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La flamme dans ses yeux [Josiah & Engel]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Engel Bauer

Engel Bauer
ADMINISTRATRICE & MJ
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Sam 21 Mar - 13:31
La flamme dans ses yeux

ft. @A. Josiah N'Da


début février 2004

Il fallait que j’y aille, que je voie cet endroit de mes propres yeux, que je pose les questions qui me tournent en boucle dans la tête depuis des mois. Voodoo’s Child. L’endroit concentre déjà tant de légendes que je ne saurais toutes les conter. On dit que ce salon de tatouage permet de goûter à une nouvelle magie, loin des pratiques très normées de l’Ordre d’Hermès, que les pouvoirs qu’on nous incruste dans la peau ici sont loin de tout ce qu’on peut nous apprendre à Poudlard et Durmstrang. Et depuis des semaines, je me noie dans des fantasmes délirants, à m’imaginer ce que je pourrais trouver dans un tel endroit.

Les tatouages font partie de ma vie depuis de longues années maintenant. Cela a commencé avec une première pièce sur l’épaule droite quand j’avais 18 ans : un cadeau de Zven et Xaver juste avant notre départ pour l’Angleterre. Puis une deuxième est venue marquer mon biceps gauche vers 28 ans, alors que nous nous noyions dans le succès et que rien ne semblait pouvoir nous tirer de notre ivresse. Je n’ai plus connu les aiguilles d’un dermographe depuis, mais il m’arrive parfois de rêver de sentir une nouvelle fois leur morsure.

Mais, alors que je me décide enfin à franchir la porte de salon sur lequel je lorgne chaque fois que je passe par le Chemin de Traverse, je sais ne pas seulement y venir pour des questions d’esthétique, car un projet s’est déjà sournoisement infiltré dans ma tête, inspiré par tout la démesure que je recherche toujours dans mes spectacles. J’en entendu dire que le tatoueur était familier des sortilèges de feu, qu’il pouvait m’aider à découvrir une autre facette de mes pouvoirs, me rendre insensible aux fortes chaleurs. Immédiatement, mes esprits ont accouché d’un vœu insensé hérité de mon imaginaire obsessionnel : l’idée de ne plus craindre un instant cet élément qui me fascine, de le soumettre au point de le rendre absolument inoffensif. Devenir insensible au feu… Quelle folie ce serait ! Depuis des semaines, j’imagine tout ce que cette prouesse me permettrait, tous les visuels qu’elle donnerait pendant nos spectacles, toutes les mises en scène uniques qu’elle rendrait possibles… Nous irions encore plus loin, marquerions davantage encore les esprits de tous ceux qui viendraient à nos concerts ? Alors, il faut que je sache. Je dois savoir si ce qui se dit sur cet endroit est vrai, si cet homme est bien capable de réaliser pareils prodiges, car je sais que son prix aura peu d’importance. Je paierai.

Mais une autre inquiétude me saute à la gorge quand j’aperçois enfin la silhouette du propriétaire des lieux. Je sais depuis longtemps que c’est lui. Je me suis déjà préparé à l’affronter. Mais la chose est toujours différente une fois face à son rival.

Josiah N’Da. J’ai fini par apprendre son nom après quelques recherches à propos de « l’ami » d’Abasinde. Je ne pouvais rester dans l’ignorance après nos deux entrevues. J’aime savoir à qui j’ai affaire, en particulier quand on me regarde comme un ennemi.

Nos deux premières rencontres avec le tatoueur n’ont pas franchement été des plus amicales. Il faut dire que je n’y ai pas vraiment mis du mien non plus. Mais Josiah n’a pas donné sa part au chien. Nos deux entrevues, chaque fois de quelques minutes à peine, se sont soldées par un départ assez brutal de l’un ou de l’autre : lui emmitouflé dans sa cape orange après mon intrusion chez Abasinde en plein milieu de la nuit, et moi après qu’il ait manqué de percer mes défense quand je suis venu chercher mes fioles de potion de sommeil. Avec deux entées en matière de cet ordre, inutile de croire que Josiah sera content de me voir et, si je dois être honnête, j’aurais préféré aussi pouvoir m’adresser à quelqu’un d’autre.

C’est donc un peu crispé que je me présente devant lui et j’avance jusqu’à ce qu’il lève les yeux vers moi et me reconnaisse. J’espère surtout qu’il ne m’ordonnera pas immédiatement de quitter les lieux et que notre attirance commune pour l’art du tatouage saura nous faire trouver un terrain d’entente.
- Bonjour, dis-je en essayant de ne pas trop paraître sur la défensive.

Quelques secondes passent pendant lesquelles je me trouve un peu con, dépourvu de tous mes mots. Je ne sais comment débuter la conversation. Je me sens débile à ramener ma tronche dans sa boutique pour lui demander quelque chose alors que nous espérions sans doute tous les deux ne jamais nous revoir. Je me racle la gorge, un peu gêné, et finis par me lancer.
- Ça fait longtemps que j’entends parler de votre salon. J’ai cru comprendre que vous étiez meilleur tatoueur que réceptionniste.
Je tente un sourire, ironique, certes, mais sans méchanceté.
- Je suis venu savoir ce qui tient du réel ou de la légende. On dit un peu tout et son contraire sur ce que permettent vos tatouages.
Je déglutis une fois, visiblement mal à l’aise, mais poursuis sur ma lancée.
- J’ai entendu parler de tatouages protecteurs, qui protègent de la chaleur extrême… Je voulais savoir s’ils existaient vraiment et ce qu’ils permettaient, concrètement. Ça pourrait m’intéresser.



roller coaster

(869 mots)

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
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Lun 23 Mar - 23:49




