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Si la photo est bonne 〉Winnie Carrow
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Lun 7 Oct - 22:57


Coupable ou non coupable
S'il doit se mettre à table, que j'aimerais qu'il vienne, pour se mettre à la mienne
Le liquide vint lécher la pellicule, remontant le grammage sur quelques millimètres. Avide d’en révéler les formes et les couleurs il usait de chimie. Avide de les faire se mouvoir il insufflait un supplément de magie. Relevant la bande à hauteur d’yeux, les prunelles claires du jeune photographe inspectèrent le travail d’une mine satisfaite. Pour cette série il avait utilisé son propre appareil photo, celui de son frère ainé pour être plus exact. Appareil de moldu détourné pour en faire cet outil hybride, meilleur des deux mondes. C’était pourtant si simple. D’une première pellicule épinglée il s’affaira près des bacs aux négatifs en immersion. La lumière rouge sombre des ampoules l’enveloppait d’une chaleur frissonnante. Dennis aurait pu y passer des heures. En fait, il y passait des heures. Il y avait un je-ne-sais-quoi de satisfaction à prendre son temps. Quand il lui aurait suffit d’un « pouf » de fumée violette pour suspendre quelques secondes, l’art de développer ses photos aiguisait son œil et son esprit à ne capter que les instants les plus précieux et les plus fugaces. C’était bien la seule chose pour laquelle il prônait la lenteur.

« Dennis y’a quelqu’un qui veux t’voir ! » La voix d’Eddy Shepperd fit lever la tête au blondinet, son regard se plissa. La vision à travers les murs n’existait pas mais c’était tout comme. Il imagina le crâne luisant du vieux journaliste tourner sur lui-même, ses doigts boudinés faire claquer ses bretelles, « clac » de confirmation, puis se gratter la moustache avant de recommencer à l’appeler. Ce n’est pas qu’il ne l’aimait pas, c’est juste qu’ils n’avaient vraiment mais alors vraiment rien en commun et ne travaillaient pour ainsi dire jamais ensemble vu que Mr Shepperd écrivait la colonne des avis de décès du Chicaneur, et que pour ça, pas vraiment besoin d’photos.

« J’suis occupé dis lui de repasser. » cria t-il sans retenu. Jouissant de cette courte pause pour étirer son dos il se frotta un œil tout en estimant de l’autre l’avancée de ses décoctions. La porte de son minuscule labo grinça derrière lui et il se retourna, des nuages colériques plein les yeux qui s’y figèrent, comme pris entre deux orages.


Poudlard, 1995, couloirs de l’école

S’il avait pu la faire rôtir sur place il l’aurait fait, ses yeux lançaient de tels éclairs que même sa délicate tête blonde et ses yeux bleus n’arrivaient pas à les adoucir. Elle lui avait confisqué son appareil photo. Elle, Dolores Ombrage, nouvelle inquisitrice de Poudlard. Pouah… Ce crapaud en talon et tutu rose n’imposait de respect que par la violence de ses punitions disait-on. Mais il était prêt à courir le risque. Hors de question qu’il aille avouer à Colin qu’il n’avait plus le précieux objet qu’il lui avait offert. Et pour ça, il savait qu’il pouvait compter sur la plus farouche des guerrières à ses côtés. Farouche… mais pas ponctuelle. Elle avait l’art et la manière de débarquer quand il s’y attendait le moins, et celui de ne parfois pas pointer le bout de sa frimousse quand elle était quémandée. Mais c’était une des facettes qu’il aimait chez elle. Une chevelure rousse incomparable attira le coin de son œil observateur et il se redressa, un sourire féroce aux lèvres.

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Sam 21 Déc - 9:12
Retrouvailles


« J’suis occupé, dis lui de repasser » appréciait-elle dans une grinçante répercussion. La polissonne s’était enhardie sur les foulées du putatif Shepperd, l’ambition cabocharde, supputant ses chances de réussite.

