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Legilimancie & avis de Tempête (pv. Moira)
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
hiboux : 3012
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TEATIME is always epic with englishmen | ALWAYS in love with his dear Lily | BOOKS lover | MAGISTER es potionis
Lun 19 Aoû - 20:05
LEGILIMANCIE &
AVIS DE TEMPÊTE



Un bureau nu, désenchanté. Les piles de parchemin se sont esquivées sous le coup de la colère il y a, de cela, plusieurs semaines. Les portraits ont tacitement choisi le silence. Sauf Albus. Son cadre est roussi, sa toile trouée. Les bras croisés sur la poitrine, nous nous jaugeons. La journée a été longue. Trop longue. Les heures ont défilé, inexorables. @URIEL LEWIS, un de mes anciens élèves est venu ici, ce matin, au petit jour, m’asséner une terrible vérité. Le fils bâtard de @LUCIUS A. MALEFOY a refait surface dans le monde de la magie. Ses intentions demeurent troubles. Sa douleur fait écho à la mienne. Je me souviens. J’ai avoué à Moira et à la cour qui m’a absout de mes crimes un viol. C’était ce soir là. Entrailles lacérées d’un remord. Lucius, lui, a-t-il jamais eu cette même violence lui agitant le creux de l’estomac ? A-t-il éprouvé ce dégoût de lui-même ? Ou a-t-il, comme il ne cessait de l’afficher, été en paix avec ses exactions ?

Comment fait-il pour se regarder dans un miroir ?
Je n’ai jamais pu.
Plus après ce jour.

« Vous vous sentez mieux, Severus ?
- Fermez-la, Albus, ou je vous fais flamber !
- Allons mon petit, vous n’allez pas me tuer une deuxième fois ! »

Un défi.
Un rappel.
Un ouragan.

Fumseck s’est diplomatiquement retiré dans un coin de la pièce, percevant les difficultés que j’ai désormais à me contrôler. Entre ses ailes, une boule de fourrure tremble. Sur les étagères, les livres et les pierres vrombissent. Les vases vidés de leurs lys depuis ma dispute avec Moira tintent. Je ne supporte plus cette fleur, et moins encore les élans de sadismes du portrait d’Albus Dumbledore.

« Comment osez-vous plaisanter avec cela, Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore ! Vous avez beau jeu de me rappeler votre mort alors que vous êtes un foutu portrait ! Une pâle copie ! Une imitation de l’original ! Le peintre a-t-il oublié de vous doter de la retenue de votre original ? Ou des reliquats d’égards qu’il avait pour les sentiments d’autrui ? Vous voulez parier sur le fait que je ne puisse vous faire disparaître ? Vous voulez vraiment parier ? Incendio ! »

La toile s’embrase toute entière. Une gerbe de flammes consume la toile et son encadrement, lèche les portraits des autres directeurs qui poussent des cris d’horreur devant ce spectacle. Seul Phineas Black applaudit. Il n’a, manifestement, jamais beaucoup aimé Albus Dumbledore, même, paraît-il, de son vivant. Lorsque la brûlure se disperse, il ne reste qu’un pan de mur noirci.

« Vous n’avez vraiment aucun sens de l’humour, mon petit Severus ! »

Geste prompt de la baguette. Le portrait s’est matérialisé contre le bureau. Adossé au meuble de chêne rouge verni, Albus Dumbledore dans une toile parfaitement intacte et un cadre plus brillant que jamais me toise, bras croisé sur le torse. J’ai déjà un autre incendio sur les lèvres.

« Tut. Tut. Tut. Pas de geste hâtif, Severus. Vous ne voudriez pas sacrifier ce bureau, n’est-ce pas ? Contrairement à ce portrait, il n’est pas ensorcelé contre la destruction magique.
- Et contre un feudeymon, Albus ? Vous pensez-vous ignifuge à ce point ? Encore un mot, et je vous jure que je fais flamber toute l’école s’il le faut pour détruire cette foutue toile ! Ne. Vous. Avisez. Plus. Jamais. De. Plaisanter. Avec. Votre. Mort ! »

Menace sifflée dans un chuchotement glacial.

« On peut parler de votre irritabilité d’aujourd’hui, si vous préférez. C’est votre rendez-vous avec Moira qui vous met dans cet état ?
- Votre gueule, Albus ! Pour la dernière fois, fermez votre gueule !
- Vos chagrins d’amour vous rendent irritables !
- Je ne discuterai pas de ma vie sentimentale avec un foutu portrait ! Silencio ! »

Et c’est ainsi que la quiétude revient dans le bureau directorial. Je décrispe la main tenant la baguette sans m’être jamais rendu compte de la prise que j’avais sur elle. Les phalanges blanchies par la tension retrouvent un peu de leur hâle. Un geste de l’outil, et voilà le vieux citronné revenu à son pan de mur. Silence religieux. Personne, vraiment, ne semble décidé à risquer l’ire courroucée d’un directeur à peine calmé. Personne sinon ce foutu Albus Dumbledore dont le brillant des iris bleus n’a cessé d’étinceler. Si je retrouve l’auteur de cette toile, je l’assassine. Et tant pis pour la paperasse !

La baguette est remise à sa place, dissimulée par les plis d’une chemise. Les austères robes de sorcier abandonnées pour la soirée. La présidence du dîner de l’école a, une fois n’est pas coutume, été déléguée à Minerva, et doit d’ailleurs tirer à sa fin. L’heure est tardive. Le moment où, après une journée de travail, j’avais coutume de proposer à Moira de passer s’essayer à la légilimancie ici, à l’école. La dernière fois que nous avons fixé un rendez-vous, c’était avant le malheur de ce geste. Cet effleurement des lèvres jusqu’à la pression suave d’un baiser rendu. Vulnérabilité. Les paumes tremblent encore à la mémoire de cet événement. Je laisse courir mes phalanges sur les livres chus ou mésalignés. Ma colère contre Albus semble avoir fait quelque dégâts. Occupé à corriger imperceptiblement l’alignement d’un volume dédié aux enchantements, je prends de profondes inspirations et exhale de longues expirations. Le souffle rythme la pensé, apaise l’intime tourbillon d’émotions contradictoires. Moira aurait du venir ce soir. Je ne l’espère pas.

N’a-t-elle toujours été douée pour l’inattendu ?


915 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
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Mer 4 Sep - 11:13





décembre 2003

Il a fallu attendre. Attendre que les craintes s’étranglent, que la colère s’amenuise, que les pensées se calment, s’apaisent, s’écoutent… Il a fallu du temps. Des jours. Des semaines. Et l’étirement interminable de dizaines d’heures sombres volées à ses nuits agitées. Combien en a-t-elle passées à fixer le plafond blafard de sa chambre, à réentendre ces mots devenus méconnaissables à force d’avoir été trop disséqués, répétés, adoucis, acérés… Toutes ses réflexions n’ont fait que brouiller ses souvenirs, rendant les images difformes sur la surface de ses paupières closes. Tantôt délicates. Tantôt monstrueuses. Ne restent que les sensations, intactes, effrayantes, l’incompréhension mêlée à la peur de voir un trésor se briser entre ses mains, un regret vicier à jamais une amitié qu’elle prétendait pure. L’a-t-elle finalement jamais été ?

Chaque journée échappée n’a fait qu’appuyer le pincement qui lui blesse le cœur, lui rappelant ce choix qu’il lui faut faire, cette fuite qu’il lui faut achever inévitablement, ce lien qu’il lui faut accepter d’endurer ou trancher brutalement maintenant qu’il mord si profondément les chairs de son poignet. Il n’a fallu qu’un instant, un instant pour que tout s’effondre. Il faudra une vie entière pour savoir ce que deviendront les débris de leur amitié. Que construire sur des ruines, aussi belles soient-elles ?

Il a fallu attendre.
Et venir enfin.

Venir chercher ses réponses. Trouver l’occasion parfaite pour le revoir. Chercher dans le fond de ses prunelles noires les certitudes qu’elle ne trouve plus dans son miroir. Le cœur battant, le pas plus lent qu’à l’accoutumée, elle s’est alors glissée comme à son habitude dans les couloirs quasiment désertés de son ancienne école pour trouver le chemin du bureau directorial. Ils devaient se retrouver ce soir. Comme tous les mois. Mais aucun retour ne l’a jamais tant effrayée que celui-là.

On entend à peine le claquement de son talon sur les pierres. Tout dans sa posture indique cette angoisse qui la poursuit alors qu’elle s’approche des appartements de Severus. Pourtant, elle ne ralentit pas avant de se trouver face aux escaliers majestueux qui conduisent à son bureau. Une inspiration. La main de Moira s’élève pour caresser doucement sur la statue centenaire qui la toise et que la bataille de Poudlard a épargnée. Le mot de passe se glisse timidement entre ses lèvres et la créature se meut sous ses yeux en un grondement sonore. L’escalier se déploie, monte comme un serpent s’élevant vers les hauteurs. Délicieuse allégorie… Un dernier soupir, et Moira monte les premières marches jusqu’à atteindre la porte du bureau.

Derrière elle, le silence. Un silence lourd, âcre, qui prend la gorge et empoisonne l’esprit. Les doigts sur la poignée, le souffle court, la magistrate écoute, s’imprègne, sent jusqu’à s’abreuver des tensions qui filtrent derrière le battant lourd de la porte. Un instant elle hésite encore. Un instant seulement, avant que les gonds ne grincent sous le plat de sa main.

Sa silhouette se coule à l’intérieur, amaigrie par le noir de son manteau d’hiver. Le dos droit, rassurée par les atours de puissance dont elle s’est parée dès le matin, elle apparaît dans toute la splendeur de ses statuts ministériels, forte, confiante, fière. Son chignon parfait laisse ressortir l’angle affirmé de sa mâchoire. Ses mollets fins galbés dans ses bottes noires affinent ses longues jambes perchées sur des talons larges. Tout en elle n’est que le portrait parfait de cette femme qu’elle a souhaité devenir, assurée, conquérante. Tout. Sauf son regard. Car l’imposture est imparfaite, le leurre facile à discerner pour qui la connaît bien. Comment espérer alors convaincre l’homme qu’elle vient débusquer ?

