Nom Lepchenko-Black. Elle est fière de cette accolade, le nom hérité de ses pères et celui qu’elle y adossé lors de ce mariage tant espéré. Les premiers sont anonymes, les seconds trop connus. Elle se fait au poids de cette longue tradition. ; Prénoms Milena, Rose, Faustine. Le deuxième est un choix de sa mère, qui a jugé qu'une petite Faustine aurait le plus grand mal à s'en sortir dans la vie. Son prénom principal est un charmant compromis. Ses parents espéraient lui permettre de voyager chez les moldus comme chez les sorciers, en Europe de l’Est ou parmi les anglophones. Elle a bien peu quitté Albion, sinon pour son voyage de noces. Âge Trente huit ans. Son sang de vélane empêche la jolie fleur de se fâner. Est-ce une bonne hygiène de vie ou une bonne connaissance de ce qu’il lui faut ? Elle ne se sent pas plus fatiguée qu’auparavant, et toujours aussi affamée de vivre. ; Date de naissance 02 novembre. Saviez-vous qui est né ce même jour, avec bien des années d’avance ? Marie-Antoinette, excusez du peu. ; Lieu de naissance Lyme Regis, Angleterre. ; Signe astrologique scorpion; Nationalité Britannico-bulgare, c’est bien ce qu’ils disent à l’état civil ? ; Statut Civil Mariée, mère de deux chérubins, brandit ou cache son alliance selon ce qu'elle attend de vous ; Préférences sexuelles Hétérosexuelle ; Statut du sang Mêlé, mi-vélane ; Tradition Extatique avant tout, n’a pris une baguette que pour parfaire son apprentissage magique. ; Baguette son focus principal est un pendule. La chaîne est d’or blanc, le pendentif est une aventurine, pierre de protection du foyer pour certains, de connaissance spirituelle pour d’autres. Sa forme rappelle la raskovnik bulgare, ce mythique trèfle à trois feuilles qui permet d’ouvrir ce qui est fermé. Milena garde son pendule sur elle, transformé en collier par un fermoir habilement placé sur la chaîne. Sa baguette de sorcière ? Souple, 26 centimètres de bois de saule, bien connu pour ses vertus curatives. Un cheveu de vélane, vous devinez bien que c’est un de ceux de sa grand-mère ; Patronus opossum, cette affreuse bestiole qui est aussi un symbole d’astuce et qui garde ses petits dans sa poche car ceux-ci sont trop faibles et dépendants – vous voyez le message qu'elle essaie de faire passer à ses enfants ? ; Dons glamour Vélane ; Pouvoirs occlumens, portée sur la nécromancie ; Particularités Demi-vélane, léger accent bulgare qui la fait buter sur la lettre R. Occlumens, bien qu’elle soit moins talentueuse que son mari. Activité Professionnelle, études, métier, autre Tour à tour chanteuse dans un groupe de musique local, parieuse, femme au foyer, faiseuse d’anges, voire couturière … Elle est maintenant, officiellement, médicomage de famille, une guérisseuse qui se rend chez sa clientèle. Ce qu'elle soigne dépend de ce qu'on lui demande, et qui elle soigne dépend de ce qu'elle a à y gagner. S
CARACTÈRE & ANECDOTES
vive (tête brûlée) D’aucun diront que c’est de la fierté ou de l’inconscience de sa part : Milena n’a jamais pu s’entendre dicter sa conduite si elle ne comprenait pas le bien-fondé d’une interdiction. Cette facilité à passer au-dessus des normes lui permet d’avancer bien plus vite dans ses recherches comme dans ses bonnes astuces. Elle se fie à son Glamour vélane, qui la sort de mauvais pas et qu’elle considère comme une bénédiction. Un peu de charme, son pendule, la baguette au cas où (même si on ne peut pas se fier à ce bout de bois caractériel), la voilà qui se croit invincible. Elle essaie d’être plus responsable, ne pas prendre de risques qui feraient de ses enfants des orphelins mais c’est plus facile à dire qu’à faire protectrice (étouffante) Justement, il n’est pas question que sa progéniture prenne des risques inconsidérés. Son mari fait le dos rond, ses enfants commencent à être assez adolescents pour lever les yeux au ciel. Milena a ses marottes, elle rêve de les laisser voler de leurs propres ailes mais entre la théorie et ce qu’elle peut supporter, il y a une marge. Les laisser partir à Poudlard était déjà un déchirement. Pour ne pas laisser de temps à ses angoisses, elle s’absorbe dans ses propres activités. Ils lui manquent tous les soirs et gare à qui toucherait à un de leurs cheveux. Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom lui-même serait aux prises avec une furie. Elle fait passer la moralité après toute considération familiale, préférant que des gens peu recommandables aient une dette envers elle. Cela pourrait toujours servir ; Loyale (aveuglée) Sa mère était moldue, aussi n’a-t-elle pas pris à la légère la consigne de protéger ceux qui sont plus faibles qu’elle, à commencer par les moldus. Efficace, elle essuie le nez d’un bambin qui vient pleurer dans ses basques. Pour les parents en revanche, c’est une question de ressenti et de politique. Non, elle n’a aucune envie d’aider la plupart des Mangemorts mais non, elle ne fait pas confiance au Ministre. Milena a placé sa confiance en son mari et en quelques proches, qu’elle suivra aveuglément. Il n’est pas entendable que Regulus sont considéré comme n’importe quel encagoulé au bras tatoué : elle sait qu’il n’est pas qu’un Mangemort. La circonstance que les partisans de Voldemort aient tué sa mère n’empêche pas cette géométrie imparfaite, ce traitement de faveur assumé. ; patiente (rancunière) Boris a enseigné la patience à sa fille unique. Patience de faire pousser certaines plantes et préparer des potions, patience pour progresser sur le chemin de leur savoir ancestral. Milena s’attendait à avoir une araignée pour patronus tant elle croit à la vengeance qui se mange froide, à la justice tôt ou tard. Elle a une position ambivalente à l’égard des Mangemorts, pas mécontente que Potter et Granger fassent une chasse aux sorcières. Inquiète à l’idée que ce soit expéditif. ; gourmande (affamée) De la modération en toutes choses ? Allons bon, c’est bon pour les idiots. Milena aime passionnément son mari, ne tarira pas d’éloges sur ses enfants si on la laisse faire, et il en va autant de ce qu’elle aime dans la vie. Elle pourrait écouter de la musique des heures durant, c’est en partie ce qu’elle fait de ses journées. Elle ne se lasse jamais d’un plat qu’elle aime. La patience pour arriver à ses fins est une chose, mais elle ne transformera pas son existence en purgatoire. ; Soupe-au-lait (colérique) Il fait beau plusieurs fois par jour en bord de mer ; Milena s'énerve plusieurs jours par jour au besoin. Son mode de communication est un mélange d'emphase culpabilisante et de gueuleries. Ca file doux pour les sujets importants. Même la chatte noire Isis s'empresse de s'enfuir lorsque sa maîtresse surprend un vêtement tâché, de la nourriture gaspillée, une bêtise. Elle a bien raison. ; Econome (pingre) La bulgare prétend qu'elle n'aime pas les vêtements de confection qu'elle trouve mal faits. Elle a en réalité très à coeur de gérer leur budget : les rentrées d'argent sont épisodiques, et celui-ci file entre leurs doigts plus vite que prévu. Elle peut gâter ses enfants ou son mari mais elle s'offrira rarement un cadeau. Ils sont en revanche tous bien au courant que ce Noël, elle veut un chien pour lui tenir compagnie (puisque vous m'abandonnez) à poil court (c'est plus hygiénique), jeune (elle a fini par s'habituer au bruit) et qu'elle appelmera Foehn (j'aime bien). Vous trouverez facilement la liste des races de canidés qu'elle préfère. ; Débrouillarde (fière) Demander de l'aide pour une recette, pour coudre un vêtement, pour réparer un objet ? C'est bon pour les mauviettes. Milena ne demande pas d'aide, lorsqu'elle en a besoin elle l'obtient de quelques battements de cils. Elle n'aime rien de plus que de se débrouiller par elle-même ou pouvoir échanger un service pour un autre. Elle connaît systématiquement quelqu'un qui connaît quelqu'un qui peut justement vous aider. ; ETC.
