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Take this Longing
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
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Dim 5 Avr - 10:05
Yolanda sourit en recevant la missive, en fin de matinée. Elle s’était promenée dans le parc de Poudlard, très tôt ce matin-là — elle n’avait pas cours avant l’après-midi — malgré le froid de février, revigorant. C’était un écrin spécifique à sa mélancolie qui l’habitait souvent — ce parc de Poudlard où tant de souvenirs s’étaient formés. Non, vraiment, les jours comme ceux-là elle aimait son métier, elle aimait le cadre de l’Ecole où elle vivait, les cours qu’elle donnait — les collègues qu’elle croisait, aussi, pensa-t-elle avec un nouveau sourire, malicieux, bien qu’elle fût seule. Elle avait l’impression qu’une plaisanterie flottait dans l’air, une plaisanterie entre elle et elle même, un peu abstraite et un peu tacite.  

Elle était sur le point de rentrer vers le château lorsque le hibou la trouva. Elle délia maladroitement l’enveloppe, ses mains gantées à cause du froid, puis renvoya le hibou, et commença à ouvrir la lettre tandis qu’elle marchait, intriguée et curieuse. Elle sourit en reconnaissant l’expéditeur, et une moue rêveuse flotta sur son visage un instant. C’était Malachy, le collègue de Patiencia qu’elle avait dû à plusieurs reprises rencontrer pour se mettre d’accord sur les programmes d’Histoire de la Magie, et préparer les cours.

Très vite, elle avait compris qu’elle lui avait plu, ou en tout cas qu’elle ne le laissait pas indifférent — comment l’inverse aurait-il pu être possible, d’ailleurs ? Elle était Yolanda Yeabow, se dit-elle encore, avec un autre sourire satisfait d’elle-même qui flottait sur ses lèvres alors qu’elle marchait, encore, seule. Oui, elle était Yolanda Yeabow, et très vite elle s’était rendue compte qu’elle ne laissait pas le jeune homme indifférent. Les choses auraient pu, certainement, en rester là, mais la tentation de les pousser plus loin était trop grande. Jamais elle n’avait pu résister à ce jeu-là— ce jeu qui semblait être devenu, après tout, l’une de ses nombreuses raisons de vivre. Jamais, non, elle n’aurait pu s’arrêter à laisser Malachy dans son coin, à avoir laissé la flamme dans ses yeux briller seulement quelques instants. Alors bien sûr elle avait commencé à faire quelques allusions, au début, des allusions du bout des lèvres, des allusions qui auraient pu vouloir dire autre chose, qu’il aurait pu avoir peur de mal comprendre. Puis c’avait été des regards, des  sourires, des moues — qui tous auraient pu vouloir dire quelque chose d’autre, aussi, qui tous laissaient flotter une ambiguité lourde, insupportable, presque railleuse. Tout s’était déroulé avec une lenteur absolument insupportable, oui. Elle savait d’expérience que plus elle poussait un homme à bout, plus il serait un bon amant ; attiser son désir, en lui faisant comprendre qu’il y avait peut-être moyen de le concrétiser, mais sans lui donner de certitude, décuplait généralement et l’envie d’elle, et la passion qui serait manifestée au moment venu. Et puis, le jeu lui-même était plus que grisant ; il la faisait frissonner, l’excitait, la faisait rire. Dans ces moments-là, comme dans peu d’autres elle se sentait être elle-même.

Elle avait joué ave Malachy pendant des mois — et il s’était, avec elle, prêté au jeu — avant que les choses ne finissent — enfin — par se concrétiser au cours de leurs toutes dernières rencontres, il y a un petit peu plus d’un mois, alors qu’ils avaient commencé à préparer des cours dans ses appartements. Et le jeu en avait indéniablement valu la chandelle. Yolanda avait été très satisfaite de son jeune amant, vraiment. Au point qu’ils remettent la partie une fois ou deux encore, toujours avec grand plaisir des deux côtés. Certes, sa jeunesse était déconcertante — vingt ans de moins ! C’était sans doute la première fois qu’elle prenait un amant à ce point plus jeune qu’elle. Il avait l’âge d’Ariane, ce à quoi elle avait essayé, depuis le début, de ne pas trop penser — mais peine perdue, la pensée l’avait traversée en long, en large et en travers — mais ne l’avait pas arrêtée. Et puis quoi, elle ne faisait, n’est-ce pas, rien de mal ? Il n’y avait que du bien à partager son expérience avec un compagnon qui paraissait largement consentant. Plus que cela : elle adorait être dans cette position.

Bref, Malachy lui écrivait pour lui demander s’il pouvait passer chez elle ce soir, afin de lui rendre les quelques livres qu’elle avait oubliés chez lui la dernière fois. Une fois rentrée au château et à son bureau, elle s’empressa de griffonner  « Bien sûr — avec plaisir ! » avant de poursuivre le cours de sa journée.

Comme prévu, il frappa à sa porte à l’heure dite et elle l’accueillit. Elle était en train de lire sur le canapé de ses appartements. Elle l’accueillit avec un sourire, posa son livre, l’invita à s’assoir.

Tu m’excuseras, je n’ai rien à t’offrir à boire — mes réserves sont terminées — mais j’ose espérer que ce n’est pas un problème ?

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Ven 10 Avr - 23:32




Take this longing
Un mercredi soir du mois de février 2004, jour 28 du Cycle Lunaire.

C’est ce concert, qui avait tout envoyer valser. Son assise tranquille, sa croyance, manifestement erronée, que le monde allait mieux. Sa vie à Poudlard, en tant que Loup-Garou ouvertement damné, les affaires familiales qui n’avaient jamais aussi bien fonctionné, et les différentes lois de Potter et Granger avaient dû lui mettre quelques paillettes dans les yeux. Sa naïveté et sa candeur avaient commencé à s’effriter au moment où l’on avait célébré sur le Chemin de Traverse le cinquantième anniversaire d’un Mangemort. Elles s’effondraient totalement maintenant qu’il devait entendre son directeur demander aux élèves du Château de s’accuser les uns les autres d’un crime qui n’en était pas même un. Et si Malachy remontait le fil des événements qui l’avaient mené à cette désillusion, le concert n’avait ainsi été que la goutte d’eau qui avait fait déborder un vase qui avait commencé à se remplir le jour où l’Enchanteresse avait annoncé sa dissidence, avait levé l’Insurrection, et était partie vivre sur les nouvellement nommées Terres de Feu.
Malachy pouvait bien en vouloir à tous ceux qui avaient participé au montage de ce concert, à la célébration de Lucius Malfoy, car effectivement, ça amenait tout ce désordre dans le monde magique. Mais avant de regarder ce qui mijotait dans le chaudron d’à côté, il fallait commencer par balayer devant sa tanière, et Malachy était loin de pouvoir montrer patte blanche. En tombant sur les bouquins qu’avait oublié Yolanda Yeabow lors de leur dernière entrevue, ça l’avait frappé. Il était allé emmerder @Hekate R. Murphy avec ses questions, l’avait accusée de coucher avec @Engel Bauer, et ainsi, d’avoir participé à l’enregistrement de la chorale, sans même songer que lui aussi, avait des relations intimes avec des proches de l’Enchanteresse. Il était allé accuser Hekate sans autre preuve que sa conviction personnelle, alors que par Séléné, il avait des convictions bien plus probantes à l’égard de Yolanda qui l’en avait à l’égard d’Hekate. Il avait vu des regards qu’Hekate avait adressé à Engel, et il avait couru jusqu’à sa porte pour l’accuser. Il savait, puisque ce n’était pas un secret, que Yolanda vivait sur les Terres de Feu. Elle était littéralement la voisine de Lady Narcissa Malefoy ; pourquoi n’aurait-elle pas été la coupable que cherchait @Severus Rogue ? Pourquoi avait-il fallu qu’il aille chercher si loin, quand il y avait quelque chose là, juste sous sa truffe ?

