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C'est l'histoire d'une trêve [Malachy]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Sam 21 Mar - 16:55

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin


McAllister ! Vous êtes là ?
Le bond que tu fis en voyant le visage de ton chef apparaître au milieu des flammes aurait fait pâlir d'envie le plus agile des crapauds. Et les rires pré-enregistrés qui s'élevèrent à cet instant précis semblaient moquer ton sursaut de surprise. T'extirpant du canapé, tu vins t'agenouiller devant l'âtre, tandis que retentissaient de nouveaux éclats hilares.
Je vous dérange ?Oh, non, c'est juste Friends...Ah, vous recevez des amis ? Peu importe, l'affaire n'a rien de secret, je ne vous dérangerais pas longtemps...
Retenant un sourire, tu pris le parti d'ignorer délibérément le hoquet d'indignation d'Adele dans ton dos et renonças à tenter d'expliquer le principe de la télévision moldue et de ses séries désopilantes.
Je vous écoute.Bien, j'ai une faveur à vous demander. Monroe devait se rendre à Poudlard demain matin, dans le cadre de notre intervention annuelle auprès des enfants de la Prima Sapienta, afin de leur parler du Code du Secret Magique. Malheureusement, elle vient de m'envoyer un hibou : elle a eu un accident de balai. Rien de bien grave, mais elle va devoir passer deux jours en observation à Sainte Mangouste. Bref, il me faut un volontaire pour la remplacer. Je peux compter sur vous ?
Tu t'abstins de lui faire remarque que tu étais en congé le lendemain – tu connaissais suffisamment ton chef pour savoir qu'il aurait considéré cela comme une preuve supplémentaire de ta disponibilité – et hochas simplement la tête.
Bien sûr.Formidable ! Rendez-vous demain matin à Poudlard. L'intervention est prévue à 8 heures, prévoyez un peu d'avance, le professeur référent voudra certainement faire le point avec vous au préalable. Vous m'enlevez un sacré botruc du pied ! Bonne soirée à vos amis et vous !
Le visage disparu des flammes, tu te relevas d'un mouvement souple pour retourner t'affaler dans le canapé, sous le regard exaspéré d'Adele, dont les yeux n'en finissait plus de lever vers le ciel.
Des amis... Non mais vraiment ! Un jour, il faudra vraiment que les sorciers s'intéressent à la technologie !

***

Ainsi te retrouvas-tu devant le haut portail de fer forgé, dès potron-minet, à te demander comment tu allais bien pouvoir rejoindre le château – comment entrait-on, sans barque, ni diligence ? Et sans mangemorts pour détruire les murs devant vous... Dans le petit matin pluvieux, l'école dressait sa haute silhouette, écrin de tant de souvenirs heureux... et d'autres bien plus douloureux. Tu n'étais plus revenue à Poudlard depuis la Bataille... Les traces en avaient été effacés, les dégâts réparés... Pourtant, en observant les murs de pierre, tu aurais juré pouvoir déceler sur leurs pierres les stigmates du combat le plus meurtrier de la dernière décennie.

Une forme humaine apparut bientôt en lisière de ton champ de vision, se hâtant à ta rencontre. Ton cœur fit une embardée à l'idée qu'il puisse s'agir de l’irascible directeur de l'école – dix années plus tard, le traumatisme des cours de potion restait bien ancré ! Mais de mémoire de sorcier, nul n'avait jamais vu Severus Rogue se hâter de la sorte (sauf peut-être à la vue d'une bouteille de shampoing, te susurra la petite voix d'Adele dans un ricanement). Et en effet, c'est l'implacable directrice de la Prima Sapienta que tu reconnus bientôt, un sourire éclairant son visage sévère tandis qu'elle t'identifiait. D'un geste sûr, elle déverrouilla et interrompit les protections inébranlables qui entouraient l'école pour te permettre d'y entrer, les replaçant sitôt que tu eus franchi le seuil.
Miss McAllister, c'est un plaisir de vous accueillir à nouveau à Poudlard !Le plaisir est partagé, professeur !
Tout en bavardant, vous cheminâtes à travers le parc désert, dans les couloirs où ne passaient que quelques élèves en quête d'un petit-déjeuner. Sans faillir à la conversation, tes yeux couraient de part et d'autre – s'arrêtèrent avec un brin de satisfaction sur l'immense sablier de Poufsouffle, au contenu fort honorable – se remémorant ce qui avait sans doute été parmi les plus belles années de ta vie.

Enfin, Minerva McGonagall s'arrêta devant une porte que tu reconnaissais pour y avoir si souvent cherché le conseil de tes enseignants, et s'y engagea d'un pas décidé.
Cette intervention est supervisée par le Professeur Lyons. Votre intervenante est arrivée.
Arrêt sur image. Doute. Comment ça, "professeur Lyons" ? Comme dans Malachy Lyons ? Depuis quand les Lyons franchissaient-ils les limites de Poudlard ? Non, ce devait être une coïncidence...

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Mar 24 Mar - 19:38



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février, jour 4 du Cycle Lunaire

Malachy s’extirpait hors du lit qui lui avait été réservé dans l’Infirmerie. @Piers A. Elliot lui avait dit qu’il était hors de question qu’il travaille seulement deux jours après la Lune, mais il n’avait pas vraiment le choix. Il avait organisé avec le Minerva McGonagall la visite d’un membre de la Brigade Magique pour illustrer aux enfants l’importance du Secret Magique. A vrai dire, il n’avait pas regardé son calendrier Lunaire, quand il avait posé la date, et maintenant que c’était fait, il ne pouvait plus décommander. Il aurait dû. Ça avait été idiot de sa part, puisqu’il se retrouvait désormais le visage émacié, une fièvre lancinante et une fatigue immense à devoir accueillir un intervenant, en plus de faire classe toute la journée. Il avait promis à l’Infirmier qu’il ne travaillerait pas le lendemain, à défaut de pouvoir se reposer ce-jour-là. Il s’était habillé lentement, tous ses muscles engourdis, et s’était enveloppé dans une cape en laine noire qui ne l’empêchait pas de grelotter. En passant dans l’Infirmerie, il prit le temps de remonter les couvertures de la plus jeune louve du Château, elle aussi soignée à l’Infirmerie. Elle avait huit ans, et cette Lune-ci avait été la première qu’il avait passée à ses côtés. Ça avait été terrible. Voir son corps se tordre, la voir hurler de douleur, ça lui donnait envie de chialer. Il détestait @Severus Rogue de lui demander de faire ça. Il ne se rendait sûrement pas compte de ce que c’était que d’être loup, et de faire partie d’une meute. La souffrance de cette petite, il avait pu la ressentir jusque dans sa peau. Et maintenant, il devait la retrouver en classe, et faire comme si tout était normal. Comme s’il ne détestait pas le monde d’avoir inventé pareille malédiction.
Il traversait le château glacé ; sept heures et demie passées, les enfants petits-déjeunaient dans la Grande Salle. S’il mangeait, il risquait de vomir. Pourtant, il avait les crocs, mais il ne s’y risquerait pas. Ses pas lents l’amenèrent jusqu’à sa salle. Tiberius avait été confié à une collègue le temps de la Lune, laissant l’espace étrangement vide. Il irait le chercher plus tard ; pour le moment, il écartait un pan de sa cape pour récupérer sa baguette, et allumer les dizaines de bougies de la pièce. La tâche fut rude, il laissa échapper quelques jurons. Après les Pleines Lunes, il maîtrisait difficilement sa magie, particulièrement pour des tâches aussi précises qu’allumer les mèches de bougies. Si seulement ce foutu château avait été pourvu d’électricité, sa vie aurait été plus simple. Baillant à la Lune, la mâchoire douloureuse – tout était douloureux, de toute façon – il s’appliqua à déposer les cahiers corrigés des enfants sur leur table. Il avait eu le temps de le faire, avant la Lune, heureusement. Son ouïe fine lui permis d’entendre des pas s’approcher de son couloir ; ce fut Minerva qui s’engagea la première dans sa classe, l’interrompant alors qu’il mettait en place les derniers détails. Elle annonça l’arrivée de son intervenant, Malachy se retourna ainsi vers la porte, un sourire fatigué au visage, prêt à les saluer.

