origins

Sans hésiter, il avait accepté toutes les conditions énoncées par le patriarche Yaxley. Sa mission était trop importante pour la bâcler ; il prit quasiment un mois entier pour se préparer à aller à la rencontre du clan des vampires nécromants, tapis dans la Forêt Noire, sur le sol germanique. Les enjeux étaient trop grands pour revenir vaincu plutôt que vainqueur ; il pourrait alors sceller son union avec Calixte Bones, sa reine-louve, sa favorite, son choix. Mais il n'était pas complètement dupe ; il savait cela un véritable sacrifice. Et aussi que l'appât du gain - qu'il concerne les finances des Bones ou l'obsession familiale de percer les mystères de l'immortalité - avait forcé son père à passer cet accord. Il quitta l'Angleterre le 5 juin 1981.

Il avait reparut en pleine après-midi à la frontière allemande, et une année s'était écoulée, à peu de choses près. Sans trop se rappeler comment, Harold Yaxley était parvenu à se traîner jusqu'à un petit village, où les habitants ne tardèrent pas à le remarquer. Un homme décharné, qu'on aurait dit qu'il avait traversé les neuf cercles infernaux, c'était impossible à rater. Rapidement, une équipe de médicomages fut dépêchée sur place et le transporta jusqu'à Sainte-Mangouste. Son identification ne laissait aucune place au doute, car miraculeusement, il avait conservé son portefeuille avec ses papiers d'identité.

« - Mon fils… Qu'as-tu trouvé, là-bas ? » interrogea Corban, avec un empressement dans son murmure. La seule réponse qu'il obtint fut un regard fou et un cri déchirant, comme si le jeune homme subissait la pire des tortures. Il demeura dans l'enceinte de l'hôpital pendant des semaines entières, surveillé par les psychomages et autres médecins pour jauger son état et sa capacité à pouvoir retourner, ou non, vivre dans la société. Sans être un danger pour lui-même, ni pour personne d'autre.

Physiquement, le dernier des Yaxley paraissait plus vieux. Marqué par son année d'errance, qui restait très vague dans les explications qu'il fournissait. Après que l'été fut passé, les spécialistes jugèrent qu'il était apte à regagner son domicile - ils avaient surtout insisté sur l'importance d'un suivi thérapeutique auprès de sa fiancée. Calixte était venue le voir tous les jours, dès qu'elle le pouvait ; son amour n'avait pas dépéri en son absence, ni en le retrouvant, même s'il semblait n'être plus que l'ombre de lui-même. Le traumatisme restait profondément ancré en lui, mais il apprendrait à vivre avec. Ils se marièrent le printemps suivant, et au coeur du mois de novembre 1986, ils annoncèrent la grande nouvelle : ils attendaient une petite fille.

First moon - 20 Septembre 1994

Elle s'en souviendrait toute sa vie, c'était certain. Et cela malgré son jeune âge ; seulement sept ans. Sa mère l'avait préparée assez tôt, bien avant que le soleil ne commence à décliner dans le ciel. Depuis une semaine elle lui répétait sans cesse les mêmes choses, un mélange audacieux de conseils et de mises en garde ; choisis des vêtements que tu n'aimes pas trop, assure-toi de rester près de moi, n'aie pas peur. Le dernier semblait plus facile à dire qu'à faire. Même si sa mère lui assurait qu'elle s'était déjà transformée auparavant. Seulement, elle s'en souvenait pas. Comme si elle pouvait conjurer la peur d'une simple phrase… Ca n'était pas si simple, elle le sentait bien dans son petit coeur qui battait la chamade à chaque fois qu'elle repensait aux bois des Hurlevent.

Car c'était là-bas, dans une clairière dissimulée par la densité sylvestre, qu'elle avait poussé son premier cri. Étouffé d'abord, il éclata en un hurlement strident, qui figea un instant la vie de la forêt. Chaque être, animal, végétal ou minéral, avait ressenti la venue au monde de cette nouvelle petite chose, et leur silence dans leur quotidien fourmillant marqua un certain respect pour l'événement. Calixte avait accouché entourée des membres de la meute ; pour elle, il était hors de question de bafouer la tradition de sa mère en demeurant au manoir. Son unique enfant, précieuse petite fille, serait liée pour toujours à ces terres, tout comme des générations avant elle. Mona tremblait jusqu'à l'âme en foulant le sol jonché de feuilles mortes. Elle leva ses yeux azurs avec appréhension vers l'éther ; bientôt.