La flamme dans ses yeux
Josiah revenait du Mexique presque bronzé. Sur sa jambe et sous son pantalon en lin noir, un film plastique enserrait son mollet. Il était assis derrière le comptoir, et dessinait. Deux semaines de vacances n’avaient pas fait de mal à son commerce, au contraire. Noah, qui travaillait d’ordinaire chez O Marchand’Sable, s’était occupé de son agenda. Ils se connaissaient bien, après toutes ces années, et le potionniste savait quels clients Josiah prendrait sans problème, et auxquels autres il faudrait proposer de de « repasser à la boutique, quand le patron sera là ». Ça avait bien fonctionné, son agenda était plein jusqu’au mois prochain, comme à l’ordinaire. Un mois d’attente pour les commandes, et pour les pressés, il ne restait qu’à passer la porte du salon, à n’importe quelle heure de la journée, pour se faire incruster sous la peau un flash de la confection de l’Enfant du Vaudou. Le voyage du retour s’était bien passé, le portoloin était parti à l'heure, il n'avait pas eu à décrocher un mot à Nasiya, cette enflure qui lui avait ruiné ses derniers instants de bonheur aztèque. Mais c’était désormais une belle journée de février qui débutait, froide mais claire, il n’avait bu qu’un café et avait retrouvé ses clients avec joie. Quand la cloche de sa porte d’entrée tinta pour laisser rentrer un client, il ne releva pas la tête tout de suite, concentré sur son trait. Rien ne semblait pouvoir abîmer cette idyllique reprise qui lui permettait d'oublier le fiasco qu'il avait vécu chez les zapotèque. Quand le salut du client vint fendre l’air, Josiah cru reconnaître la voix. Il l’avait pourtant dit à @Hekate R. Murphy, quand il l’avait rencontré quelques mois plus tôt : le pire, avec les clients, c’est quand ils ouvrent leur bouche. Quand ils ouvrent leurs bouches, et quand ils ressemblent à Engel Bauer. La bulle cristalline dans laquelle Josiah était parvenu à se réfugier éclata en un instant, alors qu’il croisait le regard de de celui qui avait fait trembler le Chemin de Traverse, quelques semaines plus tôt.

C’était son concert qui avait précipité le départ des amants de Uagadou pour le Mexique. Josiah se sentait mal de vivre sur les rues qui avaient accueillies pareil spectacle. Dans un éclat de dramatisme, il aurait voulu renverser tous les meubles de son appartement, après avoir été renvoyé chez lui fissa par les brigadiers magiques. Ils avaient fait leurs valises, et ils étaient partis. Le voyage était pensé depuis longtemps, ils en parlaient mais ne s’arrêtaient pas sur une date. C’était le coup qui leur avait manqué pour être convaincus de s’échapper. Engel Bauer se tenait planté là, au milieu de son salon, toutes ses fioritures de rock-star largement oubliées. Et il continuait de parler, par Ogun, dire bonjour n’avait visiblement pas suffit, il fallait en plus qu’il se permette une plaisanterie. Comme s’il était plaisant. Josiah se recula dans son fauteuil, souriant par reflexe de commerçant. Tu veux me faire sourire ? Je vais sourire, alors. Il laissa l’allemand se dépêtrer avec ses phrases. Au moins, il avait l’air mal à l’aise. Savait-il ce que Josiah pensait de lui ? L’avait-il vu lever le poing, après que les feux d’artifices avaient éclatés sur le Chemin de Traverse ? Non, certainement s’était il dépêché de tout ranger derrière-lui, pour ne pas se faire épingler par la Police Magique. Résultat des courses, Josiah était rentré chez lui avec une escorte, tandis qu’un embrigadeur d’enfant courrait encore les rues. « Je suis venu savoir ce qui tient du réel ou de la légende. On dit un peu tout et son contraire sur ce que permettent vos tatouages. » Cette fois-ci, et alors qu’Engel s’approchait de plus en plus dangereusement de son comptoir, Josiah se leva, frottant son crâne l’air circonspect. Bientôt, ses poings venaient se poser sur le bois du bureau. Il avait comme des difficultés à comprendre ce qui était en train de se passer. Bauer était rentré dans son salon de tatouage, mais ce n’était certainement pas pour se voir offrir le bénéfice d’une de ses créations, si ? Et si c’était le cas, il n’avait pas choisi de commencer son propos en présumant que son travail avait des détracteurs ? Josiah se faisait plus idiot qu’il ne l’était. Il fallait admettre que l’entrée du musicien l’avait sonné. Il rangeait ses carnets de dessins en laissant le silence s’éterniser. Engel l’avait sorti de sa bulle de bonheur, pour le faire rentrer dans une zone de torpeur. D’entre deux. Josiah ne voulait pas perdre ce qu’il venait de gagner. Nasiya et lui en avaient sué. Il ne voulait pas se retrouver comme au 18 janvier, rempli de haine. Alors il rangeait son bureau, il ordonnait ses petits papiers en laissant le tyran propagandiste … – non, pardon – en laissant le chanteur continuer. « J’ai entendu parler de tatouages protecteurs, qui protègent de la chaleur extrême… Je voulais savoir s’ils existaient vraiment et ce qu’ils permettaient, concrètement. Ça pourrait m’intéresser. »

