Clap. Clap. Font les petits pieds. Petit bruit familier qui chatouilla l'ouïe de la petite Eirian. Intriguée par cette source qui semblait si proche, l'enfant abandonna son imagination, son observation de ce lieu si sinistre et propice à créer des histoires sur les peuples légendaires de ses ancêtres, et tourna sa tête sur la rue principale du Chemin de Traverse. Elle fut bien surprise de tomber nez à nez avec une de ses petites camarades. Serdaigle au vu de ses couleurs. Et celle-ci semblait aussi surprise qu'elle, se sentant dévisager par cette toute choupi rousse. Oui, la jeune Verbena aimait les rousses ; elle trouvait cette couleur si lumineuse, si plaisante, véritable petit rayon de soleil ! Et elles étaient assez fascinant, au sujet de ces mythes et histoires érigeaient pour cette rousseur ! Même ses ancêtres avaient leur propres légendes à ce sujet ! Et puis, il fallait avouer : les taches de rousseurs, c'étaient tout mignons ! De ce fait, par son physique des plus attrayant, Eirian n'eut pas réellement de mal de se rappeler de cette fillette qui avaient les mêmes cours qu'elle. Pas du Club de Potion en tout cas, elle s'en serait souvenue. Athéna son nom, c'est ça ? Elle s'en souvenait parce que c'était le nom d'une Déesse Grecque ! Par ailleurs, c'est pas un peu bizarre de nommer son enfant comme un Divinité ?
Mais Bref. Hormis cela, Eirian ne la connaissait pas réellement ; elles n'ont jamais discuté ensembles depuis qu'elle est à Poudlard. C'est pourquoi la petite Poufsouffle était étonnée de la voir ici, là, devant elle, à l'entrée de l'Allée des Embrumes. Est-ce que cette petite rousse voulait s'y rendre ? Ça serait dangereux et stupide ! Mais en plus, elle n'avait pas l'air d'être une petite rebelle prête à se mettre en danger pour quelques sueurs froides ! Au contraire, elle semblait même morte de peur d'être ici ! Les sourcils d'Eirian se froncent ; ou bien on est con et on assume la connerie en passant par-dessus l'interdit, ou bien on est mort de peur et on reste à sa place, mais pas les deux... Alors pourquoi était-elle là ? Pas très rassurée à l'idée que cette fille se décide de se prouver qu'elle est courageuse en voulant s'enfoncer dans l'Allée des Embrumes, la jeune Verbena se sentit quelque peu obligée de devoir la mettre en garde :
— Tu ne dois pas être ici, Athéna... C'est dangereux là-bas... Enfin je crois... Ça pas l'air rassurant en tout cas... Mais si les Professeurs te voient, ils vont te gronder tu sais... Et tu ne pourras pas aller au bal...
Elle se rendit compte que, c'était quand même ironique ! C'est vrai, elle la mettait en garde, mais elle, elle était là. Bon, techniquement, elle n'est pas entrée dans l'Allée des Embrumes, elle est juste au début, sous la pancarte, à deux pas seulement de l'allée Principal du Chemin de Traverse. Elle était d'ailleurs bien visible de tous de là où elle était. Mais elle était quand même là, à la frontière de l'Interdit. Alors, un sourire amère apparu sur le visage d'Eirian, une once de chagrin dans la voix :
— Je n'aime pas cette fête... Ici, c'est tranquille... Mais toi, pourquoi tu veux y aller ?
Seuls quelques mètres séparent Athéna de l'entrée de l'allée ; de sa position, elle devrait la voir sans problèmes, mais la foule bruyante obscurcit sa vue et l’empêche de distinguer quoi que ce soit. Traverser la rue ne lui prend qu’une minute, et pourtant, le chemin lui paraît atrocement long. A tout moment, l'enfant s’attend à sentir la main d’un professeur l’attraper par le col, surgissant de nulle part au milieu de la foule ; de plus, la fille mystérieuse ne réapparait pas, et ce n’est qu’après avoir atteint le trottoir opposé qu’elle aperçoit enfin quelque chose.
L'autre fille est là, assise sous la pancarte, la tête tournée vers l'obscurité de la ruelle ; parfaitement visible, pour peu qu’il n’y ait pas tout un groupe d’adultes sur le chemin. Athéna en soupirerait presque de soulagement, heureuse de ne pas avoir à s'enfoncer dans le seul endroit qui leur est strictement interdit. Maintenant qu'elle est plus proche, la petite sorcière la reconnait : Eirian Alma-quelque chose, une première année qui partage ses cours. Quoi que, même si les deux ne partageaient pas leurs classes, elle n'aurait pas eu de mal à la reconnaître ; de ses runes si étranges au corbeau souvent juché sur son épaule, nombres d'élèves évoquent la petite Verbena avec, au mieux, une certaine circonspection. Elle-même semble avoir bien du mal à s'intégrer, restant toujours à l'écart. Jusqu'ici, Athéna n'a jamais cherché à lui adresser la parole, se contentant de l'observer de loin avec une innocente curiosité - son côté Serdaigle aurait certainement des milliers de questions à lui poser, mais la petite fille n'a jamais été très douée pour socialiser avec d'autres enfants, en particuliers aussi différents d'elle.
