Heures pensives ont filé sans que je ne puisse les retenir entre mes mains. Songes éveillés ont tourbillonné dans les ténèbres. Craintes et résolutions. Attentes et espérances. Une nouvelle rentrée pour prendre la suite des précédentes, et je me sens toujours si peu légitime à présider depuis mon office. Fumseck s’est posé sur le bureau, couvant le monceau de paperasse administrative sur lequel j’aurais dû avancer. Je n’y ai rien fait. Perdu dans l’abîme du passé, la main effleure sans les sentir les flammèches liquides de l’empennage de Fumseck. Plumes virevoltent. Lissage du coin du bec. Le phénix s’est toujours montré beaucoup trop conciliant quand il s’agissait de laisser courir les paumes sur ce trésor vivant, piégé dans un éternel cycle. Un phénix peut-il être tué ? Un phénix a-t-il une orgine ? Une première naissance ? D’où viennents leurs œufs ? En ont-ils seulement ? Tant de réflexions métaphysiques s’accrochent à la seule existence de l’oiseau miraculeux.
L’écharpe de rêveries se brise lorsqu’un coup discret est porté à la porte. Le phénix tressaille à peine. Pourquoi s’inquiéter alors que la main qui le flatte n’a quitté son encolure. Doigts effleurent une dernière fois la collerette de plumes de l’oiseau à demi-assoupi. Les yeux vifs se closent lentement, le cou se rentre pour ne laisser qu’une sphère de plumes de laquelle dépassent un cimier et un bec acéré. Tendresse d’un sourire avant que ne reprenne la valse du temps : si Fumseck passait beaucoup de temps sur son perchoir à l’époque de Dumbledore, je ne crois pas l’y avoir vu plus d’une dizaine de fois depuis ma prise de fonction. En revanche… couver mes papiers… C’est à peine extirpé du chaos de mes pensées que j’autorise le visiteur à entrer, ne sachant pas, contrairement à la légende urbaine, qui se trouve derrière la porte. Albus non plus ne savait pas tout songé-je avec un demi-sourire tandis que s’ouvre l’huis.
Lemony Andersson. Une surprise à n’en pas douter. Je ne l’ai que peu croisé en tête à tête depuis la rentrée. J’ai toujours l’impression de le terroriser… Longdubat aussi, je continue de le terroriser. Je suppose qu’à trop semer le vent, on finit par récolter la tempête, fût-elle de crainte ? Je l’observe avec attention tandis qu’il rentre. Quelque chose a dû se passer pour qu’il pousse la porte de mon bureau alors que je semble lui inspirer tant de crainte. Il balbutie et voûte les épaules devant le croquemitaine, attendant peut-être d’être dévoré. Mais je n’ai plus eu envie d’être ce monstre depuis des années.
« Bonjour professeur Ro-directeu-euh... Severus. Pardon, je suis fatigué. »
Geste de la main vers le siège en face du bureau, prenant soin de ne pas éveiller Fumseck par la brusquerie d’un mouvement à proximité. Je n’ai pas envie de prendre un coup de bec perdu, merci bien.
« Asseyez-vous, Lemony. Un peu de thé ? Quelque chose de plus fort ? »
A peine semble-t-il m’entendre, pris dans je-ne-sais quel tourbillon de pensées. Damned, l’affaire doit être grave.
« Merci de prendre le temps de me recevoir, je euh... Je ne sais pas vraiment par où commencer. »
L’esquisse d’un sourire étire l’encoignure d’un labre demeuré figé à l’entrée du jeune professeur. L’honnêteté me pousse à reconnaître qu’il serait aisé de se moquer de la détresse du jouvenceau tant il paraît, en cet instant, un oisillon tombé du nid, tirant nerveusement sur sa chemise, se contorsionnant. Je suppose que je peux m’accorder le luxe de l’indulgence à cet instant : il n’y a aucun chaudron à faire exploser devant lui, ni même de Seigneur des Ténèbres avide de le faire tuer pour la seule consistance de son sang. Ton neutre.
« Asseyez-vous, Lemony. »
Je répète, un demi-sourire aux lèvres. D’un claquement de doigt, une bouteille de spiritueux et deux verres se matérialise à côté d’un impassible Fumseck. Je serre les deux verres et en pousse un vers le jeune professeur. Qui aurait cru que j’encouragerais à boire Lemony Andersson, le plus honnête des Serdaigles de cet établissement, qui aurait pu, si le professeur Wilson n’avait repris le job au pied levé, finir directeur des aigles de l’établissement ?
« Prenez une gorgée, respirez à fond, et commencez par ce qui vous amène dans ce bureau, Lemony : je vous promets de vous écouter sans vous interrompre, sans remarque acerbe, sans retenue ni sans retirer des points à Serdaigle. »
Verra-t-il la flamme amusée qui brille dans mon œil, ou bien est-il trop terrorisé pour cela ? Verre à la main, je laisse les vapeurs du brandy embaumer la pièce tandis que la liqueur tournoie au fond du récipient. Pour un peu, je croirais entendre Fumseck ronfler.
« Asseyez-vous, Lemony. Un peu de thé ? Quelque chose de plus fort ? » J’acquiesce à sa proposition de quelque chose de plus fort, et de toute façon il avait déjà sorti le brandy avant que je ne lui en fasse signe. Je pense, avec une certaine ironie, qu’à ce train là j’aurais bu avec tous mes collègues avec lesquels je ne pensais pas boire un jour avant de boire avec Camille. Enfin bref.