CURRICULUM VITAE
[spoiler]J’ai eu très peur que le souvenir de maman s’estompe. C’était une moldue nommée Rosemary, issue d’un milieu bourgeois. Elle était brune, avait des yeux verts, un nez en trompette, les joues roses et le teint facilement hâlé. Elle était petite. Je suis au regret de dire que je ne lui ressemble aucunement.
Puissé-je enter dans la Région des Morts, Et en sortir, selon mon gré ! Que mon âme n'en soit pas repoussée ! Puissé-je contempler éternellement Les Esprits divins de la Lune et du Soleil ! ...
Extrait du livre des morts des anciens Egyptiens
Maman a toujours vécu sur la côte Sud, ayant fait ses études à Exeter avant de revenir dans le hameau dont elle était originaire. Dans une aussi petite bourgade, l’arrivée de Papa ne pouvait qu’être remarquée. Les moldus s’étaient vite attachés à lui. Nous l’avions présenté comme un ancien médecin militaire d’Europe de l’Est. Les moldus ont bien aimé cette histoire d’ancien combattant, travail famille patrie, et qu’il soit devenu veuf les a attendris. Je suis contente qu’ils n’aient pas été attendris au point de poser des questions. C’était déjà difficile d’éviter celles des services sociaux, du Ministère de la magie, de mes grands-parents.
Rosemary tresse les cheveux de sa fille. Une fillette modèle. Ce soir encore, pour Noël, elle jouera ce petit numéro d’équilibriste. Ne pas parler de magie car seuls ses grands-parents en connaissent l’existence et sa ribambelle de cousins et cousines n’a même pas de soupçons. Résister à l’envie de dire que son père est extraordinaire, à celle de parler de ses connaissances en géologie ou botanique, trop poussées pour une enfant de cet âge.
Rosemary ne s’inquiète plus. Millie évoque toujours un mal de ventre avant de partir mais elle retrouve l’insouciance d’une enfant de son âge au contact de ses proches. Milie devrait être une bonne grande sœur. Un rien vaniteuse peut-être, les adultes se plaisent tous à reconnaître qu'elle est à croquer. Il est vrai que ses grands-parents l’encouragent à chanter et que quelqu’un se fait toujours un plaisir de la voir se saisir d’une partition, écouter chantonner l’air et se l’approprier. Une fille de professeure de musique.
Quelle preuve d’amour pour cette fervente protestante de s’être mariée à un sorcier tel que lui et d’avoir engendré une ensorceleuse ! Elle était en tout cas ravie d’avoir une fille.
Je suppose qu’elle se réjouissait de donner naissance à un petit-frère et de continuer cette vie de famille, dans les gammes de ses élèves et les odeurs des expériences faites par Papa. Vous saurez, s’il est besoin de le dire, que les adolescents qui prennent des cours de piano ne s’intéressent qu’à leurs préoccupations d’adolescents, jamais au vieux monsieur hirsute sentant le formol et le souffre qui vit avec leur enseignante.
J’ai passé plusieurs mois à pleurer, quel enfant ne le ferait pas ? Cet été reste gravé dans un brouillard de matinées pluvieuses et d’yeux mouillés. Il faisait lourd, je ne sortais pas de ma torpeur.
Milena et son père se rendent sur la tombe de Rosemary ensemble. C’est la première fois qu’ils y vont. Boris a apporté un objet sous son manteau, que sa fille ne reconnaît pas. Il s’asseoit confortablement devant la stèle et extirpe une planche de oui-ja qui a déjà subi les outrages du temps. Il sort un pendule d’une poche et comme toujours, faire promettre à sa fille de garder ses secrets dans leur famille.
« Le pendule n’aide pas qu’à soigner les vivants en nous indiquant leurs points faibles ou les remèdes les plus appropriés. Il fait le lien avec l’au-delà. Tu connais les planches de oui-ja, pas vrai ? »
La jeune fille hoche la tête. Elle a ce goût qu’ont les jeunes filles pour les sorcières, goût partagé avec ses amies moldues qui ignorent qu’elle en est une. Les filles plus grandes font des séances de oui-ja, mais elle ne voit pas comment elles connaîtraient quoi que ce soit. Pour sa part, elle s'y essaierait bien.
« Les moldus ont parfois raison. Certains sont suffisamment sensibles pour … Franchir le voile ? Tu es un peu trop jeune pour comprendre. » Elle s’estime bien assez vieille mais ne veut pas gâcher ce moment. « C’est la seule fois où je viendrai avec toi communiquer avec Rosemary. Peu importe si tu utilises la magie, tu dois être capable de puiser dans tes propres ressources pour trouver du réconfort dans le fait de vous être connues. »
J’ai discuté des heures avec Maman, devant sa stèle. Sans la moindre planche de communication. J’attendais des signes d’elle et je les trouvais volontiers. Dans le cri des oiseaux, dans le vent portant l’odeur des jasmins jusqu’à ce qu’elle me monte à la tête, dans le mouvement des nuages. Maman donnait peu de réponses, j’aime me dire que je savais les voir quand même. Le soir, je prenais comme des signes aussi les livres qui dépassaient de la bibliothèque et qu'elle n'avait pu que laisser là pour moi. Emmener Regulus sur sa tombe n’a pas été facile. J’ai eu peur qu’il ne me juge.
Aujourd’hui encore, je dose la vérité graduellement auprès de nos enfants. Quelle image ont-ils de la mort au juste ? Je voudrais leur transmettre que ce n’est pas aussi effrayant que ce qu’en disent d’autres sorciers. Mais j’anticipe.