C’était intéressant que de tous les tatouages que Bauer aurait pu évoquer, de tous les tatouages dont il aurait pu avoir envie, c’était sur celui-ci que sa curiosité s’était arrêtée. Précisément sur le tatouage que Josiah avait choisi d’appeler Fahrenheit 451, en hommage au sublime bouquin apocalyptique de Ray Bradbury évoquant, parmi tous les sujets, celui de la censure. Dans les années cinquante aux Etats-Unis, alors que le maccarthysme battait son plein, on brûlait des livres déterminés comme communistes, et en cela, essentiellement mauvais pour la nation. Les livres brûlent quand ils atteignent le quatre-cent-cinquante-et-unième degré sur l’échelle Fahrenheit. La peau humaine, elle, brûle dès soixante degrés Celsius, soit à peu près cent-quarante-neuf degrés Fahrenheit. Pour avoir un ordre d’idée, une flamme moyenne équivaut à peu près à mille degrés Celsius. Ne nous fatiguons pas à faire la conversion de nouveau. Le tatouage qu’avait prévu Josiah pouvait permettre de protéger celui qui le portait contre cela. Sur le bras gauche, au niveau de son muscle deltoïde, Josiah portait le vévé du dieu vaudou Ogun. Un entrelacs de symboles, dans lesquels venaient se mêler une lance et une épée. Ogun était le dieu du feu, dans la mythologie Fon. Cela faisait une dizaine d’années qu’il portait ce tatouage, et au moins aussi longtemps qu’il n’avait pas subi de brûlure. Dans un effort commercial, il avait fait en sorte de rendre ce tatouage plus accessible ; tout le monde ne connaissait pas Ogun. Tout le monde, toutefois, devait avoir lu Fahrenheit 451. Particulièrement Engel Bauer, dont l’argument principal devait être, en ces temps-ci, la liberté d’expression.

« Vous savez Bauer … Je bénéficie d’un truc assez génial, entama Josiah, levant finalement les yeux de son comptoir, pour joindre ceux de l’intrus. J’ai le monopole, ici. Il n’y a pas d’autres tatoueurs sur le Chemin de Traverse, et dans tout Londres, je ne crois pas avoir entendu parler d’un autre tatoueur qui travaille avec la magie vaudoue. Vous savez pourquoi c’est assez extraordinaire, Bauer ? sans doute devait-il le savoir, puisque lui aussi, bénéficiait d’un certain monopole. Avec un sourire, il entreprit de répondre avant qu’Engel ne puisse ouvrir la bouche : ça veut dire que je peux faire ce que je veux. » Josiah contourna finalement le meuble pour venir s’y appuyer, croisant les bras contre son torse, et faisant la même chose de ses jambes, qu’il croisa, étendues devant lui. Bauer aussi, faisait ce qu’il voulait. Il s’installait sur le parvis de Gringotts et faisait chanter des mômes en les peinturlurant d’un sang quasi prophétique. Il savait de quoi il parlait, sans aucun doute. « La question n’est donc pas de savoir si je saurais vous tatouer un symbole qui vous permettait de traverser une flamme brûlant à plus de mille degrés sans que votre carne ne le ressente. La question est plutôt de savoir si j’ai envie de le faire. »

Josiah connaissait déjà sa réponse. C'était non. Il ne le ferait pas. Mais Bauer était libre de tenter.
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Engel Bauer

Engel Bauer
ADMINISTRATRICE & MJ
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Mer 25 Mar - 17:32
La flamme dans ses yeux

ft. @A. Josiah N'Da


début février 2004

Il n’a encore rien dit et déjà je la sens. Je sens son envie glaciale de me voir débarrasser le plancher, cette brûlure qui me parcourt le corps quand il me regarde. Son animosité à mon égard n’est pas vraiment une surprise. On ne pouvait pas attendre grand-chose d’autre de nos derniers échanges, après tout… Mais aujourd’hui, l’hostilité me semble différente, plus intense encore que je ne l’aie expérimentée par le passé. Il me faut quelques secondes pour réfléchir à ce qui a pu changer entre temps, ce qui m’a fait passer aux yeux du tatoueur de simple vaurien à véritable ennemi. Puis je réalise enfin.

Le concert.

Bien sûr qu’il s’agit du concert. J’ai entendu dire que le tatoueur y a fait forte impression et qu’il a été à l’origine d’une clameur populaire des plus émouvantes. Exactement ce que nous espérions : des réactions puissantes, outragées, dignes des plus grands scandales. Je regrette presque de ne pas être resté assez longtemps pour le voir hurler de mes propres yeux. Nous sommes partis trop tôt pour cela. Mais à voir la manière dont N’Da me regarde aujourd’hui, ça devait être grandiose.

Josiah prend enfin la parole et je reste fasciné par le calme avec lequel il s’adresse à moi. Le tranchant de ses mots m’assaille sans qu’il ne lève une fois le ton. Ce sont comme des aiguilles qui s’infiltrent sous mes ongles, viennent percer ma peau sans même que je m’en rende compte. Mais la morsure est là, fantomatique, lancinante, trop discrète pour faire hurler, mais assez présente pour nous rendre fou.

Je déglutis sans me dérober, soutiens le poids du regard du tatoueur alors qu’il évolue ici comme un souverain sur son petit royaume. L’homme ne laisse planer aucun doute : je suis ici chez lui et Josiah a tous les droits dans son antre, un pouvoir qu’il revendique par sa seule attitude alors qu’il contourne le comptoir pour me faire face, les bras croisés sur la poitrine. Je me sens soudain si petit, à sa merci. Je m’y étais préparé, c’est vrai, mais la sensation n’en est pas moins désagréable et surtout, elle se fait plus pesante encore que je ne l’aurais cru.

Seconde après seconde, je saisis ce que le tatoueur s’apprête à me dire et un frisson me dévale la nuque avant même qu’il n’achève sa dernière phrase. Avais-je prévu qu’il puisse refuser purement et simplement de me servir ? J’y ai pensé, c’est vrai, mais sans jamais vraiment y croire. Appelez ça le complexe de la rockstar à qui on ne refuse plus rien, ou l’idée tenace qu’un commerçant que l’on est prêt à payer ne refuse jamais ses services. J’ai sans doute sous-estimé la fierté de l’homme qui me fait face. Ses grands mouvements princiers avec sa cape auraient pourtant dû me mettre la puce à l’oreille.