L'astre d'argent baignait les bois d'une lueur éclatante. Tapie dans les fourrées, la petite blonde attendait patiemment le signal de sa mère. Celle-ci se découvrit, laissant tomber sa cape dans l'herbe humide. Les rayons de lune rebondirent sur sa peau nue, et un frisson la fit se recroqueviller. Des spasmes agitèrent son calme, tordant sa chair et la forçant malgré elle à la métamorphose. La splendide femme blonde avait troqué son allure humaine pour celle d'un lycan à la robe claire. Mona retint son souffle, eut le réflexe de se cacher et vit sa mère tendre une longue main griffue vers elle, comme un encouragement. C'était maintenant. Fébrile, elle s'exécuta sans réfléchir, hébétée, comme si elle était encore en pleine répétition quelques heures auparavant. D'un geste malavisé, elle vida le contenu d'une petite fiole et grimaça ; l'espace d'un instant elle eut un hoquet sonore, croyant qu'elle allait renvoyer la mixture d'où elle venait. Mais une inspiration profonde lui passa sa nausée et elle s'avança enfin vers la lumière nocturne.

L'odeur de l'humus emplit ses narines. Son regard fixait la lune droit dans les yeux ; et elle sentit un vertige l'engourdir. La forte sensation de tournis lui fit perdre l'équilibre et elle se mit à haleter bruyamment, d'un souffle rauque. Ses doigts s'enfonçèrent dans la terre meuble, crispés par la douleur brûlante qui ravageait ses os. Elle poussa une longue plainte, tandis qu'un frémissement dans les ombres lui fit relever la tête. Toute la meute était là. Sa vision se troubla dans les larmes qui s'écoulèrent sur ses joues, rougies par le froid et la lutte interne contre le loup qui dévastait son être. Alors des mots résonnèrent dans son esprit, d'abord lointains et puis plus nets : lâche prise. Mais ça faisait si mal… Lâche prise. J'veux plus faire ça… Lâche prise. J'veux que ça s'arrête… Lâche prise ! D'un mouvement brusque, elle se redressa à quatre pattes. Un hurlement glaçant vida ses poumons et se modula sur une tonalité lupine à mesure que son visage s'allongeait. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, les loups-garous de Hurlevent se tenaient autour d'elle, silencieusement fiers. Calixte félicita sa fille en lui léchant la joue, et le couple Alpha se mit à japper joyeusement, aussitôt imité par chacun. Ils galopèrent longtemps et loin cette nuit-là, se chassant à travers les arbres, rugissantes forces de la nature. Au loin, Mona aperçut un petit village dans la vallée. Elle espérait que personne n'avait eu trop peur...

only the shadows - Août 1999

« Monsieur le Directeur,

Si je me permets de vous écrire ce jour, c'est pour porter à votre attention une importante question. Voyez-vous, ma fille, Ramona Yaxley, souhaiterait entrer au collège Poudlard afin de poursuivre sa formation scolaire. Il se trouve que nous avons, mon mari et moi-même, assuré sa première année d'éducation en nous entourant des meilleurs tuteurs agréés par l'école.

Monsieur, je vais être franche ; ma fille est née loup-garou et c'est aujourd'hui l'objet de cette lettre. J'aurais souhaité qu'elle puisse poursuivre l'enseignement chez nous, mais puisqu'elle désire tant intégrer votre école, voici ma requête ; pourriez-vous exceptionnellement l'accueillir, et ce malgré sa condition particulière ? Sachez que nous mettrions tout en place pour lui assurer un séjour normal à Poudlard ; nous nous occuperons personnellement de lui envoyer du Tue-Loup et tout ce que cela requerra. Je souhaite personnellement que ma fille puisse bénéficier d'une existence sans être sans arrêt repoussée dans l'ombre sous prétexte qu'elle n'est pas « une simple sorcière ».

Nous espérons que cette lettre vous aura convaincu, Monsieur le Directeur, et nous attendons impatiemment votre réponse.

Calixte Yaxley »

La réponse parvint à la famille le lendemain. Furieuse, sa mère écrasa de rage le parchemin et le lança dans la corbeille. Lorsqu'elle eut quitté la pièce, Mona se faufila prudemment et défripa le message ; Rogue avait refusé.

sweet taste of victory - septembre 2000

Le 24 août 2000, la Loi Granger est promulguée auprès du grand public. Mona peut enfin rejoindre Poudlard en tant qu'élève. Elle entre en troisième année dans la maison Poufsouffle. Elle tient alors absolument à écrire à la femme qui a lutté pour les droits des êtres magiques, pour la remercier et lui faire part de son admiration.