Son air se figea alors qu’il reconnut la personne qu’accompagnait Minerva. Rien à voir avec le Monroe qui lui avait été annoncé. Se tenait dans l’embrasure de sa porte Erin McAllister, qu’il n’avait plus revue depuis au moins six ans. Pendant près de six Lunes, ils avaient été partenaires de missions au sein de l’Ordre de Phoenix. Six petites Lunes, il y a six ans de cela, qui lui revenaient dans la face comme des coups de poing dans ses entrailles alors qu’il traversait sa classe pour les rejoindre, et pour s’assurer de ce qu’il voyait. Peut-être était-ce la fatigue qui amenait des hallucinations dans son sillon, ça n’aurait pas été la première fois. « Erin ? », demanda-t-il, sa voix se brisant alors qu’il croisait son regard. Ne pouvant retenir ses gestes, ses bras s’écartèrent pour venir enlacer la jeune femme. Pleine de tact, Minerva fit quelques pas en arrière, silencieuse. Peut-être avait-elle fait le lien, peut-être s’était-elle même rappelée. Après tout, elle aussi avait fait ses armes dans l’Ordre du Phoenix. Ce fut l’odeur d’Erin qui termina d’achever Malachy. Si la jeune femme y était attentive, elle pourrait sentir dans l’échine du loup un frisson terrible. Il s’écarta après un long moment, cherchant où poser son regard ; partout, sauf dans celui de son ancienne partenaire. « Excuse-moi, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je suis épuisé. » Ses yeux rougis en témoignaient. Peut-être Erin le détestait-elle, peut-être n’avait-elle eu aucune envie de l’enlacer, peut-être était-ce pour ça qu’ils ne s’étaient pas parlé depuis six ans. Malachy lui-même ne savait pas bien ce qu’il ressentait ; pas plus qu’il ne savait pourquoi, justement, il n’avait pas pris le temps d’écrire à la jeune femme, en six ans. Ils avaient partagé six Lunes ensemble, pendant lesquels ils avaient partagé des moments d’une extrême dureté. Ils avaient été là, l’un pour l’autre, l’un auprès de l’autre, et puis ils s’étaient perdus, comme si ces semaines ensemble n'avaient pas compté. « Excusez-moi, Minerva. On a bossé ensemble, dans l’Ordre. Ça faisait longtemps que … » entama Malachy. Il ne sut bien comment finir sa phrase, mais sa collègue ne lui en tint pas rigueur. D’un geste de la main, elle balaya ses excuses, et conclut : « Je vous laisse en bonne compagnie, alors. A plus tard, Malachy. Miss McAllister, revenez donc nous voir plus souvent. » Bientôt, elle les laissait à leur unique compagnie. Malachy, cherchant toujours à éviter son regard, se sentant désormais nauséeux, s’écarta un peu plus de la porte, et du même coup, de la jeune femme. Il leur restait une vingtaine de minute avant que les premiers enfants ne se pressent devant sa porte. Il se trouvait soudainement assoiffé, la gueule pâteuse. Il aurait dû passer par la grande salle pour récupérer un thé, au moins. Complètement éparpillé et penaud, il entama, se frottant le crâne : « Excuse-moi de t’accueillir comme ça. C’était la Pleine Lune il y a deux nuits, je suis ramassé mais je ne voulais pas annuler. On commence, si tu veux. »

Par où, comment, il ne savait pas bien. Mais ils avaient travaillé ensemble des dizaines de fois. Ils sauraient certainement le faire à nouveau.

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Mer 25 Mar - 16:24

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin


Malachy.

En chair et en os. Identique à ton souvenir et si différent en même temps. Les années ont élargi ses épaules, ombré sa mâchoire, apposé leur poids sur son regard. Ont transformé le gamin d'alors en homme. Vous étiez si jeunes, engagés dans cette guerre qui vous dépassait... L'émotion étreint ton cœur d'une poigne implacable au souvenir de ces nuits interminables à rêver le monde que vous vouliez construire au sein de l'Ordre. De ces heures de veille à vous confier vos espoirs, vos peurs. À lui conter les tours et les détours de Poudlard, les armures mouvantes et les tableaux à l'affût du moindre ragot, lui décrivant la féerie de la Grande Salle et la majesté du parc dans un panégyrique qui se terminait invariablement par l'éloge de la maison Poufsouffle. Le jeune loup combatif semble avoir réalisé son rêve en devenant enseignant au sein même de l'école qui le fascinait tant. Et à la pensée de ce temps écoulé, une peur brutale vient subitement accélérer la chamade de ta poitrine.
Et si tu ne retrouvais qu'un inconnu ?

Mais il s'avance, balbutiant ton prénom, pour venir te serrer dans ses bras avec une spontanéité qui te fait monter les larmes aux yeux. Te prenant si bien au dépourvu que tu en oublies de lui rendre son étreinte, un profond soupir de soulagement et de bonheur mêlé venant seul faire écho au frisson que tu sens courir le long de son échine. Et durant les longues secondes où se prolonge votre étreinte, comme figées dans le temps, tu sens tes épaules te relâcher, pour la première fois depuis bien longtemps. Qu'importe les maux du monde, si Malachy est à tes côtés, tu peux faire face. Comme autrefois.

Le temps reprend son court tandis qu'il s'écarte, sur une excuse bien inutile, te laissant pantelante d'émotion. Tu ne tardes pas à remarquer les cernes qui ourlent ses yeux – à quand remonte la dernière pleine lune ? Le moment est mal choisi pour poser la question, aussi restes-tu silencieuse tandis qu'il échange avec sa collègue, qui ne tarde pas à prendre congé. C'est à peine si tu parviens à lui répondre, les mots s'échappant à grand peine de ta gorge nouée.
Je n'y manquerai pas, professeur.Sans mot dire, vous écoutez l'écho de ses pas décroître dans le couloir encore désert. La quiétude s'attarde quelques instants. Que dit-on à quelqu'un aux côtés de qui on a vécu l’innommable ? Que dit-on à quelqu'un après six ans d'absence, six ans de silence ? Tu vous revois, hier encore, dos à dos pour défendre les murs séculaires de Poudlard autant que vos peaux respectives. Tu te souviens de ce moment où il est venu te chercher pour t'emmener voir les médicomages, alors que l'accalmie d'un jour nouveau déposait ses rayons sur les ruines du champ de bataille. Mais des jours qui ont suivi... Rien. Rien qu'un brouillard opaque et trouble. Les jours sont devenus des semaines, puis des mois. Des années enfin. Et le silence endeuillé des premiers temps s'est fait gêné, coupable. Comment reprendre contact après toutes ces horreurs ?

À voir son regard fuyant, il est aussi déboussolé que toi. C'est lui qui finit par reprendre la parole, à l'instant même où tu ouvrais la bouche pour le faire, dans une synchronie qui amène un doux sourire sur tes lèvres. Tu hoches la tête, fouillant une poche intérieure de ta cape pour en sortir une liasse de parchemins enroulés.
J'ai pu récupérer les notes de mon collègue. Je les ai parcourues mais j'ai manqué de temps pour les étudier, elles ne me sont parvenues qu'aux aurores...Par le biais du plus vieil hibou du département de la Justice magique, qui s'est acharné plusieurs minutes durant sur la mauvaise fenêtre. Le pauvre était à deux doigts d'abandonner quand une Adele échevelée, mal réveillée et passablement énervée s'est extirpée des draps pour ouvrir la fenêtre de sa chambre, l'attraper et enfin le jeter sur ton lit. Autant dire qu'entre la douche et le café, tu n'as posé qu'un œil vitreux sur les préparatifs. Fort heureusement, tu travailles quotidiennement avec le Code du secret magique et son application. Alors bien que l'improvisation ne soit pas ton fort, tu penses être néanmoins capable d'en expliquer les bases à quelques enfants.

Tu déposes les documents sur le pupitre le plus proche, et cette fois c'est toi qui t'avance vers lui, glissant une main délicate sur son bras.
Je suis... tellement heureuse de te revoir.À cet aveu vibrant, ta voix encore nouée et yeux embués donnent plus de force encore. Mais le temps vous manque. Il ferait beau voir que les enfants, à leur arrivée en classe, vous trouvent éperdus d'émotion, dans les bras l'un de l'autre à vous remémorer le passé. Aussi reprends-tu, plus doucement encore.Je... Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire. De temps à rattraper. Mais tes élèves ne vont pas tarder, alors tu as raison, on ferait mieux de s'y mettre. Mais peut-être... qu'on pourrait prendre le temps, après ? Pour le déjeuner, peut-être, selon tes disponibilités ?Vous avez déjà trop laissé le silence s'installer toutes ces années, il est hors de question que tu repartes sans un mot de plus. Mais pas tout de suite. Pour le moment, il vous fallait remettre les confidences à plus tard, reprendre contenance. Aussi l'entraînes-tu vers la chaise la plus proche, t'asseyant à côté de lui pour lui faire découvrir le contenu prévu par la Brigade.
Voici le plan qu'avait prévu mon collègue. Qu'en penses-tu ?
Intervention Prima Sapienta

Le code du secret magique

1. Récapitulatif des premières mesures
(fait par le professeur directement ?)
2. Le secret magique aujourd'hui.
Les menaces qu'il a subi dernièrement, le lien entre le Ministre de la magie et celui des moldus, la situation actuelle.
3. Son application et son respect
Expliquer les mesures qui existent, les sortilèges, et résumer les infractions.