Que lui répondre alors ? Une part de moi est déjà persuadée qu’il refusera quoi que je lui dise et pourtant je ne peux me résoudre à laisser passer ma chance sans rien avoir tenté pour le convaincre. Je réfléchis un instant à la stratégie à adopter, puis décide d’assumer l’infériorité de ma position.
- Vous avez raison, N’Da. Vous êtes en position de force aujourd’hui. C’est moi qui viens vous demander un service que vous pouvez tout à fait me refuser. Vous tireriez d’ailleurs peut-être une certaine satisfaction à me renvoyer dans mes pénates la queue entre les jambes. Après tout, je le mériterais peut-être. On ne peut pas dire que nous nous soyons donné beaucoup d’occasions de nous apprécier.
Je prends une légère inspiration et redresse un peu la tête, mais sans insolence.
- Mais regardez… Vous avez déjà gagné. C’est moi qui viens vous demander un service, ravaler ma fierté en espérant vous convaincre de m’accorder une faveur. Si vous acceptez, vous saurez toute votre vie que je vous suis redevable de tout ce que je parviendrai à faire avec ce tatouage. Qu’importe ce qui nous arrivera : je vous devrais toujours cette part de mes pouvoirs. Que risquez-vous alors ? Je vous offre votre victoire sur un plateau, gravée dans ma chair, de surcroît.



roller coaster

(692 mots)

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
MODÉRATRICE & MJ
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pictures : La flamme dans ses yeux [Josiah & Engel] Voodoo-ppl
Jeu 26 Mar - 21:50




La flamme dans ses yeux
Sur la scène, Engel Bauer était immanquable. Quand il écartait les bras, on eut pu croire qu’il faisait deux mètres d’envergure. Quand il grattait sa guitare, il le faisait avec une intention telle qu’il semblait animé par le divin. Quand les fans hurlaient d’amour à ses pieds, quelque part, il l’était, descendant des dieux. Il émouvait les foules, magiques comme moldues, on hurlait son nom, on pleurait sur ses chansons, on rageait de ses apparitions. Là, dans la boutique ensoleillée du Voodoo's Child, hors de sa scène, loin de sa guitare, armé seulement de son charme, Engel se faisait plus humain. Josiah, à l’inverse, allait chercher en lui ce qu’il avait de plus souverain. Sur son territoire, les pieds fermement ancrés au sol, son kimono bariolé sur les épaules, il dominait. Face à lui, le chanteur se faisait presque soumis. Ses épaules tombaient le long de son corps, sa tête s’écartait sans conviction de ses clavicules. La dernière fois que Josiah avait entendu Bauer ouvrir la bouche, c’était pour déblatérer des atrocités sur le pavé de Gringotts. Là, il l’ouvrait pour admettre la supériorité de son interlocuteur. C’était tout à fait jouissif ! Josiah souriait largement, appréciant les qualités masochiques mises en avant par l’interprète de la chanson Bestrafe Mich. « C’est moi qui viens vous demander un service que vous pouvez tout à fait me refuser. Vous tireriez d’ailleurs peut-être une certaine satisfaction à me renvoyer dans mes pénates la queue entre les jambes. » Et il ne croyait pas si bien dire ! Ce concert, finalement, avait permis à Josiah de s’envoler pour le Mexique, de récupérer des nouvelles qualités à son sublime tatouage de léopard, au moins cela, et voici que désormais, il lui permettait de trouver un Bauer prostré à ses pieds ? Josiah jura à Ogun, divinité belligérante s’il y en avait bien une, que la colère qu’il ressentait, et ce sans aucun doute, à l’égard de l’Allemand, ne l’emporterait pas. Au lieu de ça, il garderait son humeur festive et célébrerait les petites joies quotidiennes, comme l’entrée du bonhomme dans son salon. Bauer s’appliquait toutefois à se tenir un peu plus droit. Tant mieux, ça le grandissait un peu. Il poursuivait, se mettant presque littéralement à la supplique.
Le cœur de Josiah vibrait à l’entendre dire combien il lui serait redevable de ce tout ce qu'il pourrait faire avec ce tatouage. Il n’était toutefois pas certain que ce fût le meilleur argument. Grâce à cet énorme don que devait lui faire Josiah, Reissen allait pouvoir mettre en scène d’autres atrocités telle que celle qui lui avait permis de faire vibrer les sorciers le mois dernier ? Savoir son nom associé à pareil spectacle, ou pire encore, à quelque schème politique, était tout à fait intolérable au tatoueur. Et si l’Enchanteresse (@Narcissa Black-Malefoy) demandait à son toutou un nouveau tour, et que grâce au sublime tatouage du Voodoo’s Child, Bauer se retrouvait capable de marcher dans la braise des Terres de Feu mises en scène sur son estrade festive, sans s’y brûler les ailes ? C’était bien plus cette perspective qui faisait frissonner notre tatoueur et le poussait à dire non, associée bien sûr à la satisfaction trouvée dans le fait de frustrer un enfant-star qui ne l’était sûrement jamais assez - frustré. « Je vous offre votre victoire sur un plateau, gravée dans ma chair, de surcroît », concluait Bauer. Suffisait des métaphores, Josiah avait compris le propos. Il fit claquer sa langue alors qu’il décroisait ses jambes pour les recroiser dans l’autre sens. Cédant un peu de terrain à l’Allemand, bien attentif à ne perdre aucune bataille, il répondit : « Mon problème est éthique, Bauer. Comment suis-je censé accepter d’offrir pareil pouvoir à quelqu’un qui utilise des enfants comme outil de propagande ? » La corde des enfants était facile à jouer.
En effet, il était aisé de voir combien l’utilisation de ces créatures innocentes était digne d’une personnalité totalitariste à côté de laquelle il ne faisait pas bon de s’associer. Il y avait deux mois de cela, il s’appliquait à enlever la Marque des Ténèbres du bras d’un mangemort (@Camille Nott), et on lui proposait maintenant de marquer un nouveau tyran ? ça n’aurait aucun sens.  Emporté toutefois par l’idée, il continua : « allez, Bauer, je vous donne un indice. Ce n’est pas par la supplique que vous m’aurez. Parlez-moi de ce que vous voulez voir sur votre peau. Défiez-moi de faire quelque chose que je n’ai encore jamais fait. Dites-moi quel avantage j’y trouverais, moi », termina-t-il, un sourire aux lèvres.

