Orion ne dirait pas qu’il a menti. Tout au plus reconnaîtra-t-il, sous la torture, avoir quelque peu enjolivé la réalité. Des années de lecture de romans anglais l’ont rendu maître dans l’art de l’euphémisme. Art qu’il maîtrise peut-être mieux que celui des oghams. Il fait office de dilettante dans la matière.
Voilà plusieurs semaines qu’il a écrit une lettre à la communauté perdue dans les Highlands. Un billet bien tourné, précisant qu’il organisait une petite fête pour son anniversaire, en compagnie de quelques amis choisis, et qu’il se figurait qu’Eirian accepterait d’être hors de Poudlard pour une petite sauterie d’une soirée. Presque en famille, puisque ses sœurs avaient promis d’être de la partie. Il avait soigneusement occulté la présence de différents amis aux mœurs ou aux fréquentations discutables.
Entouré de cette si belle compagnie, Orion a passé une formidable soirée. Il a ri, plaisanté, trinqué, blaguait, et même un peu dansé. S’il a picoré diverses nourritures au cours de la soirée, il sait qu’il a plus souvent levé le coude qu’il ne s’est nourri. Sauf à considérer le houblon, certes en assez grande quantité, comme une ration équilibrée et suffisante pour un homme adulte.
La différence entre Orion-Fleury-dans-son-ordinaire et Orion-Fleury-alcoolisé n’est pas évidente de prime abord. Voici quatre signes qui ne vous tromperont pas.
Orion-Fleury-alcoolisé a les yeux qui brillent, comme lorsqu’il est malade ou très ému mais vous pourriez vous remaquiller dans leur reflet comme dans une glace. Attention aux faux-amis, une machine à sous et à sorts lui a récemment fait avoir les yeux roses et pleurant des paillettes.
Orion-Fleury-alcoolisé parle beaucoup, et avec les mains. Ca ne change pas de l’ordinaire, d’autant qu’il sourit toujours autant. Il est à noter toutefois que ses gestes sont plus gauches, et l’on ne peut que vous déconseiller de lui demander de vous servir un verre d’eau en utilisant cette cruche en crystal de Bohème.
Toutefois, porté par l’éthanol, Orion-Fleury-alcoolisé devient nettement plus tactile. Ainsi prend-t-il en main la situation de ses amis dans le même état que lui en les envoyant prendre l’air, en leur faisant manger de la nourriture consistante et boire de l’eau, toutes choses qu’il se garde bien d’appliquer pour lui-même. Son comportement est tout différent lorsqu’il a un flirt mais ce n’est présentement pas le cas. Auquel cas, sachez qu’il présente une certaine ressemblance avec un paon.
Passé un certain degré d’alcool, Orion-Fleury-alcoolisé laisse tomber le masque et s’épanche sur ses difficultés, ses peines, son désarroi. C’est comme découvrir que cette chanson que vous croyiez dédiée à un souvenir de vacance cache un drame familial, comme un chaton intoxiqué, en bref : c’est triste et déroutant.
C’est donc les yeux brillants, bavard, une bouteille d’eau à la main et un peu fatigué qu’i se souvient de l’heure. Bientôt vingt-trois heures. Vingt-trois, bien vingt-trois, en fait, maintenant qu’il fait la mise au point sur la pendule du salon et se dit qu’il pourrait prendre un peu d’eau aussi. L'aiguille des minutes n'est pas verticale et penche autant que lui lorsqu'il rentre d'une soirée arrosée. « Eirian ? » La gamine surgit de nulle part. Soit elle est rapide, soit ses réflexes baissent. « Mon chou, telle Cendrillon, je vais te ramener avant que le carrosse ou le destrier, enfin moi, quoi, se change en citrouille. Tu t’es bien amusée, au moins ? » demande-t-il. Mais cet air ensommeillé mais rieur, ces traces de sucre autour des lèvres lui suffisent à comprendre que tout s’est bien passé. Il a laissé la petite sous bonne garde. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher d’avoir fait augmenter son taux de sucre en la laissant sous le patronage de Twinkle, elfe et maîtresse de maison à l’ancienne.
