteignent et que l'attention revienne sur lui. Ses lèvres s'étirent, son sourire brisant la neutralité qu'il s'est astreint à conserver jusque là.

« Nous allons le faire plier, chers confrères, en mémoire des nôtres. »

Ils s'organisent, alors. Les voix se font plus agitées, les plans deviennent plus clairs et, bien vite, un plan d'attaque est mis en place. Ils iront le voir, directement : Monroe sera là, avec son homme de main. Trois autres membres du conseil ont été choisi, un par région. Il y aura le fils Price, il y aura l'oncle de McCallaghan, et il y aura le neveu de Malone. Par là-même, trois spécialités différentes, pour appuyer avec toujours plus d'efficacité sur la jugulaire de l'homme Potter, doit-il être trop turbulent.

Il ne l'est pas, pourtant. Il se tient droit, dans son fauteuil central, le regard fixe sur le petit comité qui l'observe de haut. Il détaille chaque représentant des Euthanatoi, il observe ce Monroe, qui est sans doute aucun la figure d'autorité de ceux présents. Il garde le silence, alors que l'un sort une lame trop aiguisé, que l'autre jongle avec sa baguette. Il sourit, froidement, quand Monroe assure qu'il ne s'agit que d'une simple discussion. Qu'il lui fera, toutefois, une offre qu'il ne peut pas refuser.

Potter ne peut que hocher la tête, alors. Il hoche la tête, quand Monroe demande, pour les siens. Il ne peut pas faire mine de réfuter, après tout, avec les papiers qui tombent sur son bureau. Tout un dossier, rempli de preuves, de filatures, de discussions faisant remonter l'affaire jusqu'au Ministre. Il ne peut que hocher la tête, encore, quand Monroe fait ses demandes.

Les Euthanatoi trônent, maintenant. Ils en savent trop, vous comprenez ? Potter comprend. Potter n'a plus le choix. Et, trois jours après, le reste de la société britannique le comprendra aussi.