Josiah admettrait sans mal qu’il n’avait rien d’un commerçant ordinaire. Ça se passait souvent comme ça ; ce n’était pas lui qui devait convaincre ses clients d’acheter son produit, mais eux qui devaient le convaincre de vendre. Josiah se situait toutefois rarement dans l’ordre du commun des mortels, largement plus satisfait par lui-même quand il se rapprochait du divin.


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Engel Bauer

Engel Bauer
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Ven 10 Avr - 16:22
La flamme dans ses yeux

ft. @A. Josiah N'Da


début février 2004

Debout face à lui, abandonné au silence quelques secondes seulement, je ne me convaincs que plus encore de mon infériorité en cet instant, alors que je crois réaliser pour la première fois combien ce fantasme qui ne me quitte plus depuis des semaines ne peut reposer que dans les mains d’un homme qui me méprise. Pendant de longues secondes, je me remémore toutes les réflexions qui se sont imposées dans ma tête, tous ces moments où j’ai cherché un autre moyen d’obtenir ce que je désirais, une autre personne à qui demander un tel service. Mais Josiah N’Da l’a dit lui-même : il jouit dans cette ville d’un monopole inégalable et je sais que personne d’autre que lui ne peut m’apporter le miracle dont j’ai besoin. Or, son visage reste aussi froid que les souvenirs qu’il m’a laissés et je crois sentir déjà les fondations de mon projet se fissurer dangereusement.

Les jambes du tatoueur se recroisent dans l’autre sens en un ballet provoquant alors qu’il fait claquer sa langue et mon échine se tend en réponse comme pour retenir cette envie de mordre qui cingle encore mes nerfs. Je me fais violence pour ne céder à aucun accès de colère car je ne suis pas sur mon terrain et je sais avoir délibérément choisi de venir ici, chez lui, où il a tout pouvoir. Alors je me tais, je me mords la langue, retiens toutes ces remarques que j’aimerais lui faire et ces répliques cinglantes qui me viennent quand il évoque les gamins de Poudlard et leur participation à Mein Teil. Une part de moi se félicite de voir ce concert et ce morceau revenir si souvent sur le tapis car c’est bien la preuve que nous sommes parvenus à marquer les esprits. N’est-ce pas tout ce que nous espérions ? Mais aujourd’hui, cette réussite me dessert. Il est clair que le tatoueur n’a pas apprécié notre prestation. Quant aux gamins, ils étaient là pour enfoncer encore le clou et j’ai l’impression que le tatoueur l’a senti traverser sa propre chair. La suite de la négociation ne sera pas aisée.

Plutôt que de nier l’évidence, je choisis de poursuivre sur cette sincérité avec laquelle j’ai commencé. Je garde la voix basse, un ton calme et un regard sans hostilité.
- Nos opinions divergent, tout comme nos façons de faire. Je ne vous convaincrai pas aujourd’hui du bien fondé de mes convictions ni de mes méthodes mais j’aime à croire que deux hommes, même ennemis, peuvent se retrouver de temps à autre sur des quêtes communes. C’est une de ces quêtes que je viens vous proposer, sans arrière-pensée, aucune.  
Le cœur battant, les mains assaillies de picotements nerveux, je fais de mon mieux pour garder le dos droit, la tête haute, sans me parer de cette arrogance que j’utilise bien trop promptement pour dissimuler mes failles. Monstre des stades refait homme, toute ma gloire et mes richesses ne serviront à rien ici, j’en ai la certitude. Ainsi, je me garde bien de les étaler sur son comptoir. Je me prépare au contraire à bientôt quitter les lieux, déjà persuadé que N’Da me mettra à la porte dès qu’il rouvrira la bouche.

Pourtant, ce n’est pas ce qu’il fait et mes yeux reviennent brutalement plonger dans les siens sans parvenir à cacher ma surprise. Plissant les paupières, je le dévisage un instant, cherche à savoir ce qu’il veut me faire dire, si la porte qu’il semble entrouvrir existe réellement ou n’est qu’un leurre cruel pour mieux me refuser la faveur que je lui demande par la suite. Je cherche mes mots un moment, organise mes idées, me répète les phrases du tatoueur une dizaine de fois. Me laisse-t-il vraiment une ouverture ? Ai-je finalement mes chances, malgré toutes ces raisons qu’il aurait de me renvoyer d’où je viens ? Car je ne suis pas naïf : je sais combien l’image que je me donne et plus encore depuis notre dernier concert peut faire fuir le monde autour de moi, attiser une haine à mon encontre, et me priver de nombre d’avantages dont jouissent ceux qui ne souffrent d’aucun isolement. J’ai consenti aux conséquences de mon image depuis longtemps. Cela ne m’empêche pas, pourtant, d’espérer les contourner certains jours.

J’approfondis ma respiration et lui réponds alors, trop incertain pour montrer une pleine assurance :
- Vous m’avez parlé d’un tatouage capable de me faire traverser une flamme. Je viens chercher plus que cela.
Je respire une fois encore et toute mon idée se révèle enfin à lui.
- Je veux un tatouage capable de me faire rester dans cette flamme aussi longtemps que j’en aurai le besoin. Je veux qu’il me protège d’un feu moldu, mais plus encore, qu’il soit capable de me protéger d’un feu magique, d’un sortilège. Je veux qu’il contre tout type de flamme pouvant un jour lécher ma chair, qu’importe son intensité et le temps où ma peau y serait confrontée. Je ne veux plus craindre le feu d’aucune façon, qu’importe la nature ou la température de la flamme. Voilà ce que je veux.

