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Jusqu'aux petites heures
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
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Jeu 25 Juil - 10:22
 
Elle se pressait le long des rues du Chemin de Traverse ; il faisait froid et l’allée était verglacée. Personne, personne. Personne. Bien sûr. Il était deux heures du matin à peu près et tout semblait désert ; mais c’était l’heure, un vendredi soir où elle pourrait trouver Nigel plus disponible. Il devrait être prêt à fermer son bar d’ici quelques instants — et alors ils pourraient enfin savourer la tranquillité de l’endroit, Nigel et elle, une tranquillité qui se respirait presque, comme les volutes doux d’alcool fort, de cocktails parfumés, qui s’élevaient dans la pièce. Yolanda l’y retrouvait une fois par semaine au moins, et alors c’étaient des discussions, souvent plus ou moins alcoolisées, qui se poursuivaient, ponctuées d’éclats de rire fous, jusqu’aux petites heures du matin…
 
Nigel avait été l’un des piliers de son existence. Les hommes s’étaient succédés dans sa vie, certes, parfois plus rapidement que le rythme des années, mais Nigel était là, Nigel était resté, aussi immuable qu’un roc. Rencontré à Poudlard, il était élève de l’année en-dessous d’elle, mais ils s’étaient liés d’amitié vers la fin de leur scolarité, grâce à un devoir d’Histoire de la Magie qu’il fallait rédiger en commun. Très vite, ils s’étaient entendus. Ils avaient le même humour cynique, les mêmes valeurs, le même exact mépris de la société. Depuis toujours, ils avaient aimé s’isoler dans un coin pour s’abandonner à ragots et jugements d’autrui, sous le nez de ceux-ci. Yolanda avait souvenir d’heures à la bibliothèque, à travailler intensément ensemble tout en échangeant des regards complices et sournois quand venait à paraître tel ou tel objet de leur mépris.
 
Et leur relation avait évolué avec le temps. Lorsque Yolanda avait rencontré Jonathan Crewe, puis l’avait quitté, enceinte et perdue, Nigel avait été là. C’avait été le début de longues conversations dans des cafés ou des bars, où la jeune femme avait réexaminé cette situation terrible dans laquelle elle se trouvait — répétant en boucle ses issues potentielles et ses erreurs probables, lui faisant insatiablement le récit de ce qui lui était arrivait, lui martelant qu’elle avait peur de ne jamais s’en sortir. Et lui l’écoutait, simplement. Une main sur son épaule, un regard qui soutenait le sien, une main pour la relever. Et ils riaient sans cesse. Jusqu’aux petites heures ils riaient sans cesse. Et c’était encore le cas. Aujourd’hui encore Nigel et Yolanda continuaient de rire, rire, rire — le plus souvent des autres.
 
Il avait connu Ariane alors qu’elle venait tout juste de naître, avait été invité à moult repas au Manoir lorsque Théodore y vivait avec elle, et était même venu souvent prendre un verre chez les Vaughn, ou dîner avec elle et Owen. Et puis Yolanda avait aussi rencontré Helen, avec qui elle s’était bien entendue d’abord, et dont elle s’était ensuite méfiée. D’abord heureuse que son ami soit si amoureux de son épouse, elle avait été plus dubitative lorsqu’elle avait vu l’influence trop forte que cet amour avait sur lui. Elle s’était demandée aussi si Helen ne le trompait pas. Et lorsque cette dernière était partie sans prévenir, mettant son ami dans le pire état, Yolanda l’avait haïe. Cela coïncidait presque, d’ailleurs, avec la mort d’Owen — triste hasard.
 
Yolanda arrivait au bar. Elle jeta un œil rapide à la salle, moins remplie que d’habitude, puis le repéra, lui, Nigel, derrière le comptoir. La sorcière eut un sourire et s’y dirigea, de sa démarche fluide, avant de s’y asseoir.
 
Bonjour mon chéri, le salua-t-elle tout de suite, très souriante toujours. Comment est-ce que tu vas ? Comment ça se passe ce soir ?
 
Cela lui faisait chaud au cœur de le retrouver, de se retrouver là comme ils en avaient l’habitude.
 
Je te prendrais un cocktail s’il te plaît. Quelque chose d’élégant, de fort, mais de délicieux, comme moi, ajouta-t-elle, à la fois mutine et pleine de dérision.
 
Elle commença, en posant affectueusement une main sur la sienne :
 
Tu as passé une bonne semaine ? Il faut absolument que je te raconte… !
 
Elle lança un vague regard autour d’elle, s’assurant qu’ils étaient seuls, avant de continuer :
 
Mon Dieu, Nott est venu me voir il y a quelques jours… Je l’ai invité à monter prendre un verre, cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus et… Bref, je crois vraiment qu’il a un faible pour Severus. Est-ce que cela ne te scandalise pas ? Je le vois le dévorer des yeux aux repas et quand je l’ai mentionné, il s’est raidi et il est devenu susceptible… Bon, chacun ses goûts, certes, mais il s’avère que Camille et moi sommes amants depuis des années et je n’arrive pas à comprendre qu’il choisisse de se tourner vers… Rogue… ? Comme cela ? Qu’il devienne susceptible et de mauvaise humeur quand je le mentionne alors que je l’invite dans mes appartements ? Bon, bien sûr il a tout nié en bloc, tu imagines bien, je n’ai pas insisté, je n’ai pas envie de perdre la seule personne qui peut venir me réchauffer mon lit à Poudlard… Mais tout de même ! Tu te rends compte ? Est-ce que tu regarderais Rogue, est-ce que tu penserais deux minutes à lui, toi, si je t’invitais dans mes appartements ? C’est totalement insensé. Même Severus lui-même ne l’accepterait pas. Je t’avoue que ça m’a un peu perturbée.
 
Elle marqua une petite pause, pensive, et regarda dans le vide, avant de reprendre doucement :
 
Sinon, je compte revoir Carys bientôt. Lui offrir des places de Quidditch pour Noël. Discuter un peu pour calmer les choses. Les choses ont tant dérapé l’autre jour… Le fait qu’elle m’ait surpris avec ce notaire n’a pas arrangé les choses en plus… Pauvre Owen, je pense à lui parfois et je ne cesse de me demander comment les choses auraient pu être s’il avait vécu…
 
Elle caressa de nouveau sa main, brièvement, affectueusement, avant de lui demander plus directement :
 
Et toi mon chéri, quoi de neuf, qu’est-ce que tu me racontes de beau ?  
1000 mots.

Nigel A. Fawley

Nigel A. Fawley
MODÉRATRICE
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Dim 1 Sep - 23:37
Tu poses un regard las sur les tables pleines d’ivrognes déchainés face à toi. Il y a de ces soirs, comme ceux-là, où tu regrettes presque de t’être laissé allé à cette pulsion d’enfant, cette envie d’ado, ce rêve de posséder ton espace à toi. Miguel, un immigré espagnol, à la puissance magique quasi caduque, se glisse entre chaque table pour déposer ça et là une nouvelle pinte, empochant de son sourire en coin masses de pourboires. Tu l’as embauché pour la semaine, avec le tournoi de tu ne sais plus quel sport à la noix qui se trame, c’est bondé tous les soirs. Il a au moins l’honneur de savoir tenir un plateau, et faire voler quelques choppes, histoire de te sauver un peu la mise.

