Josiah regardait le corps étendu paisiblement à côté du sien. Blanc, quasiment translucide, recouvert de taches de rousseur jusque dans le dos. Il dormait étonnamment bien pour quelqu’un qui n’était pas chez lui, tandis que de l’autre côté du lit, Josiah était systématiquement réveillé par les premières lumières du Soleil. Ils occupaient la chambre d’amis de l’appartement de sa mère. Ce n’était certes pas chez lui, mais c’était un environnement qui lui était tout de même moins étranger qu’il ne devait l’être pour Orso, qui dormait pourtant comme un loir dans sa théière. Caressant du bout des doigts son prince endormi, Josiah s’amusait du contraste entre sa peau, blanche et immaculée, et la sienne, brune et tatouée. A force de pianoter sur son corps, il finit par réveiller son loir, qui l’attira dans ses bras. La résistance fut impossible, bien sûr. Ils sortirent de la chambre une petite heure plus tard, main dans la main. Le soleil était levé depuis un moment, maintenant. Mrs Laframboise avait laissé sur la table le nécessaire pour se faire un petit déjeuner, et l’adolescente qu’était devenue la petite sœur de Josiah buvait un bol de lait avec l’appétit classique de sa tranche d’âge. Elle allait entamer sa dernière année à Ilvermorny, et bien sûr, elle détestait quand son frère l’appelait l’ado. Si ça, justement, ce n’était pas un truc d’ado. Le plus jeune de la fratrie Laframboise était déjà parti. Dans la rue, certainement, à faire du basket avec ses copains et son corps dégingandé. Il n’était pas encore dix heures, mais l’air était déjà chaud. Et comme toujours, une humidité presque crasse régnait dans l’air. Un petit ventilateur tournait dans un coin de la cuisine, des fanions multicolores en papier crépon accrochés à sa structure voletaient au rythme de son air. « M’man veut que tu passes la voir à la boutique. Elle t’attend. » Pas de bonjour de l’ado, mais au moins, elle parlait. Ce n’était pas facile, pour elle, quand Josiah était là. Il prenait beaucoup de place. C’était l’analyse d’Orso, tout du moins. Ils n’avaient jamais vécu ensemble, elle et son petit frère étaient nés alors que Josiah était à Uagadou, ils se voyaient ainsi une fois par an, peut-être deux. Et quand il était là, il parlait beaucoup de sa vie là-bas, au Bénin. De Uagadou, du tatouage, de ses quinze autres frères et sœurs. De cette autre vie que Marie Sinclair, devenue entretemps Marie Laframboise, rechignait à mentionner. Orso disait que ça pouvait être menaçant, pour les mômes, de savoir que leur mère avait mené cette autre vie. Peut-être craignaient-ils qu’elle y retourne, là-bas, de l’autre côté de l’océan ? Et pourquoi pas, rétorquait Josiah, provocateur. Elle l’a déjà fait. Orso entendait sûrement, dans cette affirmation, que Marie avait un jour déjà quitté la Nouvelle-Orléans pour atteindre l’Afrique. C’était comme ça que son fils, toujours habillé de mille et une couleurs, le corps recouvert de tatouages, avait pu exister. Mais ce n’était pas ça que Josiah sous-entendait, plein d’une rancœur sur laquelle il n’arrivait pas à mettre le doigt. Elle l’avait déjà fait, de partir, de traverser un océan en laissant un môme derrière elle. Josiah avait dix ans, et à peine avait-il posé un pied à Uagadou que sa mère s’appliquait à mettre un océan de distance entre elle et lui, et à faire d’autres enfants dans la foulée. Alors en effet, quand il était là-bas, chez elle, chez eux, les Laframboise, il se faisait remarquer. Orso ne voyait pas bien la différence, parce qu’à son avis, Josiah cherchait toujours à être vu. Mais par sa mère particulièrement, au risque d’être honni par ces adolescents qui lui servaient de de petits frères et sœurs. Ils les aimaient bien, ne vous méprenez pas. Mais c’était par elle, qu’il tenait à être vu, c’était par elle qu’il tenait à être Aimé. Les autres n’avaient pas beaucoup d’importance.