Pris dans mon propre jeu, ma voix s’est faite de plus en plus ferme, emplie de ce sérieux qui me transforme dès qu’une idée aussi prégnante que celle-ci se prend à me consumer.
- Ce que vous trouverez c’est un cobaye parfait, quelqu’un qui se pliera à la moindre de vos volontés pour atteindre ce but. Qu’importe le temps que cela prendra. Qu’importe l’argent que me coûteront vos matériaux et vos recherches. Qu’importe la douleur. Je m’y suis préparé. Je ne remettrai en question ni la méthode que vous choisirez ni la magie dans laquelle vous puiserez. Aucune négociation. Aucun compromis. Une expérience sans aucun autre prix que les efforts que vous donnerez pour la mener à bien. Ce que je vous offre, c’est l’occasion d’étendre encore le champ de vos capacités sans qu’aucune limite autre que les vôtres ne vous empêche d’atteindre l’excellence que vous visez.

Une seconde s’échappe. Je ne sais quoi ajouter. Toujours debout face à lui, dépourvu de mes artifices, je ne me suis jamais trouvé plus vulnérable devant l’ami de Nasiya.
- Pensez-vous que de telles conditions pourraient vous faire accepter ce projet ?
Et mon cœur de reprendre sa course folle, frappant à mes oreilles comme un millier d’avertissements.



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(1051 mots)

A. Josiah N'Da

A. Josiah N'Da
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Sam 18 Avr - 14:30




La flamme dans ses yeux
C’est-à-dire qu’il n’était pas mauvais, et que Josiah était forcé de lui accorder cela. Il avait cru lire quelque part qu’il était le lyriciste de son groupe, et qu’il était plutôt doué à ce jeu-là. Josiah ne parlait pas l’allemand, il n’avait donc pas compris les paroles des chansons qui avaient secoué le Chemin de Traverse, mais la symbolique n’avait pas été difficile à comprendre – et puis, le concert était donné pour le cinquantième anniversaire d’un Mangemort, hors-la-loi en cavale. Entre ça et les enfants, Josiah n’avait pas eu de mal à déterminer la nature propagandiste du show organisé par l’Enchanteresse. Ça n’avait été que le lendemain, dans une coupure presse, qu’il avait pu lire la traduction de Mein Teil. Ses dents n’en avaient que plus grincé. Josiah voyait désormais dans sa boutique se déployer toutes les qualités d’orateur d’Engel Bauer, en matière d’accroche de son public, en tous cas. Il lui avait demandé, à demi-mot, d’arriver vers lui sans arrière-pensée, supposant ainsi qu’il était dans sa nature d’être capable de pareil effort. Josiah était un homme plein d’arrière-pensées, plein de jugements hasardeux, plein de rancunes et de défiance. C’était un garçon susceptible et capricieux, qui n’aimait pas quand les choses n’allaient pas dans le sens qui lui plaisait. Voir son Chemin de Traverse transformé scène de cirque pour Mangemorts l’avait mis dans une rage enfantine dont il revenait à peine, grâce à un séjour au Mexique qui, là encore, ne s’était pas déroulé exactement comme prévu. Le ressentiment à l’égard de Reissen avait toutefois diminué, et, encore une fois, Engel Bauer était bon orateur.
C’est-à-dire, aussi, que Josiah savait très bien par quoi il était séduit. Il avait donné sa recette à son client du jour, lui avait dit, très précisément, ce qu’il attendait de son discours. Contre toute attente, Bauer s’était révélé être un amant particulièrement obéissant. Les mots que lui adressaient le chanteur semblaient lui lécher l’oreille. Ils faisaient frissonner son échine, ils faisaient briller ses iris noires. Petit à petit, les muscles du tatoueur se détendaient, alors qu’il se délectaient d’imaginer l’exécution du tatouage que lui proposait l’Allemand à chaque fois qu’il fermait les paupières. « Je veux qu’il contre tout type de flamme pouvant un jour lécher ma chair, qu’importe son intensité et le temps où ma peau y serait confrontée. » Impossible ! Telle fut la première pensée de Josiah, à l’écouter. Ce que lui demandait Bauer était tout à fait irréalisable, et pourtant, impossible de le faire taire, impossible de l’arrêter, il ne put faire autrement que le laisser continuer. C’était trop doux à ouïr. « Ce que je vous offre, c’est l’occasion d’étendre encore le champ de vos capacités sans qu’aucune limite autre que les vôtres ne vous empêche d’atteindre l’excellence que vous visez. » Ce fut comme un coup de grâce à un tatoueur qui serrait désormais ses dents pour s’empêcher de trouver plus de plaisir au discours que lui proposait son client. Josiah souriait presque, passa sa langue sur ses dents, serra ses poings pour ensuite écarter ses doigts les uns des autres. Il était doué, le salaud.