Tu louches vers le verre, caché par le comptoir, rempli à moitié d’une douce liqueur ambrée, et ta main hésite à s’y faufiler, sournoise traîtresse. Tes lèvres s’humidifient dans l’attente d’un contact avec la douceur amère, mais bien vite une nouvelle gonzesse, le cul trop relevé par son pantalon indécent, la tunique cachant à peine les seins gonflés où doivent téter ses mômes, à en juger les rainures et la fatigue sous ses yeux. Madame a dû s’octroyer une sortie entre amies, la première depuis des siècles, et c’était dans ce petit lieux presque mal famé qu’elle venait le fêter — en voilà une qui trônait du côté de l’entrée du Chemin de Traverse, une aussi qui n’hésiterait pas à mettre le prix pour oublier les imbécilités de sa famille, un soir durant. Ton sourire se fait carnassier et tu laisses tes doigts effleurer, juste quelques secondes, la peau de la mère épuisée en récupérant les pièces de bronze qui trônent dans sa main. Elle rougit, d’un rouge d’une femme qui n’a plus l’habitude d’être touchée, d’une femme presque gênée d’être presque désirée. Ah, malheureux mari qui ne connaît plus le bonheur de toucher une femme qui lui est seule dévoué. S’il savait, cet imbécile, les douceurs d’une épouse, combien elles sont sacrées.

Tu n’avais jamais touché le corps arrondi de ton épouse, certes, tu n’avais jamais eu à désirer les douceurs de son corps modifié par la graine poussante, mais cette possibilité même t’avait échappée, et tu ne pouvais qu’en mépriser davantage ceux qui ne le réalisaient même pas. Tes yeux viennent caresser du regard la douce mère, et tu lui offres même un clin d’oeil en glissant vers elle le verre tant convoité.

- Profitez bien, ce soir vous êtes libre et… tu ne termines pas ta phrase, te contentant d’hausser un sourcil, suggestif. Retournez donc voir votre brochette d’amies, et appelez Miguel pour être resservie, ce sera plus rapide.

Tu la regardes retourner vers sa tablée, gloussante, et déjà tu te lasses de ce cinéma. Le temps passe, ce soir, infiniment lent. Comme tous les soirs, seulement, depuis que son rire n’est plus là pour faire vibrer tes tympans, depuis que les animations ne s’enchaînent pas dans votre manoir. Il faudrait que tu dynamises un peu ce taudis, faire venir la clientèle, t’emmerder un peu moins. Des chanteurs ? Du théâtre, aussi, ce serait doux. À la gueule de tes clients, ça leur plairait un peu moins, mais t’avais jamais ouvert cet endroit pour leur faire plaisir à eux, après tout. Faudra que tu penses à recontacter la gamine aussi, sacrée @Hekate R. Murphy jouait aux sourdes muettes depuis son entrée à Poudlard, mais t’étais pas éternel, et fallait pas mettre vingt ans à créer le prototype si tu voulais en profiter un jour.

Ton esprit est partout à la fois, attrapé dans une déferlante de pensées absurdes, tel qu’on en a quand une fatigue extrême pèse sur nous. Tu dors comme un chien, c’est pas nouveau, et cette bague te sert toujours un peu trop, t’as le doigt contracté, le sang trop coagulé. Faudrait pas l’enlever pour aller mieux, ah ça, non, valait mieux douiller et avoir l’impression de pouvoir rentrer chez toi, avec la douce qui t’attendait. La seule douceur qui t’attendait, c’était, toujours, la douceur de la boisson. Et ta main, cette fois, en accord avec ton esprit, va saisir le verre caché par le comptoir, et le liquide se faufile dans ta gorge.

Tu déglutis avec plaisir, t’abreuvant enfin du liquide tant espéré, auquel tu t’étais refusé toute la soirée. Pas pendant le service, quand même. Il était bientôt deux heures, toutes les greluches étaient partis, Miguel comptait ses pièces sur le côté, et deux trois âmes en peine continuaient à s’abreuver en silence dans les coins du bar. Il était bientôt deux heures et, bientôt, l’emmerde de ta soirée allait se poursuivre, au fin fond du lit, à tournoyer davantage. Par automatisme, ta main va saisir la bouteille de whisky cachée à côté de la caisse, celle-là, il n’y a que toi et quelques sacrés privilégiés qui en buvez, elle est invisible aux yeux des autres — tu t’en sers une loupiote, une grosse loupiote, plutôt, et c’est toujours autant jouissif que d’y tremper les lèvres, de sortir l’alcool brûler les fêlures de tes lèvres, combler celles de ton coeur.

Tu sursautes lorsqu’une silhouette vient s’asseoir au bar, et tu n’entends que la fin de la phrase, un très familier chéri. Tu tiques aussitôt, et d’un plissement de paupière, tu recentres ta vue sur la personne. Immédiatement, l’alcool n’est plus nécessaire à ton bonheur, et c’est une petite victoire sur cette chienne de vie.

- Merde alors, c’est déjà le weekend, c’est ça ? claques-tu sans répondre à ses douces salutations.

Ces foutus profs, toujours en congés. La belle avait tant de repos, si peu d’heures de travail, tu irais presque grogner au Ministre de l’injustice si t’étais pas plein aux as. C’est un sourire qui te mord les lèvres plutôt qu’une grimace, un sourire gros comme la taille du cocktail que tu allais servir à la petite dame.

- Ma tendre, tout ce que tu voudras. Donne-moi quelques instants, je te raconte la platitude de ma vie juste après… Profites-en pour t’épancher !

Et il ne fallut pas plus en dire, tu ricanes en coin alors qu’elle se penche un peu vers le bar, regardant à droite et à gauche pour chercher à rester discrète, et qu’elle déverse alors toute une semaine de discussion. À vrai dire, tu ne sais même plus quand est-ce que tu l’as vue pour la dernière fois. Il y a trois jours, deux semaines, un mois ? Le temps n’a plus trop d’impact sur toi, c’est une continuité terriblement trop longue, c’est tout. Tu sais simplement, quand elle vient, que c’est l’habitude, que c’est la douceur tant attendue, et que c’est probablement, un foutu weekend.

Un peu distrait, tu t’affaires derrière le bar, piochant dans ta réserve pour offrir à ta douce quelque chose de gouteux. Un peu de whisky, de Grand Marnier, une touche de Vermouth rouge, quelque tirs d’Angostura, de la glace pour conclure le tout, et tu mélanges soigneusement, filtrant la concoction pour la verser dans un verre à whisky.

- Et voilà, un Dubliner, tu me diras ce que tu en penses. Le whisky vient d’une famille d’amis, des irlandais bien tassés, leur boisson est une merveille. Qu’est-ce que tu me disais, tu as vu Nott ? Toujours dans ton lit, ce sacré renard.

Elle ne réagit pas davantage, trop hâtive de lâcher enfin ce qu’elle retenait tout ce temps.

- Bref, je crois vraiment qu’il a un faible pour Severus.

Tu t’immobilises, et n’entends qu’à peine la suite de la diatribe, trop perturbé par cet aveux. Tu remercies Jésus, s’il t’écoute encore, de ne pas avoir la bouteille à la main, tu en aurais tué ce vieil abruti de t’avoir fait perdre une liqueur aussi précieuse. Comment ça, un faible pour Severus ? Sourire carnassier vient se faufiler sur tes lèvres, et tu t’imagines déjà la douceur des échanges qui allaient s’enchaîner avec ce bougre de Nott la prochaine fois qu’il poserait ses fesses ici. Ses fesses, qu’il souhaitait voir potelées par Severus, apparemment, rien que ça. Alors que Yolanda insiste, sur Rogue, et Nott, et elle dans le lit de Nott, et lui dans le lit de Severus, et Severus dans son lit à toi, tu lèves les deux mains vers elle, dans une tentative de la faire taire, enfin.

- Par Salazar, mais qu’est-ce que tu me racontes-là ! Tu sais bien que je ne te regarde pas comme cela, ma tendre, mais ça ne veut pas dire que mon désir ira se perdre sur Severus… Par Merlin, mais qu’est-ce qui lui prend, à cet imbécile, à s’amouracher de Rogue ? Il ne t’en a pas plus parlé ? Il n’a pas ROUGI, quand même ? t’exclames-tu, presque horrifié à t’imaginer cela.