Un peu plus tôt…

Nul fourvoiement éligible. Ses scrupuleuses prunelles discernaient avec émoi  la signature du chroniqueur et son indissoluble margoulette, défroissant continûment la gazette d’une lorgnade expansive. S’étaient agglutinées les effondrilles de maints épilogues depuis leur dernier vison-visu. Son exode sur le canton américain avait chevé un peu plus l’anfractuosité entre eux, avec pour seul écho une brumeuse accalmie.

Le corselet s’étiolait sous les trilles de son impavidité. Afin d’ouatiner ses inquiétudes, la rouquemoute grignotait les laps en épluchant soigneusement la défroque du quidam qui dégoisait avec ce qu’elle suspectait être Dennis. Conjecture entérinée lorsqu’elle hasardait une truffe dans la pièce où se préservait le galopin.  La gidouille racornie d’appréhension, les prunelles décortiquaient ce trognard si familier, bien que mangeotté par les instants.
C’était bien lui.

« Je me suis permise d’entrer… »  

Immuables habitudes.

Poudlard, 1995 – Bureau de Dolores Ombrage
« Mission accomplie, inespecteur Crivey ! »

Les deux fomenteurs s’étaient coulés dans l’antre papelard de l’hydre cupide de monstruosité. Tout exsudait le sucre d’orge à vomir. Les étoffes de dentelle s’agglutinaient aux tapisseries florales et croquis félins dans une pouacre réplétion. « J’ai l’impression qu’ils m’observent » chuchotait-elle à son acolyte, les prunelles ombrageuses à l’égard des grippemauds qui s’émouvaient dans les boisages suspendus.

Matoiserie goupillaient les deux pendards dans de frémissantes épopées. Une tension électrique grignotait chaque bribe de sa couenne en sa présence. Il l’émouvait jusque dans le barathre. L’épiderme frissonnait, remuant d’animosité.

« Tiens tiens, qu’avons-nous donc là… hum hum »

L’organe chuchotait de finauderie. Sous la marie-louise de la porte se baugeait la crapuleuse. Les commissures se déployaient sur d’ubuesques piailleries.
Ombrage, l’abominable.

[…]

Les sourcils se paluchaient d’appréhension devant la perspective du blondinet. Les vestiges de leur intimité picoraient encore sa cabèche dans une tannante percussion.

« Alors alors comme ça, on ne donne pas de nouvelles à sa rouquine préférée ? »

Prunelles époussetaient à la ronde, insatiables des moindres béatilles pour accaparer son farfadet. Index et majeur s’engouaient autour d’un épi insurgé. Avant-coureur félon d’une attente ? L’ichor lysergide se coulait dans une marmelade de représailles.

« Alors c’est ici que tu travailles ? C’est marrant, je t’avais toujours imaginé en journaliste, ou collectionneur de péripéties aux quatre coins du monde…Enfin les deux s’acoquinent parfaitement aussi… »



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Sam 18 Jan - 23:54


Coupable ou non coupable
S'il doit se mettre à table, que j'aimerais qu'il vienne, pour se mettre à la mienne
D’abord il ne vit que ses yeux. Deux lacs natifs des eaux glacières que le mauvais temps pouvait voiler de nuages gris quand l’envie l’en prenait. Ils lui parlèrent bien plus que les mots qui se formaient sur les lèvres de la jeune femme.  Winnie Carrow. Comment aurait-il pu oublier ces prunelles claires ? Il les avait connues lanternes sous tant de tempêtes qu’il lui fut simplement impossible d’en détacher son regard pendant quelques secondes. Enfin, le reste de son visage se précisa, devint plus net. Si le piquetage roux de sa peau était indemne, plus rien ne ressemblait à la fillette de ses années à Poudlard. La rondeur de son visage avait pris place dans des parties bien plus féminines et sa taille n’avait plus rien à voir avec leurs trois pommes de l’époque. A coup sûr, nombre de leurs passages préférés leur étaient à présent inaccessibles. Sa remarque le tira de ses rêveries ainsi que le fantôme d’un sourire. Sa rouquine préférée… Il l’invita à avancer dans la pièce d’un signe de tête alors qu’il la frôlait pour fermer la porte derrière eux. Inutile de donner du pain à des pigeons, surtout quand ils sont journalistes, qu’ils se contentent des miettes. La main encore sur la poignée il enchaina, peut-être trop rapidement.