« Mrs Granger,

Ma mère dit que vous devez beaucoup recevoir de courrier et qu'il ne faudrait pas que je vous embête. Mais comme je suis à Poudlard et qu'elle n'est pas là pour me surveiller… Je le fais quand même. Et puis ça n'est pas pour vous embêter ; je voudrais vous dire merci.

Vous voyez, si je peux vous écrire depuis le collège aujourd'hui, c'est grâce à vous et à votre combat. Ma mère m'a tout expliqué : cet été, vous avez réussi à demander une loi qui nous a aidé, nous, les loup-garous. Si je peux avoir une baguette, faire des études, penser au métier que je veux faire plus tard, c'est parce que vous avez décidé de nous donner la chance qu'on n'avait pas.

Merci beaucoup, Mrs Granger, vous êtes quelqu'un de bien.

Ramona Yaxley »

glimpse of faith - 12 février 2000

Les vacances scolaires d'hiver avaient dépeuplé progressivement le château. Ses parents lui avaient laissé le choix de revenir ou non ; mais elle savait qu'elle devrait rentrer. Son père était dans une phase d'angoisse aiguë, comme lui avait dit sa mère dans sa dernière lettre. Elles échangeaient beaucoup depuis sa rentrée en automne dernier, et bien franchement, c'était plus Mona qui demandait des nouvelles que l'inverse. Elle avait toujours été profondément inquiète de l'état de son père, même malgré elle. Alors, dans le Poudlard Express, elle s'assoupit quand le soleil s'effaça derrière les collines de la campagne anglaise. Elle tomba dans un sommeil si lourd qu'elle rêva ; la voilà qui passait le pas de la porte, riant avec sa mère qui était venue la chercher à la gare. Une délicieuse odeur de gâteau à la citrouille flottait dans l'air ; c'était leur petit rituel à elles. Leurs rires envahissaient la pièce et ricochaient en échos assourdissants - et l'ombre molle qui se balançait depuis le plafond de la cuisine suspendit leur joie.

Le sifflet strident du train la réveilla en sursaut ; l'image onirique imprimée dans son esprit la hanta sur tout le chemin du retour. S'il arrivait quelque chose à son père… Quand elle le vit installé dans le canapé, elle lui sauta au cou et le serra plus fort encore que d'habitude. Sans même prendre le temps de consulter sa mère ou de réfléchir elle lança : « - Papa ! Tu m'emmènes au Ministère, demain ? A ton travail ! » Les professeurs leur avaient conseillé de commencer à penser à leur future carrière, à ce qu'ils voudraient faire à la fin de leurs études. L'occasion était parfaite pour passer du temps avec lui, lui montrer qu'elle tenait à lui et qu'elle s'intéressait à son métier. Il n'en parlait jamais vraiment, en fait, comme si c'était un secret… Une lueur éclaira le regard éteint de Harold, et il acquiesça avec un mince sourire. Ses manifestations heureuses se faisaient rares, alors Mona se promit qu'elle ferait tout pour que ça soit une bonne journée.

Mais elle trouvait le travail des Oubliators affreusement déprimant. Pas étonnant que son père ne leur raconte jamais ses journées… Elle s'en voulait de penser ça, et faisait tout son possible pour repousser loin d'elle ses ressentis et se concentrer sur ce qu'il lui expliquait. En réalité, ce qu'il faisait était indispensable au bon fonctionnement de leur société. Même si cela devait le rendre malheureux, il s'exécutait, jour après jour, sans se plaindre. Quelle tristesse, de sacrifier sa vie sans jamais se questionner. Le coeur gros, elle suivit son père toute la journée et assista même à l'effacement de la mémoire d'une famille de Moldus qui était tombé nez à nez avec une harde de centaures lors d'une promenade en forêt. Son père était le protecteur de leur royaume, le gardien de leur tranquillité éternelle.