Poudlard n’était plus ce qu’elle était, par Merlin, pour que deux professeurs en viennent à presque s’amouracher. Et dire qu’ils étaient de son clan. Tu n’avais jamais compris la passion de Nott pour le corps masculin, comment il pouvait parfois préférer la virilité d’un corps musclé à la tendresse d’une chair féminine, mais tu ne cherchais pas pour autant à l’en critiquer, ou l’en juger. Enfin, de là à accepter d’imaginer qu’il fricotte avec Rogue, qui plus est !

- Ah, je ne te remercie par pour ces horreurs d’images. Rassure-toi, pourtant, tu es terriblement belle, et cet homme est fou de vouloir penser au fessier de Rogue, ROGUE, par Merlin, plutôt qu’au tien. Tu n’as qu’à demander à l’ingrat de Miguel, là-bas, ce mioche ne fait que te reluquer, ajoutes-tu avec un regard noir pour son employé qui, pris sur le fait, détourne subitement la tête, très intéressé par son torchon noir. Qu’est-ce que tu as d’autres que cette affreuse nouvelle à me raconter ?

Elle prend une petite pause, à cet instant, et tu sens tes sourcils se froncer. Ce n’était jamais bon signe, quand trop de réflexions venaient s’interposer devant une question aussi simple. Enfin, elle prononça le nom fatidique. Ah oui, Carys, cette sacrée gamine. Tu l’avais croisée à plusieurs reprises, chez son père, charmant petit minois, tête bien faite, apparemment trop bien faite puisque sacrément têtue, et qui rendait folle ta douce amie. Tu ne peux t’empêcher de grimacer lorsque Yolanda glisse qu’elle était également avec le notaire, et ta grimace se fait cette fois réelle lorsqu’elle évoque Owen. Le couple entre tes deux amis avait toujours été une de tes plus grandes surprises et, si tu t’y étais fais, s’il était même agréable de pouvoir côtoyer les deux en un, tu ne comprenais pas cet attachement qu’elle semblait toujours porter à ton ami décédé. Enfin, qui étais-tu pour réagir, alors que l’anneau de tes voeux trônait toujours sur ton doigt, tant d’années après ?

- C’est une fabuleuse idée, que ces places de Quidditch, la gamine était toujours folle de joie quand son père la ramenait en tribune. Tu veux que je m’arrange pour vous trouver des places bien, bien placées ? Tu pourras apprécier les cocktails de la loge pendant que la gamine se pâme devant les tournoiements des athlètes.

Tu t’interromps quelques instants pour saisir ton verre encore un peu rempli, et sirotes tranquillement une gorgée. Tes pensées sont remplis des souvenirs avec Owen, et un voile douloureux semble s’être posés sur tes yeux.

- Owen était un sacré bougre, mais je vois qu’il te suffit d’un notaire par-ci par-là pour que tu n’y penses plus trop, préfères-tu ajouter, relevant les lèvres d’un air taquin. Tu connais les ambitions charnelles de ton amie, et si tu n’avais jamais succombé à ses charmes, tu savais combien tous ne souhaitait rien d’autre que de s’y laisser aller.

Sa main vient se rappeler à toi, caressant distraitement la peau de la tienne, posée sur le comptoir entre eux, brièvement mais attentivement, pleine d’affection. Tu lui souris, le regard toujours un peu dans le vide.

- On fait aller, ma bonne amie, on fait aller. Que peut-il se passer de trépidant dans mon petit taudis, dis-moi ? Tu gardes le silence quelques instants, puis tu murmures pourtant, comme si cela te brûlait : tu as reçu le mot, pour la réception du mois prochain ?

Elle n’aurait lieu qu’en Décembre, et déjà pourtant elle te glaçait le sang, te renversait l’estomac. Là-bas, elle y serait forcément, fière et digne, belle et grandiose, et tu y seras forcément, lâche et pauvre, saoul et bête. Derrière cette question, une supplication implicite. Tu viendras, tu ne me laisseras pas y aller seul, bien entendu ?

2079 mots

Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
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Lun 2 Sep - 0:49
Yolanda rit en voyant la réaction de Nigel qui l’accueillait, et qui, comme souvent, avait l’air totalement déboussolé. Le bar faisait perdre toute notion du temps, c’est vrai, elle le voyait bien. Mais elle aimait beaucoup l’espace qu’il avait créé, un espace parfois un peu glauque, souterrain, mais à l’atmosphère intense — un espace-temps unique, qui contribuer à libérer des pulsions positives comme négatives, mais un univers dans lequel elle sentait bien son ami évoluer. La joie à la retrouver était visible, et lui fit chaud au coeur. Elle mesurait sa chance de compter, au moins, dans sa vie, un ami comme Nigel. 

Rien que sa réaction, lorsqu’elle mentionna Nott et Severus, agit comme un baume à l’âme. Cela lui fit un bien incroyable de voir Nigel se récrier, avec tant d’humour, contre le choix de Camille, et prendre son parti à elle sans hésiter une seule seconde. Elle eut un sourire en coin, un peu méprisant, lorsqu’il évoqua le serveur qui la matait, un vrai sourire sincère lorsqu’il lui assura que Camille avait perdu la tête, qu’il n’y avait pas à hésiter une seconde, et enfin éclata de rire — un vrai rire de bon coeur, comme elle en avait eu trop peu depuis la mort d’Owen — lorsqu’il eut terminé sa tirade.

Merci mon chéri, vraiment, tu ne t’imagines pas comme ça me fait chaud au coeur de t’en parler. Dans ces moments où il semble qu’une passion entre Nott et Severus signe la fin du monde, j’ai parfois l’impression qu’on redevient ces adolescents de sixième ou de septième année qui s’abreuvent de commérages comme si c’était leur raison d’être… Et tu sais, c’est peut-être pas plus mal de revivre ces moments ensemble. 



Son avis sur le cadeau de Carys, ainsi que sa proposition de lui trouver de bonnes places de Quidditch, l’enchanta également. 

Oh, ce serait merveilleux, je crois que ça la ravirait, vraiment ! Et ça apaisera bien les tensions entre nous, enfin je l’espère. Tu sais, j’ai l’impression que ça a été dur pour Carys de comprendre que… enfin je ne sais pas vraiment si elle a su faire cette distinction… Je veux dire, j’ai de l’affection pour elle, mais cela ne veut pas dire que j’aie jamais été capable de devenir une deuxième mère pour elle. J’en suis tout bonnement incapable, mais cela n’annule pas du tout la relation que nous avons construite au fil des années. Et cela, ça ne semble pas cohérent pour elle. Mais j’ose espérer que, plus posées toutes les deux, les choses finiront par s’éclaircir. 



Elle remarqua le nuage de tristesse qui semblait passer devant les yeux de son ami, alors qu’elle évoquait Owen. C’est vrai que ce n’était jamais facile, mais il y avait une certaine douceur à pouvoir l’évoquer devant celui qui avait été leur grand ami commun, à tous les deux. Elle eut un petit sourire en coin lorsqu’il évoqua le notaire. 

Enfin mon chéri, tous les notaires du monde ne changeront rien à mes sentiments, ça n’a rien à voir et tu le sais bien, répondit-elle, toujours un peu badine cependant. Quant à Zabini… Bien sûr que ça a gêné Carys, même si elle ne l’avouera pas. Malgré tout, je ne regrette rien, il faisait très bien l’affaire pour me distraire un dimanche soir. Et les hommes mariés… C’est vraiment quelque chose ! — ils sont tellement heureux d’avoir un autre corps sous les doigts que celui de leur femme que tu les plies à tes volontés en cinq secondes. Je ne sais pas si tu as déjà été avec des femmes mariées, peut-être que ce n’est pas la même chose pour les femmes… Bref. Zabini était incroyable ! A mourir de rire. J’ai croisé sa femme dans une réception plus tard d’ailleurs, je l’ai remerciée en lui expliquant que son mari avait « tant fait pour moi », glissa-t-elle avec un rictus. 