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Mer 1 Avr - 16:46



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

Ils étaient émus comme les héros d’un film qui se retrouvent après une longue absence. Malachy jouait le rôle d’un héros frigorifié, enveloppé dans une cape qui n’empêchait pas ses tremblements. Il était un héros épuisé, ému, qui cherchait comment appeler cette émotion qui semblait vouloir le transpercer. Un héros qui retrouvait son héroïne, plus adulte qu’il ne l’avait laissée, mais pas moins familière. Les six ans semblaient s’être écoulés en six minutes. Allez, en six Lunes, peut-être. Il se rassurait de voir dans ses yeux courageux la même indicible émotion. Ils étaient tous les deux terriblement gênés, à balbutier et à trébucher. Malachy manqua de se prendre les pieds dans sa cape, alors qu’il reculait pour s’installer sur une table. Pourquoi ne l’avait-il pas contactée ? Pourquoi avait-il attendu si longtemps ? Il était pourtant évident qu’ils auraient des choses à se dire, ils avaient tant partagé. Et pourtant, Malachy ne savait par où commencer. Il ne savait pas quel sujet aborder, quelle aventure lui raconter, quelle peine lui partager. Il s’étonnait de la trouver là. Est-ce qu’elle travaillait déjà comme Brigadière, avant la guerre ? Oui, mais oui, bien sûr que oui. Mais ce n’était pas elle, qui était prévue pour ce jour-là, il n’était pas fou, il avait bien vu Monroe, écrit dans la lettre reçue du Bureau ? Elle avait eu l’air au moins aussi surprise que lui, c’était ce qu’il y avait de rassurant. Lui en revanche n’était pas encore professeur quand ils s’étaient rencontrés, et encore moins à Poudlard. Il était encore sur les bancs de son université moldue, à Manchester, qu’il avait lâchée un an pour s’enrôler dans l’Ordre du Phoenix, sous prétexte d’année de césure. Les moldus étaient parfois d’une naïveté étonnante, mais ça a avait fonctionné à merveille. Mais malgré les attaques qui avaient continué après les premiers jours de mai 98, Malachy ne s’était pas ré-engagé. Il s’était convaincu qu’il devait retourner étudier, et que ça n’avait rien à voir avec les cauchemars qu’il faisait toutes les nuits des corps d’enfants qu’il voyait sous les décombres. Erin avait-elle continué de se battre ? Avec son métier, peut-être n’avait-elle de toute façon pas eu de choix, malgré ses blessures. C’était lui, qui l’avait aidée à se relever, pour l’amener vers les médicomages. Ils n’avaient pas échangé un mot depuis qu’il l’avait déposée dans leur tente de fortune.
Alors que les questions se bousculaient dans le crâne de Malachy, Erin sortit de son sac quelques parchemins, qu’elle entreposa sur un pupitre. Il y en avait au moins un des deux qui avait travaillé. Alors qu’il tentait de l’écouter, et ainsi de s’échapper de ses pensées, il sentit sa main venir se poser sur son bras, provoquant un frisson qui alla jusqu’à lui secouer l’échine. Elle lui dit qu’elle était heureuse de le revoir, les yeux remplis d’émotion. Malachy, reprenant son souffle, s’apprêtait à lui confesser que lui aussi, mais Erin fut plus rapide que lui, et tint à ce que cette discussion puisse être prolongée malgré les leçons qu’ils allaient devoir dispenser. « Mais peut-être... qu'on pourrait prendre le temps, après ? Pour le déjeuner, peut-être, selon tes disponibilités ? » proposa-t-elle. Un sourire un peu triste naquit sur le visage du loup, qui avait promis à un certain infirmier qu’il serait de retour au déjeuner pour se reposer un peu. Séléné en était témoin, ça ne serait pas la première fois qu’il ferait fi d’un ordre officiel. « J’ai séparé les enfants en trois groupes. Les six/sept ans, qu’on va avoir tout de suite. Les huit/neuf ans, qu’on va avoir à partir de dix heure, et les grands, de dix ans, viendront en début d’après-midi, à quatorze heure. On pourra déjeuner ensemble, bien sûr, il faudra simplement que je monte à l’Infirmerie récupérer quelques fioles d’antidouleurs. » Il essaierait de ne pas se faire repérer par @Piers A. Elliot, mais ses muscles étaient trop douloureux pour manquer l’opportunité d’une potion de sa concoction qui le soulagerait, pour quelques heures au moins. Et puis il avait des mômes sous sa responsabilité maintenant, qu’il devait surveiller. Une petite manquerait l’intervention d’Erin, d’ailleurs. Comment avait-il pu faire si peu attention, en posant cette date, par Séléné ? « J’ai une petite qui est hospitalisée là-haut, j’aimerais bien lui raconter, à elle aussi, ton intervention », ça lui ferait penser à autre chose qu’à la douleur, pensa-t-il. « Moi aussi, j’ai envie qu’on prenne le temps de discuter. Je demanderai à ce qu’on nous livre un déjeuner ici » Il n’était pas certain qu’il mangerait, mais l’intention y était. Kristi, l’Elfe de Maison qu’il connaissait, accepterait sans doute. Elle y mettrait des conditions, comme celle de ne pas laisser des miettes partout, mais il avait un chien, pour ça. « Séléné, il faudra que j’aille récupérer mon chien, aussi ! » Alors qu’il s’exclamait cela, il semblait reprendre un peu de contenance, comme s’il se retrouvait un peu lui-même. La Lune avait le don de le repersonnifier, en plus de le déshumaniser. Il détestait cela, et particulièrement face à quelqu’un qui le connaissait aussi bien que Erin.
Celle-ci justement l’attirait vers une paire de chaise, et lui montrait le plan prévu par son collègue. Il s’y attarda quelques instants, s’imaginant comment les enfants réagiraient face à cela. « Alors, comme le suggère ton collègue, effectivement, je vais m’occuper du 1., de l’introduction, tout ça. Ensuite, le 2., il faudra l’adapter en fonction du public. Je pense que pour les plus petits, ceux qu’on va avoir maintenant, tu ne vas pas pouvoir les embarquer dans les liens entre le Ministre de la magie et celui des moldus, c’est trop compliqué, ça va les emmerder. Des exemples d’application, tout ça, ça sera bien suffisant. Tu peux leur demander d’imaginer des situations, ça leur plaira. En revanche, quand tu leur parleras des infractions, insiste bien sur le fait que eux ne peuvent pas aller à Azkaban. Ils en sont terrifiés, je ne sais pas ce que racontent les parents de certains, mais certains semblent croire que s’ils font des bêtises, on les enverra tout droit entre les pattes d’un détraqueur » entre cette légende-là, et celle du Grand Méchant Loup, Malachy devait parfois se battre avec l’imagination des enfants. Parler de ses élèves lui changeait les idées, le ramenait à lui-même, il commençait même à sentir un peu le bout de ses doigts, finalement réchauffés. Un nouveau regard vers Erin lui confirma son impression. Il parvenait finalement à se débarrasser de sa gêne pour retrouver la familiarité qu’ils avaient un jour partagé.
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Lun 6 Avr - 23:25

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin

Oh, pourquoi bat-il si fort, ce traître dans ta poitrine ? Il s'emballe et il vibre, saturé de tant d'émotions qu'il te semble sur le point d'imploser à tout moment. D'un geste délicat, tu déposes deux doigts sur le galbe de ton sein gauche, dans l'espoir vain de calmer sa course folle. Comme une diversion, ton pouce joue avec le filin de l'attache de ta cape que tu n'as toujours pas ôtée, trop prise au dépourvue par ces retrouvailles inattendues. Car au fond, tu sais d'où te viennent ces palpitations.
Malachy n'est pas n'importe qui. Il est entré dans ta vie au moment précis où tu perdais ta fratrie, l'une sous les coups de sortilèges impardonnables, l'autre par le joug de sa trahison. Et alors qu'il te semblait impossible d'avancer encore autrement que par la haine, il a réussi, à force de bêtises et de boutades, à ramener un sourire sur tes lèvres. Puis un rire. De l'espoir, même. Et en dépit de toutes les douleurs que vous avez enduré côte à côte, ce sentiment est resté. Malachy, au fond, c'est l'espoir.
L'espoir d'un monde meilleur, un peu plus beau. Un monde aux milles couleurs, que vous pouviez construire, imaginer, les yeux clos sous les étoiles. Un monde qu'il vous suffisait de rêver. Et de le voir ici, aujourd'hui, à Poudlard... Dans cet endroit dont on l'avait privé... N'est-ce pas la plus belle preuve que vous avez réussi ?