Un pas. Le regard de Severus se lève et Moira se fige comme s’il lui avait brutalement intimé de le faire. Aucun son ne trouble pourtant le silence qui les entoure. Aucune voix ne s’élève. Le directeur et la juge restent immobiles, tous deux sidérés de voir Moira ici ce soir. En a-t-il douté autant qu’elle ? Alors qu’elle se force à respirer, Moira prend le temps d’observer l’homme qui lui fait face. Ses éternelles robes noires de sorcier ont disparu, laissant sur ses épaules le seul tissu d’une chemise dans laquelle a été glissée sa baguette magique. Il a les traits tirés. Le visage fermé. Ses nuits semblent avoir été aussi courtes que les siennes.  

Un clignement. Le regard de Moira se porte sur la forêt de tableaux qui occupe le mur derrière l’imposant bureau directorial. Ses sourcils se froncent alors quand elle remarque la trace noirâtre qui entoure le tableau d’Albus Dumbledore. L’odeur de feu qui assaille ses narines en remplace une autre dont elle remarque immédiatement l’absence. Où sont passés les lys ? Le battement de cœur se fait plus alarmé. Les questions affluent, plus nombreuses encore, quand elle ne demandait que de faire taire celles qui corrompent son esprit. Peinant à respirer, elle se perd un instant, jusqu’à ce qu’un miaulement aigu attire son attention sur sa droite. Pelotonné dans un coin, caché entre les pattes de Fumseck, Morsmordre laisse timidement entendre sa voix, comme pour demander s’il peut sortir sans risque. Le souffle de Moira se fait plus profond. Elle se raccroche à ces seules présences pour retrouver du courage, déterminée à savoir ce qu’il s’est passé ici et à recevoir cette rage qui lui était peut-être destinée. Voilà trop longtemps qu’elle refuse de s’y confronter.

Revenant au sorcier, Moira le regarde de longues secondes. L’anxiété toujours intacte, elle craint de voir ses peur s’être toutes matérialisées devant elle, à lire seconde après secondes tous les signes de cette violence qui s’est emparée du cœur de Severus et dont elle se sait responsable. Les mains serrées en deux poings dans les poches de son manteau, elle se force à ne pas trembler mais peine à dénouer sa voix. Les premiers mots, pourtant si simples, sont une épreuve comme rarement elle en a connues face à lui. Lui qui l’a défendue. Lui qui l’a protégée. Lui qu’elle a soutenu, relevé, consolé. Pensait-elle un jour le craindre autant qu’elle le fait ? Ses mots ne sont qu’un souffle perdu dans l’immensité d’une pièce aux allures de champ de bataille, une supplique pour l’ami qu’il a toujours été.
- Bonsoir, Severus.

(1028 mots)

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
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Mar 10 Sep - 19:46
LEGILIMANCIE &
AVIS DE TEMPÊTE



La voir sur le pas de la porte, soutenir son regard, endurer l’hébétude que laisse le frimas de sa présence. Moira est venue. Détailler sa mine fermée, la fragilité de son regard furetant dans la pièce, s’attardant sur le pan de mur noirci sur lequel j’ai raccroché le tableau après lui avoir intimé le silence d’un enchantement. Sentir se déliter ma colère pour que naisse la terreur et l’émotion de la voir là. Moira est venue. Fragile écho à l’arrière de mon crâne se faisant refrain. Moira est venue. Litanie chantre de mes pensées assourdissant la tempête née sous ma caboche. Moira est venue.

Moira est là.
Choc.

La surprise filtre sur mon visage. La bouche s’entrouvre mais pas un son n’en sort. Frappante apparition que celle-là. Pour un peu, je croirais voir un spectre. Mais non. Elle est là, celle que je pensais avoir rejetée au loin le temps d’un seul geste. Elle est là, la statue de cristal aux pieds ailés, plus rapide qu’Hermès, plus leste que les vents balayant les landes. Elle est là, et je suis sidéré par son apparition.

« Bonsoir, Severus. »

Mots roulés avec douceur. Fraîcheur d’une voix, tremblements que je ne pensais jamais entendre à nouveau, et surtout pas dans l’enceinte de ce bureau. Réponse soufflée dans les ténèbres, quiète. Un murmure rauque d’une voix coupée par la stupeur.

« Bonsoir, Moira. »

Elle est là. L’information revient, encore et encore, frapper ma conscience sans que je ne parvienne à me faire à l’idée de sa discrète et étouffante présence. Le cœur tambourine jusqu’à ce que les oreilles ne sifflent au rythme du sang battant les tempes. Je sens quelque chose monter. Une boule nouant la gorge. Terreur ? Espérance ? Le silence seul répond. Une poignée de secondes encore avant que quelque chose n’agrippe ma cheville. Morsmordre s’est coulé entre mes jambes et tâche d’escalader mon pantalon. La scène est si incongrue qu’elle me ramène sur terre en un éclair. Je me voûte pour attraper l’aventureux chaton et le hisser sur mon épaule. Pelotonné, les griffes engoncées dans le lin de ma chemise. La baguette dépasse à peine de la manche dans laquelle elle a été glissée, frimas d’ébène noir sous la pâleur de la toile. Raclement de gorge.

« Préfères-tu rester ici, ou bien… ? »

Ou bien le lieu habituel. Moira est de ceux que j’invite volontiers loin des regards inquisiteurs de dizaines de portraits n’ayant rien de mieux à faire que de surveiller la vie privée de leur directeur. Serai-je moi aussi insupportable à ce point après mon trépas ? Frisson d’indulgence pour les générations à venir. Inexorable course du temps ne fait qu’accroître l’assemblée pour laquelle le directeur se donne en spectacle.

La plupart de mes rencontres avec Moira se sont faites dans l’étude attenante au bureau où je reçois tout le jour durant, les doléances de mes collègues ou des élèves. Là, nul portrait ne peut venir troubler mes lectures. Livres rares et anciens en ma possession sont enfermés dans cette pièce où je passe volontiers de mon temps libre. Petit espace réduit, doté d’une large fenêtre, d’une petite table basse et de deux profonds fauteuils de lecture. Quel meilleur endroit pour enseigner l’art obscur de la nécromancie, vraiment ? Le coeur tambourine.

« Je comprendrais que tu… euh… ne désires pas un tête à tête. »

Les joues se sont empourprées. Seule Moira doit être capable de me donner le sentiment d’être un adolescent boutonneux aux prises avec la plus jolie fille de l’école tout en sachant qu’il n’a pas l’ombre d’une chance… Enfin, au moins me restera-t-il Morsmordre à câliner lorsqu’elle m’aura vertement envoyé paître, songé-je alors que les larmes menacent d’embrouiller l’encoignure de mes yeux. Rictus nerveux pour agiter la commissure de mes lèvres. Je ne suis définitivement pas fait pour ces situations.

« Je te sers quelque chose ? »


La plus étrange des questions alors que nous nous tenons encore tous deux dans cette pièce, debout, sans savoir par où commencer, manifestement. Dans le silence troublé, une trille s’élève. Je crois que Fumseck se fout de moi.

696 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Mar 19 Nov - 1:36





décembre 2003

Comme il est étrange de se trouver à son tour au banc des accusés, forcé de répondre de ses actes que les semaines trop longues ne sont pas parvenues à rendre moins clairs. Debout face au bureau directorial, Moira balaye tous les tableaux du regard sur le grand mur qui lui fait face. Elle voit leurs yeux la fixer comme autant de jurés prêts à lui faire subir la pire des sentences. La gorge nouée, le dos trop droit, la Présidente-Sorcière accuse le coup, se plie à leur minutieuse inspection tant elle ne peut décemment clamer son innocence. Les images n’ont cessé de tourner dans sa tête, toujours les mêmes, toujours aussi troublantes, inexplicables, effrayantes. Tant de craintes se sont insinuées dans sa tête ces dernières semaines… Et à revoir Severus aujourd’hui, elle réalise combien la peur semble avoir été partagée.

Immobile derrière son imposant bureau, les yeux rivés sur elle, il la regarde comme un fantôme tiré du plus perturbant de ses songes. Aurait-il voulu qu’elle ne réapparaisse jamais, qu’elle s’évanouisse avec le souvenir d’un lien clair et sans ambiguïté ? Un instant, Moira le pense et cette croyance plante une épingle dans son cœur qui trouble subrepticement sa respiration.

La salutation qu’elle réussit à murmurer paraît si fragile que la juge se maudit déjà d’être incapable de dissimuler les effrois trop nombreux qui s’agitent dans sa tête. Les inquiétudes se multiplient de seconde en seconde alors que Severus continue de la regarder, sincèrement surpris de la trouver là. Il articule une réponse au ton si semblable au sien que la douleur dans le cœur de Moira s’intensifie encore. Ses dents se serrent un instant, mais elle ne dit rien.

