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Nous nous faisons grassement payer nos aveux
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
hiboux : 132
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Mar 17 Mar - 16:20
Les derniers jours de Yolanda avaient étaient relativement mornes, mais relativement productifs aussi. C’étaient des moments de rien comme il lui en était peu arrivés, pourtant. Un peu de correspondance, beaucoup de lectures, mais jamais elle n’avait autant limité ses sorties et ralenti le rythme de ses rendez-vous. Elle se rendait peu au Manoir, jamais à Londres. Elle voyait peu Nigel, n’avait pas revu Camille, n’avait pas passé une nuit avec un homme depuis au moins deux mois. Elle était d’une humeur massacrante, mais se l’avouait peu.

Les retrouvailles précipitées avec Ariane, puis la fuite de cette dernière, avaient constitué un choc comme peu dans sa vie. Elle avait l’impression de n’avoir jamais de toute sa vie avoir été confrontée à une déception pareille. Et pourtant son mari était mort, son amant l’avait quittée, elle avait risqué la prison et le Seigneur des Ténèbres avait perdu. Oui mais. Oui mais. Ariane était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Ariane était la goutte d’eau et le liant et le noyau et le tout. Ariane était le fil qui, il lui semblait, l’avait aidée à se lier à elle-même, à se retrouver elle-même dans le labyrinthe de ténèbres qui avait été son esprit tant d’années.

—Lemony, c’est moi, est-ce que je peux entrer ?

Ce soir elle avait décidé de rendre visite à Lemony. Il lui avait prêté plusieurs livres, et lire était tout ce que, ces derniers temps, elle  avait eu le courage de faire sans être déçue. Les livres ne décevaient pas. Etrangement, Lemony ne décevait pas non plus. Les livres qu'il lui avaient prêté l'avaient titillée, l'avaient questionnée — lui avait plu. Cela l’avait surprise, de si bien s’entendre avec son ancien élève, de se rendre compte d’un coup qu’elle partageait des goûts avec lui, et notamment des goûts littéraires. Dans sa vie peu de gens avaient partagé avec elle son amour des livres, que ce soit ses amis ou les hommes avec qui elle avait vécu. Quoique, Owen avait essayé de s’y intéresser, mais ce n’avait jamais été quelqu’un de purement littéraire. Nigel avait été érudit à l’époque de Poudlard, mais il était mieux derrière un bar que derrière un livre. Non, les conversations avec Lemony l’épanouissaient à ce niveau, car il semblait qu’elle n’ait pu trouver personne d’autre — personne d’autre qui quoi ? — qui dans ce domaine fût à la hauteur.

— Je viens te rendre tes livres.

Elle avait pris une bouteille de vin avec elle. Boire avec Lemony aussi était une bonne chose Elle rentra dans la pièce, sourit malgré sa mauvaise humeur intérieure.

—J’espère que je ne te dérange pas trop ? J’ai adoré le Deuxième Sexe. Il faut absolument qu’on en parle !

L’alcool, les livres, et Lemony. Voilà trois choses qui, elle en était sûre, ne la décevraient pas.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Jeu 23 Avr - 2:56