Pompette mais pas encore idiot, il prend un chewing-gum moldu à la menthe. Après avoir soufflé dans sa main et constaté que s’il approchait d’une allumette, il risquait de se devenir inflammable. Il faudra qu’il éponge une future gueule de bois, parce qu’il compte bien continuer à faire la fête après avoir ramené la petite Eirian. Il lui suffit juste d’être en état de prendre deux fois la cheminée, un jeu d’enfant, non ? « Règle de prudence, je passe avant toi. Poudlard, cuisines ! » Il ne précise pas que c’est une règle qui lui est venue longtemps après la mort de Cédric. Je passe en premier pour essuyer les plâtres si besoin, la personne la plus délicate passe après. Si je bloque le passage, elle reste en lieu sûr.
Il retrouve son alma mater avec une pointe de nostalgie. Dans l’ensemble, il a été très heureux à Poudlard aussi. Lorsque la petite se matérialise pleine de suie, il commence à l’épousseter à grands gestes. Il chuchote en sortant des cuisines, même si les elfes de maison sont allés se coucher. « Parfait, tu te débrouilles très bien en cheminée. Je te conseille un grand verre d’eau avant de dormir. Et demain, du thé vert. C’est bourré d’antioxydants, donc très indiqué. Je te ramène jusqu’à la salle commune, je me demande si mon ficus y est encore … » bavarde-t-il. Avant de distinguer une silhouette. Rusard ?
Pire.
« ‘soir m’sieur. »
code by EXORDIUM. | nb perso : +800 mots, titre référence à un film
Eirian se souvint de la moue de Ragnhild et du froncement de sourcils d'Osgeir quand ils reçurent la lettre d'Orion Fleury. « Une fête ? » avait répété plusieurs fois la Völva avec incrédulité. Faut dire qu'Eirian n'avait jamais été invitée à ce genre de festivité. La Maîtresse des Runes pense que cette première initiative était dû au fait que la petite Verbena est enfin sortie de la forêt perdu des Highlands pour mettre un pieds dehors, dans une école de Sorciers et, par la même occasion, dans le Monde Magique. Cela a sans nul doute encourageait Orion à lui envoyer une invitation pour son anniversaire ? Mais quand même... Osgeir et Ragnhild avaient levé leur nez de cette lettre pour dévisager leur petite protégée qui attendait patiemment le verdict de leurs tuteurs. Sceptiques. Embêtés. Ils lui avaient demandé si elle voulait y aller. La jeune Poufsouffle n'était pas très sûr, faut dire qu'elle n'était pas encore très bien rassurée lorsqu'il fallait sortir de chez elle et allait à la rencontre de terres inconnus urbains. Avec des gens. Beaucoup de gens. Mais faut croire que Poudlard commençait à faire son petit effet puisqu'elle estima que, cela la changerait un peu, lui permettant de voir sa famille et puis, de toute façon, ce n'est pas comme si elle allait être lâchée en plein milieu de l'ombre mais bien dans le domicile de son Bróðir adoré... Non ? Un regard échangé entre le Chasseur et la Völva. Ça seraient tortionnaire de lui priver de cette occasion, mais ils n'étaient pas rassurés quand même. Bon, il semblerait qu'Eirian avait même eu l'autorisation du Directeur lui-même pour sortir de Poudlard juste pour cette soirée... L'accord était conclu : Eirian pouvait y aller, mais Orion avait intérêt à prendre soin de leur petite choupinette !
— S'ils savaient...
Eirian bu une longue gorgée de son jus de fruit, son regard détaillant son Bróðir aussi amoché qu'un jeune Verbena à sa première cuite d'hydromel : bruyant, la langue déliée, tactile et qui en un instant s’effondrait en larmes. Soupir. Sourire en coin. Au moins, son grand-frère de coeur était un peu plus original puisqu'il avait des yeux roses aux larmes pailletées. Petite malédiction apparemment. Mais cela arrachait un petit sourire à la fillette qui était un peu recluse dans son coin depuis le milieu de la soirée. Faut dire qu'elle n'était pas très à l'aise, finalement, à ce genre d’événement : trop d'inconnus, trop de bruits, trop de... bizarreries. Musique bruyante aussi. Les gens étaient bruyants. En fait, Eirian avait plus passé le plus clair de son temps à explorer la maison que faire la fête ; cela faisait si longtemps qu'elle n'avait plus revu de maisons modernes. Avec les électroménagers. L'électricité. L'eau chaude. La chaîne hi-fi. Très perturbant tout ça et malaisant tant tous ces petits détails lui rappelaient une autre vie qu'elle préférait ne pas s'en rappeler.