C’était la Lune, qui lui faisait faire des folies. Et ainsi, il n’avait pas pu s’empêcher d’écrire ce mot à sa collègue de Poudlard, celle qui dispensait le même cours que lui, mais aux plus grands. Il lui avait proposer d’aller déposer les bouquins qu’elle avait oubliée là, bien décidé à se saisir de cette occasion pour en finir avec elle. Elle avait été de bonne compagnie, réellement. C’était une femme sublime, de vingt ans son aînée, et c’était elle qui, la première, s’était montrée séductrice à son égard. Il n’avait même pas été certain de comprendre, au début, tellement ça lui avait paru improbable. Ça faisait une année une année qu’ils couchaient ensemble, désormais. Une année de trop, s’était-il convaincu, quand il s’était regardé dans ce miroir.
Il traversait le château d’un pas assuré, le corps réchauffé par la fièvre lunaire. Sur ses tempes, quelques gouttes de sueur perlaient. La Lune arriverait dès le lendemain. Il ne s’en rendait pas compte, mais il courrait presque. C’était l’astre qui le rendait maniaque. D’ordinaire, il faisait attention à ne pas être trop vu de ses camarades à l’approche du jour 29. Il n’était pas beau avoir, tout nerveux, bourré de tics. Les coups qu’il asséna à la pauvre porte furent un peu trop forts. C’est qu’il y avait l’angoisse, aussi. Il n’aimait pas l’idée de rompre, avec personne, et encore moins avec une collègue qu’il serait amené à croiser encore et encore. Yolanda l’accueillit avec entrain. Il aurait dû amener son chien, ça aurait mis de la distance, entre eux. Mais il n’était pas sûr qu’elle l’eut apprécié. D’ordinaire, et surtout en milieu de cycle, il se serait approché d’elle. Il aurait glissé une main sur son dos, et l’aurait saluée avec familiarité. Il tenta de se faire le plus naturel possible, quand il lui dit : « Bonsoir, Yolanda ». Au pire, elle pourrait blâmer la Lune. Elle ne sembla toutefois pas trop désarçonnée, et s’excusa de ne pas avoir de quoi boire. Tant mieux, il était déjà suffisamment en sueur, s’il s’était en plus épanché sur de l’hydromel, ça n’aurait pas été beau à voir. Il déposa les quelques bouquins qu’il lui avait emprunté sur une table, sans mot dire, avant de la rejoindre, s’asseyant sur un fauteuil. Il ne voulait pas se montrer ingrat, à son égard. Elle avait été – généreuse, à son égard, sans aucun doute. Il avala sa salive, avant d’entamer, cherchant son regard. « Je t’en prie, je n’ai pas besoin de boire, la Lune arrive demain, la seule drogue dont j’ai besoin en ce moment, c’est ma Tue-Loup ». Il sourit – un trait d’humour. Parce c’est ce qu’il aurait fait, en temps normal. Ils auraient ri, auraient parlé un peu boulot, se seraient embrassés, et n’auraient plus beaucoup parlé. L’intention de Malachy était de s’en arrêter aux premiers rires, pour ensuite amener un autre sujet, beaucoup plus sérieux. « Comment tu as trouvé le discours du Patron, l’autre soir ? Il m’a fait pas mal réfléchir. » Il s’était tenu devant son miroir, et s'était demandé comment il pourrait amener le sujet. Il avait déterminé qu'il passerait par-là, par lui demander ce qu'elle, elle en pensait. Elle ne pouvait pas trouver ça correct, éthiquement, en tant que soutien officiel à l’Enchanteresse, de passer pareils moments avec un membre réformé de l’Ordre du Phoenix. Ça ne pouvait pas être que lui, dans l’affaire, qui décidait qu’il était temps de choisir son camp, qu’il était temps de se positionner, et ainsi, de lâcher toutes ses attaches un peu foireuses.

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Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
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Jeu 4 Juin - 17:23
L’ambiance s’était pourtant rafraîchie, étonnamment, lorsque Malachy avait passé sa porte. C’était, pourtant, lui qui avait voulu la voir, lui qui avait sollicité cet entretien. Mais alors ? D’ordinaire, il semblait plus guilleret à l’idée de la voir — enfin, c’était le moins qu’on puisse dire, il ne lui rendait pas visite pour se prendre la tête. Qu’est-ce qui avait pu changer ? Etait-ce quelque chose de relatif à elle ?

Malachy était, pourtant, une espèce de planche de saluts. Bien sûr qu’il l’attirait, bien sûr qu’elle aimait coucher avec lui, et bien sûr qu’elle n’ignorait pas non plus ses convictions politiques. Alors, entretenir une relation intime, bien qu’elle soit loin d’être sérieuse, avec un soutient au Ministère, c’était, elle l’espérait du moins, une façon d’être perçue comme un peu plus neutre qu’elle ne l’était. Si elle était ancienne Mangemort, elle n’irait pas coucher avec un soutient à Potter, n’est-ce pas ? Elle cherchait à tout prix à éloigner les soupçons d’elle, surtout à Poudlard. Ce n’était pas possible de ne traîner et de n’être vue qu’avec Nott, Nigel, Narcissa, et autres rigolos de la bande. Non, Lemony, Malachy — certes, elle aimait les relations qu’elle avait avec chacun d’eux, et passait du bon temps avec eux — mais c’était — elle l’espérait du moins — une façon aussi d’être vue comme plus neutre qu’elle n’avait pu l’être. Et il fallait s’intégrer dans le Monde Nouveau, non ? Owen n’était plus là pour la protéger.

