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Les yeux revolver {Hekate&Malachy}
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Invité
Sam 7 Mar - 20:43




Les yeux revolver
Un lundi soir, au mois de février 2004, jour 26 du Cycle Lunaire

Se mettre à dos une collègue de Poudlard ne serait pas si terrible. Regretter de ne pas être allé au bout de ses interrogations, au péril de ses élèves, était en revanche ce qu’il craignait. Autre point essentiel, la Pleine Lune arriverait dans quatre jours. S’il ne le faisait pas maintenant, il ne le ferait jamais. C’était ainsi que Malachy avait fait l’équation qui lui avait permis de déterminer qu’il rendrait visite à Hekate Murphy ce soir-là, au lendemain de la délation exigée par leur patron @Severus Rogue. Et si Malachy n’était pas vraiment désireux de s’y plier, il souhaitait toutefois étouffer l’étincelle que le discours du Directeur était parvenue à faire briller dans son esprit. Il avait vu quelque chose, pendant le concert donné par le groupe allemand Reissen le soir de Noël, à Poudlard. Juste avant que ces mêmes allemands n’enflamment le chemin de Traverse, le dimanche 18 janvier, menés par un certain Xaver ensanglanté. Quelque chose qui aurait pu entraîner une série de catastrophes absolument désastreuses pour le peuple magique d’anglais, sa liberté et sa sécurité. C’était ainsi qu’on présentait les choses, en tous cas. Et si Hekate Murphy avait justement été l’étincelle, ce soir de Noël ? Malachy se souvenait parfaitement de l’événement. Elle portait une robe rouge, tout le monde l’avait remarquée, surtout les grands adolescents qu’accueillait Poudlard. Malachy l’avait remarquée.  

Notre Loup ne pouvait plus marcher avec les mêmes foulées que ça avait un jour été le cas, à cause de son nouveau chien. Son nouveau mais très vieux chien. Tibère traînait la patte, alors que son maître l’entraînait à accélérer le pas. « T’es pas sorti de l’auberge, mon pauvre vieux ! On crapahute, par ici », lui disait-il, alors qu’ils attendaient qu’un escalier mouvant les récupère, pour les amener vers l’étage où logeait l’enseignante de runes et d’oghams. Malachy devrait attraper sa bête pour pouvoir grimper dessus ; il en avait encore peur. Il l’avait emmené pour la première fois entre les murs de Poudlard à la rentrée des vacances de Noël, quelques jours après l’avoir acheté à la Ménagerie du Chemin de Traverse. Hekate avait été une de ses collègues les plus enthousiastes à l’égard du bouledogue. C’était pour cette raison qu’il l’avait pris avec lui pour cette rencontre. Peut-être le chien rendrait-il la pilule plus agréable à avaler ? Il n’y avait qu’à le regarder, impossible de s’énerver en sa présence … « N’est-ce pas, mon gros ? Tu vas m’aider ? » chuchotait-il, pour se rassurer. Ils étaient désormais arrivés dans l’aile où logeait Hekate. Atteignant bientôt sa porte, il s’accroupit près du chien, et du bout de sa baguette, il collecta toute la bave qui débordait de sa gueule. Ça tiendrait dix minutes, tout au plus, mais Malachy n’aurait pas besoin de plus de temps. Il toqua sur la porte de bois et attendit la réponse.

Elle portait une robe rouge, le soir de Noël. Tout le monde l’avait remarquée. Des ados boutonneux et pleins d’hormones jusqu’aux loups-garous. Malachy s’était en effet attardé sur son allure quelques minutes, un verre de Whisky-Pur-Feu à la main. Il se souvenait encore de la scène – l’alcool avait peu d’effet sur lui, particulièrement à si petite dose. Il battait le sol du pied, au rythme de la musique lancée par les allemands. Les inviter avait été une idée de @Regulus Black. Malachy n’aurait pas pensé que le professeur de potions puisse les connaître. Il ne semblait pas vraiment du genre à écouter du métal, mais à vrai dire, Malachy ne savait rien de lui. Sauf peut-être qu’il avait un frère qui aurait été susceptible de les écouter, ne serait-il pas décédé des mains de sa cousine. A l’époque en tous cas, il avait penché en faveur de cette idée, face à un Severus Rogue bien plus frileux face aux rockeurs. Malachy ne s’était pas posé plus de question que cela. Au contraire, il avait même trouvé ça plutôt novateur d’inviter un groupe que les enfants auraient tous pu connaître, qu’ils soient d’origine sorcière ou moldue, malgré le côté un peu border du groupe. Il y avait ainsi déjà là un premier lien entre Reissen et le monde de Poudlard. Une première série de questions à poser, si on voulait comprendre comment les chanteurs s’étaient retrouvés à mener un chœur propagandiste. Une deuxième série de questions concernait Ms. Murphy, sa robe rouge, et le meneur du groupe de hard-rock, @Engel Bauer.
Reprenons, avant que Malachy ne se permette d’entrer dans le bureau de sa consoeur. Il l’avait regardée, ce soir-là. Elle n’apparaissait jamais à Poudlard sous de pareils atours, et après tout, Malachy n’était qu’un homme. Avec un poil de lycanthropie, mais cela ne changeait pas le propos. Il la regardait, et si nous insistons à ce propos, c’est parce qu’au travers de cette affaire, il n’est justement question que de regards. De regards et d’étincelles, bien sûr. Encore une fois, Malachy s’en souvenait parfaitement. Il avait repéré la jeune femme au milieu de la foule, les mains vides – ce qui était rare, de sa part. Et alors qu’il se disait qu’il pouvait lui apporter un verre, il avait remarqué qu’elle regardait la scène avec insistance, comme hypnotisée. Il n’en avait rien fait, d’abord. Il avait alors rejoint le buffet, récupérant un verre d’une boisson destinée aux adultes, prêt à lui rapporter un verre. Mais, se retournant, cherchant à nouveau l’enseignante et sa robe rouge des yeux, il la trouva exactement au même endroit, les yeux orientés vers la même direction. Comme quelqu’un dont le regard se perd dans les flammes, et qu’il est impossible de déloger. Sans autre explication, Malachy s’était dit qu’il s’agissait du regard d’une femme émerveillée par un de ses chanteurs préférés. De façon toutefois plutôt inexplicable, il s’était sentit de trop. Comme si, dans l’oreillette, on lui glissait bat les pattes. Il avait ainsi changé d’idée, et le verre de Whisky Pur Feu avait été avalé par ses soins.
Tout ne s’en n’était pas arrêté là, toutefois. Le concert terminé, il avait cherché à traverser la foule pour rencontrer les chanteurs, espérant obtenir d’eux un autographe. Il avait ainsi retrouvé Hekate, arrivée avant lui, plongée en pleine discussion avec le celui qu’il reconnut comme étant Engel Bauer. Il ne la voyait que de dos, plongée dans une discussion avec le rockeur ; une vraie groupie, s’était-il alors dit. Et ce fut là que tout se joua, et pas cette fois-ci dans le regard de la jeune femme, mais dans celui de Bauer, qu’il distinguait bien, même à quelques mètres de lui. Aussi transpirant pouvait-il être, les yeux injectés de sang après pareille performance, Malachy reconnut la même étincelle qu’il avait observée dans l’œil clair de sa collègue, un peu plus tôt dans la soirée. Et puis, Malachy connaissait ce genre de regard. Alors que lui avait admiré la robe rouge, ému comme un vulgaire adolescent, Engel mettait dans son regard une toute autre intention. Il semblait transpercer la jeune femme de ses yeux bleus. La robe n’avait plus d’importance. Il la voyait entière. Nue, peut-être même. Ils se connaissaient.

