Le départ du professeur Flitwick a laissé un grand vide dans la chorale de Poudlard. Je le sais, tu le sais, tout le monde le sait. Connaissance commune que l’on tait savamment tant elle noie d’évidence les répétitions. Oh, le professeur Wilson (@Lucius A. Malefoy) n’est pas si mauvais, ce serait infâme médisance que de prétendre le contraire, mais enfin… c’est différent. Tout change. Et de même que se lève le soleil à l’est, que s’étiolent les crépusculaires flambées à l’ouest, je m’étais prise dans l’insondable rêvasserie d’une chorale éternelle.
Les voix se mêlent, indépendamment des individus qui composent l’ensemble pour magnifier les hautes notes s’envolant vers les cieux. Transcendance. Mélodies s’entremêlent pour faire trembler les murs de la grande salle et frémir les plumes des hiboux. Frisson remontent les colonnes, grignotent les dermes, hérissent les poils sur les avant-bras. Le répertoire est connu, immuable, presque. Les chant que nous répétons nous viennent du fond des âges. Quinzième, Seizième, Dix-septième, Dix-huitième siècle. Des années de chansons, des dizaines, centaines de maîtres de choeurs pour ajouter, vie après vie, au répertoire de la plus ancienne institution de l’école. Ah ça, le Quidditch peut aller se rhabiller.
La rivalité entre choeurs et sport est ancienne. Manque de chance, je cumule les deux. Choriste et capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor. Presque une plaisanterie. Une ironie mordante, en tous cas. Ce serait comme être d’or et de vermeil et s’acoquiner avec les vert et argent. Oh Wait !
N’en déplaise aux imbéciles les mieux pensants, j’ai toujours eu l’art de faire mon petit bonhomme de chemin avec une rare jovialité et un précieuse insouciance. Je puis plaisante à propos de beaucoup de choses, la fabrication de baguettes exceptée. La musique et le Quidditch sont, toutefois, deux activités pour lesquelles il m’arrive d’être assez sérieuse. Ça et les potions… Mais ce dernier point tient davantage à une redoutable volonté de rester en vie. C’est bien foutu, l’instinct de conservation.
C’est le cerveau embrumé de toutes ces pensées, tantôt joyeuses, tantôt déprimantes que je laisse mes pas me porter jusqu’à la salle dédiée au club. Quelques élèves y sont déjà. Des petits nouveaux stressés, des anciens heureux de se retrouver. Les couleurs des cravates n’ont pas d’importance, ici. Des tignasses non plus, et ça vaut mieux. Je tournicote une mèche affriolante de pourpre autour d’une phalange. Comme de coutume, le président du club est à la bourre. Ce cher @Asao Watnabe ! Le jour où on le trouvera à l’heure sera le jour où Severus Rogue se trémoussera sur une compilation de rock moldu ! ça pourrait être amusant...
Lancement à la cantonade de salutations.
« Bonsoir tout le monde ! »
Je fais partie des meubles, ici. Il faut dire que des contre-alto, il n’y en a pas cinquante. La plupart des plus jeunes élèves n’ayant pas encore mué prennent les voix les plus aiguës, les pupitres d’adolescents, quant à eux, comptent peu de voix aux extrêmes du spectre vocal. Peu de contre-ténor, peu de contre-alto. Nous sommes de ces corps sonores aux confins des tessitures.
Le sac est déposé nonchalamment dans un coin de la salle. Le chef de choeur non plus ne semble pas encore dans les lieux. Comme beaucoup, je ne sais pas trop quoi penser de l’exubérant américain. Son approche de la musique est tellement différente de celle de Filius Flitwick… en tous cas, il est au moins compétent… c’est déjà ça de sauvé !
Je jette un oeil aux présents : visages connus et moins connus. Tous ne sont pas forcément des chanteurs ; on a quelques musiciens et quelques curieux aussi, qui viennent parfois s'enjailler aux répétitions. Si. Le classique, c'est fun !
Vous savez ce qu'on trouve vous dans une salle de musique ? Des chaises, des pupitres ou lutrins comme vous voulez, des instruments de musique - notamment un piano mais j'y reviendrait - peut-être un ou deux placards ou des étagères pour ranger les partitions et les bouquins d'apprentissage. Mais surtout la plupart du temps on y trouve, aussi bizarre que cela paraisse du silence et de la solitude. Oui oui ! Parce que le club de chorale il est pas H24, ça c'est sur.