« Prenez une gorgée, respirez à fond, et commencez par ce qui vous amène dans ce bureau, Lemony : je vous promets de vous écouter sans vous interrompre, sans remarque acerbe, sans retenue ni sans retirer des points à Serdaigle. » Attendez voir… Mais il se paye ma tronche là ? Rogue est capable… d’humour ? Grande nouvelle. Cela ferait un titre extraordinaire pour le journal de l’école. Cependant, je ne me sens pas de rire à gorge déployée avec lui dans l’immédiat, et je grogne en ravalant ce qu’il me reste de fierté (soit, ce qu’il ne vient pas de moucher en quelques mots). « Trop aimable... » Je prends une gorgée de brandy, et remets sur mon nez mes lunettes pour sans doute la douzième fois depuis que je me suis assis. Je me sens stupide, et je me dis qu’il vaut mieux que j’enchaîne avant de ne plus en avoir le cœur. « Il est possible que j’ai fait une scène d’une façon parfaitement déraisonnable à notre chère bibliothécaire pas plus tard que ce matin. Écoutez… Je ne sais pas comment faisaient mes prédécesseurs - » Enfin, si j’ai peut-être une idée : en étant parfaitement incompétents. Cela dit, si jamais il devait y en avoir quelques uns de chers à son cœur (oui, bon... qu’il appréciait ?), je ne voudrais pas le vexer en insultant ses amis « mais il est urgent qu’un certain nombre de livres traitant des sciences moldues soient retirés de la bibliothèque - et qu’un certain nombre d’autres soient achetés. » Je me rends compte de combien c’est mal dit après avoir fini ma phrase. « Comprenez-moi bien, je ne suis pas un fervent défenseur des autodafés, et je pense que la lecture, toute lecture, est bénéfique. Mais à moins de créer une étagère Théories fumeuses des sorciers sur le monde moldu, ce qui me semble compromettant dans une école, il y a un certains nombres de titres qui n’ont rien à faire dans cette bibliothèque. » Je lui tends la liste que j’ai rédigé. « Il n’y ici que ceux que j’ai pu trouver moi-même ou qui ont été cité par mes élèves dans leurs travaux. Je ne sais pas vraiment si cette liste est exhaustive. Cependant, s’il était possible de m’allouer un budget, je peux fournir une liste d’incontournables en sciences ou en littérature vulgaire moldue qui devrait permettre de pallier à ce soucis. » Je prends une nouvelle gorgée de brandy pour me donner de la contenance. C’est vrai que ça aide. Je comprends encore mieux pourquoi maman avait toujours un martini à la main. J’inspire. Bon, aller, partons pour une gorgée de plus. Qu’est-ce que je peux me sentir idiot… « Il y a un autre soucis dont je voudrais discuter avec vous. Voyez-vous, je suis bien à mal d’expliquer à mes étudiants un certain nombre de notions du monde moldu pour la raison très simple qu’un certains nombres de recherches n’ont jamais été menées. Je… Bon, par exemple, en ce moment, je propose un cours sur la composition de la matière : il me paraît plus que probable que l’on me questionne sur la composition de la matière magique et… Et bien, à moins que vous n’ayez connaissance de sources que je n’ai pas su trouver, il n’y a quasiment aucun travaux sérieux de physique ou de chimie qui traite ces questions. » Je replace mes lunettes, une fois de plus. Il faut vraiment que je perde cette habitude. « Enfin voilà, ce sont des recherches que je pense pouvoir amorcer seul, voir mener à bien si je reçois de l’aide. Seulement, mon domicile est dans le Londres moldu où je pense que l’on ne me permettra pas de faire des expériences – à raison pour le coup, et je souhaiterai savoir si vous m’autoriseriez, si je trouve un lieu adapté et sûr, à les mener à Poudlard. » Je vais pour boire une nouvelle gorgée de brandy mais me ravise – il serait de mauvais ton de boire trop vite quand on fait ce genre de demandes. « Cela bien sûr si j’arrive à obtenir l’autorisation de modifier quelques appareils moldus, ce qui, étant donné que c’est Arthur Weasley qui délivre ces dites autorisations et que je l’ai peut être un peu insulté la dernière fois que je l’ai vu, n’est pas certain non plus, mais je pense pouvoir obtenir l’aide de Miss Granger dans ce sens. » Je me racle la gorge. « Enfin voilà. » Je me rends compte que j’ai parlé très vite tout du long, sans le laisser m’interrompre ou me questionner. Tant pis, je prends une nouvelle gorgée de liqueur et tente après cela de soutenir sans regard, toujours mal à l’aise malgré l’alcool qui me réchauffe déjà les joues.
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A lire par-delà les épaisses montures du timide – et néanmoins décidé – Lemony Anderson, il m’apparaît que la boutade, c’était peut-être trop tôt. Je me souviens bien du serdaigle : patient, intelligent, travailleur et indescriptiblement timide. Je suppose que je dois avoir encore, auprès de lui l’image du vieux professeur acariâtre qu’il ne fait pas bon contrarier sous peine de sévères conséquences. C’est en lui versant un verre de brandy que j’espère le déstresser un peu. j’ai appris qu’offrir un verre d’alcool suffit souvent à « casser » l’image de l’ancien professeur et délier les langues. Je l’espère suffisamment libéré pour confier ce qui semble indubitablement peser sur sa conscience. Le nez du jeune enseignant se perd dans son verre, ses paumes tremblent un peu jusqu’à ce qu’il se lance. Je l’écoute, fidèle à ma promesse et le laisse égrener le fil de ses pensées.