«  Tu n’m’a pas attendu pour pousser en tout cas … tu es … très… différente. » Aïe mauvais choix de mot. Mais que voulez-vous les garçons ont toujours cette fadasse habitude d’éviter les compliments et de sortir à la place un mot bien trop compliqué pour leur propre bien. Il la suivit du regard alors qu’elle furetait dans son antre, une mèche de ses cheveux enroulée par une manie connue autour de ses doigts. C’était étrange de la voir ici. Le fait qu’ils aient rompu tout contact avait empêché leur évolution commune. Elle lui apparaissait dès lors comme tout droit sortie du passé et en même temps… oui, le mot était finalement bien choisi, en même temps, elle était différente. En coupant les ponts avec ses anciennes connaissances, il avait cru tenir éloigné de lui les cauchemars qui avaient à jamais entaché sa jeunesse. Pourtant en regardant Winnie, rien de tel ne se produisait, seules des souvenirs heureux l’auréolaient, pour l’heure en tout cas.

Poudlard, 1995, salle de classe vide du 4e étage, en soirée


« J’suis sûr que ma punition était pire que la tienne. Récurer les toilettes à la main… et des filles en plus… »
Il plaisantait mais il avait encore du mal à cacher ses yeux rougis par les larmes qui avaient irrité ses yeux. Car cette punition s’était vue précédée d’une réprimande bien plus terrible. Personnellement créée par le monstre qui leur servait de grande inquisitrice. Elle leur avait présenté deux plumes et leur avait demandé d’inscrire « autant de fois que nécessaire pour que le message rentre » les repentances de leurs méfaits.
Attrapant avec douceur la menotte de son amie, il y appliqua avec toute la délicatesse dont il était capable, le baume donné par Mme Pomfresh. A ce rythme là, l’infirmière de Poudlard risquait d’être en rupture de stock avant le printemps.

« On va l’avoir Winnie, j’te promets qu’on va s’venger… et sur le chemin j’te jure que sa vaisselle de matous va y passer ! »


Back in present…

« Je ne pensais pas que tu voudrais me revoir après tes lettres ». Oui bien tes lettres, et non nos lettres. Car il n’avait jamais répondu à aucune d’entre elles. Ni ne les avait décachetées d’ailleurs. Il chercha dans son regard l’ombre d’un reproche, légitime. Elle évitait, préférant enchainer sur sa profession, et laisser ses yeux manger les moindres détails de la pièce. S’écartant enfin de la porte il croisa les bras sur son torse et la suivit à pas lent, comme deux félins évoluant côte à côte, comprimés dans quelques mètres carrés. Prudemment il répondit à sa question.

« Oui ça fait un an officiellement que le Chicaneur m’a embauché. Mais je fais parfois des articles pour d’autres journaux. »

La stupeur passée Dennis sentit monter en lui les prémices d’un malaise qui n’avait pourtant jamais eu sa place dans leur relation. Mais c’était bien ça le problème, qu’était aujourd’hui leur relation exactement ? Il n’avait plus rien à voir avec le garçon qu’elle avait connu. Et lui. Etait-il seulement curieux de ce qu’elle était devenue ? Alors qu’elle passait à côté des premières pellicules suspendues il saisit la balle au vol.

« L’équipe de quidditch du Pérou… elle est pressentie pour la prochaine Coupe du Monde. Je retourne interviewer leur capitaine dans un mois. » Simple remplissage ou Dennis se rappelait-il la fougue avec laquelle Winnie lui avait toujours parlé de ce sport qui la passionnait, et plus encore, ne le lui glissait-il pas, sachant parfaitement qu’elle était aujourd’hui la capitaine des verts et argents de Poudlard ?