Mes grands-parents maternels se sont faits plus présents. Ils ont exigé que Papa ne me retire pas dans l’école moldue, dont ils ont convenu de régler les frais de scolarité. Je crois qu’ils auraient aimé me voir rentrer à l’université. J’ai décroché en quelques mois. C’est à cette époque également qu’ils nous ont offert un chien sans savoir que nous avions à peine les moyens de nous nourrir nous, sans viande. Ma grand-mère a tenu à aborder les choses qu’une jeune fille devait savoir lors de mon adolescence, ignorant qu’en m’expliquant tout sur les plantes pour les problèmes féminins, Papa m’avait donné un bon aperçu de ceux-ci.
« Tu as peur de l’examen, Millie ? » « Non. » Aujourd’hui, comme tous les ans, les employés du Ministère de la Magie sonneront au cottage. Ils n’entreront pas, Boris refuse. Les Lepchenko auront installé la table de pique-nique, et Millie, enveloppée dans un manteau de seconde main, répondra aux questions évaluant son niveau d’apprentissage magique. Milena aura préparé du thé aux examinateurs, Boris les fera se sentir indésirables.
Pour l’école moldue, Milena aura simplement attrapé froid et passera quelques jours à la maison. Ses grands-parents feront porter de la soupe et s’étonneront dans leur lettre qu’il n’y ait pas encore le téléphone au cottage pour entendre la voix enrouée de ce cher petit ange. Ils se réjouiront que leur petite-fille continue à fréquenter des enfants de son âge. Ils ne sauront pas quoi penser du refus catégorique de Boris de faire admettre sa fille à Poudlard ou Durmstrang. Au moins est-elle parmi eux, plutôt qu’au milieu des sorciers. Peut-être auraient-ils du insister …
La vie après Maman n’a plus été la même, nous avions perdu la personne la plus rationnelle de notre foyer. Vous trouveriez peut-être très romantique d’avoir grandi au grand air, dans un cottage en bord de mer. La réalité a quelque chose de ça, en effet.
Si je n’avais pas été mêlée vélane, les quelques kilomètres de vélo pour me rendre à l’école et le bon air marin m’ont rendu les joues roses et fait de belles jambes ; en tout état de cause, ce traitement n’aurait pas été nécessaire pour me donner mon apparence physique actuelle.
Il n’était pas question de demander de l’argent à mes grands-parents, d’autant qu’ils s’étaient mis en tête de me payer un cours d’arts dramatiques dans lequel je décrochais fréquemment le premier rôle féminin de belle jeune femme tourmentée. Je ne l’étais pas dans mon quotidien. Nous faisions notre propre pain pour économiser de l’argent, cultivions notre propre potager et nous n’avons jamais été volés sur la marchandise en allant au marché moldu, bien au contraire. J’ai développé des trésors de créativité en dénichant des tissus dans des friperies ou sur des marchés moldus. Mon style vestimentaire a longtemps oscillé entre le victorien et les longueurs ridiculement courtes des années soixante.
Quand le vent vient du Nord, je m'assieds au Sud, Quand le vent vient du Sud, je m'assieds au Nord, Quand le vent vient de l'Est, je m'assieds à l'Ouest, Quand le vent vient de l'Ouest, je m'assieds à l'Est, Je flaire de mes narines le vent qui approche, Je pénètre partout, selon le désir de mon coeur, Et j'y fixe ma demeure,
Extrait du livre des morts des anciens Egyptiens
Il y a les abeilles dont les Lepchenko récupèrent le miel. Le groupe test. Et l'autre ruche, dont on ne mange pas les produits. De petites bêtes qui servent aux expériences. Des expériences non pas illégales mais réprouvées par les défenseurs des animaux. Il faut bien des cobayes, on n'enseigne pas la nécromancie de manière purement théorique. Milena culpabilise parfois. Elle se retrouve confrontée à des questionnements auxquels nul n'a de réponse.
Elle aimerait protéger ces abeilles du groupe sacrifié, mais ne peut pas faire plus qu'enterrer sous les jasmins ces petites silhouettes qui tombent comme des pierres après quelques instants de vie d'une durée variable. Les jasmins sont splendides, cette année.
Cette vie de bohème avait quelques désavantages. Nous chauffions très peu pour économiser du bois, car nous le procurer nous obligeait à partir de longues heures loin de la maison. J’emportais une brique chaude pour lire le soir dans mon lit, un luxe rendu possible car Papa ne lésinait pas sur l’achat de livres tant qu’ils étaient indispensables. Charmant paradoxe. Je peux gâter mes enfants ou Regulus, mais je ne parviens pas à m’acheter un livre. J’en emprunte à Papa, ou dans une bibliothèque moldue, comme à l’époque. Quel plaisir j’ai eu à me rendre dans ces endroits à l’odeur rance et humide mais plein de livres, où il faisait chaud.
Ce sursaut de vérité me pousse aussi à avouer que nous payions bien après le début du mois mes leçons d'arts dramatiques, quand nous pouvions les régler. La professeure était une amie de maman, elle fermait les yeux contre un gâteau maison ou une liqueur au jasmin. Elle m’a toujours remerciée d’avoir eu l’idée de nous faire jouer des opéras, ce qui a donné une nouvelle dynamique à notre cours de chorale. Aide-toi et le Ciel t’aidera : j’ai raflé le rôle de Carmen, en dépit de toute vraisemblance physique.
Le pronostic vital n’est plus aussi engagé. Il redevient envisageable de sortir de leur maison, un seul guérisseur suffira à surveiller son état. « En allant faire quelques courses, Millie, j’aimerais que tu ailles au chemin de Traverse. Fais quelques recherches. » « Je pensais remonter les registres de naissance au Ministère de la magie. » « Je ne sais pas si c’est d’accès libre. » « Je pense savoir comment faire pour que ce le soit. »
Quelques sourires d’une désarmante naïveté lui font ouvrir toutes les portes de son souhait. L’employé du ministère vient même lui apporter du thé et finit par ramener sa propre tasse en lui narrant l’histoire des grandes familles sorcières. Milena donne tout ce qu’elle a pour obtenir les informations voulues. Des ah bon, des exclamations, un jeu de théâtre où elle glousse, rit sincèrement, s’esclaffe, prend des mines effarées. Son carnet est noirci lorsqu’elle ressort de là, plus riche sur l’histoire de différentes familles de gens qui ont été éduqués pour la haïr. Elle ne voulait pas laisser de piste trop précise. Entendre parler de ces idéaux et grandes devises l’a rendue nauséeuse. Boris lui prépare une infusion dont il a le secret pour ce genre de maux. Elle lui restitue le contenu de ses recherches et se concentre sur la grande famille Black.
« C’en était un mais je crois bien qu’il a raccroché. »
Nos finances ont subi deux coups considérables : la perte de Maman (bonne gestionnaire, revenu fixe) et six ans plus tard, l’arrivée de Regulus. Non pas qu’il y ait été pour quelque chose, mais nous augmentions considérablement le nombre de bouches à nourrir, facile à faire varier quand on n'était que deux. Durant sa convalescence, il n’a plus été question de se restreindre à deux collations par jour. Il avait besoin de forces, Papa et moi avons fait de notre mieux pour conserver notre mode de vie mais vous imaginez bien qu’ayant faim, nous n’avons pas tenu longtemps notre résolution de frugalité volontaire.