Emporté dans son mouvement, Malachy ne s’était pas arrêté. Il avait demandé un autographe à Xaver, qu’il avait gardé depuis, épinglé contre le tableau de liège de son bureau. Enfin, il était dans sa poche, désormais, faisant fonction de preuve de ce qu’il avait vu.
Hekate lui avait permis d’entrer. Son chien et lui avaient ainsi pénétré ses offices. Un chat dans la gorge – il connaissait la sensation – il râcla son gosier, visiblement mal à l’aise. Il l’aimait bien. Elle était sympa. Il s’apprêtait à l’accuser de quelque chose de certainement terrible, certainement particulièrement éloigné de la vérité, et pourtant, il ne pouvait pas s’en empêcher. Foutue pleine Lune, qui mettait la manie entre ses pattes. « Salut, Murphy » entama-t-il, sans familiarité. Il n’y avait pas de quoi en insérer dans son discours. Ils ne se connaissaient pas. Peu. Se seraient-ils connus, peut-être aurait-il su. Su que c’était impossible. Qu’elle n’aurait jamais pu faire ça. Que ce n’était certainement pas elle qui avait permis à Engel Bauer de se servir des enfants de Poudlard pour monter un concert proselytique à l’encontre du pouvoir en place. Qu’elle n’avait rien à voir là-dedans, qu’elle ne savaient rien de ces enfants au visage barbouillé de sang. « Tu nous sers un verre ? » proposa-t-il, visiblement mal à l’aise. Il ne savait pas bien quel effet était censé avoir l’alcool, certainement ne l’apaiserait-il pas. C’était pour elle, sûrement. Ça ne l’apaiserait pas non plus. Pourquoi avait-il proposé ça, c’était idiot. Et pourquoi était-il là, d’ailleurs ? Il l’aurait su, non, si Hekate faisait partie des sorciers qui se battaient activement contre le pouvoir en place, qui cherchait à faire tomber Potter, et l’accuser de tous les maux du monde magique ?

Il ne savait rien, mais il connaissait ces regards. Il les avait pratiqués, plus d’une fois, parce qu’il avait la fâcheuse tendance à tomber amoureux tous les quatre matins. Il avait senti ses orbes s’enflammer pour une femme. Il avait vu des étincelles naître, dans le regard de ces femmes. Il les avait ainsi reconnues, il les avaient vu enflammer les corps d’Engel et d’Hekate.

Tout ça, c’était la faute à la robe rouge, aux regards, et aux étincelles.

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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
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Ven 3 Avr - 5:37
Les yeux revolver


ft. @Malachy J. Lyons ( 1 563 mts )
De sa langue visqueuse, Croustilla attrapa goulûment l’insecte dodu que lui présentait sa maîtresse, de la pointe d’un petit bout de bout. Son terrarium soigneusement installé près de la fenêtre, elle profitait encore des derniers rayons du soleil avant de retourner se terrer dans le petit tronc d’arbre miniature et évidé qui lui servait d’abri, lorsque le ciel aurait perdu de sa jolie coloration rouge pour retrouver la froide obscurité des nuits d’hiver. Hekate la regarda mâchouiller tranquillement, tandis qu’elle humidifiait un peu plus le terreau sur lequel elle avait installé le petit animal. La température était idéale. La bête avait tout. De la nourriture. Un habitat humide à souhait, que la jeune femme s’assurait de conserver le plus parfait possible. La salamandre disposait même de plusieurs petites cachettes afin de faire son nid, et qu’un petit point d’eau, maintenu magiquement en stase pour lui permettre de s’abreuver dans les meilleures conditions. Et… Rien. Pas la moindre trace d’hibernation. Sur sa petite table basse, le bestiaire des animaux aquatiques et exotiques qu’elle avait emprunté un peu plus tôt à la bibliothèque lui donnait pourtant raison : En hiver, elle aurait dû hiberner, avant que les beaux jours ne reviennent. Et bien qu’elle ne possède la petite créature que depuis quelques jours, elle se sentait anxieuse. Faisait-elle les choses correctement ? Était-ce l’adaptation à son nouvel environnement qui avait perturbé l’animal ? Ou bien était-ce Selkkie, qui passait désormais le plus clair de son temps perché à côté du terrarium, à observer de ses yeux verts le nouveau pensionnaire qui occupait tout l’amour de sa maîtresse ?

S’il fallait être tout à fait honnête, l’angoisse de la sorcière n’était pas entièrement due à l’arrivée de Croustille. Sans doute se voilait-elle la face. Mais depuis la veille, le stress et l’inquiétude étaient devenus une sensation récurrente, qui lui enserrait la gorge sans qu’elle ne parvienne à s’en défaire. À présent, à chaque nuit, elle fermait les yeux en redoutant un peu plus les flashs qui pourraient découler de son trouble. Et pourtant, elle aurait tellement aimé voir. Voir. Ce qu’allait donner tout ça, ne serait-ce qu’un aperçu de ce que réservait le futur. La délation exigée par Severus était sans précédent. Jamais l’Irlandaise n’aurait imaginé voir de telles choses en temps de paix au sein de cette école. Ils étaient des enfants. Manipulables. Faibles. Presque sans défense, et pour la plupart sans aucune idée des liens politiques qui se tissaient dehors et dont ils étaient l’accessoire principal. Certains s’étaient entâchés le visage d’un sang factice, pour le plaisir et l’honneur de jouer au côté d’un groupe qu’ils admiraient tous. Certes. Mais encore une fois, ils n’étaient que des enfants. Était-ce bien nécessaire d’organiser une telle campagne de dénonciation auprès de ces jeunes innocents ? Tout ce qu’ils risquaient, c’était de voir se régler par une vague de calomnies éhontées de vulgaires querelles adolescentes. Et quand bien même obtenaient-ils les noms des participants… Qu’allaient-ils faire ? Ils ne pouvaient tout de même pas virer des élèves pour un tel motif. Au mieux écoperaient-ils d’une simple retenue. Alors pourquoi en faire tout un drame, si ce n’est pour attiser un peu plus le climat de paranoïa ambiant. Ils mêlaient les gamins à leurs combats politiques, alors que tout dont ils devraient se soucier à présent, c’est leur éducation. Leurs amitiés. Leurs flirts d’enfants. Pas des gueguerres politisés auxquelles deux camps se livraient depuis que le temps de la reconstruction s’était achevé. Les élèves n’avaient rien à voir avec ça. Le seul coupable ici… C’était Reissen. C’était Bauer.

@Engel Bauer.

L’idée lui laissait un goût amer dans la gorge. Bauer… Elle ne prétendait pas le connaître. En fait, Hekate n’avait aucune idée de qui il était. Tout ce qu’elle connaissait de lui, c’était la texture de sa peau, le goût de ses lèvres contre les siennes. Mais malgré tout… La fragilité sous-jacente ressentie au travers de leur étreinte, et ce sourire, d’une douceur incroyable alors que leurs regards s’étaient croisés, dans la grande salle… Elle n’avait pas pu l’inventer. Il n’était pas que l’artiste politisé, que le monstre décrié par le Ministère. C’était impossible. Le déni, pourtant, se délitait. Et sa conscience se chargeait de la torture.

Hekate releva la tête de son terrarium lorsqu’elle prit conscience de quelques coups frappés à la porte de ses appartements. Camille, d’ordinaire, serait déjà entré. Et Lemony n’était pas du genre à lui rendre des visites à l’improviste. Replaçant le petit couvercle vitré sur le dessus de la salamandre, elle quitta la fenêtre pour marcher vers la porte, essuyant ses mains sur son jean. La poignée tourna, révélant Malachy, patientant sagement en attendant son invitation. La surprise peignit les traits de l’Irlandaise, alors qu’elle s’effaçait en réflexe pour le laisser entrer.

