Une sortie à Pré-au-Lard, même pour un éminent jeune maître de la famille Carrow, ça ne se refuse pas. C’est ce que se dit l’adolescent lorsqu’il revêt des vêtements chauds, fait un double tour autour de son cou avec l’écharpe aux couleurs de sa maison et regarde quelques secondes la neige tomber au dehors. A part passer acheter du chocolat chez Honeydukes et se promener dans les petits commerces locaux, Edgard n’a pas grand-chose de prévu. A dire vrai, il pense sans doute rentrer tôt et ne pas s’éterniser dans les environs. Mains dans les poches, il part dans le village avec d’autres Serpentards mais finit très vite par se promener seul. Il préfère de loin la solitude, cela lui permet d’être plus attentif à son environnement. Il sait que c’est dangereux, pour lui, de se retrouver isolé, mais on dit toujours qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné. Dans son cas, il sait bien qu’un coup en traître arrive vite.

Il réfléchit aux récents événements. Le concert de Reissen était quelque chose de fou. Des gens de Poudlard y ont vraiment participé ? Genre vraiment ? Que n’a-t-il été dans la chorale ? Bon, il chante comme une patate, alors il aurait sans doute massacré les choeurs, mais qu’importe. Ce n’est pas ça qui est important. Ce qui est essentiel, pour lui, c’est d’agir et de préserver ce qui reste de la noblesse de son sang et de sa famille. De nombreuses mésalliances ont terni son sang. On en parle de sa mère qui vient d’une famille de seconde zone, ou pas ? Mais son père n’était ni assez puissant ni assez valeureux pour accéder à une grande dame comme Narcissa Malefoy. Non, ce type d’aristocrates racées, élégantes et sublimes, c’est bon pour les sorciers puissants et les familles les plus prestigieuses. Epouser une Black, c’est un rêve que chaque Carrow a caressé au moins une fois, mais la seule disponible, c’est la petite Edwa Black, et franchement… c’est encore une enfant. Et puis elle est si… éloignée des femmes au sang pur qu’il connaît que c’en devient désarmant. Non, il y aurait plutôt la jeune héritière Flint, aussi, qui est préfète de Serpentard… Edgard sent ses joues s’empourprer violemment. Il rajuste sa besace sur l’épaule. Ça doit être le vent, c’est ça. C’est le vent qui lui donne chaud aux joues. Rien que le vent… et la neige à la rigueur. Ils disent que le froid peut donner une sensation de brûlure.

Il entre alors chez Honeydukes dans l’espoir de se réchauffer et de refaire le plein de chocolat. Il pourra peut-être le partager avec Alba Flint lors de leur prochaine tournée… Oh et il faudrait prendre aussi quelque chose pour son comparse d’étude, Daniel Martin. C’est un petit, haut comme deux pommes en première année… Un bout de chou avec lequel il ne devrait pas être aussi satisfaisant de travailler. Mais il y a quelque chose d’implacable dans son raisonnement qui en fait un des meilleurs conversationnistes de Poudlard. Et un jeune homme au sang pur ne peut qu’aimer ce qu’il y a de meilleur.

Edgard choisit donc un assortiment de chocolat et de chocogrenouilles qu’il paye mornille sur l’ongle juste au moment où la clochette de la porte d’entrée tinte accompagné d’une voix qu’il connaît bien pour être celle de sa cousine, @Winnie Carrow. Il se tend tout de suite. Elle est bizarre cette cousine qu’il n’a pas connue beaucoup quand ils étaient jeunes. Il n’arrive jamais à savoir ce qu’elle veut dire ou faire et il chercher toujours les doubles sens dans ses paroles. Il ne sait pas s’il peut lui faire confiance ou non. Mais pas questions de l’ignorer… Surtout qu’il est sur qu’elle l’a remarqué : la boutique est déserte. Il a rangé son chocolat dans sa besace et se tourne vers elle.

– Salut Winnie.

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