Je n’ai jamais voulu que Regulus soit inquiet pour des questions matérielles, et j’ai longtemps eu peur que cette vie chiche lui semble misérable. Après le luxe dans lequel les Black ont vécu … De fil en aiguille, j’ai commencé à utiliser mon glamour vélane pour mon profit. Papa répète sans cesse que nous devons protéger les moldus, qui sont ignorants et plus faibles que nous. Je n’ai arnaqué que ceux qui avaient les reins suffisamment solides pour cela. Cet argent gagné à la sueur de mon front a remis du confort dans notre ordinaire. Je n’ai jamais eu d’idée de carrière, mais je ne me suis jamais réellement inquiétée pour l’avenir.
Son premier vol par effraction résulte d’une pure nécessité, et peut-être d’une envie de se prouver quelque chose. On ne peut pas compter sur Boris Lepchenko pour suivre les comptes, il ne parvient toujours pas à s’adapter au système monétaire britannique moldu et a toujours peur que son accent pousse ses interlocuteurs à mentir sur les prix. Il laissait le soin de tenir les comptes à Rosemary, et désormais à sa fille. Elle n’ose pas demander une pension à Regulus. Parler d’une chose aussi triviale avec lui ? Grands Dieux, dans les romans de Jane Austen, les héroïnes romantiques s’en gardent bien.
Leur situation n’est pas réjouissante non plus. Elle attend quelques mois encore l’héritage d’une vieille tante, tout en préparant son coup. Par une nuit d’hiver glaciale, Milena se réveille en pleine nuit et éteint précipitamment son réveil moldu à piles. Le pendule était formel. Elle prend soin de dissimuler sa chevelure dans un épais bonnet que portent les jeunes femmes ces années-là. Sa tenue ne dissimule rien de sa silhouette menue. Elle enfile une paire de bottes qu’elle abandonnera dès qu’elle sera à l’intérieur pour faire moins de bruit.
La partie la plus dangereuse du plan consiste à rejoindre la ville la plus proche et ses beaux quartiers à vélo. Par chance, la route n’est pas verglacée. Faire de la bicyclette la réchauffe. Il lui vient à l’esprit qu’elle pourrait se faire écraser, mais que devait-elle faire ? Demander qu’on la dépose en pleine nuit près de la scène du larcin ? Tout avouer à Papa et pire,à Regulus ?
Milena a choisi sa maison. Lorsqu’elle a fait quelques babysitting dans un autre quartier, elle a emmené les enfants en promenade dans les rues ombragées de ces belles demeures. Elle sait aussi que ses occupants profitent de leurs vacances. Elle n’est jamais partie en vacances.
Ses pouvoirs ont été utilisés à bien mauvais escient pour savoir quelle maison n’aurait pas été fermée. Elle ôte ses chaussures et traverse à pas de loup la maison. Elle passe la main derrière les tableaux, sous les meubles. Dans la troisième pièce, elle trouve une enveloppe garnie d’argent derrière un buffet. Que les gens sont prévisibles. Elle est navrée que la compagnie d’assurance ne puisse les rembourser d’une perte impossible à prouver, mais le niveau de vie des propriétaires saura éponger cette perte. Dans le coffre à bijoux de madame, elle repère de jolies pièces qu’elle saura facilement revendre et qui gisaient-là, oubliées près de la charnière. Peut-être ne s’apercevra-t-elle pas tout de suite de leur disparition. Quoi d’autre ? Des manteaux en fourrure mais la saison ne s’y prête pas : leur propriétaire s’en rendra bien vite compte. En revanche, ces légers foulards de soie, d’une grande marque, ce trench d’une marque bien britannique, elle saura en faire quelque chose.
Milena ramène son larcin dans la plus grande discrétion et dès le lendemain à la première heure, elle se rend dans un dépôt vente qui a l’avantage d’être très discret. Elle a jeté un sort à sa carte d’identité pour truquer son âge et son nom de famille. Le propriétaire négocie avec une gamine des beaux quartiers, pourrie gâtée, à laquelle ses parents ont refusé d’acheter des chaussures à la mode en lui disant de vendre des affaires elle-même pour réunir la somme. Comme si on pouvait responsabiliser les gosses à qui ont déjà été offert des foulards somptueux et des manteaux de cette facture. Elle se félicite d’avoir ensorcelé son propre manteau pour le rendre plus présentable.
Les finances au cottage se portent mieux sans que Regulus ou Boris ait semblé s’en apercevoir. Tout au plus s’étonnent-ils de la voir revenir de son rendez-vous pour un petit boulot avec un panier de champignons frais, qu’elle prétend avoir négociés avec un maraîcher. C’est bien les hommes.
Ma double-vie, écolière moldue le jour et sorcière l’après-midi, m’a toujours plu. Bien sûr, j’aurais aimé avoir des camarades de mon âge avec qui parler de potions plutôt que de nuances de vernis à ongle. Lorsqu’elle était de ce monde, Maman a toujours été une amie fidèle et compréhensive. Même après, je crois. Papa a fait tous les efforts imaginables pour être un bon père. Je sais qu’il n’avait aucune appétence pour la langue anglaise car il était fier de me voir parler avec un si léger accent. Nous avons une relation de complicité dont je suis très heureuse, peu de jeunes gens ont des liens si solides avec leurs parents. J’aimerais que mes enfants puissent en dire autant.
Sans jamais pouvoir lui parler de magie, j’ai eu de formidables conversations avec le pasteur que Grand-Mère m’obligeait à aller voir. C’est aussi lui qui m’a conseillé des ouvrages de science-fiction pour me faire lire, tant il déplorait que je n’ouvre jamais un livre qu’en baillant. Les histoires de revenants m’ont beaucoup plu. Je lisais à voix haut près de la tombe de Maman. Papa n’y a jamais rien vu de morbide mais je trouvais aussi bien de ne pas en parler à l’école.
Je n'ai pas causé de souffrance aux hommes. Je n'ai pas usé de violence contre ma parenté. Je n'ai substitué l'Injustice à la Justice. Je n'ai pas fréquenté les méchants. Je n'ai pas commis de crimes. ?
Extrait du livre des morts des anciens Egyptiens
»Et je peux savoir pourquoi tu veux m’aider, Lepchenko ? » Juliet ne se force pas pour lui jeter un regard noir. Adolescente populaire dans son école, s’apprêtant à le devenir en grandissant, jusqu’à l’arrivée de la roumaine. Tout terme méprisant fait l’affaire : roumaine sonne moins bien que bulgare et l’accent de Milena ne pouvait être dissimulé. Elle s’en est souciée trop tard pour essayer. Jusque-là, à l’exception du décès de sa mère, la vie semble lui sourire. Elle fait une croix sur Poudlard et Durmstrang. Ce n’est peut-être pas si mal d’aller à l’école moldue et d’avoir un seul professeur attitré : son père. Le meilleur de toute la Grande-Bretagne, elle en est certaine.