Mais bien sûr que je n’oublie pas Owen… Pour rien au monde. Il avait un attachement pour moi qui me touchait beaucoup, et une telle douceur… Je suis particulièrement mauvaise pour oublier les hommes de ma vie de toute façon, tu le sais bien. J'écris encore de longues lettres à Théodore, par exemple. Et il me répond. Quelle terrible sentimentale, n’est-ce pas ? glissa-t-elle avec un sourire à moitié ironique, à moitié amusé, et pleine d’auto-dérision. 

Nigel, si chaleureux lorsqu’il s’agissait d’écouter de ses nouvelles, sembla en revanche beaucoup plus réservé quand elle lui en demanda des siennes. 
Je suis sûre qu’il grouille quantité de choses fascinantes dans ce taudis, comme tu l’appellesNott est passé récemment ? Et Moira ? Jonathan ? Quelqu'un d'intéressant ? 

Soudain, après un petit silence, il mentionna la réception, presque apeuré. Elle savait le rôle qu’il tenait dans sa famille, son obligation de participer à ce genre d’événements, sa lassitude déjà là, sa position branlante. Elle caressa de nouveau sa main, cherchant à lui transmettre son affection, sa chaleur, sa volonté de le soutenir quoi qu’il arrive et quoi qu’il lui en coûte. 
Oui, je l’ai reçu. Et oui, je serai là, bien sûr. Nous irons ensemble, Nigel, mon chéri, il n’y a aucune question là-dessus. J’ai déjà hâte de m’isoler dans un coin avec toi pour pouvoir tranquillement nous abreuver de ragots sur cette bande de coincés. Et puis il y aura Nott, toi, moi… Ca promet, c’est sûr. Tu imagines ? Ce pauvre garçon va être harcelé de regard en coins. Il finira par avoir envie de se cacher sous le bureau de Narcissa. Je suis certaine que nous allons beaucoup rire, ne t’en fais pas une seconde. Je serai là, murmura-t-elle encore, avec un sourire tendre, et un visage doux, sincère, qu’elle arborait rarement, qu’elle n’arborait presque plus qu’avec lui.  Tu vaux tellement mieux qu’eux tous réunis, rajouta-t-elle, peut-être plus pour elle même. 

Elle se permit enfin de boire quelques longues gorgées de son cocktail, le terminant au passage. L’alcool la détendit, embrumait son esprit un peu, aussi, et la désinihbant d’un coup. Elle avait l’impression d’avoir traversé une cascade d’émotions différente, et cela expliqua peut-être la licence qu’elle prit tout à coup lorsque, après un long silence, elle se permit de le meubler en demandant, doucereuse d’un coup :

Tu as dit plus tôt que même si tu soutenais que Nott avait tort de préférer Severus, tu ne me regardais pas comme cela… Tu veux dire que jamais tu ne… Je veux dire, tu, enfin, tu n’as jamais pensé que ça pourrait… Tu n’y as jamais pensé ? Je veux dire... Jamais ? 
1040 mots

Nigel A. Fawley

Nigel A. Fawley
MODÉRATRICE
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Mer 4 Sep - 0:49
Ton esprit est toujours bloqué sur cette image incongrue du corps de Nott bizarrement scellé à celui de Rogue et un frisson d’angoisse te secoue l’échine. Si tu en avais eu le talent, un patronus se serait aussitôt envolé pour agresser de ragot ton vieil ami — seulement, ce qui fut autrefois le grand désespoir de Nott lui sauva ce soir son sommeil, et lui procura quelque temps de répit. Tu te consoles sur une grande gorgée de ton whisky, la douceur ambrée te réchauffant le sang refroidi par la surprise, et la réponse de ton amie, apparemment sincèrement réconfortée par ton incompréhension, finit de te redonner toute belle allure. Le souvenir des années lycées qu’elle venait retisser là te fait sourire à ton tour et, oubliant toute tenue, tu poses tes coudes sur le plan du bar et t’approches d’elle, dans une posture propre à ce commérage d’adolescents :

- À l’époque, pourtant, on commérait plutôt sur qui Nott rendait fou, et non pas qui rendait Nott fou… Je ne sais pas lequel je préfère, pour être honnête, ajoutes-tu avec un petit clin d’oeil.

Miguel vient alors t’annoncer à voix basse que tous les clients s’en sont allés, et qu’il rend son tablier pour la nuit — tes doigts vont piocher dans les caisses et tu lui déposes les quelques pièces de son salaire de la journée. Il adresse un regard en coin rapide à Yolanda puis, comme intimidé par sa présence, se contente d’un salut de la tête en ta direction avant de se faufiler vers la sortie. D’un geste de ta baguette, récupérée dans ton étui glissé à la ceinture au lieu du calepin de tout bon restaurateur, tu procèdes alors à la fermeture à distance des serrures diverses du bar. Enfin — vous voilà seuls. Tu sais alors que Yolanda sera plus à l’aise, plus prompte à te parler de sa vie privée et, surtout, qu’elle n’hésitera pas à t’en poser sur la tienne. Tu n’es jamais à l’aise avec ses conversations, préférant te complaire dans ton malheur solitaire. Tes paroles suivent tes pensées, et ce n’est que distraitement que tu lui parles de toi, préférant t’intéresser à ses propres maux.

- C’est noté, pour les places, rappelle-moi de te les faire parvenir à temps, si cela venait à m’échapper. Tu prends quelques secondes pour réfléchir à la suite de tes propos, cette fois-ci. Tes jambes se délient, et tu traces les quelques pas qui contournent le bar, pour venir s’asseoir aux côtés de Yolanda. Tu es tourné vers elle, tes pieds se calent sur les barres de son tabouret, et ton verre retrouve naturellement le chemin de tes lèvres. Je ne suis ni père, ni mère, Salazar seul sait quel conseil je pourrai te donner, ma douce. La jeune Carys a perdu son seul repère concret, et tu étais le seul autre où elle pouvait trouver un semblant de refuge. Tu lui as retiré cette optique, cette illusion qu’elle s’était créée, autant lui laisser le temps de l’avaler.

Il y avait certaines illusions, certains bonheurs imaginés, qui mettaient une vie à se faire oublier. Derrière tes mots, derrière l’amertume de ta voix, pèsent les souvenirs des rires d’Helen, de ses caresses, de la place centrale qu’elle s’était taillée dans ta vie, toi qui vivais si bien sans elle, avant, pour en disparaître tout aussi brutalement, en te donnant l’impression de n’avoir vécu que sur des mensonges. Oh, Yolanda n’y verra que des mots de sagesse, des propos concentrés sur son vécu à elle, mais au rythme de ton coeur, qui s’est terriblement alourdi, au pâteux du whisky sur ta langue, tu sais, toi, ce qui vient te hanter par là. C’est terrible, cette manie que tu as, de toujours replonger, de ne pas saisir le bonheur à pleine main lorsqu’il t’est tendu, pour une fois. Elle est là, Yolanda, pleine de rire, de joie de vivre, et toujours tu t’acharnes à cette angoisse de vivre. Tu t’acharnes à oublier ces quelques pensées, t’inspirant plus d’horreur encore maintenant que tu réalises ton propre défaitisme, et c’est un sourire attendri, un peu triste, que tu laisses fleurir lorsqu’elle parle d’Owen.

- Évidemment, je n’offenserai pas la mémoire de ce vieil ours en t’imaginant plus heureuse dans les bras de vulgaires notaires, rassure-toi, la taquines-tu en retour, ton verre venant trinquer avec le sien.

Ton sourire se fige toutefois lorsqu’elle parle des hommes mariés et de leur maîtresse, et ta gorgée se glisse difficilement dans ton gosier. Tu hausses un sourcil, et grommelles, le regard vissé dans le fond de ton verre :

- Tu n’auras qu’à en discuter avec Helen, je suis sûr qu’elle saura t’informer de ça, ma foi, du plaisir de s’échapper de l’homme marié.

