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Avant toi c'était quoi, sinon un préambule ? [Georgia & Charlie]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Jeu 28 Mai - 21:18

Avant toi c'était quoi, sinon un préambule ?@Georgia R. HarrisCharlie


18 février 2004

Ce n’est pas un mauvais souvenir, ce week-end de rires et de travaux, malgré l’arnaque initiale. Loin de là. Une bonne occasion de revoir des amis trop souvent délaissés, des rires et des chants à ne plus savoir qu’en faire, et le regard sidéré de Claire – ça et les plateaux chargés de pâtisseries qu’elle apportait à chacune de ses arrivées pour rassasier ses travailleurs bénévoles, tout droit sortis du four expert de celui qui ne tardait pas à devenir son fiancé. Chaque fois qu’elle entrait dans la pièce et nous surprenait baguette à la main, montant une étagère d’un simple mouvement du poignet ou transportant les cartons de vaisselle d’un mot. Elle savait, pourtant, qui étaient ces amis de son frère venus prêter main forte sans hésiter, consciente de l’existence d’un autre monde depuis qu’un homme étrange vêtu d’une longue cape était entré dans le living familial pour proposer une place dans son école à Peter.
C’est comme ça que je l’ai rencontré, sur les marches de l’escalier, à quelques minutes à peine de notre répartition. Moi paniquant à l’idée d’intégrer une autre maison que celle de Bill (et paniquant encore plus à l’idée que ma panique m’excluait certainement d’office des rangs de Gryffondor !), et lui étrangement calme, pour quelqu’un qui ignorait encore quelques semaines plus tôt que les dragons et la magie n’étaient pas seulement matière à écrire des histoires. Je me souviens du Choixpeau sur sa tête, et du pincement de jalousie en le voyant rejoindre la table rouge et or… et de son regard ravi quand j’étais venu m’écrouler à côté de mon frère, quelques minutes plus tard. Quelques jours à peine nous ont suffit à devenir inséparables, tant et si bien que j’ai commencé à harceler Maman pour qu’elle m’autorise à aller passer quelques jours d’été chez lui, ses parents ayant été assez ouverts d’esprit – ou assez aventureux – pour accepter d’accueillir un petit sorcier chez eux. Et c’est là, assis sur les balançoires de leur jardin, que Claire et Peter me pressaient de mille questions sur le monde magique. Je me souviens encore de leurs regards fascinés, et de ma fierté à pouvoir leur parler de ce que je connaissais… sans imaginer le moins du monde que je brisais allègrement l’une de nos lois les plus importantes.

Était-elle aussi curieuse, Georgia, en découvrant ce monde parallèle à celui dans lequel elle avait grandi ? Ou déboussolée, face à tous ces nouveaux codes à assimiler, tous ces changements que j’imagine drastiques ? J’aimerais lui poser la question (ou est-ce extrêmement mal venu ?) mais il y a ses doigts dans mes cheveux, ses lèvres si proches des miennes, ce tendre baiser qui fait vaciller encore mon coeur. Et une fois de plus, je perds toute notion de ce qui nous entoure, jusqu’à ce qu’elle s’éloigne dans un souffle. « Très agréable, oui… Ce n’est pas forcément ce que j’avais en tête mais… » Allons Charlie, un peu de franchise ! N’est-ce pas justement, exactement, ce que tu imaginais ? Ce que tu as espéré, ces deux dernières nuits, enroulé seul dans tes draps sans pouvoir t’ôter son visage de l’esprit, l’âme torturée par l’envie de rattraper cet instant brisé par un retour intempestif. « C’est bien mieux. » j’achève dans un souffle. Bien sûr, que j’ai voulu l’envisager ! Des heures durant, j’ai repassé en pensée chaque seconde de cette soirée chez Olivier, de notre première rencontre. Songé aux malentendus, aux mensonges, à nos silences. À tous ces moments que j'avais cru partager, aux phrases qu'on dit trop vite et sans qu'on les pense. À celles que je n'ai pas osées. À nos actes manqués.

Un nouveau baiser, plus approfondi, lui prouve toute mon intention de ne plus laisser aucune circonstance interférer. Pas mêmes ces talons claquant sur le plancher dans un pas familier qui dépose sur notre table l’ensemble de notre commande, sans toutefois se permettre de nous déranger (il faudra absolument que je la prenne entre quatre yeux avant mon départ pour la Chaumière…). J’abandonne ses lèvres à regrets, sans résister à l’envie de les embrasser encore, furtivement. Dans un soupir, je la libère pour de bon, reprenant même ce bras perdu sur ses épaules. Les odeurs montant de nos tasses brûlantes et des assiettes disposées sur le bois verni ne me rappellent que trop l’absence de déjeuner, dû à un réveil trop tard. Lui même conséquence des trop nombreuses heures à tenter d’imaginer ce début d’après-midi sans trouver le sommeil. Mais il devient plus que nécessaire de remédier à cela. Sans me détacher tout à fait d’elle, j’attrape mon assiette de carrot cake, la calant en équilibre sur mon genou avant d’en détacher une cuillerée. Les arômes de cannelle et d’épices envahissent mon palais, et me tirent un sourire ravi. Quant au latte, il attendra d’avoir refroidi, tout dragonnier que je sois, ma langue n’est pas immunisée à la brûlure qu’il m’infligerait immanquablement.
Sans m’éloigner d’elle, je me réinstalle plus confortablement contre le dossier du canapé, lui laissant le temps de s’emparer de sa commande avant de me décider à l’interroger. « Puisqu’on va avoir du mal à manger en s’embrassant… Tu me parlerais de toi ? Tu en connais tellement sur moi alors que j’ai l’impression d’en savoir si peu. » Mon regard sincèrement intrigué n’en finit pas d’admirer la courbe de ses joues, le vert pâle de ses yeux. Dis m’en plus, jolie Goergia. Sur toi, sur ton enfance chez les moldus, ta vie entre deux mondes, ta carrière de joueuse professionnelle. Sur ses incertitudes que tu caches derrière des sourires à l’humour mordant, sur ces failles et ces forces que tu m’as laissé entrevoir.

Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
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Dim 31 Mai - 21:48
Avant toi c'était quoi, sinon un préambule ?
Georgia Harris & @Charles Weasley
Avant toi - Calogero

Février 2004

Ses lèvres s'abandonnent aux siennes, ses doigts jouant toujours plus avec les boucles auburn. Elle a le souffle précipité, le sourire trop tendre, quand elle s'éloigne, un peu, juste assez pour soupirer sa joie d'être là. Il répond, et sa réponse la fait sourire d'autant plus, elle pouffe presque, pommettes rosissantes. Elle ne pourrait pas dire qu'elle n'y avait pas pensé, Georgia, que ce n'était pas du tout ce qu'elle avait en tête. Comment le pourrait-elle, alors qu'elle se souvenait du contact de la main chaude de Charlie sur sa nuque, ses doigts qui glissaient sur la cuisse du dragonnier, de ces gestes si minimes, et qui pourtant l'avaient obsédée depuis ? Elle s'était imaginée mille raisons de lui glisser un baiser, de lui avouer son attirance inexpliquée, cette passion certaine qu'elle ressentait, toujours plus paniquée en réalisant que rien, rien, dans un entraînement de Quidditch aurait pu y mener. Comme elle bénissait l'adrénaline, qui faisait qu'elle pouvait trouver, déjà, la douceur des lèvres de Charlie sur les siennes.

Il s'y fond à nouveau, plus passionné cette fois, et elle s'abandonne tout à fait à cette étreinte, sa langue glissant sur la sienne, ses jambes se tendant juste un peu. Ce n'est pas des plus pratiques, calés là dans ce fauteuil, mais il parvient à lui faire oublier l'âtre qui crépite, les talons qui claquent pour leur apporter leur repas, les murmures des discussions autour. Elle s'oublie, corps frémissant, dans ce rendez-vous tout tranquille, cette douceur qu'elle n'avait plus eu depuis toute adolescente. Un soupir lui échappe, quand Charlie s'éloigne, et elle papillonne des yeux, ses sens retrouvant leur fonction. Un sourire niais étire ses lèvres, alors qu'ils se replacent plus confortablement contre le canapé. Ses doigts pianotent sur son genou, ses yeux retombent sur la table où délices sont apparus. Georgia se mord la joue, réalisant qu'ils s'étaient abandonnés à ce baiser trop peu discret alors que l'amie de Charlie était venue les servir. Le rouquin place son assiette en équilibre sur son genou, prenant aussitôt une fourchette de son gâteau. Sourire en coin, Georgia observe le délice qui pétille dans ses yeux, avant de reporter son attention sur sa propre commande. Attentive, elle souffle un peu sur le café au lait, faisant remuer la mousse légère qui s'y accumule, et respire avec plaisir les arômes de noisette qui en émanent. Le petit financier, à ses côtés, est tout aussi beau que ceux qu'elle avait aperçu en vitrine, et son ventre en gronderait presque. Elle le garde pour après, pourtant, ses doigts venant plutôt attraper le haut de la tasse qu'elle rapproche du bord de la table. Elle souffle encore, prenant son mal en patience, sachant trop bien comme délice pareil peut anesthésier une langue. Elle s'interrompt, nez plissé, venant saisir la cuillère posée sur le plateau, remuant le café et le sirop pour venir goûter tranquillement. Bon sang, qu'est-ce que cela fait du bien. Elle n'avait pas réalisé combien son corps avait besoin de se réchauffer, autrement que par des baisers endiablés, et les quelques gouttes de café bien chaud apportent le plaisir tant attendu.

Georgia se laisse retomber contre le canapé, attendant quelques instants encore, et son attention retombe rapidement sur Charlie, dont la réflexion la fait sourire. C'est sûr qu'entre son cookie et sa part de gâteau, le rouquin n'est pas prêt d'arrêter de manger. Elle se tend un peu, seulement, quand il est question de parler d'elle. Les prunelles de Charlie la sondent, un air intéressé y flottant, et elle détourne la tête, un peu embarrassée.