ᚾᚾᚾ
Vêtu dans des tons crème de la tête aux pieds, enlacé dans un kimono de soie qu’il avait ramené du Japon, Josiah traversait la Nouvelle-Orléans pour rejoindre la boutique de sa mère. Avec Orso accroché à son bras, bien sûr, qui n’avait de cesse d’admirer les moindres recoins de cette ville que Josiah connaissait déjà par cœur. Il y avait vécu un peu, à sa sortie d’Uagadou. Ça avait été son pied-à-terre qu’il rejoignait entre deux voyages, vivant dans un petit appartement au cœur du Vieux Carré. Le dédale des petites rues sombres et humides ne l’étonnait plus, mais Orso les découvrait pour la première fois, alors il fallait s’arrêter, souvent. Josiah admettait toutefois volontiers que la population de la Nouvelle-Orléans était audacieuse et méritait qu’on s’arrête pour l’admirer. Il était difficile de distinguer le mage du no-maj dans cette ville, tant la magie semblait déborder de tous les côtés, à l’image des marais du bayou qui grignotaient différents coins de rue. Le dragon rouge brodé sur le dos du kimono de Josiah se tenait très haut sur le vêtement, postiché sur l’épaule de notre Béninois. Il craignait certainement que sa queue ne trempe dans la fange qui agrémentait la chaussée sur laquelle marchait son maître, si jamais il restait à son emplacement habituel. Ça embêtait Josiah, qui ne trouvait pas ça chic que le motif ne soit pas centré, mais il aurait dû savoir, en achetant cette pièce exquise, qu’elle risquait de faire des caprices. Il tentait ainsi de pincer le dragon de soie quand il le sentait trop proche de son épaule, au risque de se faire mordre le doigt.
Bientôt, ils atteignaient une petite boutique mal éclairée, vraiment typique de ce qu’on pouvait trouver dans le quartier. Une femme, les cheveux relevés dans un chignon travaillé, se tenait derrière le comptoir, et grattait quelque chose sur un papier, le crâne baissé. Un bandeau doré serrait ses cheveux et des petites lunettes métallisées, de la même couleur, tombaient sur le bout de son nez, accrochées jusque derrière son crâne par une chaîne faite de tous petits maillons. Elle portait une chemise qu’elle semblait avoir arraché à un corsaire, et sous le comptoir se cachait une sublime jupe en wax dans les tons rouges et jaunes, qu’elle avait ramené dans ses valises depuis le Bénin. « Par où est-ce que vous êtes passés, on n’arrivait plus à vous suivre ! », s’exclama-t-elle à peine avaient-ils poussé la porte, sans même les avoir regardés. Elle les avait suivis sur la carte qu’elle laissait toujours s’enrouler sur un coin du comptoir, sur laquelle des petites lettres de sang se déplaçaient au rythme des élucubrations des corps desquels elles étaient extraites. Sortilège typiquement vaudou, un grand classique de la Nouvelle-Orléans. Quand les no-maj se pressaient dans la boutique de Mrs Laframboise pour acheter des petites poupées vaudoues parfaitement inoffensives, les sorciers payaient pour connaître la recette qui permettrait de suivre à la trace les élus de leurs cœurs, ou parfois même leurs ennemis. Sur les étagères, entre deux têtes réduites qui faisaient bien attention à se taire quand entrait un no-maj, il y avait différentes potions. Presque aucune ne fonctionnait réellement, n’avaient d’effet que celles qui pétillaient dans l’étagère vitrée qui se tenait, fermée à clef, derrière le comptoir. Un lustre qui semblait dater d’un autre siècle diffusait une lumière jaune dans toute la pièce, étayé par des longs miroirs qui servaient à agrandir l’espace un poil étriqué. « Y’a un môme qui te cherche, un petit gars de chez toi. » De chez toi, ça voulait dire d’Angleterre, et tout le