Il faut l’intervention inattendue de Morsmordre pour les faire sortir de leur torpeur, alors que les griffes du félin s’attaquent aux chevilles de son maître qu’il tente d’escalader. Un discret sourire étire les lèvres de la magistrate l’espace d’une seconde alors que Severus se penche pour récupérer le chaton et le poser sur son épaule. Cet instant où le potionniste quitte son regard parvient à rasséréner quelque peu Moira qui craint d’être devenue une intruse dans le bureau de son ami. Puis, la voix de Severus lui revient, toujours aussi hésitante, et le trouble dans sa voix se répercute dans son âme alors qu’elle relève les yeux vers les tableaux. Sa respiration s’ébranle encore à leur vue. Ils gardent tous leur regard planté sur elles comme autant d’accusateurs soucieux de lui faire payer le mal infligé au directeur. Se pourrait-il qu’ils sachent, que Severus l’ait maudite à voix haute des jours durant pour cette fuite qu’elle ne se pardonne toujours pas ? Cette simple idée lui donne la nausée. Non. Qu’importe les gênes qui peuvent désormais exister entre eux, elle est incapable de les dévoiler ainsi devant un quelconque auditoire, et encore moins celui-là. Il n’est rien de pire que des témoins éternels de sa faiblesse. Sa décision est aussi ferme que sa voix est tremblante :
- Non. Je crois que nous en avons besoin d’un, au contraire…
Sa lèvre se crispe en un sourire peu convaincant, mais néanmoins présent, comme une réponse au rouge qui vient prendre les joues de Severus. Mais alors que voir le grand Severus Rogue piquer un fard a toujours amusé la juge, elle se trouve bien incapable aujourd’hui de rire de la situation tant la culpabilité l’étreint. Comme une manière d’occuper le silence ou de repousser la conversation qu’ils ne peuvent plus repousser, Severus lui propose un verre et si la juge y réfléchit une seconde, elle finit par souffler :
- Non, c’est gentil…
Elle n’a pas le cœur à boire, et pas assez d’alcool dans un verre pour tenter d’oublier.

Alors, après un signe de tête mutuel, elle suit Severus dans la pièce attenante, à l’abri de ces trop nombreux regards qui ne cessent de les écraser.

Les quelques pas qui les emmènent dans l’autre pièce sonnent comme une dernière trêve avant de rouvrir conjointement leurs blessures. Le cœur de Moira cogne durement dans sa poitrine. Ses mains serrent démesurément la hanse de son sac à main à s’en blanchir les doigts sous ses gants de cuir. Tout en elle n’est qu’inquiétude, une inquiétude tenace qui corrompt tous ses souvenirs et tous ses espoirs. Une fois entrée, elle attend que Severus referme la porte de l’étude et qu’il la rejoigne. Chaque seconde paraît durer une éternité que Moira n’ose rien faire pour écourter. Debout au centre de la pièce, la respiration trop profonde, elle patiente, répète dans sa tête les dizaines de phrases, toutes semblables, qu’elle a tenté de préparer avant d’arriver à Poudlard. Mais maintenant que Severus se tient face à elle, c’est comme si elles étaient toutes terriblement dénuées de sens.

Après un moment, elle lève le regard, non sans mal, et vient enfin croiser les iris ébène du directeur. Son cœur fait une embardée qu’il lui est difficile de cacher mais elle tient bon. Quelques secondes passent encore, trop longues pour nier l’embarras profond qui l’étrangle. Et elle finit enfin par libérer en un soupir :
- Je suis désolée, Severus. J’aurais dû venir plus tôt…
Premier constat. Premier aveu. Le plus douloureux ? Elle n’y croit pas un instant. Lentement, elle dépose son sac sur le coin d’un meuble, libérant enfin ses doigts de leur prise et elle déglutit en revenant à son ami. Sa voix est toujours aussi incertaine.
- Je te dois des excuses.
Une inspiration.
- Je n’aurais pas dû partir comme ça ce soir-là. J’ai… J’ai perdu mes moyens.
Des gestes parasites agitent ses mains. Elles replacent un bouton de son manteau, une mèche de ses cheveux, passe sur un de ses sourcils… Encore une fois, elle le ressent : le même instinct de fuite, l’envie de se dérober et de s’enfuir le plus vite et le plus loin possible. Comment ces sensations détestables ont-elles pu prendre ainsi le pas sur tout le reste ? Moira laisse échapper un nouveau soupir.
- Severus, je…
Déglutition difficile. Elle ne le regarde plus.
- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne sais pas si ce que j’ai dit ou fait a pu laisser croire que… Je ne veux pas qu’il y ait de malentendu.
Une hésitation encore, un soupir, avant que Moira ne se force à retrouver le noir de ses iris.
- Severus, cela ne peut pas se reproduire.
Elle regrette immédiatement ses mots, trop brusques, trop procéduriers, malgré la douceur de son timbre. La vérité n’en est pas moins tranchante. Elle se fait plus effrayante encore alors que Moira ne sait pas à quel point la coupure pour Severus sera profonde. Elle ajoute sans attendre, tentant d’atténuer la blessure :
- Imagine l’arme que l’on donnerait à ceux qui voient déjà notre amitié d’un mauvais œil. Personne n’a oublié comment je ne me suis battue lors de ton procès. Nous traînons déjà bien assez de scandales derrière nous tous les deux. Et nous ne pouvons nous permettre d’être mis à l’écart au vu de ce qui se prépare dehors.  
Mais elle grimace encore une fois. Ce n’est pas ce qu’elle veut dire, non. Le prétexte fumeux, faiblard. La politique n'a rien à voir dans son choix. Elle est seulement moins difficile à invoquer. L’esquive est détestable, honteuse et maladroite. Les mâchoires de la Présidente-Sorcière se serrent alors qu’elle se maudit, cherche une dernière fois les mots qu’elle veut vraiment lui dire. Son souffle se trouble un instant, et sa voix finit par articuler, brisée :
- Tu comptes pour moi, Severus, plus que tu t’en doutes sûrement… Mais pas comme ça.
Les mots déchirent son coeur alors que ses yeux brillent de cette tristesse qui l’assaille à se voir porter un coup supplémentaire à un homme qui en a déjà bien trop essuyé. Combien pourra-t-il en supporter encore avant de perdre totalement pied ? Seul le silence lui répond. Et la crainte d'être responsable d'une chute dont elle sera cette fois incapable de le protéger.

(1336 mots)

Cecil A. Selwyn

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Mar 19 Nov - 23:25
LEGILIMANCIE &
AVIS DE TEMPÊTE



Inconfort de ces situations où le coeur est en danger. Un souffle seul fait vaciller la carapace, souffle l’armure. Et la tempête naît, lacère les ruines intérieures d’un tourment nouveau. Le paysage mental d’un occlumens accompli ne peut résister aux pires orages de l’humanité. Le mien, en tous cas, s’est fissuré sous le coup d’un instant arraché devant l’éternel. Le pas claque dans la pénombre. Morsmordre sur une épaule, Fumseck ouvrant la voix. Moira sur les talons. Signes de têtes ont seuls suffit à remplir l’espace d’un silence de connivence. Si tout s’est étiolé, l’intime connaissance de la magistrate demeure, lambeau d’humanité accrochée à ma mémoire.

Je la connais.
Trop.
Trop peu.

Le cœur se courbe sous la terreur, se rétracte. Déjà mille fois asséché par la longueur d’un deuil qui vient de se faire. Car c’est de cela qu’il a été question, le temps d’un battement d’ailes. Enterrer Lily. Enfin. Vieille carne desséchée, vieille momie fossilisée depuis si longtemps. De battre au tempo d’une macchabée, mon cœur s’est arrêté. Figé. Fissuré. Le claquement d’un talon sur le parquet, le grincement léger d’une porte poussée. L’étude replie ses hautes étagères enchargées d’ouvrages anciens sur les ténèbres d’un cœur. Sur les rayonnages, la magie noire répond aux potions. L’occlumencie se dispute l’empire à de vieux traités latins. Et toutes ces couvertures, de cuir, de carton, de bois forment une valse désespérée pour remplir le néant de mon existence. Poing resserré sur le myocarde.

Il aurait été plus simple de demander son départ.

Le tissus quiet de nos incertitudes s’étend dans l’alcôve. Brûlant rapace rampant sur le sol, empoignant jusqu’au plus frêle des os de nos corps. Quelque chose ondoie. Nous décide à parler, comme des marionnettes. Rien à boire et il se fait déjà soif d’une ivresse oublieuse. Pour un peu, je pourrais comprendre l’avidité de Nott à noyer son désespoir dans la bibine. J’accroche les iris pâles de Moira et devine ses excuses avant qu’elles ne viennent souiller ses lèvres. Je devine déjà les tourments, leurs raisons. Un râteau. A mon âge… J’hésite entre l’amusement et le désarroi. Son malaise est palpable, pour un peu on pourrait le couper au couteau tant il irradie de chaque pore de sa peau. Est-ce la première fois que je la vois si désemparée ? Je ne me souviens pas l’avoir vue si fragile. Même lorsque la découverte des exactions de son ex-mari avaient entaché la une de chaque feuille de chou égarée jusque dans les caniveaux des patelins de province.

« Je suis désolée, Severus. J’aurais dû venir plus tôt… Je te dois des excuses. Je n’aurais pas dû partir comme ça ce soir-là. J’ai… J’ai perdu mes moyens. Severus, je… »

La clarté diaphane de sa peau s’enflamme sous les mouvements trahissant sa gêne. Occlumens accomplie, et pourtant si transparente à cet instant. Livre ouvert jusque dans le tremblement de ses ongles égarés sur le bouton de son manteau. L’esprit tourbillonne et le coeur y répond dans une sérénade effrayée. Cavalcades se crashent sous l’électrisation d’une peau tendue sur les jointures. La pâle porcelaine du visage de Moira se détourne. Les cils caracolent sur les pupilles absorbées soudainement par un angle de la pièce tandis qu’elle cherche ses mots. Patience. La réalisation de ce qui se passe manque de me faire rire. éclat d’amertume enfoncé dans les entrailles. S’il est une chose que j’aurai fracassé obstinément au cours de ma vie, ce seront bien toutes mes chances d’un jour réunir une famille. Un ultime espoir s’échoue.

« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne sais pas si ce que j’ai dit ou fait a pu laisser croire que… Je ne veux pas qu’il y ait de malentendu. Severus, cela ne peut pas se reproduire. »

Brusquerie qui aurait sans doute été charmante si je n’en étais la principale victime. Je la vois se maugréer presque aussitôt. Son ton s’adoucit, flotte le long d’une échine, roule sur des phrases scellant définitivement ce qui n’aura été, en fin de compte qu’un songe.