Elle surveille leur alimentation pour qu’il le reste aussi longtemps que possible, et choisit des cotons chauds chez le marchand de tissus. Rien d’étonnant à ce que Milena commence, tout doucement, à régenter son quotidien.
« Par pure gentillesse. Si tu ignores ce que ça signifie, tu peux rester avec ton acné. Peut-être que Bryan prendra ça pour l’œuvre des moustiques. » Ce n’est pas de la pure gentillesse, simplement un pacte entre deux adolescentes. Se débarrasser des petites frappes qui essaieraient de lui pourrir la vie et transformeraient cela en guerre mortelle entre deux clans. Parce que Milena, bien qu’elle ne soit pas bonne en sport et que l’uniforme camoufle partiellement ses charmes, trouve toujours soutien et écoute parmi les garçons des classes qu’elle traverse.
Dommage qu’ils la regardent comme ça. Quel réconfort ce serait d’avoir un ami.
Choisir entre ces deux mondes a été difficile. J’aime beaucoup des inventions moldues et je suis heureuse de les voir tendre vers plus d’ouverture d’esprit, quoi qu’ils soient assez violents. J’aime leur musique surtout, les grands compositeurs comme des groupes de jeunes gens. Rien d’étonnant à ce que lors de ma jeunesse, j’ai fait partie d’un de ceux-là. Nous n’avons duré qu’une saison, mais vous trouverez quelques reprises de Milady and the Musketeers sur le CD issu d’un bar populaire de la côte Sud. Si vous trouvez ce CD, sorti en bien peu d’exemplaires car pas un groupe n’est devenu célèbre.
J’ai toujours eu des amitiés féminines, ce préjugé sur les vélanes est infondé. Mais j’ai eu le plus grand mal à être considérée comme une amie potentielle par des garçons.
Milena a fait le mur une fois de plus. Elle retrouve ses amies près de la route du village. Elles lui prêtent des vêtements, ayant bien expliqué que Milena ne pouvait pas rentrer en boîte de nuit avec ces frusques mais ayant bien compris qu’elle ne pouvait guère s’en offrir d’autres. Milena est aussi charmante que les finances des Lepchenko sont opaques.
Les trois gamines repartent à pied vers le centre ville. Une bonne marche. Elles sont peu vêtues, comme toutes les anglaises.
Une fois de plus, le beau sourire de la bulgare les fait rentrer sans qu’on demande leurs papiers ou leur âge.
Milena prend le parti de rentrer seule sans les attendre, se sentant trop fatiguée. Tout se passe comme à l’ordinaire. Les rues bien connues, les embruns portent un air salé rassurant. Jusqu’à ce qu’elle pressente l’arrivée de la voiture. Les jeunes hommes à l’intérieur l’apostrophent, dans ce langage mi flatteur mi violent dont elle a entendu parler. Cela ne l’empêche pas d’être terrifiée. Elle court pieds nus pour gagner un peu de temps, poursuivie par leurs moqueries et la crainte qu’ils sortent de la voiture. Elle n’a jamais eu aussi peur.
C’est une réécriture de la petite sirène d’Andersen, aux pieds ensanglantés et sans voix qui se présente au cottage. Boris ronfle paisiblement. Elle ne peut pas le réveiller pour cela, comment lui dire qu’elle fait le mur car il est trop protecteur ?
Elle n’ose pas frapper mais gratte à la porte de Regulus, chaton effrayé par l’orage. Il lui ouvre, incertain. Elle se jette dans ses bras et pleure à chaudes larmes.
Je n'ai pas intrigué par ambition. [...] Je n'ai pas fait souffrir autrui. Je n'ai pas provoqué de famine. Je n'ai pas fait pleurer les hommes mes semblables. Je n'ai pas provoqué de maladies parmi les hommes.
Extrait du livre des morts des anciens Egyptiens
Je descends d’une longue tradition sorcière, ou magique si vous enlevez ce terme aux vélanes. Papa est un peu tout : devin, nécromancien, potionniste, manieur de baguette mais surtout d’objets extatiques. Tout ceci sert une même pratique de la magie, résolument tournée vers les moyens de repousser la mort. Soigner les blessures. Faire le lien avec l’au-delà.
Regulus est un incroyable manieur de baguette. Milena et Boris restent méfiants, trouvant commode qu’il ait conservé sa baguette alors qu’on ne lui connaît plus famille ou amis. Ils se rassurent à son contact, refusant de voir une menace dans l’homme qui partage leur quotidien.
Ils ont mis du temps mais ont fini par l’admettre dans leurs leçons d’étude. Boris est un bon professeur, peut-être a-t-il raté une vocation. Il est vrai que seule sa fille parvient à comprendre sans mal son accent, et il semble regretter de ne pas pouvoir continuer en bulgare. Expliquer leur art à Regulus tout en lui apprenant cette langue aurait pris un temps incroyable. Boris a d’ailleurs une sainte horreur de se répéter. Milena, pour sa part, ne demande pas mieux que d’aider leur naufragé. Elle trouve des excuses pour passer du temps avec lui et reprendre les bases les plus fondamentales. Regulus lui semble particulièrement à son avantage dans cette attitude de concentration. Elle lui jette des regards à la dérobée, que Boris surprend parfois et s’en suivent de longues conversations par mimiques où le sous-texte est que le père s’inquiète pour sa fille.
C’est en l’observant qu’elle le voit changer d’attitude lors d’une leçon. « Les Inferi ne peuvent être détruits que par le feu, il n’existe pas de sortilèges permettant de préserver du feu de la chair morte. » Elle sait au regard de Boris qu’il a compris lui aussi que ce sujet trouve un écho chez leur invité. Milena et son père ne connaissent que le strict minimum et n’ont pas de baguettes magiques. Leur pouvoir passe par d’autres voies. Le sorcier sous leur toit distille le doute. Peut-être serait-il de bon ton de faire réparer sa baguette. Les Ollivander poseraient-ils tant de questions que cela si les Lepchenko en profitaient pour acheter une baguette à Milena ?
La question les laisse pantois. Rendez-vous n’est pris que plusieurs mois après. Boris ne laisse pas la chance au hasard et fournit un cheveu de sa propre mère aux Ollivander : Millie portera dans ce bout de bois un héritage familial. Regulus se fait professeur de sortilèges et d’enchantements, restituant ce qu’il a appris à Poudlard. Elle n’en est que d’avantage éprise.
J'ai commencé le spiritisme auprès des moldus un peu par hasard. C'était plus facile avant d'avoir des enfants, quoi que j'aie continué irrégulièrement après cela.
Vous connaissez sûrement les tables tournantes. Une table, un médium ou prétendu médium, les participants se tenant par la main dont le médium. Les moldus qui se livraient à l'exercice avaient généralement un complice pour que celui-ci frappe les coups, ou un dispositif activable sans attirer l'attention.