Un long soupir t’échappe pourtant, et tu relèves la tête vers ta douce amie, lui offrant aussitôt un regard rassurant :

- Excuse-moi, c’était déplacé — tu mérites pourtant tellement mieux qu’une simple caresse dédiée aux maîtresses. Je t’avoue n’avoir jamais trop batifolé avec des femmes la bague aux doigts… du moins jamais sérieusement, jamais jusqu’au bout. Je suis peut-être un sale gosse dans le milieu, mais le conservatisme laisse tout de même de ces traces sur moi — une poulette plus jeune, bien faite, une amante plus âgée, avec l’agilité de l’expérience, pourquoi pas, mais une frustrée de son époux, ce ne sont que des misères à assumer par la suite. Ce doit être bien plus agréable de s’acoquiner à l’époux, tu sais — peut-être que je devrais écouter Nott, finalement, et goûter au plaisir de …. tu t’interromps pourtant, incapable de finir ta phrase, un rire déchirant tes lèvres. Qui est-ce que je trompe, par Salazar, des seins, il me faut des seins !

Ton rire résonne encore entre les murs de pierres de ton échoppe alors que tu couves d’un regard tendre ta vieille amie. Tu espères par tous ces aveux coquins avoir corrigé ton agressivité soudaine, et le souvenir indélicat d’Helen.

- Ça alors, tu parles encore à Crewe ? Si j’avais su que ce bougre et toi resteriez autant acoquiné, je ne lui aurais peut-être pas autant laissé d’honneur au bureau à mes côtés. Quand revient-il de ses escapades au bout du monde, celui-là ?

De ton tout enthousiasme à parler d’elle et de ses diverses amitiés, tu ne sembles pourtant pas la convaincre de s’éloigner de toi — la voilà, qui renchérit, prononçant même les noms de Moira et Jonathan. Tu souris en coin, détendant tes jambes, jouant avec un pic en bois qui traînait là :

- Nott… je pense que je le vois autant que toi, ça ne te surprendrait pas. Il est passé avec Rosier, il y a quelque temps — toujours les mêmes, ma foi. Je ne crois pas avoir vu Jonathan Crewe depuis… Merlin, de nombreux mois, tu sais ? Il avait eu besoin d’intel pour je ne sais quel dossier, ça ne mettait personne des Terres en danger, autant lui donner ce qu’il voulait pour rester du bon côté d’un maximum de monde.

Te flotte alors sous les yeux le souvenir du parchemin joliment rédigé que le manoir familial avait reçu il y a peu, annonçant les festivités de fin d’année, et ta question franchit tes lèvres sans même y avoir réfléchi, sans avoir pesé le pour ou le contre. Elle balbutie presque contre ton palais, s’effrite presque à la limite de ta langue, mais non, elle sort, elle bascule dans le réel, et tu demandes, déjà, comme un enfant, si elle avait eu le mot. Le mot, quel mot enfantin, comme un mot de maîtresse, un mot de punition. Elle ne dit rien pourtant, rien d’autre qu’une main qui saisit la tienne, qui caresse ta peau, qui t’offre le réconfort qu’il te faut. Une fois encore, tu ne peux qu’être reconnaissant de sa clairvoyance, de sa douceur, lorsqu’elle enchaîne déjà, sans s’appesantir aucunement sur tes faiblesses, appuyant, comme toujours, sur combien elle serait là pour elle. Tu retires ta main, doucement, sans la brusquer, pour venir la passer sur ton visage, presque gêné par ce trop plein de douceur. C’est une grimace plus qu’un sourire qui fait son chemin, comme il peut, sur tes lèvres, une grimace en coin, mi-gêne mi-bonheur, et tu renchéris, préférant le tacle facile :

- Ce pauvre Nott… penses-tu que Narcissa m’en veuille si je glisse une invitation subtile à Severus ? J’imagine que ce serait mal vu de sa part, lui si nouvellement acoquiné au môme Potter, qu’il vienne tournoyer au bras de Nott dans nos demeures ?

Vous restez alors, quelques instants, presque pensifs, chacun faisant tournoyer le fond de vos alcools, et tu te relèves déjà, silencieusement, pour aller vous resservir. Il ne sera pas dit que des verres vides sont aux doigts de tes amis, sous ton enseigne, par Salazar. Tes mains s’agitent sur les étagères, cherchant la bouteille qui fera de votre soirée un délice, et bien vite elle s’arrête sur une des bouteilles envoyées par ton frère. Comme toujours, tu as un sourire en coin en la saisissant, le souvenir de ton parjure judiciaire te remontant à l’esprit. Ton sourire s’effrite pourtant lorsque, le dos toujours tourné à Yolanda, tu l’entends s’agiter et sa question s’échapper, venir s’enrouler autour de tes oreilles, pénétrant ton lobe. Tes mains s’immobilisent sur le bouchon, perturbé. Non seulement ton amie bégayait-elle, et de quelle manière, elle t’interrogeait sur… elle ? vous ?

Jamais, il est vrai, pareilles pensées ne t’avaient traversées. Il y avait de ces gens dont vous saviez, à la première rencontre, dans quelle catégorie ils allaient tomber : Yolanda avait été l’amie, la force sûre, les courbes de l’amitié étaient toutes tracées. Elle n’avait pas, de toute façon, la folie de la simplicité de vivre, l’extravagance d’une bohémienne, ce genre de libre-pensées qui te faisaient frissonner. Sans même penser à Helen, que tu avais rencontré, finalement, presque tardivement, tu ne pouvais dénier que tu possédais un type, un style de femmes qui te fassent trembler, et si ton amie était sans aucun doute magnétique, elle ne t’était pas sexuellement attirante. C’était un fait dont tu n’avais jamais douté, aussi jamais n’avais-tu jalousé les mains coquines de Nott, les regards de Crewe et les marques qu’il laissait dans son cou, ni même l’enfant qu’elle avait eu avec l’autre Crewe. Du moins, pas pour ces raisons-là.

Seulement, si tu n’avais jamais douté de ces faits, il en était tout autre de devoir les avouer, des les balbutier directement à une femme qui, dans sa candeur, sa confiance sincère, venait en des mots maladroits chercher à savoir ce qui se tramait. Combien de temps s’était-elle interrogée ? Avait-elle imaginé, plus d’une fois, que vous seriez plus que ce que vous n’avez jamais été ? Avais-tu été cet ami indélicat, aveugle des passions d’en face, tout juste focalisé sur une amitié qui ne serait que surface ? Tes paupières papillonnent lourdement, une ou deux fois, puis tu reprends sans mot dire la mécanique de tes gestes, dévissant la bouteille pour venir servir, dans des verres propres, un long trait de cette boisson exquise. Un verre dans chaque mot, tu te retournes alors, et laisses peser un long regard sur Yolanda.

Tu pourrais, pourquoi pas, lui mentir — non, pas mentir, omettre toute la vérité, enjoliver le sentiment. À quel point le souhaitait-elle ? Tu glisses lentement son verre vers elle, et tu sais, avant même de l’avoir dit, de l’avoir pensé, que le rejet se dessine sur tes traits. Tes yeux se sont adoucis, et tes lèvres tournés en un sourire un peu maladroit.

- Tu es une femme magnifique, je sais que je n’ai pas à te le dire, tu ne l’apprends pas ce soir… seulement, aussi superbe sois-tu, aussi magnétique sois-tu, j’ai bien peur que tu ne catalyses pas ce qui défoule passion en moi. Tu connais mon type de femme, Yolanda, mieux que tous, tu les as vues à mes côtés. Tu sais comme Helen était… particulière, si Helen, et toutes celles d’avant ont toujours été une pale copie de ce que je cherchais en mon épouse. Tu n’as jamais été cette pale copie, tu es bien trop toi, bien trop forte, pour n’être qu’un mirage de mes convoitises, tu le sais bien.