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Sam 21 Mar - 16:54
Retrouvailles


Différente ?  La croquade d’une risette froissait l’ourlet inférieur de son suçoir. C’était le moins que l’on puisse dire. « Si je t’avais attendu, j’en serais encore au stade pubescent… » La pertuisane de sa péninsule embrasait déjà l’accalmie ambiante. Ses incisives turquoise découpaient son contour. Laps juvéniles s’étaient dilapidés dans le révolu, éployant le jeune homme dans un moule travaillé.  Le ‘petit’ Dennis n’était plus qu’une flétrissure dans son barathre, un douillet vestige qui l’écorchait d’une tiède ardeur. L’esprit s’engraissait d’une tripotée de réminiscences qu’elle prisait muettement dans le tombeau de l’occulte qui rongeait sa carcasse.

Une cagneuse sensibilité moulinait son giron. Agaçante intrication. L’émotion écartelée entre l’enthousiasme et l’animosité, elle se desservait d’anicroche. Les sourcils se chipotaient entre caresse et éloignement dans une froissure frontale. L’ondoiement d’un intime démêlé.

Le déferlement dans lequel elle s’était liquéfiée pour accoster le jeune homme s’était sobrement épuisé, égrugeant l’hardiesse qui la singularisait si bien d’ordinaire. Elle s’accusait malgré tout d’une qualité pour s’emberlificoter la dure-mère toute seule.

Nul écho n’avait répliqué à ses lettres. Seul ricochet avait été un indigeste mutisme. Cela s’entend qu’elle avait longtemps feulé à l’encontre du jeune homme. Il n’en restait plus aujourd’hui qu’une âpre macération. Elle ponctuait rarement l’instant de rancune. La rouquine était plutôt éruptive, débondant l’espace d’un fragile instant, presque trop brutal. Lui aussi avait assurément bu le calice comme moult sorciers. La fossoyeuse s’était montrée intraitable avec l’aîné des fils Crivey. Elle était en mesure de comprendre. Si seulement la morsure de son silence n’avait pas été aussi dolente, elle poindrait sans doute plus conciliatrice. « J’ai d’abord pensé le Hibou maladroit. J’aurais préféré que tel soit le cas » Les joues épreintes de ressentiment, Winnie abîmait l’éclat turquin dans les quinquets de son …camarade ? Ami sous lequel papillonnait la fraîcheur d’une passionnette ? Attachement épars, grignoté par les discrètes annuités.

« Figure-toi que je ne me suis pas vraiment posé la question. J’étais, et le suis sûrement encore, fâchée, mais surtout déçue. Je ne comprenais pas ton silence, et l’ombre flotte encore, mais j’avais une furieuse envie de te voir. Je n’ai pas pesé le pour et le contre et je suis venue. Je crois qu’à ce niveau-là, je n’ai pas vraiment changée… » Modeste sourire élaguait labres gourmées.

« Je vois que tu ne t’es pas séparé de ton appareil photo…ça me rappelle quelques souvenirs... »

Eh quels souvenirs !

Poudlard, 1995 – toilettes de Mimi Geignarde

« Tu pourras frimer devant les minettes avec cette cicatrice…ça fait « mauvais garçon »… » L’asticotait-elle gentiment, la pulpe des doigts survolant la lézarde encore fraiche. « Elle te fait encore mal ? »

Les échasses déployées et entretissées sur la froidure du sol où bécotait docilement sa croupe, Winnie mesurait l’accoisement des douleurs.

«  Tiens...Il te reste encore de la poudre à vomir ou des yo-yo hurleurs ? On a perdu la bataille mais pas la guerre ! »

Mulasse un jour, mulasse toujours, jamais ne fléchirait.

« J’ai aussi du poivre. Il paraît que c’est efficace pour repousser les chats hé hé …On va le récupérer ton appareil photo. Foi de rouquine ! »

Méphistophélique croquignol  se pourléchait les babines d’insurrection.  Les paupières repliées sur l’humble panorama  des toilettes, elle se gargarisait d’un succès fantasmé.