« Imagine l’arme que l’on donnerait à ceux qui voient déjà notre amitié d’un mauvais œil. Personne n’a oublié comment je ne me suis battue lors de ton procès. Nous traînons déjà bien assez de scandales derrière nous tous les deux. Et nous ne pouvons nous permettre d’être mis à l’écart au vu de ce qui se prépare dehors. Tu comptes pour moi, Severus, plus que tu t’en doutes sûrement… Mais pas comme ça. »

Enfin. Silence s’étiole. La paume tremble. Douceur caresse la joue d’une perle cristalline que le doigt cueille machinalement. Sourire las. Qu’y a-t-il à répondre à cela ? Contrairement à Potter qui a obstinément chassé l’objet de ses désirs jusqu’à ce que Lily se jette dans ses bras, je n’ai pas vocation au harcèlement. Et s’il est une âme, sur cette terre, propre à apaiser les flammes ombrageuses de mon tempérament, c’est elle. Moira Oaks.

Un pas.
Le coeur tambourine.

Une main tendue vient recueillir les paumes de Moira. La deuxième se joint à sa jumelle. Entourer les paumes de la belle de ses doigts. Prise lâche. Rassurante. Aussi légère qu’un rêve. Un sourire las l’accompagne.

« Je ne t’en veux pas, Moira. »

Presque une déception de lâcher ces mots. La voix s’est faite basse, douce. Roulement posé. Presque trop posé. Pincement au coeur environné de chaleur. L’affliction le dispute à l’effet apaisant de la présence de Moira. Le chaton lové sur mon épaule semble deviner la naissance d’une tempête. Bond gracieux le voit lové sur le fauteuil le plus proche, le museau sous un coussin.

« Je me contrefous de donner des armes à nos opposants en te fréquentant, Moira… Et je nous sais capables d’affronter à peu près n’importe quelle tempête. En revanche je me soucie de tes sentiments. »

Les prunelles d’ombres mouvantes ne lâchent pas celles de la belle. L’agacement, l’inimitié, la douleur s’estompent placidement. Je suppose que le spectre de Lily Evans m’accompagnera jusqu’à mon dernier souffle pour me rappeler chacun des choix de mon existence. La brûlure de notre dispute a au moins eu une vertu entre toutes. Une fois n’est pas coutume, le passé crame au lieu de se faire étau carcéral. Une chance manquée de plus. Si je l’avais vue plus tôt. Si je l’avais oubliée plus tôt. Mais l’amour est comme la haine.

Infini. Absolu.

Les paumes remontent le long des bras de la jeune femme et je l’attire dans une étreinte. De celles, trop rares, que j’ai pu lui donner lorsque ses efforts pour maîtriser l’occlumencie étaient le fruit du désespoir. Lorsque ma propre carcasse dérivait sur les flots d’un hiver éternel. Bref soupçon d’éternel.

« Merci, Moira. »

Merci d’être revenue. De m’avoir ouvert les yeux. Le sait-elle, à cet instant qu’elle a rompu seule le charme dont jamais ni Dumbledore, ni Potter senior, ni le Seigneur des Ténèbres n’ont pu me départir ? Les paumes effleurent l’épaisseur d’un manteau jusqu’à libérer le corps tremblant d’émois contenus, s’attardant seuls sur une main de la magistrate, emprisonnée d’une lâche accolade tiède.

« Je sais. »

Aveu confus.

« Je ne sais pas non plus ce qui m’a pris. Lorsque tu m’as jeté au visage mon obsession pour le passé, il y a eu comme un déclic. Je me suis senti comme une montre figée à la mécanique grippée jusqu’à ce que les rouages ne repartent. J’ai eu l’impression de te voir pour la première fois, moi qui ai passé mon existence aveuglé par un souvenir… Je te prie de m’excuser. »

Le prénom de Lily flotte dans la pièce dépouillée de toute fragrance florale. Presque une malédiction estompée. Un sourire flotte, amusé, ponctué d’un soupire théâtral.

« Je suppose qu’il va me falloir me contenter de compter pour amie chère l’une des femmes les plus exceptionnelles que la Grande Bretagne ait compté sur ses terres au cours des derniers siècles. »

Hésitation infime. Fragile instant menacé de se briser irrémédiablement. Les liens peuvent-ils survivre aux césures ? Entremêlement complexe de reconnaissance et d’égarements. Chaque pas rapproche du cénotaphe. Chaque souffle crame autant qu’un soleil éteint dans la quiétude universelle. Et le silence absolu d’infinités vertigineuses se perd à l’arrière du crâne. Les phalanges lâchent enfin la tiédeur des mains de la Justice personnifiée. Chaleur de sa peau spectrale, laissée sur mon derme comme une caresse. Une lueur laiteuse accroche mon œil tandis qu’un « pop » étouffé résonne dans l’atmosphère paisible de l’étude. Thelma a conservé son habitude. Le soir. L’étude occupée… Cela signifie thé, service en porcelaine et clémentines abandonnées esthétiquement sur un service immaculé. Je ne peux retenir un pouffement amusé en constatant que l’elfe de maison perpétue avec moi la tradition familiale qu’ils se transmettent d’elfe de maison en chef en elfe de maison en chef depuis la fondation de l’école : mieux savoir que le Directeur comment prendre soin de lui.

« Je suppose que c’est la façon de Thelma de nous inviter à nous asseoir pour discuter… »


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Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Sam 7 Déc - 10:05





décembre 2003

La cavalcade dans sa poitrine ne cesse de marteler. L’aveu enfin offert, ne reste que la crainte de découvrir les fissures qu’elle aura seule provoquées. Un long silence lui répond, promesses d’orage, de colère et de souffrances. La juge frissonne mais ne se dérobe pas. Sa fuite a déjà trop duré.

Le regard de Severus la fixe un moment trop long pour ne pas l’inquiéter et quand il s’approche enfin, la tension dans le dos de Moira s’intensifie sèchement de chaque côté de sa colonne vertébrale. La renverra-t-il d’où elle vient comme elle l’a tant de fois redouté ? Elle ne lui en voudrait même pas… Pourtant, ce sont ses doigts qu’il vient chercher plutôt que son départ et ses mains viennent enfermer les siennes entre ses paumes en un contact doux, tendre, absolument inattendu. Mais pas inespéré. Et les mots qu’il prononce permettent enfin à la magistrate de respirer.

Délicatement, ses doigts bougent à l’intérieur des siens, abandonnent de légères caresses sur l’intérieur de ses mains comme un remerciement silencieux alors qu’il reprend ses arguments bancals pour un à un les repousser. Moira baisse les yeux, un sourire contrit sur les lèvres. Bien sûr qu’ils auraient su affronter. Bien sûr qu’ils auraient eu l’étoffe… Elle sait les réflexes qui lui ont fait préférer le mensonge avant de retrouver le courage de dire ce qu’elle ne pouvait ignorer. Mais bien vite, elle revient croiser le regard de Severus alors qu’il remonte ses paumes le long de ses bras pour l’attirer entre les siens, et Moira se laisse faire, accorde l’étreinte qu’elle n’a aucune raison de lui refuser, moins encore quand on sait combien elle l’a désirée. Le contact est chaste, infiniment pur, si fort pourtant. La sorcière respire, ses peurs étouffées dans l'étreinte.  

Le remerciement glissé à son oreille fait légèrement se froncer les sourcils de Moira alors qu’elle peine à en comprendre l’origine, elle qui ne fait que s’accuser des pires vices depuis des semaines entières. Elle écoute pourtant, sans jamais l’interrompre, et sent l’émotion s’emparer plus vivement d’elle encore quand elle comprend ce qu’il souhaite lui dire : cette libération douloureuse que leur dispute aura au moins permise, cet abandon de certains poids si lourds que Severus se forçait à porter depuis plus de vingt ans…
- Je suis tellement heureuse que tu aies fini par le voir… balbutie-t-elle alors. Toutes ces années j’ai prié pour que tu t’en rendes compte, pour que tu avances enfin, que tu te libères de tout cela… Je suis désolée d’avoir été si dure, Severus. Pardonne-moi. Mais il fallait que je le fasse.  
Lily enfin derrière lui, comme un souvenir à sa juste place, l’avenir ne peut que gagner en valeur et en promesses. N’est-ce pas l’ordre juste des choses ?

Soudain, la légèreté revient s’immiscer entre eux, boutade timide au cœur de leurs émois trop lourds, et le sourire de Moira resplendit malgré la timidité de se voir ainsi complimentée. Elle baisse les yeux un instant, sans laisser le bonheur délaisser un instant les traits de son visage.
- D’aucuns affirment qu’il vaut mieux ne pas m’avoir en ennemie. Il semblerait que tu demeures donc du bon côté de la barrière.

C’est alors qu’en un petit son chantant, le service à thé typique de la vieille Thelma apparaît dans sur une table tout près, et la juge sourit plus franchement encore face à l’impromptu de la situation. Sacrée Thelma… On ne louera jamais assez son talent extraordinaire pour intervenir toujours au moment exact où on a besoin d’elle sans encore s’en rendre compte. Le rire qu’elle retient dans sa gorge fait écho à celui qu’elle perçoit chez Severus alors qu’il l’invite à profiter du breuvage ainsi offert. Elle reconnaît elle-même n’en avoir jamais tant eu envie. Moira acquiesce alors d’un signe de tête et accompagne Severus pour s’asseoir avec lui et servir deux tasses de thé brûlant.