Donc je suis là, bien planquée dans la salle, sous, oui sous, le piano à queue dont je vous parlait précédemment. Une espèce de housse protectrice me cache aux regards. Plusieurs livres devant moi. Certains relèvent de l'étude des runes et notamment du bois dont on les fait, d'autres sur l'art de déceler la magie dans un bois pour en faire un objet magique et les baguettes en particulier, le troisième est un texte védique sur - certains parlerait de superstition - sur l'habitude de porter des morceaux de bois sur soi afin d'en obtenir qui force, protection ou soutient. Morceau de bois, souvent sous forme d'amulette, que l'on va plonger ou frotter dans/contre différentes essences au cour de rites divers afin d'obtenir un grigri puissant. Je connaissait ces textes (parce qu'en fait c'est plus un ensemble qu'un seul) sans avoir jamais fait le rapprochement. Ou quand l'art des baguettes occidentales rencontre l'art des grigri. Je suis certaine maintenant que l'on pourrait en trouver de semblable dans la magie animiste africaine. Si l'on songe à ces masques que l'on trouve dans les maisons, ceux servant aux sorciers ou encore ces poupées vaudoo. Recherches absolument fascinantes.
D'autant plus fascinante que cela me concerne et concerne ma relation avec ma baguette. Bois d'Aubépine ! Vous parlez d'un cadeau. Un bois caractériel. Aussi bonne pour soutenir la vie que pour la détruire. Je suis sensée en pensez quoi moi ? Alors je cherche, je compulse. Et je me demande si je ne devrais pas aussi aller en douce piquer quelques livres d'alchimie afin de vérifier le réel potentiel des onguents utilisés dans le texte védique.
Occupée à gratter mes parchemin je n'ai pas prêté attention à l'heure, aux bruissement et aux voix dues à la vie revenant prendre possession des lieux. Trop concentrée. J'ai bien noté leurs apparitions progressives mais ne les jugeant pas dangereuses j'ai laissé passé.
C'est une salutation rose qui me sors de mes études personnelles.
"Hein ? Quoi ?" BOUM. ouiwg ouiwg ouiwg ouiwg.
J'ai oublié que j'étais sous le piano. Et ma pauvre tête a heurté le coffre par le bas qui bien entendu vu qu'il est fait pour ça a arraché au pauvre piano une complainte en bobo mineur.
"Aie ! Ouillouillouille."
Ma tête à moi aussi résonne et je me frotte compulsivement le haut du crâne pour me sortir les cloches des oreilles. Je vais pour sortir quand je me ravise. C'est pas Pela que j'ai entendu ? Le bonbon rose - la plupart du temps en tout cas - qui t'atomise quand tu lui fais "bou" au détour d'un couloir ? Bon j'ai l'air entière donc elle a pas tiré. Ouf. Ou alors je suis morte comme Mimi et je vais hanter la salle de musique pour les siècles des siècles.
Je décide de sortir de ma cachette, non par devant mais par derrière. Le piano en protection.
"Hu. hu. Pelagia. C'est que moi. Tire pas. Paix, amour et bièraubeurre."
Je passe la tête. Juste histoire d'avoir l'air bien conne. Franchement on a pas idée de pas vérifier l'heure et le jour d'occupation d'une salle.
"Je ne faisais que passer, hein. Je vais filer."
Je fais mon plus beau sourire tout en me redressant et en m’époussetant à grands gestes.
Le lapin sur la tête, j’entre dans la salle de répétition de la chorale. Pelagia y est, Asao y est… je suis un peu obligé de venir squatter. Bon, je change aussi bien qu’une harpie enrouée, par contre… autant dire que c’est pas demain la veille que je parviendrai à intégrer les choeurs. Mais ce n’est pas grave, je suis là en tant que re-por-ter ! Si. Parce que, non content de vouloir devenir le maître queux le plus toqué du monde de la magie (sans mauvais jeu de mot) je suis aussi dans le club de journalisme. C’est un peu la voie de secours, quoi. Cuistot ou reporter. Et c’est la classe.