Josiah redescendit tout à fait sur terre quand Bauer finit de formaliser sa demande. La métaphore était terminée. Il fallait répondre. Maintenant. Et en tout ingénuité, son regard cherchant le sien, il lâcha : « c’est impossible, Bauer. » Il claqua dans ses mains, brisant l’air, avant de poursuivre : « Pas avec ce que ma carte prévoit. Le tatouage que je propose agit comme un grigri, à partir de la magie du Dieu Ogun. » Josiah laissa glisser le long de son bras son kimono coloré, sous lequel il portait un marcel qui avait été blanc, un jour. Il révéla par ce geste sa peau noire, comme une amante de film hollywoodien cherchant à séduire un homme marié en révélant son épaule nue. Les héroïnes des années cinquante étaient toutefois rarement recouvertes de tatouages. Josiah passa sa paume sur le vévé qu’il portait là, sur le muscle le plus haut de son bras, un sourire fier accroché aux lèvres. C’était le tatoueur Fon de son village d’enfance qui le lui avait martelé-là, invoquant Ogun toute la nuit dans une transe qui avait été sublime à voir. Il en gardait un souvenir indélébile. Engel, s’il ne s’approchait pas, ne pourrait rien voir. En effet, il n’y avait pas beaucoup de contraste entre sa peau, bronzée du Mexique qui plus est, et l’encre noire. Jetant son regard noir dans le sien, Josiah l’invita à regarder, et se fendit de quelques explications. « Je n’ai rien besoin de faire qu’Ogun me protège de la chaleur de ses flammes. Ce que vous me demandez, Bauer, est bien différent. Pour quelque chose d’aussi puissant, pour quelque chose avec une telle portée … » Dans un geste dramatique, comme refusant désormais le regard lubrique du client, fit remonter son kimono le long de son bras, et le noua plus fermement autour de sa taille. Son cerveau filait. Bauer l’avait lancé sur un chemin tortueux que son crâne ne voulait plus lâcher. Il se détourna du guitariste, contourna son comptoir, pour filer dans son arrière-boutique. Du bout des doigts, il cherchait dans son étagère de carnets en Moleskine celui qui indiquait 1999. C’était l’année où il avait ajouté Fahrenheit 451 à son attirail. Il revint vers Bauer, feuilletant les pages, cherchant manifestement quelque chose qu’il était pourtant certain de ne pas trouver. Ce n’était pas ainsi que son tatouage avait été pensé. La puissance de Fahrenheit se basait sur les ingrédients qui constituaient l’encre, et sur l’incantation à Ogun. Ce que demandait Bauer … « Ce que vous me demandez, Bauer, c’est de vous créer un point de focus. Ça ne pourra pas marcher autrement. Puisque c’est vous qui créez les flammes dont vous voulez être protégé, et puisqu’il faut que ça tienne, quoi, sur des heures de spectacle … C’est votre magie qui doit nourrir la pièce, et pas l’inverse. » Extraordinaire. Josiah souriait largement désormais, gardait la bouche un peu ouverte, comme encore étonné de ce que Bauer avait eu le culot de lui demander.

Une pensée le ramena toutefois sur terre, quasiment brutalement. Cela se vit dans ses yeux, certainement, dans lesquels la flamme sembla s’éteindre. Il s’agissait, dans la demande du guitariste, de lui offrir plus de pouvoir, particulièrement si on dépassait le pouvoir prévu par Fahrenheit. Ce n’était plus une simple protection contre son propre vice, mais littéralement quelque chose qui le rendrait plus puissant. Quelque chose qui lui permettrait d’aller encore plus loin dans ses actions, dans ses concerts, dans ses symboles. Quelque chose qui partirait de sa propre magie, et c’était certainement l’élément le plus important : Josiah savait trop bien combien cela pouvait être grisant de savoir ce potentiel à l’intérieur de soi, et de pouvoir l’utiliser. Il avait deux disques noirs tatoués sur ses mains dans lesquels il sentait parfois sa magie pulser. C’était une sensation sublime. Le sourire avait maintenant tout à fait disparu de son visage, qui s’était fait sévère. « Je ne le ferai pas, Bauer. » Josiah s’éloigna à nouveau du chanteur, retournant se poster derrière son comptoir. A vrai dire, il le détestait désormais. Il venait de lui faire une proposition sublime, tout à fait impossible à refuser, mais avec cela, il n’avait pas cessé d’être Engel Bauer. Il lui avait glissé un collier de perles autour du cou, mais n’avait pas pour autant cessé d’être celui qu’il avait été quand il était rentré dans cette boutique, il n’avait pas cessé d’être celui qui était allé chercher les voix d’enfants pour aliéner son discours. « Je refuse d’être celui qui aura donné plus de pouvoir à un fou-furieux qui encense Lucius Malefoy ». Le nom de cet acteur du génocide qui avait frappé, par deux fois, le monde magique anglais, sembla craché de la bouche de Josiah. Il était comme une maîtresse blessée qui semblait réaliser que celui à qui elle dévoilait son épaule blanche restait qui il était : un homme marié.

Encore une fois, Engel était de ces enfants-stars à qui il fallait parfois dire non, au risque qu’ils aillent trop loin, parce qu’eux-mêmes étaient bien incapables de se restreindre. Personne ne donnerait une allumette à un enfant que le feu ne saurait blesser. Celui-ci pourrait en effet allumer tout un brasier de cette seule allumette, et danserait dans les flammes.

« Vous pouvez sortir. »

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Engel Bauer

Engel Bauer
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 860
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Mer 6 Mai - 15:32
La flamme dans ses yeux

ft. @A. Josiah N'Da


début février 2004

J’ai le cœur qui bat dans mes tempes, qui frappe dans mon crâne chaque seconde qui s’écoule depuis la fin de mon plaidoyer. Debout au milieu du salon de tatouage, droit comme un piquet, je sais avoir abattu ma dernière carte et que tout dépend désormais du seul jugement de N’Da.

Je jurerais avoir vu pendant plusieurs secondes cette lueur dans ses yeux, celle qui ne brille que devant une opportunité trop rare. J’ai cru lire l’excitation dans son regard, la fébrilité qui a fait frémir sa lèvre et trembler son sourcil. J’ai cru qu’il dirait oui avant de l’entendre prononcer : « C’est impossible, Bauer. »

Je reçois le coup en plein ventre. Mon cœur se fracasse contre mes côtes, porté par tout l’espoir que ses premières réactions m’ont laissé nourrir. Mais alors que mon esprit s’embrase à chercher un argument à lui rétorquer, les paumes du tatoueur claquent dans les airs, me faisant presque sursauter, et sa seconde phrase sonne comme une délivrance.