Georgia parle beaucoup, évidemment. Elle parle des autres, elle dit les mots qu'il faut, elle trouve les formules qui font rire, celles qui séduisent, elle raconte ce qu'il faut sur elle, les détails de sa saison, les quelques anecdotes drôles de sa vie d'étudiante, les quelques souvenirs d'enfance qui plairont à tout le monde - mais elle ne se raconte pas, du moins pas comme Charlie donne l'impression de vouloir la découvrir. Seulement, elle avait déjà essayé, de se raconter : à Andrew, qui n'en avait pas grand-chose à faire, de qui elle était vraiment, en dehors du strass et des paillettes, et des sessions au lit, à celui d'avant, qu'elle pensait vraiment bien aimer, celui-là, mais qui n'avait pas été plus intéressé par la vraie Georgia, et celui d'encore avant, qui préférait tout à fait oublier qu'elle était née-moldue. Même Peter, ce moldu en études de droit, qui avait partagé ses journées et quelques nuits, au milieu de son exil à Newcastle, et qui était peut-être l'homme le plus gentil qu'elle ait pu côtoyer, n'avait pas su lui apprendre à se révéler toute entière, car elle devait lui mentir sur bien trop de son vécu. Se raconter, donc, Georgia ne sait pas faire, parce qu'elle sait que ça n'intéresse pas les gens, parce que ce qu'elle renvoie est bien plus affriolant. Alors elle se trouve un peu embêtée, ne sachant pas quoi lui dire. Elle se doute bien que ses discours tout faits ne lui plairont pas, et très honnêtement, il est de ceux à qui la jeune femme n'a pas envie de les sortir, de toute façon.

Elle s'éclaircit la gorge, un semblant de rire lui échappant. « Je ne saurais pas trop quoi te raconter, je t'avoue. Ma vie n'est pas aussi passionnante que celle d'un dragonnier qui brise le secret magique, » glisse-t-elle, les yeux pétillants de malice.

Elle étire son dos, creusant les reins, et vient remettre en place cette mèche qui lui retombe sans cesse sur les yeux. Il faudrait vraiment qu'elle refasse ses nattes. Elle hausse les épaules, finalement, arrêtant de trop réfléchir, et décide de commencer par le commencement.

« Je suis née dans le Nord de l'Angleterre, » annonce-t-elle alors, « près de Newcastle, dans une famille pas très… un peu compliquée. C'est pour ça, mon accent un peu fort, des fois, » explique-t-elle avec un petit sourire, gesticulant un peu. « Il faut me dire, d'ailleurs, si tu ne me comprends pas - j'ai tendance à me laisser emporter quand je m'enthousiasme, » ajoute Georgia avec un air concerné, réalisant soudain que tout le monde ne saisissait pas les particularités Geordie, surtout quand l'accent ouvrier tapait dedans.

Elle l'avait beaucoup perdu, entre Poudlard et ses années à Londres, suffisamment pour que Marcus se moque d'elle quand elle rentre, mais pas assez pour que ses moments d'excitation ne décontenancent pas ses proches des termes et accentuations trop nordiques. La poursuiveuse fait courir ses doigts sur le contour de la tasse, se mordillant la lèvre :

« Il ressort surtout quand je suis avec mes frères et ma soeur - je ne sais plus si je t'ai parlé d'eux ? On est cinq, je suis la plus jeune. Et la seule sorcière, évidemment. Au début, il n'y avait que Marcus qui était au courant. C'est mon plus grand frère, il avait peut-être 20 ans, quand un professeur de Poudlard est venu m'annoncer la nouvelle. Il était un peu en charge de nous, à ce moment-là, c'était compliqué, avec mes parents. Ma mère était là, elle a été mise au courant aussi, mais je pense que papa n'avait jamais trop compris… » Elle garde le silence quelques secondes, yeux dans le vague, secouant la tête : « Enfin, donc, Marcus a été le seul au courant, pendant un moment. Il préférait cela comme ça, parce que c'était compliqué à expliquer. Je ne sais pas trop s'il leur a dit, après - ce n'est pas moi qui l'ai fait, en tout cas. Je pense qu'ils restent persuadés que j'étais dans un établissement privé, pour je ne sais quelle raison. On disait que c'était parce que j'étais futée, petite, mais Donna est bien plus intelligente que moi, je ne crois pas qu'elle y ait cru longtemps. »

Ses doigts attrapent la tasse, et elle prend une longue gorgée, profitant du silence pour ordonner ses pensées. Le café est délicieux, semblant par là lui apaiser quelque peu toutes les interrogations que cette discussion faisait remonter. Elle n'aurait pas pu simplement lui parler de son amour de la course, des glaces chez l'épicier du coin, et des livres que lui lisait Donna ?

Elle soupire, se retourne vers Charlie : « Désolée, ce n'est pas très enthousiasmant. Toujours est-il que je suis avant tout la petite sœur Harris, et la seule à avoir bougé de Newcastle. Un sacré exploit, je t'assure ! » Son sourire révèle ses dents, et elle adresse un regard curieux à Charlie : « Vous êtes tous sorciers, dans ta famille ? Ça doit être magique de partager Poudlard avec ses frères et sœurs, » regrette la jeune femme dans un souffle.

Quel hasard a fait qu'elle soit la seule des Harris à pouvoir manier une baguette magique, Georgia se l'est souvent demandé. S'ils avaient tous été sorciers, elle n'aurait pas eu à leur mentir, tous les étés, à inventer des matières et leurs significations, à chercher comment leur expliquer qu'elle n'apprenait pas les mêmes choses qu'eux, et que leur examen de géographie lui était des plus incongru qui soit. Ce n’est pas exactement que c’était nécessaire – on ne lui a jamais vraiment interdit de prévenir ses frères et sa soeur, autant qu’elle s’en souvienne, mais comment l’aurait-elle fait ? Leur vie était déjà assez compliquée, ils étaient tous bien trop pris dans leurs soucis d’adultes, leurs soucis bien concrets, pour qu’elle ne vienne lâcher des petits secrets sorciers. Elle s’est bien débrouillée, estime-t-elle, mais si elle aurait adoré leur révéler sa passion du Quidditch, et qu'elle faisait de voler à dos de balai son métier. Même Marcus, dont elle est certaine qu'il sait, elle ne le lui a jamais révélé. Comment envisagerait-il cela, de toute façon ? Voler à dos de balai, bon sang.