Nous nous faisons payer grassement nos aveux
Je tourne en rond. Moi qui trie, range, classe en permanence, mes appartements n’ont jamais été aussi mal rangés. Ils sont toujours aux couleurs de ma maison, le fait de devenir le directeur de Serdaigle ne m’a pas rendu plus subtile, bien au contraire. Sur mon bureau sont éparpillés mes notes pour les cours, mon ordinateur trône au beau milieu, ouvert sur mes mails, et j’ai rapatrié mon antenne avoir accès à internet. Malgré l’acquisition de la liseuse, je n’ai pas pu me résoudre à ne pas garder une bibliothèque pour mettre en avant un certain nombres de mes livres, mais celle-ci est à moitié vide, l’autre moitié étant répartie sur le sol devant elle, attendant que je choisisse si je les y range ou si j’effectue un roulement avec ceux de la liseuse. Près de la cheminée, la table basse et couverte d’articles de propagande contre les nés moldus que je lis et relis sans réussir à m’en détacher. Plusieurs tasses de café froid sont réparties dans la pièce, une sur le bureau, une sur la bibliothèque, une sur le bord de la cheminée, une sur la table basse. Je reviens de la grande salle, et je soupire en regardant le désordre qui me fait tant horreur mais duquel je n’arrive pas à venir à bout. Depuis ce concert, tout se bouscule dans ma tête, et ce vacarme intérieur déborde jusque dans mes appartements. Il faut que je range. Il faut que j’arrête. Il faut que je calme. Turing m’accueille en me feulant dessus, fâché que je l’ai encore abandonné pour partir dîner. « Désolé chaton, je n’allais pas te prendre sur mes genoux pendant le repas hein. » Il faut que j’arrête de l’appeler chaton, il ne reconnaîtra plus son nom à force – et puis il grandit maintenant. D’ailleurs, je regrette presque d’avoir choisi un maine coon maintenant, vu la taille qu’il fait déjà aujourd’hui. Je me laisse tomber sur le fauteuil prêt de la cheminée. « Allez viens. » Je lui fais signe, mais il me snobe et monte sur la bibliothèque. Tant pis pour lui. Mon regard se pose sur la table. La Menace Sang de Bourbe. Rah, les cons, il faut vraiment êtr- Ça frappe à la porte. « Lemony, c’est moi, est-ce que je peux entrer ? » Ah bah tiens, il manquait plus que ça ce soir. Turing se redresse sur la bibliothèque, et regarde la porte avec curiosité. Je me relève et vais ouvrir. J’avais bien reconnu la voix de ma collègue. « Je viens te rendre tes livres. »

Elle est entrée avant même que je ne l’y invite, elle a une bouteille à la main. « Yolanda. » Je me mords les lèvres. « J’espère que je ne te dérange pas trop ? J’ai adoré le Deuxième Sexe. Il faut absolument qu’on en parle ! » Ah oui, c’est vrai, avant tout ça, j’avais eu la brillante idée de chercher à sortir ma collègue de son conservatisme par la lecture. Je ne suis plus certain que cela puisse servir à quoique ce soit. Je la jetterai bien dehors en lui hurlant dessus, mais ça non plus, ça n’avancerait à rien. Peut-être que cela pourrait aider, de boire avec elle ? Je passe ma main dans mes cheveux. « Euh. Oui… D’accord. » Je jette un regard autour de nous. « Désolé pour le bazar, euh… C’est compliqué en ce moment… Attends, je vais débarrasser la table. Je… Désolé. » Je sors ma baguette et d’un geste, les papiers volent se poser sur mon bureau. Je les trierai par date plus tard. Peut être. Un jour. « Vas-y, installe-toi, je t’en prie. » Turing saute de son perchoir et s’approche de la nouvelle venue avec curiosité. « C’est Turing. Il mordille quand il joue, mais il n’est pas méchant. » Je sors deux verres, les pose sur la table et m’installe face à Yolanda. Son arrivée semble avoir fait changé d’humeur au chaton qui décide de me sauter sur les genoux. Je le caresse derrière les oreilles, et essaie de sourire. Non, je n’y arrive définitivement pas, je n’arrive pas à leur pardonner, à être cordial avec eux, ces anciens mangemorts, ceux qui supportent la Narcissa. « Dis, tu étais au courant ? De ce qui s’est passé à l’anniversaire de Malefoy ? Tu étais au courant ? Tu savais ce que Bauer et Malefoy préparaient ? » La vérité ne sera pas oubliée. Et puis, que la solution de Rogue ait été d’inviter les étudiants à la délation ne m’a pas aidé à me calmer.

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Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
hiboux : 132
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Mar 26 Mai - 10:40
Visiblement, elle avait choisi le mauvais moment, et le mauvais endroit. Les appartements de Lemony étaient un bordel total — des tasses de café froid partout, des livres, des papiers entassés les uns sur les autres, aucune cohérence — et surtout, son visage était affadi, et en même temps, dérangé, agité, perturbé. Elle se serait frappé le front si elle avait pu. Elle avait été si — déconnectée ces derniers temps. Si à côté de la plaque. Bien sûr que ce n’était pas le moment de venir voir Lemony, plus que tout autre. Bien sûr, il y avait eu cette chorale, bien sûr que le directeur venait d’appeler les élèves à la délation, et c’était infect, et c’était sans sens aucun, mais elle venait prendre une bouteille et demander à Lemony s’il voulait bien parler de livres féministes avec elle. De quelle planète était-elle tombée ?