« Il est possible que j’ai fait une scène d’une façon parfaitement déraisonnable à notre chère bibliothécaire pas plus tard que ce matin. Écoutez… Je ne sais pas comment faisaient mes prédécesseurs - »
Je garde un visage neutre, notant mentalement d’aller voir la bibliothécaire. J’espère qu’il ne me l’a pas traumatisée. Il paraît que les calmes sont ceux qui ont les plus vives colères. Je ne doute pas que notre jeune Lemony, qui bouillonne intérieurement d’incertitudes et de peurs, ne peut qu’avoir l’ire explosive. Le château tient toujours bon, j’en déduis donc qu’il n’a pas dû mettre le feu à l’office de notre pauvre amie.
« mais il est urgent qu’un certain nombre de livres traitant des sciences moldues soient retirés de la bibliothèque - et qu’un certain nombre d’autres soient achetés. »
La demande. J’opine imperceptiblement. Il me semble en effet que nul renouvellement des rayonnages de la bibliothèque n’aient été fait en ce domaine… Et n’ayant jamais suivi les cours d’étude des moldus – ni de sciences moldues – je dois bien reconnaître n’avoir pas la moindre idée de ce qui se trame dans ce domaine… Par chance, l’homme de la situation est devant moi. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire amusé, bien vite ravalé, lorsqu’il semble prendre conscience que son propos sonne comme une invitation à la censure.
« Comprenez-moi bien, je ne suis pas un fervent défenseur des autodafés, et je pense que la lecture, toute lecture, est bénéfique. Mais à moins de créer une étagère Théories fumeuses des sorciers sur le monde moldu, ce qui me semble compromettant dans une école, il y a un certains nombres de titres qui n’ont rien à faire dans cette bibliothèque. »
Il me tend une liste que je saisis et étudie avec attention. Sans grande surprise, la plupart d’entre eux m’est parfaitement inconnue, mais les titres sont édifiants.
« Il n’y ici que ceux que j’ai pu trouver moi-même ou qui ont été cité par mes élèves dans leurs travaux. Je ne sais pas vraiment si cette liste est exhaustive. Cependant, s’il était possible de m’allouer un budget, je peux fournir une liste d’incontournables en sciences ou en littérature vulgaire moldue qui devrait permettre de pallier à ce soucis. »
Je laisse le regard caresser le parchemin, acquiesçant cette fois plus gravement. Indubitablement, il semblerait que notre petit Serdaigle soit devenu grand et ait réussi haut la main sa première demande de budget avec preuve à l’appui. Je m’apprête à lui répondre par l’affirmative alors qu’il reprend la parole. Fidèle à ma promesse, je le laisse évoquer sa nouvelle demande. Après tout, il est si bien parti que je m’en voudrais de le revoir balbutier de frayeur.
« Il y a un autre soucis dont je voudrais discuter avec vous. Voyez-vous, je suis bien à mal d’expliquer à mes étudiants un certain nombre de notions du monde moldu pour la raison très simple qu’un certains nombres de recherches n’ont jamais été menées. Je… Bon, par exemple, en ce moment, je propose un cours sur la composition de la matière : il me paraît plus que probable que l’on me questionne sur la composition de la matière magique et… Et bien, à moins que vous n’ayez connaissance de sources que je n’ai pas su trouver, il n’y a quasiment aucun travaux sérieux de physique ou de chimie qui traite ces questions. Enfin voilà, ce sont des recherches que je pense pouvoir amorcer seul, voir mener à bien si je reçois de l’aide. Seulement, mon domicile est dans le Londres moldu où je pense que l’on ne me permettra pas de faire des expériences – à raison pour le coup, et je souhaiterai savoir si vous m’autoriseriez, si je trouve un lieu adapté et sûr, à les mener à Poudlard. »
Je demeure pensif quelques instants, m’efforçant d’enregistrer toutes les informations qu’il égrène. A mesure qu’il avance dans son exposé, il semble parler de plus en plus vite. Ses joues se sont empourprées sous le coup de l’alcool et de l’émotion. Note à soi-même, ne pas laisser Lemony boire plus d’un verre si l’on veut être capable d’encore l’entendre parler en distinguant les mots les uns des autres.
« Cela bien sûr si j’arrive à obtenir l’autorisation de modifier quelques appareils moldus, ce qui, étant donné que c’est Arthur Weasley qui délivre ces dites autorisations et que je l’ai peut être un peu insulté la dernière fois que je l’ai vu, n’est pas certain non plus, mais je pense pouvoir obtenir l’aide de Miss Granger dans ce sens. »
Raclement de gorge qui promet une conclusion du meilleur aloi.
« Enfin voilà. »
Bon, pour la conclusion du meilleur aloi, on repassera. C’est un peu décevant. Le silence s’installe, presque assourdissant après le tumulte des explications du jeune homme. Je pourrais faire durer un peu plus le suspens, mais un élan de pitié me pousse à lui répondre.
« Je crois que ce doit être tout à fait envisageable d’améliorer le catalogue de la bibliothèque. Comme vous le savez, le cours de ‘sciences moldues’ est tout jeune, commandé par notre cher ministre... »
L’inimitié Rogue / Ministre est après-tout une tradition que je me dois de perpétuer, au moins pour donner le change.