Je suis donc là en mission. Je viens écrire un article sur le nouveau chef de choeur, le professeur Wilson. Du coup, j’assiste aux répétitions avec Civet qui préfère de loin la chorale aux expérimentations rock (il aime bien la musique, sauf quand Asao joue de la guitare trop fort…). J’ai aussi mon petit carnet, mon stylo. Je peux prendre des notes et tout observer. Ensuite, je demanderai une interview exclusive du professeur Wilson, et clac ! Voilà comment on fait les gros titres à Poudlard. Être un héros, c’est dépassé ; ce que veulent les gens, c’est de la nouveauté, de l’exotisme. Bon, pour l’exotisme, on repassera, Wilson est américain, mais on ne peut pas avoir que des qualités, après tout.
Je chambre un peu sur les Etats Unis, mais en fait, j’y ai passé deux ans, à l’époque où Poudlard était sous la coupe des mangemorts puis l’année de reconstruction. C’était dur. J’avais à peine plus d’une dizaine d’années et les gamins autour de moi avaient cet accent, et ces références culturelles que je ne maîtrisais pas… Et puis tout est tellement grand aux Etats Unis. Forcément, j’ai un peu visité avec mes parents pendant l’été : New York, Chicago, Miami… C’est tellement énorme !
Mais au moins, lorsque je vois que Wilson vient de Chicago, ça me parle. Je visualise le cadre dans lequel il a grandi. Je me demande comment il en est venu aux sortilèges et à la musique. Est-ce qu’il y a une corrélation entre être prof de sortilèges et maître de choeurs ? Flitwick aussi l’était. Peut-être que la magie et le chant son liés ? Faut que je lui demande… Parce que, maintenant que j’y pense, Asao pousse bien la chansonnette et est super bon en sortilèges… ça commence à faire de grosses coïncidences, tout ça.
J’arrive dans la salle en même temps que des choristes. Je les salue, ils me saluent. Faut dire qu’ils s’habituent à me voir là. J’aime bien venir assister aux répèt. Les gens sont cools, ça chante bien et Civet est détendu. C’est important la détente, pour les lapins. Ce sont des animaux de proie, il faut donc trouver le moyen de les tranquilliser, de les sécuriser.
J’approche d’une touffe de cheveux roses bien connue et de son homologue brune planquée derrière le piano.
« Salut les filles ! Pel, Ijaya ? C’est la première fois que tu viens ici, Ij’, non ? »
Je me tourne vers Pelagia que je sais dans les arcanes du pouvoir, ici, à la chorale.
« Dis, Pel ? Tu penses que Wilson m’accorderait une interview pour le journal de Poudlard ? Je fais un article sur la chorale, donc en tant que nouveau chef de choeur… Tiens, d’ailleurs, t’en penses quoi, de Wilson ? »
J’ai déjà dégainé le stylo, prêt à écrire. Qui a besoin d’une carte presse quand on peut avoir un Civet aux grandes oreilles mignonnes perché dans les cheveux pour vous ouvrir toutes les portes ?
Le tohu-bohu de voix résonne dans la pièce : on se salue, on s’apostrophe. Les cantor font vrombir leur timbre dans l’air. Sourire s’étiole sur mes lèvres, ivres de satisfaction. Je n’ai de cesse que de vibrer sous les caresses de tessitures aériennes. J’aime la chorale autant que j’aime le quidditch. Les deux me libèrent, l’un par le corps, l’autre par l’âme. Ô quelle satisfaction que de se laisser entraîner par l’esprit suave d’arias exigeantes. Les chanteurs passent, l’esprit de la musique, lui, reste intact et pur comme au premier jour. Nul ne peut l’altérer de ses sombres machinations, le pur flamboiement mélodique, rythmique, magique. Un sourire en coin, je retrouve les choristes. Tous animés de cette même flamme, de ces mêmes rêvasseries musicales. Jusqu’à ce qu’un son discordant flambe de sous le piano. Intriguée, je me penche pour voir @Ijaya Stone sortir de sa cachette, un air vaguement paniqué sur le visage. Je n’ai pas spécialement bronché et ne vois pas vraiment d’où lui vient cette frayeur ? L’ai-je déjà attaquée par surprise comme cela a pu arriver en cours de potions de @Regulus Black, récemment ? J’avais alors sorti ma baguette, alertée par un son brusque. Mais je ne me souviens pas avoir fait subir pareil traitement à la jeune femme.
