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Becoming a dark lady | Death eater wife | Ruling her world | Jeu 25 Avr - 23:08 | YEARS AGO
Vêpres. Soir. Flambées sépulcrales d’un astre guetté par Dame Faucheuse.
Tic… Tac… Les heures s’égrènent avec trop de lenteur. La journée a filé trop rapidement et trop doucement. Perception du temps distordue, crachats d’impatience mêlés à la crainte de voir fleurir le jour prochain. Une main suspend son geste. Ma paume lisse le parchemin où l’encre a séché. Goutte de carmin enclos dans un feuillet à destination du cher et tendre. Faut-il l’aimer pour s’amuser à coder la moindre de ses virgules. Faut-il l’aimer pour se lancer dans cette folle aventure.
Est-ce amour ? Est-ce déraison ? Le coeur palpite et s’épanche sur le parchemin. Nouvelles factuelles de l’endormi dans une chambre à l’étage. Le visage. Prostitué pêché dans un bordel d’Europe de l’Est. Moldu, faible. Fragile créature prêtant ses traits et son aspect juvénile à Ernst Wilson, professeur de sortilèges de Poudlard. A ces récits sans grand intérêt succèdent les tendres pensées d’une épouse de fugitive et les vives inquiétudes d’une politicienne. Secret s’enclot de lui-même dans les caractères oblongues d’encre vermeille.
Rouge. Le sang.
Celui des innocents. Des victimes. De leurs bourreaux. Tout n’a-t-il été qu’affaire de sang au cours des dernières décennies ? Sang-pur. Précieux liquide d’un monde à la dérive. Enjeu central, or vermeil compté goutte à goutte. Et combien ont abreuvé le sol de ce nectar des dieux ? Combien de vies fauchées pour la folie d’un seul. Le Seigneur des Ténèbres.
Les phalanges poudroient sur le bureau. Claquements secs claquemurés dans le silence d’un office. Enfin, le sceau de cire dégueule sur l’enveloppe et le cachet frappe la poisse d’or. L’arbre de Vie enserrant le monde de ses racines comme j’aspire à refermer ma paume sur le Ministère. Funeste analogie pour un cerceau de métal retrouvé dans les affaires de mon défunt beau-père. Et voilà le pli enclos et porté à son messager. J’observe le hibou s’envoler, serres refermées sur l’enveloppe, jusqu’à des terres promises dans le lointain.
Tandis que je demeure quelques instants dans les jardins bordant le manoir, passant les paumes sur les vestiges de rosiers se reposant à l’approche de l’hiver, un discret « plop » résonne derrière moi. Le corps pivote, un peu engoncé dans sa cape.
« Maîtresse Malefoy, Maîtresse Yeabow est arrivée dans le petit salon. »
L’heure du thé, c’est vrai. Un geste de la main, et me voici sur le chemin du retour. Le frimas se lève, la nuit est tombée. A l’Est roule Séléné sur son orbite, pâle disque lunaire. La chaleur de la maisonnée est comme un carcan étouffant après avoir affronté les rigueurs d’un automne bien entamé. Je me débarrasse du manteau et m’engouffre dans le salon où Yolanda m’attend déjà.
« Ma chère Yolanda ! »
Exclamation policée bien vite effacée par le plaisir des retrouvailles.
« Comment vas-tu ? Cela fait si longtemps que nous ne nous étions pas croisées ! »
Invitation d’un geste à prendre place tandis que l’elfe de maison apporte le thé. Ding. Dix sept heures tapantes claironnent à la pendule. Comme le soir tombe vite en cette saison.
« Poudlard ? Ta belle-fille, tes élèves ? Comment cela se passe-t-il pour toi ? Raconte-moi tout ! »
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