« Il semblerait donc qu’il nous faille aller avec les décisions politiques des puissants et continuer d’offrir les meilleures ressources d’apprentissage à nos élèves. Je n’ai moi-même jamais suivi l’option d’étude des moldues, et puisque le cours de ‘sciences moldues’ est désormais un incontournable du programme scolaire, il est de mon devoir de direction d’accéder à votre requête. Fournissez-moi une liste d’ouvrages que vous voulez voir ajoutés aux rayonnages de la Bibliothèque, et ils seront commandés dans les plus brefs délais. »
Geste vers la liste d’ouvrages incriminés ;
« Je vais également proposer à notre collègue bibliothécaire de ranger ces ouvrages dans la réserve. Quoi qu’ils ne soient pas vraiment précieux ni anciens, ils pourraient toujours servir si quelqu’un souhaitait d’aventure étudier le discours porté sur les moldus par les sorciers du dix-neuvième siècle. »
… Ou du vingtième.
Je joins les paumes, les avant-bras sur le bureau. Doigts s’entremêlent. Il est évident que la véritable requête de Lemony était bien la seconde, et non pas les ouvrages. N’importe quel directeur, à moins d’être irrémédiablement aveuglé par des discours extrémistes, aurait accepté l’achat de nouveaux ouvrages. La conduite d’expériences sur la matière à Poudlard est en revanche une autre paire de manches. L’école n’est pas un laboratoire et, surtout, elle abrite une multitude d’élèves à qui il pourrait potentiellement arriver malheur en cas de raté. Inutile de cacher ma circonspection.
« Quant à votre seconde demande, Lemony, il faut que nous en discutions davantage avant toute décision. Pourriez vous m’en dire un peu plus sur la nature des expériences que vous envisagez ? Je ne suis pas contre le progrès des connaissances de notre monde, mais il faut bien que nous nous accordions sur le fait que la sécurité des élèves doit passer première : il ne faudrait donc pas que les élèves puissent être blessés de quelque façon que ce soit par la conduite d’expérimentation dans un lieu qui ne soit pas prévu à cet effet. Il faut donc que vos expériences n’endommagent pas les barrières protectrices de l’école et qu’elles ne risquent pas de provoquer d’accidents pouvant mettre en danger la vie des élèves. Que vous viviez dangereusement un est un choix personnel – bien que je préfèrerais que vous ne vous blessiez pas, bien sur – mais la sécurité des élèves doit demeurer notre priorité. »
Aussi ironique que cela puisse paraître : je n'ai jamais été réfractaire aux aventures scientifiques... et il faut bien dire que j'en ai conduit bon nombre ici, dans ces cachots, lesquels avaient les murs suffisamment épais pour soutenir de puissantes barrières protectrices. J'aurais pu faire exploser mon bureau que l'on n'aurait pas même senti un tremblement dans les couloirs. C'était, à l'époque, Albus Dumbledore qui avait largement contribué à sécuriser mon bureau... serais-je moi-même assez adroit pour faire de même pour le havre que me réclame Lemony ?
Si Rogue m’a écouté avec attention pendant mon laïus – c’était stupide. C’était stupide n’est-ce pas ? Je pourrais presque entendre ma mère me dire d’inspirer et de me calmer, Rogue, son brandy à la main et sa façon de sourire font échos à son souvenir, les jours où je lui présentais mes exposés ou mes travaux. Attendez… Est-ce que je viens de comparer Rogue à ma mère en pensées ? Mais ça ne va pas du tout mon pauvre Lemony, pas du tout. Je reprends une gorgée, et je serais tenté de remercier la science et Merlin que ce soit le moment où il choisisse de parler. « Je crois que ce doit être tout à fait envisageable d’améliorer le catalogue de la bibliothèque. Comme vous le savez, le cours de ‘sciences moldues’ est tout jeune, commandé par notre cher ministre... » Emphase sur le cher. Je fais un signe de la main. Je sais, sans cela je n’aurais sans doute jamais postuler, et je me moque bien des inimitiés entre Rogue et Potter. Je fais ça pour les étudiants, et pour qu’on arrête de considérer les sciences moldues comme une sous discipline sans intérêt. Il continue de parler, et accepte. Je lui adresse le premier de mes sourires à ne pas être nerveux depuis que je suis assis. Merveilleux. « Je vais également proposer à notre collègue bibliothécaire de ranger ces ouvrages dans la réserve. Quoi qu’ils ne soient pas vraiment précieux ni anciens, ils pourraient toujours servir si quelqu’un souhaitait d’aventure étudier le discours porté sur les moldus par les sorciers du dix-neuvième siècle. » J’acquiesce. Ça pourrait faire de très bons travaux sur la méthode scientifique avec les dernières années. Si l’accès à ces livres est restreint, ça me va. « Merci. » Je me demande si certains idiots ne se serviront pas de ce prétexte pour avancer qu’on cherche à leur cacher la vérité sur le monde moldu. Est-ce que je ne suis pas un peu trop pessimiste ? Je ne sais pas. Il a joint ses mains, et c’est vraiment la réponse à ma dernière demande. « Quant à votre seconde demande, Lemony, il faut que nous en discutions davantage avant toute décision. Pourriez vous m’en dire un peu plus sur la nature des expériences que vous envisagez ? » Ce n’est pas un non catégorique. Ce n’est pas un non catégorique ! Je pourrais l’embrasser. Enfin, pas vraiment, mais voilà. « Je ne suis pas contre le progrès des connaissances de notre monde, mais il faut bien que nous nous accordions sur le fait que la sécurité des élèves doit passer première : il ne faudrait donc pas que les élèves puissent être blessés de quelque façon que ce soit par la conduite d’expérimentation dans un lieu qui ne soit pas prévu à cet effet. » J’écarquille les yeux. Mais… Quel genre d’expériences ont pu être menées dans cette école pour qu’il puisse penser que l’on ne prioriserait pas la sécurité des élèves ? Je ne suis ni idiot, ni fou. « Il faut donc que vos expériences n’endommagent pas les barrières protectrices de l’école et qu’elles ne risquent pas de provoquer d’accidents pouvant mettre en danger la vie des élèves. » Pour qui est-ce qu’il me prend ?