D’un coup elle était plus gênée, moins sûre d’elle. Elle avait été, pour sûr, complètement déconnectée du reste du monde ces derniers temps. Elle avait été au courant des éléments, mais de loin, impactée, mais à peine. Comme si les événements n’avaient pas de conséquence, qu’ils étaient imprimés sur des pages de journaux que l’on tournait distraitement… Mais c’était totalement fou et irresponsable, le visage de Lemony le lui renvoyait comme une claque. Elle s’installa, distraitement, posa les livres et la bouteille. Elle avait l’impression, tout à coup, d’être une écolière prise en faute, une étudiante qui se retrouvait là où elle ne devait pas être. D’un coup son visage était plus inquiet, moins sûr de lui. Elle se prépara à demander si peut-être, elle dérangeait — sûrement était-ce le cas, quelle idiote — mais Lemony parla en premier.

Il lui demanda si elle était au courant, pour l’anniversaire de Malfoy, pour la chorale, pour tout ça. Elle n’arrivait pas à le regarder dans les yeux, elle regardait le sol, désespéremment. C’était ça Yolanda Yeabow, hein, la grande dame au Sang Pur, le professeur de Poudlard reconnu, l’experte en Histoire de la Magie, c’était ça ? Devant Lemony elle avait l’impression d’un coup d’être une gamine prise en faute. Et quelle faute, hein. Tout se mélangeait dans sa tête, tout avait tellement changé ces dernières années, ceux qu’on pourchassait il y a quelques temps encore devenaient nos amis…

Elle eut un long soupir avant d’enfin le regarder :

Non. Non, je n’étais pas au courant.

Mais alors, pourquoi ne pas parvenir à chasser cette expression coupable, cette boule dans la gorge. Comment osait-elle être ici ? Comment oses-tu, Yolanda ? Peut-être n’était-elle pas coupable de cela, mais elle était bien coupable d’autres choses…

—Je n’étais pas au courant. Mais j’avais entendu… des choses. Quelque chose se préparait, mais je ne savais pas exactement quoi, et je ne savais pas que cela prendrait cette… forme ignoble. Cela faisait un moment que je n’étais plus trop renseignée, plus trop en contact avec… Narcissa. J’étais assez éloignée de tout ça. Je savais que Bauer était proche d’elle, mais je ne savais pas à quel niveau ou quelles proportions cela pouvait prendre. Je… Voilà.

Quoi ? Que dire d’autre ? Je suis désolée ? Alors oui peut-être qu’elle n’approuvait pas la chorale, peut-être qu’elle était désolée, mais quel sens cela avait-il d’être désolée de ça, sans s’excuser d’avoir été Mangemort ? Non, elle n’avait pas d’excuse. Cela était, sans doute, la fin de son amitié branlante avec Lemony. Elle eut un bref sourire, comme un sourire d’excuse, mais il disparut, englouti. Elle sentait la tempête qui allait venir contre elle.

Je comprends si tu ne veux pas me voir ici, je peux m’en aller. Je n’aurais pas dû venir ce soir, c’était idiot de ma part.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Mar 26 Mai - 23:26

Nous nous faisons payer grassement nos aveux
Elle soupire et semble hésiter avant de me regarder. « Non. Non, je n’étais pas au courant. » La colère m’empêche de réfléchir, de rationaliser. Elle est avec eux. Qu’importe finalement ce qu’elle sait, ce qu’elle ne sait pas. Elle essaie de m’expliquer, je crois. Je ne l’écoute pas vraiment. Elle est avec eux, elle est complice. Qu’est-ce que je croyais ? Qu’il serait possible d’oublier qui elle est, qui elle a été, qu’il serait possible d’oublier qui je suis. Le sang de bourbe, l’ami des moldus, le professeur d’une matière rendue obligatoire par le Ministère, réformée par le Ministère. A des fins de propagande. Comme si connaître, comprendre le monde qui nous entoure était quelque chose de mauvais – comme si c’était mieux de rester dans l’ignorance par mépris ou par peur.