L'enfant, après une seconde d'hésitation, se décide à repartir d'où elle vient, puisque sa camarade ne semble pas vouloir s'aventurer plus dans l'interdit. Elle lui a semblé si troublée, à courir à travers la foule quelques instants plus tôt, et elle se doute qu'elle doit vouloir être seule. Mais alors qu'elle s'apprête à faire un pas en arrière, la petite brune se retourne soudainement vers elle, l'air surpris. ‘Théna se fige dans son mouvement, tel un lapin pris dans les phares d'une voiture ; les joues en feu, elle dévisage l'autre, l'observant froncer des sourcils avec un malaise croissant. Mince, elle doit savoir que je l'ai suivi. Est-ce qu'elle va s'énerver ?
Cependant, ce ne sont pas des reproches qui sortent de la bouche d'Eirian. Les yeux écarquillés de stupeur, Athéna écoute la Poufsouffle, toujours assise sous le panneau défraîchi, lui conseiller de ne pas s'aventurer dans l'Allée des Embrumes. Il lui faut une seconde pour réaliser la méprise ; elle qui est venue jusqu'ici pour stopper la petite Verbena, voilà qu'on la met en garde ! Elle en perd un instant son latin, passant de la vieille pancarte à la petite brune avec un regard de plus en plus perplexe. Celle-ci semble également réaliser l'ironie de la situation, puisqu'elle lui offre un sourire plein d'amertume, expliquant rapidement sa présence ici ; et la tristesse dans sa voix interpelle la petite, qui, en réponse, se rapproche inconsciemment de quelques pas.
« Je ne veux pas y aller ! Je... Je regardais dans la rue, et... Je t'ai vu courir... » Elle se tortille un peu, rougissant de plus belle. « Je t'ai vu t'approcher de l'Allée des Embrumes, et puis je ne t'ai plus vue... Comme il y avait du monde... J'ai cru que toi, tu y étais rentrée... Alors je me suis dit... »
Je me suis dit que j'allais m'enfoncer dans une allée malfamée juste pour retrouver une autre première année, sans savoir comment me défendre correctement et en risquant un mois de retenue, alors que j'aurais pu simplement prévenir un professeur. Le plan, maintenant qu'elle y pense, est franchement stupide, et la petite fille secoue la tête, ses boucles auburn éternellement en bataille prenant des reflets de feu sous les lumières du marché.
« Non, rien. C'était un peu stupide en fait... Très Gryffondor. » Elle jauge un instant la pancarte, se demandant si s'asseoir en-dessous compte comme quelque chose d'interdit. On va dire que non. « Mais bon, tu n'es pas rentrée dans l'allée, donc tout va bien, je suppose. »
Un ange passe tandis qu'elle regarde encore Eirian, essayant de savoir si elle devrait la laisser là et repartir à la recherche d’un cadeau. Finalement, elle décide du contraire, et, sans être sûre que ce soit bien raisonnable, elle se glisse près de la petite Verbena, veillant à s'asseoir sur sa cape pour ne pas être mouillée par la neige. D'un geste absent, elle réajuste rapidement son sac, son regard inquiet scannant les alentours à la recherche d'un de leurs professeurs ; puis elle s'adoucit un peu alors qu'elle repense à la tristesse dégagée par sa camarade, et elle se tourne vers elle, assez près pour ne pas parler trop fort mais suffisamment loin pour ne pas la toucher.
Eirian... ne s'attendait pas à cette réponse. Sa surprise fut aussi visible que les rougeurs qui se saisirent de ses joues. Même si la jeune Athéna mit fin à ses explications avant même d'annoncer la réelle raison de sa venue dans cette ruelle sombre et malfamée, la petite Verbena n'eut pas de mal à connaître la vérité. Dans son petit malheur, ce malaise qui s'était logé dans son petit coeur depuis le début de mois, cette amertume en elle qui lui donnait des relents de colère, ce chagrin qui l'empêchait de voir le Chemin de Traverse sous un nouveau regard, un nouveau souvenir à acquérir, la Poufsouffle était surprise de savoir qu'il y avait une bonne âme, une petite rousse aux couleurs de saphir et de bronze, qui avait fait attention à elle. Pourtant, Eirian était persuadée qu'on en avait cure d'elle car aucun élève n'était venu la voir, ni s'est préoccupé de son état névrosé. On l'avait juste laissé derrière tandis que tout le monde s'était affairé à faire des emplettes et à profiter des festivités dans la bonne humeur tandis que la jeune Verbena se morfondait seule dans son coin. C'était dans ce genre de moment qu'Eirian espérait avoir un ami. Pas juste les camarades plus au moins proches et plus âgés qu'elle a l'habitude d'avoir, mais bien un enfant de son âge, un ou une meilleur ami-e, où tous deux seraient là pour l'un et pour l'autre dans les moments difficiles. Et la fillette se maudit d'espérer croire au pouvoir de l'amitié et de l'amour qu'elle avait lu dans ses romans ; cela devait être des niaiseries mensongères tout ça !
Le silence qui naquit entre elles mit la petite Poufsouffle quelque peu mal à l'aise ; que fallait-il dire face à telle déclaration qui faisait bondir son coeur ? Qu'est-ce qu'il fallait faire pour mettre des mots à ce sentiment de reconnaissance envers Athéna de s'être préoccupée ? Désemparée, c'était comme Eirian elle avait oublié comment se sociabiliser avec autrui. Heureusement, c'est Athéna qui brisa la glace en premier mais non sans étonnement de la part de l'écossaise ; elle pensait vraiment qu'elle allait partir, la laisser là, maintenant qu'elle était satisfaite et non qu'elle la rejoigne sous la pancarte de l'Allée des Embrumes. Pourquoi cette camarade restait auprès d'elle au lieu de partir et de s'amuser avec les autres ? Quelque peu gênée par cette situation qui la dépassait, ses rougeurs ne quittaient plus ses petites joues toutes rondes. Puisque cette petite rousse semblait avoir quelque chose derrière sa tête, Eirian pensait la laisser venir à elle. Attendre voir avant d'essayer bêtement de chercher un sujet de conversation.