De telles supercheries sont inutiles quand on est soi-même capable d'utiliser de la magie. C'était un exercice de divination d'autant plus facile que j'avais fait mes recherches auparavant - la quantité d'informations disponibles dans les registres officiels est impressionnante, vraiment. Pour d'autres séances, j'ai sorti la planche de oui-ja. Pas celle que nous utilisions réellement mais une autre, faite moi-même et pour laquelle un bon bain de mer plusieurs jours a donné un aspect patiné.
La séance, vous l'imaginez très bien. Une robe victorienne pour rajouter à l'ambiance, une coiffure sophistiquée, un maquillage qui pâlit un peu le teint, la planche de oui-ja en piteux état et un rien d'aide magique pour déplacer le triangle. Un succès fou. D'autant que j'espaçais les séances, évitais les personnes que je jugeais trop sceptiques au risque de perturber la séance : l'attirail du charlatan.
Je n'ai fourni que très peu d'informations aux moldus, et seulement dans une optique de les aider à faire leur deuil. C'est aussi dans cette visée que leurs parents disparus les enjoignaient à refaire leur vie. On ne peut pas me le reprocher, c'était presque du service public.
J'avnce vers les lieux où l'on célèbre les Mystères. [...] La Vérité-Justice m'accompagne. J'ai reçu des cordes pour consolider mon sanctuaire.
Extrait du livre des morts des anciens Egyptiens
Les Lepchenko consacrent toujours beaucoup de temps au descendant Black. Ce ne sont plus les mêmes soins, il y a longtemps que ses blessures physiques sont refermées. Il conserve des angoisses, de subtiles gênes qui leur étaient étrangères et qu’ils ne peuvent manquer de remarquer.
Milena a pris l’habitude d’aller marcher le long du bord de mer. Elle parvient à y emmener Regulus et, très victorienne comme elle aime, elle lui prend le bras. Il y a comme un frisson entre eux à chacun de ces contacts.
Ils discutent de sujets légers. De Boris qui est un excellent professeur. L’attachement qu’ils ont pour lui, tous deux, est évident. Regulus ose aborder le sujet semblant le gêner. « Vous avez déjà fait des expériences … à la frontière de … ? » Elle hoche la tête, pesant comme à chaque fois ses mots. « Oui. Il est aussi possible que nous ayons guetté les moments où vous ne seriez pas disponible pour cela. C’était troublant. » murmure-t-elle, songeuse. « Il me semble que je ferais mieux de me concentrer sur la vie que la mort, vous ne croyez pas ? Encore que la frontière soit parfois ténue. » S’échangent quelques banalités. Milena se lasse de voir s’éloigner ce moment de connivence. « Vous savez, Papa est vraiment un excellent professeur. Je suis contente que vous puissiez tirer profit de son enseignement aussi dans une moindre mesure. Nous pensons tous les deux que cela doit rester un savoir de famille, mais vous en faites un peu partie. J’aimerais transmettre tout cela à mes enfants. Papa serait plus ouvert d’esprit qu’il ne le prétend si je lui annonçais mon souhait de garder un polichinelle, mais ma foi, ce n’est pas dans mes projets. J’aimerais me marier. Avec quelqu’un qui le mérite. » Son regard est lourd de sens.
Regulus ne réagissant pas, elle s’approche du bord de mer, ôte ses chaussures et les dépose sur le sable. Elle empile soigneusement son corsage et sa jupe, et jetant un oeil à son interlocuteur, il lui semble que sous une ombre de barbe, il rougit. Il va sans dire que Milena porte un maillot de bain à la fois daté mais aguicheur. « Vous venez ? » Elle lui prend la main, laissant à peine le temps pour qu’il retire ses chaussures et retrousse le bas de son pantalon. Il est bien forcé de reconnaître qu’elle avait plus prévu son coup que lui.
J'ai vraiment essayé de partager quelque chose avec des moldus. Une dizaine au total.
Le compositeur qui me dédiait de nouveaux morceaux mais qui n'avait aucun sens des réalités.
Le guitariste qui en faisait autant et qui aurait bien du se garder de lancer une réflexion grossière sur mon charme.
Il faut croire que j'ai un genre "muse", car il y a aussi eu ce photographe.
Ou l'herboriste qui reprenait la ferme de plantes médicinales de ces parents. Nous avons plus ou moins gardé contact, je crois qu'il a eu le coeur brisé en voyant les enfants. C'était un chic type.
L'avocat aux dents longues.
Je ne me souviens plus trop ...
Papa, qui était le seul Vélan que je connaissais, m’avait dit que ce serait compliqué. Il n’avait pas tort. Je bénéficiais d’un fort capital sympathie lorsque j’étais enfant. Les avis ont commencé à diverger lorsque j’étais adolescente. Les femmes trouvaient facilement que j’en faisais trop, je me savais jugée plus durement.
Les hommes m’auraient tout laissé passer.
Peut-être partais-je bas dans leur estime, comme une gosse un peu mignonne dont on n’attend rien ?
J’ai fait des pieds et des mains pour les convaincre de voir derrière cela. Papa disait que c’est une histoire de phéromones. Que ceux qui ont un intérêt romantique pour les femmes (cher Papa et ses euphémismes) se trahiraient toujours à mon égard. Et effectivement, j’étais très forte pour remarquer celles de mes petites camarades qui auraient papillonné dans d’autres jupons. Je me serais bien passée de vivre au milieu de ces intrigues amoureuses.
L’amour, tout ça pour ça ? Comment expliquer cette telle différence de volume entre les sentiments qu’on semblait me porter et ceux que j’éprouvais ? On me promettait la lune, j’étais contente d’aller au cinéma. Je n’avais qu’une certitude : notre « patient anglais », Regulus me regardait différemment et semblait voir au-delà du simple charme.
Elle avait toujours rêvé d’un tel mariage sur la plage. La couronne de jasmin dans ses cheveux, le bouquet dégagent une odeur entêtante. Les fleurs préférées de sa mère. Milena est convaincue que Rosemary la regarde quelque part.
Elle abandonne les études de lettres anciennes moldues qu’elle suivait en dilettante. Après des années à chercher quelque chose dans la compagnie des moldus, elle souhaite se recentrer sur son noyau familial. Son père. Son mari. Son mari ! Quelle idée formidable !
Les Lepchenko, ou Lepchenko-Black améliorent leur art des potions. Boris fait de plus en plus confiance à son gendre, l’associant à des rituels alchimiques ou nécromants que beaucoup de sorciers de l’Ordre d’Hermès rêveraient de connaître. Milena s’absente parfois, ils ignorent pourquoi. Ils savent tous deux qu’ils perdraient plus à l’enfermer qu’à la laisser s’éloigner si besoin. S’éloigne-t-elle vraiment ? Elle laisse des bouquets de fleurs sur la table de la cuisine avant de partir en voyage, et, désormais, un billet doux pour son époux.
Milena a diverses occupations plus ou moins défendables. Elle estime ne pas avoir à se sentir coupable de quelques rapines quand elle connaît le système assurantiel moldu. Elle se spécialise dans les courses de chevaux ou de lévriers, quelques battements de cils faisant prendre des risques inconsidérés à un gros parieur et renversant l'équilibre de la course.