ressentiment qui va avec. Parce qu’après le Bénin et les Etats-Unis, Josiah avait fini par s’installer au Royaume-Uni. Elle lui en voulait un peu, d’être parti si loin, mais Josiah se disait que ça ne devait pas lui faire du mal, de comprendre ce qu’on ressent quand quelqu’un qu’on aime tellement met un océan de distance entre vous et lui. Josiah regarda Orso, l’air interrogateur. Un môme anglais qui le recherchait ? Il ne connaissait aucun môme anglais, tout du moins pas un qui viendrait le chercher jusqu’à la Nouvelle-Orléans. « Qu’est-ce qu’il veut ? » demanda Josiah, dont la curiosité s’attisait facilement autour de pareilles situations. « Une affaire de Serpent Blanc, on lui a parlé de toi, je crois. J’ai deux clients pour toi, cette après-midi. » Elle n’avait visiblement pas plus d’informations que ça, et le sujet n’avait pas l’air de l’intéresser particulièrement. Alors que Josiah s’appliquait à répliquer qu’il n’était pas venu passer des vacances à la Nouvelle-Orléans pour tatouer toute la journée, elle lui fit signe de se taire, et ajouta : « tss-tss. Tu n’as qu’à te faire plus discret, tu es visible comme un Serpent-Blanc, justement ! A peine poses-tu un pied ici que toute la ville est au courant. J’ai tout le monde qui se presse dans la boutique, et me demande tes services. On ne fait pas de refus de vente, ici ! » Certainement pas. De qui croyez-vous que Josiah a hérité de sa fibre commerçante ? Il leva les yeux au ciel, ce que sa mère ne manqua pas de remarquer. « Tu n’es pas beau, quand tu fais cette tête-là. Il paraît qu’il traîne souvent au bar du Vieux Pélican, le môme. » Faisant à nouveau rouler ses orbes noires, cette fois-ci en même temps que sa mère, Josiah s’exclama, en chœur avec elle : « Touriste ! »
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Josiah, toujours accompagné de son Orso, buvait un verre de vin dans ce fameux bar du Vieux Pélican. Tout était faux, là-dedans. L’institution n’était pas vieille comme le sous-entendait l’enseigne, le tenancier n’était pas un sorcier, mais plutôt un cracmol marié à une sorcière, il était encore moins un vaudou, et son accent français était complètement inventé. Ses habitués étaient des roublards qui savaient comment détrousser les touristes qui trouvaient cette adresse dans leurs guides. Tout ce que ce lieu avait pour lui, c’était qu’effectivement, il servait du bon vin – que le patron importait toutefois de Californie, et certainement pas de France. Josiah avait repéré le fameux « môme », dont il avait entendu l’accent british, et qui buvait seul à une table malgré son jeune âge. Il le surveillait d’un coin de l’œil, jaugeant ses intentions, quand un de ces fameux roublards s’approcha de lui pour – quel culot ! – prétendre être le tant attendu Josiah N’Da. Absolument outré, Josiah adressa un regard effaré à son compagnon, qui se levait déjà pour allez défendre l’honneur de son cher et tendre. Comment ? On osait lui voler son identité ?! Mais Josiah calma le mouvement, indiquant à Orso qu’il préférait écouter comment le môme se débrouillait. Il devait avoir seize ans, dix-sept, tout au plus, ça risquait de valoir le détour. Et effectivement, voilà que le gosse sortait des mornilles de sa poche, dans une naïveté éclatante. Toutefois, sans que l’on puisse bien comprendre comment on était passé d’un moment à un autre, la situation déborda, et le petit rouquin se retrouva avec une baguette dans le sternum, poussé vers l’arrière du club pour rejoindre une ruelle adjacente. Ça tombait bien, il valait mieux que les touristes no-maj qui blindaient ce club ne soient pas témoins de la scène.