Tu souris de le voir aussi professionnel, aussi à l'aise que possible – compte tenu de la date et des circonstances – dans son nouveau rôle d'enseignant. Et si tu hausses un sourcil circonspect, ce n'est qu'à l'évocation du redoutable infirmier de Poudlard. Douce Helga, il est hors de question que t'aventures dans son antre, tu le côtoies suffisamment en dehors, merci bien. Mais tu acquiesces néanmoins, heureuse et un brin soulagée – l'entendre esquiver la proposition t'aurait brûlée vive. Pas de souci ! J'en profiterai éventuellement pour aller faire un tour à la bibliothèque. L'occasion de voir Vita serait trop belle, encore que vous manqueriez cruellement de temps. Il faut absolument que tu prennes le temps d'organiser un repas avec ton amie en une occasion plus propice. Tout comme il faudra que tu penses à interroger Malachy sur ce chien... Ou auras-tu l'occasion de faire sa connaissance ? Connaissant ton ami et sa capacité à se passionner, tu as préféré ne pas relever sa remarque, mais elle mérite des éclaircissements, à n'en pas douter !

Peu à peu, la chaleur semble revenir entre vous, le naturel. Il ne vous faut guère de temps pour esquisser les derniers détails. À sa mise en garde, tu acquiesces avec ferveur. Bien sûr ! Le but n'est surtout pas de traumatiser les enfants. Simplement de leur expliquer l'importance du Code pour chacun d'entre nous. De leur montrer qu'il les protège eux aussi. Même si je vais éviter de leur citer des exemples trop concrets comme celui d'Ariana Dumbledore... songes-tu sans toutefois l'ajouter. Une dernière fois, vous relisez de concert le déroulé de l'intervention, ajoutant quelques mentions et précisions, adaptées aux différentes classes d'âge qui défileront devant vous au fil de la journée.

Au loin, le bruit de centaines de pas commence à s'ébranler, les uns et les autres rejoignant leur salle de classe respective. Remettant ta chaise en place, tu t'éloignes pour aller déposer vos parchemins sur le bureau professoral, et abandonner ta cape à portée. Pour mettre les enfants dans l'ambiance, tu as revêtu ton uniforme quotidien, cette robe bleue marine à l'écusson marqué de deux baguettes croisées étincelantes. Sans doute Malachy a-t-il déjà eu l'occasion de te voir ainsi vêtue, en ces soirs où tu transplanais directement du Ministère au quartier général de l'Ordre sans prendre le temps de repasser chez toi.
Le brouhaha continue, vous enveloppant. Parvient-il à repérer la troupe de ses petits élèves, dans cette cacophonie ? Un concert de cris agacés éclate soudain, si reconnaissable qu'il te tire un rire clair. Que tu sois mordue par un blaireau si cette clameur soudain n'est pas celle de quelques dizaines de voix frustrées face au changement de sens soudain d'un escalier. Combien de fois as-tu fait partie de la foule des retardataires, pestant face à l'apparition d'un détour impromptu ? Quand ce n'était pas tout simplement le blocage d'un couloir complet, pour cause de réunion de fantômes ou de farce ayant mal tourné...
La cohue, doucement, commence à s'apaiser et tu entends maintenant distinctement les voix enfantines qui viennent s'arrêter devant votre porte. L'heure est venue de faire entrer les fauves... Une bouffée d'inquiétude te saisit et tu inspires profondément, adressant un petit signe de tête à Malachy.
Tu es prête. Du moins... aussi prête qu'on puisse l'être.

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Sam 11 Avr - 16:35



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

Le jeu du sort avait frappé deux fois, les concernant. D’abord, quand ils avaient été missionnés ensemble, en 1998. Ça aurait pu ne pas coller. Ils auraient pu ne pas s’entendre, Malachy aurait pu être misogyne, elle aurait pu avoir des préjugés à l’égard des loups. Au contraire toutefois, ils avaient certainement été l’un pour l’autre tout ce dont ils avaient eu besoin à ce moment-là dans leur vie. Malachy, plein d’idéaux héroïques et à peine sorti de la tanière familiale, avait grandement bénéficié de l’expérience de la brigadière, qui savait comment calmer ses ardeurs, et qui l’avait poussé à être plus précis, plus attentif, plus sérieux. Erin, sans doute, avait pu profiter des rapports quasi fraternels que Malachy avait tout de suite voulu lier avec elle, alors que de son côté, elle sentait sa famille se déliter. Il l’avait soutenue quand elle avait perdu l’enfant qu’elle portait, en mission. Il l’avait sortie des décombres, à Poudlard, pour l’amener vers les premiers secours. Et puis, ça leur était arrivé à nouveau, le sort s’était joué d’eux. De tous les brigadiers qui auraient pu arrêter Monroe, Erin était celle qui avait été assignée au poste. Malachy la regardait, alors qu’il entendait ses mômes arriver. Elle n’avait pas beaucoup changé. Tellement peu qu’il en était nostalgique des Lunes qu’ils avaient passées ensemble. Nostalgique de la guerre, par Séléné. Au loin éclata un concert de cris frustrés. En réponse, Erin laissa lui échapper un rire clair. Elle aussi, visiblement, était nostalgique.

Un sourire réchauffait le visage du professeur alors qu’il accueillait ses premiers élèves. Erin lui avait fait un signe de tête, et comme ça, sans avoir besoin du moindre mot, il avait compris : elle était prête. Il aida les plus patauds à enlever leur cape, demanda aux moins bien réveillés de se tenir droits pour leur invitée. Il fit l’appel – une élève manquait au décompte, c’était celle qui était encore à l’Infirmerie des suites de la Lune. Malachy ne commenta pas, malgré les interrogations inquiètes de ses camarades. Il s’agissait en effet de sa vie privée, elle la commenterait à qui elle voudrait. Bientôt, toujours enveloppé dans sa cape quoi que son corps commençait finalement à se réchauffer, il présenta la Brigadière McAllister à sa meute de louveteaux, invita ses louveteaux à se présenter un à un à la Brigadière McAllister (il fut très fier d’eux, tous parlèrent d’une voix claire et à peu près entendable) et la leçon particulière put commencer. Malachy l’écouta au moins aussi attentivement que ses gamins. Il éclaircit les points qu’il savait que les enfants ne comprendraient pas bien, les poussa à lever la patte pour intervenir. Puis, après les mômes de son premier groupe allèrent profiter d’un temps de récréation alors qu’ils accueillaient le deuxième groupe. C’était le professeur de Vol qui les surveillerait, il s’était proposé. La seconde intervention fut plus amusante, à l’avis de Malachy en tous cas. Comme les enfants étaient plus grands, ils comprenaient mieux les enjeux, posaient plus de question. C’était prometteur pour le groupe de l’après-midi, qui n’accueillerait que les plus grands enfants.
A mesure que la matinée avançait, Malachy reprenait des couleurs. Le sourire ne l’avait pas lâché, ses enfants l’avaient remarqué. L’un d’eux, particulièrement empathique, avait souligné qu’il était rarement aussi souriant après une Pleine Lune. Malachy n’avait pas menti quand il avait répondu qu’il souriait parce qu’il était ravi d’accueillir pareille intervenante.
Il avait finalement envoyé tous ses élèves déjeuner, et avait proposé à Erin de la retrouver dans la même pièce une demi-heure plus tard, le temps qu’il monte à l’infirmerie, puis redescende aux cuisines demander à l’Elfe Kristi deux repas livrés chez lui. Elle s’était satisfaite de cette proposition et ils s’étaient séparés un moment.