C’est au culot qu’elle décroche les bonnes grâces, données de bien mauvaise grâce, de la noblesse sorcière. Les grandes familles n’auraient pas posé les yeux sur elle si elle n’avait pas remarqué quelques rondeurs sur une adolescente qui achetait ses fournitures pour sa sixième année sur le Chemin de Traverse. Elle a trouvé une ruse, laquelle elle ne sait plus, pour s’entretenir quelques instants avec la gamine. Détailler le teint brouillé, les chevilles gonflées, les vêtements mal ajustés et lui demander depuis combien de temps elle n’avait pas saigné. La gamine était très mal à l’aise. Milena lui a laissé une carte de visite dont les coordonnées ne seraient visibles que par elle. Elle a reçu une chouette la semaine d’après et renseignements pris, est allée rencontrer les parents.
Demeure splendide. Ils savent vivre, tout de même. Milena expose l’objet de leur entretien. Leur chère fille est enceinte, félicitations ! On nie, on lui demande ce qu’elle cherche. Rien de plus que permettre à leur fille de conclure sa scolarité sans encombres. Elle leur impose cette alternative médicale. Ou bien la gamine va accoucher en Europe Centrale – elle a des adresses – ou bien quelques potions règlent le problème.
S’ils essaient de la marier en vitesse avec son compagnon, elle se hâtera de révéler ce polichinelle à la belle-famille et bonjour la dot.
S’ils se vengent sur leur fille, elle ne doute pas que la gazette du sorcier tirera bon prix de ce drame familial. Voir même le Chicaneur.
A propos, elle a déposé un mot à un avocat sorcier pour qu’il aille voir ce qu’elle allait faire si elle ne revient pas dans trois petites heures. A Gringotts, le mot.
Elle se retire pour admirer le jardin. De longues minutes. Jardin ravissant.
La maîtresse de maison lui jette un regard noir, mais elle est habituée. L’époux la regarde avec un mélange de colère, d’envie, de défi. Elle est habituée aussi, hélas.
On la laisse finalement rencontrer la gamine dans sa chambre. Milena console cette adolescente en pleurs, la rassure. Ca n’a pas été facile mais ses parents ont compris et ne lui feront pas payer. Si tel était le cas, elle a encore sa carte, pas vrai ? Les sanglots viennent à s’estomper. Milena s’assure que l’adolescente sache dans quoi elle s’engage, mais le choix était déjà fait depuis leur rencontre sur le Chemin de Traverse. Il n’est pas possible d’attendre plus sans danger.
Milena détaille l’intervention, les prises de potion, les points du corps humain sur lesquels appuyer. La douleur qui pourrait être ressentie. Elle achève d’emporter la confiance de la gamine lorsqu’elle lui avoue, sincère. « Je t’aurais aidée même si tes parents n’avaient pas été d’accord. »
Le ventre de Milena s’arrondit quelques années après le mariage. Une fille splendide, ils étaient préparés. Le pendule l’avait deviné. La Vélane se découvre plus attentionnée qu’elle ne l’aurait cru. La maternité est une expérience formidable, elle aime ce noyau familial. Boris adore sa petite-fille. Regulus est un père attentionné et l’époux dont elle rêvait.
Son ventre s’arrondit encore, et le pendule confirme leur pressentiment. Quelques années s’écoulent, merveilleuses. Les raconter ici serait bien trop long.
Quand le vent vient du Nord, je m'assieds au Sud, Quand le vent vient du Sud, je m'assieds au Nord, Quand le vent vient de l'Est, je m'assieds à l'Ouest, Quand le vent vient de l'Ouest, je m'assieds à l'Est, Je flaire de mes narines le vent qui approche, Je pénètre partout, selon le désir de mon coeur, Et j'y fixe ma demeure,
Extrait du livre des morts des anciens Egyptiens
Je ne pensais reproduire les comportements de mes parents en donnant naissance à nos enfants. Je l'espérais en tout cas. J'avais l'impression d'y réussir jusqu'au jour de cette balade en forêt.
L'apprentissage des enfants se déroulait très bien jusque-là. Les garder à la maison était formidable, j'ai du mal à comprendre qu'on les laisse aux mains d'un précepteur. Nous profitions des occasions pour les instruire petit à petit sur notre connaissance magique. Ni moi ni Regulus n'avions tranché sur le fait de les envoyer à Poudlard voire Durmstrang. Le pendule répondait par l'affirmative quand je demandais s'il s'agissait d'endroits dangereux. L'au-delà, lors des séances avec la planche oui-ja, le confirmait. Mais nul ne répondait à la question de prendre le risque ou non.
Regulus s'occupait de notre fils un peu plus loin. Je suivais distraitement Edwa, jusqu'à la voir engloutir une baie que je savais toxique et qu'elle confirma avoir pris pour autre chose. J'ai été incapable de réfléchir avec empathie. Je me suis jetée sur elle, je l'ai forcée à déglutir ce poison en enfonçant sans ménagement deux doigts jusqu'à sa glotte. Edwa était sauve mais elle me regardait différemment. Avec un rien de peur. Mes colères n'étaient qu'un jeu jusque-là, portées par de l'exaspération qui me faisait leur demandait s'ils pensaient que le noir allait mieux aux blondes ou s'ils avaient envie de me savoir vieille alcoolique rubiconde pleurant la mort de ses enfants. De la culpabilisation, certes, mais pas de violence.
Plusieurs heures ont passé sans que cette lueur d'effroi disparaisse de ses yeux. J'ai eu peur que cela ne cesse pas. Et par chance, comme les enfants sont dotés de ce prodigieux amour de leurs parents, elle m'a de nouveau fait confiance. Je ne lui ai pas demandé si elle s'en souvenait, nos balades en forêt se sont espacées. Milena s’est habituée à l’idée de ne pas avoir de beau-frère, elle espérait rencontrer un jour le seul Black qui aurait pu l’accepter. Il lui faudra tirer un trait sur cet espoir. Son époux n’en a jamais parlé aussi ouvertement. Elle savait que cela arriverait mais espérait que ce ne serait pas acculé de la sorte.
Lorsqu’elle se réveille dans la nuit, la place dans le lit est déjà vide. Sortie dans le couloir, elle reconnaît les respirations douces de ses enfants et celle plus massive de son père. Tous dorment à poings fermés.
Le pendule lui apprend que Regulus n’est pas en danger.
Milena sort la planche de oui-ja et cherche à entrer en contact avec le célèbre Sirius Black. Il est inaccessible d’une manière qu’elle n’avait jamais ressentie avant. Il n’est pas vivant. Mais il n’est pas assez mort pour qu’elle puisse le contacter.
Je me souviens de la bataille de Poudlard. Nous sommes restés calfeutrés au cottage. Si la situation basculait du côté de Voldemort, nous avions tout intérêt à nous enfuir séance tenante. Potter et ses amis ont triomphé. Je suis allée aider les blessés. Je ne me souviens guère de la suite, ces jeunes gens se ressemblaient tous, surtout couverts de sang. J'étais inquiète jusqu'au moment de passer la porte de la maison et retrouver les miens. Inquiète de quoi, pour quoi ? Je ne saurais l'expliquer.