“ … Salut, Lyons. Quelle… Surprise. C’est grave ? Quelqu’un est mort ? ”

Il lui fallut évidemment ajouter en plaisanterie ces derniers mots pour camoufler l’étonnement de le voir ici, dans sa demeure. Ils n’étaient pas proches. Au mieux se saluaient-ils dans les couloirs, ou le matin au petit déjeuner. Ils échangeaient parfois quelques mots, lors des repas. De simples conversations de circonstances, en vérité. Mais rien de plus. Rien qui ne laissait présager une pareille visite Aucun lien n’avait été réellement tissé avec le professeur d’histoire magique et moldue. Ils ne partageaient ni leurs élèves, ni leurs matières. En fait… Ils n’avaient rien en commun.

Si ce n’est ce pas lourd qui avait suivi le jeune homme lorsqu’il était entré et qu’elle avait fermé la porte. Les yeux baissés sur le gros bouledogue qui suivait péniblement son maître, Hekate sentit son cœur fondre. Rapidement, on la retrouva accroupie, flattant sans vergogne le poil ras de l’animal, gratouillant sa grosse tête écrasée avec un plaisir à peine dissimulé.

“ Ouh bonjour mon beau. Coucou. Oh oui que tu es beau… T’es venu faire coucou avec ton papa ? Oui ? Oh lala, que tu es adorable… T’es le meilleur chien du monde ! T’as pas intérêt à traîner tout seul dans les couloirs, sinon je vais te voler et te manger tout cru avec des bisous ! ”

La truffe en l’air, Selkkie se redressa du fauteuil où il avait dormi huit heures d’affilées, son radar détectant qu’on avait l’audace de donner de l’attention à un animal autre que lui. Les pattes en avant, il s’étira avec toute la nonchalance dont les chats sont capables, baillant à s’en décrocher la mâchoire, avant de bondir souplement au sol. L’air particulièrement intéressé, il s’approcha de la jeune femme qui osait donner son amour à un chien, et s’interposa entre les deux, pour donner au pauvre pépère de petits coups de tête de contentement, en ronronnant de bonheur, sa queue touffue dressée en un point d’exclamation tout droit. Lui seul était autorisé à offrir de l’affection au vieux Tibère. C’était son copain à lui. Pas celui de l’Irlandaise. Que le sien.

Avec un rire amusé, la sorcière se redressa et à nouveau essuya ses mains sur son jean, pour reporter son attention sur le pauvre Malachy, planté dans un lieu qu’il ne connaissait pas. Sa remarque la prit de court, et elle obtempéra sans rechigner, se dirigeant vers une petite bibliothèque pour en tirer une bouteille d’hydromel et deux verres travaillés.

“ Alors ? Qu’est-ce que tu veux ? T’es pas venu ici simplement pour me montrer encore une fois ô combien ton chien est super, j’espère ? Quoique je ne m’en plains pas. Tu peux même me le laisser en garde, si tu veux… J’en serais absolument ravie. Comme tu peux le constater, je manque cruellement d’animaux, ici. ”

Débouchant la bouteille, Hekate laissa couler le breuvage couleur de miel dans les verres, et les disposa soigneusement sur la table entourée des deux fauteuils, après avoir au préalable débarrassé la surface des bouquins, plumes, cigarettes et paquets de bonbons qui constituaient son kit de survie nécessaire à sa santé mentale au sein de l’école. Ça, et les quelques potions soigneusement planquées dans le tiroir de sa table de chevet.

“ Assied-toi, je t’en prie. Ne reste pas planté là.”

S’accordant elle-même à sa demande, l’Irlandaise se laissa tomber sur l’assise de cuir, qui grinça sous son poids. Une jambe repliée sous elle, il lui fallut se pencher pour récupérer son verre, et une fois confortablement installée, elle en prit une gorgée. L’hydromel roula sur sa langue, lui arrachant un soupir de bonheur. La saveur lui rappelait la maison. Les sabbats, qu’elle attendait avec toujours plus d’impatience. Au dernier, la veille, elle n’avait pas pu y assister et cela ne faisait qu’amplifier le ressentiment qu’elle ressentait à l’égard de leur cher directeur.

Hekate leva son verre.

“ A Imbolc, mon vieux. ”

Selkkie mordillait maintenant avec un plaisir palpable l’oreille du pauvre Tibère qui n’avait pas spécialement l’air de s’en plaindre.

“ Alors ? Je t’écoute… C’est à propos d’hier ? Dis-moi que je n’ai pas été la seule à être… Étonnée par la soudaine décision de Severus. Tu étais au courant ? J’aurai bien aimé en parler à Lemony, ou a Camille hier soir, mais j’ai passé le reste de la soirée dans la Forêt, et je n’ai pas réussi à les chopper dans un coin aujourd’hui. Ils sont relativement discrets, pour des gens aussi grands. Je crois qu’ils m’évitent. Ils ne perdent rien pour attendre. Tous les deux. ”
lumos maxima

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Mer 8 Avr - 2:22




Les yeux revolver
Un lundi soir, au mois de février 2004, jour 26 du Cycle Lunaire

« Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. […] Vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir.
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »

Le discours de la servitude volontaire, Etienne de la Boétie, extraits choisis.