Josiah et Orso se précipitèrent derrière eux, n’entendirent pas les derniers échanges qu’ils se tinrent, mais virent bien le coup de tête qu’avait planté l’adolescent dans le nez de son adversaire. « Par Ogun … », s’exclama Josiah, complètement égayé par cette scène à laquelle il n’aurait pas pu s’attendre. Il se précipita avec eux dans la ruelle, rapidement suivit par Orso qui sortait déjà sa baguette. Réflexe d’Occidental, de dégainer ainsi son bout de bois à la moindre escarmouche. Josiah avait l’intention de les séparer, s’approchant d’eux, un air amusé peint sur le visage face à l’escalade soudaine. Mais Orso, visiblement plus nerveux que lui, n’attendit pas de les atteindre pour asséner un Stupefix au roublard. Un éclair rouge déchira la ruelle assombrie tandis que Josiah retournait un visage soudainement beaucoup moins amusé vers son compagnon, l’air de dire « you’re stealing my spotlight ! ». C’était lui, dont on avait volé l’identité, et c’était contre un fac-similé de Josiah N’Da que le môme croyait se battre. S’il y en avait bien un, qui pouvait asséner des Stupefix, c’était lui ! Et par-dessus le marché, il n’avait certainement pas besoin que son mec le fasse à sa place. Furieux, Josiah cherchait désormais des yeux le Roublard, espérant qu’au moins le Stupefix ait été efficace, pour ensuite chopper le môme et lui demander comment il avait atterri dans pareille situation …
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Spoiler:
Si tu veux, pour qu'on puisse avancer un peu, je te propose d'attendre la réponse des MJ, et d'éditer mon post de sorte à pouvoir directement ensuite jouer la rencontre des deux/trois ?
Merci en tous cas de me donner l’opportunité de donner vie à ce fameux Orso, mais aussi à la mère de Jo. C’est un pur plaisir. La prochaine édition sera plus courte, mais avec ça, je rembourse quasiment le Baume d'Asclépiade
échec limité | dans la précipitation, Orso a mal visé. L'imposteur a senti le maléfice le frôler, mais c'est un de ses acolytes qui se précipitait à sa rescousse qui est frappé par l'enchantement. Au moins, ce grand dadais là ne pourra venger son partenaire en crime du coup de boule que Dennis lui a mis. Mais... l'agresseur court toujours !
L'imposteurStupefix
succès | D'un geste sec, l'homme se retourne : il constate l'arrivée d'un duo venu défendre le gamin, et il pâlit un peu en reconnaissant le véritable Josiah N'Da. Il arme sa baguette et lance un stupefix à son tour. Celui-ci frappe Orso dans un moment d'inattention et le projette jusqu'à une table voisine qui s'effondre sous le choc de l'impact. Le barman vitupère tandis que les consommateurs sonnés par l'impact se redressent : "HÉ ! ALLEZ VOUS BATTRE DEHORS !" On dirait que les choses pourraient vite dégénérer : deux hommes avinés semblent très intéressés par la perspective d'une mêlée générale.
échec | Difficile de maîtriser nos sortilèges quand les coups d'un malotru nous a désorienté ! L'Incarcerem file droit sur un ivrogne resté jusque là bien sagement à sa table. Et voilà que ses amis se jettent à corps perdus dans la bataille ! Mieux vaut déguerpir, et fissa !
Intervention MJUne main tendue
succès épique | Heureusement, Josiah a les jambes sveltes et la cuisse vigoureuse ! En quelques bonds de cabri, le voilà qui esquive les corps trapus qui lui bloquent la sortie et qu'il empoigne la main qui lui est tendue ! Dans son élan, il emporte même le jeune homme avec lui en le remettant sur ses pieds. Tous deux gagnent quelques précieuses secondes sur leurs poursuivants ! Ne manque plus qu'à les utiliser intelligemment !