***

Il était un peu en retard, mais Kristi lui avait tenue la jambe, et il était trop poli pour lui demander d’abréger. Il filait désormais au travers des couloirs, trépignant en attendant un escalier qui n’arrivait jamais. Il aurait aimé pouvoir transplaner, ça aurait été plus simple. Il n’aimait pas l’idée de faire attendre Erin, d’autant qu’ils avaient beaucoup de choses à se dire. Finalement toutefois, il parvint à atteindre sa classe, qu’il ouvrit à la volée, un peu trop emballé. Cette course lui avait donné chaud, il décida finalement d’enlever sa cape, autre signe que les effets de la Lune commençaient à s’estomper. « Désolée si je t’ai fait attendre, j’ai négocié sec pour notre repas. L’Elfe m’a dit qu’elle nous l’enverra dans les dix minutes. J’espère que ça n’apparaîtra par terre, déjà que je t’accueille presque en pyjama ! » Les jours qui suivaient la pleine Lune, il ne pouvait porter ses habituelles chemises rentrées dans des jeans, dans lesquelles il ne parvenait à trouver aucun confort. Il ainsi enfilé un gros pull et un bas de jogging noir, espérant secrètement que ses collègues les plus magiques ne le verraient pas vêtu ainsi. Rien qu’Erin n’ait pas toutefois déjà vu, et rien qu’ils n’avaient pas déjà fait ensemble. Manger à même le bitume avait dû leur arriver plus d’une fois, alors qu’ils terminaient de sécuriser les maisons d’une rue considérée comme à haut risque. « Allez, avoue ! Tu savais que c’était moi, le prof d’Histoire pour les petits de la Prima Sapientia, t’as vu mon article dans la Gazette, alors t’as supplié ton patron de te laisser prendre la mission. Tu me le dire, maintenant ! ». Il la taquinait, comme il l’avait fait de nombreuses fois déjà, alors qu’il débarrassait son bureau de tout ce qui pouvait y traîner d’un coup de baguette. Il installa une autre chaise, dans l’idée qu’ils déjeuneraient là. Derrière lui, il ouvrit un placard, et s’adressa à nouveau à la jeune femme : « Je ne boirai pas, mais j’ai du vin et de l’hydromel, si tu veux ! ». Il aurait aimé faire ça mieux. Il aurait aimé lui écrire, la convier à venir, il aurait aimé lui préparer à manger, comme il savait bien le faire, il aurait aimé partager une bouteille avec elle.

Mais le jeu du sort en avait voulu autrement.

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Mer 15 Avr - 17:04

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin



Tu ne t'étais jamais imaginée enseignante. Tu en aurais la patience, pourtant. La pédagogie, sans doute. Mais tu étais si sûre d'avoir un avenir parmi les Aurors qu'aucune autre carrière n'a jamais su attirer ton attention. Pourtant, en voyant les petites silhouettes de votre deuxième groupe quitter la salle de classe pour aller déjeuner, tu songes que peut-être, dans une autre vie, tu aurais pu envisager cette vocation, prendre plaisir à voir de nouvelles générations s'éveiller à la magie sous ta houlette.
Les deux séances se sont particulièrement bien passées. Les enfants se sont montrés attentifs, curieux, pertinents même, dans leurs questions, pleines de leur candeur innocente. Tant à découvrir encore, tant à vivre. Que deviendront-ils, dans les années à venir ? Quelles promesses, quelles routes se profilent sous leurs pas ? Quelle Maison intègreront-ils, quels adultes dans le monde de demain ? Il y avait cette petite blonde, au premier rang, qui ne te quittait pas du regard, et t'évoquait une minuscule Moira Oaks – ou du moins est-ce ainsi que tu l'imagines enfant. Une autre, trois rangs plus loin, qui semblait chercher une bêtise à dire derrière sa frange sombre. Merlin, Adele n'aurait pas agi différemment. Et son voisin, bougon, qui t'a aussitôt fait penser à Piers. Et cet autre, et celle-ci... Mais celui pour lequel tu garderas le plus de tendresse, c'est ce petit garçon pensif, avec ses boucles brunes et son sourire édenté à fossettes dont la douceur te rappelait un autre bambin, aux yeux rieurs, que tu avais découvert sur une photographie, un jour où vous discutiez souvenirs et enfance avec Malachy. Et de voir ton ami, si à l'aise au milieu de ses louveteaux – comme il les appelle – a achevé de te faire fondre.

Il s'est enfui sitôt la fin de la deuxième séance, comme prévu, te promettant de revenir bien vite. Tes pas se sont aussitôt portés vers la bibliothèque, espérant y croiser Vita, mais tu as trouvé porte close. Plutôt que de revenir directement à la salle, tu as descendu les étages, admirant le sablier empli de gemmes jaunes – avec une certaine satisfaction de le voir si avancé sur ses voisins. Tu t'es égarée jusqu'aux cuisines, résistant à l'envie de toquer sur les tonneaux négligemment entassés là, de retrouver cette Salle commune où, pour la première fois, tu t'es vraiment sentie chez toi. Le rythme n'en a sans doute pas changé, mais tu ne tiens pas à te retrouver aspergée de vinaigre par inadvertance. Ce qui a dû arriver à un malheureux quelques minutes auparavant, si tu en juges par l'odeur aigre flottant encore dans le couloir. Un sourire malicieux fait briller tes yeux tandis que tu remontes tranquillement vers la salle de classe où vous avez convenu de vous retrouver.

En l'attendant, tu t'appuies au chambranle d'une fenêtre, admirant le parc figé dans sa gangue gelée. Les minutes passent, se font de plus en plus longues. Mais avant que tu ne puisses t'impatienter, douter de son retour, la porte s'ouvre en grand. Et le sourire, si grand sur son visage, ravive celui sur tes lèvres. Tu ris de le voir si enthousiaste, de le retrouver si vif. Si Malachy. Tu accueilles d'une moue moqueuse ses excuses – la seconde, surtout. Je crois t'avoir déjà vu dans des tenues encore moins seyantes ! Et l'inverse est vrai aussi, il me semble... Oh, cette accusation voilée d'avoir provoqué votre rencontre ! C'est tellement lui. Tu secoues la tête en signe de dénégation, sans le lâcher des yeux, le regardant s'affairer, vous aménager une place pour déjeuner, te proposer des boissons. Hm, un hydromel, pourquoi pas !
S'il a vraiment été interrogé dans les journaux, il faudra que tu mettes la main dessus, te voilà curieuse ! Il y a belle lurette que tu ne perds plus ton temps à les éplucher. Vous connaissez l'essentiel des faits qui y sont relatés avec même leur sortie de presse. Quant à savoir comment est décrit le gouvernement, certains de tes collègues, comme cette chère Carol-Ann, se faisant chaque jour un plaisir d'en dépecer chaque ligne pour vous en livrer un compte-rendu circonstancié... Et généralement plus long que l'article initial.Navrée de te décevoir, très cher ! J'ai bien peur d'avoir raté ton interview, je lis rarement la Gazette. À vrai dire, j'étais au fond de mon canapé quand on m'a demandé de la remplacer au pied levé. Et si mon chef n'avait pas eu l'air aussi désespéré, j'aurais sans doute refusé. Et si tu savais dire non, cela va sans dire. La tentation était grande, pourtant. Une intervention à Poudlard au lendemain de l'intervention de Potter, alors que se tiendra demain le procès de Bauer auquel tu seras présente... Tu t'en serais bien passée. Enfin, non, plus maintenant. Mais hier soir, Helga t'en soit témoin, tu aurais donné cher pour que ton plaid tout doux soit en réalité une cape d'invisibilité.
Abandonnant la fenêtre aux vitres embuées, tu glisses entre les pupitres pour te rapprocher de lui, venant t'adosser à un mur proche, lui adresses un sourire mutin. Qui me dit que ce n'est pas plutôt toi qui as cherché à te débarrasser de ma collègue, dans l'espoir que je sois envoyée à sa place, Malachy ? Ou devrais-je... Professeur Lyons.Professeur Lyons. Douce Helga, que ces mots sont doux à prononcer.