Ta main hésite à se glisser vers la sienne, mais tu préfères abandonner, et c’est un toussotement qui brise les quelques secondes de silence qui suivent.

- Enfin, tu imagines bien qu’en début de maturité, je me suis tout de même demandé ce qui ne fonctionnait pas chez moi, j’ai bien cru être devenu homo, à ne pas en baver pour toi, ma douce.

2096 mots

Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
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Dim 8 Sep - 15:50
Yolanda sourit alors que le bar se fermait, et que Nigel contournait le bar pour la rejoindre. Elle aimait du fond du coeur ces moments où, seuls tous les deux, ils pouvaient se retrouver l’un avec l’autre, sincèrement, et ouvrir tranquillement les vannes des commérages, mais aussi des confidences, et des conseils. Et puis les rires. Rire avec lui était un baume au coeur unique, à la texture différente de tous les autres rires, qu’elle pouvait avoir avec tous les autres gens. Les rires avec d’autres femmes étaient plus fades, plus forcés, il fallait ajouter un peu de malice, d’ironie, d’intelligence, pour avoir à rire en réalité ; les rires avec les amants étaient des rires séducteurs, des rires superficielles, des rires pour elle-même le plus souvent, pas des rires qu’elle partageait vraiment. Avec Nigel le rire était sans fond, elle pouvait s’y perdre sans crainte, et sans effort ; c’était comme plonger sans effort dans l’eau délicieuse d’un lac qu’on avait connu toute sa vie. En somme, l’un des plus beau liant de leur amitié — et elle y tenait très fort. 
Tu as raison, je crois, répondit-elle tranquillement à son conseil concernant Carys. Le cocktail est excellent, d’ailleurs, vraiment tu es doué pour ça
Yolanda se mordit la lèvre lorsque son ami mentionna son ex-femme, Helen. Pour l’avoir épaulé durant les temps difficiles de son divorce, elle devait savoir que les plaies pouvaient se rouvrir instinctivement, qu’il suffisait parfois d’un mot, d’une expression mal tournée, pour qu’il se laisse emporter par la tristesse, le désespoir ou l’amertume. Et qui était-elle pour lui reprocher cela ? Pour qualifier son comportement d’excessif ? Certainement pas la bonne personne. Non, vraiment, dans ces moments-là, elle ne pouvait que le comprendre, et se maudire de son indélicatesse involontaire. 
Excuse-moi, c’était déplacé, marmonna-t-il. 
Non, je suis désolée… en tout cas tu sais bien que ce n’est pas du tout ce que je voulais dire… glissa-t-elle avec un sourire timide, plein d’excuses. 
Quand elle y pensait, Nigel était peut-être la seule personne de sa vie qu’elle traitait encore avec autant de douceur, de compassion. Peut-être qu’elle avait été ainsi avec Owen aussi… — mais depuis sa mort, un comportement de ce genre, de sa part, était plus que rare. Elle déclara de rire, ainsi, en même temps que lui, alors qu’il se confondait en allusions salaces, signe qu’il ne voulait pas que la conversation reste en pause sur le souvenir d’Helen. Leurs rires retentirent en choeur dans le bar fermé, contre les murs. 
C’est terrible, Nigel, terrible…, murmura-t-elle, faussement contrariée encore avant que ne la trahisse un petit sourire en coin. Quand je pense que Nott a de si beaux seins à disposition et qu’il préfère penser aux courbes de… Rogue… ! Elle échangea un regard mi-incrédule, mi-amusé avec son ami avant d’éclater de rire de nouveau et d’enfoncer, un bref instant, son visage dans ses mains. Je ne sais pas si c’est ton alcool qui m’est vite monté à la tête ou si mon imagination est juste incontrôlable et perverse, mais tout ça me met des images atroces dans la tête ! avoua-t-elle avant de repartir pour un nouvel éclat de rire. Il faut que nous arrêtions de parler de ça, où sinon, la prochaine fois que je verrais Severus, je ne pourrais pas garder mon calme… glissa-t-elle, revigorée tout de même. D’ailleurs mon chéri, tout cela reste entre nous n’est-ce pas ? Comme je te l’ai dit, je ne veux pas perdre le seul être qui réchauffe actuellement mon lit à Poudlard ! Elle marqua une pause. Et puis, en parlant de Rogue, je crois qu’il me surveille un peu… Oh bien sûr ça fait depuis la fin de la guerre que je me doute que c’est comme ça, mais avec les récents événements à Poudlard, ils doivent penser qu’un ancien Mangemort est derrière tout ça, et bien sûr Potter doit se méfier terriblement… Sans parler de Moira dont le plus doux rêve est de me voir derrière les barreaux avec son mari.  