Josiah, l’espace d’un instant, avait eu envie d’encastrer son petit ami dans un mur, mais il avait fallu laisser cette idée de côté quand, par-dessus le marché, son Stupefix fendit l’air pour atterrir … Et bien, ailleurs, en tous cas, pas sur le corps qu’il visait mais sur un autre, qui approchait. Orso s’était retourné vers lui, l’air de dire « c’était tout à fait prévu », et un soupir exaspéré s’était échappé de la bouche de Josiah. C’était la distraction qui avait suffi à l’imposteur pour lui permettre d’asséner sa baguette, et quelques secondes plus tard toutefois, Orso s’effondrait sur le sol de la ruelle, dans un éclat rouge. Tout l’énervement qu’il avait éprouvé à son égard avait désormais disparu pour laisser place à une inquiétude immense alors qu’il voyait le corps de son darling, inerte au sol. Ogun, il s’agissait en plus d’un sortilège hermétique, latin qui plus est, dont Josiah avait un instant oublié le contre-sort… Alors qu’il plongeait sur le pavé, secouant le corps d’Orso de la paume de ses mains, il entendit derrière lui le petit asséner un Sortilège, en plein dans la ruelle. N’était-il pas mineur, par Legba, ne risquait-il pas d’être repéré par les autorités à asséner des maléfices dans une rue qui aurait pue être pleine de no-maj ? Toute cette affaire avait complètement débordé, il fallait absolument reprendre le contrôle de la situation, en commençant par réveiller Orso. Il s’était finalement souvenu de la formule, et du bout des lèvres, tenant toujours son compagnon entre les paumes, il chuchota « Enervatum ».
C’était une course poursuite qui semblait s’être mise en route dans la ruelle, alors que dans sa vision périphérique, Josiah voyait le petit sauter au-dessus des corps de ses assaillants. C’est qu’il était agile, avec ses longues pattes ! L’imposteur semblait toutefois s’être multiplié, il se retrouvait désormais avec trois ou quatre partenaires. C’était intenable, ils ne pouvaient pas faire exploser un duel magique en plein milieu de la Nouvelle-Orléans, surtout avec un homme à terre et un môme qui n’était sûrement pas sensé pratiquer la magie. Alors qu’il courrait vers lui, Josiah attrapa Orso pour l’aider à se relever, le tint sous un bras, et mû par une force certainement magique, il se mit à courir, pour attraper au vol le Crivey. Ils purent faire quelques mètres, distançant rapidement les assaillants. Désormais sortis de la ruelle, on commençait à apercevoir des no-maj un peu partout. Josiah s’arrêta alors, et planta son regard, manifestement enragé, dans celui du gamin. Du bout de l’index, il indiqua le nord au gamin, et lui asséna, d’une voix quasiment rugissante : « Maintenant, tu dégages et tu l’embarques avec toi – il pointa Orso du crâne – allez, bras dessus, bras dessous, tout ça c’est ta faute, avec ta crédulité de touriste là ! On se retrouve au 4789 Bienville Street, tu demandes l’appartement de Mrs Laframboise… Tu m’entends ?! Mrs Laframboise, 4789 Bienville Street ! Allez, dégagez de ma vue tous les deux ! » termina-t-il. Il n’aurait pas pu transplaner, les deux corps avec lui, fébrile comme il l’était de ce qui venait de leur arriver. C’était risquer la désartibulation de l’un de ses camarades, ce qui était évidemment une perspective impensable. Laisser plutôt le môme et Orso se perdre dans la foule, mettant ainsi une distance entre eux et leurs assaillants, était une bien meilleure idée. S’il avait eu le temps d’y réfléchir un peu plus, Josiah aurait rajouté au plan de génie une énième note : ne pas faire confiance aux roux quand il s’agit de baston.