Mais elle a l’air vraiment désolée, vraiment gênée. Foutaises. Elle est avec eux, elle est comme eux. Lemony, Lemony, calme toi. Il me semble un instant qu’un espèce de sourire vient colorer ses traits, qu’elle essaie, qu’elle voudrait. « Je comprends si tu ne veux pas me voir ici, je peux m’en aller. Je n’aurais pas dû venir ce soir, c’était idiot de ma part. » Je tremble, je n’en peux plus. Je ne veux pas qu’elle parte, je veux qu’elle comprenne. Je ne veux pas me retrouver encore haï par l’une de mes collègues, et je ne veux pas la haïr. Le concert n’est que le déclencheur de ma colère, une colère qui prend racine beaucoup plus loin – dans la peur, l’incompréhension, l’humiliation. Ils tiennent à leur statut, à leur sang – ils y tiennent si fort qu’ils n’hésitent pas à menacer nos vies pour les sauvegarder. « Non. Ce qui est idiot Yolanda, c’est d’être avec ces gens là. Tu as aimé ces livres ?! » Je saisis l’exemplaire du livre de Linda Gordon qu’elle m’a rapporté et lui brandit sous le nez. ‘Ne me demandez pas de délaisser notre cause. Je parle sérieusement, sans équivoque, sans excuse. Je ne céderai pas d’un pouce et vous m’entendrez.’ Aurais-je compris ces textes, moi le bourgeois, moi l’homme blanc, si je n’avais pas appartenu à ce monde magique ? « Comment peux-tu les supporter ? Tu les trouves juste, tes amis, tu les trouves juste ces positions, leurs positions, tes positions ? Tu te souviens quand tu m’as dit avoir grandi dans un milieu qui ne te laissait pas le choix ? Tu ne vois pas que c’est justement ce monde qu’ils essaient de sauver, un monde où tu n’as pas le choix, où Ariane, si elle s’était laisser endoctrinée comme toi ne l’aurait pas eu non plus ? C’est ça que tu veux ? Pour toi, pour ta fille, pour tes petits enfants un jour ? » Ce monde qu’elle veut sauver, aussi. Je donne un coup de pied dans la table basse et Turing a un miaulement de surprise. « J’ai grandi dans un monde où organiser un concert pour un criminel de guerre recherché n’est pas normal. J’ai grandi dans le monde moldu – et il est plein d’inégalités ce monde, plein de problèmes aussi. Mais pas comme ça. » Je crie, presque, maintenant. Si ils savaient, si ils comprenaient vraiment ce dont était capables les moldus, en bien comme en mal... Ils ne les mépriseraient pas, pas comme ça. La Magie est puissance, la juste place. Nous pouvons être bien pires – et bien meilleurs. J’essaie de me reprendre, je m’ébouriffe les cheveux, je retire mes lunettes. Je les garde en main, sans les nettoyer. Le monde entier est noyé dans une sorte de brouillard. J’essaie de maîtriser ma voix, de parler plus doucement. « Il ne t’est jamais venu à l’esprit que ces privilèges ne sont pas vraiment les tiens ? Tu n’es pas une lady, tu n’en profites même pas vraiment. Et pourtant, tu as été, tu es, comme eux. Tu ne t’es jamais dit que ce mépris venaient justement de notre capacité à proposer un autre modèle, plus juste pour tout le monde, sauf quelques vieux lords ? » J’ai lu l’Abrégé des lois sorcières que j’ai acheté à Noël, et je suis resté choqué de constater une fois de plus combien le monde sorcier est en retard. « Qu’est-ce qu’elles ont de si révoltantes pour toi, exactement, les mesures de Potter ? Qu’est-ce qui est si terrible dans ce qu’il propose ? Pourquoi le monde ne serait pas meilleur s’il était différent ? » Je remets mes lunettes et me laisse tomber sur le fauteuil. « Ça en vaut la peine ? Deux attentats, un concert pour Lucius Malefoy, et maintenant ce qui se passe à Poudlard ? »