Alors qu’Hekate couvrait Tibère de doux baisers, Malachy sentait tout son courage l’abandonner. Plutôt que courage, d’ailleurs, parlons plutôt d’insouciance. Qu’avait-il pensé, en débarquant-là ? Qu’il allait pouvoir mentionner la robe rouge et les regards, et qu’Hekate allait tout lui avouer ? Il n’avait aucune preuve autre que je vous ai vu vous regarder, qui était un argument tout à fait réfutable, si ce n’est particulièrement humiliant, à son égard à elle comme au sien. Il devenait subitement le chien prêt à vendre une collègue sans même qu’une récompense ne soit offerte en échange, par pure obéissance, et elle devenait la chienne de Bauer, prête à faire des élèves du Château des pantins pour toutes les élucubrations artistiques de son maître. Hekate avait été étonnée de le trouver là, si tard, au point de lâcher un commentaire cynique pour tenter d’expliquer sa venue. Personne n’était mort, non. Ce qui l’amenait là, et ce qui le faisait tenir-là, malgré une humiliation certaine, c’étaient les mômes, se disait-il. Sans doute était-ce un argument valable. Il voulait s’assurer que ce n’était pas Ms. Murphy qui mettait en péril l’éducation des enfants en vendant leur innocence à un groupe de hard-métal. Le fait qu’Ernst Wilson ait été démit de ses fonctions, toutefois, aurait dû être un indice suffisant pour mener Malachy vers l’idée que Ms. Murphy n’était mêlée en rien à l’affaire du concert. D’ailleurs, il n’avait officiellement pas été démit, le Directeur avait annoncé qu’il avait volontairement souhaité se retirer de ses fonctions. Que lui fallait-il de plus, le coupable était tout trouvé ! Il n’était donc pas question que des mômes, il ne s’agissait pas seulement de s’assurer en héros de leur protection contre de grands méchants loups.
Il s’agissait plutôt, au travers de tout cela, de servitude volontaire. Malachy se soumettait de façon active à ce que lui demandait son maître, son Patron comme il aimait l’appeler. En arrangeant les choses pour qu’elles semblent lui convenir, en n’écrivant donc pas sur un petit parchemin mais en allant confronter sa collègue, il s’était cru protégé de cet état de servitude. Il avait cru annuler la demande du maître, sans se rendre compte qu’il la laissait en fait pénétrer insidieusement son crâne pour s’adapter tranquillement à l’environnement. La Lune avait fait le reste du travail, en le poussant vers son état lupin qui lui faisait baisser la queue face à l’alpha et le poussait à marcher dans ses pas, régit par son instinct animal. Malachy s’était approprié la suggestion du Patron, l’avait faite sienne, s’assurant qu’il avait bien vu quelque chose, ce soir-là, et qu’il devait en savoir plus. Il s’était persuadé que Murphy lui devait des explications, pourtant, @Severus Rogue n’était pas allé jusque-là, dans ses requêtes. D’abord, la délation n’avait été exigée qu’aux enfants, pas vraiment aux adultes. Ensuite, il avait demandé à ceux qui savent quelque chose ou qui ont participé à cette mascarade d’écrire ce qu’ils souhaitaient sur le parchemin. Malachy s’en souvenait bien, ça résonnait presque encore dans son crâne. C’était un ordre suffisamment flou pour pouvoir tout et rien dire, pour que Malachy, et d’autres avec lui, puisse y accrocher ce qu’ils voulaient. Ainsi, s’il avait vu Hekate et Engel entretenir une relation amoureuse, il devait le dire, quand bien même ça ne relevait pas d’un ordre direct du Patron.
Une soumission active. Comme Tibère qui roulait sur le dos, les quatre pattes en l’air, plus vulnérable que jamais, à la merci d’Hekate qui le félicitait de son abandon total à son égard par quelques caresses. Si Malachy voulait soudainement fuir le bureau de sa collègue, c’était qu’il se rendait compte qu’à l’inverse de Tibère qui roulait de plaisir, il ne trouverait aucune satisfaction à ce qu’il allait faire. Il se soumettait au sadisme de son chef, sans y trouver le pendant de plaisir masochique qui allait d’ordinaire avec. Il avait lancé la machine, avait quitté son bureau pour joindre celui de sa collègue, et s’était même armé de son chien pour s’aider dans sa tâche. Il y avait donc eu préméditation, par Séléné. Et maintenant, Hekate lui proposait de garder son chien, et leur ouvrait une bouteille d’hydromel. Bloqué sur ses pattes arrière, Malachy ne savait plus comment fuir. La réponse qui s’échappa de ses lippes fut prononcée d’un ton désincarné, comme une réponse polie à une proposition qui l’était tout autant. « Pourquoi pas, je ne sais pas ce que je vais faire de lui, pendant la Lune, et je n’ai pas envie de le laisser seul. » Il aurait été ravi, pourtant, de trouver quelqu’un pour garder son chien pendant la Lune. Hekate aurait été parfaite pour le rôle, considérant que Tibère l’aimait déjà. C’était une inquiétude réelle, au vu surtout de l’imminence de la culminance de l’Astre. S’agissait-il toutefois d’une véritable proposition, qu’adressait Malachy à sa collègue ? Dans sa voix, on n’entendait aucune conviction, certainement parce que le sujet n’était pas là, et certainement aussi parce que cette proposition de garde de chien n’aurait plus lieu d’être dans quelques minutes, quand il aurait fini de déballer le propos qui l’amenait vraiment jusque son bureau.

Remarquant sans doute sa raideur, Hekate exigea qu’il s’asseye. Attrapant son verre, Malachy s’exécuta. Il avait été debout toute la journée, avec les enfants, et pouvait bien profiter du confort que lui proposait sa collègue, n’est-ce pas ? N’allons donc pas voir de la servitude partout. Il avait envie de se mordre la queue tant il se détestait. S’il s’était vu dans un miroir, certainement ne se serait-il pas reconnu. Il devait être livide. Avec un peu de chance, Hekate aurait remarqué la rondeur de la Lune, et y aurait associé la pâleur du teint de son collègue. Avec un peu de chance, encore, l’hydromel lui donnerait quelques couleurs. Hekate trinqua, Malachy n’ouvrit pas la bouche, préférant laisser les dieux en dehors de l’affaire, et se contenta de lever son verre à la mention de l’Imbolc. Sans doute Rogue savait-il choisir ses dates, pour ses annonces, drôle de façon en tous cas pour les deux irlandais qu’étaient Hekate et Malachy de fêter le renouveau après l’hiver qu’en commençant par une session de délation. Il laissa glisser une gorgée d’alcool au fond de sa gorge, alors que la jeune femme tentait d’extirper hors de lui la raison de sa présence. Malachy pouvait lui accorder cela : en plus de ne rien avoir à faire dans son bureau, il était méconnaissable. Silencieux, mal à l’aise, son attention était fixée sur Tibère et son nouveau compère, donc il ne se souvenait plus le prénom. Se connaissaient-ils déjà ? Le chat était-il venu visiter ses appartements sans qu’il s’en rende compte ? Il ne les avait jamais vus ensemble, ils avaient pourtant l’air de déjà se connaître. Tibère lui cachait-il des choses, lui aussi ? Malachy s’appliquait à éviter le regard de sa collègue, qui lui demandait s’il avait su avant elle la demande que leur ferait Rogue. Sans l’interrompre, il murmura, secouant le crâne de droite à gauche : « pas du tout ». Alors qu’elle mentionnait les collègues dont elle était le plus proche, et dont elle n’avait pas encore eu l’opinion, Malachy cherchait comment formuler son propos. Ça allait être à son tour de parler, et il n’était pas certain qu’Hekate ne puisse pas déjà entendre son cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Elle mentionnait la taille de Nott et de Lemony, et Malachy la regarda, interrogateur ; il ne l’écoutait pas, alors il ne comprenait pas ce qu’elle disait. Qu’est-ce que ça venait foutre là ? Il préféra ne pas demander, certain que ça avait bien un sens, et certain aussi que quand bien même Hekate se répèterait, il ne comprendrait pas mieux. Il faut faire comme avec un pansement, songeait-il. L’arracher d’un coup. Il avala une seconde gorgée d’hydromel, et s’autorisa finalement à regarder la jeune femme, qui semblait désormais menacer ses collègues. Qu’avaient-ils fait, déjà ? Il secoua le crâne, déposa le verre sur la table, et s’accouda des deux bras sur le meuble. Un instant, il plongea la tête vers le bas, ses mains venant se nouer derrière son crâne, avant de retrouver finalement le regard de la jeune femme. « Tu … Tu couches simplement avec Bauer, hein, Murphy ? » Les mots étaient sortis de sa bouche, doucement d’abord, comme hésitant. Le doute, toutefois, était clairement placé. Il ne s’agissait pas de savoir si oui ou non Engel Bauer et Hekate Murphy avaient couché ensemble. Malachy en était certain, il n’avait aucun doute, là-dessus. Son questionnement, la raison de sa venue dans son bureau ce soir-là, résidait ailleurs. Il fallait encore qu’il ajoute une précision, pour ensuite ne plus avoir à poser de question, et pouvoir se la fermer, et rentrer, dans sa niche, la queue entre les jambes : « Tu couches simplement avec lui, tu ne montes pas des chorales propagandistes pour nourrir ses clips dignes des meilleurs régimes totalitaires ? » Il y était allé un peu fort, sa voix se faisant plus rauque et plus précipitée alors qu'il critiquait ouvertement le musicien, mais il devait admettre éprouver aussi un certain ressentiment à l’égard de Reissen, pour l’avoir mis dans pareille posture. Il aimait beaucoup le groupe, mais il était aussi professeur d’Histoire, et ce genre d’imaginaire était difficile à avaler. Le Château se déchirait, et si Rogue avait été le commanditaire de la délation, Reissen avaient été ceux qui avaient utilisé des enfants pour faire passer leur message, et @Engel Bauer le premier, en tant que meneur du groupe. Pourquoi donc avaient-il eu recours à cela ? La symbolique était nette, même sans eux. La critique de Harry Potter, la célébration de Lucius Malefoy était facile, même sans faire chanter des mômes.

Ne restait plus désormais qu’Hekate lui dise que oui. Que ce n’était que ça. Qu’une histoire de robe rouge et d’étincelle, rien de plus. Pas d’enfants impliqués, pas de chorale, pas de secret d’état que Malachy devrait garder. Il avait trop peur d’en être incapable, si Hekate admettait avoir participé au montage du concert. Trop peur de céder à l’affreuse tentation de la servitude.