(…)

« Elle nous en avait fait voir des vertes et des pas mûres hein ? ‘Miss Bonbon Poison’ » Nom de guerre attribué à l’odieux personnage engoncé de son inflexible fuchsia, Ombrage. Une couleur n’avait jamais été aussi pendable que sur sa rondouillarde carcasse.

Étrange condensait bien leur interactivité. Syllabes chétives s’entravaient avec maladresse.

Il prospérait néanmoins à épingler son application à l’évocation du Quidditch, un sport qu’elle prédilectionnait d’un feu sacré bien trempé. Le mascaron pigmenté se décrispait l’espace d’une fugitive, les prunelles riantes. Jamais elle ne s’était sentie aussi vivante que sur un balai. « Tu en as de la chance ! J’aimerais prospérer là-dedans…Enfin, je n’en sais encore rien mais je me sens tellement libérée quand je joue au Quidditch… Je suis devenue capitaine de mon équipe d’ailleurs. C’est assez revigorant de motiver les troupes, surtout avec la capitaine des lions (@Pelagia H. Ollivander) qui est une adversaire de taille… » Un soupir s’abusait dans l’inanité alors qu’elle piquait le jeune homme d’une lorgnade imprécise. « Enfin, tout ça n’est que futilité j’imagine ... »

Quelques phalanges s’accaparaient le dossier d’une chaise dédaignée sur laquelle elle assujettissait son as-de-pique. La gargue dégueulant d’entreprenants échos sous l’œil décisif.

« Bon, vas-tu me dire pourquoi tu n’as pas répondu à mes lettres où tu vas me trouver d’autres sujets pour chatouiller mon attention ? Parce-que je suis à deux doigts de te prendre par le col pour te secouer dans tous les sens et t’arracher les mots de la gorge… »  

Grondait le fauve sous le rutilant diadème. L’aboiement ouaté d’interrogations imbibait le climat d’une congestion ambiante.


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Lun 13 Avr - 18:16


Coupable ou non coupable
S'il doit se mettre à table, que j'aimerais qu'il vienne, pour se mettre à la mienne


L’ombre d’un sourire arqua le coin de sa bouche. La réplique de Winnie, aussi vive que sa tignasse n’avait pas tardé. Elle lui rappelait des âges glorieux. Un temps où avoir tout juste la dizaine rimait avec « je pars à la conquête du monde. N’essaie pas de m’arrêter, ça t’ferait trop de peine ! » C’était facile comme un battement de cil de se remémorer ces souvenirs quand on avait ce visage en face.

***

« Alors t’es ok Peeves ? »
« Et qu’est-ce que j’y gagne moi à vous aider ? » coassa l’esprit frappeur, ses yeux méchants fixés sur les deux poupons qu’il avait à maintes reprises chahutés, entre autres élèves.
« J’te fais une séance photos avec miss Teigne ! »
« Pendue par la queue la minette ? »
« T’auras l’champs libre ! Et tu pourras garder les photos ! » Bon c’était risqué si on remontait jusqu’à lui mais il n’était pas le seul à posséder un appareil du genre après tout, et Peeves garderait sans doute jalousement ses trophées. L’esprit frappeur fit mine de réfléchir et dans une pirouette, s’élança dans le couloir en brayant.

« Elle est où la fausse dirlo
celle qui connaît zéro jeux d’mots
moi j’vais lui  en apprendre des gros
Et tout ça en rototo… »


Trois galipettes plus loin et Peeves atteignait le bout du couloir et les escaliers menant au grand hall, là où l’harmonie des basses serait la meilleur pour son ode à Ombrage. Dennis tourna sa frimousse vers sa compère de toujours les yeux brillants.
« On fonce ! J’suis pas sûre que Peeves nous dénoncera pas à la fin de sa chanson. En plus je n’sais même pas s’il apparaitra sur mes photos. »  