Malachy aborda tout de suite un sujet sérieux, ce qui n’était pas son habitude quand il la retrouvait. Le discours de Rogue. Son encouragement à la délation. Sur ce point, au moins, tous les professeurs devaient être d’accord. Même si Lemony, quelques jours avant, en avait profité pour lui mettre les points sur les I…

Je comprends, je pense que c’est quelque chose qui nous est tous resté en travers de la gorge en tant que professeurs. Enfin, je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les événements sont scandaleux, que les coupables méritent d’être punis, mais encourager à la délation ? Ce sont des gamins. J’imagine que tu penses comme moi. La plupart ne sont pas majeurs. Après tout ce qui s’est passé, j’estime que nous sommes en devoir de protéger cette nouvelle génération autant que possible, et autant que possible les laisser en dehors de tout ça. Je ne sais pas ce que tu en penses. Mais en tout cas c’est important que nous en parlions tous entre nous, je crois. Le corps enseignant doit être soudé, maintenant plus que jamais. Toi, qu’est-ce qui t’a fait tant réfléchir ?

Les événements qui étaient survenus dépassaient les petites divisions, et aussi elle croyait vraiment ce qu’elle disait. Le bien de Poudlard transcendait le reste. Surtout après la guerre. Elle avait été là, elle avait vu ce que les enfants avaient subi ici. Elle était curieuse en tout cas de la réponse de Malachy. Elle espérait qu’il se détendrait peut-être en plongeant avec elle dans la conversation. C’était étrange, mon Dieu, son malaise… Etait-on si mal à l’aise quand Yolanda Yeabow vous invitait à passer la soirée avec elle ? il y avait quelque chose qui n’allait pas… Elle le regardait. Elle lui sourit, aimable, presque tendre et rassurante en tout cas.

Quelque chose ne va pas ? s’enquit-elle, aimablement, en lui souriant et le regardant dans les yeux. Elle ne voulait pas qu’il lui échappe. Tu n’as pas l’air très bien. C’est l’approche de pleine lune qui te fait ça ? Je peux faire quelque chose ?

Elle ne fit aucun geste encore pour se rapprocher de lui. Elle attendait.


600 mots. Désolée du retard !

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Dim 12 Juil - 15:23




Take this longing
Un mercredi soir du mois de février 2004, jour 28 du Cycle Lunaire.

Yolanda avait dû sentir dans l’allure de Malachy l’étrangeté du moment qu’ils étaient en train de partager. Sans doute était-elle une femme avec de bons instincts de préservation. La patte du loup battait en rythme la pierre froide, nerveusement. Il s’installa sur l’un des sofas de ses appartements, loin d’elle. Qu’était-il en train de faire ? Le regretterait-il ? Il était certain que non, mais comment savoir, en vérité ?
Il avait demandé à Yolanda ce qu’elle avait pensé du discours de Rogue, et avait écouté distraitement sa réponse. Distraitement parce que, comme d’habitude, la réponse de Yolanda était dotée d’une neutralité effarante. C’était sûrement pour cela qu’ils s’étaient entendus : lui aussi était d’une neutralité effarante. Il ne s’était jamais imaginé devenir ainsi, en 1997, quand il se battait pour l’Ordre du Phoenix. Il avait cru qu’il passerait sa vie entière à se battre pour l’équité et pour l’égalité entre les Hommes. Tous les êtres humains étaient concernés, à son avis, les sorciers, les moldus, les lycanthropes, bien sûr, et ceux qui ne l’étaient pas, les jeunes, les vieux, les femmes, tout ceux-là devaient être égaux. Et puis, la guerre était passée par-là, et des dizaines de Pleines Lunes depuis. Ça l’avait épuisé, ça l’avait drainé, et il en était ressorti comme s’il avait tenté de voler sur un balai en pleine tornade. Au sortir de la guerre, il avait terminé l’Université, ce qui avait sans doute détendu ses humeurs parce que ça lui avait permis d’oublier toutes les atrocités qu’il avait vécu. Parmi les moldus en effet, personne ne les connaissait, et personne ainsi ne pouvait les lui rappeler. Et puis, sans savoir vraiment comment, il s’était engagé à Poudlard, et entre ses murs, il avait commencé à fréquenter un monde bien différent du sien. Pas de moldus, pas d’électricité, et plutôt que ça, des centaines de sorciers aux idées arriérées. Malachy, parmi eux, s’était effacé. Il avait laissé de côté ses idéaux pour s’intégrer au groupe, et il avait rencontré Yolanda, si on peut dire les choses ainsi. « Enfin, je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les événements sont scandaleux, que les coupables méritent d’être punis, mais encourager à la délation ? Ce sont des gamins. J’imagine que tu penses comme moi. » Mais comment pouvaient-ils justement être tous d’accord ? Et comment lui pouvait-il, au juste, penser comme elle ? Yolanda vivait sur les Terres de Feu, tandis que lui s’était toujours appliqué à ne faire valoir aucun privilège en vertu du statut du sang. Il s’agissait-là d’une différence de pensée majeure, il n’était pas seulement question de ne pas aimer le même goût de Dragée Surprise de Bertie Crochue...

Malachy avait la nausée. Peut-être était-ce la Lune, ou peut-être était-ce le dégoût qu’il ressentait à son propre égard, d’avoir couché avec une femme qui avait sans doute, en son temps, été une Mangemorte. C’était ainsi qu’il considérait, en réalité, tous les insurgés : des ayant-été, ou des ayant-pu être, peut-être, Mangemorts. Tous, parce qu’ils étaient une unité floue, qu’il ne connaissait pas. Mais pas elle, ou pas encore elle. Il avait comme oublié de la compter dans ce lot-là. Il avait fait en sorte de ne pas voir sa nature, de tourner le regard, de ne pas entrapercevoir, contrastant avec les draps blancs et froissés de sa couche, l’apparence d’un tatouage noir sur son bras laiteux. Et maintenant, il lui semblait être arrivé au bout de ce mensonge. Il ne pouvait plus le tolérer.