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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
hiboux : 657
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Mer 15 Juil - 7:18
Les yeux révolver


ft. @Malachy J. Lyons ( 1 661 mts )
Tibère, aussi pataud soit-il, lui avait donné une parfaite excuse pour dissimuler son malaise qu'avait suscité la visite aussi impromptue qu'étonnante de Malachy. Malheureusement et à regrets, il lui fallut cependant laisser aux câlins de Selkkie l'adorable chien pour revenir prendre le rôle d'hôte qui lui incombait à présent qu'elle l'avait invité à entrer. Comme elle aurait aimé pouvoir agir envers le sorcier avec la même aisance que son chat avec le bouledogue. Peut-être pas au point de frotter son visage contre le sien, soyons sérieux, mais sans devoir se forcer à feindre ce naturel qui sonnait si faux à ses oreilles, tant la surprise de la visite avait été grande. En fait, elle avait peur. Oh, pas de lui, il était d'une douceur étonnante. Non, elle avait peur de ce que tout cela pourrait annoncer. Après hier, elle avait senti poindre une angoisse latente quant à ce que l'avenir pourrait réserver. Wilson avait vendu des élèves comme autant de poupées de propagande et voilà que désormais, on encourageait une délation éhontée sur des esprits manipulables. Le mal par le mal. Et ensuite quoi ?

Quoi que préférant au mieux éviter les couloirs bondés, elle n'était pas sourde. Elle avait parfaitement entendu les élèves murmurer lorsqu'ils avaient enfin été autorisés à quitter la Grande Salle. Les spéculations allaient déjà bon train. À qui mieux mieux, on balançait des noms. Et si c'était untel ? Mais non, pas possible. Par contre, untel, peut-être ? Les retombées de la manœuvre abjecte de leur patron se faisaient déjà sentir, à peine vingt-quatre heures après l'annonce et Hekate aurait parié tout ce qu'elle avait que certains s'étaient assurément servi du petit bout de papier glissé sous leur gobelet pour régler des comptes futiles d'adolescents. Le corps enseignant était payé pour apprendre à vivre, à ces gamins encore si malléables, si sensibles à la suggestion. À se comporter en société, à gérer leur rapport à eux et aux autres. Quelle image tout cela donnait-il. Qu'au moindre doute, qu'au moindre soupçon, il était préférable de tout rapporter à une autorité supérieure et de soumettre leurs camarades à une sanction dont ils ignoraient tout ? Pire encore, que ladite autorité pouvait exiger d'eux une soumission totale si quelque chose venait contrecarrer ses idées ?

Et les doutent se porteraient-ils bientôt sur les professeurs, si les réponses des élèves ne donnaient rien de concluant ?

Rien que d'y penser, la jeune femme sentait la nausée de la veille revenir au galop et pour s'en détourner, elle attrapa la bouteille d'hydromel, invitant le jeune homme à s'asseoir alors qu'elle leur servait deux verres. Elle n'avait rien à se reprocher. Que risquait-elle ? Il y avait fort à parier que la visite de Malachy n'ait strictement rien à voir avec les événements actuels. D'ailleurs le voilà qui acceptait sa demande, lui affirmant qu'au plaisir, elle pourrait garder son chien pour la pleine Lune à venir. C'était ça. Il venait simplement s'assurer d'avoir un abri pour Tibère le temps de son absence.

Verre en main, la sorcière retrouva le confort de son fauteuil, où elle se cala confortablement. D'abord une jambe, elle finit par replier les deux sous elle, tordant son corps pour appuyer son dos contre l'accoudoir et déposer sa boisson en équilibre précaire sur le dessus de son genou.

" Si tu veux. On vient de me ruiner le seul sabbat avant un moment, alors je suppose que je pourrais garder Tibère. Quant à te le rendre une fois terminé, je n'ai pas encore décidé."

Après tout, elle était certaine que le chien ne pourrait être plus heureux qu'avec elle. Quoi qu'elle ne doutait pas de l'amour tendre que portait Malachy à l'animal, à voir Selkkie se rouler contre lui en ronronnant, elle esquissa un sourire. Visiblement, ils avaient déjà fait connaissance. Et elle qui pensait que dans ses balades journalières, son chat se contentait de rôder autour des cuisines ou de froufrouter sur les élèves qui tenteraient de le caresser. Quel sale petit cachottier. Il s'en allait visiblement faire les yeux doux au nouveau compagnon de son collègue. Tiens. Peut-être que ça plairait à Severus Rogue, de savoir que son chat ne faisait pas ce qu'on attendait de lui lorsqu'il était sans surveillance. S'il voulait jouer les Big Brother, autant étendre sa surveillance à tout être vivant dans le château. Si elle n'avait pas eu aussi peur du licenciement, elle lui aurait envoyé un rapport détaillé des faits et gestes de Croustille, histoire de lui montrer un peu la stupidité de la chose. Mais elle doutait qu'il puisse apprécier la plaisanterie.

Et parce que cela lui trottait dans la tête depuis un moment, elle ne put s’empêcher d’aborder la veille. Peut-être pour s’assurer que lui non plus n’avaient pas eu connaissance de ce qui se tramait, et qu’elle n’avait pas été exclue d’une petite réunion de collabos qui se serait tenue derrière son dos. Mais la réponse de son compatriote acheva de la rassurer. C’était donc quelque chose qui s’était fomenté entre Severus Rogue et Severus Rogue. Si elle ne doutait pas que le pauvre avait l’habitude de faire les choses en solitaire, pour une opération de cette envergure, il aurait été préférable de consulter ses subalternes en amont.

“ Surprise générale, donc. Je… Hé ? Tout va bien ? ”

La mine blafarde de Malachy lui fit froncer les sourcils, et elle se pencha légèrement en avant. L’avancée de la pleine lune était-elle en train de torturer ainsi le pauvre homme au point de rendre son teint presque aussi blême que le sien ? Ou bien était-ce l’hydromel qui se révélait trop fort ? L’un ou l’autre, il déposait déjà son verre pour enfouir son visage dans ses bras et l’inquiétude teinta la voix de l’irlandaise.

“ Si tu ne te sens pas bien, tu devrais éviter de boire… Tu veux que j’aille te chercher de l’eau, plutôt ? ”

Pas de réponse. Hekate allait se lever lorsqu’enfin il se décida à se relever. Leurs yeux se croisèrent. Et si elle n’aima pas ce qu’elle pû y lire, les phrases suivantes se chargea de l’achever.

“ Tu… Tu couches simplement avec Bauer, hein, Murphy ? Tu couches simplement avec lui, tu ne montes pas des chorales propagandistes pour nourrir ses clips dignes des meilleurs régimes totalitaires ? ”

Ow. Hekate se figea sous la suée froide qui dévala lentement le tracé de son dos. Immobile, pétrifiée, elle en oublia même pendant quelques longues, interminables secondes comment respirer et ses yeux déja grands s’étirèrent un peu plus, trahissant la fébrilité qui agitait ses pupilles. La nausée revint, violente, assassine, lui rapportant l’amertume de la bile jusqu’au creux de la gorge, la forçant par réflexe à serrer les lèvres autant que les doigts sur son verre. Ses jointures blanches en devinrent blêmes. Il savait. Mais comment ? Personne n’était au courant. Personne ne POUVAIT être au courant. Ô Morrigan, Ô Dagda, Ô Lugh. Ô Dieux.