Les senteurs d’agrumes d’échappent de la vapeur comme des prémices de fêtes à venir. Bientôt le temps des paquets entourés de rubans tape-à-l’œil, des pains d’épices et des volailles cuites au four. Nombreux sont ceux qui redoutent cette période de l’année, sa joie obligatoire, ses attentions hypocrites et ses festins trop lourds sur fond de nouveaux crédits bancaires. Mais Moira n’a jamais perdu son amour pour ces occasions trop rares de se retrouver quand le travail prend une place trop grande dans sa vie. Qu’un jour au moins ne lui accorde aucun prétexte pour s’enfermer dans son bureau plutôt que de rendre visite à ses parents à Hertford est une bénédiction pour Duncan et Eileen depuis presque une vingtaine d’années. Et cette bénédiction vient toujours accompagnée d’odeurs d’oranges et de clémentines.

Comme à son habitude, Moira ajoute un sucre dans sa tasse qu’elle fait fondre plus rapidement à l’aide de sa cuillère. Elle n’ajoute de lait que le matin, lorsque sa première théière vient l’aider à chasser les dernières brumes qui engourdissent son esprit après ses nuits trop courtes. Attendant que son thé refroidisse assez pour qu’elle puisse le boire, elle s’empare délicatement d’une clémentine qu’elle pèle en des gestes délicats alors que son regard revient à Severus.  
- Tu m’as manqué, lui glisse-t-elle alors, un sourire fin dessiné sur les lèvres.
Séparant sa clémentine en deux moitié, elle en arrache un quartier qu’elle fourre avec espièglerie dans sa bouche en s’installant plus confortablement sur le dossier de sa chaise.
- Ne nous infligeons plus jamais de tels silences, tu veux bien ? J'ai une semaine de sommeil à rattraper avec tout cela. Au moins !
La légèreté demeure comme un cadeau précieux en cette période de fêtes.

Puis, son visage regagne une expression un peu plus sérieuse, sans gagner en froideur.
- J’ai appris que vous comptiez inviter le groupe Reißen pour le bal de Noël de Poudlard cette année, ditelle alors. Je t’avoue que cela m’a surprise. Et je crois pouvoir parier que l’idée ne vient pas de toi.  
La taquinerie luit dans ses yeux, mais s'échappe à mesure que ses phrases se succèdent.
- Je ne te conseillerai rien en particulier. Tu sais l’importance que j’accorde à la neutralité de Poudlard. L’école peut donc inviter tous les artistes qu’elle juge dignes de jouer en son sein. J’espère seulement que tu ne te fourvoies pas sur ceux à qui tu as affaire. Les discours qu’ils ont donné en interviews dans la gazette ces derniers mois sont des plus clairs quant à leurs affiliations.
Un temps de réflexion, entrecoupé par une gorgée de thé.
- J’ai parfois l’impression d’être la seule à m’inquiéter de ce qui se trame dehors. Voilà cinq ans que Voldemort n’est plus, et son ombre ne m’a jamais semblé si grande. L’air est lourd. L’inquiétude et la suspicion sont partout. Je crains que les choses n’aillent en empirant, Severus. Et ce ne sont pas les derniers mangemorts en liberté qui m’inquiètent le plus mais bien les sympathisants contre lesquels je n’ai encore aucune arme juridique me permettant de les contrecarrer. Narcissa peut bien organiser toutes les sauteries du monde pour faire grandir ses rangs. Le Ministère n'a pas encore vocation à interdire les réunions. Et je crains que le nombre de soutiens de l'Enchanteresse ne cesse de croître, en effet.  
Un léger soupir s’échappe de ses narines alors qu’elle repose délicatement sa tasse.
- J’aimerais savoir ce que Potter a dans la tête, s’il se rend compte des choses, s’il travaille en secret ou est simplement dépassé par les événements. Nos contacts sont trop rares, je crois, pour que nous ayons réellement forgé un lien capable de nous donner confiance l’un en l’autre. La faute est sans doute autant la sienne que la mienne. Mais je reste incapable de juger correctement ce garçon. Et le temps presse. L’heure n’est plus aux préparatifs. J’espère seulement qu’il en est conscient qu’il devra très bientôt prouver qu’il est un Ministre et non plus un jeune homme de vingt-trois ans.
Nouveau soupir, plus franc cette fois.
- Je le plains, Severus. Je le plains sincèrement. Il n’aurait pas dû avoir à subir de telles responsabilités. En particulier après la jeunesse qui lui a déjà été imposée.  

(1353 mots)

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
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Dim 22 Déc - 15:00
LEGILIMANCIE &
AVIS DE TEMPÊTE



S’il est des tournants qui fragilisent le délicat équilibre d’une existence, il en est, plus encore, qui le subliment jusqu’au vertige. Tenir contre soi Moira est de ceux-là. Amitié. La pilule est amère, mais son goût se fadera sur la langue bien plus vite que la rupture de tous liens avec Lily. Si elle m’avait laissé revenir dans sa vie, même sous les simples couleurs de la camaraderie, je serais certainement devenu un homme autre. Mais le passé ne saurait se réécrire, et c’est enfin de cette hypothèse mille fois ressassée que je m’allège. Le coeur tambourine sous les côtes, menace de s’exhaler de la carcasse osseuse pour s’en aller voleter d’allégresse. Jamais la naissance d’un bonheur n’eut goût si âpre.

Ce n’est qu’avec regret que je laisse Moira se défaire de mon étreinte, la conscience aiguë des quelques troubles à venir entre nous dans les mois prochains. Je suppose qu’il n’est pas si facile de mettre de côté ce type d’accroc de parcours, quand bien même les deux participants y mettraient la meilleure volonté du monde. Pas si facile de bâtir une existence sur un terreau neuf à quarante années passées. Les jours ont filé, le souvenir est resté, meilleur geôlier que des barreaux d’acier. Je balaie d’un geste de la main ses excuses, un pauvre sourire sur les lèvres. Je suppose que peu peuvent se vanter de m’avoir vu penaud. Le simulacre de plaisanterie, cependant fait mouche, ravive un semblant de normalité entre nous. Soulagement.

« D’aucuns affirment qu’il vaut mieux ne pas m’avoir en ennemie. Il semblerait que tu demeures donc du bon côté de la barrière.
- Merlin me garde d’un jour me mettre à dos la Justice armée de sa baguette ! »

Et je m’efforce obstinément de ne pas penser à ma dernière conversation avec Harry Potter, le ministre si peu gryffondor. Il est trop tôt, bien trop tôt pour sonder Moira à ce sujet. Thelma sévit, et nous voici installés autour du plateau, le nez dans les tasses, une clémentine à la main. Les pelures oranges s’égrènent sur le bord de l’assiette, contrastant violemment avec la pâleur de la porcelaine. Pour une fois, au moins, elles ne m’évoqueront pas la chaleur flamboyante de la chevelure de Lily, et je ne me perds pas dans la contemplation de ces reliquats d’agrumes.

«  Tu m’as manqué. Ne nous infligeons plus jamais de tels silences, tu veux bien ? J'ai une semaine de sommeil à rattraper avec tout cela. Au moins ! »


Je ne peux réprimer un petit rire amusé et me fendre d’un sourire en coin. Moira fait partie des très rares personnes avec lesquelles je m’autorise à oublier la guerre, la politique, les charges directoriales. Bien trop rares personnes.

« Et moi donc ? Si j’avais été encore professeur de potions, j’aurais certainement explosé plus de chaudrons que mes élèves ces derniers jours… Enfin, mieux vaut exploser un chaudron qu’un élève. 
-  J’ai appris que vous comptiez inviter le groupe Reißen pour le bal de Noël de Poudlard cette année. Je t’avoue que cela m’a surprise. Et je crois pouvoir parier que l’idée ne vient pas de toi. »

Un frisson dévale l’échine. Voici que la légèreté de l’instant se dissipe enfin pour laisser place à la gravité des intrigues politiques internes et externe.

« - Je ne te conseillerai rien en particulier. Tu sais l’importance que j’accorde à la neutralité de Poudlard. L’école peut donc inviter tous les artistes qu’elle juge dignes de jouer en son sein. J’espère seulement que tu ne te fourvoies pas sur ceux à qui tu as affaire. Les discours qu’ils ont donné en interviews dans la gazette ces derniers mois sont des plus clairs quant à leurs affiliations. »

Un temps de réflexion, entrecoupé par une gorgée de thé pour Moira. Je me fais miroir de son geste en portant la tasse à mes lèvres, mais ne fais qu’effleurer la brûlure du liquide. Trop chaud. La voix de la Justice tinte à nouveau, embrumée de soucis, fragile et déterminée. Je la laisse parler, vider ce qu’elle a sur le coeur et l’écoute avec attention.

«  J’ai parfois l’impression d’être la seule à m’inquiéter de ce qui se trame dehors. Voilà cinq ans que Voldemort n’est plus, et son ombre ne m’a jamais semblé si grande. L’air est lourd. L’inquiétude et la suspicion sont partout. Je crains que les choses n’aillent en empirant, Severus. Et ce ne sont pas les derniers mangemorts en liberté qui m’inquiètent le plus mais bien les sympathisants contre lesquels je n’ai encore aucune arme juridique me permettant de les contrecarrer. Narcissa peut bien organiser toutes les sauteries du monde pour faire grandir ses rangs. Le Ministère n'a pas encore vocation à interdire les réunions. Et je crains que le nombre de soutiens de l'Enchanteresse ne cesse de croître, en effet.  J’aimerais savoir ce que Potter a dans la tête, s’il se rend compte des choses, s’il travaille en secret ou est simplement dépassé par les événements. Nos contacts sont trop rares, je crois, pour que nous ayons réellement forgé un lien capable de nous donner confiance l’un en l’autre. La faute est sans doute autant la sienne que la mienne. Mais je reste incapable de juger correctement ce garçon. Et le temps presse. L’heure n’est plus aux préparatifs. J’espère seulement qu’il en est conscient qu’il devra très bientôt prouver qu’il est un Ministre et non plus un jeune homme de vingt-trois ans.  Je le plains, Severus. Je le plains sincèrement. Il n’aurait pas dû avoir à subir de telles responsabilités. En particulier après la jeunesse qui lui a déjà été imposée. »

Le silence s’installe. Paisible. Pensif. La discussion a depuis longtemps été entamée sur ce sujet, retardée seulement par l’ivresse d’un baiser et les foudres qui en suivirent. Être là, côte à côte, et reprendre les affaires sérieuses de ce monde ne peut avoir qu’une senefiance : le repos est fini, il est temps de se remettre mille fois à l’ouvrage. Le minois se fait pensif, je me prends le menton entre les doigts, fais danser l’arrête de mes ongles sur le masque blafard de ma carne. Je réfléchis véritablement, intensément. Jauge ce qu’il faut dire et ce qu’il faut taire. Moira n’est pas prête, je le sais, je le sens. Je crève d’envie, pourtant, de l’inclure dans les sombres rouages du pouvoir qu’elle ne soupçonne même pas. Mais je ne le puis. Pas sans en parler à Potter. Et surtout pas en cet instant où Moira est encore toute pétrie de la grandeur d’une justice équitable mais non pas aveuglée. Je la connais, à moins d’un bouleversement, elle ne cèdera sans doute jamais aux sirènes d’un monde nouveau amené par la ruse, la veulerie et l’aveuglement des foules bêlantes. Un jour, elle se trouvera peut-être sur ma route si je m’engage plus avant dans l’ivresse grandiose de Potter.