« Oh, il n’y a pas de souci. Tu peux rester pendant la répétition si tu veux, on ne chasse personne. Mais d’ailleurs… qu’est-ce que tu faisais sous un piano ? »
J’ai à peine pu poser ma question qu’une voix familière résonne à côté de moi : qui d’autre que @Charlie A. Davidson peut ainsi faire preuve d’enjouement avec une boule de fourrure sur la tête et un carnet dans les mains. Je ne connais que trop bien ce regard du jeune gryffondor : il est en quête d’un scoop ! Foutus journalistes, aurais-je bien dit. Mais qui suis-je pour l’empêcher de faire de la publicité au meilleur club du tout Poudlard ?
« Charlie ! Et tu as amené Civet ! »
Bon, j’avoue : ma belle résistance a fondu comme neige au soleil, et me voici les paumes en coupe autour de la boule de poils que j’ai délogé de son perchoir pour le câliner avec un air béat.
« Mais qu’il est beau le Civet, oh oui, qu’il est beau ! Qui va passer à la casserole au dîner ? Qui ? Eh bien pas toi ! »
Âge mental – 20. J’y suis habituée : je craque complètement sur cette mignonne petite chose. Le nez dans la pelucheuse blancheur, j’écoute la question du journaliste en herbe.
« Hm… je pense que le professeur Wilson (@Lucius A. Malefoy) n’y verra pas de problème, écoute. Il ne devrait plus trop tarder, il est plus ou moins toujours à l’heure. Qualité américaine, il paraît. Il est plutôt chouette, il chante bien, il a un bon sens musical. Franchement, on aurait pu avoir pire remplaçant du professeur Flitwick ! Tu savais que traditionnellement, ce sont presque toujours les professeurs d’enchantement qui sont les maîtres de chœur ? En cela, Wilson perpétue la tradition ! Et tu pourras même poser des questions à @Asao Watnabe notre président de club, si tu veux, une fois qu’on aura accueilli les nouveaux choristes ! »
Tu te souviens vaguement avoir vu plusieurs premières années sur les listes d’inscriptions, notamment une certaine @Athéna P. Selwyn à Serdaigle.
Une tête se glisse par l'entrebâillement de la porte, jette un œil rapide aux alentours. Les pupitres sont déjà en place, les instruments aussi ; Athéna, semblerait-il, est un peu en retard. Aussi discrètement que possible, elle se faufile à l'intérieur, et part poser son sac rempli de livres en tout genre dans un coin de la pièce. Au vu de l'heure, elle n'est, évidemment, pas la première arrivée - cependant, son directeur de maison ne semble pas se compter parmi les têtes déjà présentes, et elle en soupire de soulagement. Pas tant en retard que ça, finalement. Personne ne semble l'avoir remarqué, et c'est tant mieux : il ne manquerait plus qu'elle se fasse remarquer dès la première fois.
D'un geste tout sauf élégant, la petite sorcière s'affale contre le mur derrière elle, essayant tant bien que mal de retrouver son souffle. Les joues rouges et les cheveux en bataille, elle maudit de tous les noms d'oiseaux qu'elle connaît les escaliers du château et leur manie de bouger au pire moment. Sérieusement, c'était l'idée de qui, ça ? Un château rempli d'élèves avec un emploi du temps strict ? Oh, et bien, rajoutons des escaliers qui tournent sur eux-mêmes ! Comme ça, si je ne meurs pas de peur après qu'un fantôme ait traversé un mur sans prévenir, je pourrai mourir de honte en arrivant en retard pour la neuvième fois de la semaine ! Une main sur le ventre, elle appuie à l'endroit où un point de côté menace d'apparaître et secoue la tête. Les Fondateurs étaient des sadiques, c'est sûr. Le sport n'a jamais été sa tasse de thé, et il lui faut bien deux minutes pour retrouver une respiration normale, la cravate encore de travers de sa course folle d'un bout à l'autre de l'école.
Une fois à peu près remise, la petite fille parcourt de ses prunelles claires les différentes personnes qui se préparent dans la bonne humeur, essayant de repérer un visage familier. L'analyse est un échec ; peu de premières années se sont inscrits, et chaque visage qu'elle aperçoit appartient à un élève d'au moins trois ans de plus qu'elle. Un soupir, et elle passe la main dans ses cheveux, dans une vaine tentative de se rendre présentable après son jogging impromptu. Qu'est-ce que je fais là, déjà... ?