La première question tomba avec la grâce d'un rocher dans un flaque de pluie : quand Athéna rentrait dans le vif du sujet, ce n'était pas à moitié ! La Verbena lâcha un long soupir, les épaules s'affaissèrent et posa un instant son regard en direction du Chemin de Traverse. L'air absent reflétait sa rechercher des mots justes pour lui répondre.
— Je fêtais Noël avec mes parents... on était déjà venu ici pour les fêtes avant qu'ils meurent... Et ça me fait penser à eux...
Il eut un nouveau soupir et Eirian étira ses jambes sur la neige, pour les dégourdir un peu. Un sujet quelque peu sensible et elle n'était pas sûr de vouloir partager son petit coeur avec une petite sorcière qu'elle venait tout juste de rencontrer : c'était encore trop personnel. Elle laissa le silence s'installer quelques instants avant de reprendre d'une petite voix timide :
— Ce n'était pas Gryffondor...
Elle leva ses mirettes pour croiser les iris célestes de la petite Athéna. Ses joues étaient plus rouges que jamais tandis qu'elle tripotait nerveusement un pan de sa cape aux couleurs des petits blaireautins.
— C'était... téméraire, c'est vrai... Mais... On ne se connait pas... Et pourtant tu es partie à ma recherche... Et... et en fait... C'est assez Poufsouffle...
Après tout, c'était un acte de bonté et de gentillesse qu'on attribue souvent à ses camarades blaireaux. Eirian déglutit, reprenant un peu son courage et son aplomb après une grande inspiration, allez, dernière ligne droite :
— Merci Athéna... C'était gentil de ta part...
Voilà ! Ouf, c'était fait ! C'est fou quand même ; il était bien plus facile de parler à un adulte, particulièrement à un @Severus Rogue sinistre et soit disant terrifiant, qu'un simple enfant de son âge tout choupi. Et la Verbena savait pourquoi ; la faute à une vie reculée où elle avait grandi entourée exclusivement d'adultes. Et puis, les enfants, c'étaient quand même méchants parfois entre eux, contrairement aux professeurs, la vie à Poudlard le montrait bien.
Fête païenne, tantôt clamée par Jésus, que je te hais
Grognement. Grognement, grognement, grognement. Je ne faisais que les enchaîner, retenant par ce bruit grognon, ce bruit désagréable, ce bruit qui rongeait ma gorge, toute la mauvaise humeur que mon foci pourrait faire s’expulser de façon autrement plus dangereuse. Au regard discret mais attentif que Noah porte sur moi, je comprends toutefois que mes grognements ne suffisent plus à extérioriser mon ras-le-bol. Je ne sais quel était l’abruti de fonctionnaire grassement payé à pondre des idées pour re-dynamiser le foutu territoire du chemin de traverse qui avait sottement supposé qu’un marché de noël serait le projet le plus à même de contenter tout le monde, mais s’il croisait ma chevalière, il se souviendrait de ne plus faire de zèle. Quel cauchemar que ces gens qui traînassent devant la boutique, les doigts collants des pâtisseries et confiseries vendues ça et là sur la rue, des lèvres brillantes d’un chocolat chaud vide dégluti, d’une bière vite descendue. Beaucoup profitait de ce premier weekend de Décembre pour venir déambuler au milieu du froid — toujours le froid, le soupçon de neige, le doute d’une tempête, même ! —, et pour poser leurs grosses traces de mains sur ma vitrine, propre, flambante neuve, les voltiges de sable et de couleurs chaudes contrastant follement avec le morne de l’extérieur. Noah n’avait pas menti, la boutique marcherait du feu de dieu aux périodes de fêtes, et la porte semblait ne plus jamais vouloir se fermer, la cloche d’entrée tintillant éternellement.
Toute la journée durant, déjà, je m’étais acharné à la bonne humeur, à la sagesse commerciale, au sourire séduisant, aux mains juste assez tactiles, aux flacons juste assez bradés pour les fêtes — faussement bradés, ces pauvres gens ne sauraient jamais que j’avais gonflé les prix fin novembre en prévision. Pour qui me prenaient-ils, enfin, le Saint-Nicolas, le gentil Merlin, Marraine la bonne Fée ? Tout ce boucan de Noël, cette préparation des fêtes, ne servait qu’à une seule chose : faire du chiffre, du chiffre, du chiffre, et enfin, fermer boutique, au moins une semaine, pour s’envoler loin de ce foutu froid, de ces foutus gens, et de cette foutue Angleterre. Des vacances bien méritées.
- Nas, va respirer un coup, murmure Noah en s’approchant de moi, me tapotant le dos d’un air compréhensif.
Sur quelques courbettes et politesses à mes clients, je feins aussitôt un besoin immédiat en arrière-boutique au risque de voir mes chaudrons exploser et donc de gâcher ce si beau Samedi à toute la populace. Leurs sourires m’assurent que Noah concrétisera la vente, et je me faufile dans mon havre de paix, soupirant de bonheur à peine les voiles ocres dépassés. Dieu maudisse ces foutus anglais. À Knysna, ils n’avaient jamais fêté Noël. C’était une fête qui me dépassait, et si le consumérisme n’y avait pas associé les gains les plus chéris de l’année, jamais ne me serais-je acharné à faire le beau devant tant de clients.