Malgré tout, elle passa une bonne fin de soirée. Grâce à Twinkle en réalité, qui l'avait « recueilli » en cours de route. C'était des créatures singulières les Elfes de maisons, il n'y en avait pas dans les Highlands. Mais Eirian en éprouvait une sincère sympathie pour eux, surtout depuis qu'elle les a rencontré dans les Cuisines de Poudlard. Elle se laissa volontiers dorloter par la Maîtresse de Maison, en sucreries et douceurs, profitant pour lui poser un peu des questions au sujet de son espèce. Faut dire que les Elfes de Maisons étaient bien occupés, même pour les Poufsouffles qui les rendaient régulièrement visite dans les Cuisines. De ce fait, la fillette eut un petit pincement au coeur quand elle du partir et se séparer de la bonne garde de Twinkle. Un bisou sur la joue de l'Elfe, et l'enfant partit en trombe rejoindre Orion. Comment allait ce dernier par ailleurs ?
Pas frais encore. Mais c'était mieux. Cette constatation fit soupirer l'enfant avec un sourire en coin et le charabia de son Bróðir ne fit qu'étirer son sourire. Il était marrant pompette. Elle lui assura d'un hochement de tête qu'elle s'était bien amusée tandis qu'elle le suivit jusqu'à la cheminé. Oui, il était peut-être temps de rentrer parce qu'Eirian commençait à avoir des petits yeux rougis de fatigue. Quel heure était-il pour qu'elle soit aussi épuisée sans même avoir fait réellement la fête ? Tandis qu'elle le laissait s'installer dans l'âtre, l'enfant chercha l'horloge du regard. Plus de vingt-trois heures. Vingt-trois heures vingt exactement. Le coeur de la fillette fit un bond d'effroi, sourire et couleur s'en allèrent de son visage si juvénile : ils étaient en retard ! Orion était en retard ! Ils devaient être à Poudlard à vingt-trois heures exactement ! Mais ce grand nigaud aurait oublié ?! L'enfant se tourna vers son Bróðir pour l'interpeller, mais trop tard, il disparut dans un brasier vert.
— ... Helvítis !
Le juron fut craché comme du venin, le pieds frappant sur le sol donna le ton. Le râle qu'elle lâcha par la suite, en se tenant la tête, attira quelques regards tandis qu'elle crachait d'autres jurons islandais et irlandais pour évacuer cette colère qui lui saisissait rapidement le coeur : mais quel idiot cet Orion parfois ! Elle l'aimait, mais, mon Dieu, qu'il était tête en l'air à certains moments ! Pourquoi d'après lui elle lui avait offert un Rappeltout aux armoiries de Poufsouffle ?! Bon. Respire. On verra après si elle devait l’étriper et l'offrir en sacrifice à Odin ! Prenant une poignée de Poudre de Cheminette d'un geste sec, l'enfant se plaça à son tours dans l'âtre et tendit le bras.
— Cuisines de Poudlard !
En un instant et dans un flot de flammes vertes, l'enfant se retrouva dans les fameuses cuisines, vides et à la lumière tamisée. Un soupir d'angoisse monta le long de la gorge de l'enfant tandis qu'elle le laissait la dépoussiérer ; elle craignait qu'on les intercepte à une heure si tardive, mais tenta néanmoins de garder son calme. Après tous, ils étaient juste à côté de la Salle Commune de Poufsouffle. Ni vu, ni connu ! Mais ça, c'était sans compter sur Orion et son état amoché par l'alcool ; elle fut estomaquée face à ses conseils pour se dessaouler alors que c'était lui qui était pompette ! Entre la fatigue et les nerfs à vifs, sa patience était mise à rude épreuve ; la fillette reprit une grande inspiration et, marmonna dans sa mâchoire en espérant qu'elle ne persiflait pas trop de colère :
— Orion... Tu avais promis à Monsieur Severus de me ramener à 23 heures ! Tu sais quel heure il est ?!
Un mouvement dans les ombres la fit glapir de peur, faisant manquer un battement de coeur à la petite Poufsouffle comme un lapin prit par des phares. Elle n'eut pas de mal à reconnaître cette silhouette si familière, cette démarche sinistre et cette droiture presque hautaine... L'enfant dégluti, la tête rentrant entre les épaules et s'apprêta à ouvrir la bouche.
‘soir m’sieur.