Je songe, donc. Silencieux. Les secondes s’égrènent, claquemurées dans un mutisme probablement fort inquiétant pour mon vis à vis. Un soupir s’échappent de mes lèvres, ponctue la décision prise en mon âme et conscience. La poisse du regret cimente mon jugement. Comme j’aimerais ne pas lui mentir. Comme j’aimerais avoir la certitude que nous marchons tous deux pareillement sur la même route vers l’avenir. Mais j’ai trop peur pour me prononcer en cet instant.

« L’invitation de Reissen n’est indubitablement pas de mon fait. A dire vrai, je ne voulais même pas faire ce foutu bal de Noël. Mais tu connais Minerva… »

Un temps d’hésitation.

« … et Regulus... »

Une gorgée de thé me permet d’apaiser le tourbillonnement de sensations qui me tord l’estomac. Le moment où il faut se jeter à l’eau et jouer carte sur table… en omettant de mettre tout son jeu dans la pioche.

« Si tu m’avais demandé ce que je pense de Potter il y a quelques années, je te l’aurais décrit comme un petit con arrogant incapable de finesse ou de clairvoyance. Une pâle copie de sa petite frappe de père, biberonné à l'inconstance de Black. Je n’en suis plus si certain. J’ai eu l’occasion de le croiser à quelques reprises au cours des derniers mois et sa maturité sur bien des aspects m’a étonné, je dois dire. »

Se faire songeur. Il n’y a pas besoin de fausser beaucoup la donne. Je remercie le ciel pour les petits miracles ordinaires tels la transformation de Potter.

« Il est mort, Moira, tu sais. Littéralement, je veux dire. Il a été frappé d’un avada kedavra à l’âge de dix sept ans, et ça a suffit à détruire une bonne fois pour toutes le Seigneur des Ténèbres… Jedusor. »

Je me suis repris à temps. Une partie de ma vie à nommer cet égocentrique narcissique et complètement taré par un titre de noblesse usurpé par la peur ne s’efface pas d’un claquement de doigts.

« Je suppose que ça change un gamin de voir la lumière d’un peu trop près. Il a tout sacrifié à ce combat jusqu’à sa propre vie. La seule raison pour laquelle il a été ramené d’entre les morts est un concours de circonstance, vraiment. Ce qu’en supposait Albus est que le sacrifice de Lily a permis de protéger Potter quand il était enfant. L’avada que Jedusor a lancé a rebondi sur lui et détruit l’enveloppe corporelle du meurtrier de ses parents. Cette âme fragilisée s’est morcelée et un fragment a trouvé refuge dans le corps du garçon, lui permettant de survivre lorsqu’il a été frappé à nouveau, à dix-sept ans, d’un impardonnable. Ce n’est qu’une supposition, à dire vrai, et je crains qu’il nous faille accepter de n’avoir jamais le fin mot de cette histoire. Le fait est que Potter est mort  pour ce pays, et que cela a du lui mettre un peu de plomb dans la cervelle en plus d’être certainement une expérience des plus traumatisantes. »

Les ongles pianotent sur la porcelaine vidée de son contenu. Une chaleur fantôme irradie de la tasse, trace du liquide ambré qui y dansait jadis.

« Il est jeune, mais il est conscient. Plus éveillé que la moyenne. Il bénéficierait certainement beaucoup de ton expérience du terrain et de ta clairvoyance. Granger n’est pas stupide – je n’aurais certainement pas consenti à en faire mon apprentie si tel était le cas – mais elle est aussi jeune que lui. Les vieux politiciens comme Rosier vont n’en faire qu’une bouchée s’ils ne s’arment pas mieux que de meilleurs sentiments. Il leur faut apprendre à juguler leur fougue, tous deux, à penser avant d’agir. Il leur faut apprendre la vertu de la patience, de la modération. Et il n’y a pire moment pour le faire qu’en cet instant. Je crains que le Royaume Uni n’ait que trop souffert des dernières guerres. »

Des guerres civiles. La pire espèce.


1798 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Dim 19 Jan - 16:09





décembre 2003

Quel soulagement de retrouver un confident qu’on croyait avoir perdu… Les vapeurs du thé de Thelma ont-elles quelque vertu inexplicable ou une magie singulière est-elle toujours à l’œuvre à Poudlard pour faire se retrouver les amis injustement éloignés ? Moira est bien incapable de le dire, mais elle ne cherche pas vraiment la réponse. Elle ne fait que profiter de la paix enfin retrouvée, profiter de la présence de Severus dont elle s’est vue privée pendant des journées trop longues et des nuits trop sombres.

Mais la légèreté du cœur n’amène pas nécessairement la légèreté des mots et la réalité du monde qui les entoure vient rapidement s’immiscer entre eux, trop rapidement peut-être. Telle est la malédiction des périodes de guerre. Le nom de Reißen tonne entre eux, bientôt suivi de celui des familles qu’il sert. Avec cette musique, c’est toute l’Insurrection qui risque de chanter entre les murs de l’école et les esprits plus facilement manipulables des jeunes pourraient se montrer particulièrement réceptif à un message servi sur un fond sulfureux. L'incorrection est si attirante à l’adolescence...

Dès qu’elle a appris la nouvelle, Moira s’est empressée d’aller voir quelques enregistrements des précédents concerts du groupe. La langue allemande lui est totalement inaccessible, comme à la plupart des élèves de Poudlard, mais le spectacle ne l’a néanmoins pas laissée insensible. Les gerbes de flammes et les formes lumineuses créées par le groupe auraient de quoi impressionner même le plus flegmatique des sorciers anglais. Nul doute qu’elles auront leur effet dans le regard des jeunes qu’ils s’apprêtent à rencontrer. Et c’est bien ce qui inquiète la magistrate.

Mais que faire ? Interdire ? Censurer ? Un gouvernement qui limite l’art ne va jamais dans la bonne direction. On ne combat pas une opposition en la faisant taire. On la vainc en parlant mieux qu’elle. Pourtant, Moira n’entend qu’un odieux silence qui dure maintenant depuis des mois. Aucune prise de parole publique. Aucune réforme de taille. Aucun article dans le moindre journal pour répondre aux accusations de Narcissa Malefoy, défendre le nouveau système que le Ministre souhaite mettre en place, rassurer les sorciers qui s’inquiètent de voir le monde s’embraser de nouveau. Depuis trop longtemps, Potter laisse aux Insurgés toute latitude, et leur voix résonne de plus en plus loin, jusque dans les couloirs de Poudlard. Quand se décidera-t-il à réagir ? Quand ?

- Je me souviens de l’attachement de Minerva à certaines traditions, c’est vrai. Mais je t’avoue que cela me surprend plus de la part de Black. Je ne l’ai rencontré qu’une fois, dans des circonstances un peu particulières, il est vrai… Mais je ne l’aurais pas cru du genre à apprécier les bals de Noël, et encore moins agrémentés d’un groupe de métal allemand.
Un sourire amusé se glisse un instant sur les lèvres de la juge avant qu’elle ne reprenne, légèrement plus sérieuse :
- Penses-tu qu’il puisse être sensible aux positions de sa cousine ? Après tout, lui-même a embrassé pendant un temps les idées de Voldemort. S’il est celui qui a proposé d’inviter Reißen à Poudlard, je t’avoue que cela me pose question.
Et alors qu’elle savoure une nouvelle gorgée de thé, Severus lui confie enfin un portrait du Ministre comme il lui a rarement été donné d’entendre.

Les yeux rivés sur les iris noirs de son ami, les mains entourant la porcelaine chaude de sa tasse, la Présidente-Sorcière écoute avec attention sans jamais avoir la moindre réaction capable de lui faire perdre le fil de ses pensées. Phrase après phrase, elle découvre les coulisses du combat de Potter contre Voldemort dont elle n’a jamais rien su : difficile de savoir où s’arrête la légende et où commence le mensonge dans les récits qui entourent l’Elu. Mais à entendre la version de Severus, Moira se demande surtout quel besoin ont eu certains conteurs d’ajouter toujours plus de spectaculaire dans le parcours de Harry Potter tant ce dernier se montre déjà incroyable, à la limite du crédible.