« Que vous viviez dangereusement un est un choix personnel – bien que je préférerais que vous ne vous blessiez pas, bien sur – mais la sécurité des élèves doit demeurer notre priorité. » Je n’arrive absolument pas à contrôler un éclat de rire. Je pose mon verre de brandy sur la table pour ne pas le renverser, et pose ma main gauche sur ma mâchoire pour essayer de contenir mon amusement. Vivre dangereusement ? Moi ? Rogue a de l’humour. Enfin, j’espère. « Je ne suis pas un Gryffondor, Rogue. Je ne suis pas stupidement téméraire. » Je tousse pour essayer de chasser ce qu’il me reste d’envie de rire. « Hem. Excusez-moi. En plus, c’était stupide et inutilement mesquin, il y a des griffons raisonnables. » Enfin… Bref ! « Il est évident que je ne compte pas mener d’expériences qui puissent mettre en danger qui que ce soit – dans un premier temps et dans l’enceinte de ce château au moins. » Étrangement, mon rire m’a redonné la contenance et le calme que j’aurai sans doute du avoir dès mon arrivée. Mes mots sont plus mesurés, et ma diction plus fluide. « A dire vrai, je ne sais pas encore exactement comment m’y prendre. La première série d’expériences à mener tiendrait déjà à modifier le fonctionnement des appareils de mesure moldu, pour leur permettre de quantifier la magie ou de la distinguer – et de rendre compte de leur sensibilité pour les expériences futures. En soi, ce sera déjà quelque chose de particulièrement coûteux - en terme de temps je veux dire, je peux parfaitement m’occuper de l’investissement financier que cela représente. » Dans un premier temps aussi, j’imagine, encore que. La famille Anderson a un certain patrimoine moldu, que je pense que mon père se fera une joie de mettre à la disposition de son fils unique au nom de la science. Enfin, ce sera simple pour le matériel de base, microscopes et ce genre de chose, aucun soucis, après à terme, il faudra trouver un endroit qui accepte de vendre à un particulier scanner et IRM j’imagine. « Et ce pour la bonne raison que je ne sais pas vraiment par où commencer. » Je reprends une gorgée de brandy. Ah, ça va être passionnant ! Mener des recherches, des vrais recherches, dans un domaine que si peu de sorciers ont daigné approfondir. « Ensuite, il s’agira principalement d’observations à mener. Rien d’explosif. Peut-être un peu de radiations, mais rien qui ne puisse être vraiment dangereux et confiné. » C’est par excès de zèle que je l’évoque, on peut effectivement se demander si la modification de microondes et IRM ne pourraient pas avoir un effet. Je préfère prévoir large, mais je ne pense pas en être à étudier avec des instruments tels que ceux-là avant d’avoir mener nombre d’expériences en amont. « Pour commencer, j’aimerai étudier la composition d’un objet inanimé en comparaison avec un objet identique enchanté. Ensuite, ce pourrait aussi être fait avec des plantes aux propriétés magiques, des potions, des sorts qui auraient une incarnation physique persistante... » Des sorciers ? Non, ça je me garde bien de lui dire, ça pourrait lui faire peur. Mais après tout, il doit bien y avoir une raison scientifique pour laquelle certaines personnes peuvent faire de la magie et d’autres non ? Je chasse la pensée vite, ce serait passionnant mais ça n’est certainement pas une priorité. « Et il y aura toujours la question d’obtenir le droit de modifier ces objets de toute façon. Est-ce plus clair pour vous comme ça ? » J’ai hésité à lui demander si c’était rassurant, mais j’aurais trop peur que cela soit pris pour une tentative de le chambrer.
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Il n’y a pas à dire, quand c’est avec un Serdaigle qu’on fait affaire, les choses se passent toujours plus paisiblement que lorsque c’est avec un Serpentard ou un Gryffondor. Je sais que je puis avoir confiance en Lemony Anderson. Le simple fait qu’il me demande l’autorisation de faire ses expérimentations est déjà un signe encourageant. Il me faut bien avouer que je ne me suis jamais fendu d’une telle politesse vis à vis d’Albus Dumbledore en matière d’expériences dangereuses. Je suppose qu’il me faut bien reconnaître au moins à ce jeune collègue un sens du protocole des plus rafraîchissants… Et après on se demande pourquoi Dumbledore a viré zinzin avec des petits jeunots comme moi dont il fallait perpétuellement craindre une explosion dans le laboratoire. Il semble satisfait d’apprendre que les fonds de la bibliothèque pourront être réévalués. Tandis que nous devisons, je rédige une lettre officielle à l’attention de notre estimée bibliothécaire, autorisant l’achat d’un nouvel ensemble de livres dans le cadre d’un budget limite de mille mornilles sur les fonds de l’école sous la supervision de Lemony Anderson et la mise en réserve des ouvrages concernant sa matière qu’il jugerait trop datés.