***


Mais ces mêmes yeux qui aujourd’hui l’avait retrouvé ne le lâchaient pas. Cherchaient, oscillaient. Son visage, ses mouvements semblaient hésiter entre deux attitudes contradictoires. Trahissant un combat intérieur et extérieur qui faisait rage devant les yeux du jeune sorcier. Ses bras toujours croisés, signe manifeste de défense contre la volcanique rouquine, Dennis goûta l’amertume qu’elle lui injectait du bout des lèvres. Son visage se tordit à son tour sous des prémices de gène. Il rompit le fil de leur regard à chaque remarque, à chaque hypothèse avortée. Se confronter à son passé était une chose, mais se confronter aux vivants se révélait beaucoup plus ardu.  La vérité c’est qu’il ne savait pas comment répondre à cette salve de questions sans la blesser. Si Winnie avait pu ruminer mots et interrogations qu’elle lui enverrait à la figure, il tombait des nues devant son apparition. Ses yeux cernés d’une ombre violette témoignaient de l’équilibre qu’il avait instauré à sa vie, et la place qu’y avaient le sommeil et autres substances bien moins avouables. Il ne s’était pas préparé à ces retrouvailles brutales et ces explications profondes. Rarement Dennis avait manqué de courage, et la peur avait difficilement trouvé logis dans son cœur, mais en cet instant et sous le flambeau de ces yeux pâles, le jeune homme aurait aimé disparaître tel un gamin boudeur sous les draps aux couleurs or et rouge de son lit d’étudiant. D’un geste du menton elle désigna son ancien appareil photo, une relique de collection, trafiqué depuis tant d’années qu’il semblait avoir pris vie tel un Prométhée moderne.

« Miss Bonbon poison … »  répéta t-il avec un sourire. Depuis combien de temps n’avait-il pas entendu ce surnom.
« J’me demande encore quel mélange de bonbons weasley tu avais mis dans sa tasse pour qu’elle ressemble à ça. Sans toi il serait probablement encore enchainé au mur de Rusard. »  laissa t-il échapper dans un souffle.  S’approchant de son appareil photo, il tapota l’arrondi du flash et l’avancée de l’objectif comme on caresse un matou endormi.
Il faillit échapper un « je sais » à l’évocation de sa promotion en tant que capitaine de quidditch mais il se ravisa. Autant ne pas attirer les foudres déjà bien tisonnées de la belle rouquine. Savoir qu’il s’était renseigné de loin sans avoir repris contact avec elle risquait de faire passer un vert gallois pour un gentil diplodocus à côté de la sulfureuse émeraude. D’un revers de phrase elle balaya d’ailleurs les jokers maladroitement mis en place par le jeune sorcier, s’asseyant à la paillasse comme une joueuse de poker qui attend sa mise. Lentement le photographe se posta devant elle, adossé au mur face à la table, ses bras se décroisèrent, se recroisèrent avant de finir au fin fond de ses poches. Et ses yeux clairs se fixèrent enfin dans ceux de la miss Carrow. Oui, elle était prête à l’encaisser. Il débuta prudemment.

« J’avais besoin de tout oublier Winnie. Pas de passé, pas de souvenirs, pas d’attache. Quand je suis arrivé à Ilvermorny, j’ai failli rater la cérémonie de répartition. Rien qu’en montant les marches qui menaient au hall, j’ai failli m’évanouir trois fois et j’ai fini par dégueuler sur les pieds du concierge. Y’a plus classe comme rentrée j’dois bien l’admettre et j’te dis pas les surnoms que j’ai dû me coltiner après. Mais pour eux, le vieux continent c’était le bout du monde. Personne ne savait placer l’Angleterre sur une carte, et ça m’allait. Il fit une pause. Espérant lui faire ressentir le profond renouveau qu’il avait vécu là bas. La fuite en avant bienfaitrice, le shut down d’émotions destructrices. Quand ta première lettre est arrivée j’ai passé le cours suivant à recopier la même phrase sur mon parchemin. J’ai failli l’ouvrir mais j’me suis dit que si un seul de tes mots me ramenaient là bas… j’allais te haïr. » Il plissa les yeux, posant de nouveau sa voix pour tâter la réaction de son feu follet. La délicatesse ne faisait malheureusement pas parti de son vocabulaire, et il n’y avait pas d’autres mots pour exprimer la rage profonde qui l’avait soulevé. Ses poings se serrèrent sans qu’il n’y prenne garde et il reprit d’une voix plus sourde.

