Regulus Black est un époux merveilleux. Milena en est d’autant plus convaincue qu’elle lui laisse les bons soins de la maison et de leur plus jeune enfant. Il entrera l’année prochaine à Poudlard, où Edwa a déjà le bonheur d’étudier. La bulgare s’est consolée en se disant qu’elle ne laisse pas ses hommes, mari, fils, père, seuls, mais ensemble. Ils savent se faire à manger. Il faut bien qu’ils s’habituent à l’idée qu’elle ne régente pas leur quotidien, mais se sentir presque indispensable n’est pas tout à fait désagréable.
Elle ne leur a toutefois pas laissé la gestion de son chien, sur qui elle compte reporter tout éventuel débordement d’amour. Non pas qu’elle n’ait pas pensé à pincer les joues de Dennis, mais le bon sens lui souffle qu’il ne l’accompagnerait plus jamais dans ses virées si elle franchissait cette étape. Milena se réjouit comme une enfant à la perspective d’assister à ce qu’elle a décrit comme une sorte de festival des formes de magie extatiques. Elle ne trouvait pas de meilleur terme pour expliquer ce rassemblement de pratiquants de cet art, d’ordinaire minoritaires en Grande-Bretagne. Ce n’est pas religieux, mais c’est parfois sérieux. Ce n’est pas entièrement commercial, mais bien sûr, cela prend un certain air de foire pour qui voudrait un nouveau pendule. Elle a déjà précisé à Dennis que le choix d’un focus peut ressembler à celui de la baguette choisissant le sorcier, on ne force pas réellement les choses.
La demi-vélane fait grand cas de cette excursion. Elle a disposé une valise sur une chaise de la chambre depuis plus d’une semaine et passe autour de la même manière dont elle rôdait autour du berceau encore vide de ses enfants lorsqu’elle était enceinte. Elle va partir en voyage ! En voyage ! Ce n’est qu’en Grande-Bretagne mais il lui semble sortir si peu d’un quotidien – pas désagréable par ailleurs – qu’elle est ravie. Regulus semble voir la situation avec amusement. Elle lui a souvent parlé de Dennis. L’inverse n’est pas vrai. Son ami sait qu’elle est mariée, elle n’a jamais caché son alliance. Elle s’en tient au fait que Dennis demande régulièrement des nouvelles de leurs enfants -il a intérêt – mais a pris note qu’il n’en demandait jamais de Regulus.
Milena a décidé de faire toilette, aussi arbore-t-elle fièrement une cape cousue la semaine dernière. La cape est peut-être trop chaude pour ce début du mois de mai. Ce n’est toutefois pas un hasard si le fond rouge et les lignes bleues qui forment le tartan mettent en valeur son teint. Regulus fut préposé aux compliments, sommé de s’extasier devant le choix du tissu, le passepoil des poches et autres petits détails. Il semble donc tout à fait normal à la Bulgare d’attirer les regards tandis qu’elle attend Dennis dans le lieu de rendez-vous. C’est un square paisible, du Londres sorcier. Elle en oublierait presque – presque- la présence de tous ces agitateurs politiques qui troublent la sérénité avec laquelle elle a consenti à ce que mari et enfants aillent à Poudlard. Son cher Dennis en saura-t-il plus là-dessus ? Elle aimerait obtenir plus d’informations mais n’est pas résolue à persuader son ami pour y parvenir. Tout au plus sera-t-elle insistante, à la moldue mais pas façon vélane. Nouveau coup d’œil vers sa montre. Serait-il bientôt en retard ? Le portoloin est prévu dans une vingtaine de minutes. Il y a des trajets réguliers vers Cardiff où se tient la foire, mais ils auront des frais. Les visiteurs commencent à affluer, et la Vélane jette de fréquents coups d'oeil. Elle ne compte reconnaître personne mais serait bien curieuse d'apercevoir d'autres focus. Qu'importe, elle aura tout le loisir de cela dans quelques temps.
succès de justesse | Stevie travaille dans cet hôtel depuis seulement quelques semaines. Il mâche vulgairement un chewing-gum. Quand il regarde la réservation de ce Monsieur @Dennis Crivey, il réalise qu'à l'inverse de ce qu'il prétend - deux chambres réservées - il n'y en a qu'une, certes double, de réservée. Alors il demande la carte presse du monsieur, puis louche sur ses deux clients ; c'est vrai qu'ils ne sont pas tout à fait assortis, il doit y avoir une erreur. « C’est que mon registre dit une chambre pour un couple … Bon, suivez-moi… » C'est qu'il ne veut pas perdre ce boulot, surtout, c'est déjà le troisième en six mois. Une journaliste et son photographe, il ne faudrait pas risquer une mauvaise revue. Il récupère deux clefs sur le tableau derrière lui, et amène ses clients vers l’ascendeur. Ils descendent au deuxième étage, il les emmène vers une suite familiale, avec une chambre parentale d'un côté, et une chambre avec deux lits pour enfants, de l'autre, séparée par une fine cloison. « Pas de massage en couple ou de petit déjeuner romantique, alors ? » demande-t-il, voulant être certain de ne pas se tromper.