Laissant les deux tituber derrière lui, il décida de se réengager vers la ruelle, de laquelle les bagarreurs n’étaient pas sortis, impatients d’en découdre, mais pas pressés d’être repérés par les autorités magiques. Josiah écarta les bras, faisant apercevoir son envergure, et balança son crâne de la droite vers la gauche, comme pour détendre sa nuque. C’est qu’il avait une réputation à tenir, tout de même, il ne pouvait pas laisser un vil sorcier de seconde zone tenter de lui voler la vedette en toute impunité. Au bout de ses mains naquirent deux boules de feu qui impressionneraient sans doute ces sorciers habitués à pratiquer une magie hermétique, et donc, dépendante d’une baguette. Il devrait compter sur son charisme, de toutes les manières, parce qu’il se retrouvait désormais seul contre trois assaillants. De façon magique là encore, Josiah fit porter sa voix de sorte qu’elle martèle les oreilles des roublards. « Boys, boys, boys, c’est assez, vous ne croyez pas ? » Il s’enfonça encore un peu plus dans la ruelle, et laissa sa voix reprendre une tonalité ordinaire, quoi qu’assurée : « J’ai un homme à terre, et un môme qui ne sait pas encore monter sur un balai sans l’aide de sa maman. Et derrière-nous, une rue pleine de No-Majs ! Par Ogun, et je suis certain que vous n’en serez pas à votre première arrestation si on nous choppe à nous balancer des flammes dans une allée sombre. » C’étaient les deux copains de l’ivrogne, qui se débattait encore avec ses cordes, qui inquiétaient le plus Josiah. L’alcool pouvait rendre les foules un peu folles, et véritablement, il ne tenait pas à leur brûler la face. Ses boules de feu toujours vives dans ses mains, il termina : « On s’arrête-là, je ne te demanderai pas d’excuses pour avoir tenté de voler mon identité, et on repart tous chez nous sans sérieuse brûlures ? T’en dis quoi ? » Josiah s’arrêta finalement d’avancer, ses deux pieds fermement ancrés dans le pavé, le dragon de son kimono lové au creux d’une manche, ravi de la chaleur qu’il arrivait à y sentir. Josiah espérait qu’Ogun serait d’humeur clémente, et qu’il le laisse rentrer chez lui sans ecchymose. Il tentait de ne pas trop penser à Orso, qu’il espérait désormais chaudement installé à la maison, bénéficiant des soins avisés de la fameuse Mrs. Laframboise. Quant au môme … Et bien, il avait intérêt à lui présenter une bien belle lettre d’excuse, s’il espérait voir un jour l’écaille d’un Serpent Blanc ...
réussite | C'est un joli chaos dans lequel Josiah est embourbé, mais pas de quoi lui faire manquer un sortilège de troisième année ! La formule est prononcée à la perfection et Orso reprend ses esprits. Les membres engourdis, il parvient à se relever avec l'aide de son ami et, s'il titube un peu, il arrive néanmoins à sortir dans la ruelle avec Dennis et Josiah. Il devrait pouvoir continuer de marcher avec un peu de soutien.
Intervention MJLe charisme fait homme
échec de justesse | Il s'en est fallu de peu, tellement peu !
Parce qu'il en impose le Béninois, avec ses flammes dans les mains et ses discours à vous mettre des frissons. L'imposteur se serait même laissé convaincre s'il n'avait pas entendu hurlé derrière lui : "Ils ont failli étrangler le Glaude ! Qu'on lui crame la peau des roubignoles avec ses propres boules de feu !"
Ainsi fut dit. Ainsi fut fait.
Intervention MJBoules de feu contre l'Imposteur
échec | Quelle déception ! Josiah N'Da pensait peut-être son aura trop grande pour se voir ainsi piétinée par de tels malotrus ! Ou peut-être est-ce l'inquiétude quant à l'état d'Orso qui l'empêche de se concentrer convenablement. Mais alors qu'il lance sa boule de feu, celle-ci s'écrase trop précipitamment pour atteindre l'Imposteur. Celui-ci peut continuer sa course et armer son bras pour attaquer sans même être gêné par les étincelles qui se sont toutes résorbées lorsqu'il les foule.