C’est après avoir évoqué avec Lemony Anderson la question épineuse de ses expérimentations que je suis le plus désarçonné. Le voilà qui se met à mal dissimuler un éclat de rire me faisant soulever un sourcil sur le front.
« Je ne suis pas un Gryffondor, Rogue. Je ne suis pas stupidement téméraire. Hem. Excusez-moi. En plus, c’était stupide et inutilement mesquin, il y a des griffons raisonnables. Il est évident que je ne compte pas mener d’expériences qui puissent mettre en danger qui que ce soit – dans un premier temps et dans l’enceinte de ce château au moins. »
Je l’encourage d’un geste à développer sa pensée, même s’il n’a pas vraiment besoin de mon invitation à le faire : en bon Serdaigle, le voici déjà le crâne bouillonnant de mille idées et propositions de nouvelles choses à faire. Je ne doute pas un seul instant que s’il est quelqu’un pour révolutionner la recherche sorcière dans les prochaines décennies, c’est bien lui. Peut-être même qu’il faudra créer une nouvelle discipline pour lui, une techno-magie ou quelque chose comme ça. Je ne puis, en toute bonne foi, le brider. Mais l’endroit reste une école et non pas un terrain d’expérimentation… Il faut croire que les responsabilités m’ont rendu un peu moins aventurier que dans mes jeunes années.
« A dire vrai, je ne sais pas encore exactement comment m’y prendre. La première série d’expériences à mener tiendrait déjà à modifier le fonctionnement des appareils de mesure moldu, pour leur permettre de quantifier la magie ou de la distinguer – et de rendre compte de leur sensibilité pour les expériences futures. En soi, ce sera déjà quelque chose de particulièrement coûteux - en terme de temps je veux dire, je peux parfaitement m’occuper de l’investissement financier que cela représente.Et ce pour la bonne raison que je ne sais pas vraiment par où commencer. Ensuite, il s’agira principalement d’observations à mener. Rien d’explosif. Peut-être un peu de radiations, mais rien qui ne puisse être vraiment dangereux et confiné. Pour commencer, j’aimerai étudier la composition d’un objet inanimé en comparaison avec un objet identique enchanté. Ensuite, ce pourrait aussi être fait avec des plantes aux propriétés magiques, des potions, des sorts qui auraient une incarnation physique persistante... Et il y aura toujours la question d’obtenir le droit de modifier ces objets de toute façon. Est-ce plus clair pour vous comme ça ? »
Je l’écoute avec attention, focalisant toutes mes ressources mentales sur ce dont il parle. Il m’est difficile de tout suivre pour la bonne et simple raison qu’il me faut avouer mon ignorance en matières de sciences moldues. Elle n’est que partielle, contrairement à bon nombre de sorciers. Je connais vaguement les principes de molécules et d’atomes, mais ces découvertes moldues se téléscopent toujours violemment avec notre culture magique héritée de l’Alchimie où tout est élément, magie, secret. Je me rends compte que comprendre les moldus demande le même exercice que de comprendre une autre tradition magique. Je me souviens du désarroi de la petite Eirian au début de sa scolarité, des discussions que nous avons eues, et pour la première fois, je me sens aussi paumé qu’elle. Pour la première fois, je comprends vraiment quelle baffe a pu être celle de Lily lorsque je lui ai parlé de magie pour la première fois, et combien cela a pu détériorer ses relations avec Pétunia. Me voilà pensif, soudainement en proie à une empathie dont je ne me serais jamais cru capable. Les phalanges parcourent les tempes. Cette histoire me donne déjà mal au crâne.
« Bien. La première chose à faire est une demande d’autorisation au Ministère. A cette fin, il vous faut être mis en contact avec le département des Mystères qui gère l’équipe de recherche sur l’Artisanat Moldu. Je connais Arthur Weasley et puis appuyer votre demande auprès du Ministère, mais je n’ai aucune certitude quand à leur réponse. Il pourrait vous être demandé de mener vos expérience hors du château, voire carrément au département des Mystères. Je ne puis donc rien vous promettre. Toutefois, si les expériences sur place étaient acceptées, je vous propose que nous tâchions d’aménager une des pièces du château en laboratoire pour que vous puissiez y travailler. Il reste des pièces libres en sous-sol et dans les étages, nous devons pouvoir trouver quelque chose qui réunisse les conditions de sécurité nécessaires à vos travaux. Par ailleurs, vous avez sans doute conscience que je ne connais que peu de choses aux sciences moldues : si mon père était moldu, c’est ma mère, sorcière au sang pur, qui s’est chargée de mon éducation, de sorte que je ne sois jamais allé à l’école moldue. C’est le cas de la majorité des sorciers de cet établissement, personnel ou élèves, et c’est aussi le cas de l’immense majorité des sorciers auxquels vous serez confronté. Je ne puis donc que trop vous recommander d’être pédagogique dans vos demandes d’autorisation et d’éventuelles subventions en expliquant très précisément les tenants et aboutissants de vos recherches ainsi que vos protocoles expérimentaux le plus clairement possible. »
Est-ce le moment de lui annoncer que je n’ai compris qu’à grande peine ce dont il voulait parler avant ? Peut-être pas. Il l’a sans doute déjà compris, de toute façon.