Le corps enseignant devait être soudé, avançait-elle. Un sourire triste naquit sur la gueule du loup. Soudé pourquoi ? En l’honneur de quoi, ou contre qui ? Tout ce que Malachy voulait faire, à cet instant-là, c’était souligner leurs différences. En aucun cas ne voulait-il être associé ni à Severus Rogue, et ni, raison de sa présence, à Yolanda Yeabow. Il soupira bruyamment, prit sa gueule entre ses mains, et Yolanda, gentille, lui demanda si tout allait bien. Restant éloignée, elle expliquait la scène par sa lycanthropie. Sûrement n’avait-elle pas tort, il le lui accorda : « L’approche de la Lune me met un peu sur les nerfs, excuse-moi. Tu ne peux rien faire, mais ne t'en fait pas trop. » Les mots étaient automatique ; il n’était pas vraiment désolé, il ne pouvait rien contre sa nature, mais avait pris l’habitude, en vingt-sept ans de vie, de sans-cesse s’excuser pour celle-ci. Il reprit : « Je crois en effet qu’il faut tenir les enfants éloignés des combats politiques qui divisent notre pays, surtout ici, à Poudlard. » Il marqua une pause, cherchant manifestement comment poursuivre, ses yeux gris perdus dans la pièce. « Je crois aussi qu’il faut que nous soyons unis face à cela. Que nous le soyons vraiment, je veux dire. Et je ne sais pas si j’en suis capable, parce qu’en fait, je ne sais pas si je te crois, quand tu dis que tu veux protéger les louveteaux. » Ils étaient le cœur du problème, en réalité. Il ne s’agissait que d’eux, et de leurs visages à peine masqués dans le clip de Reissen, et de la façon dont on les avait utilisés pour célébrer l’anniversaire d’un meurtrier. Cette fois-ci, il trouva son regard : « Je ne comprends pas bien comment je pourrais être du même côté de que toi. Sans parler de nos histoires respectives ou de nos parcours de vie sûrement différents, ne serait-ce donc qu’autour de cette affaire de concert … Bauer et son groupe ont célébré l’anniversaire d’un des plus proches alliés de Voldemort. Ils ont célébré l’anniversaire d’un assassin, d’un meurtrier, en utilisant les louveteaux qu’on est justement censés protéger de tout cela, à Poudlard … Si la réaction de Rogue m’enflamme, ce n’est pas juste parce qu’il demande à ses troupes une délation, mais parce qu’il ne cherche pas le coupable au bon endroit. » Il s’arrêta un instant, pour reprendre son souffle. Tous les mots étaient sortis rapidement de sa bouche, à mesure que sa patte continuait de battre le sol. Son cœur battait fort, il semblait en sentir l’écho jusqu’au bout de ses doigts. « A mon avis, la coupable, c’est celle qui commande ce concert et qui fait en sorte qu'il ait lieu sur le parterre de la seule banque de Grande-Bretagne, et qui utilise nos gamins pour faire passer son message. » Yolanda devait voir, maintenant, où il voulait en venir. « C'est celle-là même qui te loge sur ses Terres de Feu, et qui te ment à toi, Yolanda, comme aux autres Insurgés. C’est celle qui te fait croire que c’est en célébrant un temps révolu ou alors un homme autrefois grand et désormais déchu que le monde tournera rond. Narcissa Malefoy me dégoûte, et tout ce qu’elle représente avec elle. Je ne peux pas me montrer uni avec ceux qui la suivent. Sinon, je me dégoûte. »

C’était là que se situait sa nausée. A l’endroit où son plaisir rencontrait ses idées.  

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Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
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Ven 28 Aoû - 18:41
Ah. C’était cela, alors. Le petit loup venait de se réveiller, et avec lui, une forme de dégoût qu’elle ne pouvait ni ne voulait voir plus longtemps. Une forme de dégoût qui lui était, de manière étendue, destinée ; une forme de dégoût qui retombait sur elle. Cela, c’était ce qu’elle avait toujours voulu éviter, ce qu’elle avait toujours — jusque là — réussi à éviter. Mais qu’est-ce qui lui avait pris, aussi, à elle, Yolanda, de vouloir entretenir une liaison avec ce collègue, non seulement beaucoup plus jeune, mais ancien membre de l’Ordre de surcroît ? Qu’est-ce qui lui avait pris ? N’était-ce pas établi que les choses allaient se terminer ainsi ? Qu’est-ce qui l’avait poussée à aller chercher ça, aussi ? Qu’est-ce qu’elle avait voulu mettre en danger ?

Et lui aussi, pourquoi se réveillait-il maintenant ? Elle avait pensé que soit par ignorance, déni, ou en fermant délibérément les yeux, il avait accepté tout cela… Elle s’était dit qu’il devait se doutait, vaguement, que leur passé, que leurs opinions politiques, ne se mariaient pas, certes… mais que, une liaison étant seulement une liaison, une rencontre physique étant seulement une rencontre physique, cela ne l’avait pas arrêté ou limité. Que leur liaison était une parenthèse, bordée de déni peut-être, mais n’avait rien à voir avec les ancrages, le sérieux, la réalité.

Elle eut un petit sourire amer, entre elle et elle-même, puis lui adressa un petit sourire triste, avant de devenir à la fois douce et ferme, lorsqu’elle lui répondit :

J’étais enseignante à Poudlard pendant la guerre, tu sais. J’ai vu que le bien-être des élèves était menacé, et j’ai été dans leur camp. Je sais ce que ça veut dire de protéger les élèves. J’ai été là. Peut-être ne suis-je pas le professeur qu’ils préfèrent, c’est vrai que j’ai la réputation d’être trop exigeante mais… j’ai vu ce qu’on essayait de faire à Poudlard pendant la guerre, et à ce moment-là j’étais du côté des élèves… Je ne suis pas Mangemort, tu sais.

Sa voix était douce mais ferme. En dépit de la dernière phrase, qui était bien sûr un mensonge, le reste n’était pas totalement faux. Elle n’avait jamais été partisane des gens qui torturaient les élèves — sa fille avait été l’une d’elle après tout — et à l’époque de la guerre, elle avait été contre les tortionnaires qui voulaient régler leurs comptes en punissant les enfants. Bien sûr qu’elle n’était pas blanche comme neige, bien sûr qu’elle avait eu des choses à se reprocher — elle n’avait pas toujours été parfaitement correcte, avec Lemony par exemple, ou les élèves nés-moldus — mais elle avait été du côté des élèves pendant la guerre, plutôt que des Carrow. Elle avait été ferme et exigeante avec eux d’un point de vue académique, mais— et bien qu’elle fût aussi Mangemort — elle avait été droite.

Elle voyait où il voulait en venir… Il parlait de dégoût, et elle voulut mettre un point d’honneur à lui faire repenser ce dégoût-là. Un dégoût d’elle qui avouait entre les lignes… ? Elle le regarda dans les yeux, malicieuse, mutine d’abord :

Tu n’avais pas paru si dégoûté, pourtant, lors de nos dernières rencontres… glissa-t-elle, les yeux brillants. Doux euphémisme pour signifier leurs échanges assez brûlants, la passion qui s'était emparée d'eux.