La compassion pour son collègue s’envola brutalement.
Boire. Vite.
D’un geste à la lenteur mécanique, elle apporta son verre jusqu’à elle, et en sirota lentement une gorgée. La morsure de l’alcool lui fit plus de mal que de bien, accentuant l’amertume de sa gorge. Et elle éclata de rire. Elle aurait voulu son hilarité d’un naturel désarmant. Comme celle provoquée par une excellente blague, ou un quiproquo amusant. La réalité était que ce n’était ni l’un ni l’autre, et qu’il sonna comme du verre crissant à ses oreilles. Et tout avait été balayé par son corps, qui s’était de nouveau ramassé sur lui-même, comme si le périmètre du fauteuil lui assurait une cachette particulièrement efficace et qu’un centimètre de peu à l’extérieur causerait sa perte.

Faux, Hekate. Si faux.

“ Quoi ? Qu’est-ce qui te fait dire que je couche avec Engel Bauer ? Tu ne penses pas qu’il a autre chose à faire que de chercher à mettre dans son lit une simple enseignante ? Je veux dire… Il est célèbre. Sa chambre doit être remplie de petites culottes trempées de larmes. Il a autre chose à faire. J’ai autre chose à faire.”

Et voilà qu’encore, elle parlait trop. En bouée de sauvetage, son attention se reporta sur Tibère et Selkkie, que le rire de la jeune femme avait fait se dresser sur ses pattes. C’était plus facile de mentir, si elle ne le regardait pas dans les yeux. Il avait de beaux yeux. D’un joli bleu de ciel d’automne. Un peu plus clair que ceux d’Engel. Connard d’Engel, d’ailleurs.

“ Oh… Est-ce que c’est parce que je lui ai parlé, au bal ? C’était une conversation sans intérêt, tu sais.”

À regarder son chat, son adorable idiot qui s’était remis de sa frayeur pour recommencer à papouiller son nouvel ami, le coeur de l’enseignante se calma peu à peu. Il fallait être réaliste. Il ne pouvait pas être au courant. À moins d’avoir été dans cette chambre immense, ce soir-là Et elle était persuadée que ça n’était pas le cas. Quelle preuve pouvait-il apporter à ses propos, si ce n’est une conversation le soir du bal, conversation dont il ne pouvait assurément pas avoir saisi la teneur. Cela aurait tout aussi bien pu être un échange de fan à artiste. Quelque chose qui se produisait sans doute tous les jours.
Ouah. Sur ce coup-là le déni fonctionnait super bien.

Elle inspira un coup, et finit par se résoudre à confronter son regard à celui de Malachy, avide de réponses.

“ Mais non. Je ne fomente pas des chorales prônant le renversement du ministère et une oligarchie sang-pur. En fait, je pense être la moins bien placée de tout le château, pour ça. Je suis sang-mêlée, verbena et polythéiste. Ils n’aiment pas trop les gens comme moi, ces types-là Quel aurait été mon intérêt, dans cette histoire ? Ne laisse pas Rogue te mettre la tête à l’envers comme ça, mon chat. Ça pourrait mal se finir. ”


lumos maxima

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Jeu 30 Juil - 23:48




Les yeux revolver
Un lundi soir, au mois de février 2004, jour 26 du Cycle Lunaire

La question posée, il sembla à Malachy que pour quelques instants, il pouvait finalement respirer. Tout était désormais entre les mains d’Hekate. Elle lui dirait qu’elle n’avait rien à voir avec l’affaire, que le concert n’était le fait que de son amant, et il oublierait la scène sans mal. Il s’excuserait, même, d’avoir osé envisager ce qu’il avait envisagé, il finirait son hydromel d’une traite, en signe de soulagement, et tout serait bien. Dans quatre jours, il lui amènerait Tibère, et ils parleraient de tout autre chose. Tout serait bien.

Tout aurait pu être bien, mais tout ne le fut pas. La réponse de la jeune femme sembla lui couper les pattes. D’abord, elle rit. Elle rit si fort qu’il lui fallut agripper son verre et écarquiller les paupières tant il ne pouvait croire ce qu’il voyait. Elle riait tant, de façon si décalée, qu’il ne put rire que rire avec elle, il lui offrit un écho de quelques notes, comme forcé de l’attraper au vol. Il n’y avait toutefois derrière son rire aucun humour, aucune hilarité, pas plus qu’il n’y en avait dans celui d’Hekate, il en était certain. Pourquoi riait-elle, alors ? Qu’avait-elle trouvé à son propos qui méritât pareille exclamation ? Malachy ne lui demanda pas, trop inquiet : la réassurance qu’il avait trouvée, l’espace de quelques instants, s’était déjà évaporée. Et puis, dans la foulée, comme s’il l’eut attendu, comme si c’était ce que ce rire annonçait, Malachy se prit une seconde claque dans la gueule : Hekate nia tout, en bloc. Non, elle ne couchait pas avec Bauer, pas du tout, et elle justifiait cela par l’idée qu’ils avaient tous les deux mieux à faire … Qu’est-ce que cela voulait même dire ? Il cherchait son regard, tentant d’y trouver une forme d’explication, mais elle le fuyait en fixant leurs animaux avec obstination. Malachy avait l’impression de vivre dans une réalité alternative : il n’avait pas imaginé qu’elle puisse mentir. Il n’avait pas envisagé qu’elle puisse avoir pareil culot que d’oser cela. Parce que de son côté, il n’avait aucun doute, aucun : elle et Bauer couchaient ensemble, c’était certain. Elle aurait pu mentir sur tout, mais pas sur cela ; et pis que cela, elle insistait ! « Oh… Est-ce que c’est parce que je lui ai parlé, au bal ? C’était une conversation sans intérêt, tu sais », qu’elle disait ! Malachy eut pu s’étouffer si sa bouche n’avait pas été absolument asséchée par l’hydromel. On l’a dit : ce n’était pas là que résidait le doute qui l’avait fait pousser la porte des appartements de l’enseignante. Il était certain qu’ils couchaient ensemble, mais il ne voulait pas croire qu’elle avait commandité le concert. Mais alors, quand, enfin, elle s’appliqua prouver par différents biais qu’elle n’aurait jamais participé à l’élaboration du clip, Malachy ne pouvait plus l’écouter ; ou plutôt, il ne pouvait plus la croire, parce qu’elle avait menti. Et alors qu’elle terminait sa diatribe, alors qu’elle disait : « Ne laisse pas Rogue te mettre la tête à l’envers comme ça, mon chat. Ça pourrait mal se finir », sa mâchoire se serrait. Comment la croire, désormais ?

Malachy siffla son chien et le tira vers lui, comme ne voulant pas qu’Hekate se serve encore de lui pour ne pas le regarder. Il voulait qu’elle assume la scène qu’elle venait de lui tenir – et qu’il avait sans doute provoquée. Il cherchait par où commencer, comment répondre, et plus les secondes passaient, plus ses dents se serraient. Il glissa, presque pour lui, mais ne pouvant se l’empêcher : « tu me prends pour qui, Murphy ? – son ton avait largement changé, depuis suppliant il était devenu implacable. D'abord tu me mens, et ensuite tu me menaces sous couvert de petits surnoms mignons ? Tu m'as pris pour ton chien, Murphy ? » S'il avait été chien, justement, il aurait sans doute aboyé. Entre ses pattes, Tibère reniflait, l'air de le supplier de ne point trop hurler à la Lune. « Je suis venu sans proférer aucune menace alors que ça aurait été facile de le faire. J'étais à peu près certain que c'était la Lune qui me faisait péter un plomb, en venant te voir. Tu l'as dit, t'es Verbena, polythéiste et je ne sais quoi encore, qu'est-ce que tu irais foutre à organiser l'anniversaire d'un des plus grands meurtriers de ce siècle ? » Malachy semblait laisser échapper de la fumée de son crâne. Ses yeux se faisaient rouges, et il tira sur le col de sa chemise pour tenter de se dégager un peu d'air. Il en arracha les deux premiers boutons sans le vouloir. Ils firent un bruit sec en tombant au sol. « Mais en fait, en plus de coucher avec Bauer, tu mens quand je te demande de me dire que c'est que de la nique. Putain, je suis venu la queue entre les jambes, Murphy, parce que je m’en voulais tellement de penser ça de toi … T'avais la main, et tu me fais ce coup-là ? » S’il lui en voulait, c’est parce qu’elle ne lui épargnait rien. Si elle se continuer de se justifier aussi mal, si elle ne parvenait à le convaincre, il ne savait pas s’il pourrait, de son côté, brider ses désirs de soumission.  Le soumis de Severus Rogue, son petit masochiste. Son chien. La faute à son instinct animal, à quatre jours de la pleine Lune. Foutue Lune. Putain de foutue Lune.