Lorsque le sujet en vint à Théodore, Yolanda eut un sourire amusé : 
Je ne vois pas pourquoi tu aurais fait ça, mon chéri. Et puis vous vous entendiez si bien. Il est vrai qu'il aurait pu disparaître de façon un peu moins — pénible — mais Théodore était un amant excellent, peut-être le meilleur de tous ceux que j’ai jamais eus, ne lui enlevons pas ça. Dieu seul sait où il se trouve en ce moment, je crois qu’il essaye de « se retrouver » le cher homme, et s’il m’a fait miroiter quelques fois son retour, à certaines occasions, je pense pouvoir affirmer avec certitude qu’il n’est pas prêt de revenir… Il doit se plaire, au bout du monde, à se raconter qu’il est en train de « redevenir lui-même » ou Merlin sait quoi ! poursuivit-elle avec un sourire mi-moqueur, mi-attendri. 
L’alchimie physique qu’ils avaient eu tous les deux avait été une expérience assez inattendue, mais flamboyante et relativement unique dans sa vie. Et au bout de cinq ou six ans de cohabitation, les cris et les disputes pouvaient s’inviter entre eux de temps en temps — c’était après tout une relation passionnelle — mais la passion charnelle ne décroissait jamais. Cette faim l’un de l’autre, si dévorante, et qui s’assouvissait avec une forme de violente harmonie à chaque fois, la laissait, plus le temps passait, étonnée. Avant ou après Théodore, elle avait connu autre choses, des expériences différentes, des amants et un mari qui avaient tous valu la peine d’être rencontrés, embrassés, caressés ; mais le rapport au corps de l’autre n’avait plus été le même. Ce n’était pas quelque chose qu’elle déplorait, mais juste un fait dans sa vie, un événement qu’elle notait parce qu’il méritait de l’être. Et puis cette passion-là n’avait pas retenu Théodore de partir ; au contraire, elle participait peut-être même à ce qui avait contribué à ce sentiment qu’il avait eu, ce sentiment d’être un homme enchaîné, un homme qui ne s’appartenait plus. 
Elle ne contint pas son sourire malicieux, presque pervers, lorsque le nom de Nott fleurit à nouveau dans leur conversation. Le pauvre homme, que Dieu le protège, était de toute évidence en mauvaise posture ; il se faisait lyncher de toutes les façons possibles, comme par deux collégiens particulièrement cruels. Au fur et à mesure de la soirée, dans la discussion que tissaient Nigel et Yolanda, Nott réapparaissait toujours, comme une private joke dont la récurrence n’enlevait rien au charme. 
Ah, ne me parle pas de l’alcoolisme de Nott, mon chéri, il y va si fort sur le whisky à chaque fois qu’il me rend visite que j’ai toujours peur que ça ne me le rende impuissant pour la soirée ! Enfin bref, on l’aime quand même notre cher ami, c’est le moins qu’on puisse dire, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux, comme pour se faire pardonner de Merlin et de Nott lui-même de tout ce qu’elle venait de débiter. 
Oh non, pas de Severus chez Narcissa ! Je suis peut-être un peu utopiste, mais j’ose espérer que s’il a moins d’occasions de le voir, peut-être Camille reportera-t-il son attention sur celles d’entre-nous qui le méritent vraiment, ici. Tu sais quoi ? On devrait arranger quelque chose entre toi, moi et lui, après la réception. Voilà qui te motiverait. Vous viendriez tous les deux dîner au Manoir, par exemple ? Ou boire… — avec modération pour lui. Il y a moyen que ce soit hilarant, qu’est-ce que tu en penses ?  
Ils échangèrent un dernier sourire malicieux, avant que Nigel ne se retourne, après avoir vu son verre terminé, pour chercher de quoi les sustenter pour le reste de la nuit, et rendre les heures qui allaient suivre encore plus agréables. 
Elle ne sait pas pourquoi ce qu’elle avait dit par la suite s’était échappé de ses lèvres, comment — profitant peut-être du dos tourné de Nigel — du fait qu’elle n’aurait pas à lui montrer son visage en lui proférant ce qu’elle lui avait proféré. Et pourquoi avec cette voix là — ces balbutiements, ces mots incapables de trouver la consistance d’une phrase, ce ton timide qu’elle n’avait plus eu en parlant à un garçon depuis ses dix-sept ou dix-huit ans. C’était débile, vraiment, et d’ailleurs, pourquoi elle l’avait dit ? 
Oui, pourquoi est-ce qu’elle l’avait dit ? Comment est-ce qu’elle voyait Nigel, exactement ? Comme un frère, oui, toute sa vie cela avait été le cas, et jamais autre chose ne s’était glissé dans son coeur. Mais ces derniers temps — deux ou trois fois, elle avait pensé autrement, c’était vrai. En voyant les femmes avec qui il s’acoquinait, par exemple, elle s’était parfois fait la réflexion qu’aucune ne le comprenait comme elle le faisait ; et en le regardant, lui, parfois, un peu d’alcool dans le sang aidant, elle s’était demandé ce que cela ferait d’être caressée par ces mains pleines de tendresses, qui l’avaient serrées si affectueusement tout au long de sa vie. Sans doute, depuis la mort d’Owen, manquait-elle cruellement de cela : des mains qui se poseraient sur elle pleines de tendresse, une tendresse de longue date, une tendresse nette, sans bavure, désintéressée. Une ou deux fois, sans aller aussi loin que de penser qu’ils pourraient former un couple, ou qu’il deviendrait un amant régulier, elle s’était dit qu’ils avaient le potentiel de passer, une ou deux fois, un bon moment ensemble. 
Les rêveries de Yolanda n’étaient jamais allées plus loin, puisqu’elle avait dû sentir, même à un niveau inconscient, qu’elles n’étaient pas partagées, que c’étaient des questions que Nigel ne s’était sans doute jamais posées ; sinon, elle n’aurait pas demandé ce qu’elle venait de demander. Elle l’avait demandé en quelques sortes pour avoir cette forme de confirmation macabre ; sinon, elle n’aurait pas eu à demander ; les choses se seraient faites naturellement, implicitement. 
Elle eut un sourire maladroit, un peu honteux, à la cascade de compliments que lui fit Nigel, pour en quelques sortes noyer le poisson, et enfonça, de nouveau, brièvement, ses mains dans son visage, avant de le regarder de nouveau, en se mordant la lèvre. Bien sûr qu’elle n’était pas le type de femme qui sortirait avec lui ; et puis il la connaissait trop bien… 
Cela ne noya pas l’impression qu’elle eu à la réponse de son amie : on aurait dit que quelqu’un essayait de lui faire avaler un serpent. Elle sentit sa gorge se serrer et son ventre se nouer — mon Dieu, mais quelle adolescente. Etait-elle incapable de contenir son ego trente secondes ? Ce qu’il disait n’était pas une insulte à son égard, au contraire ! Pouvait-elle seulement s’en rendre compte, et ne pas faire l’enfant, ne pas le prendre personnellement, au premier degré ? N’empêche, elle se sentait bête.
Tu es bien gentil, je suis vraiment désolée, je n’aurais pas dû demander cela, murmura-t-elle, avec un sourire d’excuse. Ne crois pas que je nourris une passion insensée depuis des années, je n’y avais jamais pensé de ma vie avant, mais je crois que l’idée m’a juste traversé la tête deux ou trois fois ces derniers temps et…. je ne te l’aurais pas demandé si je ne me doutais pas déjà de ta réponse, j’imagine. Je crois qu’inconsciemment, c’est peut-être juste le signe que je ne suis plus du tout satisfaite des rapports que je lie avec les hommes que je rencontre en ce moment et que j’aimerais, au fond, fréquenter des gens qui m’importeraient davantage. Non ? je n’arrive pas à savoir ce que je veux. Si tout cela me convient ou pas, continua-t-elle en regardant le bois du comptoir. 
J’aurais peut-être dû écouter ma mère lorsqu'elle me traitait de traînée. Devenir une bonne petite femme de Sang-Pur. Elle m’applaudirait de là-haut, glissa-t-elle avec un rictus ironique. 
Elle rapporta son attention sur Nigel, qui parlait d’avoir peur un instant d’être devenu homosexuel — voilà de quoi faire une transition plus légère vers le sujet-phare de la soirée : 
Oh non Nigel ! Il me suffit bien de gérer le cas Nott à Poudlard ! Si tu te découvrais une passion pour les hommes, qui sait, peut-être que Nott essayera de coucher avec toi aussi ! Et Severus par-dessus le marché. Ah, j’ai envie d’arrêter d’en parler, trop d’images sales s’imbriquent tout à coup dans ma tête, mais je n’arrive plus, nous sommes lancés pour la nuit mon cher ami. Elle marqua une pause puis, à voix basse, malgré l’absence de monde, elle demanda : Sur une autre note, tu penses vraiment que Severus a déjà couché avec qui que ce soit ? C’est une question qui, je crois, mérite qu’on se la pose… 
Elle regarda au loin un instant, ses pensées semblèrent avoir dévié vers autre chose, sans aucune transition, comme attirées par une force magique, plus puissante qu’elle — une force qui l’avait, tout d’un coup, évidée de tout son suc, de son rire, de sa contenance. Ses yeux étaient secs, tout à coup. 
D’ailleurs, autre nouvelle choc ! annonça-t-elle, presque amère. 
Après un silence épais, elle poursuivit : 
Ariane est de retour à Londres. Je ne l’aurais pas su si je ne l’avais pas croisée par hasard au Chemin de Traverse cette semaine. Elle m’a parlé deux minutes, comme si de rien n’était bien sûr, comme si nous nous étions quittées le matin même, ou la veille. Et puis elle a disparu, mais pas sans m’inviter à venir boire un thé chez elle, bientôt. Peut-être que ce sera enfin l'occasion d'apprendre ce que cette gamine fait de sa vie.Je ne sais pas pourquoi je te le dis seulement maintenant… Je ne sais pas pourquoi je… d’ailleurs… ah !  

La dernière syllabe était un soupir rageur, incontrôlé. Elle lui sourit plus tendrement : 
— Je crois que j’aurais bien besoin d’un verre de plus. 
2000 mots.

Nigel A. Fawley

Nigel A. Fawley
MODÉRATRICE
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Mer 2 Oct - 13:13
Vos rires s’élèvent et s’entortillent, jusqu’à s’apaiser doucement, des trémolos secouant encore ta gorge. Tu ne sais si le fond t’en gratte d’avoir trop ri, ou si l’alcool commence à y laisser ses traces, et tu préfères ignorer cet inconfort pour le confort des doux yeux de ta belle amie. Oh, vraiment, comment Merlin Nott pouvait-il détourner son regard de cette sacrée bonne dame pour un autre vieillard, au bedon certain, aux cheveux trop longs. Tu tiques pourtant, ta bouche se relevant en une demie-crispation, lorsqu’elle fait référence à ses seins, et tes yeux demeurent poliment à hauteur de ses yeux. Si vous aviez toujours penché vers des discussions ivres jamais censurées, tu n’avais jamais été à l’aise avec votre propre sexualisation. Tu préfères rebondir sur les doutes de Yolanda, sur sa surveillance potentielle, et un grand geste te prend, tu balaies de la main toutes ses interrogations.