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Jeu 23 Avr - 21:26



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

Ça se questionnait, tout ça. Il n’avait pas eu le temps de vraiment penser, pendant matinée, entre ses deux groupes d’enfants. En remontant vers l’Infirmerie, en attendant un escalier, il se l’était toutefois dit : qu’est-ce qui avait fait que ni lui ni elle ne s’était contactés, depuis le temps ? Cette question tourna dans son crâne jusqu’à ce qu’il trouve sa réponse dans une autre question : qu’est-ce qu’ils allaient bien pouvoir se dire ? Celle-ci, il se l’était posée en redescendant vers les cuisines, après avoir tournicoté la première dans tous les sens. Il craignait ne rien avoir à échanger avec Erin ; comme si, en dehors de la guerre, et en dehors de l’Ordre, ils ne pourraient plus rien partager. Était-ce donc ça ? Une question de sujets de conversation ? Ce n’était pourtant pas une crainte qu’il avait d’ordinaire, au vu de ses qualités sociales. Il n’avait aucun mal à discuter, même avec les personnes qu’il ne connaissait pas, ou peu. Peut-être était-ce donc qu’ils avaient trop de choses à se dire, et ça bien sûr, c’était allé de mal en pis avec les années. Avait-elle tenté à nouveau le concours d’Aurors ? Était-ce même ce qu’elle souhaitait ? Avait-elle participé à l’arrestation de Mangemorts, après qu’il avait quitté l’Ordre ? Sa cuisse avait-elle bien cicatrisé, ou lui restait-il une balafre ? Était-elle montée en grade, s’était-elle trouvé un partenaire digne de se nom, appréciait-elle son patron ? Quand elle lançait un sortilège offensif pour arrêter quelque malfrat, n’avait-elle pas des flashs de la guerre qui lui montaient face aux yeux, comme ça lui faisait, à lui ? Avait-elle arrêté d’en vouloir à sa sœur d’être décédée, et à son frère d’avoir participé à son assassinat, même de loin ? Et Neil, alors, après qu'ils s'étaient séparés, avaient-ils pu en parler, et finalement, l’avait-elle épousé ? Et avait-elle arrêté de pleurer, la nuit, la perte de leur bébé ? Faisait-elle toujours des cauchemars, quand elle fermait les yeux, voyait-elle les morts, comme lui ?
Un nœud s’était formé dans la gorge du Loup. Ce n’était pas qu’ils n’avaient rien à se dire, ni qu’ils avaient trop de chose à rattraper. Mais c’était lourd. Terriblement lourd. Malachy savait qu’ils ne pourraient pas s’en tenir aux premières questions, qu’ils ne pourraient pas en rester à « oui tout va bien », surtout parce qu’ils n’y croiraient pas, parce qu’ils se connaissaient trop bien. Et Malachy, de son côté, avec Erin désormais face à lui, ne pourrait faire autrement que la sonder. Il voudrait savoir, il voudrait se sentir proche d’elle, comme il l’avait un jour été. Si elle était dans sa vie, il devait la connaître entièrement, même les bouts qui n’étaient pas jolis, même ce qu’il y avait de plus affreux, même ce qu’il y était le plus indicible. Alors il ouvrait son placard et lui servait de l’hydromel, regrettant de ne pas pouvoir s’en servir un verre. Il la sentait monter et venir, la dureté que prendrait la discussion, il la sentait arriver et la trouvait pourtant incontournable.
Alors il avait amené un sujet léger. Il l’avait accusée d’avoir monté le coup, sachant bien qu’il n’en était rien, ce qu’Erin ne manqua pas de lui confirmer. Il déposa son verre devant elle. Ses jambes tremblaient un peu, il ne savait pas déterminer si c’était la situation qui le provoquait, ou les allers-retours qu’il venait de faire dans le Château. Sûrement un peu des deux. Il s’assit, alors qu’Erin lui rétorquait que c’était peut-être lui, qui avait provoqué cette rencontre, « … dans l'espoir que je sois envoyée à sa place, Malachy ? Ou devrais-je... Professeur Lyons », termina-t-elle de suggérer. Malachy éclata d’un grand rire clair qui vint remplir la pièce aux hauts plafonds. Il l’entendait dans sa voix, tout son étonnement de le savoir assis-là, dans sa chaise d’enseignant de la Prima Sapientia. Et pourtant, elle devait le savoir ; ce n’était pas si improbable que ça, le connaissant. Il répondit, tentant de ne pas perdre le rire qu’il venait de trouver, bien décidé à garder le sourire jusqu’à la fin de la journée qu’ils passeraient ensemble. « C’est mal me connaître, elle avait l’air sympa, à l’écrit, ta collègue ! C’est peut-être du grand amour dont tu me prives, Erin … ». Il ne pensait rien de tout ce qu’il venait de dire, mais ça ne l’empêcha pas de lancer la taquinerie. Il n’avait rien retenu de ses échanges avec la Brigadière, il n’avait même pas déterminé que c’était une femme, et ne se souvenait pas de son prénom. Cette conférence n’avait eu de sens que pour les enfants, il ne l’avait faite et ne l’avait maintenue que pour eux jusqu’à ce que ce soit Erin qui passe la porte et qu’ainsi, il rentre dans l’équation. Deux plateaux apparurent, flottant dans les airs. Souvenir d’un temps où il était serveur pour le Lyons’ Den, Malachy se leva pour aller les récupérer et les soutenir, un sur chaque main, du bout de ses cinq doigts. Poulet rôti, haricots cuisinés à l’ail au vu de l’odeur, salade de céleri, mais pas de dessert. Malachy fronça la truffe alors qu’il posait les plateaux sur leur table de fortune, espérant que ce ne soit qu’un oubli, et que Kristi leur ferait parvenir une mousse au chocolat, ou tout autre délice de sa confection. Alors qu’il retrouvait son siège, il lança : « C’est ma deuxième année ici, j’ai postulé juste après l’ouverture de la Prima Sapientia qui, si tu te souviens bien, coïncidait avec la sortie de Loi Granger. » Erin saurait sans doute ce à quoi il faisait référence. Parmi les amendements auxquels la numéro deux du gouvernement avait participé, celui-ci était sans aucun doute le plus important, surtout pour un Loup-Garou, puisqu’il dépénalisait leur condition. Il avait décidé de parler de lui puisque ça les empêchait de parler d’elle. Il saurait comment se contenir, saurait quels chemins tortueux ne pas emprunter pour que la conversation reste joyeuse et légère. Plantant sa fourchette dans la cuisse de poulet, il vint se constituée une grosse bouchée faite de viande et de légumes. Juste avant de l’enfourner dans sa bouche, il balança : « bon app, McAllister ». Il l’avait longtemps appelée comme ça, quand ils avaient travaillé ensemble. Certainement jusqu’au moment de ce duel qui avait coûté la vie au bébé qu’elle portait dans son ventre. Après ça, il n’avait plus pu que l’appeler par son prénom, lui étant soudainement tout à fait intime puisqu’il partageait cette épreuve avec elle. Evitant avec précaution de songer à cela trop longtemps, il ajouta, avalant rapidement son énorme bouchée : « Je pense que @Severus Rogue m’a filé le poste parce que je suis lycanthrope. Sans rire, hein ! Je ne suis pas mauvais dans ce que je fais, j’ai fait les bonnes études, j’adore mes gamins, mais je ne crois pas être trop cynique quand j’avance ça. Alors du coup, j’ai grimpé sur le balai qu’il me tendait, et j’ai accepté une interview dans la Gazette. C’est sorti en novembre dernier. Les photos sont tops. L’article un peu moins, mais ça fait un bon souvenir. » Ses propos, sans avoir étés tordus, avaient été coupés d’une certaine façon, pour que ça sonne bien. Par bien, entendez scandaleux, évidemment. Il avait appris de cette erreur, toutefois : il ne laisserait plus un journal qui avait un jour été celui de la propagande recevoir ses propos. Et puis pour les photos, @Dennis Crivey et lui étaient restés en contact, après cela. S’il voulait se faire tirer le portrait à nouveau, il n’aurait qu’à demander. Malachy se prépara une nouvelle béquetée, alors qu’il cherchait quoi ajouter. Il ne pouvait pas entamer un monologue sur sa vie qui durerait le temps du déjeuner. L’actualité se trouva être un bon moyen d’éviter de parler du passé : « Et toi alors, qu’est-ce que tu deviens ? Je n’ai pas lu ton nom dans l’article du 19 janvier, pourtant je doute que tu n’aies pas été appelée à interrompre le concert. Tu y étais ? » Il regretta ses mots au moment où ils sortirent de sa bouche, parce qu’il avait entendu sa connerie. Même si elle n’y était pas, même si elle n’avait appris que dans l’après coup que Reissen avait fait vriller le Chemin de Traverse, elle avait dû voir, au moins par photos, au moins dans la Gazette du Sorcier, le ciel au-dessus de Gringotts recouvert de ce drap bleu sur lequel flottait les noms des sorciers et des moldus décédés pendant la guerre, les noms des victimes, collatérales ou non, du génocide perpétré par les Mangemort. Elle avait dû y lire, ou au moins s’imaginer, flottant là-haut, le patronyme de sa sœur. Quittant son regard, Malachy englouti sa bouchée, regrettant de l’avoir autant garnie tant il se sentait amer. Erreur de débutant, et malgré tout, erreur absolument inévitable au vu de qui ils étaient.
Malachy s’était leurré à croire qu’ils pourraient éviter tous les sujets lourds, puisque c’étaient aussi eux les plus importants. Parmi tout ce qu’il avait voulu éviter, il y avait le décès de la sœur d’Erin, celui de son bébé, il y avait la maison de moldus qu’ils n’avaient pas réussi à protéger et qui avait explosé, il y avait la blessure de la brigadière, qu’il avait cru perdre pendant la bataille, et il y avait ces cauchemars qu’ils avaient certainement en commun. Tous des sujets qu'ils avaient voulu éviter pendant six ans, et face auxquels ils se trouvaient désormais.