Intervention MJBoules de feu contre le premier ivrogne
échec de justesse | C'est une catastrophe ! Comment un sorcier de cette classe peut-il rater un ivrogne ? Est-ce sa démarche hasardeuse qui l'a troublé ou son horrible odeur de vinasse ? Sa boule de feu frôle le mollet du sorcier et lui brûle quelques poils frisés mais sans le blesser. L'ivrogne est à peine troublé dans sa course et s'apprête déjà à contre-attaquer. Finalement, il se pourrait bien que le célèbre Josiah N'Da ait besoin d'un petit coup de main, d'autant que le troisième larron n'a pas l'air de vouloir laisser sa part au chien...
réussite de justesse | Le meneur de la fanfare écarquille les yeux devant le débit de parole du jeune anglais et plisse les paupières pour bien comprendre ce qu'il raconte malgré son accent britannique. Un moment, il hésite, s'offusque presque devant l'audace du jeune homme qui va jusqu'à lui glisser quelques pièces dans la main comme à un vulgaire amuseur de rue. C'est que lui et sa troupe ont un itinéraire précis à suivre ! Mais le musicien a toujours été un grand sentimental et imaginer priver une grand mère d'une prestation d'aussi grande qualité que celle de sa fanfare lui est inenvisageable. Grommelant quelques mots incompréhensibles, il fait signe à sa troupe de changer de direction et tous s'enfoncent dans la ruelle où le carnage fait rage sans se douter de rien.
Après quelques mètres à peine, la musique attire l'attention des sorciers qui se s'attaquent à présent à coups de boules de feu et rapidement, les mages se figent pour ne surtout pas risquer de se montrer au grand jour. Ivrognes et badauds planquent leurs baguettes, mais leurs regards demeurent aussi enflammés que les sortilèges de Josiah N'Da. Ils n'attendent que le départ de la fanfare pour reprendre là où ils se sont arrêtés. Dennis et Josiah feraient mieux de détaler avant que les musiciens n'aient disparu à la prochaine intersection !
Josiah ne pouvait y croire. Ça devait être l’émotion d’avoir vu Orso s’écraser contre le sol. Ou la colère contre ce môme trop naïf, ou ses tatouages sur les paumes, qu’il n’avait pas nourris de magie depuis trop longtemps. Depuis combien de temps, déjà ? Deux mois, trois mois ? Peut-être plus, il ne savait plus. Bien avant son arrivée à la Nouvelle-Orléans, en tous cas. Ça devait être ça. Comment pouvait-il avoir raté sa cible de façon aussi misérable, autrement ? D’abord, les malfrats n’avaient pas été convaincus par son discours – bon, il s’y était attendu, d’ailleurs, c’était bien pour cela qu’il s’était appliqué à faire grossir entre ses paumes ces boules de feu. La première, justement, vint maladroitement s’écraser contre un mur ! A part éclairer un peu l’allée, aucun effet. Josiah sentit le feu lui monter aux joues. Plutôt que de la honte, il ressentait de la colère de s’être foutu dans un pétrin pareil, et pour un môme, en plus. Quel besoin avait-il eu de se repointer-là, et de venir les provoquer ? Il le savait bien, pourtant, avec ce genre de personnage, le négoce n’existait pas ! N’aurait-il pas pu ramener Orso à la maison lui-même, et jurer à ce gamin, dont il ne connaissait toujours pas le prénom, que jamais il ne l’amènerait dans le bayou, foi de Baron Samedi et tous ses acolytes ?! Il lança alors la deuxième boule de feu, et à nouveau, pathétique, elle vint s’écraser sur quelques-uns des poils du mollet de son opposant, tellement peu que ça ne sentait même pas le cochon grillé. Cette fois-ci, Josiah était certain de son diagnostic, il devrait passer la nuit à faire macérer quelque encre pour nourrir ses focii, et puis surtout, il devrait s’arranger pour filer rapidement de cette allée, sans quoi il risquait d’y perdre un peu plus que quelques poils.