Oh, ce n’était pas que je n’aimais plus créer, vendre mes potions, captiver de mes inventions — j’oubliais simplement, à force, du confort de mon atelier, le nombre de ces personnes qui se faufilaient dans la boutique, portées par l’intérêt pour l’exotisme. Vous comprenez, nous ne pensions que les noirs ne faisaient que du vaudou, alors des potions ! Ça nous semblait bien trop précieux pour… enfin, non, ce n’est pas ce que nous souhaitions dire, c’est simplement que… Et voilà qu’ils s’embourbaient dans leur racisme intégré, même plus méchant, simplement bête. À petite dose, ma patience s’en remettait. Le marché de Noël lui faisait exploser tout quota de gentillesse. Et, pourtant, il me fallait déjà remettre cette mandragore à moitié fumée derrière le pot de plante, priant pour que la prochaine pause soit vite arrivée.
Mon sourire se glisse sur mon visage, déjà ma gestuelle se fait plus détendue, invitante, rassurante. Ils ne risquaient rien, ici, sinon un moment de plaisir, un moment de rêverie prononcé. Si occupé, je n’entendis qu’à peine Josiah (@A. Josiah N'Da) entrer — la sonnette n’émettait pas le même tintement, c’était un bruit distinctif, propre à lui. Je relève la tête et lui adresse un sourire : enfin, de quoi sauver cette journée. La gentillesse et la patience de Noah n’avaient su apaiser ma douleur des fêtes, le soutien et la présence de Josiah changeraient peut-être la donne… d’autant plus que son arrivée sonnait les dix huit heures passées, et c’était une nouvelle qui ne pouvait que m’enchanter. J’arrive à me libérer quelques secondes pour m’approcher de lui, ma main se faufilant un bref instant dans son dos, sous sa cape, pour le caresser. J’avais été incapable de me retenir de ce geste, bien trop intuitif, porté par l’envie brutale de clamer ce corps si majestueux dans ces vêtements imposants, de grande classe. Cet homme exotique, que tous les blanc-becs mataient du coin de l’oeil, c’était moi qui lui mordillais le lobe, le soir tombé. Moi. Pourtant, c’est presque invisible, come acte de possessivité tant le geste est vif, et caché par la cape imposante qu’il porte. Il n’est réservé, finalement, qu’à Jos, comme toujours.
- Tu penses qu’il viendra titiller de la potion de rêve, le pauvre gamin ? Ou choquer les petits bourgeois en se faisant tatouer la gueule de Dumbledore sur le torse, peut-être ?
Déjà, je m’éloigne de lui alors que la porte claquète à nouveau, et je soupire intérieurement, pour la mille et unième fois, de cette foule bien trop attirée par mon talent. Mes lèvres se relèvent de plaisir en reconnaissant pourtant la tête familière du client, un bon pigeon qui consommait exactement les portions limites conseillées, mais à une vitesse régulière, et qui venait ainsi m’offrir petit pactole bien souvent.
- Ah, mon bel ami ! Qu’est-ce que ce sera, aujourd’hui, douceur de vivre, sensualité subite ? susurrai-je en m’approchant de lui, lui saisissant le bras pour le traîner vers ses goûts habituels.
Du coin de l’oeil, je vois la porte s’ouvrir à nouveau, d’un tintement inhabituel, et un sourire sincère vient se fondre en lieu de la grimace commerciale que j’offrais à chacun. Petite fouine (@Winnie Carrow) est de retour, à se faufiler dans son lieu d’apprentissage et de découverte. Cela faisait quelque temps que ses petits pieds n’avaient pas foulé le sol de ma boutique, je jouerai l’homme abandonné et meurtri de son mépris. Déposant les deux mêmes flacons que toujours dans les bras de mon client pigeon, qui pourtant chaque fois faisait semblant d’hésiter mille heures, je laissai Noah s’occuper de l’encaissement — doux ami, tendre ami, merci — et me faufilai vers mes tendres silhouettes.
- J’espère que tu ne corromps pas ma petite souris, vilain jaguar, lançai-je en leur jetant un regard soupçonneux.
Les dessins de Josiah, toujours aussi attractifs, et l’oeil pétillant de ma protégée ne m’assuraient rien de bon. Je m’approche pour lui ébouriffer les cheveux, la main forte mais attendrie :
- Et toi alors, tu ne débarques pas après autant d’absence pour faire des bêtises ici, compris ?