Il eut un bruit. Celui du facepalm d'Eirian. Elle s'éloigna un peu d'Orion, son visage enfouit dans ses mains, tandis qu'elle marmonnait un « Bjáni... » de désespoir. Après quelques cents pas pour évacuer cette montée de stresse, l'enfant reprit sa place, relâchant ses bras dans un soupir. Elle tint ses mains devant elle, le dos bien droit, la tête, aux joues rouges, légèrement baissée pour y fixer les pieds de leur interlocuteur. C'était dans ce langage corporel de la soumission et du respect qu'elle s'exprima d'une voix posée, sincère mais vibrante de honte :
— Bonsoir, Monsieur Severus... Pardon pour le retard...
1 263 mots
Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
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L’heure avance. Chaque seconde est éructée par une trotteuse avide de faire s’écouler le temps trop rapidement. Presque minuit. Les doigts pianotent sur le bois vernis d’une rampe des escaliers. Chaque seconde qui s’écoule rapproche l’écho d’une dangereuse tempête. Je déteste les retardataires. Dans un élan de bonté – ou de folie – me figurant que la petite Almasdottir serait sous bonne garde en compagnie des Fleury, j’ai autorisé après m’être longuement fait prier, la gamine à assister à l’anniversaire de son parrain honoraire lequel n’est autre qu’un ancien Pouffsouffle, plutôt travailleur et débonnaire dans mon souvenir, proche, si ma mémoire est bonne, de feu Cédric Diggory. Enfin, plutôt quelqu’un de fiable.
Je ne m’explique donc pas ce retard inqualifiable. Vingt-trois heures une, deux, cinq, DIX ! Passées les quinze minutes de retard, l’ire a pris le dessus. Passées la vingtaine, l’inquiétude s’est greffée à l’équation. Peut-être est-il arrivé quelque chose ? La petite Almasdottir semble avoir le chic pour se mettre dans des situations aussi impromptues que surprenantes, mais enfin, elles ne sont généralement pas dangereuses. Cependant, une vague angoisse commence à se former au creux de mon estomac. On ne sait jamais. J’ai passé les dernières décennies à me préparer à tout et au pire surtout, cette habitude a la vie dure.
Le pas claque dans les couloirs. Je patrouille. Je croise des collègues et des préfets au compte-goutte sur leurs itinéraires respectifs. A chacun, je demande de veiller à mettre la main sur tout élève furetant dans les couloirs sans autorisation. Ne pas incriminer Almasdottir tout de suite : sciemment outrepasser le couvre-feu ne ressemble pas au personnage. Je prends le chemin des sous-sols, dévalant les marches d’un pas rapide, prêt à intercepter toute personne qui voudrait rentrer discrètement dans les quartiers des Pouffsouffles. Et voilà que le miracle se produit : sortant des cuisines, Orion Fleury jaillit de la cheminée des cuisines de Poudlard, suivi de très près par un petit bout de chou ô combien reconnaissable. La conversation qui s’en suit est à peine croyable. Phalanges pincent l’arrête de mon nez.
« Parfait, tu te débrouilles très bien en cheminée. Je te conseille un grand verre d’eau avant de dormir. Et demain, du thé vert. C’est bourré d’antioxydants, donc très indiqué. Je te ramène jusqu’à la salle commune, je me demande si mon ficus y est encore … — Orion... Tu avais promis à Monsieur Severus de me ramener à 23 heures ! Tu sais quel heure il est ?! »
Glissant d’entre les ombres, me voici fièrement dressé devant les deux gamins pris en faute. Le minois fermé, les yeux lançant des éclairs.
« Il est, Monsieur Fleury, vingt-trois heures, vingt-deux minutes et quatre secondes. »
Merci le Tempus. Bras croisé sur la poitrine, je peux juger, non sans un certain délice, il est vrai, mon petit effet. Il faut dire que sans théâtralité, le job de directeur de Poudlard manquerait cruellement d’amusement. La petite Almasdottir se prend la tête entre les mains, m’arrachant un infime rictus du coin des lèvres. Celle qui n’a, manifestement, pas grand-chose à se faire pardonner est pourtant bien celle qui tente d’apaiser la situation. Ridicule… et distrayant.
« Bonsoir, Monsieur Severus... Pardon pour le retard... »
Geste de la main pour dissiper les excuses.
« J’en ai entendu assez pour deviner, Mademoiselle Almasdottir que vous n’avez pas grand-chose à vous reprocher. Vous savez où est votre salle commune, n’est-ce pas ? Allez donc vous coucher pour être en forme demain matin. »
Le regard glisse sur le visage d’Orion Fleury. Ses conseils contre la gueule de bois, ses pommettes joliment vermillon, ses yeux brillants, son minois détendu. Le ton est glacial.