Ce n'est pas un plaisir, d'être coincée entre deux mondes, même si elle est bien trop incapable de le regretter, ne serait-ce que parce qu'elle a sorti une Harris de Newcastle, grâce à cela. Et elle ne ment pas, quand elle souffle à Charlie combien cela est un exploit.

1668 mots
:copyright: Eden Memories

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Mar 30 Juin - 11:11

Avant toi c'était quoi, sinon un préambule ?@Georgia R. HarrisCharlie


18 février 2004

La mousse de son café crème s’est déposée délicatement sur ses lèvres, en une moustache fine que je me retiens à grand peine de venir cueillir d’un baiser. Je me contiens toutefois, à regrets. D’abord parce que l’équilibre instable de mon assiette l'interdit formellement, hors mon carrot cake et son glaçage savoureux ne méritent pas de finir au sol. Ensuite parce qu’un baiser en entraînerait un second… auquel s’adjoindrait sans doute un suivant. Et encore un, ce qui nous mènerait immanquablement à une nouvelle séquence de passion auquel le lieu ne se prête pas vraiment, avec tous ces regards alentours, qui plongé dans d’épais livres, qui vrillé à l’un de ces petits téléphones. Et enfin, et surtout, parce qu’elle parle, ma jolie Georgia. Pas beaucoup, pas assez, comme trop peu habituée à l’exercice, mais elle parle et mes yeux sont rivés à elle, de peur qu’elle ne s’arrête par manque d’attention de ma part.
Elle évoque Newcastle et cet accent que je lui ai parfois entendu, au détour d’un mot ou d’une expression enthousiaste. Je connais mal le nord du pays, si loin de mon Devon natal. Manque d’occasion, manque d’envie, ce n’est certes pas la région la plus réputée de Grande-Bretagne. Pourtant, à entendre vibrer la voix de ma Poursuiveuse, je me surprends à vouloir découvrir ce paysage que j’imagine de terre charbonneuse et de ciel gris (enfin, plus gris encore qu’à l’accoutumée !) où elle a fait ses premiers pas, petite dernière d’une grande fratrie. À cela au moins, je peux m’identifier. Pas la place de benjamin, bien sûr, mais cette animation perpétuelle, ce socle de valeurs, ces moments partagés, source d’une complicité que ne comprendront jamais les enfants uniques. Cette façon que nous avons de chercher à être unique par nous-mêmes, tout en ayant conscience de faire partie d’un tout indissociable et soudé. Quoique… pas toujours, me murmure la petite voix de l’amertume. Pas tout à fait, semble me confirmer Georgia, en me confiant la difficulté d’être sorcière dans une famille moldue, avec tout ce que cela suppose de secrets et d’incompréhensions. Je retrouve dans son discours un peu de la frustration parfois exprimée par Peter, cette impression d’être suspendu entre deux mondes, deux vies irréconciliables. Tous les nés-moldus ressentent-ils ce grand écart avec la même acuité, la même difficulté ?

L’écho discret d’une tristesse bien cachée dans sa voix me donne des envies de la reprendre dans mes bras. Mais avant que je n’ai pu tendre une main vers elle – les deux étant respectivement fort occupées à soutenir mon assiette et manier la fourchette –, elle reprend dans un rire, vantant l’exploit que représente son départ de ces contrées septentrionales. Je hoche la tête pour renchérir, amusé. « J’aimerais pouvoir en dire autant, mais mon frère est parti vivre en Égypte quelques années, alors… Niveau exotisme, tous mes dragons ne font pas le poids face aux pyramides et aux temples anciens ! » Et en même temps… Aurais-je eu le courage de sauter le pas, de quitter l’Angleterre, si Bill ne m’avait pas montré que c’était possible ? Car au fond, c’est aussi ça, une fratrie. Des exemples à suivre, dont s’inspirer… ou se démarquer ! L’image de Fred et George prenant l’exact contre-pied de leurs trois préfets d’aînés s’impose.

Sa boutade semble marquer la fin de ses confidences, son intérêt revenant à moi, à cette chance que j’ai eu de côtoyer mes frères à Poudlard – car à bien y réfléchir, il s’agit bien d’une chance, même si je ne le réfléchissais pas en ces termes à l’époque. À mes yeux, rien ne pouvait être plus ordinaire. Nous faisions notre scolarité à Poudlard, comme nos parents avant nous, comme leurs frères, leurs propres parents, et à la suite d’une interminable lignée de générations successives de sorciers remontant bien plus loin que la mémoire humaine.
Reposant prudemment mon assiette sur la table basse – ce n’est pas parce qu’elle est vide, le carrot cake déjà disparu, qu’il faudrait la jeter par terre –, je lui souris en attrapant mon latte. « Tous sorciers, oui. Comme toute ma famille, d’aussi loin qu’on s’en souvienne. Je crois qu’il y a eu une grand-tante cracmolle mais je ne l’ai pas connue. Du côté de papa, il me semble. Elle est décédée peu après la naissance des jumeaux. » Je hausse les épaules, l’anecdote ayant peu d’importance. « C’est comme tout, avec les frères. Des fois, c’est génial et d’autres… » Un clin d’oeil entendu avant de reprendre. « Plus sérieusement, même si c’est vrai que j’aurais parfois aimé ne pas être le petit frère, le “fils de” – et encore, je ne suis sûrement pas le plus à plaindre, comparé à mes cadets ! –, j’ai du mal à l’imaginer autrement. À imaginer ce que ça a pu être, pour toi, de te retrouver coupée des tiens, de tes repères. Ça n’a pas dû être évident ! » Je prends quelques gorgées pensives, avant de poursuivre. « Je sais que je serais clairement déboussolé si l’on me projetait dans le monde moldu. Rien qu’utiliser un téléphone… C’est loin d’être facile ! » Mes fossettes se creusent au souvenir de cet essai fastidieux, mais avec une pointe de fierté dans le regard tout de même. Après tout, l’objectif avait été rempli, même si le pizzaïolo m’a sans doute pris pour un doux dingue. Pourtant, à regarder les flâneurs qui nous entourent, ça semble si simple. Un grand écart absolu. Et si en plus, la situation familiale était d’ores et déjà complexe… Je fronce les sourcils, soudain, incertain.