La main de Nasiya s’était glissée contre son dos, et Josiah aurait voulu qu’elle y reste toujours. Electrique, elle avait glissé et s’était retirée, laissant une impression de froid à Josiah qui, pour toute réponse, laissa son épaule se coller à celle du sud-africain. A sa provocation sur le ministre anglais, Nasiya en avait ajouté une autre, laissant Noah en vieux sage, muet face à l’humour douteux de ses anciens étudiants. L’idée que le ministre de la Magie (@Harry J. Potter) puisse arborer sur son torse un tatouage de Dumbledore arracha un sourire à notre béninois. Il s’imaginait déjà le vieux directeur faisant remonter en boucle ses lunettes en demies-lunes le long de son nez aquilin par un disgracieux froncement de faciès. De façon assez générale, tout ce que disait ou faisait Nasiya (@Nasiya Abasinde) était prône à faire marrer Josiah, qui s’était transformé ces derniers mois en une adolescente de quinze ans qui gloussait devant le vilain garçon à mèche décolorée, le plus populaire du lycée. Et dans le genre mauvais garçon, Nasiya remportait la palme, avec ces potions dangereuses et son arrière-boutique non répertoriée auprès des autorités magiques. Pourtant, si on lui avait raconté cette scène dix ans plus tôt, il n’y aurait pas cru. Nasiya, installé dans une boutique, à commercer toujours avec les mêmes clients au point d’en avoir des habitués, et à Londres, qui plus est ? Impossible, aurait-il paru, et pourtant ! Josiah observait son homme déjà reparti entre les étagères de sa boutique, pour pêcher le badaud intéressé par ses créations venues d’ailleurs. Derrière son sourire, il tentait de dissimuler lassitude et défonce. A l’œil de Josiah, bien sûr, rien de tout cela ne pouvait être éconduit. La défonce était facile à deviner, elle était quasi-constante, faisait partie de son état naturel, c’était la sobriété qui était, au contraire, plus rare. La lassitude, en revanche, n’était pas remarquée par le banal client. Justement, celui-ci croyait rencontrer un potionniste engagé, passionné par son boulot. C’était le cas, ne vous méprenez pas. Mais sans doute le potionniste avait-il besoin de vacances. Ils en avaient discuté, un peu, avec Josiah. Il avait promis qu’après la fructueuse période de Noël, ils s’échapperaient. Nasiya aurait le choix dans la destination (mais pas dans la date, car malgré la fameuse contrepèterie, Josiah ne dispose pas d’un pareil appareil !), et Josiah le suivrait en fermant les yeux, car il ne lui résistait pas. Plus. Particulièrement pas depuis que Nasiya avait accepté, pour lui, de s’installer à Londres. Depuis lors, comment pouvait il lui dire « soit raisonnable, les affaires marchent bien, ne partons pas tout de suite » ?
La cloche tinta, et plus que ça, quelqu’un vint délibérément le couper dans ses élucubrations. La mioche dite apprentie de Nasiya s’était plantée face à lui pour lui demander qui il regardait tendrement, comme elle disait. Ne le savait-elle pas déjà ? Ce fut justement par un sourire tendre que Josiah choisit de répondre à l’impertinence de @Winnie Carrow, qui comptait elle aussi parmi ceux à qui Josiah ne savait pas bien résister. Mais quand elle évoqua l’idée de se faire tatouer, son sourire se fit carnassier. S’allumait dans son regard la flamme du passionné, de celui qui ne sait pas s’arrêter de travailler, de celui qui n’aurait lâché ses aiguilles que pour les beaux yeux d’un autre carnivore. « Tu sais bien que je suis à ta disposition. » Levant sa main en l’air, il fit venir vers lui son book en moleskine, rempli de dessins et de créations, joliment rangés dans des pochettes plastiques, à la moldue. Le carnet s’envola de derrière le comptoir et passa au-dessus de la tête des clients, pour arriver entre les mains de Josiah. Quelques regards étonnés s’étaient tournés vers lui, on souffla des « où cache-t-il sa baguette ?! », et Josiah fit semblant de ne rien entendre. Il ouvrait le book au hasard, et l’enfournait entre les mains de Winnie quand Nasiya repointa le bout de son nez et l’accusa de corruption. « comment oses-tu ?! tu l’embauches dans ta boutique de débauche et c’est moi qui la corromps ! » faussement vexé, Josiah se retint pour ne pas aller glisser sa tête dans le cou de Nasiya, qui s’occupait à présent de remonter les bretelles de la petite Carrow. Alors, il jeta un œil dehors, et chercha à attraper dans la foule le regard d'un passant. Il avait surprit, plus tôt, une jeune femme blonde (@A. Elvire Jones) en train de lorgner sur la boutique ; peut-être que s'il croisait à nouveau son regard, ça suffirait à la convaincre de rentrer ? Elle avait disparu, toutefois, ou en tout cas, dans la masse, il ne la voyait plus. C'était là le problème des foules, et certainement ce qui faisait suer Nasiya, ce qui provoquait son envie de vacances. On s'y perdait, on ne s'y reconnaissait plus, on s'oubliait dans la masse. Mais il devait savoir, forcément, il le savait, qu'où qu'il soit, au milieu d'une foule ou seul dans un désert, Josiah l'y retrouverait.
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Athéna ne sait pas vraiment quoi faire, maintenant qu’elle est assise dans le froid aux côtés de sa camarade. La question qui vient de franchir ses lèvres semble l’avoir un peu trop touché, et la petite sorcière s’en inquiète tandis qu’elle l’observe soupirer du coin de l’œil. Elle n’est pas encore très à l’aise pour discuter avec d’autres enfants, et le peu de finesse qu’elle possède habituellement semble disparaître à leur contact. Son innocente interrogation, elle le réalise soudain, est peut-être un peu trop personnelle.
Elle s’attend cependant à ce que la raison du mal-être d’Eirian soit liée à la foule, aux traditions trop différentes de ce qu’elle connaît ou à quelques méchantes paroles venant d’autres élèves. La réponse triste de la petite Verbena, à des lieues de ce qu’elle s’est imaginée, la fait pâlir d’un seul coup.
