Le visage de la blonde se fendit d'un grand bâillement horizontal alors qu'elle sortait des lugubres cachots. Le cours de Potions l'avait passablement assommée ; l'étude de la troisième loi de Golpalott dès le matin, disons qu'il y avait plus stimulant. Malgré toute sa bonne volonté, elle n'arrivait pas à se rappeler la formule exacte… Les yeux dans le vide, elle récitait chaotiquement dans sa tête, en gravissant les escaliers : la troisième loi de Golpalott établit que si un poison… Non. La somme des poisons moins l'antidote… Toujours pas. De toute façon, elle l'avait inscrite et encadrée à l'encre rouge dans son recueil de parchemins. Elle aurait bien tout le temps de l'apprendre par coeur, même si ça promettait d'être particulièrement laborieux. Heureusement, c'était la pause et Mona entreprit d'aller voir du côté de la Grande Salle - au cas où il resterait du thé fumé, elle en boirait une tasse avec plaisir. Dehors, la neige continuait de déposer ses flocons, et quoique le château fût isolé avec des enchantements, on n'était jamais à l'abri d'un fourbe courant d'air. D'autant plus que les cachots n'étaient pas exactement l'endroit le plus chaleureux… Elle frissonna en repensant à l'humidité qui suintait des murs verdâtres. C'était sans parler de l'inflexibilité du professeur Black.

Arrivant au bout de sa longue remontée vers la surface, la Blairelle dût se frayer un chemin à travers une foule d'élève qui obstruait l'escalier. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient tous là ? D'habitude, le hall était plus ou moins désert pendant les temps de pause… Tout en s'excusant à renfort de sourires et de contorsions agiles, elle parvint à s'extirper de la marée humaine. Alors, avec le recul, elle put apercevoir la source de cette agitation inhabituelle ; Hermione Granger se tenait à l'entrée des cachots, droite, le visage animé par mille et unes conversations à la fois avec les élèves qui l'entouraient. Un poids tomba dans son estomac et remonta directement jusqu'à son coeur - c'était elle, en vrai, là. Mona semblait pétrifiée par cette rencontre, bouleversée d'approcher de si près la femme qui était la raison même de sa présence à Poudlard. Celle qui avait rendu son avenir possible. Elle aurait voulu se précipiter, écarter chacun sur son passage et lui dire à quel point elle l'admirait et qu'elle ne pourrait jamais assez la remercier. Mais elle n'osa pas ; sans doute était-elle attendue pour une affaire importante, puisqu'elle s'était déplacée jusqu'ici. Et puis il y avait trop de monde… C'était ridicule. Une Serdaigle la dépassa, puis lui lança avec entrain :

« - Eh Yaxley, t'es dans la lune ? Elle lui fit un clin d'oeil. Dépêche, on va être en retard au cours de Métamorphose ! »