Avant de reprendre, plus posée :

Plus sérieusement, c’est vrai que j’habite sur les Terres de Feu. Je n’ai jamais été d’accord avec toute la politique de Narcissa, mais j’y habite. Je partageais certaines traditions, pas toutes, avec certains membres des terres de feu. Je pensais que nous pouvions construire quelque chose tous ensemble. Depuis les récents événements, qui ont été assez outrageants et choquants, je remets en cause beaucoup de choses, dont ma position aux Terres de Feu, et mes rapports avec Narcissa. Ce qui s’est passé est tout à fait condamnable, et a brisé des vies…

Cela n’était pas entièrement faux. C’était vrai qu’elle remettait en cause son allégeance à Narcissa, mais pas pour les raisons dites exactement : le fait qu’elle ait transformé Poudlard en un tel terrain de guerre, sans la prévenir, et de manière à tout ce des soupçons pèsent sur elle, Yolanda — voilà qui ne l’arrangeait pas. Voilà qui la mettait dans une position délicate, être affiliée aux terres de feu la mettait dans une position délicate désormais, sachant que des soupçons liés à la guerre pesaient déjà sur elle… Oui, il semblait qu’en organisant un pareil événement, Narcissa ne se soit pas posée la question de sa sécurité, des soupçons, des dangers qui pouvaient se poser pour elle, Yolanda, à Poudlard…

En tant que professeurs nous nous devons bien d’être unis, pour les élèves, il n’y a pas le choix…

Elle se retourna vers lui, lui adressant un nouveau regard pénétrant, comme elle savait les faire. Elle scruta ce visage, beau et jeune, qui l’avait embrassée, désirée, observa ce corps contre lequel elle avait pris bien du plaisir, et puis eu un sourire léger, tendre, compréhensif, presque maternel dans sa douceur :

Je pensais que depuis le début les choses étaient plutôt claires dès le début, Malachy. Il n’était pas question de t’épouser, et c’est pourquoi je pensais que nos parcours de vies différents ne seraient pas un obstacle, au fond, à ces forts agréables rencontres, qui n’étaient que de forts agréables rencontres. Je suis désolée de ce manque de clarté.

Elle rajouta, imperceptiblement plus enjôleuse :

J’espère que cela ne t’a pas gâché, ou que cela ne te gâchera pas, les moments que nous avons passés ici et leurs souvenirs. C’était vraiment, je le répète, fort agréable. Un vrai plaisir, je ne sais pas ce que tu en penses... ? ..., sourit-elle, mutine encore.

Avoir du remords, avoir du dégoût, n’effacerait rien : il avait eu du désir pour elle. Ils avaient appris à connaître le corps l’un de l’autre, avait joui du corps de l’autre, au cours de ces merveilleuses parenthèses où elle avait jubilé de partager avec lui son expérience, son inventivité, leurs désirs. Vraiment, Malachy avait été un amant délicieux, et contrairement à l’apparence, elle n’avait aucune, mais alors aucune, envie de le laisser s’en aller comme ça. Elle dressait entre eux dans l’espace le souvenir brûlant de leurs étreintes, pour lui signifier qu’un peu de remords, venu sur le tard, ne suffirait pas à les annuler.

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Mar 8 Sep - 0:47




Take this longing
Un mercredi soir du mois de février 2004, jour 28 du Cycle Lunaire.

La machine était lancée désormais, et il était impossible de revenir en arrière. Malachy avait lâché le morceau, et Yolanda commençait à comprendre. Il aurait aimé que cela ne devienne pas une discussion. Il aurait aimé lui dire la chose, et filer. Parfois, il manquait un peu de courage, en effet. L’enseignante d’Histoire de la Magie en décida autrement : elle lui répondit, et ainsi, le força à se justifier, ou au moins, à s’expliquer un peu mieux. Elle parla des enfants, précisa qu’elle n’était pas une Mangemorte, et le cœur de Malachy loupa un battement. Encore heureux, songea-t-il. Tout cela ne serait jamais arrivé, si ça avait été le cas, se persuadait-t-il. S’il avait repéré, pendant leurs ébats, une marque sur son bras, il aurait tout arrêté, tout de suite, se jurait-il. Son regard vrilla, cherchant confirmation de ce qu’il était sûr de croire : il n’y avait rien, sur cet avant-bras. Yolanda portait des manches longues, malheureusement. Et au fond, tout cela n’avait aucune importance. Il n’était pas en train de parlait d’elle, elle n’était pas le sujet. Ce n’était pas elle, qui le dégoûtait. C’était lui. « Tu n’es peut-être pas Mangemorte, Yolanda … Mais moi, j’ai fait partie de l’Ordre du Phoenix. » Malachy songea à @Erin McAllister, qu’il avait retrouvée il y avait peu, et qu’il ne pouvait plus laisser filer, désormais. Pour elle, pour l’enfant qu’elle avait porté et qu’elle avait perdu, pour Remus Lupin, Nymphadora Tonks et l’enfant qu’ils avaient laissé derrière eux, et pour tous ceux qui avaient perdu quelqu’un, quelque chose, parfois même la vie, il ne pouvait plus continuer à fermer les yeux. C’était sous l’égide de Tom Jedusor que ce massacre avait pu avoir lieu, certes, mais il n’était pas le seul coupable. Ça n’avait jamais été contre Lord Voldemort que Malachy s’était battu ; il ne l’avait d’ailleurs presque jamais aperçu. Ce n’était même pas réellement contre les Mangemorts, malgré le plaisir qu’il avait pris à faire payer à Fenrir Greyback sa cruauté par un sortilège bien placé. C’était contre ses idées. Et Malachy était à peu près certain que Yolanda partageait certaines des idées du Mage Noir. Peut-être pas toutes, mais suffisamment pour croire qu’il valait mieux s’installer sur les Terres de Feu que de rester vivre au Royaume-Uni. C’était déjà bien suffisant, et ça l’était bien plus maintenant, après ce foutu concert.

Non contentée de ne point laisser Malachy s’en retourner à ses appartements, Yolanda lui glissa aussi une petite phrase mutine, soulignant qu’il n’avait pas toujours été dégoûté par leurs échanges. Malachy lui adressa un sourire las : bien sûr que non, et tel était le problème. Il avait été ravi de ce rapprochement, il l’avait cherché, s’en était satisfait, et avait œuvré pour que Yolanda s’en satisfasse aussi. Mais tout cela n’avait plus d’importance, maintenant. Le dernier éclat de voix de l’Enchanteresse avait brisé toute l’illusion en petit morceaux ; il n’aurait jamais pu se satisfaire véritablement de cette relation, ou ne l’aurait-il pas , en tous cas. Yolanda poursuivit, prétendant qu’elle n’était pas en accord avec toute la politique de Narcissa, mais Malachy peinait à la croire. A vrai dire, il avait même l’impression qu’elle le prenait pour un idiot, ou qu’en tout cas, elle lui mentait. Comment croire que Yolanda n’était pas en total accord avec la politique insurrectionnelle ? Elle avait mis ses terres à la disposition de l’Enchanteresse, elle fréquentait donc ses cercles assidument, elle s’accordait à sa politique traditionnaliste, pour ne pas dire réactionnaire … Que fallait-il de plus ? Qu’elle insulte le Ministre dans un clip de hard-metal ? Yolanda prétendait que les actes de sa maîtresse – comment la désigner autrement ? – avaient brisé des vies ; certes oui, récemment, celles de deux élèves à Poudlard, au moins. Mais avant cela, avait-il envie de s’exclamer : et avant-cela ?! Narcissa était l’épouse de l’un des plus grands Mangemorts de ce siècle, elle l’avait protégé pendant toutes ces années, pour ne pas dire qu’elle l’avait aidé, et aujourd’hui Lucius Malefoy était en cavale, et elle refusait d’aider le Ministère dans sa poursuite. Par loyauté, sans doute, mais envers qui ? Celui qui avait tué des hommes et violé des femmes ? Celui qui avait laissé des fils bâtards derrière-lui, et donné son unique héritier en pâture au Seigneur des Ténèbres ? L’ouvrage terrible de Narcissa Black n’avait pas commencé à l’Insurrection : elle n’était pas récemment devenue mauvaise pour le futur du monde magique tel que Malachy l’envisageait. Elle l’avait toujours été.