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Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
hiboux : 132
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Lun 15 Juin - 14:20
Au début Yolanda garda le silence. Lemony, elle l’avait pressenti avant même qu’il commence à parler, elle l’avait deviné avant même qu’elle ne lui réponde, s’était emporté. Quelle drôle de relation, cette entente bizarre, intellectuelle avant tout, amicale parfois, avec son collègue ! Quelle drôle de relation, sachant qu’elle avait été putain de Mangemort et qu’il enseignait les Sciences Moldues… C’était peut-être la chose la plus improbable, la plus incohérente de sa vie…

Mais les temps avaient changé. Et Lemony, lui aussi, essayait de la faire changer d’avis. Au lieu de l’engueuler, et de ne faire que lui reprocher ses alliances et ses idées, non, il essayait vraiment de la faire remettre en cause l’entièreté du système au sein duquel elle était née. C’était bien tenté, certes, elle devait se l’avouer. Bien tenté…

Il lui disait que même pour elle, le système n’avait pas de sens. Qu’à cause de lui, elle n’avait pas eu le choix. Qu’il ne profitait à personne qu’une poignée de Lord. Et enfin, est-ce que ça valait le coup.

Elle resta un moment silencieuse, une fois qu’il s’était effondré dans le fauteuil, essoufflé. Elle le regarda, ce jeune homme Né-Moldu qui avait été son élève, qu’elle avait rabaissé cyniquement, à l’époque, tout en admettant secrètement son intelligence, ses aptitudes de bon élève, sa maturité. Alors, ça avait valu la peine ? Rejoindre les Mangemort, traiter Lemony comme un sous-sorcier, ça avait valu la peine ? Pour finir des bouteilles de vin avec lui dans leurs bureaux dix ans après, et l’apprécier en tant que collègue ? Bien sûr que c’était plus compliqué que ça.

Elle soupira, puis, lentement, pris la parole. Il s’agissait ici de ne pas se mouiller. Elle n’allait berner personne si elle admettait qu’il avait raison sur toute la ligne — d’ailleurs, elle ne le pensait pas, pas totalement. Mais il avait sans doute, peut-être, raison sur certains points. Elle avait été Mangemort dans sa jeunesse par conviction totale, et puis plus tard, davantage par habitude, mais en y croyant moins, ou alors de manière plus modérée. Et aujourd’hui, il s’agissait de ne pas se mouiller, de ne pas se trahir ; et d’accepter aussi, goutte par goutte, le monde nouveau dans lequel il faudrait s’habituer à vivre.

Non. Non, ça n’en vaut pas la peine, soupira-t-elle d’abord en le regardant enfin.

Elle reprit doucement :

Ecoute. J’entends ce que tu dis. Le monde des Sang-Purs est rigide et avec parfois des traditions d’un autre âge, c’est vrai. Il ne te donne pas le choix, et moi je l’ai pris contre ce que cette société m’imposait, quand j’étais plus jeune, et en m’exposant à une disgrâce totale, c’est vrai.

Elle revoyait les coups de sa mère, ses insultes, pleuvant sur elle à l’infini. L’humiliation et l’impression d’en avoir perdu son intégrité.

Ce n’est pas une société juste pour les femmes, c’est sûr. Ces histoires de Lord sont des inepties, je te l’accorde. Mais je viens de lire le Deuxième Sexe, par exemple, et je n’ai pas l’impression que ce soit tellement mieux chez les Moldus. Le patriarcat existe partout, les clivages entre différents groupes existent partout. Regarde chez vous, n’y a-t-il pas de riches et de pauvres ? De nobles et de moins nobles ? Les femmes ne sont-elles pas violées, oppressées, humiliées, chez toi aussi ? C’est ce que ce livre dit en tout cas. Il y a eu dans le monde moldu des guerres mondiales, des génocides, de l’esclavage…

Elle reprit, très doucement :

Je pense que les sociétés sont imparfaites. Et que ce qui a été fait ces derniers temps n’est pas juste, bien sûr. Bien sûr que c’est violent inutilement. Bien sûr que c’est une chose terrible et répréhensible et surtout qui vient semer la discorde au sein de notre école.