- Enfin, si tu es dans ce château, c’est que Rogue a un minimum confiance en ta juste tenue. Je ne pense pas qu’il t’imagine aller agresser volontairement de pauvres gamins sans raison… Je ne peux pas en dire de même pour Miss Oaks, tu te doutes bien, ajoutes-tu avec un clin d’oeil complice, mais tu t’en fais tout de même beaucoup trop. S’il y a quelqu’un qu’ils surveillent, je doute fortement que ça soit toi. Aurais-tu oublié comme le nom de Malefoy fait tournebouler leur coeur ? C’est lui, aucun doute, qui les tient éveillés.

La discussion s’enchaîne, ton verre tourne toujours entre tes mains, et le sol se fait un peu plus brillant, un peu plus lointain. Peut-être devrais-tu t’arrêter là ? Ça te surprend toujours autant que l’alcool te touche encore, après ces années, ces heures, ce nombre de cul-sec avalés. Un soupir retenu à grand peine se transforme en exclamation lorsqu’elle fait référence à Crewe. Merlin que cet homme t’avait échappé. Il avait rejoint ton cabinet, et vous aviez longtemps été les deux têtes rivales de la boîte, à celui qui ramasserait le plus de clients et d’offres. Tu avais été pris de compassion, au début, devant cette petite tête flamboyante qui vous avait rejoint, touché par les similitudes entre vous, et quelques fois tu avais été peut-être un peu trop facile avec lui. Non, vraiment, si tu avais su qu’il finirait par s’entortiller autour de ton amie, tu ne lui aurais pas laissé la vie aussi aisée. Son envie de s’échapper, pourtant, résonnait fortement avec les tiennes, d’envies, et tu laisses échapper un rire lorsque tu vois le regard un peu apitoyé, mais tout de même attendri, de ta chère Yolanda lorsqu’elle cite son “redevenir lui-même”.

- Je serai fichtrement mal placé pour venir critiquer ton vieil amant, ne penses-tu pas ? Si j’ai Londres dans la peau et ne pourrais m’en échapper, ce petit bout de moi au plein centre de Londres, c’est exactement ce que fait ton beau à se balader dans le monde entier. Laisse-lui encore un peu de temps, tu verras, dès que l’Enchanteresse aura pris un peu plus de place par ici, il ne résistera pas à l’idée de se rendre utile.

Et, comme maudit par tu ne sais quel étoile, Nott se retrouve une nouvelle fois au coeur de vos discussions enivrées, au plein centre de vos ragots enfantins, vous tirant mille et un rires gloussant.

- Très bien, très bien, c’est entendu, pas de Severus chez Narcissa. C’aurait été hilarant, pourtant, tu t’imagines ? Mais non, non, ne t’en fais pas, je n’en ferai rien. Tu lèves toutefois ton verre en sa direction, pour appuyer sa dernière proposition : Je serais volontiers des vôtres, si ce bougre accepte de se poser calmement quelque part. Il faut que je lui parle d’un nouveau projet, d’ailleurs, et le calme de ta maison y sera plus propice que ce bougre de pub, caquètes-tu.

Alors qu’un silence se pose quelque instants, ton verre vide s’offusque de ton inattention, et bien vite tes jambes s’activent, tes mains se déchaînent, et te voilà à nouveau prêt à servir de verres aux belles rations. Rien de trop compliqué, cette fois-ci, la boisson se suffisant à elle-même. Tu n’aurais pas pu, de toute façon, te mettre à secouer divers mixeurs dans les airs, la question de Yolanda y pesant bien trop lourd pour que quoique ce soit puisse y voltiger. Tu te retournes et ta réponse s’envole, vient se poser au creux des oreilles de Yolanda, tes doigts crispés sur le verre, priant Jésus Marie Joseph que cela suffise, que personne ne soit blessé, que la situation disparaisse tout à fait.

Malheureusement, aussi abruti que tu puisses parfois l’être, tu remarques pourtant la tension dans ses épaules, ses yeux qui s’attristent un peu, ses mains qui viennent cacher son visage, son sourire tordu, maladroit, trop gêné. Aurais-tu dû répondre plus laconiquement, moins de compliments, plus de compliments ? Peut-être un rire, une main qui balaie la question, qu’étaient-ce donc que ces sottises, était-ce cela que tu aurais dû faire ? Elle reprend vite la parole, toutefois, te rassurant déjà que ce n’était pas là un amour profond et sincère, qui durait depuis mille ans, mais bien une interrogation subite, un doute soudain. Tu ne résistes plus, alors, comment aurais-tu pu, ta main vient attraper la sienne, qui tente encore de cacher quelques notes d’honneur, et tu la caresses doucement, tendrement.

- Ne te traite pas ainsi, ma tendre, tu t’entends ? C’est absurde, peu importe que tu ne suives pas les cadres, si c’est ainsi que tu te rends heureuse ! Regarde donc, à quoi bon aimer la personne avec laquelle tu t’engages ? ton rire retentit, lui assurant cette fois-ci que tu faisais cette référence de bon coeur.

Et, pour la rassurer une énième fois, tu lui murmures tes peurs homosexuelles par sa faute, et cela suffit pour la faire repartir dans un rire. Tu mêles, évidemment, le tien au sien, mais cela s’étouffe violemment lorsqu’elle s’interroge sur la sexualité de Rogue. Tes yeux s’écarquillent et tu en lâcherais presque ton verre, le posant délicatement avant de venir boucher tes oreilles, comme un enfant.

- Merlin, mais veux-tu bien arrêter ? C’est de la torture ce que tu fais !


Comme si elle s’était décidée à t’assommer par des images et des sujets les plus odieux, la voilà qui s’exclame, toute bonne humeur évanouie, une autre nouvelle choc. Tu te penches vers elle, retrouvant naturellement cette posture trop commère pour ton propre bien, et tu grimaces en entendant le nom d’Ariane traverser les lèvres de ton amie. Ce n’était pas le genre de nom qui s’accompagnait d’un rire de bonheur, ces derniers temps - était-ce même déjà arrivé ? Tes lèvres sont strictement fermées alors qu’un râle de rage échappe à la belle qui te fait face, et tu opines derechef lorsqu’elle te demande une nouvelle boisson. Que peux-tu lui offrir d’autres ? Malgré tes beaux airs, malgré ta voix charismatique, malgré ton cerveau qui tournait parfois bien trop vite, tu n’avais jamais été des plus à l’aise au réconfort intime. Ah, ça, convaincre de parfaits inconnus que telle meurtrier était effectivement le pis des meurtriers, tu savais faire — être une épaule douce pour ceux que tu aimais, c’était une autre affaire.

Alors tu te contentes de lui offrir un sourire désolé, de lui verser une belle rasade, et de grommeler :

- Je suis certain qu’elle t’aurait prévenu, un moment ou un autre. Elle vient peut-être tout juste d’arriver ? Tu sais comme elle est, Ariane, elle vit à son propre rythme. Pense plutôt au côté positif, ma douce : ta fille est rentrée ! Et dès que tu l’auras vue plus longuement, tu viendras immédiatement ici, et tu me raconteras tout. Je serai là pour toi, avec un autre verre de ce délicieux whisky, grondes-tu en levant le verre à sa santé.

Puis, plus bas, un peu grognon :

- J’espère que cette enfant m’enverra un mot, je sais bien qu’elle préférait ce bougre de Théodore, mais bon c’est pas pour autant que j’existe plus.

Une gorgée de whisky désaltère ton gosier, et tu demandes :

- Elle avait l’air d’aller bien, tout de même ?

1356mots

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