« Je suis désolée, je… je ne savais pas. Excuse-moi… »
L’enfant détourne le regard vers la neige à ses pieds, fixant en se mordant la lèvre les ombres mouvantes des passants. D’un air absent, elle ressert un peu plus sa cape autour d’elle tandis qu’un courant d’air froid la fait frissonner. Avec ce qu’elle vient d’apprendre, le malheur d’Eirian prend un tout nouveau sens à ses yeux, et ‘Théna ne peut imaginer ce qu’elle doit ressentir en marchant à travers les rues. Elle-même a tant souffert de l’absence maternelle durant son enfance, lorsque Bianca la quittait des semaines entières pour répondre à l’appel du Seigneur des Ténèbres. Combien de fois a-t-elle souhaité retourner en France, combien de fois a-t-elle souhaité voir les choses redevenir comme avant ? Mais sa mère est vivante, miraculeusement ; Athéna lui en veut encore, parfois, de l’avoir tant laissé sur le côté, malgré la nécessité de ses actes. Pour Eirian, en revanche, c’est définitif. Son cœur se serre tandis qu’elle baisse un peu plus la tête. J’aurais pu être comme elle si maman n’avait pas eu autant de chance.
Après un moment de silence, la voix hésitante de la petite Verbena lui fait relever la tête, juste à temps pour que leurs regards se croisent. Les joues écarlates, celle-ci reprend nerveusement la conversation, et sa remarque tire à la petite fille un souffle amusé. Poufsouffle, eh bien. Si le Choixpeau entendait ça. Le vieil artefact magique, lors de sa répartition, a exclu pour elle griffons et blaireaux dès les premières secondes ; et pourtant, la voilà en train d’agir exactement comme eux.
Après un dernier blanc, la brune se décide finalement à formuler des remerciements hésitants, mais sincères. Athéna, encore gênée de sa précédente question et inquiète de leur proximité avec l’allée défendue, lui offre un sourire un peu crispé.
« De rien... Je ne voulais pas que tu aies des ennuis. »
Elle hésite à poser une autre question, ne voulant pas laisser mourir leur conversation naissante, mais n’en fait rien. Sa première tentative lui reste encore en travers de la gorge, et elle ne veut pas retomber à nouveau sur un sujet trop sensible ; elle se contente donc d’attendre qu’Eirian reprenne la parole, se blottissant un peu plus dans sa cape runique. Merlin soit loué pour l’invention des capes conservatrices de chaleur, car sans ça, elle serait certainement un joli petit glaçon roux à l’heure qu’il est.
Aujourd’hui il n’y a pas eu cours. Non pas que ce soit exceptionnel, c’est juste que c’est samedi. Non, ce qui est exceptionnel, c’est la sortie prévue par les professeurs ce soir. Le Marché de Noël. Au Chemin de Traverse. Cette rue pleine de monde et de commerçants. Je n’y suis jamais allée beaucoup. Pour aller acheter les affaires scolaires seulement. En été, quand il faisait chaud et soleil, sous un ciel bleu et dans les rues pleines de familles dont les enfants allaient à Poudlard ou juste de passants qui se promenaient. Alors un Marché de Noël… C’est presque la fête ! N’y étant jamais allée, ça va être une longue soirée découverte. Cette sortie, c’est vraiment la meilleure idée que les professeurs ont pu avoir, enfin une des meilleures car les professeurs ont généralement pleins d’idées qui sont géniales. Il faut un sac, un peu d’argent rangé dedans donné par les parents depuis la première année qui n’a jamais été utilisé. Et puis on suit les professeurs. Mais toute chose joyeuse a des impératifs, et ces impératifs, le directeur Rogue les met en place dès notre arrivée. S’il y en a qui sont logiques (ne rien voler et ne rien acheter d’illégal, non mais ça c’est normal quand même ! Non ?), je retiens bien l’heure de rendez-vous posée. Vingt heures devant le Chaudron Baveur. Puis les enfants sont libérés. Les monstres bruyants et joyeux sont lâchés dans la rue décorée aux couleurs de l’hiver. Neige posée sur le sol foulé par les nous, les Humains. Lanternes éparpillées tout au long de la rue, sur la neige ou dans les airs. Stands installés de partout, boutiques décorées des couleurs de Noël, un peu de rouge accompagné de vert et de bleu. Lumière et couleurs attirent les petites bêtes qui s’éloignent du groupe des professeurs en gambadant joyeusement par petit groupe ou tout seul. Est-ce qu’on peut risquer de se perdre dans le Chemin de Traverse ? C’est assez grand, il y a pleins de boutiques et de monde.
Mon regard suit les enfants qui s’en vont sans que je sache quoi faire. Je ne vais pas rester ici, au milieu de tout, sans rien bouger. Et le froid commence à se faire sentir dans ce début de soirée avec son ciel qui devient un peu plus foncé. Mes doigts se crispent et s’enfoncent dans mes manches pour essayer de mieux les protéger. J’aurai pu prendre mes gants… Mais je n’y ai pas pensé. Pour me réchauffer je commence à m’écarter des professeurs, sans pour autant oublier l’heure du retour. Mes pieds s’agitent d’eux-mêmes et me font m’enfoncer dans la rue et le monde. Rien que ça, ça réchauffe. Ça réchauffe mais en même temps ça fait peur, mal. Toutes ces personnes joyeuses bavardent entre elles tout en regardant les propositions des différents stands installés. Quel cadeau offrir à qui, le programme pour les vacances de Noël… Tant de sujets de bavardages. Je n’aurai pas grand-chose à répondre moi. Soupirant à l’écoute des voix qui s’embrouillent lentement, je continue d’avancer en créant autour de moi ma bulle de silence imperméable pour ne plus rien entendre. Tant de joie à la pensée de revoir sa famille, tant de plaisir à l’idée de faire la fête… Ce n’est pas agréable à entendre. Alors je préfère créer ma bulle.