« Monsieur Fleury… dans mon souvenir, vous étiez un adulte responsable. Avez-vous une bonne excuse pour m’expliquer le fait que vous rameniez Mademoiselle Almasdottir en retard et, manifestement, sans avoir la présence d’esprit de ne pas lui infliger la présence d’un homme aviné ? »
Pardon pour cet affreux retard ! Je suis désolée d'avoir laissé traîner notre rp !
« Bonjour. Une bonne excuse ... »
Orion se fait penser à ces illustrations d'un autre temps dans lesquelles des moldus utilisent des bicyclettes dont la roue avant est démesurément grande. Comme eux, il pédale. Non, plus exactement, il rame. Evocations mentales d'aviron à Oxford. Pourrait-il parler à Rogue de trois homme dans un bateau ? Enchaîner sur la reprise magistrale dans un univers de science-fiction, par Connie Willis ? Des livres qu'il a adorés, il pourrait en parler des heures, et ... Well, voilà qui ne l'aidera guère.
Que conviendrait-il de faire ? Enchaîner un discours "qu'est-ce que c'est, vingt-trois minutes dans une vie ?" Il est grand seigneur et ferait cadeau des restes de minute qu'il faudrait pour parvenir au prochain chiffre. Il lui vient l'idée que ce n'est sûrement pas sa meilleure défense. Il pourrait aussi invoquer le décalage horaire. Dire qu'il est en avance et que sur le fuseau horaire de Paris, il ramène sa pupille à temps. Peut-être même le séjour en France il y a quelques années de cela avec @Carys Vaughn lui serait-il d'une certaine utilité.
Ne reste qu'un problème, Orion commence à se connaître assez pour savoir qu'il est saoul et que c'est rarement dans cet état qu'il prend ses meilleures décisions. Hormis la relecture de l'oeuvre de Connie Willis. Il craint également que le temps ne s'éternise. Il en gagne en s'éclaircissant la voix. Juste le temps d'une prière muette à tous les Dieux païens de la convivialité. Que quelqu'un frappe d'étourdissement Severus ou retarde toutes les pendules !
Personne ? Bon, d'accord, s'il faut tout faire soi-même.
« Bonsoir, Monsieur Rogue. Je m'excuse du retard. Pour ne pas vous raconter de fadaises ... »
Non pas que l'envie lui manque mais le cours de Rogue lui était déjà désagréable quand il était mioche : inutile d'essayer de lui mentir. D'autant qu'il y avait une rumeur selon laquelle il était occlumens legilimens et diabétique (jamais compris pourquoi la dernière partie se rajoutait).
« Je n'ai pas vu passer l'heure. Nous passions un bon moment, j'ai été quelque peu pris par le temps, et nous avons salué les convives avant de partir. Sans cela, la socialisation n'aurait pas été complète. Je vous assure que notre protégée n'a pas consommé d'alcool, que j'ai veillé à ce qu'elle puisse disposer d'un endroit plus au calme si elle le désirait, et d'une quantité conséquente de nourriture équilibrée, quoi que un peu riche. J'ajouterais que mon elfe de maison aurait volontiers gardée Eirian en pension, mais je ne vais pas me défausser. sur la personne qui m'a aidé à m'occuper d'elle. Quand est venue l'heure de partir, quoi que un peu justes sur le timing, nous avons pris la poudre de cheminette en toute sécurité et selon le respect des consignes afférentes, en ayant eu le temps d'échanger une dernière fois pour être sûrs d'arriver à bon port ensemble. Il m'a semblé que c'était la conduite à tenir, en dépit d'un retard de quelques minutes. »
Pas mal, plutôt diplomatique.
« Du reste, pour aviné que je sois il me semble être encore en mesure de tenir une conversation et je n'ai pas manqué de prendre soin d'Eirian lors de cette petite fête. Jusqu'à notre arrivée au château. »
Note à moi-même : 545 mots, deux références littéraires
Ha. D'habitude, Eirian aurait été soulagé d'avoir été innocenté aussi vite et sans en venir à de longs plaidoyers. Elle s'était même préparée à répliquer, bouche en coeur, mais nul besoin d'aller jusqu'à cet extrême. Le Directeur invitait même la fillette à reprendre ses quartiers pour être en forme demain. La petite Verbena en était stupéfaite, elle qui s'était attendu à des sacrés sermons pour son retard. Car on parlait tout de même du Grand Monsieur Severus, grand grognon par excellence au regard acéré et à la langue parfois vénéneuse ! « Ho... » c'est tout ce qu'elle réussit à souffler face à lui et ce n'était pas l'alcool - dont elle n'a bu une seule goutte contrairement à Orion - mais bien la gêne qui vint teindre ses joues d'un jolie rouge. Bien qu'elle ne fut pas considérée comme responsable de ce retard Eirian n'était quand même guère tranquille qu'on ait trahi sa parole ainsi, parce qu'elle appréciait son Monsieur Severus. Et encore, heureusement que ce n'était pas volontaire ce retard ! Là elle n'aurait plus osé regarder son directeur préféré dans les yeux !