« Puis les suivantes sont arrivées… et chacune d’elle me faisait vomir mon petit déj. Je savais ce qu’elles contenaient. Des questions sur moi auxquelles je n’avais pas envie de répondre, et des réponses sur toi que je crevais de connaître. Le problème c’est que tu n’sais pas t’arrêter n’est-ce pas ? J’en ai reçu jusqu’à mon dernier trimestre à Ilvermorny. » Un ton qu’il n’avait jamais eu pour elle, loin de l’enfant boudeur, proche du garçon tumultueux qu’il était devenu, plein de reproches et d’amertume pesa entre eux. La lumière rouge qui les entourait donnait à leur discussion des allures de fin du monde et bien que Dennis y soit habitué, il leur trouvait en ce jour un écho lugubre.

« Je ne suis plus celui que tu as connu Winnie, et je doute que le Dennis actuel te plaise. Je n’ai pas plus de réponses à te donner aujourd’hui qu’hier. »

Il avait essayé d’être cool, vraiment. Mais son passé le tenait si chevillé au corps que sa seule réaction restait l’attaque. Et il avait beau le savoir. Sentir que la présence de Winnie n’avait jusqu’à cette discussion, amener que de lumineuses réminiscences, il carapaçait son cœur à quiconque tentait de l’entrevoir.


« L’équipe de quidditch du Pérou… elle est pressentie pour la prochaine Coupe du Monde. Je retourne interviewer leur capitaine dans un mois. » Simple remplissage ou Dennis se rappelait-il la fougue avec laquelle Winnie lui avait toujours parlé de ce sport qui la passionnait, et plus encore, ne le lui glissait-il pas, sachant parfaitement qu’elle était aujourd’hui la capitaine des verts et argents de Poudlard ?


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Dim 19 Avr - 21:13
Retrouvailles


La tension était pour le moins palpable. Leur trogne n’était que contenance sous laquelle dodelinaient moult émois. Elle l’avait prise de court par son incursion bourrue.  Tel un gibier offert au bourgeon fatal du braconnier, Dennis semblait en proie à un intime ramdam. Winnie n’était pas encline aux préliminaires, guère disposée à s’afficher une nouvelle qualité telle que la patience. Œuf au plat plutôt que pot-au-feu, elle embrassait une tranchante agressivité. Une facette de sa personnalité qui lui avait soulevé maints guignons.

Le labeur soulignait les ourlets inférieurs de ses incisives azurées, révélant une certaine maturité chez le jeune homme qu’elle –même découvrait à tâtons. Sa fécondation dans le monde des adultes creusait déjà un abîme entre eux. Elle le percevait, ce saisissement inconfortable qui léchait sa couenne telle une langue épineuse.  Le mesurant sous une nouvelle mandorle, elle le trouvait déjà plus mature.

L’espace d’un sourire froissait ses lèvres à l’évocation de leurs caduques facéties. Un dernier regard sur l’appareil photo avant d’être rattrapée par l’acerbe, et c’était le cas de le dire, évidence.  La gargue nouée, la salive roulant telle un tapis d’épines sur la muqueuse, Winnie n’était plus aussi sure de vouloir comprendre. Lorsque Dennis accablait ses quinquets d’un regard résolu, elle devinait la suite incommode. L’esquisse d’une compassion devant l’amorce de son récit. Avec une mise en bouche pareille, sa binette avait du être imprimée par tous ses camarades estudiantins. Sensibilité croquée dans une gueule de fébrilité lorsque s’écoulait la suite. Le front gondolé sous une palette d’émotions, lèvres rongées par inquiètes incisives et joues serrées, elle ahanait péniblement à entendre les mots du jeune homme. La haïr ? Elle n’en saisissait pas la raison, tout du moins pas d’emblée. Pensant égoïstement que dans le cas contraire, d’éventuelles lettres de son ami auraient attiédi sa prison de glace, tel un doux nectar emmiellant son austère routine. Mais elle n’était pas Dennis. Non. Elle n’avait pas perdu un frère, elle. Les expériences qu’il avait dégustées se distinguaient des siennes.