« Faites la demande d’autorisation, je me charge également d’écrire au Ministère pour appuyer votre demande, et nous aviserons selon les réponses des autorités, si cela vous convient ? »
Ce qui est fascinant, c’est que j’ai face à moi le directeur de Poudlard, l’homme en charge de la sécurité des élèves et du personnel, et que le fait que je précise que je ne veuille rien faire de dangereux dans un premier temps ne lui fait même pas lever un sourcil. Cette précision aurait fait hurler les scientifiques moldus avec lequel j’ai travaillé sur mon mémoire en Allemagne – pas parce que la science n’a pas connu son lot de malchanceux et de téméraires qui se sont risqués à faire des choses dangereuses, mais parce que la méthode aurait tendance de nos jours à mettre un minimum les gens en sécurité. Je crois que je commence à comprendre pourquoi il y a aussi peu de sorciers dans ce monde. On pourrait croire que la magie serait un avantage évolutif qui permettrait de mieux survivre à son environnement, et qu’on devrait tendre vers une population de plus en plus magique : mais non, en fait, ça rend complètement con. Il y en a peu, parce que mourir jeune parce qu’on se fait exploser ses expériences dessus, ça n’aide pas spécialement à transmettre son patrimoine génétique et ses dons (si la magie vient bien de là). Les sorciers me font, à cet instant précis, un peu l’effet de Marie Curie en puissance, dédiés à un art qui va les tuer, mais qui le font quand même. Sauf que Marie Curie est morte à une époque où on ignorait la nocivité des radiations, et aujourd’hui des mesures sont prises quand on veut manipuler les mêmes éléments que ceux qui ont causé sa perte : les sorciers eux savent parfaitement que la magie est dangereuse, et ils continuent de foncer sans tellement se protéger. Mais ce n’est certainement pas le moment de partager avec lui mes pensées sur le fait que sa légèreté est inconsciente, et qu’elle est à l’image du monde magique. Non, restons centré Lemony, ce serait idiot de le froisser maintenant. « Bien. La première chose à faire est une demande d’autorisation au Ministère. A cette fin, il vous faut être mis en contact avec le département des Mystères qui gère l’équipe de recherche sur l’Artisanat Moldu. Je connais Arthur Weasley et puis appuyer votre demande auprès du Ministère, mais je n’ai aucune certitude quand à leur réponse. » La seule mention du nom d’Arthur Weasley a suffi à me faire perdre tout sourire. Bien sûr qu’il va falloir que ce crétin me signe mes autorisations, alors qu’il n’y connaît rien et n’y comprend rien. Je grommelle dans ma barbe. Heureusement qu’il n’est pas seul au Ministère. « Il pourrait vous être demandé de mener vos expérience hors du château, voire carrément au département des Mystères. Je ne puis donc rien vous promettre. Toutefois, si les expériences sur place étaient acceptées, je vous propose que nous tâchions d’aménager une des pièces du château en laboratoire pour que vous puissiez y travailler. Il reste des pièces libres en sous-sol et dans les étages, nous devons pouvoir trouver quelque chose qui réunisse les conditions de sécurité nécessaires à vos travaux. » Mes yeux s’illuminent. Un. Laboratoire. Je pourrai avoir un laboratoire ici. D’accord, c’est ce que je suis venu demander, mais quand même. L’entendre dire bah. C’est beau quoi ! Je l’embrasserai bien, et c’est la seconde fois que je me ressens ce genre d’élan vers lui aujourd’hui. Cela dit, ça, ce serait stupide et inconscient. « Par ailleurs, vous avez sans doute conscience que je ne connais que peu de choses aux sciences moldues : si mon père était moldu, c’est ma mère, sorcière au sang pur, qui s’est chargée de mon éducation, de sorte que je ne sois jamais allé à l’école moldue. C’est le cas de la majorité des sorciers de cet établissement, personnel ou élèves, et c’est aussi le cas de l’immense majorité des sorciers auxquels vous serez confronté. Je ne puis donc que trop vous recommander d’être pédagogique dans vos demandes d’autorisation et d’éventuelles subventions en expliquant très précisément les tenants et aboutissants de vos recherches ainsi que vos protocoles expérimentaux le plus clairement possible. » J’acquiesce. J’en ai conscience, je sais bien que je vais me heurter à l’incompréhension (et sans doute au mépris, pour ce que ça vaut). Bah, si je me prépare mieux, je devrais réussir à être clair.