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Ven 24 Avr - 13:07

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin



La douceur du miel glisse sur ta langue et déjà, tu savoures une deuxième gorgée d'hydromel avec une satisfaction non dissimulée. Ça, tu peux faire confiance à Malachy pour te proposer des bouteilles de qualité – sans doute un reste de son enfance passée au pied du bar. Déjà à l'époque, à demi fauché, il parvenait à régaler vos nuits de veille de petits crus dénichés ça et là, partagés à même sa flasque entre deux confidences, deux tours de pâtés de maison ou deux éclats de rire. Oh Merlin, tu avais oublié combien tu aimes le rire de Malachy. Si clair, si joyeux, à mi-chemin entre l'éclat franc d'un enfant et l'aboiement d'un loup, tellement lui. Et si contagieux que je ne peux m'empêcher d'y répondre en écho. C'est promis, si elle décide de plaquer mari et enfants pour refaire sa vie avec un petit jeune dans ton genre, je te la présenterai immédiatement ! À vrai dire, je ne serais pas surprise que tu aies sa dernière en cours. À moins qu'elle ne soit déjà entrée à Poudlard ?Une moue pensive demeure quelques instants sur tes lèvres, mais impossible de te souvenir de l'âge de la petite en question. Tu es la pire des collègues quand il s'agit de mémoriser les diverses anecdotes associées à la marmaille de chacun. La première dent de l'une, le BUSE de Sortilèges d'une seconde, les éternelles disputes de ceux-ci, l'entrée à Poudlard de celle-là... Toutes s'effacent sitôt entendues, comme une manière d'oublier qu'elle aurait eu six ans à l'automne prochain...
Tu n'as pas conscience de ces pensées, de cette explication probable, perdue dans les méandres de ton déni, dans tes efforts perpétuels pour occulter cet aspect de ta vie. Non, pour le moment tu veux seulement savourer ce moment inespéré avec Malachy, le repas qu'il dépose sur son bureau et dont les effluves te mettent l'eau à la bouche. Déposant ton verre à portée de main, tu t'installes et ton clin d’œil lui répond. Bon appétit, Lyons !
Affairée à désosser ta cuisse de poulet, tu l'écoutes te raconter les circonstances de son arrivée ici, hochant la tête à la mention. Si tu te souviens de la Loi Granger ? Douce Helga, sur le terrain ou derrière vos bureaux, vous étiez en première ligne pour recueillir les avis, les craintes et les interrogations de la communauté sorcière à l'égard de ces nouvelles dispositions. Certains étaient mus par une curiosité sincère, parfois teintée d'inquiétude, quand d'autres dissimulaient bien mal leur xénophobie latente. L'une d'elle, une sorcière entre deux âges, t'avait tout particulièrement marquée. Sous couvert d'appréhension pour ses enfants, elle t'avait sorti un laïus entier pour t'expliquer combien ce nouveau texte était d'une absurdité sans nom et qu'elle ne comprenait pas – Merlin tout puissant – qu'un gouvernement puisse ainsi mettre en danger la vie de ses administrés. Des plaintes comme nous en avions entendu des dizaines dans les semaines qui avaient suivi. Mais assénées avec tant de véhémence, tant d'agressivité, tant de préjugés à l'encontre des lycanthropes notamment – « ces bêtes tout juste humaines, assoiffées de sang et de violence » – que la Pimentine avait fini par me monter au nez. De mémoire de Brigade, c'est sans doute la seule et unique fois où tes collègues te virent vraiment sortir de tes gonds, quand tu répliquas d'une voix cinglante qu'un lycanthrope t'avait sauvé la vie à tant de reprises que tu ne saurais les compter, pendant la guerre. Et pendant qu'il se battait pour assurer votre futur à tous... elle, où était-elle ? Engoncée dans sa lâcheté ? Les dernières phrases n'avaient pas franchi tes lèvres, mais dans ton indignation vibrante, il y avait tant de sous-entendus qu'elle avait fini par battre en retraite.
Tu avais failli écrire à Malachy ce jour-là, le souvenir de votre complicité revenu, mais pour lui dire quoi ? Que tu avais pensé à lui face à une mégère qui n'avait sans doute jamais relevé le nez de son chaudron, qu'il faudrait bien plus qu'un texte de loi pour apaiser les préjugés et le racisme de ceux qui verraient le loup avant l'homme ? Le voir ainsi, épanoui dans son rôle de professeur à Poudlard, c'est la plus belle des revanches, qu'importe qu'il doive son poste à une forme malsaine de discrimination positive. L'essentiel, c'est que tu aies eu ta chance ! Merlin, je n'en reviens pas d'être passée à côté de cet article. Il faudra absolument que j'aille fouiller dans nos archives pour voir ça !Si possible en te passant de l'aide du grand archiviste... Tu imagines d'ici la tête offusquée de Melchior Fawley si tu venais quérir son aide pour quelque chose d'aussi futile !Ça ne me paraît pas cynique du tout. Nous avons eu pas mal de témoignages de gens de ce genre. Quand ce n'était pas carrément des patrons écrivant au Ministère pour savoir s'il y avait une aide financière sur ces embauches... L'idée que le directeur de Poudlard ait pu effectivement lui donner le poste pour ces raisons ne te surprendrait pas le moins du monde. Tout héros qu'il soit, Rogue reste un Serpentard, à l'aise dans les ruses et manipulations. Et quelle meilleure façon de répondre à ses détracteurs que d'intégrer à son équipe enseignante un lycanthrope recensé ? Tout de même, avoir Severus Rogue pour supérieur... Tu ne peux retenir un sifflement pensif. Travailler pour @Severus Rogue... Je crois que rien que pour ça, je serais incapable d'enseigner à Poudlard. Il m'a tellement traumatisée, gamine ! Et pour cause ! Tu étais de ces élèves incapables de différencier armoise et asmodée, se trompant perpétuellement entre sens horaire et anti-horaire quand il s'agissait de touiller le contenu de son chaudron et pensant naïvement qu'une « julienne » était un prénom, et non une manière précise de couper les ingrédients... Dès que s'échappaient les premières fumerolles de ta préparation, il fondait sur toi avec ses airs d'immense chauve-souris graisseuse, le regard si furieux que tu en bégayais, incapable d'aligner trois syllabes face à lui. Avec les années – et l'aide providentielle d'Adele ! – tu avais fini par t'améliorer mais sans jamais dépasser cette peur viscérale de ton professeur de potions. Alors imaginer le côtoyer jour après jour, manger à sa table à chaque repas. Non, vraiment. Si succulente que soit la cuisine de Poudlard, ce serait trop te demander.
Tu la savoures pourtant, cette assiette. Ces haricots parfaitement assaisonnés, cette pointe d'ail, cette viande cuite à point, la peau dorée et craquante. Retrouvant là tous les délices de ton adolescence, de ces amoncellements de plats dont tu te resservais si volontiers. Elles sont loin, tes années à Poudlard. Tout était tellement plus simple à cette époque, loin de la guerre et des drames traversés depuis. Loin des soucis d'adulte, des conflits et de la politique. La question de Malachy te cueille tandis que tu portes une nouvelle fourchette à tes lèvres, et tu prends le temps de finir ta bouchée avant de lui répondre. J'y étais, oui. Il nous ont seulement mentionné. Les « forces de l'ordre » chargées d'éviter tout débordement, c'était nous. Avec le succès que l'on sait... Une touche d'amertume t'envahit au souvenir de cet échec cuisant. Mais l'hésitation soudain de Malachy ne te laisse pas le temps de t'y apesantir. Tu lèves les yeux vers lui, intriguée de cette gêne légère que tu sens passer sur ses épaules et il ne te faut pas longtemps pour en comprendre l'origine, renouant avec cette habitude que vous aviez prise de vous comprendre à demi-mots. Ta voix, ton sourire se font plus doux.Je n'ai... pas vu son nom, si c'est ce qui te turlupine. Tout était trop chaotique, je n'ai pas eu le temps.Tu ne peux pas lui dire que les mille lumières apparues dans le ciel assombri étaient illisibles à tes yeux d'écureuils. Parce que tu ne peux pas non plus lui dire que tu as passé l'essentiel du concert sous ta forme d'Animagus qu'il connaît si bien, pour t'approcher incognito de la scène et de la Malefoy afin d'en rapporter les faits et gestes à Moira. Ni pourquoi tu l'as fait, le serment te liant à la Présidente-Sorcière étant trop présent dans ton esprit. Pourtant, s'il est une personne – Adele exceptée – avec qui tu voudrais pouvoir partager le poids du pétrin dans lequel tu t'es sans doute fourrée, c'est bien ton ancien compagnon d'armes. J'imagine que vous avez été impactés aussi. La chorale ?Aussi préfères-tu faire glisser légèrement la conversation. Les affaires de Poudlard résonnent rarement jusqu'au Ministère, il ne sera pas inintéressant d'en apprendre un peu plus de la bouche de Malachy.