Oh oui, la brillante idée qu'elle avait eue ; elle, la gamine discrète et solitaire, allait chanter dans une chorale ! Sur le moment, ça ne lui paraissait pas si mal, bien sûr. On lui a toujours dit qu'elle avait une jolie voix, et puis, ce serait amusant, non ? Même sa mère en avait été ravie, sautant sur l'opportunité de voir son rejeton se socialiser un peu plus. Ce n'est qu'au moment des sélections qu'elle avait commencé à réaliser son erreur. La chorale marchait bien. Trop bien. Lorsqu'elle s'était présenté pour intégrer les chœurs, Athéna avait failli faire une syncope en voyant le nombre de personnes au mètre carré. Entre les cinquièmes, sixièmes et septièmes années, elle avait peiné à trouver des élèves de son âge, tant ils disparaissaient dans la masse. Alors elle était restée dans son coin, se contentant d'observer et de se faire la plus discrète possible.
Une grimace, et la jeune Serdaigle se remet debout, la respiration encore un peu irrégulière. Laissant son sac là où elle l'a posé - et dont elle n'a de toute façon pas besoin -, elle se dirige d'un pas hésitant vers les pupitres fièrement dressés au fond de la pièce. Puis, incertaine, elle les jauge du regard. Et maintenant, quoi ? Ses yeux parcourent le matériel, les instruments, puis cherchent de nouveau le professeur qui brille par son absence. Bon, ben... Plus qu'à attendre le début de la réunion, et puis on verra bien. Sagement, elle s'assoit sur un banc poussé pour l'occasion, son petit minois tourné vers la masse d'étudiants qui s'interpellent. Une tête d'un rose pourpré la surprend un instant, et ses sourcils se haussent en remarquant le petit lapin duveteux qu'elle semble cajoler. Il est trop chou ! Je ne savais pas qu'on avait le droit d'emmener un lapin à l'école. D'ailleurs, pourquoi il est ici au fait ?
On rit, on se salue, on discute ; Athéna décroche un peu, fixant tout et personne à la fois. Perdue dans ses pensées, elle se demande combien d'entre eux sont choristes, comme elle. La plupart on l'air plus âgés, alors sa voix sera sûrement l'une des plus aiguës ; elle espère un instant que l'écart ne sera pas trop important, ne voulant pas qu'on l'entende trop. Même si, avec sa puissance vocale de canari prématuré, il est plus probable qu'on ne l'entende pas du tout.
Je cligne un peu des yeux quand j’ouvre la porte de la salle de musique. La vache! Il y a déjà pas mal de monde : suis-je en retard ? Montre au poignet, je vois que je suis presque parfaitement à l’heure. Hey, c’est que ça la ferait mal pour un président de club d’être systématiquement à la bourre. Après, tout le monde sait que c’est un peu ma marque de fabrique. L’excuse que je donne, c’est que je pionce partout. La vérité, c’est que les nagins vont à leur rythme… et moi aussi ! C’est ma mémé qui me disait tout le temps ça : « va à ton rythme mon petit Asao, et va faire retrouver une couleur normale à tes cheveux ! » Le rythme, ça a marché, les cheveux par contre…
J’aperçois au loin @Charlie A. Davidson et @Pelagia H. Ollivander avec une fille que j’ai déjà vue en coup de vent en cours. Par contre, j’ai complètement zappé son nom. Nouvelle recrue au club de musique ? On peut rêver, je suppose. Je sors le rouleau de parchemin des inscriptions et coche ceux que je vois. Très vite, il ne reste plus qu’une poignée de noms inconnus de moi, et notamment celui de la petite tête brune assise sur un banc comme un lapin effrayé. Le côté grand frère refait surface. J’aime pas voir des petits bouts de chous en détresse. Déjà EIRIAN au dîner d’Halloween, ça avait été dur. J’ai toujours dit que les nouveaux à Poudlard étaient mal encadrés : et après on s’étonne que ça ait le mal du pays ! C’est des gosses bon sang ! J’faisais pas le fier non plus quand j’ai déboulé, et pourtant j’avais déjà quatorze ans !
Décidé à ne pas l’effrayer, j’arrive sur le côté pour qu’elle puisse me voir débouler. Meilleur sourire sur les lèvres, parchemin à la main, je lui fais signe, à la petite esseulée. Je crois l’avoir vue à la répartition en début d’année, Athé-quelque chose. C’est une fille de prof, il me semble, mais que je sois pendu si j’arrive à me souvenir duquel ou de laquelle… Pas Black en tous cas, sa môme est blonde, je l’ai vue plusieurs fois graviter autour de Veredis.