Bon, ben, elle pouvait y aller alors ? Techniquement oui, mais voilà : son Orion chéri était mise en cause dans cette histoire. Angoissée qu'il lui arrive quelque chose, l'enfant resta avec eux, les oreilles grandes ouvertes pour savoir exactement ce qu'on reprochait à son Bróðir et surtout savoir comment ce dernier allait se dépêtre de se pétrin. De part les paroles de Severus, Eirian comprit que le retard était, certes, blâmé, mais aussi son état amoché. Enfin, c'était ça non ? Non parce que « aviné » ce n'était pas dans son vocabulaire... Et sincèrement, la Poufsouffle n'était pas tranquille à cet instant, n'étant pas sûr qu'Orion sache se défendre dans son état, se préparant psychologiquement à le protéger. Comment ? Elle ne sait pas, ne sachant pas, par ailleurs, si elle aura réellement des excuses à lui fournir, mais elle ne pouvait laisser son Bróðir en pâture à la colère de Severus !
Et quelle excuse ! Bon, elle ne savait si elle devait s'attendre à ce qu'il s'excuse sincèrement en prenant ses responsabilités ou s'il allait en venir aux mensonges pour se couvrir, mais non, le fils de son parrain avait plutôt opté pour la déformation de la réalité. Ou plutôt un embellissement ? Non, durant toute cette soirée, quoi que festive, elle n'avait pas réellement fait un effort pour sociabiliser avec les invités. Par ailleurs, si Orion l'a fait, la petite Poufsouffle n'a pas présenté ses adieux aux convives, donc pouvait-on réellement affirmer que c'en était la cause de son retard ? Et non, elle n'a pas eu un repas équilibré : sa gentille Elfe de Maison l'avait goinfré de sucreries ! Et c'était bon, c'est vrai, faut dire que ces mets n'étaient guère courant dans son petit village, donc fallait en profiter. Mais dans tous ça, est-ce que l'ancien Serpentard saura percevoir la supercherie ? Et s'il savait qu'Orion osait lui faire de telles pirouettes verbales, allait-il se mettre en colère ? Pire, était-ce dût à sa nervosité ou l'enfant pouvait déceler une certaine forme de défi, ou de provocation, lorsqu'il se défendit sur son état quelque peu alcoolisé ? Avait-il osé lui tenir tête ?!
Eirian était atrocement gênée d'assister à ça, se mordant nerveusement la lèvre comme si elle cherchait à se retenir pour lui couper la parole. Elle voulait qu'il s'en sorte dans cette histoire, c'est vrai, mais de là à jouer au plus malin avec Monsieur Severus ! Elle ferma les yeux, le visage qui se détourne face à ce massacre et le coeur qui bat furieusement la chamade ; elle ne voulait pas assister à ça. Quelque chose lui soufflait que tout ceci allait mal se terminer. Mais elle restait, pour son Bróðir chéri. Son cerveau chauffa rapidement à la recherche de quoi l'aider si jamais le Serpent ne mordait pas à l'hameçon. Et elle était prête à parier qu'il le démasquera, parce que Monsieur Severus était le plus intelligent ! Non pas qu'Orion était un idiot, hein ! Enfin, si, dans un sens c'était un crétin, mais un crétin honnête. Pas bien méchant en soit. Mais quel sera le prix et le sermon de son manque de parole ?
L'enfant s'appuya d'une hanche à l'autre, comme si cela lui coûtait de rester en place, d'attendre la sentence pour Orion. Par ailleurs, n'était-ce pas ce dernier qui devait le plus s'inquiéter de cette situation ? Pourquoi fallait-il qu'elle stresse à sa place, qu'elle s'inquiète des répercutions alors que, techniquement, elle n'avait rien fait de mal ? Quelle douce ironie, franchement...