Le portrait que Severus lui tire de leur jeune Ministre est finalement loin des remarques acides dont Moira sait son ami coutumier. Les piques qu’il lance d’ordinaire se voient remplacées par une succession de considérations flatteuses et une estime dont la magistrate ne pensait pas Severus capable. Se pourrait-il que tous ces mois passés près des hautes sphères du pouvoir aient permis au potionniste de découvrir son ancien élève loin de l’image qu’il s’est construite de lui durant ses années à Poudlard ? Intriguée, Moira penche légèrement la tête sur le côté alors que Severus confirme une fois de plus la confiance qu’il semble avoir en ce garçon, un jeune homme éveillé, plus réfléchi, dont seule la fougue entache le tableau de celui qui sera peut-être un grand politicien anglais. Ce manque de pondération et de patience, Moira a déjà eu à l’affronter…
- Je sais sa tendance à l’immodération et son désir de voir les choses changer aussi rapidement que son esprit les imagine. J’ai déjà dû lui en faire la remarque quand il a décidé unilatéralement d’annoncer la création de sa réserve citoyenne devant tout un parterre de journalistes. Ce tempérament lui crée de nombreux ennemis et bousculer si brusquement la société anglaise n’a jamais été une méthode très sage ni très aisée. L’image admirable du Sauveur s’est déjà ternie auprès de nombreux sorciers depuis son accession au pouvoir. Je pense que tu en es conscient.  
Une nouvelle gorgée de thé réchauffe sa gorge alors qu’elle pèse une nouvelle fois ses mots.
- Les réserves à son encontre se multiplient et l’Insurrection ne cesse de souffler sur les braises. Ses coups de force ont peut-être séduit au début, quand le monde n'attendait que du changement, que de tourner la page des deux dernières guerres et d'empêcher les mêmes conflits de se reproduire. Mais ses réformes vont trop vite et les plus modérés tendent de plus en plus à prêter l’oreille à Narcissa et ses positions conservatrices. Les révolutions effraient toujours, qu’elles soient faites dans le sang ou dans les textes. S’il ne rassure pas ceux qu’il gouverne très vite, Potter pourrait bientôt les voir rejoindre les rangs de ceux qui freinent des quatre fers simplement parce qu’on leur promet ce que le Ministre ne cesse de leur enlever : du temps.
Un léger soupir s’échappe de ses narines alors que son dos revient rencontrer le dossier de sa chaise.
- Je ne sais pas quelle influence je pourrais avoir sur lui ou Granger… Il m’a écoutée, je crois, la dernière fois que je suis venue demander des comptes dans son bureau. J’espère seulement que cela n’était pas qu’une façade. J’imagine que je le saurais bien assez tôt.
Son regard revient croiser celui du directeur.
- Granger est devenue ton apprentie, alors ? … Deux des esprits les plus affûtés de notre temps, cela ne peut que donner des miracles.
Elle sourit.
- Elle sera peut-être plus facile à atteindre que Potter… Je vais tenter de me rapprocher d’elle, voir ce que nous pouvons tirer l’une de l’autre. Je pense que Potter entendra plus facilement les conseils s’ils viennent d’elle que s’ils viennent de moi. Après tout, elle est son bras droit depuis bien avant qu’elle soit entrée au gouvernement. C’est une jeune femme brillante. Nous aurons sans doute matière à discuter. Promets-moi de ne pas la traumatiser pendant tes cours. Trop de tes anciens élèves tremblent encore à la seule mention de ton nom.
Puis, une lueur espiègle vient briller dans le fond de ses prunelles.
- En parlant de professeur… n’avons-nous pas un cours à débuter tous les deux ? Je ne voudrais pas prendre de retard.
Rien de tel qu’une activité partagée pour balayer les gênes du passé et certaines habitudes se doivent de rester bien ancrées.

(1292 mots)

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
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Dim 22 Mar - 19:12
LEGILIMANCIE &
AVIS DE TEMPÊTE



Incertitude. Elle dévore la carcasse comme le feu embrase bien vite le papier. D’ombres et de lumières, les silhouettes agitées des souvenirs agitent l’esprit d’un vieux directeur déjà bien las. Le silence tranquille de la pièce est presque une malédiction après le fracas quiet de mes propres tourments envolés, dissipés, revenus à la charge. Dans la pénombre d’un bureau, avec pour seule présence celle d’une flamme ardente, d’une femme volontaire et forte, je me sens l’ombre au tableau qui aurait meilleur compte de s’étioler et disparaître dans le néant. Combien de fois n’y ai-je songé au cours des derniers jours… Sortir à jamais de la vie de Moira. De la vie de chacun. Mais en dépit de mes faiblesses, de mes mensonges, du masque que je peins sur mes traits à l’aide d’un habile voile composé au fil des ans, je ne m’y peux résoudre. Je me revois, pensif, détailler par un soir sans lune, les hauteurs de la tour d’astronomie et envisager de m’y jeter, suivant dans la tombe mon prédesseur à l’endroit même où son fantôme n’a jamais cessé de me hanter. Et j’a tourné les talons.

Parce que Moira est une lumière. Une porte pour un ailleurs. Une vie d’espérance répondant à une vie de désespoir. J’entrevois trop aisément ce qui peut l’agacer dans mon tempérament. Mais j’ai passé tant d’années à ressasser mon désespoir que je ne suis pas certain de savoir comment faire autrement. Si jeune, à l’échelle de la longévité des sorciers, si profondément noyé dans l’abysse déjà. Elle, bien plus que le frisson d’un coup d’état bien mené aux côtés de Potter, me fait rester ici. Don précieux de vie, malédiction. Elle ne sait pas. Elle ne sait probablement pas quel impact elle a sur ma vie. Et c’est mieux ainsi. Qui serait assez sot pour faire peser sur les épaules d’autrui la responsabilité de sa propre existence. Même lorsque j’étais embourbé dans les ténèbres, jamais je ne l’ai infligé à quiconque, cet odieux chantage. Cela ne m’en rend peut-être que plus imprévisible d’une certaine façon. Le jour où cet unique fil me rattachant à une existence sera coupé, que me restera-t-il sinon les abîmes ?

J’aimerais croire, pourtant, j’aimerais croire qu’il existe une raison de demeurer. Une raison propre, loin de la bouée de sauvetage que représente Moira. Mais pour l’heure, il m’est impossible d’en trouver une, et ce qui me rattache à cette existence s’avère bien ténu. Crise de lucidité sans doute des moins bienvenue, je me laisse plonger dans les méandres de mon propre esprit, n’écoutant qu’à peine la réponse de Moira. Ce n’est que lorsque le timbre de sa voix sonne comme une question que je me sors de cette macabre rêverie.

« Penses-tu qu’il puisse être sensible aux positions de sa cousine ? Après tout, lui-même a embrassé pendant un temps les idées de Voldemort. S’il est celui qui a proposé d’inviter Reißen à Poudlard, je t’avoue que cela me pose question. »

Sait-elle que je n’ai pas écouté le déroulement de son idée ? Toutefois, mon esprit met bout à bout les choses. Cousine. Celui qui a invité Reissen. Elle parle de Regulus Black.

« Je ne pourrais te répondre avec certitude, mais je crois qu’il est bien moins extrême que Narcissa. La dernière fois que nous avons pris un verre, il s’inquiétait de la façon dont je pourrais conserver la neutralité de cette école… Regulus est quelqu’un qui mettra en premier ses intérêts et ceux de sa famille, je pense qu’il tâchera de garder toutes ses options ouvertes et de rester neutre le plus longtemps possible jusqu’à ce que les actions de l’un ou l’autre camp ne l’obligent à prendre position. »

C’est bien pour cela que j’ai conseillé à Potter de lui remettre le titre de Lord Black. J’ignore toutefois si je serai écouté. Conserver le titre a au moins autant d’avantages que le rendre. Et à mesure que mon esprit se focalise sur l’objet de la conversation, je puis repousser les vagues de désespoir et de terreur qui m’assaillent depuis quelques temps. Je sens le monde sur le point de basculer. Fou ou visionnaire, l’avenir seul me le dira. La situation m’échappe, et mon vœu m’entrave, m’attache à Potter. Que Dumbledore ait péri ne change rien, j’ai juré sur ma vie de protéger le gamin. En le conseillant, au moins, j’ai une chance de remplir mon office.

« Je sais sa tendance à l’immodération et son désir de voir les choses changer aussi rapidement que son esprit les imagine. J’ai déjà dû lui en faire la remarque quand il a décidé unilatéralement d’annoncer la création de sa réserve citoyenne devant tout un parterre de journalistes. Ce tempérament lui crée de nombreux ennemis et bousculer si brusquement la société anglaise n’a jamais été une méthode très sage ni très aisée. L’image admirable du Sauveur s’est déjà ternie auprès de nombreux sorciers depuis son accession au pouvoir. Je pense que tu en es conscient. Les réserves à son encontre se multiplient et l’Insurrection ne cesse de souffler sur les braises. Ses coups de force ont peut-être séduit au début, quand le monde n'attendait que du changement, que de tourner la page des deux dernières guerres et d'empêcher les mêmes conflits de se reproduire. Mais ses réformes vont trop vite et les plus modérés tendent de plus en plus à prêter l’oreille à Narcissa et ses positions conservatrices. Les révolutions effraient toujours, qu’elles soient faites dans le sang ou dans les textes. S’il ne rassure pas ceux qu’il gouverne très vite, Potter pourrait bientôt les voir rejoindre les rangs de ceux qui freinent des quatre fers simplement parce qu’on leur promet ce que le Ministre ne cesse de leur enlever : du temps.  Je ne sais pas quelle influence je pourrais avoir sur lui ou Granger… Il m’a écoutée, je crois, la dernière fois que je suis venue demander des comptes dans son bureau. J’espère seulement que cela n’était pas qu’une façade. J’imagine que je le saurais bien assez tôt. »

Silence, que puis-je répondre à une analyse aussi pertinente de la situation. L’essentiel des troupes est neutre, mais il suffit d’une étincelle pour embraser le Royaume Uni tout entier. Et le chaos reviendra. Je ne sais s’il vaudrait mieux, pour moi, m’effacer dans un geste fou, un élan me poussant du haut des tours, ou au combat en tentant de protéger celui que je m’évertue à ériger au rang de dictateur. Maintenant qu’il est au pouvoir, peut-être faudrait-il qu’il offre à la foule ce pour quoi elle ramperait les deux pieds dans la fange : du pain et du vin. Et je ne doute pas que Narcissa, en femme du monde avertie, le sache déjà. Quoi qu’elle n’ait jamais exercé le pouvoir directement, elle côtoie les hautes sphères depuis bien plus de temps que Potter. Parviendra-t-il à combler son retard ? J’en doute, parfois. Souvent. Trop souvent. Le servir est comme brûler ses propres ailes jusqu’à choir pour avoir voulu trop longtemps contempler le soleil d’une rédemption inatteignable.