Se glissait dans les éclaircissements l’ombre d’un blâme. Jamais encore il ne s’était exposé sur ce sentier malaisé avec elle. Le poitrail endiguait chaque inspiration,  chacune d’elles lacérant sa profondeur d’un pénible lancinement, l’haleine condamnée derrière la barrière de ses lèvres. Non, elle ne savait pas s’arrêter. Avec l’impatience s’adjoignait la persistance, pour ne pas dire l’obstination. La violence d’une minable démangeaison grattait férocement ses prunelles. Elle retenait à grand-peine ses larmes, plissant de jure ses sourcils, l’émail un peu plus écrasé jusqu’à agacer sa margoulette d’une cuisante douleur. Elle vomissait intimement sur cette émotivité, abhorrant les chignards. Le préjudice intrinsèque que suscitaient ses aveux était plus rude que prévu. Elle l’avait pourtant bien cherché.

[…]

« T’as pleuré Win ? »


« Mais non, idiot ! J’avais juste une poussière dans l’œil »

Les pommettes et la truffe cramoisies contrariaient son mensonge. Reniflant une dernière fois, les sourcils s’étreignaient si fort qu’ils n’auraient pu former qu’un. Elle s’appliquait énergiquement à consigner ses derniers hoquets derrière le garde-fou de ses crocs, la bouche tellement pincée qu’on n’en distinguait plus qu’une filiforme hachure rosée.

« Tu n’es pas très convaincante. C’est encore ta mère qui t’a fait du mal ? »

« Mhhh… »

L’étreinte bienveillante de son ami semblait adoucir l’élancement résiduel qu’avaient laissé les Doloris crachés par sa mère.

« Je préférais une bonne fessée à la moldue à choisir » essayait-il de plaisanter.

« Une quoi ? » Le sourcil s’infléchissait d’interrogation vers la toison andrinople, renâclant machinalement.  

[…]


Les ongles écrasaient la couenne de ses avant-bras, entrecroisés sous la galbe de sa poitrine, pourprant inconsciemment  l’épluchure pigmentée. Tout se révélait accablant. Chaque haleine, chaque déglutition était une pénitence.

« C’est vraiment dur à entendre… »


Très dur.

Le gosier dilapidait finalement une excessive halenée, le buste se libérant laborieusement d’un fardeau, l’échine léchant le dossier de la chaise.

« pfffff J’ai l’impression que toute ma confiance s’est effritée en pépites »

Elle se serait bien sifflée une bièreaubeurre pour faciliter la macération de ses confidences.

« Je me doute que les années qui nous ont séparées nous ont bien changés, Dennis…Tu sais, je ne comprenais pas ton silence. Je voulais à tout prix une réponse, quitte à ce que tu m’envoies balader. J’étais isolée dans le silence et je pense que ça me faisait du bien de t’écrire. Tu étais un peu mon seul ami à cette époque. Et oui, je ne sais pas m’arrêter. Sur ce point, je reste une indécrottable entêtée. Navrée de t’avoir donné des envies de vomir ton petit-déjeuner. Je ne pensais pas éveiller ce genre de sentiment chez toi, à l’époque… »

Le soupçon d’un rictus grignotait sa commissure droite alors qu’elle égarait un regard songeur et frustré sur la carcasse du blondinet.

« Je crois que je commence à comprendre la douleur qu’aurait réveillée mes lettres. Il est tellement plus facile d’enfouir tout ça derrière une porte… »

Plus facile certes, mais était-ce vraiment l’issue pour avancer ? Un fatras de questions bousculait sa caboche. Labres soupiraient, l’esprit suspendu.

« Et qu’en est-il maintenant ? Est-ce que le fait de me voir éveille en toi de mauvais souvenirs ? Je ne voudrais pas te torturer plus longtemps...»


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