– Salut ! Bienvenue à la chorale ! Moi c’est Asao Watnabe, je suis le président du club. C’est la première fois que tu viens ? Je peux te demander ton nom pour le cocher sur la liste ?
Je sais que ça peut être impressionnant pour une gamine aussi jeune de faire la démarche d’aller dans un club, aussi je cherche des yeux quelqu’un d’autre de sa maison qui puisse la prendre sous son aile : personne à l’horizon pour la rassurer, je vois une majorité de pouffsouffles et de gryffondor. Tant pis, je m’y colle en souriant.
– Tu le sais peut-être déjà, mais notre chef de choeur, c’est le professeur Wilson (@Lucius A. Malefoy), c’est aussi le directeur de Serdaigle, donc si jamais tu as des craintes, n’hésite pas à nous les confier ! En tous cas, on répète toutes les semaines dans cette salle à ce créneau horaire, Tu as une idée de ta hauteur de voix ? Wilson t’auditionnera à la fin de la séance pour te mettre dans ton pupitre, de toute façon : ne stresse pas, on accepte tout le monde ici, et on apprend tous ensemble ! Tu m’accompagnes ? Je vais te présenter deux trois membres des choeurs si tu veux !
Athéna est encore à attendre le début de la réunion quand, du coin de l'œil, elle remarque un élève s'approcher d'elle, parchemin à la main. Tournant la tête vers lui, elle l'observe un instant, avisant sa grande taille et sa coiffure improbable qui, si elle en croit la tête rose aperçue toute à l'heure, doit être une marque de fabrique de la chorale. Est-ce que j'aurais aussi les cheveux roses à la fin de l'année ? Elle retient un gloussement en imaginant la réaction maternelle. Ce serait amusant. L'élève en question paraît, une fois encore, bien plus âgé qu'elle ; tellement, d'ailleurs, qu'elle aurait pu le prendre pour un professeur si sa cravate jaune et noire n'avait pas trahie son appartenance à Poufsouffle. Une déglutition nerveuse lorsqu'elle réalise que le garçon se dirige effectivement vers elle, signe amical à l'appui ; puis elle se lève, lissant rapidement les plis de sa jupe. On ne salue pas plus âgé que soi en restant assis ; la petite sorcière a bien été élevée.
L'enjouement d'Asao - puisque c'est son nom - la prend par surprise. La plupart des dernières années n'accordent que peu d'attention aux plus petits, et c'est bien la première fois qu'un "grand" s'adresse à elle avec autant d'enthousiasme. Président du club, on lui en avait parlé lorsqu'elle s'était inscrite. Un professeur référent, un président dans les élèves. Athéna se tasse un peu, impressionnée.
« Heu, Athéna. Selwyn », elle se rattrape, réalisant que c'est surtout son nom de famille dont à besoin le sorcier à la crinière folle. « Oui, c'est la première fois. »
L'autre entreprend alors de lui expliquer le fonctionnement de la chorale, et la petite l'écoute avec attention, triturant nerveusement l'une de ses manches. Une fois encore, la prévenance dont il semble littéralement irradier la surprend, si bien qu'elle en perd un instant son latin, restant un instant muette face au flot de paroles auquel elle n'était pas préparée ; après tout, elle s'était attendue à ne pas beaucoup discuter durant cette première séance. Elle en fronce légèrement les sourcils, essayant de trier le tout dans sa tête. La hauteur de ma voix ? Pour le coup, elle s'était attendue à ce genre de question, mais ne savait pas vraiment comment y répondre.
« ... Je ne sais pas trop », finit-elle par dire d'une petite voix, après un léger blanc qui la fait rougir jusqu'aux oreilles. « Je... aigüe, je suppose ? »
Les subtilités des registres vocaux lui sont inconnues, mais elle se doute que sa réponse n'est pas tout à fait celle qu'Asao attendait. Elle hésite un instant à sa proposition, jetant un œil rapide aux alentours. Toujours personne de son année en vue. Il va me présenter des grands ? L'idée lui paraît un peu effrayante, mais la petite sorcière veut faire bonne impression à son drôle d'ange gardien autoproclamé. Je me demande s'il va voir tous les nouveaux ? Sûrement, c'est le président après tout.
« D'accord. » Un deuxième blanc - décidément -, puis elle pose la première question qui lui vient à l'esprit, désireuse de ne pas paraître trop asociale tandis qu'elle suit de près son aîné. « On va commencer quand ? »