Avant de quitter le Ministère, il lui fit visiter les différents étages. En arrivant au Département de la Justice Magique, elle fut impressionnée par le grouillement interne ; les avions de papier volaient au-dessus de leurs têtes à la recherche de leur destinataire, les agents affairés à leur machine à écrire pianotaient des rapports, et des affiches de criminels recherchés affichaient des moues effrayantes ou hurlaient en silence. L'un d'eux, un chauve édenté, lui adressa un clin d'oeil malveillant et elle recula jusqu'à se cogner à quelqu'un ; en se retournant, la première chose qu'elle vit fut l'insigne doré étincelant mentionnant  « Auror ». Le Yaxley accourut, visiblement gêné « - Désolé Miss Roche, c'est ma petite fille, Ramona… » « - Tout va bien, Harold, assura la femme qui s'accroupit pour être à la hauteur de Mona. Bienvenue au Département de la Justice Magique, jeune fille. Tu es à Poudlard ? » « - Oui m'dame… » « - Bien. Elle lança un regard dur à l'homme de l'affiche, qui tentait de se cacher dans les coins. N'aie pas peur de lui… Elle baissa la voix. Tu sais, il a une trouille incroyable du noir. » confia-t-elle en lui souriant avant de s'éloigner. Comment ça, les grands méchants recherchés par la police magique avaient peur ? Étrangement, elle se sentait bien plus légère face à ces faciès décharnés. Comme si d'imaginer qu'ils puissent avoir peur, ça les rendait bien plus réels… Moins monstrueux. Moins puissants.


sentence - 18 juillet 2001

« - Nous reconnaissons Corban Dellonius Yaxley coupable et le condamnons à la perpétuité dans la prison pour sorcier de haute sécurité, Azkaban. »

La sentence tomba, irrévocable. Ramona sentit un frisson désagréable remonter toute sa colonne vertébrale ; il avait prit son temps pour gravir un à un des lombaires de son dos. Instinctivement, elle fourra sa main dans sa poche et caressa la pierre d'agate rose qu'elle y conservait. Pour l'harmonie. La mention de la prison magique, lugubre endroit, l'avait profondément secouée. Jamais elle n'y avait mis les pieds ou n'avait même vu à quoi elle ressemblait pour de vrai ; mais les gens parlaient, et beaucoup. Alors elle n'avait pas pu s'empêcher de s'en faire une représentation mentale, aux contours flous, mais aux détails sordides. Elle était persuadée que c'était un lieu terrible - un mouroir pour criminels jugés irrécupérables. C'était affreux… Comment pouvait-on traiter les gens de cette manière ? Même si leurs actes défrayaient la chronique et paraissaient impensables, elle savait que le Ministère de la Justice Magique aurait pu penser à d'autres solutions. Après tout, quand avait-on décidé que les tournants de la vie puissent être si radicaux ?

Son souffle se matérialisa en brume devant son nez. Funestes gardiens, ils glissèrent comme des ombres dans la chambre de jugement pour escorter le prisonnier. Avec appréhension, elle se blottit contre sa mère qui la serra contre elle. Les Détraqueurs étaient faits de cauchemars, et l'inverse était aussi vrai. Les agents de sécurité ne tardèrent pas à diriger tout le monde vers la sortie du Magenmagot. La blonde avait les mains gelées et le teint livide ; elle n'osait même pas imaginer supporter le froid perpétuel dégagé par ces créatures. Ca n'était pas un froid naturel… Il pénétrait jusqu'à l'âme, empreint d'une malveillance presque palpable. Un agent du Ministère se chargeait de les accompagner le plus discrètement possible jusqu'aux cheminées du hall d'entrée, bouclier devant les protéger des journalistes harcelants ou de la foule en colère contre « cette famille de mages noirs ». Le flot d'inconnus se jeta sur eux, hurlant des questions, des insultes, exigeant des réponses. Mona aurait voulu leur expliquer qu'elle était de leur côté, de leur avis. Qu'elle comprenait la décision de justice de condamner son grand-père… De ce que sa maman lui en avait dit, elle était d'accord. Mais c'était impossible et même dangereux ; alors en sautant dans l'âtre d'une cheminée, elle croisa les regards de ses cousines. Mad lui sourit - Lili hocha légèrement la tête. En guise de réponse, elle leur lança un signe de la main, avant de disparaître dans un tourbillon de flammes vertes.

fates - avril 2002

« - Mais ça veut dire quoi cette carte, Mad ? »