« Mais du coup, aucun de tes proches ne sait que tu es une sorcière ? Tu n’as jamais pu les emmener sur le Chemin de Traverse ou leur parler de Quidditch ? Ils ne savent rien du tout ? » Pourtant, je jurerais qu’il n’y a rien d’illégal à ça. Je me souviens de Claire et ses parents, éberlués devant les devanture de la plus célèbre allée magique du pays, accompagnant Peter pour ses courses de rentrée. Le Code du Secret est certes sévère, mais tout de même pas au point d’interdire à des enfants de mentionner quoi que ce soit de leur quotidien à leurs plus proches parents.

Georgia R. Harris

Georgia R. Harris
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Ven 31 Juil - 18:58
Avant toi c'était quoi, sinon un préambule ?
Georgia Harris & @Charles Weasley
Avant toi - Calogero

Février 2004

Il la regarde, al tête un peu penchée sur le côté, la bouche pleine. Il l’écoute sagement, aussi attentif que peut l’être un dragonnier profitant d’un carrot cake fondant sous sa langue. Ses yeux s’éclairent, quand elle fait référence à Newcastle, et se font plus songeurs quand elle parle des non-dits familiaux. Elle observe tous ces changements, le coeur pétillant, profitant avec un plaisir inégalé de cette oreille attentive.

Elle lâche un petit sifflement, bien malgré elle, quand il lui révèle que Bill a vécu en Égypte. Charlie l’impressionnait déjà, avec ses montagnes et ses dragons, mais l’Égypte ! Elle qui fait la fière avec les 283 miles qui séparent Newcastle de Londres, les tours grises et les maisons de briques remplaçant les condos et préfas de toc. Les pyramides aplatissent sans mal aucun tous ses exploits. Georgia hausse les épaules, alors, avec une moue presque boudeuse :

- C’est trop loin, de toute façon.

Ça lui permet d’enchaîner, toutefois, de bifurquer sur un sujet où elle est nettement plus à l’aise que ses propres péripéties trop privées : celles des autres. C’était comment, alors, Poudlard avec toute sa fratrie ? Cela fait quoi, de pouvoir se réveiller et croquer ensemble dans des baguettes sauteuses, de chanter le dernier Moldubec, et de se prendre la fumée de ses pions d’échecs en pleine figure avec ses frères et soeurs ? Une autre vie, certainement, que Georgia est bien en peine d’imaginer réellement. S’il n’y avait que la magie qui la sépare de sa fratrie – l’âge, pourtant, s’y glisse aussi vicieusement.

Il repose avec agilité son assiette vide sur la table, et le regard de Georgia suit le mouvement, s’arrêtant quelques instants sur son financier qui l’attend toujours. Elle y fait glisser ses doigts et en casse un morceau, juste un petit bout, qu’elle vient grignoter doucement. Bon sang, c’est vraiment trop bon, gronde-t-elle presque. Elle reporte son attention sur Charlie, qui se laisse aller à des confidences sur sa famille et leur sang sorcier. Ses sourcils se relèvent, un peu surprise qu’il évoque une cracmolle dans leur famille – des sorciers tous de sang sorcier qu’elle a pu fréquenter, il y en a tout de même très peu qui admettent avoir eu du sang cracmol dans leur généalogie. Elle se souvient du mépris de certains pour Rusard, dont il se murmurait sans trop de discrétion qu’il était l’un d’eux, et depuis s’imagine assez difficilement les voir parler de cracmols aussi facilement. Elle ne relève pas, pourtant, se contentant d’hocher la tête en continuer de picorer son morceau de financier.

Tous sorciers, donc. Ça doit être quelque chose, quand même. Elle songe à Donna, la seule myope de leur famille, qui gronde toujours comme ils ne réalisent pas la chance qu’ils ont de se lever tous les matins et de voir, juste cela, aussi simple que ça, de voir tout net dès qu’ils ouvrent les yeux. La tante cracmolle avait-elle grondé à l’injustice, elle aussi, quand tous se levaient et envoyaient leurs couverts à rincer d’un mouvement de baguette, aussi simplement que cela, quand elle devait se traîner à l’évier ? Drôle de vie, vraiment.