Mes yeux aperçoivent un peu plus loin le Glacier Florian Fortarôme. Un glacier… Ça fait aussi des chocolats chauds ? Mon estomac gargouille de plaisir à cette idée, et je ne peux que m’y rendre. Lire ce qui est proposé, et demander poliment un chocolat chaud au chocolat noir à 5 mornilles. Ah c’est un des rares moments où j’arrive à parler sans trop de timidité. J’en ressors un peu plus réchauffée, le gobelet brûlant en main. Je m’enfonce dans mon esprit, le dos appuyé contre un mur en veillant à ne déranger personne. Et mes yeux observent avec sérieux pour mieux enregistrer les différents comportements des gens. De ces inconnus dont je suis curieuse de savoir ce qu’ils font là. Il y a tellement de monde que je vais attendre d’avoir finit ma boisson avant de repartir. Mon coin à l’écart est pratique pour ne pas risquer de renverser mon chocolat chaud. Liquide précieux. Il ne faudrait pas le gâcher par une petite promenade dans ce Marché de Noël.
Eirian observait l'enfant grelotter du coin de l'oeil ; il faisait si froid que cela ? Pourtant, elle voyait bien que la jeune Athéna portait une cape enchantée. Au vu des runes brodées sur le tissu, nul doute qu'elle a comme propriété de garder la chaleur à son hôte. Malgré tout, la petite rousse toute choupinette semblait frigorifiée... Frileuse ? Peut-être. Ah moins qu'Eirian ne l'était guère. Contraste entre les deux enfants ayant vécu dans un milieu différent. Faut dire que la petite Verbena avait sans nul doute un avantage certain comparé à sa petite camarade de classe : elle vivait dans un petit village perdu dans un recoin d'Ecosse, endroit géographique de la carte du Royaume-Uni n'étant pas connu pour ses chaudes températures et subissait depuis plus de six ans la rudesse de l'Hiver et de sa froideur humide alors qu'elle n'avait ni chauffage, ni eau chaude dans son petit foyer de pierre. Alors oui, sans nul doute la petite Poufsouffle avait pratiqué une certaine résistance pour le froid telle une véritable petite guerrière du Nord ! Ah, ses ancêtres islandais seraient fiers d'elle !
Alors, est-ce qu'il faisait réellement froid ? Eirian trouvait qu'il faisait tout juste frisquet et voir ainsi la petite Serdaigle en mal lui arracha quand même un sourire attendri. Sérieusement, pourquoi restait-elle à ses côtés ? Elle ne semblait avoir aucune raison d'être ici, la preuve, sa mission étant achevée puisque la Verbena n'avait pas d'ennuis. Donc, elle pouvait repartir, non ? En plus, elles n'avaient pas réellement quelque chose à dire, la discussion semblant s'être suspendu, chacune attendant que l'autre reprenne la parole. Se sentait-elle obligée de rester ici, sur la neige, avec une jeune Eirian frôlant les emmerdes ?
Dans un léger soupir, la petite Poufsouffle se leva et prit place aux côtés de sa camarade Serdaigle. Elle ouvrit sa cape hivernal et la referma sur le petit corps frigorifié d'Athéna. Ça tiendrait plus chaud si elle avait sa cape de peau d'ours que lui avait confectionné son Oncle Osgeir, mais bon... Ainsi, blotties l'une contre l'autre et enroulées dans la cape de l'apprentie Chasseuse, celle-ci commença à frotter les bras de sa nouvelle amie. Enfin, si elles étaient réellement amies ? Bref, dans tout les cas, Eirian chercha à donner un peu plus de chaleur à la petite frileuse. Sa voix ne se fit pas comme une réprimande, mais presque chaude et affectueuse :
— Allez, reste pas là... Tu vas devenir un petit glaçon en restant ici... Rentre dans une boutique, profites en pour faire des achats... Profites des fêtes ! Mais je ne veux pas que tu restes ici à cause de moi... Regardes, je vais bien ! Tu n'as pas à t'inquiéter, d'accord ?
Manquerait plus qu'elle gâche la petite sortie d'Athéna à cause de sa mauvaise humeur ! C'est vrai quoi, si elle n'avait pas accroché aux fêtes de fin d'année organisées dans le Monde Magique, ce n'est pas une raison pour que la jeune Serdaigle subisse les frais !
Tu boudes un peu dans ton coin, mais il faut faire, contre mauvaise fortune, bon coeur : tu es sur le Chemin de Traverse, en famille, pour profiter du Marché de Noël. C’est sans doute une idée de ta maman. Tu te souviens encore de l’esclandre qu’a provoqué ta demande de passer Noël à Poudlard cette année. Ton père, @Regulus Black s’est offusqué, ta mère a donné de la voix, et ton papy a froncé les sourcils. C’est peut-être lui qui t’a fait le plus peur. Te voici donc collée de force avec les parents pour le Marché de Noël… alors que tu aurais pu y aller avec tes amies sous la surveillance des professeurs de Poudlard.
Mais non. Il a fallu que ton père fasse encore des siennes en sacrifiant à l’idée foireuse de ta mère. Tu l’adores, ta mère, pourtant, mais parfois, il faudrait vraiment qu’elle apprenne à se calmer sur son goût pour les réunions de famille.
Tu vois ton frangin partir en courant vers la boutique de Quidditch, suivi de très près par votre mère qui peste avec indulgence. Ton grand-père est déjà parti causer bière avec le gérant d’un stand, et tu te retrouves en compagnie de ton père, un peu boudeuse. Un peu mais pas trop : le marché de Noël, ce n’est pas rien quand même. Toutes ces illuminations, toute cette ambiance festive ! Tu ne peux pas t’empêcher de te sentir grisée. Et la nouvelle que t’annonce ton père te fait bondir le coeur : il va même te lâcher une heure dans la nature pour que tu puisses aller te promener. Malgré toi, tu laisses un sourire éclatant danser sur tes lèvres. La liberté, ça c’est bien !