Pouvait-elle seulement admettre le contraire ? Elle marchait sur les œufs, c’était ce qu’elle faisait depuis des moins, et il était impossible d’arrêter. Arrêter, c’était Azkaban. Ah, Owen, Owen, regarde dans quels abymes ta mort me plonge !

Cependant… Je ne pense pas que sorciers et moldus puissent vivre en harmonie. Pas totalement en tout cas. L’Histoire de la Magie l’a prouvé. Combien de sorciers ont été brûlés vifs et chassés ? Ce sont des faits qui se sont répétés au fil des siècles. Peut-être pouvons-nous faire une place pour les nés-moldus au sein du monde magique, mais nous ne pouvons pas nous ouvrir totalement. Ce serait le début du chaos et de la discorde, et je pense qu’il est plus prudent de vivre avec des limites. C’est mon point de vue.

Bien sûr que ce serait le chaos. Personne ne se comprendrait ! Jamais ils ne comprendraient la magie.

Elle agita distraitement sa baguette et deux verres se remplirent aussitôt de vin sur la table basse.

J’admets avoir fait des erreurs. Il y a vingt ans, je n’aurais jamais pensé qu’un élève né-moldu puisse être aussi doué pour la magie. J’avoue que c’est toi qui m’a fait changer d’avis. Je ne te l’ai jamais avoué en face mais tu m’as beaucoup impressionnée à l’époque.

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Ven 26 Juin - 21:42

Nous nous faisons payer grassement nos aveux
Je me suis affalé sur mon fauteuil, et je la regarde, presque sans la voir. Il n’y a que ma colère. Il n’y a que les visages dans le ciel le jour du concert. La vérité ne sera pas oubliée. Sa voix m’arrive enfin, après un soupir de sa part. Elle me concède que ça n’en valait pas la peine, et si cela m’apaise un instant, la paix ne dure pas longtemps alors qu’elle reprend. Elle parle des horreurs du monde moldu, et je sens que je m’affaisse un peu sur mon siège. Oui, il y a des horreurs, je ne peux pas le nier – mais il y en a dans ce monde aussi. Pourquoi ces gens là pointent toujours les imperfections des autres pour excuser les leurs ? Je manque de m’étouffer pourtant, très vite. Nous ne pouvons pas vivre en harmonie. Peut-être qu’il faut faire une place aux nés moldus. Je saisis en tremblant deux verres, mais plutôt que d’ouvrir la bouteille de vin je saisis du whisky pur feu – il faudra au moins ça. Elle finit en avouant qu’elle a évolué, dans ce qui ressemble à un compliment raté et pitoyable. Elle n’aurait jamais cru qu’un né moldu puisse être doué en magie ? « Tu te fiches de moi ? TU TE FICHES DE MOI ?! » Je me rends compte soudain combien les gens comme moi sont absents des livres d’histoire pour tout public – alors que plusieurs d’entre nous ont fait date pourtant, si on fouille un peu. « Tu es professeur d’Histoire de la Magie ? Alors dis-moi, Yolanda, combien de sorciers sont effectivement morts tués par des moldus ? Parce que ce dont je me souviens moi, c’est que les vrais sorciers ont été relativement épargnés, parce que protégé par la magie, justement. Donc oui, des moldus ont tué d’autres moldus, pour sorcellerie, il y a quatre siècles. Quelle rapport avec le fait de vivre en harmonie ? Qui parle de vivre en harmonie ? Je suis intimement persuadé que le code du secret magique est une bêtise sans nom, mais Potter n’a pas proposé de revenir dessus, ou pas encore. Tu sais ce que cela fait, à onze ans, de devoir mentir à tes grands parents, à tes cousins, à tes meilleurs amis ? De te retrouver parachuté dans un monde que tu ne comprends pas, qui ne te comprend pas, de ne pas pouvoir communiquer avec tes parents parce que les systèmes de communications moldus ne fonctionnent pas à Poudlard ? De ne pas pouvoir faire comprendre à tes parents ce que tu fais en cours, parce que tu as interdiction de faire de la magie hors de l’école, et devant tes proches ? Je me contrefous de savoir ce que quelqu’un qui ne peut pas imaginer ce que c’est d’être un né moldu, dans ce monde, pense des liens que je devrais ou ne devrais pas avoir le droit d’entretenir avec ma famille. Ma propre famille, putain, Yolanda ! Tu veux que je te raconte, à quoi ressemblaient mes vacances scolaires à la maison, à quel point j’étais en décalage ? Faire une place pour les nés moldus… MAIS COMMENT OSES-TU ? On me traite de sang de bourbe depuis mes onze ans, ma meilleure amie, Elisabeth Holmes, je ne sais pas si tu te souviens d’elle, elle a passé presque une année à Azkaban parce qu’accusée d’avoir volé sa baguette. Volé sa baguette ! J’ai été convoqué pendant la guerre. Il y en a qui sont morts, pendant la guerre, parce qu’ils étaient nés moldus. Et tu te dis que l’on devrait peut-être nous faire une place ?! MERDE. Tu oses me dire que des persécutions qui datent de plusieurs siècles et qui n’ont presque pas touché de sorciers sont problématiques, alors que vous nous avez traqués, tués, enfermés il y a tout juste cinq ans ? Ce serait les moldus le problème, vraiment ?! »