Mais si ce n’était pas que de la nique, c’était quoi, alors ? De l’amour ? Hekate Murphy, puisque désormais définie comme amoureuse transie d’Engel Bauer, décidait d’embarquer avec lui dans son aventure propagandiste, et d’y attirer les gamins de la chorale de son école ? Par Séléné, était-ce donc vraiment cela ? C’était l'explication qui s'imposait désormais à Malachy. La réponse vers laquelle la brune le poussait, à force de mensonge et de menaces. Il tira un peu plus Tibère vers lui, refusant désormais que Murphy puisse approcher ses doigts arachnéens de lui. Aurait-elle pu ? Était-ce donc cela ?

Il devait partir. Si elle rajoutait un mot, un seul mot de travers, il ne pourrait s'empêcher de tout balancer au Patron. Il deviendrait alors un rat, un putain de mouchard. Un délateur. Il ne pouvait se l'autoriser. Alors, il se leva, Tibère dans son ombre, et se dirigea sans rien dire vers la porte.

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Hekate R. Murphy

Hekate R. Murphy
MEMBRE
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Ven 30 Oct - 1:48
Les yeux révolver


ft. @Malachy J. Lyons ( 1 034mts )
Sur ce coup-là elle n’avait pas été fine, elle était dorénavant forcée de le reconnaître. Sans nulle doute aurait-elle dû voir venir l’explosion de colère de Malachy, propagée par un je-ne-sais-quoi dans l’air comme une traînée de poudre. Trompée par son calme, elle s’était bercée d’illusions, estimant que cette conversation n’était qu’amicale. Qu’une simple visite de courtoisie comme ils en avaient peu. Oh, bien évidemment, la jeune femme avait été surprise. Elle et Malachy n’étaient pas vraiment proches, pas comme elle pouvait l’être d’autres mais son besoin de compagnie avait émoussé sa prudence et lorsque la question fatidique avait été posée, elle n’avait pas compris que de sa réponse dépendrait le reste de la soirée. Pire encore, elle avait été trop lâche, trop peureuse pour oser proférer autre chose qu’une défense minable d’un humour douteux qui n’avait non seulement pas réussi à berner son collègue mais qui en plus l’avait enflammé, renvoyant loin, très loin, le calme dont il avait fait preuve jusqu’à présent. Stupide Hekate. Stupide choix. Comme toujours. Comme tout ce qu’elle avait décidé jusqu’à présent, c’était la pire chose à faire.

La surprise lui avait fait reposer son verre. Sous l’ire furieuse du loup, elle s’était repliée encore un peu plus sur elle-même, emprisonnant ses genoux maigres de l’étau de ses bras. Sa peau bouillonnait de tics nerveux t la sorcière se surprit à amorcer un geste vers sa bouche pour laisser ses dents mordiller l’ongle de son pouce, écaillant le vernis rouge. Tibère était reparti vers son maître et il la laissait seule maintenant, contrainte et forcée d’assumer un choix qui, sur le moment, lui avait semblé le plus judicieux.

Tu m'as pris pour ton chien, Murphy ?
-Je n’ai pas dit ça.

Sa voix était étonnamment calme, compte tenu de la fanfare infernale qui hurlait dans son crâne. Elle aurait bien aimé pouvoir crier, elle aussi. Qu’il ne la connaissait pas. Qu’elle ne le connaissait pas. Qu’il n’avait aucun droit de venir ici et d’exiger une vérité qu’elle-même n’était pas prête à donner. Pour qui est-ce que lui se prenait ? Qu’à l’évidence, il n’était venu ici que dans la simple optique de lui poser des questions qui ne le concernait pas et qu’il avait, comble du sujet, le toupet d’amener son chien en espérant qu’elle tomberait dans le panneau ? Mais une mauvaise décision à la fois. Hurler ne calmerait pas l’angoisse naissante qui grossissait furieusement à chaque nouvelle phrase de Malachy. Pire encore, cela n’aurait que pour effet d’empirer sa colère. S’il franchissait la porte maintenant, qu’est-ce qui pourrait bien se passer ?  

Selkkie feula. Le dos rond, les yeux réduits à une mince fente agressive, il lui semblait réagir bien plus violemment aux propos qui touchaient sa maîtresse. Et au grondement sourd qui semblait rouler dans sa gorge, Hekate aurait juré entendre celle de Malachy y faire écho. Elle poussa l’animal du bout du pied. Il recula. Mais ses yeux d’ambre ne quittèrent plus le jeune homme contre qui, quelques minutes plus tôt, il se frottait avec bonheur.
Les mains d’Hekate ne parvenaient pas à trouver un emplacement où se poser. Ses cheveux. Ses genoux. Ses lèvres. La sidération de la situation continuait de s’atténuer. Et quoi, ensuite ? Elle allait se mettre à pleurer ? Très honnêtement, la frontière était mince. Elle était fatiguée. Epuisée, même. Inquiète. Et en colère. Oui. C’était ça. La colère dominait. Alors, tandis qu’il tournait les talons pour regagner la porte, Tibère sur les talons, Hekate s’était levée.

“ Ca suffit ! ”

Elle avait tangué sur ses jambes engourdies.

“ Tu vois des menaces où il n’y en a aucunes. Tu viens chez moi. Tu t’invites chez moi. Et tu te permets en plus de me faire un caprice ? ”

En ponctuation de la bêtise de la situation, elle écarta les bras.

“ Oui. Tu as gagné. Félicitations. Je couche avec Bauer. C’est ça ? C’est ça que tu voulais que je te dise dès le départ, Lyons ? Et bah voilà. T’es au courant, bien joué, tu as tout remarqué. Est-ce que tu as une idée de combien c’est grave, ce truc-là Tu viens ici, en espérant que je te confie quelque chose comme ça, mais toi ? Tu ne serais pas là si tu n’avais pas des soupçons, si tu n’avais pas peur que je sois celle qui ait commandité cette connerie de chorale. Et pour quoi, d’ailleurs ? Par amour ? Parce que je suis tombée sous le charme de je ne sais quel rockeur aux principes dégénérés, j’aurais abandonné toute conviction ? Par les dieux, pitié. Crie-moi dessus si tu veux, mais ne me fais pas l’affront de m’insulter de la sorte. ”

Hekate soupira. Elle passa ses mains sur son visage, étalant un peu plus le khôl noir de ses yeux. Ils étaient stupides. Le château partait à la dérive. Deux élèves avaient été renvoyés. Et ils s’engueulaient comme des enfants. Le temps d’une seconde, elle se pencha vers son verre pour en terminer le contenu. La brûlure de l’alcool eut au moins le mérite d’adoucir son ton.