Je sais reconnaître une porte ouverte quand j’en vois une et rien que l’amorce du geste de Josiah me fait m’engouffrer dans la brèche qu’il laisse à ma portée. Ses doigts crochètent le revers de sa manche de kimono qu’il relève sur son bras et je m’approche doucement, les yeux rivés sur les motifs qui ornent sa peau noire. Je l’écoute avec une attention remarquable, dans un silence presque religieux, m’abreuve de la moindre information qu’il me livre comme si une telle occasion ne se représenterait jamais. Mes prunelles s’accrochent au dessin tout en haut de son bras, suivent chaque mouvement des doigts de Josiah comme s’ils avaient un sens caché. Je l’écoute décrire l’action de son « grigri », comment le tatouage s’abreuve de la puissance d’une divinité dont je ne sais rien selon les dires de Josiah. Je ne connais rien à la culture vaudou bien que je ne la réprouve aucunement. Alors je veux bien croire à tout ce que le tatoueur me raconte et suivre toutes ses indications pour obtenir les effets que je souhaite.

Rapidement, la vision disparaît de nouveau derrière le tissu, me forçant à me redresser alors que le tatoueur file derrière son comptoir. Ses gestes sont vifs, presque pressés. Il fouille dans ses étagères, en sort un carnet griffonné de centaines de notes, sans doute des recherches personnelles. Ses doigts font tourner les pages en des mouvements presque furieux jusqu’à s’arrêter sur les mots qui me manquaient : « Farenheit 451 ». Oui. C’est cela. C’est bien le nom que j’ai entendu, celui qu’ont lancé deux ivrognes un soir au Helen’s Legs en débattant pathétiquement sur les propriétés supposées de ce tatouage proposé par le Voodoo’s Child.

Les réflexions de Josiah semblent s’enchaîner à toute vitesse. Son excitation est communicative. Elle glisse un frisson le long de ma nuque qui coule le long de mes épaules. Mais soudain, la sensation devient glaciale quand j’entends Josiah affirmer : « Ce que vous demandez, Bauer, c’est de vous créer un point de focus. … C’est votre magie qui doit nourrir la pièce et pas l’inverse. »

Cette fois, c’est une gifle en pleine figure. Mes paupières clignent plusieurs fois alors que mon cœur se serre, étreint par une peur que je n’ai jamais su contrôler car ma magie n’a jamais été puissante. Elle n’a jamais su donner de résultats décents que pour les quelques sortilèges qui me servent à faire briller les yeux des spectateurs sur scène. Comment pourrais-je réussir à invoquer un sort de protection aussi puissant que celui que je demande à Josiah ? Comment m’assurer que ce ne soit pas ma magie qui flanche sur scène, que ma trouille ou mon stress ne prennent pas le dessus au pire moment et que les flammes que je devais dompter ne se retournent pas contre moi en plein concert, devant des milliers de spectateurs médusés ?

Pendant un moment, mes esprits ne se focalisent plus que sur cette faille que je n’avais nullement imaginée et toutes les appréhensions qu’elle réveille. Mon regard s’abaisse comme si je me mettais à examiner les aspérités du comptoir alors que je me perds dans des réflexions sans fin. A quel point ce tatouage aura-t-il besoin de puissance ? Serais-je jamais capable de l’utiliser ?

Mais Josiah m’assène le coup de grâce avant même que je n’évoque la moindre de mes craintes.

Il ne me tatouera pas.

Mon cœur s’écrase contre ma cage thoracique, coupant violemment ma respiration alors que mon regard plonge vivement dans celui du tatoueur. La surprise se lit dans toutes les tensions de mes traits, le tremblement de mes yeux et cette paralysie qui semble avoir pris tous mes muscles. Plusieurs secondes s’échappent sans que je ne dise rien, sonné par le coup qu’il m’a porté, et Josiah enfonce le clou avec une fermeté impérieuse.

Il ne le fera pas. Parce que nos camps se déchirent. Parce que nos méthodes nous répugnent. Parce que nos alliés s’entretuent. Et que dans tout cet affolement qui a pris la Grande-Bretagne, j’ai eu la folie de me mettre en première ligne, de devenir le porte-drapeau de l’Enchanteresse.

L’amertume qui emplit ma bouche finit par me faire grimacer. Je baisse les yeux sans chercher un instant à cacher ma déception. Je ne suis pas surpris de son refus. Je m’y étais préparé. Mais j’ai cru un instant que la promesse d’une expérience comme celle que je lui ai décrite suffirait à le convaincre de laisser la politique et les loyautés de côté. La déconvenue est brutale. Mais comment reprocher à un homme de respecter scrupuleusement ses principes ?

La désillusion se révèle dans toute sa cruauté, me laissant planté là, entouré des cadavres de mes espoirs, alors que le tatoueur m’invite déjà à sortir. Un instant, j’hésite à lui répondre quelque chose, à plaider encore en ma faveur, à le bombarder d’arguments pour lui rappeler cette envie que j’ai lu dans son regard quand je lui ai dit être prêt à tout pour mener à bien ce projet. Je sais qu’une part de lui désire tenter l’aventure. Ses yeux et sa fièvre n’ont pu mentir. Mais rien ne saurait infléchir sa décision maintenant, j’en ai la certitude. Alors, j’échappe un long soupir et murmure simplement en relevant les yeux :
- Je vous l’ai dit, je ne chercherai pas à vous convaincre du bien-fondé de mes choix et des raisons de mes soutiens aujourd’hui. Je comprends votre décision.  

Je tourne alors les talons sans insister et marche d’un pas lent jusqu’à la porte. La main sur la poignée, je me retourne néanmoins.
- Si jamais vous changez d’avis un jour, Nasiya saura où me trouver.
Mon regard reste sur le tatoueur quelques secondes, sans animosité ni défi. Puis, je pousse enfin le battant et retourne sur le Chemin de Traverse, n’emportant avec moi qu’un dernier espoir que le refus de Josiah n’est pas encore parvenu à éteindre.



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