Mais ton sourire se fane bien vite dans une moue gênée tandis que Regulus t’entraîne dans la foule jusqu’à une animalerie où il te fait entrer. Ton papa te propose de t’offrir un familier. Tu es très touchée par le geste, mais aussi un peu mal à l’aise. Au cours des années, tu t’es rendue compte que tu n’étais pas des plus à l’aise avec les animaux, et que tu ne ressentais pas vraiment le désir d’en posséder un. D’ailleurs, tu te reposes toujours sur les chouettes de l’école, tu n’as jamais voulu spécialement avoir ton propre rapace.
Le vacarme autour de toi est assourdissant, et tu es un peu perdue. Chiens, chats, rats, crapauds, hiboux, chouettes. Tu n’es vraiment pas à l’aise à l’idée d’avoir la responsabilité de l’un d’entre eux, et tu regardes frénétiquement autour de toi sans oser t’éloigner de ton père. Tu sais que sa proposition part d’une bonne intention, mais tu ne saurais vraiment pas quoi choisir, ni de quoi t’occuper, ni même comment le faire. Tu finis par secouer la tête.
« Désolée papa, euh… je ne veux pas d’animal. »
Tu ne sais pas trop si c’était la bonne façon de le dire, alors tu essaies de te rattraper.
« Je ne suis pas trop attirée par les familiers… je veux dire, je ne saurais pas comment m’en occuper. Et puis je n’ai pas spécialement de truc pour les chiens, ou les chats, ou les hiboux… D’ailleurs ceux de l’école, pour le courrier, c’est très bien. »
Tu es un peu embarrassée, et surtout tu ne te sens pas à ton aise au milieu de tous ces animaux.
« Euh, on peut partir ? »
Tu choppes ton père par la manche pour l’entraîner dehors. L’air frais, vierge de toutes ces odeurs animales te rassure un peu. Tu préfères clairement le parfum du chocolat chaud de Florian Fortarome tout proche que celle des bêtes. Non, clairement, tu n’es vraiment pas faite pour ça !
« Pourquoi tu ne m’offres pas un livre ? Ça ne mord pas, les livres ! Et il ne faut pas les nourrir, et c’est moins effrayant ! »
Note d’espoir dans la voix : il y a des stands et librairies dans les environs.
Grippeminaud épluchait devanture avec inclination. Quelques temporalités s’étaient dépliées depuis ses prééminentes démangeaisons à l’égard des tatouages. @A. Josiah N'Da l’avait toujours ourdie de curiosité. Trille vorace de cils. Le courtaud fauve s’acquittait du trou d’homme carnaire de son doyen. Pelotait dans sa phosphorescence une hagarde ondulation. L’homme, « l’ami » (les guillemets se présentaient requis) de Nasiya, accusait d’un engouement patent. Échantillon palpitant de l’équivoque personnage.
Le limogeage de l’avilissant havre, ‘La Pomme épineuse’, l’avait engraissée de fantaisies compendieuses. Nieller sa viande d’intimes épures diluait parmi elles. L’entraperçu affriandant des labeurs de Josiah l’avait déjà emberlificotée. Les phalanges dépliées acculaient sans l’exigence d’une baguette un livre, laissant quelques regards cois dans son houache. Ce n’était pas la première fois qu’elle le surprenait à l’œuvre mais elle perdurait esbroufée. L’esquille de quelques louanges liserait son soupirail. Grenat drageon nourrie de culte. « Wouaw ! Je suis toujours impressionnée par ta magie sans baguette ! C’est difficile à apprendre ? Comment tu as appris ça ? » Chaton fouille-au-pot. Pavillons braqués et lucarnes échancrées, elle avisait son aîné avec égard.
Ses doigts pétrissaient l’ouvrage avec voracité quand un bramement familier s’enlisait à l’orée de ses esgourdes. « Nas ! » se gaussait-elle non sans mesure. Les commissures se déchiraient spontanément dans un allègre sourire en dépit de ses homélies. « Un point pour Josiah ! » ricassait-elle entre ses lèvres mutines. Le concerné s’était modestement défléchi de leur badinage.
L’ébouriffage pléthorique auquel @Nasiya Abasinde la faisait lestement grognonner. Pelote vermeil renfrognée. « Tu vas me donner des croquettes aussi ? » rouspétait-elle avec raillerie. « Je ne peux même pas le faire sur ton caillou ! » Zèle et liesse s’accrochaient dans un douillet étau. Elle ne pouvait réfuter l’affection fleurie pour son précepteur, son ‘maître-jedi’ comme l’avait si bien caractérisé son amie @Remy Nott. Il apparaissait comme un personnage de fantaisie dans les loufoqueries moldues.
« Mais non ! Ce n’est pas mon genre » pinaillait-elle avec affèterie. ‘Je ne suis pas très convaincante là-dessus’
« Tu m’as manqué Nas ! Surtout tes ronchonnements ! Severus nous a permis une petite sortie ce weekend donc j’en profite pour faire les petits cadeaux pour noël. D’ailleurs, dis-moi, quelque chose te ferait plaisir ? Un canard en plastique rose à paillettes ? Non. Ce sera pour Archibald… mhhh alors dis-moi, dis-moi ? Ou tu veux la surprise totale ? »
Le chaton dodelinait d’émoi devant le jeune homme, les phalanges tripotant toujours le livre de Josiah.