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Dim 3 Mai - 0:42



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

Erin racontait sa collègue, une femme mariée, avec des enfants, mais Malachy n’écoutait pas vraiment. Plutôt, il se nourrissait du confort de la savoir là, avec lui, et dans sa classe, en plus. Dans son univers, loin des champs de bataille qu’ils avaient connus ensemble. Peut-être se tenait-elle là, aussi, l’explication aux six ans d’absence : qui étaient-ils, en dehors de la guerre ? Se connaissaient-ils vraiment ? Malachy avait la sensation que oui, mais qu’en savait-il vraiment ? Qui était-elle, loin des horreurs et des pleurs ? Il humidifia ses lèvres, sa bouche se faisant subitement sèche à la pensée de la guerre. Six ans plus tard, et ses propres souvenirs l’angoissaient toujours autant. « Je le saurais, quand même, si c’était la mère d’un de mes louveteaux qui devait donner la conférence », rétorqua-t-il vivement, chassant ses pensées loin de son crâne. Si toute fois la gosse était jeune, si elle n’avait entamé Poudlard que cette année, il avait dû la connaître l’année dernière. Une petite avec un mère brigadière, alors … « Ah ! Elle s’appelle Cassie, sa fille, non ? Ouah, elle doit en faire voir de toutes les couleurs à sa mère, pas la môme la plus facile ! »  Il se souvenait d’elle avec attention et tendresse, et maintenant qu’elle n’était plus dans sa classe, elle lui manquait presque …

Ils étaient attablés désormais. Erin avait bon appétit, s’il se souvenait bien. Moins que lui, surtout quelques jours après la pleine Lune, mais quand même. Il espérait que ce qu’il avait pu faire venir du buffet de Poudlard lui plairait. Ce qu’il regrettait de ne pas avoir pu lui-même lui cuisiner quelque chose. Il aurait tant aimé l’inviter, à Manchester, ou même ici, à Poudlard, et lui faire à manger, c’était une des choses qui le rendait le plus heureux, surtout quand il le faisait pour quelqu’un qui lui était aussi proche que l’était Erin. Lui se régalait, le croustillant de la peau du poulet glissant entre ses crocs, ses babines humides de son gras. Encore un peu, et il en avait dans ses bouclettes. Erin lui avait fait retrouver l’appétit, perdu depuis le jour de la Lune. Il mangeait, les pattes dans son assiette, racontant son entrée à Poudlard, Erin lui répondant qu’elle regrettait de ne pas être tombée sur l’article. Il haussa le crâne et laissa tomber la volaille dans l’assiette. Ses doigts étaient gras, mais il avait un exemplaire, il en était certain. Il se recula sur sa chaise, avant d’abandonner l’idée : sa baguette était trop loin pour lancer un petit recurvite qui lui aurait permis de se nettoyer. « Tu m’y feras penser, je dois en avoir encore quelques exemplaires, que je garde pour des jours comme celui-ci ». Pour faire marrer ses copains, poussant l’autodérision à son maximum. Il en avait acheté une quinzaine, à l’époque, la plupart avaient été envoyés à des membres de sa famille.
La discussion se poursuivit, Malachy évoqua son cynisme qu’Erin trouva justifié. Il avait eu peur de se faire juger pour cela, mais il aurait dû s’y attendre, ça n'arriverait pas, avec elle. Elle avait le don de voir le monde tel qu’il l’était, même dans ses vices. Elle en trouvait justement à @Severus Rogue, des vices, qu’elle décrivait comme traumatisant. Malachy toutefois n'aurait pu en témoigner, n'est-ce pas, alors il haussa ses épaules. Il avait des bons et des mauvais jours, sans aucun doute. Surtout des mauvais, ces derniers temps, quand il poussait les enfants à la délation. Le personnel de Poudlard – et les enfants certainement aussi – attendaient que la sanction tombe. Le directeur n’avait pas donné d’échéance, alors ils erraient, âmes en peine, attendant leur sentence.

Et puis Malachy fit l’erreur, sûrement grossière, de parler du concert. Il avait voulu changer de sujet, pour qu’ils parlent finalement d’elle, et bien sûr, comme il savait si bien le faire, il avait mis les deux pieds dans le plat. Et Erin, douée comme elle était, avait tout entendu, même ce qu’il n’avait pas voulu sous-entendre, même la mention cachée de sa sœur. Son cœur se serra pour elle, alors qu’elle décrivait la scène telle qu’elle l’avait vécue. Peut-être était-ce pour le mieux, que la précipitation ne lui ait pas permis de voir son nom, et de s’appesantir. « Je suis désolé, je ne voulais pas, enfin … » Comment le dire, par où commencer ? Que ne voulait-il pas lui dire ? Ou plutôt, quelle émotion n’était-il pas encore prêt à ressasser avec elle ? Erin lui emboîta le pas en déviant le sujet, et Malachy s’en voulait, car ils en revenaient à lui. Ce n’était pas pour ça, qu’il l’avait invitée à déjeuner avec lui. Par pour parler de lui pendant des heures, il se connaissait suffisamment bien, c’était elle, qu’il avait perdue de vue. La Brigadière mentionna la chorale, et Malachy lâcha un soupir, sûrement trop copieux par rapport à ce que la situation méritait. C’est que, sans aucun doute, cette chorale avait eu des conséquences désastreuses, non seulement pour les enfants, mais aussi pour lui. Elle l’avait emmené vers des vices vers lesquels il ne s’était pas cru capable de se tourner – foutue impossibilité qu’il avait à refuser quoi que ce soit à un alpha … « Pas une des heures de gloire de Severus, si tu veux mon avis… », lui répondit-il d’abord, manifestement las, avant d’ajouter : « Il le regrettera. Tu as entendu ? Il a demandé à nos élèves de témoigner, ou je ne sais plus comment il a formulé ça – ça remontait à avant la Lune, alors bien sûr, c’était un peu flou. Il leur a demandé de dire tout ce qu’ils savaient sur la chorale sur un petit papier. De la délation, en somme. » Il n’en dit pas beaucoup plus. C’est que les murs avaient des oreilles, littéralement. D’un regard, il pointa à sa partenaire un tableau, avide de changer de sujet. L’heure n’était pas aux dissidences, même celles murmurées autour d’un poulet rôti, et il n’avait pas envie de subir les sanctions dont avait parlé le directeur. Il attrapa l’une des serviettes posées sur le plateau pour s’essuyer les babines, avant de s’écarter un peu de la table, l’air fier, pour dire : « Il a eu des heures meilleures, toutefois. Je me suis pointé dans son bureau, un peu avant la Lune de janvier, ou celle de décembre, je ne me souviens plus, bref, pour lui demander de mettre le Choixpeau sur la tête ! Je t’épargne le négoce que j’ai du faire, et je vais me contente de te laisser deviner où j’ai été réparti ! » Il remuait presque la queue, désormais, et son sourire s'était fait un peu plus grand. Il était parvenu à trouver un peu de douceur. Mais ça serait trop facile, surtout pour elle, surtout pour Erin, et ils seraient vite revenus à ce qui les avait unis par le passé : des discussions sur l'adversité.
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