Et le monde flambera jusqu’à ce qu’il ne reste que des cendres. Une vie a-t-elle seulement la moindre importance dans ce théâtre de marionnette que nous vivons tous sur la grande scène d’un monde qui nous a précédé et nous survivra ?

« Granger est devenue ton apprentie, alors ? … Deux des esprits les plus affûtés de notre temps, cela ne peut que donner des miracles. Elle sera peut-être plus facile à atteindre que Potter… Je vais tenter de me rapprocher d’elle, voir ce que nous pouvons tirer l’une de l’autre. Je pense que Potter entendra plus facilement les conseils s’ils viennent d’elle que s’ils viennent de moi. Après tout, elle est son bras droit depuis bien avant qu’elle soit entrée au gouvernement. C’est une jeune femme brillante. Nous aurons sans doute matière à discuter. Promets-moi de ne pas la traumatiser pendant tes cours. Trop de tes anciens élèves tremblent encore à la seule mention de ton nom. »

Plaisanterie tombe dans une sourde oreille. Je sais que Moira ne pense pas à mal, mais j’ai songé, longuement, à cette réputation qui fut la mienne, comme à tous les autres aspects de mon existence au cours des dernières semaines. J’ai tenté de mettre à plat chaque recoin de ma vie, et de déceler ce qui pouvait être sauvé. Je fus sans doute un professeur exigeant, mais certainement pas pédagogue. Mon image fut aussi bien une façon d’asseoir mon autorité dans la classe en tant que jeune professeur, un masque entretenant ma réputation de mangemort pour le jour où il serait de retour, et une expression de mes propres failles, de ces faiblesses si profondément ancrées dans mon coeur que je ne saurais vivre sans. Je fus, je suis un bâtard sarcastique et aigri. Ai-je un jour été autrement ? Il me paraît loin, cet enfant qui se bat déjà avec mes démons tout en entretenant les dernières braises de son insouciance. La meilleure chose qui pourrait me venir serait peut-être un bon sortilège d’oubli… Mais plus dure encore serait la chute lorsque après cette hébétude bienvenue, chaque poids accroché à ma croix reviendrait me peser sur la conscience. Un demi-sourire. Le coeur n’y est pas. Les ombres voilent mon regard, embrasent mes pensées. C’est un mauvais soir pour s’abîmer dans l’oubli.

« Je ferai de mon mieux. »

Soupir.

« Je crains qu’il vaille mieux que tu reviennes un autre soir pour ton cours, Moira. Ces semaines ont été difficiles pour nous deux, et un esprit harassé ne saurait pratiquer la legilimancie sereinement. Je vais en revanche te donner un peu de lecture pour notre prochaine rencontre. Cela devrait permettre de revoir les bases théoriques ; je me souviens que tu avais encore un peu de mal à l'identification des barrières mentales. »

Un geste du poignet. Deux ouvrage flottent jusqu’à la table. Les Ars de l’esprits traitant conjointement de l’occlumancie et de la légilimancie, un ouvrage ardu mais incontournable. Le second est un cahier d’aspect vieilli couvert des caractères acérés de ma jeunesse. Mes propres notes, compilant tout ce que j’ai pu trouver, à l’époque, dans les bibliothèques et collections privés sur la legilimancie. Cahier commencé en fin de septième année, achevé bien après la mort de mon père. Bien après la mort de Lily. S’il n’y a rien sinon des compilations d’information entre ces pages, rien de personnel sinon une calligraphie sur une page vierge, je sens flamber à nouveau toute la colère, le désespoir, la suffisance, la hargne et la haine qui m’ont enflammé dans les années les plus noires de ma vie. Je tends à Moira les ouvrages.

« Tu connais déjà le premier, mais peut-être une petite relecture des deux derniers chapitres devrait t'aider... Et puis il y a ça, aussi. Ce sont les notes que j'avais prises lors de mon propre apprentissage, elles pourront peut-être t'éclairer. Pardonne-moi mon écriture un peu difficile à déchiffrer. N’hésite pas à me demander s’il y a des passages qui te semblent vraiment illisibles. »

Et en lui prêtant ces livres, j’ai l’impression de lui prêter une part de ma mémoire, quoi qu’elle n’en mesure sans doute pas la porté. J’ai l’impression de me dépouiller d’une part de mon armure et me sens beaucoup trop vulnérable. Cette émotion qui me dévore le coeur, m’embrase l’esprit me convainc au moins que j’ai fait preuve de sagesse en refusant de la former ce soir : qu’aurais-je pu laisser filtrer dans un tel état ? Les morceaux de mon âme ? Les secrets d’un Ministre qui ne sont pas miens à dévoiler. Car d’une façon ou d’une autre, les souvenirs de Potter sont dans mon crâne comme les miens sont dans le sien. La pensine est une chose dangereuse, elle offre une arme, une preuve, une trace à qui voudrait reconstruire le puzzle d’une vie et comprendre la folie d’un envol avant la Chute. Le paradis n’a jamais paru si loin d’Angleterre, et les Enfers crament déjà dans nos rues et sous nos pieds. Je les entends gronder et me demande bien combien de temps se passera avant que les armes ne soient prises ouvertement. Pour le moment, l’attentat a répondu à l’attentat. Si Potter avait réussi son coup, Narcissa ne serait plus l’Enchanteresse mais la Martyre. Je m’étonne que personne n’ait encore offert ce titre à feue Astoria Malefoy.


2026 mots


PS : vu que ce rp a un peu traîné de nos deux côtés, je te propose qu'on fasse effectivement le cours de Legilimancie en Février, après le concert de Reissen ? (et du coup après la révélation de l'identité de Wilson ?)

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
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Lun 23 Mar - 15:05





décembre 2003

Leur entrevue s’achève sur quelques sourires hésitants, réminiscences de cette tendresse qu’ils espèrent chacun ne pas avoir perdue. Au détour d’un regard, il arrive à Moira de retrouver l’étincelle qu’elle ne s’est jamais lassée de chercher dans les prunelles de Severus, plus encore dans ses moments de doute. Cette étincelle est bien ténue ce soir, mais la juge croit encore la voir au creux de ses iris noirs où elle a tant de fois plongé. Severus lui pardonnera-t-il la blessure qu’elle lui a infligée, noyée dans cette rage qu’il est un des rares à pouvoir déclencher chez elle, car la colère n’est jamais plus vive que confrontée à l’amour que l’on peut porter à celui qui nous meurtrit.

Le cours de légilimancie ne parvient malheureusement pas à faire diversion. Severus décline son invitation malgré son demi-sourire et un soupir achève les derniers espoirs de la juge. Elle oublie l’idée d’insister alors que son ami amène à lui deux ouvrages dont un que Moira ne connaît déjà que trop bien. Sa mine se décompose quand elle reconnaît la couverture et se remémore les longues, très longues heures passées à tenter de comprendre les subtilités des apprentissages conservés dans ce livre. Elle s’avachit à moitié sur la table quand Severus lui intime de revoir les barrières mentales, comme une mauvaise élève à qui on exige de rendre trois devoirs pour le lendemain.
- Moi qui pensais enfin débarrassée de cet odieux bouquin… Ta vengeance est ignoble.
Elle tente de lui tirer un sourire un peu plus large avant de reporter son attention sur le deuxième ouvrage et son cœur fait un non dans sa poitrine quand elle reconnaît l’écriture se Severus sur le papier jauni. Les yeux absorbés par les pages griffonnées, elle survole un moment les notes personnelles du potionniste, résultat d’années entières de recherches pour perfectionner sa pratique de la legilimancie et des enchantements mentaux. Les lettres sont plus acérées, tracées en des gestes plus vifs. Severus s’est apaisé avec l’âge bien que son appétence pour les nouveaux savoirs ne se soit jamais tarie. Lui et Granger formeront un duo extraordinaire, Moira en est certaine.

- Merci, murmure-t-elle, visiblement émue par le cadeau de son ami. Je veillerai à en avoir fini la lecture d’ici deux semaines. Je te les rapporterai comme cela pour notre prochain cours si tu n’en as pas besoin plus tôt.  
Elle referme délicatement le cahier, laissant ses doigts flotter un instant sur la couverture vieillie, puis se décide enfin à se relever. Elle récupère son manteau qu’elle passe sur ses épaules et vérifie qu’elle n’a rien abandonné sur la table.
- Prépare-toi bien ces quinze prochains jours, mon cher Severus. Je ne te laisserai pas te défiler deux fois !
Un sourire amusé se glisse sur ses lèvres, puis elle s’approche pour prendre le directeur dans ses bras.
- Je suis toujours là, tu le sais. Ne pars pas non plus.

Elle le garde contre elle quelques secondes avant de le libérer et de récupérer les livres. Elle abandonne une caresse sur le crâne de Morsmordre avant de s’éloigner.
- je file. Essaye de dormir, Severus, que ces cernes aient disparu dans deux semaines ! Je te dirai entre temps si les Ars de l’esprit auront eu ma peau.
Un dernier sourire, puis Moira s’éclipse, laissant la porte de la petite étude entrouverte derrière elle. Le bruit de ses pas résonne dans le bureau directorial jusqu’à ce que la magistrate disparaisse dans les escaliers. Elle ne s’est pas retournée sur le chemin, mais Severus sait enfin qu’elle ne fuit plus.


Fin du RP



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