Milena intercepte un mot d'enfants. Sa progéniture se plaint par petits papiers d'être forcés de manger des légumes verts selon des recettes bulgares ancestrales. Ce 'n'est pas ce qui est écrit mais leur mère n'a pas grand mal à percer le code. Une lettre de décalage. Astucieux mais enfantin. Elle rentre à grands pas dans leurs chambres et commence une magistrale engueulade sur le fait qu'ils la remercieront plus tard d'avoir bénéficié d'une alimentation variée et qu'ils feraient bien d'aider en cuisine s'ils ont des choses à redire car à ce rythme, ils ne se débrouilleront pas aussi bien une fois lâchés dans la nature. Ce qui est difficile à vivre sans sourciller pour des enfants de sept et huit ans.
Elle sort une feuille de papier, deux stylos et les emmène autour de la table du salon. « Vous ne pouvez pas adopter un code aussi simple et le garder tout le long du message. Vous auriez pu commencer comme ça, et continuer comme ça, ou encore … »
On appelle ça une attitude équivoque. Votre épouse - mêlée vélane - qui se pare de beaux vêtements et disparaît trois heures tous les matins. Que des inconnus à la mine patibulaire emmènent dans une voiture désillusionnée ou Dieu sait vers quel moyen de transport. Qui revient toute guillerette à l'heure convenue.
Je ne savais pas comment aborder la question avec Regulus. Le formidable "j'ai trouvé un travail ! " qui se serait assorti de précisions mouchant son enthousiasme à l'annonce de cette nouvelle. J'étais payée au jour de survie d'un vieux patriarche du monde magique. J'avais négocié quelque chose pour commencer à m'occuper de lui dans les trois mois que les médicomages lui donnaient à vivre - pas de travail sans salaire. Une maxime que j'ai glissée à Rogue quand il a embauché.
Je retenais mon patient dans l'état délicat d'absence de souffrance et de lucidité maximale. Pour qu'il mette ses affaires familiales au clair. Lesquelles, je n'ai jamais voulu le savoir. Je parvenais presque à me convaincre que je soignais un vieux monsieur qui aurait préféré mourir dans le calme de sa demeure que dans le tumulte de Sainte-Mangouste. Qu'il ait vécu dans l'illégalité ou ait des blessures difficiles à expliquer me passait au-dessus de la tête. Etre occlumens ne suffit pas, je connais les quelques articles de loi sur les perquisitions, le Veritaserum et autres ennuis de ce type.
L'important, c'était que tout sang-pur qu'il soit, il se sente à l'aise avec une descendante Vélane. Un rien de chanson suffisait à le captiver pendant que je nettoyais certaines plaies. Ca marche avec les enfants et les vieillards aussi, je crois.
J'ai fini par connaître la date à laquelle il s'étendrait, à quelques jours près. Nous n'aurions plus été dans de la guérison mais de la nécromancie, et je ne pouvais pas lui assurer qu'il garde le contrôle de ce qu'il serait. J'ai empoché une coquette somme et la promesse que sa famille ne chercherait pas à nuire aux miens. Les héritiers pouvaient bien s'entre-déchirer pour l'héritage, j'avais fait ce que ma conscience commandait.
« Tu peux tout soigner, Maman ? » « Non. Si tu viens à mourir, je ne peux pas te ramener. » Mensonge, pieu mensonge, mais elle ne peut pas encore leur expliquer ces subtilités, quelle vie ou non-vie ce serait pour ce Lazare. « C’est pour ça que tu me feras le plaisir de descendre les escaliers plus doucement la dernière fois. Note bien que je peux gérer un gros bleu sur le crâne mais je n’en ai aucune envie. » poursuit-elle en touillant ce qui promet d’être une excellente soupe, qui comblera aussi un début de carence en vitamine E qu’elle a remarqué dans la maisonnée. « Et les morts, quand tu leur parles, ils peuvent tout te dire ? Et tu seras la sorcière qui connaît le plus de choses ? » Elle ne retient pas un sourire, savourant le fait d’être une personne extraordinaire aux yeux de ses enfants et son mari, ce qui lui va très bien comme panel. Les deux petits finiront peut-être par changer d’avis : raison de plus pour s’y accrocher. « Il y a des questions auxquelles ils refusent de répondre. Je leur ai beaucoup demandé à quoi ressemble la vie après la mort, et je n’ai pas souvent de réponses et pas de réponses cohérentes. » « Mais ça ressemble à quoi ? » « Pour certains, c’est une traversée avant autre chose. Pour d’autres, c’est une errance. Certains parlent d’autre chose. On ne le saura pas. Votre grand-mère ne me dit rien sur le sujet. Peut-être est-ce différent pour les moldus. » S’il y a un mystère qu’elle voudrait bien percer, c’est celui-là. Serait-il possible de s’y rendre sans quitter le monde des vivants, d’en sortir au moyen d’un fil d’Ariane ? « Allez chercher votre père, c’est prêt. Et on ne court pas dans les escaliers ! »
Maman Black est dans la place ! FUYEZ TOUS, PAUVRES FOUS !
Je suis super heureuse de te voir kidnapper ce personnage haut en couleurs et j'ai pas du tout dévoré ce début de fiche, c'est faux ! Hâte que tu fasses des émules sur le forum <3
(re)bienvenue ici c'est donc toi qui sera la demi-vélane de nous deux au final, c'est intéressant bon courage pour ta fiche et je suis sûre que tu vas te plaire en jouant ce second personnage
azy, kirsten est tellement magnifique je suis joie de la voir s'esquisser sous les charmants traits d'une épouse black ce début de fiche déjà bien étoffé me fait déjà saliver tu ravis un homme et un poupon hâte de voir ce personnage joué en rp
@Edwa D. Black oui, c'est un ter-rible complot pour ton bonheur
@" Pelagia H. Ollivander" le reste de la fiche suivra sous peu, mais sans doute en fin de semaine prochaine
@A. Josiah N'Da merci ! Je me demande si Milena ne traînera pas avec ces charmants londoniens
@Regulus Black voyons mon cher et tendre, ce cher Severus a l'air très plaisant ! Et quelqu'un qui se permet de me rendre célibataire à la semaine ne devrait pas trop m'enquiquiner. On peut lui en parler, de cette Moïra ?
@Camille Nott merci ! Quel accueil de folie, je suis ravie Peut-être que je pourrais enfin avec des liens avec tous ces sorciers badass qu'Orion n'a aucune raison de connaître
@Dahlia Prewett finalement, oui ! Aurais-je succombé au double-compte sans toi ? Peut-être pas, mais j'en suis bien contente
@Archibald Rosier extasions nous ensemble, Kirsten est si belle (et si appropriée pour une vélane). Ca va être amusant de jouer l'incruste à Poudlard.
@Lucius A. Malefoy merci ! Attention, maman Black va être aux trousses de celui qui a roussi quatre cheveux de sa progéniture avec sa magie noire.