« En tant que professeurs nous nous devons bien d’être unis, pour les élèves, il n’y a pas le choix… » Malachy réhaussa un sourcil en sa direction. Mais pourquoi répétait-elle donc cela ? Qui leur imposait donc ce front uni pour lequel elle militait ? Et unis derrière qui ? Derrière quoi ? Derrière @Severus Rogue, qui virait des gamins pour avoir participé à une chorale ? « Bien sûr qu’on a le choix, Yolanda. Par ailleurs, qu’on arrête de coucher ensemble n’aura absolument aucune incidence sur les gamins. Tout cela n’a rien à voir avec eux. » Encore une fois, dans l’affaire, il s’agissait de lui, rien que de lui. Les mômes ne savaient pas avec qui il couchait, et c’était très bien comme cela. Et si Yolanda semblait regretter que leur relation termine ainsi, Malachy était à peu près certain qu’il s’en porterait mieux. Elle lui disait qu’elle pensait pourtant avoir été claire, mais lui ne se souvenait pas d’un moment où elle aurait pu l’être. Ils n’avaient que peu parlé, tous les deux, ils n’avaient jamais eu l’occasion de discuter de leurs opinions politique ou du futur de leur relation. Tout cela n’avait jamais eu la moindre importance, et pour le souligner une dernière fois – Malachy commençait à trépigner d’impatience face à cette discussion qui ne menait nulle part : c’était bien là le problème. Sa mâchoire se serra alors qu’il sentait Yolanda se rapprocher de lui. Elle lui susurra des mots qu’elle avait sûrement voulus doux, mais il ne les entendait pas. Ils sonnaient faux. Il s’approcha alors lui aussi d’un pas, plantant ses yeux dans les siens comme elle l’avait fait un peu plus tôt dans leur discussion. « Je pensais que j’étais déconnecté, Yolanda, mais tu as l’air de l’être encore plus que moi. J’ai l’impression qu’après la guerre, j’ai tout éteint. Toutes mes … Toutes mes valeurs. Tout ce en quoi je croyais, comme s’il avait fallu que j’arrête de penser. Une femme qui croit en la supériorité de certains sorciers sur d’autres ne m’aurait jamais intéressé, il y a cinq ans … J’aurais pu montrer un front commun avec toi, comme tu le dis, mais je n’aurais jamais été intéressé par la moindre intimité. » Pour que le contact de la peau blanche de Yolanda le fasse frémir, c’est qu’il avait dû éteindre une part de lui depuis un long moment. Elle se rappelait à lui avec force, ces dernières semaines, provoquant cette nausée lancinante. Il ne pouvait plus la laisser de côté. « Tu as sûrement raison, ça n’était pas clair, avant, mais ça l’est tout à fait, aujourd’hui. Je ne sais pas ce que j’ai foutu, avec toi. J’ai pris du plaisir, sans doute. Ça m’a fait du bien, c’était peut-être même précisément ce dont j’avais besoin à ce moment-là. Mais ça n’est plus le cas. Comment tu fais, toi, pour coucher avec moi ? ça ne te pose aucun problème de conscience ? Tu t’en fous de coucher avec un type qui représente à peu près l’opposé de ce en quoi tu croies ? »

Malachy sondait son regard. Qu’elle n’ose pas prétendre qu’il n’était pas cet opposé : il était un loup-garou, il était né dans une famille populaire, enrichie par l’argent moldu et absolument inutile à l’économie magique, il avait gagné sa place à Poudlard parce qu’il était allé à l’Université moldue mais aussi grâce à la démagogie de Severus Rogue et de Jean Granger. N’avait-elle donc aucune éthique ? Ou alors, n’avait-elle jamais connu le délice de se donner à quelqu’un avec lequel on peut tout partager, y compris l’intimité de sa pensée ?  


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Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
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Mer 18 Nov - 16:29
Le but de cet échange échappait à Yolanda. Il voulait que leur liaison s’arrête — très bien — mais pourquoi en faire ce plat ? Par ailleurs, les raisons qu’il invoquaient étaient floues pour elle ; elle ne les comprenait pas ; ne voulait pas les accepter. En cela ils devaient, sans doute, être foncièrement différents. Elle se moquait bien, elle, de ses opinions politiques ou du fait qu’ils soient si divergents dans leurs valeurs ! Non, elle ne s’en moquait pas — elle avait dû effacer sa marque et dans ses paroles inscrire des discours d’une neutralité étrange, effarante, soit. Mais les hommes avec qui elle couchait, à cette époque de sa vie, n’étaient, souvent, pas autre chose que des corps. Des corps avec qui il pouvait se passer de belles choses, des choses parfois intenses ; pour le moins, la plupart du temps, toujours satisfaisantes ; des corps derrières lesquels elle ne niait pas qu’il y eût des âmes. Simplement cette âme-là, si elle l’intéressait, l’intéressait peu. Dans le corps-à-corps, dans le moment d’intimité, oui, elle appréciait l’âme qui se trouvait derrière le corps, ce qu’elle livrait d’elle ; bien sûr ; c’était d’ailleurs cela qui pimentait les ébats. Mais en dehors ? Elle ne vivait pas avec ces hommes, ne voulait pas passer plus de temps avec eux ; ces liaisons n’avaient que peu d’importance, à titre individuel, dans sa vie. Alors tout ce que Malachy venait déranger, soulever, l’agaçait un peu. Plus que cela : une part d’elle, comme une petite fille, refusait d’être ainsi laissée. C’était peut-être pour cela qu’elle buttait, qu’elle refusait de comprendre que le sujet de leur divergence politique soit d’un coup si important pour Malachy. D’un coup. Il y avait cela aussi. Elle ne s’était jamais cachée — la poudre magique qu’elle appliquait sur sa Marque des Ténèbres avant de le voir ne comptait pas. Non, réellement, elle ne s’était pas cachée. Malachy savait qui elle était, où elle habitait, qui elle fréquentait. Il s’était engagé dans cette liaison en sachant cela. Et maintenant, d’un coup, il voulait la jeter pour cela, alors qu’il le savait tout ce temps ? C’était une incohérence insupportable.