Le trio s'était réuni dans une des salles d'étude du château, loin des regards en coin et autres chuchotements malveillants. C'était sans doute la première fois qu'elles passaient autant de temps ensemble. La blonde tenait une figure de tarot entre ses doigts, un peu interloquée. Le Sept d'Épées, plus précisément. Un archer, seul face à sept lames effilées, la tête rentrée dans les épaules ; un mouvement de guerre pris sur le fait. Le de choc de la violence que présumait cette image lui laissait un sentiment d'anxiété. Comme un affrontement inexorable. La fuite n'était pas une option  - mais son élan figé n'en disait pas plus. En la regardant de plus près, elle sentit qu'une autre carte se dédoublait ; en fait, elle en avait tiré deux en même temps. La deuxième avait une ambiance nettement plus rassurante, quoique moins concrète. Une grande main tenait fermement ce qui ressemblait à une branche d'arbre. Comme une baguette.

« - L’as de bâton… cette carte parle essentiellement d’une naissance, un renouveau… spirituel j’espère, parce que j’ai de gros doute qu’un bébé soit réellement attendu dans cette famille pour un bon moment… à moins que Lily mijote quelque chose avec son… m’enfin. Les bébés, c’est plus tard, compris ? Quoi qu’il en soit… ça parle énormément d’un projet, un club peut-être… ça tourne autours de l’argent, de la fortune… peut-être papi va mourir… puisque souvent c’est lié à un héritage... En tout cas je dirais que c’est une très belle carte pour notre situation, ça indique qu’en dépit des conséquences… tu vas te relever assez bien Mona. Et puis c’est d’autant plus très approprié, puisque l’as de bâton fait office de son pouvoir entre le 21 mars et le 20 juin… et nous sommes en avril. Pile dans les temps ! s'était exclamée sa cousine, ravie de cette affirmation. Mona avait eut un petit couinement à l'évocation de la possible mort de leur grand-père, en lançant un regard nerveux à Lily. Ses yeux riaient de la franchise crue de Mad, elle avait toujours été comme ça - ce qui n'était pas au goût de tout le monde. Le sept d’épée… Mhm. En se basant sur les deux cartes, j’oserais croire qu’il s’agit d’une tendance à vouloir te rebeller contre un ennemi. Tu vois qu’il essaie de se défendre, de son arc contre les épées. Ça peut être dangereux, mais ça marque également un désir de vouloir coaliser ta vérité à celle du reste du monde, te battre pour rester en vie. Mais ça apporte également beaucoup d’instabilité. De l’espoir, peut-être en vain… tu sais Mona… tu veux bien faire mais je ne crois pas vraiment que tu auras du succès… on est damnés, si on peut le dire comme ça. Les prochaines années seront bien difficiles pour toute la famille. Mieux vaut te concentrer sur ce que tu peux vraiment contrôler, plutôt que trouver la rédemption dans un monde qui a déjà fait son opinion sur nous. Comme tes examens par exemple… tes études. Même si Lily fait semblant de nous trouver bien lourdes, reste qu’on est une famille… et puis elle peut grimacer comme elle veut, on sera toujours là pour toi. » En effet, Lily faisait mine de continuer son devoir sur la Potion d'Amnésie, mais Mona la connaissait. Elle fronçait le nez si fort, c’en était presque audible. Subitement elle aurait pu lire dans ses pensées ; cette séance était puérile, stupide, une perte de temps. Avec un sourire, la louve reposa les deux cartes sur le paquet : « - Merci, Mad. Mais vous savez, dit-elle à l'intention des deux jeunes filles, je suis sûre que ça va aller. »


not your kind - octobre 2003

Installée près de la Grande Salle, la Blairelle profitait du calme qu'offrait la nuit à Poudlard. Le couvre-feu était passé, et chaque élève était rentré dans l'un des quatres dortoirs. Du moins, c'est ce qu'elle espérait chaque soir où elle était désignée pour faire une ronde. Depuis sa nomination en tant que préfète l'an passé, elle avait pris l'habitude de ce rythme un peu particulier. Et en fait, elle avait appris à aimer ses balades nocturnes. Avec les autres préfets, ils avaient organisé leur planning de ronde en prenant en compte les nuits où la lune serait pleine ; Mona allait alors s'isoler dans la Forêt Interdite, équipée de Tue-Loup. Et la fin du cycle approchait... Elle pouvait le sentir, car la plupart du temps, une lourde fatigue engourdissait son esprit - et aussi une humeur bien moins clémente. D'habitude ils étaient toujours par binôme - c'était bien plus sécure et pratique. Mais ce soir, l'autre jaune et noir était souffrant et elle avait décidé qu'elle irait seule. Après tout, elle l'avait déjà fait ; il n'y avait aucune raison que ça se passe mal.