“ Je suis terrifiée, d’accord ? J’ai aucune idée de ce qui se passe et ça me fout les jetons. Toi mieux que quiconque devrait savoir ce que ça fait d’être pris entre deux feux. Alors ouais. Je t’ai menti. Parce que je n’ai aucune idée de ce qui pourrait arriver si jamais on apprenait que je couche avec Engel Bauer. Ou plutôt… Si. Je sais. Il se passerait exactement ce qui est en train de se passer ici. Je n’ai rien à voir avec cette chorale, mais hé, qui ça intéresse ? On pourrait me virer pour ça. Ils n’auraient aucun droit de faire ça, ça ne serait pas juste, mais tu trouves que jusqu’à présent, les décisions prises par Rogue l’étaient, justes ? Que renvoyer ces deux gamins pour une bêtise, ça l’était ? Moi pas. Je n’ai pas envie de perdre ma place, Lyons. En dehors de Poudlard, je n’ai rien. Strictement rien. La confiance, c’est dans les deux sens, Malachy. Comment peux-tu venir ici et demander la mienne alors qu’à tes yeux, je n’ai visiblement le droit qu’à de la suspicion ?"
lumos maxima

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Jeu 5 Nov - 23:13




Les yeux revolver
Un lundi soir, au mois de février 2004, jour 26 du Cycle Lunaire

Malachy était colérique par nature. C’était ainsi qu’il avait été élevé : par des gens eux-aussi colériques, avec lesquels il fallait parfois marcher sur des œufs pour ne point déclencher leur fureur. Suivant leur modèle, il montait facilement en tension, et n’avançons point encore la Lune, car vous en aurez déjà compris le principe ; plus elle est ronde, plus elle est exigeante. Il se félicitait toutefois de ne point laisser apparaître ce trait de caractère face à ses louveteaux qui lui semblaient ne jamais mériter pareille colère. Ils étaient sans doute trop jeunes, trop innocents, il paraissait qu’il ne les trouvait jamais là où il ne les attendait pas. Car c’était cela qui, le plus souvent, déclenchait son ire : être confronté à quelque chose auquel il ne s’attendait pas. Une réponse à la peur, en somme. Au hérissement des poils de sa nuque. C’était ce qu’avait provoqué Hekate par son mensonge absolument éhonté qui le poussait, croyait-il tout du moins, à devoir la balancer à leur Patron ; perspective absolument terrifiante. Pas parce que Severus Rogue fût un personnage particulièrement inquiétant, mais parce que l’idée de balancer quelqu’un était absolument contraire à ses principes. Pourtant, cette irrémédiable force dont on a déjà parlé, celle à se soumettre, le poussait vers cela. Ne pas savoir y résister l’effrayait et déclenchait par là cette colère.

Hekate sut y faire, toutefois. Comme pour interrompre un enfant en plein caprice, ou pour faire taire un chien qui aboie trop fort, elle s’exclama : « ça suffit ! » alors que Malachy s’apprêtait à quitter la pièce. Elle avait été sèche, suffisamment pour interrompre le geste qu’il entreprenait vers la poignée, et pour qu’il semble comme arrêté par un petrificus totalus, encore incapable de se retourner vers elle. La tirade qu’elle lui asséna ensuite parvint à finir de tendre le moindre de ses muscles, jusqu’à ce qu’il lui semble ne plus même pouvoir tourner le cou. C’est son corps entier qui dû entreprendre un demi-cercle pour qu’il puisse lui faire face, alors qu’elle avouait, finalement, ses intimités avec Bauer. Ses yeux cherchèrent le sol quand elle le mit, sans merci, face à ses velléités collaborationnistes qui faisaient saigner son cœur d’historien. Et alors qu’elle soufflait, alors qu’elle passait sa main sur son visage, ses dents se serraient au point qu’un goût métallique vint envahir sa bouche ; il s’était mordu la langue. Quel idiot. Quels idiots. Elle termina son verre d’une traite, il regretta d’avoir déjà fini le sien. Comment en étaient-ils arrivés là ? Tibère tournait sur lui-même, cherchant que faire, où se tenir, sur quelle patte danser. Malachy continuait d’écouter, considérant qu’Hekate n’en avait sans doute pas finit de lui. Et puis, cette phrase. « Je suis terrifiée, d’accord ? » Il avala sa salive. Lui aussi. Par Séléné, il n’avait pas eu aussi peur depuis un moment, et semblait ne le réaliser que maintenant. Pourtant, ce n’était pas lui qui avait couché avec Bauer. Pas lui qui était menacé d’expulsion ni vendu par un collègue qu’il avait pu voir comme un allié. Plus lui qui devait se cacher parce qu’il était né-loup. Il avait cru avoir pu abandonner cette peur à ces temps malheureux. Il lui semblait que sans comprendre comment, il y revenait. Hekate le soulignait avec justesse, et elle éclairait d’un rayon quasi-lunaire le point qui aurait dû se situer au cœur de leur conversation : l’injustice des décisions prises par Rogue. Celle de renvoyer des enfants bien sûr, mais ici, aussi, celle de monter des collègues les uns contre les autres, et pire encore, celle de pousser des enfants vers la délation des leurs.

Il la crut sur parole ; il n’en avait jamais douté, d’ailleurs. Si elle lui disait qu’elle avait couché avec Bauer, mais qu’elle n’avait rien à voir avec la chorale, il la croirait. Elle soulignait que la confiance ne fonctionnait pas comme ça, qu’elle avait besoin que ça fonctionne dans les deux sens. Il n’avait pas l’impression de la comprendre ; il ne lui avait pas demandé sa confiance, il lui avait demandé son honnêteté. Elle disait la vérité, ou elle mentait. S’il faisait la comparaison, son secret à lui, celui d’être Loup, n’avait jamais été une question de confiance. Il avait été question de ceux auxquels il mentait, et de ceux auxquels il disait la vérité. Il aurait confié sa vie à des gens qui ne savaient pas qu’il était lycanthrope, et au contraire, savait que certains de ceux qui savaient cette vérité aurait pu la lui faire payer de sa vie.

Malachy, comme miroir d’Hekate, déesse lunaire s’il en était bien une, passa sa main sur son visage, masquant ses yeux un instant, tirant la peau de ses joues trop barbues. « Je suis terrifié aussi, Hekate. Rogue a demandé aux louveteaux de se dénoncer entre eux. Le rappel à la Guerre est presque trop évident, et je n’ai pas pu … Séléné, je n’ai pas pu faire autrement que déterminer que si un adulte était coupable, les enfants n’avaient pas à l’être. » C’était monstrueux. Il était monstrueux, et pire que cela encore, il ne pouvait pas continuer de se justifier avec son astre. La Lune ne pouvait pas excuser toutes ses élucubrations malencontreuses. Il devait assumer ses mots en la laissant en dehors de ça. Hekate méritait mieux que des excuses à moitié assumées par un satellite dans le ciel. « Excuse-moi. S’il te plaît, excuse-moi. Je le savais. Je n’avais pas besoin de venir là pour le savoir, que tu n’avais rien à voir là-dedans. Tu as toute ma confiance, Hekate, que j’ai la tienne ou non. C’est ce regard, ces étincelles, entre Bauer et toi, qui a insinué ce doute. Il n’avait pas sa place, je m’excuse. » Il traversa la pièce, se servit un nouveau verre d’hydromel, et remplit aussi celui de sa collègue. Derrière lui, le chat continuait de feuler, et lui résistait contre l’envie irrésistible de lui montrer ses crocs. Parfois, il n’aimait pas les chats. Manifestement, cette nuit était de ces fois-là. Il but une gorgée de l’hydromel, trop doux au regard de l’ambiance électrique qui régnait dans la pièce. « Je ne dirai rien, pour Bauer. Il n’y a rien à dire, de toute façon. » Il n’avait pas grand-chose à rajouter. Tibère et lui se tireraient de là, après avoir déposé leur bombe. Il termina son hydromel d’une traite.

« Ce Château a de la chance de t’avoir, Hekate. Séléné a de quoi être fière d’avoir pareille homonyme. »

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