Charlie ne semble pas partager autant qu’elle ses petites étoiles dans les yeux à s’imaginer une vie à Poudlard rythmée par les allées-venues et disputes familiales, se contentant de lui glisser que c’était ‘comme tout’. Elle fait une moue, peu convaincue – il a beau dire, mais pouvoir partager quelque chose d’aussi intense, d’aussi spécial, avec ceux qui t’ont vu grandir, c’est autre chose, non ? C’est plus qu’un simple comme tout ? Elle a du mal à le concevoir, la Georgia, tellement cette magie reste de l’ordre de l’exceptionnel, pour elle, quand ce n’est que chose commune, pour le clan Weasley. Un sourire fleurit sur ses lèvres, quand il se fait plus sérieux, lui révélant que c’était parfois embêtant, d’être frère et fils de ; elle ne peut s’empêcher, alors, quelques secondes, d’imaginer ce que cela aurait donné pour elle, petite dernière. Elle aurait été la Ginny Weasley de la fratrie Harris, alors. Il y aurait eu Marcus, tête brûlée, trop engagé, trop sociable, qui se faisait amis et ennemis d’un claquement de doigt, mais trop attachant pour qu’on ne l’apprécie pas vraiment. Il y aurait eu Luke, l’hyperactif trop amoureux des matières pratiques, qui aurait peut-être excellé en potion, mais aurait été tant détesté par Rogue. Il y aurait eu Darren et Donna, évidemment, les jumeaux terribles, ne se quittant pas d’un instant, pourtant si différent. Tête forte, homme grognon, tête fûtée, femme tranquille, tous deux couvant d’un oeil trop dur leur petite dernière. Et puis elle, après toute cette flopée de Harris, à devoir être quelqu’un, à devoir se créer sa place. Ça aurait été plus de travail, c’est sûr – et, pourtant, qu’est-ce que cela aurait été bon.

Moins déboussolée, comme le murmure Charlie. Tous ses repères auraient été là. Peut-être auraient-ils été plus heureux, aussi. Peut-être se seraient-ils mieux entendus. Peut-être que les jumeaux n’auraient pas arrêté de se parler, comme ça. Ça lui retourne un peu l’estomac, de s’imaginer tout ça, finalement. Elle ne pourra rien changer. Ses doigts retombent contre la table, et le morceau grignoté de financier retrouve sa place dans l’assiette. Elle se concentre sur Charlie, plutôt, son sourire trop fier au souvenir de son expérimentation avec un téléphone. C’est comme si ça lui dégonflait le coeur d’un coup, à Georgia, et elle secoue la tête avec un rire bien plus léger.

- Tu t’es débrouillé comme un chef, je t’assure – et vu comme on t’apprécie, par ici, rajoute-t-elle avec un petit signe en direction de l’accueil, où son amie doit sûrement s’affairer avec toujours autant de charisme, je suis sûre que tu te serais adapté à merveille. Les moldus ne peuvent pas être bien plus déroutants que des dragons, hmm ? moque un peu Georgia, en venant distraitement essuyer le coin des lèvres de Charlie, où un reste de crème de latte trône en reine.

La poursuiveuse laisse son doigt reposer là quelques secondes, caressant sa joue, un peu troublée avant de détourner le regard quand elle voit ses sourcils se froncer. Son étonnement ne la surprend pas, nombreux des amis et connaissances qu’elle a pu avoir ne comprenant pas trop son acharnement à ne pas les faire basculer dans son monde. Il y a un côté égoïste où, malgré son désir de pouvoir être des plus naturelles avec eux, elle redécouvre encore chaque jour le bonheur d’être quelqu’un d’autre que la petite fille des Harris de Newcastle, cette famille-là. Puis, en plein milieu de la guerre, elle a été bien heureuse de ne pas avoir quoique ce soit à leur expliquer, tant la chose aurait été impossible. Des hommes veulent me tuer, vous savez, alors je vais courir, courir, courir, et travailler au diner’s de Luke, et faire comme si rien de mon monde n’existait, pour Dieu seul sait combien de temps ? Logique, non ? Vous comprenez tout, évidemment ? Ils n’auraient pas su quoi faire de cette angoisse supplémentaire, alors même que la femme de Luke allait sur sa seconde grossesse, que Marcus s’engageait plus encore en politique, que Donna bataillait avec son propre jumeau, et que tous galéraient avec leurs relations avec leur mère remariée. Trop d’angoisse, pour y mêler celle de Georgia l’étrange. Ils l’auraient sûrement trouvée étrange, après tout – Charlie ne réalise pas, songe la poursuiveuse, combien être sorcière, ça peut ne pas tant faire rêver que cela. C’est un acte du mal, tout de même, que d’être sorcier. Sa famille n’était pas des plus religieuses, ils n’allaient que si peu à l’Église, mais la croyance était là, quelque part au fond : le bon Dieu existait. On se remettait à lui, quand le père buvait trop, quand il était mort, on se remettait à lui pour que les choses s’arrangent un peu, allez bon Dieu, on y croit cette fois. Alors, la petite dernière, une sorcière ? Une sorcière qui fait sa vie en volant sur un balai ? Dans quel monde étions-nous, un Disney ? Même là, pourtant, la sorcière était le grand méchant.