Je n’ai pas dit que ça aurait une incidence sur les élèves. Je fait juste référence au contexte actuel ; pas à coucher ensemble. Je pense qu’il est important de continuer à faire front commun à Poudlard malgré ces divergences, que cette liaison s’arrête ou pas.

La suite la crispa malgré elle. Elle ne s’attendait pas à un tel énervement. Vraiment, cette réaction lui semblait disproportionnée par rapport à ce qu’avait réellement été ou représenté cette liaison. Elle pensait que tout avait été clair depuis le début, et qu’une rencontre purement sexuelle excluait qu’on s’énerve de cette manière en s’éveillant un beau jour pour découvrir qu’on ne possédait pas les mêmes convictions politiques. Ils avaient tellement peu partagé, en effet, en dehors de leurs rapports sexuels, qu’elle ne comprenait pas les mots qu’il employait

— Une femme qui croit en la supériorité de certains sorciers sur d’autres ne m’aurait jamais intéressé, il y a cinq ans … J’aurais pu montrer un front commun avec toi, comme tu le dis, mais je n’aurais jamais été intéressé par la moindre intimité.

Mais que voulait-il que cela lui fasse ? Elle se fichait bien de s’avoir ce qui s’était passé dans sa tête ou non. Les mots d’intéressé, d’intimité, lui paraissaient en outre exagérés pour se référer à ce qui s’était passé entre eux. C’était une parenthèse, hors du temps et de la mouvance politique. Etrange, comme d’un coup, il prenait tout au sérieux. L’inconvénient d’avoir voulu avoir une liaison avec quelqu’un de beaucoup plus jeune qu’elle sans doute, lui revenait à la figure. Elle lui lança un regard las, d’un coup. Elle haussa les sourcils et soupira avant de s’adresser à lui, d’un coup plus distante, avec plus de recul.

Je ne m’attendais pas à ce déferlement, Malachy. Evidemment que nous différons sur beaucoup de points, évidemment qu’il n’y avait aucun avenir, absolument aucun, à ce que nous faisions là. Je ne l’ai jamais considéré comme autre chose qu’une parenthèse — une parenthèse très agréable — et je pensais que c’était le cas pour toi aussi. Je n’ai jamais caché d’où je venais. C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre ta réaction. Je suis désolée que ce réveil soit si violent pour toi.

Son calme contrastait avec la fébrilité de son amant. Oui, la différence d’âge ne pouvait que se sentir, là.

Il ne s’agit pas de supériorité de sorciers sur d’autres, se sentit-elle obligée de corriger Bien sûr que ces histoires-là sont des bêtises. C’est une question de tradition. Mais nous n’allons pas revenir sur ça maintenant.

C’était un mensonge, en quelques sortes, mais avec le temps elle ne pouvait plus s’en empêcher, surtout à Poudlard. Vu les temps qui couraient, autant effacer autant que possible toute trace de l’ancienne Mangemort dans son vocabulaire, dans ses pensées, dans son souffle, dans tout ce qui pourrait être perçu par les autres et jugé dangereux — jugé tout court, d’ailleurs.

A vrai dire je ne comprends même pas que tu viennes m’annoncer comme ça que tu souhaites qu’on arrête de coucher ensemble — presque en grande pompes. Tu aurais pu m’écrire ou juste ne plus me proposer de rendez-vous. Et les choses se seraient arrêtées et déliées d’elle-même.

La suite de sa tirade l’énerva encore plus. Il ne savait pas ce qu’il avait foutu avec elle ? Il ne savait pas ce qu’il avait foutu avec elle ? Des images lui revinrent en tête. Malachy n’avait pas eu l’air insatisfait dans ses bras et elle interprétait ce revirement comme une forme d’hypocrisie désagréable. Elle soupira à nouveau, le regardant avec une forme de distance calme.

J’ai l’impression que tu en as profité quand ça t’arrangeait. Encore une fois tu n’avais pas l’air de te plaindre, au contraire. Et maintenant, soudainement, tu te réveilles, énervé et pleins de questions. Je ne comprends pas.

Il lui demanda comment elle faisait pour coucher avec lui, elle. Elle eut un mouvement de recul, un instant, elle failli se taire, ne pas lui répondre. Il y eut un silence. Un éclat joueur, sensuel, enfantin, passa dans son regard à elle. Elle repensa à Jonathan Crewe, son premier amant, membre de l’Ordre du Phénix. Elle pensa aux hommes d’après. Elle pensa à cette masse indistincte de gens avec qui elle avait entretenu des liaisons, avant et après son mariage. Le silence dura un peu. S’il fallait éteindre une part de nous pour se mettre littéralement à nu avec des gens avec lesquels on ne pouvait pas vraiment tout partager, avec lesquels on ne pouvait littéralement partager que cela — la sexualité — alors, elle, cela faisait longtemps qu’elle avait éteint cette part d’elle-même. Peut-être l’avait-elle déjà, d’ailleurs, toujours éteinte. Cela n’avait pas rendu sa sexualité plus fade, au contraire. Il y avait quelque chose d’excitant à mettre sa conscience en sourdine.

Cela ne te pose aucun problème de conscience ?

Sa question resta un instant suspendue dans les airs avant que Yolanda ne vienne y apporter une réponse, doucement, tranquillement.

Non…

Elle eut un sourire un peu triste, léger, amer. Quelque chose était descendu, en elle, s’était calmé. Le calme de Yolanda contrastait encore un peu avec les émotions de Malachy.

J’ai… une histoire… complexe de ce point de vue, laissa-t-elle échapper, avec le même sourire, un peu énigmatique sans le vouloir.

Cela lui coûtait de parler, de se confier d’un coup. Jonathan Crewe, qu’elle aimait encore sans doute, avec qui elle avait eu un enfant — était membre de l’Ordre du Phénix. Mais. Elle avait bien partagé une intimité charnelle avec Malachy. Elle pouvait bien se laisser aller à la confidence, même si la confidence désignait une phrase ou deux qui lui échappaient.

Malachy s’était rapproché d’elle. Elle posa sa main sur la sienne. Il n’y avait rien de sexuel dans ce contact, au contraire. C’était presque un contact amical. Elle avait besoin d’un coup de rétablir une certaine proximité physique, même brève, même légère. Elle espérait qu’il ne s’en offusque pas — mais après tout ils avaient été amants, il n’allait pas s’offusquer de cela maintenant.

Ecoute. Je comprends que tout ça ne te convienne plus. Nous allons nous arrêter là. Il n’y a pas à s’offusquer. Il n’y avait de toute façon aucun avenir à cette liaison, il fallait bien qu’elle s’arrête un jour. Nous y avons trouvé tous les deux notre compte, et c’est le plus important. Nous y avons pris ce que nous avions à y prendre — quel que soit ce que ça puisse bien vouloir dire. Ça ne te convient plus aujourd’hui, très bien. Il reste des incohérences, certes. Nous ne nous comprenons pas tout à fait. Mais la vie est incohérente. Nous avons tous une part incohérente. Cette relation n’avait pas grand-sens, certes. Toujours est-il que nous avons apprécié le temps qu’elle a duré.