Ma voix a monté, et je lui lance mes mots aux visages comme je lui porterais des coups. Je prends une inspiration pour tenter de revenir à un volume normal, et une gorgée de whisky avec. « Oui, les sociétés moldues sont imparfaites. Oui, la question du féminisme, par exemple, n’est pas encore prise au sérieux partout. Mais qui a écrit un livre comme Deuxième Sexe dans le monde sorcier ? Oui, il y a des choses à améliorer, mais eux au moins, ils évoluent. Potter est le premier à proposer des évolutions dans le monde magique depuis combien de décennies, au juste ? Et comment sont-elles vues ? Et tu crois que ces gens, qui hurlent à la destruction de leurs traditions, sont de ton côté ? C’est ridicule. » Je marque une pause, presque tremblant. Elle n’a pourtant pas l’air stupide, Yolanda. Je pousse le verre de whisky que je lui ai servi dans sa direction, et Turing profite de mon instant de calme pour me sauter sur les genoux. Je plonge mon regard bleu dans ses pupilles félines, et j’ai l’impression qu’il me juge, de m’être trop emporté. Pour me faire pardonner, je le gratte derrière les oreilles avant de lever les yeux vers ma collègue. « Il faut faire évoluer le monde sorcier, Yolanda. Cela ne vous empêchera pas de chérir votre histoire. Si certaines traditions tombent au passage, c’est parce qu’elles ont injustes. Est-il juste, de vouloir garder en esclavage des être conscients et doués de magie ? Il y a plus de sang mêlés et de nés moldus que de sang purs dans cette société – est-il juste d’attribuer quand même à ceux-là une place si importante au détriment des autres, des autres qui pourtant participent tout autant au fonctionnement de notre communauté ? Merde, Potter n’a pas parlé de collectiviser les terres et les patrimoines des sang purs… Il a interdit les mariages arrangés, rendu la justice plus égalitaire, et vous a imposé des taxes foncières que tous les autres payaient déjà. Qu’est-ce que cela a de si terrible, au juste ? Et pour la pureté du sang... » Vaste blague, cela. Il me semble que le mari d’Ariane est le fils d’une née moldue, en plus. « Est-ce que tu ne préfères pas savoir ta fille heureuse avec quelqu’un qui n’a pas le sang pur que contrainte dans un mariage pour assurer la pureté de votre sang ? » Je me sentirais presque coupable, à force, d’utiliser mon amie en exemple pour faire comprendre mon point de vue. Mais je le fais pour éviter de poser directement la question qui me brûle les lèvres. « Est-ce que ce serait si terrible, qu’une sorcière bien comme il faut tombe amoureuse de moi, par exemple ? » En quoi mon sang devrait entrer en compte à l’heure de ce genre de choses ?

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