Un long soupir échappe à Georgia, qui se pince l’arrête du nez, ne sachant même pas par où commencer sa réponse. Elle ne va certainement pas lui déballer tout cela, pauvre Charlie, basculé dans cet enfer de pensées sans fin, et toujours plus désolantes. Non, comment dire cela simplement ? Elle hésite, joue avec sa queue de cheval, puis souffle :

- Si, si, Marcus est au courant – mon grand frère, l’aîné de la famille. Ma mère, aussi, mais je ne crois pas qu’elle ait vraiment compris – enfin, elle ne s’y est pas intéressée, c’est sûr. J’étais prise en charge dans un établissement, interne, c’était un soulagement pour eux, c’est tout ce qui comptait. Marcus avait des soucis, à ce moment-là, il n’a pas pris plus de temps que cela pour me demander ce qu’il en était exactement non plus. Ils avaient tous déjà leur vie, tu sais, leur soucis d’adultes, leurs problèmes de début de vie, et avec notre différence d’âge, on avait déjà pas vraiment l’habitude d’en savoir trop sur la vie des uns des autres. On savait simplement que dans les grosses situations, où on pourrait compter l’un sur l’autre – mais moi, je n’avais pas de situation, évidemment. J’étais loin d’eux, nourrie, logée, éduquée, ils n’avaient pas besoin de se préoccuper de moi, d’une certaine façon. Et quand les choses commencent ainsi, comment révéler aux autres, plus tard, quand je réalise plus ce qu’il en est, qui je suis vraiment ? Ça ne change rien pour eux, finalement – je suis juste Georgia, qui n’a jamais été là trop souvent, et c’est tout.

Elle reporte son attention vers Charlie, sourcils froncés :

- Enfin, comme je te disais, si ça se trouve Marcus leur a tout dit, et ils préfèrent simplement faire comme si de rien n’était. Si c’est vraiment ça, comment me permettre de briser cet équilibre entre nous ? Ce n’est pas bien grave, au final. Et puis, tu imagines si je leur sors que je gagne ma vie en voltigeant à balai ? Ça leur paraîtrait encore plus absurde que si j’étais à dos de dragon, je t’assure ! lâche-t-elle avec un rire. Pour eux, je suis assistante sportive, ou quelque chose du genre. Ils savent que je gagne bien ma vie, que je vais bien et – enfin, c’est tout ce qui compte, non ?

Et puis, comme pour le rassurer que ce n’est pas si terrible, promis juré, Georgia se laisse aller au fond du fauteuil, glissant contre lui, pour lui raconter combien Donna et Darren sont ceux qui la connaissent le mieux, parce qu’ils ont le moins d’écart, mais qu’elle a passé plus de temps adulte chez Luke, parce qu’elle a travaillé dans son restaurant, un moment, et même s'ils ne savent pas tout l’un sur l’autre, même s’ils doivent sûrement se demander pourquoi elle ne sait pas trop leur parler de sport moldu, pour une coach sportive, ils s’entendent tout de même bien, tout ce qu’ils en sont. Ils ne se voient pas souvent, il doit connaître cela, Charlie, après tout – alors, certes, elle ne vit pas à l’autre bout de l’Europe, mais leurs vies sont tout autant occupées, finalement, et quand on se voit un ou deux week end dans l’année, est-ce bien nécessaire de révéler qu’on arrive chez eux en transplanant, et non en voiture ? Elle lui raconte tout cela, des petites anecdotes en vrac, alors qu’il renchérit sur les siennes, quelques histoires à lui, sur Bill, surtout, Georgia sent son sourire s’agrandir quand il parle de Bill, parce qu’on dirait elle avec Marcus, et elle se demande si tout le monde parle ainsi de son grand frère, si c’est une règle immuable.

Ils parlent, et bientôt leur tasse de café est vide, et ils se retrouvent presque la gorge asséchée, finalement, le fauteuil plus si confortable, l’âtre presque trop chaud ; Georgia se redresse, alors. Elle vient plier soigneusement le morceau de financier à peine touché dans une des serviettes en papier mise à disposition, et le glisse dans sa poche, ignorant sciemment le regard de Charlie.

Elle se mordille la lèvre, ne sait pas comment approcher la chose. À d’autres, elle aurait dit qu’elle doit y aller, voilà, c’est tout, adieu, à bientôt peut-être, probablement que non. Là, seulement, elle ne veut pas juste lui dire au revoir, comme ça, comme s’ils ne venaient pas de parler des heures après une des voltiges les plus appréciées de sa jeune vie. Elle glisse une main sur la sienne, traçant le contour des quelques brûlures et morsures qui s’y affichent, et souffle :

- Il va falloir que j’y aille, j’ai une soirée pro, ce soir, une énième inauguration, je ne sais même plus pourquoi, enfin je ne peux pas m’y présenter comme ça, et… enfin, je crois que ta nièce t’attend impatiemment, non ? Ça m’embêterait qu’elle me déteste déjà, ajoute-t-elle avec un petit clin d’oeil, avant de libérer sa main. On y va ?

Elle n’en a pas vraiment envie, elle doit l’avouer, sa main allant bien plus volontiers s’abandonner sur le torse de Charlie, jouer avec les bouclettes dans sa nuque, et ses lèvres redécouvrir encore les siennes – mais la vie les rattrape, et Georgia a déjà bien trop triché, avec cet après-midi suspendu.