Elle lâcha sa main, s’éloigna, le regarda dans les yeux, haussa les sourcils, eut un sourire malicieux.

Est-ce que j’ai tout bien résumé, Monsieur le Professeur d’Histoire ? Je peux te laisser partir apaisé, maintenant ?

A vrai dire, d’un coup, elle eut envie de lui de nouveau. Cela arriva de manière brusque, incohérente pour le coup. Mais elle avait envie de lui. Comme pour sceller le sens incohérent que tout ça avait eu. Comme pour se rappeler, même après cette conversation, que l’attraction avait existé, et que — Yolanda le maintenait — une attraction physique ou sensuelle, une attraction des corps, n’avait rien à voir, au fond, avec un bord politique ou un autre. Est-ce que ses mains s’étaient posé la question de son passé, de son allégeance, lorsqu’elles l’avaient caressée avec tant d’application ? Non. Non, non, non, vraiment, elle voulait bien que cette relation s’arrête, — elle voyait bien, comme Malachy, que cela n’allait nulle pas — mais elle ne comprenait paset ne cèderait jamais sur ce point. Un éclair passa dans son regard. Elle ne sut pas s’il l’avait vu, ou compris. Elle ne rajouta rien de plus.

Mots : 1700.

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Ven 25 Déc - 12:51




Take this longing
Un mercredi soir du mois de février 2004, jour 28 du Cycle Lunaire.

Puisque Malachy avait eu la place d’exprimer sa pensée, il dû ployer l’échine et écouter celle de Yolanda qui s’étendit sur de longues répliques qu’il aurait aimé s’épargner. Elle l’énerva un peu plus quand elle suggéra que leur relation avait eu plus d’importance pour lui qu’elle n’en avait eu pour elle, il eut envie de lui couper la parole pour lui jurer que non, pas du tout, blessé dans son égo. Il fut toutefois forcé d’admettre que c’était peut-être le cas, surtout si, comme elle le jurait, elle ne voyait véritablement aucun sens à son discours. Si elle ne comprenait pas pourquoi c’était important qu’ils arrêtent de se fréquenter de cette façon, s’ils devaient revenir au statut de simples collègues. Et si elle considérait qu’ils pouvaient tout arrêter en s’écrivant un petit courrier. Elle disait qu’il n’avait pas eu besoin d’utiliser autant de mots, de faire un discours, qu’il aurait simplement pu arrêter de l’inviter, et Malachy eut envie de grincer des dents devant tant d’hypocrisie. Comme si ça avait été possible. Comme si elle n’aurait pas eu envie de l’approcher, au détour d’un couloir vide, pour effleurer sa peau, s’il ne lui avait pas demandé de ne plus le faire.
Et après, elle avança qu’il en avait bien profité quand ça l’arrangeait. Il avait envie de rétorquer que c’était plutôt l’inverse, que lui aurait été bien incapable de tout arrêter sans le lui dire en face, que ça avait trop d’importance pour que ça ne soit qu’une histoire qui se joue sous les draps, mais ça aurait été lui donner raison sur un autre point. Il garda ainsi le silence, pas moins furieux.

Par Séléné … Comment est-ce qu’ils en étaient arrivés-là ? Était-ce la Lune, qui l’énervait autant ? L’hypocrise de Yolanda, qui refusait d’admettre ce dont, pourtant, il était sûr ? Ou était-ce la nostalgie, qui commençait déjà à poindre, et qui chauffait son sang ? Il lui demanda si à elle, ça ne lui posait pas un problème de conscience, et elle sembla y réfléchir un moment. Il la vit se perdre dans ses pensées, dans des souvenirs, peut-être même. Et puis elle lui dit que non, de façon calme et assurée. Non. Il fut forcé d’y croire, parce qu’il voyait bien, dans son regard, qu’elle ne mentait pas. Et ce fut son tour à lui, de ne pas comprendre ; définitivement, ils n’étaient pas faits de la même façon. Elle ajouta, en guise d’explication, que c’était lié à une partie de son histoire, et Malachy s’imagina qu’elle avait eu d’autres amants desquels elle différait en opinion, puisqu’elle ne précisa pas beaucoup plus. Il ne put pas se figurer que ça ait pu être plus que ça, pour elle, que ça n’ait pas été plus que quelques parties de jambes en l’air, tant c’était impossible pour lui d’imaginer pareille relation. Il se dit alors que ça devait être ça, une question d’habitude, qu’elle avait réussi à prendre avec le temps et l’expérience. Pour lui, c’était la première fois, et la dernière, se jurait-il. Sa déloyauté le révulsait déjà suffisamment, il ne pourrait pas s’y réessayer, c’était certain.

Cette mention avait semblé apaiser Malachy. Il avait trouvé une sorte d’explication à leur différence qu’il était prêt à accepter pour mieux s’en aller. Il ne s’énerva pas quand Yolanda posa une main sur sa patte, laissa faire ce contact qui, il ne fut pas mécontent de le constater, ne l’ému pas non plus que de raison. Elle formula une espèce de conclusion qui vint mettre un terme à leur dispute, et qui les laisserait, Malachy l’espérait tout du moins, en bons termes. Elle admit qu’elle aussi, y avait trouvé un plaisir paradoxal, incohérent, et il fut presque soulagé. Il n’était pas complètement dingue. Ce n’était pas usuel d’entamer des relations, aussi insignifiantes puissent-elle être, avec des personnes aux idéaux complètement inverses aux nôtres. Yolanda pouvait bien se prétendre bien-pensante, entre les murs de Poudlard, restait qu’elle vivait sur les Terres de Feu, et tout cela n’était plus tolérable à Malachy. Elle comprenait. Elle acceptait, au moins. Et puis, elle se permit un trait d’humour, qui arracha un sourire à la gueule de notre loup.

C’était fini, désormais. Il croisa son regard, joueur, et il sentit une grande fatigue l’envelopper. Il se rappela soudainement que la Lune était proche, et que cette colère, qui l’avait prise, devait être une lutte contre son effet. Yolanda n’avait pas mérité cette fureur. Il fallut l’admettre ; alors, il chercha son regard.

« Tu sais, tu as raison, Yolanda. Il faut que nous fassions front commun. Pour les louveteaux. Je pourrai faire ça, à tes côtés. – et il se senti obligé de préciser, rougissant un peu sous sa barbe : En tant qu’enseignant de Poudlard. »

Ça n’allait pas être facile. Il était si vite attrapé par son regard. Mais c’était mieux.

Il attrapa ses deux mains entre ses pattes, baissa le crâne pour les embrasser, s’y attarda une ou deux secondes de trop, et s’en retourna.

C’était mieux ainsi.
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