Translucide vagabond, c'est Peeves qui la sortit de sa torpeur. Il caquetait et prétendait avoir repéré des élèves de troisième année préparer quelque mauvais coup dans la salle des Trophées. Allons bon, c'était bien sa veine… Il fallait que ça tombe ce soir. Qu'à cela ne tienne, elle quitta sa marche d'escalier et murmura auprès d'un tableau : « Excusez-moi, bonsoir ; pourriez-vous trouver Seraphina Bones ? Dites lui que Mona a besoin d'elle, en salle des Trophées. Merci et bonne nuit. » Quelque peu grincheux, le vieil homme transmis le mot à son voisin et ainsi de suite. La préfète monta les étages qui n'en finissaient plus de tournoyer et fut interpellée par une voix douce et éthérée. « - Bonsoir, Seraphina. Aurais-tu vu les élèves dont parlait Peeves ? » « - Oui, malheureusement, ils sont affairés à essayer de faire décoller des Feuxfous Fuzeboum… Je vais alerter le directeur ! » « - Merci, à plus tard. ». Elle avait rencontré Seraphina Bones, son ancêtre, lors de sa première année au château. Elles avaient accroché assez vite ; et depuis, ce portrait l'aidait volontiers dans ses tâches de préfète, lui servant surtout d'éclaireuse. Alors Peeves n'avait pas menti… Étrange.

Le petit groupe riait aux éclats - Mona pensa qu'ils étaient bien peu discrets pour des élèves enfreignant le règlement. Si c'était elle, elle essaierait quand même de faire attention… Baguette en main, elle leva un sourcil « - J'espère que vous avez une bonne raison d'être debout à cette heur- Mais… ! » Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un liquide froid et épais se répandait sur ses cheveux, voilant ses yeux, tâchant son uniforme. De l'encre enchantée ! Spécialement conçue pour résister aux affres du temps, pour tenir des siècles durant sur les parchemins… Et les rires des trois imprudents d'éclater en échos dans la pièce. La Yaxley fulminait tant et si bien qu'elle aurait pu faire bouillir l'encre magique à même sa peau. Peeves surgit d'un mur en se tordant de rire, complice des trois autres. Il l'avait attirée dans leur piège. Elle s'en voulait de ne pas l'avoir vu venir. L'un d'eux lança, goguenard :

« - Eh Yaxley, vas-y, balance-nous un Doloris ! Vous êtes forts pour ça dans ta famille, non ? »

C'était la moquerie de trop. Ce fut plus fort qu'elle. Trempée du liquide opaque, elle brandit sa baguette et jeta un Petrificus Totalus qui percuta sa cible de plein fouet. Les deux autres, plus très vaillants maintenant privés de leur leader, s'enfuirent sans se retourner. Quelques instants plus tard, le professeur Rogue paraissait, l'air encore plus sévère en pleine nuit. Ramona tenta d'essuyer ses yeux, mais elle ne fit qu'étaler l'encre sur son visage. Elle dût s'expliquer dans le bureau du directeur et fit perdre 10 points à sa maison, pour avoir usé de la magie d'une façon aussi irréfléchie. Les trois empêcheurs de tourner en rond écopèrent de plusieurs heures de colle et de points en moins également. En regagnant son dortoir, elle était furieuse d'avoir dû se justifier devant Rogue, mais surtout d'avoir pénalisé Poufsouffle. Le lendemain, elle se présenta à Madame Chourave pour qu'elle puisse nettoyer sa peau de cette odieuse farce. Néanmoins, elle ne regrettait pas son sort. Elle ne serait jamais son grand-père et ne reculerait jamais devant une occasion de museler les imbéciles qui voulaient l'y forcer.

Cours suivis : Sortilèges – Métamorphose – Défense contre les Forces du Mal – Sciences moldues – Histoire de la Magie – Potions – Arts Obscurs
Résultats aux BUSE : Mona obtient 7 BUSEs sur 8
- Sortilèges – O
- Métamorphose – E
- Potions – E
- Botanique – A
- Défense contre les Forces du Mal – O
- Sciences Moldues – O
- Histoire de la magie – E
- Astronomie–  P
- Arithmancie – /
- Divination – /
- Etude des Runes et des Oghams – /
- Soin aux créatures magiques – /