« Faites la demande d’autorisation, je me charge également d’écrire au Ministère pour appuyer votre demande, et nous aviserons selon les réponses des autorités, si cela vous convient ? » Je lui souris. « Cela me convient parfaitement. J’ai déjà pris contact avec Miss Granger, qui semblait toute prête à soutenir mes demandes – je dois lui écrire suite à notre entrevue. Cela dit, votre appui sera sans doute utile également, j’ai peut-être un petit peu traité Arthur Weasley d’idiot incompétentet autresnoms d’oiseaux la dernière fois que je l’ai croisé. Hem. Enfin, je pense que de fait, un peu de soutien ne sera pas de trop. » Idiot incompétent, imbécile qui n’a pas conscience de ce qu’il devrait étudier, crétin qui après toutes ses années de carrière est resté trop con pour voir que les objets moldus étaient beaucoup plus intéressant quand on sortait des objets triviaux, collectionneurs de pacotille… Pour reprendre mes termes, les plus polis. C’est mal barré cette histoire. Cela dit, si il n’est pas rancunier, ou vraiment curieux, pourquoi pas. Et puis, si ses supérieurs hiérarchiques sont avec moi aussi. Hem. Je me tords les mains un peu gêné. Si j’ai une assez bonne maîtrise de moi même, je reste arrogant et impulsif, et mon ancien professeur s’en souvient peut être (ou alors, le fait d’avoir vieilli et de me montrer généralement raisonnable le lui a fait oublier?). Ah, mais c’est peut-être ça, le fond du problème quand il va falloir que je fasse de la pédagogie avec des adultes – s’ils sont incapables de comprendre les notions les plus simples, je risque de les prendre de haut. Bon, note à moi même, travailler à ce que mon petit air suffisant quand je me rends compte de ma supériorité intellectuel sur mon interlocuteur. « Je vous remercie Rogue. Je… Enfin, c’est important, pour moi, et je pense que ça peut l’être tout court. » L’idée de faire ces recherches, c’est un peu la possibilité pour moi de mener à bien quelque chose d’inachevé dans mon parcours de scientifique moldu, et de combiner les deux mondes desquels je suis issu. « Et, je vous remercie, pour votre temps. Je vous ferai parvenir la liste des livres dans les semaines qui arrivent – et je vous tiendrai au courant pour cette histoire. » Je finis mon brandy sans l’avaler d’un coup, tout prêt à déguerpir si le directeur n’a rien d’autre à ajouter sur cela.
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Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
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Il se sent pris d’une certaine euphorie, Severus Rogue. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’il peut renouer avec ses folles aspirations d’apprenti chercheur de jeunesse. Car s’il n’y avait eu la guerre et ses choix regrettables, jamais l’homme ne se serait aventuré dans une carrière nécessitant autant de compétences sociales que l’enseignement. Il est à peu près certain pour tous ceux qui l’ont rencontré qu’il est le responsable de bon nombre de traumatismes de jeunesse liés aux potions. Il le sait. Il pourrait mentir en disant qu’il s’agissait d’un masque porté par l’espion, mais la vérité est qu’il a toujours détesté Poudlard autant qu’il l’a aimée. C’était son échappatoire, sa porte de sortie d’un enfer familial… mais un échappatoire qui n’était autre qu’un nouveau purgatoire mâtiné de la présence de Potter et Black. Une nouvelle suite d’humiliations jusqu’à ce que la vie ne manque de lui être ravie de griffe de lycanthrope. Mais s’il en était allé autrement… S’il était, loin de la marque, devenu celui qu’il aurait dû être, que serait-il advenu de lui ? Un chercheur. Un découvreur. Un aventurier sacrifiant à son domaine jusqu’à ses derniers vestiges de santé mentale et de piécettes. Il aurait engouffré tout son bien et tout son temps dans la découverte. Il ne peut s’empêcher de songer que ses mauvais choix de jeunesse lui ont aussi bien coûté sa sérénité que sa carrière. Il se sait l’archétype même de celui dont le mauvais choix a été si lourd de conséquences qu’il ne pourra s’en remettre. Alors aider ceux qui parviendront à faire mieux que lui est une évidence sur cette fin de vie qu’est la sienne. Prématurément vieilli par une vie trop pleine de souffrances, Severus Rogue se sent un centenaire.
« Cela me convient parfaitement. J’ai déjà pris contact avec Miss Granger, qui semblait toute prête à soutenir mes demandes – je dois lui écrire suite à notre entrevue. Cela dit, votre appui sera sans doute utile également, j’ai peut-être un petit peu traité Arthur Weasley d’idiot incompétentet autres noms d’oiseaux la dernière fois que je l’ai croisé. Hem. Enfin, je pense que de fait, un peu de soutien ne sera pas de trop. »
Désarçonné, Severus Rogue observe son vis à vis le temps d’une fraction de seconde avant d’éclarer de rire. Un vrai rire, franc, irrépressible. Un vrai rire grave, soulevant sa poitrine et réduisant à néant tous ses efforts pour paraître impressionnant derrière l’austérité d’un masque policé. Car imaginer le frêle et timide Lemony Anderson se mettre à insulter un dignitaire du Ministère, aussi sympathique que soit Arthur Weasley, a quelque chose d’irrésistible. L’éclat est aussi bref qu’intense et le directeur se passe la paume sur le faciès, un dernier soubresaut d’hilarité mourant sur les lèvres.
« Veuillez m’excuser, monsieur Anderson, c’était nerveux. Je parlerai à Arthur Weasley en votre faveur. »
Le sérieux semble revenir avec douceur dans la pièce. Et lorsque le jeune professeur reprend la parole, le Directeur ne peut qu’opiner.
« Je vous remercie Rogue. Je… Enfin, c’est important, pour moi, et je pense que ça peut l’être tout court. Et, je vous remercie, pour votre temps. Je vous ferai parvenir la liste des livres dans les semaines qui arrivent – et je vous tiendrai au courant pour cette histoire. »
Voilà une recherche qui promet de s’embraser sous les meilleurs auspices.