2207 mots
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Mar 18 Aoû - 18:34

Avant toi c'était quoi, sinon un préambule ?@Georgia R. HarrisCharlie


18 février 2004

Les minutes s’égrènent et se ressemblent. S’assemblent pour former une heure, puis une seconde. Deux heures s’écoulent sans que j’y fasse attention, tout absorbé par cette trop jolie princesse qui évoque pour moi son enfance, sa fratrie éclectique et nombreuse. Et face à cette description des uns et des autres, je ne peux m’empêcher de rire des similitudes manifestes qui pourraient rassembler nos familles : un aîné populaire, un second plus effacé, des jumeaux hyperactifs… et une cadette bien décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds ! Merlin, je pourrais croire que c’est de nous qu’elle parle ! Et nul doute que les uns et les autres trouveraient matière à s’entendre – je me sens déjà curieux de découvrir ce Marcus qui semble aussi important à ses yeux que l’est Bill pour moi. Mais malgré les points communs, une rencontre, une compréhension semblent des plus improbables. Parce qu’ils n’entendent rien au monde de la magie, ce qui tire à Georgia un soupir si désolé que mes doigts ne peuvent s’empêcher de chercher les siens, dans un geste de soutien aussi vain que sincère. Et qu’en dépit des nés-moldus et de leur présence comme un pont jeté entre les deux mondes, la frontière reste bien trop hermétique. En souffre-t-elle, ou voit-elle dans cette distance l’occasion de refaire sa vie loin d’un passif familial complexe ? Dans son discours, dans ses confidences, le regret semble le disputer à ce qui ressemble à une forme de soulagement et je n’ose en demander davantage.
Alors je me contente de glisser un bras autour de ces épaules qui viennent si naturellement se blottir contre moi, déposant sur ses cheveux couleur de blé mûr des baisers épars. Comme encouragé par toutes ces confidences qu’elle me livre si naturellement après s’être tant fait prier, je renchérit à ses histoires pour lui dépeindre les miens. Bill qui marche si bien sur le fil entre gendre idéal et rockeur rebelle. Percy, ce petit frère trop sérieux qui a longtemps cherché sa place, derrière deux aînés trop présents. Fred et George, les éternels farceurs impénitents, dont l’humour s’est envolé tandis que frappaient les sortilèges et les maléfices. Ron que j’ai si peu vu grandir, et que je ne reconnais plus dans ce regard rageur, haineux. Ginny enfin, qu’elle a davantage côtoyé, ma benjamine sans peur et sans reproche qui n’a plus guère besoin de la protection de ses frères et pour qui je serais pourtant capable du pire comme du meilleur. Et devant son rire amusé, je me demande si tous les grands frères parlent ainsi.

Mais les minutes s’égrènent, implacables, et le soleil glisse peu à peu vers l’horizon qu’il rejoint bien trop vite en ce début d’année où les jours se sont trop courts. À regrets, je libère Georgia de mon étreinte. Mes muscles endoloris d’être restés si longtemps immobiles, je m’étire dans bâillement peu à propos, avant de hocher la tête. « La connaissant, elle a dû commencer à faire le tour du jardin en courant dans l’espoir de m’apercevoir avant quiconque… Et si elle attrape froid à s’obstiner à rester dehors, c’est ma belle-soeur que je risque d’avoir sur le dos ! » Ma grimace n’est qu’à moitié sérieuse – à moitié seulement, il n’est jamais prudent de mécontenter Fleur. Ce qui ne m’empêche pas d’envelopper mon cookie dans une serviette en papier avant de le glisser dans une poche. C’est que j’ai une réputation d’oncle gâteux à entretenir, hé !

Si vite, trop vite, nous voilà hors de ce canapé, de ce moment hors du temps disputé à la réalité. Et comme une bulle de paix qui éclate, l’instant s’échappe pour nous rendre au monde, ignoré tout ce temps. Les échos du café, bondé à cette heure trop froide de fin d’après-midi, me reviennent aux oreilles. Et notamment cette voix qui s’élève à quelques mètres de là, accompagnée du rythme incessant des talons qui se déplacent de table en table. « Dans tes rêves, Weasley ! » Son regard croise le mien dans un sourire narquois, et mes doigts retombent, loin de la poche intérieure de mon blouson de cuir où je cherchais déjà ma bourse. Son regard triomphant glisse vers Georgia, se fait plus doux. « À une prochaine, miss ? Ici, c’est moitié prix pour les amis. » Et nous tournons les talons sur un dernier au revoir, faisant résonner le son cristallin du carillon d’entrée.
Le vent nous cueille sitôt la porte du café franchie, tandis que j’entraîne ma jolie poursuiveuse dans la ruelle voisine, dissimulée aux yeux des passants trop curieux, qu’ils soient moldus ou sorciers. Mes paumes caressent ses joues encore rougies par le crépitement joyeux de l’âtre, et mes lèvres viennent à elle pour un baiser passionné. Et encore un. Un de plus, avant que je ne murmure « À bientôt princesse. Je t’écrirai ! » Godric, qu’il est difficile de me détacher d’elle ! Enfin je m’éloigne d’un pas, laissant glisser mes doigts sur ses pommettes, ses bras, ses mains enfin, que j’embrasse à leur tour avant de disparaître loin d’elle dans un demi-tour sur moi-même. Vers cette chaumière où m’attend impatiemment une enfant de quatre ans, suspendue au portail du jardin dans la pluie et le vent, malgré les tentatives de son père pour faire de l’autorité. Un cri de joie répond au bruit caractéristique de mon transplanage, poussé par cette petite tornade rousse qui se jette dans mes bras à corps perdu, sous le regard mi réprobateur, mi amusé de son père, qui tourne les talons, désinvolte. Je lui emboîte le pas, la petite jetée comme un sac de pommes de terre sur mon épaule, mon éclat de rire répondant à celui de ma filleule.


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