Il recula ainsi, perdant le terrain qu’il avait sagement gagné un peu plus tôt, les deux mains en avant, en signe de paix. Ils avaient gagné, ils le savaient, ils avaient dû le voir ! Ils n’assommeraient pas un homme à terre, tout de même ? Les deux levaient toutefois leurs baguettes, cherchant visiblement à s’accorder sur le sortilège à lancer. L’imitateur fut le premier à lancer quelque chose *, mais le sortilège s’écrasa lamentablement à coté de Josiah, certainement parce que ce fut le moment que choisit une fanfare pour déboucher devant l’allée, derrière lui. Tous ces moldus observaient désormais ces ivrognes étranges qui se menaçaient de bâtons, l’air absolument coupables. Josiah fut ravi de la tentative ratée du malfrat, qui rassura un peu son égo largement meurtri, et se laissa convaincre par cet acte divin pour détaler. La fanfare allait finir par quitter l’embouchure, et il allait se retrouver avec les nabots contre lesquels il ne pourrait rien faire avec ses tatouages abîmés. Il devait filer, mais se convainquait qu’il reviendrait au Pélican avant la fin de son séjour. Il n’aurait pas le temps à cause d’un départ précipité pour la Tunisie, mais ça, il ne le savait pas encore. Restons-en là où il en est, voulez-vous ? A traverser la rue, jouant des coudes au travers de la foule pour se retrouver en sécurité, de l’autre côté. C’est là qu’il l’aperçut. Le petit con.
Que foutait-il là ? Était-ce lui, qui avait ramené la fanfare ? Comment avait-il fait ? Avait-il pu trouver la bonne adresse ? Comment avait-il fait l’aller-retour en si peu de temps ? Il n’y était pas allé, c’est cela ? Un gryffondor, sans aucun doute, cette maison à Poudlard qui forçait la témérité chez les mômes, Josiah en était très insatisfait. Il l’atteignit finalement, et sans dire un mot, il lui asséna une claque derrière la tête, familier. « Qu’est-ce que tu fous là ? Je t’ai dit de me retrouver là-bas ! » Il était mineur, c’était certain, avec sa gueule de minot. Petit con, vraiment, la définition du petit con. Il lui emboîta le pas, et lui adressa un signe de tête, l’air de dire suit-moi. Son visage se détendait, toutefois. L’adrénaline qui redescendait, sûrement, et qui lui accordait une autre pensée. Par Samedi, Orso ! « Et Orso ? Comment va Orso ? », le questionna-t-il. Il l’avait oublié. Complètement oublié. Avec un certain Autre, ça ne serait pas arrivé. Jamais. Cet Autre, de toute façon, il ne l’oubliait jamais. L’Autre, il était dans ses pensées, tout le temps. L’Autre, il y pensait quand il pensait au fait qu’il n’avait pas pensé à Orso. L’Autre, l’Autre, l’autre … « Comment va Orso ?! », répéta-t-il, hagard, plus fort. Pour faire taire ses pensées infernales. Il jeta un œil derrière-lui, comme pour échapper à la scène. Il avait bien fait de filer : la fanfare avait poursuivi sa route, l’embouchure de l’allée était revenue à son état de tranquillité factice qui autorisait tous les vices. Il se le promit, il y reviendrait. Il les aurait. Inspiré par un jeune Gryffondor, certainement. « C'était toi, la fanfare ? » demanda-t-il, connaissant toutefois déjà la réponse. Sa voix était plus apaisée. C'est qu'il n'était pas capable de lui en vouloir longtemps. Les mômes jeunes et roux et téméraires avaient tendance à l'attendrir, malheureusement.
Et par tous le panthéon vaudous, il baissa finalement les yeux pour remarquer qu’il avait tâché son kimono dans la fange. Tout ça pour un petit con.
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